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Sur la nature pétrographique du sommet du mont Blanc et des rochers avoisinants
VALLOT, Joseph, DUPARC, Louis
VALLOT, Joseph, DUPARC, Louis. Sur la nature pétrographique du sommet du mont Blanc et des rochers avoisinants. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences , 1894, vol. 119, p. 182-184
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Sur la nature pétrographique du. sommet du mont Blanc et des rochers avoisinants;
PAR J.\111\1. J. VAJ ... LOT E~ L. DUPARC.
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« La limite des micaschistes et de la protogine est mal connue daus les parties élevées du mont Blanc. Alph. Faure la faisait passer au Dôme du Goùter. Depuis lors, l'étude de J' emplacement del' observatoire du mont Blanc a fait remarquer à l'un de nous, en 1888, que les rochers des Bosses étaient, en partie, formés par des :micaschistes plus ou moins granuÙtisés ou protoginisés et par des amphibolites à grain fin. En 1892, M. Michel- Lévy, d'après l'examen d'un échantillon de protogine qu'on lui avait ap- porté des rochers de la Tournette, faisait passer la limite aux environs de ces rochers. Enfin, la même année, M. Mrazec analysait un échantillon de protogine provenant du rocher de la Tourette, laquelle avait été signalée par de Saussure.
)) D'après ces diverses recherches, il semblait bien avéré que le sommet du mont Blanc était réellement constitué par la protogine; toutefois, cer- taines remarques, faites au cours de plusieurs ascensions au mont Bla 11c, · nous amenèrent à penser que cette assertion n'était pas exacte.
1, En 189J, nous avons visité soigneusement tous les point.ements ro- cheux qui émergent aux environs du sommet du mont Blanc, et nous avons constaté que la plupart d'entre eux sont constitués, non point par de la protogine, mais par de véritables schistes, d'aspect séricitique ou micacé, représentant un niveau relativement supérieur, parfaitement identique ü ceux qui flanquent le culot protogin ique sur le versant nord (rochers des Mottets, coupe du Montan vert, etc.). Dans ces schistes s'intercalent des bancs variés d'amphibolites, le tout plus ou moins profondément protogi-
V. et D.
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nisé ou granulitisé par des apophyses de protogine émanées du culot, ou par des filons granulitiques de seconde venue. Nous avons trouvé ces di- verses roches aux Grands-Mulets (où les amphibolites dominent), aux rochers de Pitsclmer et de !'Heureux-Retour, au Dôme du Go.ôter, aux Bosses, à la Tournette, aux rochers qui bordent l'arête finale du mont Blanc, et à l'arête rocheuse qui forme le mont Blanc de Courmayeur. Les filons de protogine ou de granulite les plus importants s'observent aux ro~
chers des Bosses et cle la Tournette, puis au rocher de la Tourette et au mont Blanc de Courmayeur.
» La protogine franche, du type de rebrassement, se retrouve aux Rochers-Rouges, tandis qu'aux Petits-Mulets on peut observer toutes les formes de passage du schiste à la roche éruptive. Si, du mont Blanc de Courmayeur qui, comme nous l'avons dit, est un micaschiste, on examine les pentes du glacier de la Brenva, on voit la protogine apparaître it quelques mètres au-dessous de soi, tandis que dans les escarpements occi- dentaux du mont du Brouillard, on aperçoit le culot de protogine du massif, qui est encore surmonté d'une couverture schisteuse de plusieurs centaines de mètres à la base, qui s'amincit graduellement à son approche du sommet, où elle se réduit à quelques mètres. La limite de la protogine contourne donc le sommet du mont Blanc de trois côtés.
» On peut conclure de ces observations que la protogine est encore recouverte de son manteau cristallophyllien au sommet même du mont Blanc et sur les arêles les mieux conservées du versant méridional. Dans les parties où l'érosion a été plus intense, la couverture schisteuse a été enlevée, tandis qu'en d'autres points elle subsiste, mais la présence du culot en profondeur est néanmoins indiquée dans les sillons les plus accu- sés. -Ce qui donc a été considéré antérieurement comme protogine en p1ace dans les parties les plus élevées du mont Blanc n'est en réalité autre chose que de puissants filons, injectant par endroits le manteau cristallophyllien subsistant. Une étude pétrographique détaillée paraîtra ultérieurement sur le sujet. >)
( g juillet 1894.)
GAUTHIER-'\tJJ.;LÀRS ET FILS, UIPUll\IEUns-LTDRAIRES DES C01'1Iî'TES nmrnus DES SÉANCES DE L1 ACADEi'II1E DES SCIRNt:ESr
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