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Clinique des émotions : propos introductifs

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Academic year: 2022

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Journal Identification = IPE Article Identification = 1917 Date: February 22, 2019 Time: 1:10 pm

Série Clinique des émotions

L’Information psychiatrique 2019 ; 95 (2) : 127-8

Clinique des émotions : propos introductifs

Fabienne Roos-Weil

1

Pierre Hum

2

1Psychiatre de secteur infanto-juvénile, 11eSecteur infanto-juvénile de Paris, 36-42, rue de la Villette, 75019 Paris, France

2CP2A (Centre psychiatrique d’accueil et d’admission), EPSM agglomération lilloise, Lille, France

Rubrique coordonnée par F. Roos-Weil et P. Hum

Résumé.La SIP, Société del’Information Psychiatriqueconsacre son congrès 2019 qui se tiendra à Metz à la«Clinique des émotions». Dans cette perspective, la revue l’Information Psychiatrique propose d’aborder ce thème par une série d’articles couvrant des points de vue diversifiés. En guise de propos introductif à ces articles, nous avanc¸ons ici quelques réflexions qui animent la préparation du congrès.

Mots clés :émotion, soin, relation thérapeutique, sciences

Abstract.Clinic of the emotions: Introductory remarks.The SIP, Société de l’Information Psychiatrique, dedicates its 2019 conference – which will take place in Metz – to the Clinique des Emotions(“Clinic of the Emotions”). With this in mind, the journalL’Information Psychiatriquesuggests approaching this theme via a series of articles that cover a diverse range of viewpoints. By way of introductory remarks to these articles, we provide several insights that facilitate preparation for the conference.

Key words:emotion, care, therapeutic relationship, science

Resumen.Clínica de las emociones: unas palabras de introducción.La SIP, Sociedad de la Información Psiquiátrica dedica su congreso de 2019 que se cele- brará en la ciudad del Metz, a la “Clínica de las emociones”. Con esta perspectiva, la revista de la Información Psiquiátrica propone abordar este tema con una serie de artículos que cubren puntos de vista diversificados, A modo de palabras de intro- ducción a estos artículos, adelantamos aquí algunas observaciones que animan la preparación del congreso.

Palabras claves:emoción, atención, relación terapéutica, ciencias

Caractériser l’étendue du champ des émotions

Il y a une sorte d’évidence à évoquer l’importance de la vie émotionnelle dans le champ clinique. Elle organise le développement du tout-petit dans l’intersubjectivité.

Le partage émotionnel puis la transformation d’une émotion par une autre émotion entre partenaires de la dyade y est conc¸u comme une contribution majeure à la construction psychique de l’enfant. Selon Trevarthen :

«L’intersubjectivité est la forme initiale partagée de la pensée». La vie émotionnelle s’exprime aussi dans la diversité des tableaux psychopathologiques et jusque dans les formes de déficits émotionnels (dépressions, alexithymie. . .). Elle est au cœur du métier de psychiatre, dans sa dimension psychothérapeutique et soignante, avec les émotions partagées au sein de la relation théra- peutique et celles qui sont propres au clinicien.

Elle est également un champ de recherche majeur dans le domaine des neurosciences, au point qu’on a pu dire que la notion avait été entièrement repensée par celles-ci dans les années 80. Ces dernières décennies, les travaux expérimentaux neuroscientifiques, ceux de la cognition sociale et ceux du psycho-développement

ont renouvelé les connaissances de la catégorie de l’émotion. L’interpénétration des travaux avec le champ clinique s’impose aux praticiens et on ne peut que cons- tater que ce champ des émotions conduit à des débats qui ont déjà traversé l’histoire des idées, et l’histoire des soins psychiques.

Du côté de la définition, il n’y en a guère qui fasse consensus. Définir les émotions suppose de préciser leur rapport avec les affects, les sentiments, voire les passions («passions de l’âme»). Les relations restent étroites entre ces termes. Les théorisations psychanaly- tiques nous ont habitués à mettre l’affect au centre des réflexions pour comprendre les processus psychiques.

L’émotion est volontiers située du côté du physiolo- gique et du biologique. Elle s’éprouverait dans le registre du conscient alors que l’affect resterait dans un double registre conscient et inconscient en référence aux pul- sions.

Ainsi les émotions relèveraient de manifestations sus- ceptibles d’être saisies cliniquement, sous forme de comportements ou de traductions corporelles. L’ancrage corporel de l’émotion demeure donc communément établi, avec son accompagnement de signes physiolo- giques. Son étymologie renvoie aussi à un mouvement hors d’une position d’équilibre. L’émotion a des qualités dynamiques : sa manifestation en entraîne une autre et favorise les capacités d’adaptation.

doi:10.1684/ipe.2019.1917

Correspondance :F. Roos-Weil

<fabrwl@wanadoo.fr>

Pour citer cet article : Roos-Weil F, Hum P. Clinique des émotions : propos introductifs. L’Information psychiatrique 2019 ; 95 (2) : 127-8 127

doi:10.1684/ipe.2019.1917

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Journal Identification = IPE Article Identification = 1917 Date: February 22, 2019 Time: 1:10 pm

F. Roos-Weil, P. Hum

Questionner les enjeux d’une clinique des émotions

Une clinique des émotions interroge le lien entre le corps et la pensée

Ce vieux débat prend une nouvelle dimension aujourd’hui avec les neurosciences. Faut-il maintenir un dualisme cartésien ou tenter une approche radicalement moniste ? Travailler sur la part vivante prise par nos émo- tions, n’est-ce pas maintenir un dialogue entre corps et pensée ? Et faire place aux sources corporelles de la vie psychique ? Et ainsi dépasser l’opposition corps/psyché ?

Faut-il opposer cognitions et émotions ?

L’étude des émotions amène à parcourir, à travers les diverses qualités de la vie émotionnelle, de la plus sensorielle à la plus mentalisée, les déterminants de l’expérience subjective émotionnelle. La question de l’appropriation subjective des émotions introduit à leur devenir conscient. L’expérience émotionnelle a une dimension cognitive, qui fait suite à la composante phy- siologique et expressive-comportementale. Plusieurs niveaux de conscience émotionnelle sont distingués. Le débat primauté des émotionsversusprimauté de la cog- nition n’est pas éteint et ressurgit entre autres à propos des thérapies cognitives. On peut y voir une réactualisa- tion de l’opposition entre raison et affect.

La dimension biologique et corporelle de l’émotion n’exclut pas de rechercher le rôle de l’éducation, de la culture, des usages sociétaux, du langage

La théorie des émotions primaires ontogénétiques dites darwiniennes, reprises par Ekman, avec un nombre très limité d’émotions en rapport avec des éléments structurels précis du cerveau apparait dépassée. Les émotions sociales dans toute l’étendue de leur gamme sont reconnues, ce dont témoigne la trajectoire de recherche de Damasio par exemple. Des émotions liées aux contextes sociaux et relationnels comple- xes (honte, envie, amour, culpabilité, empathie. . .) s’instaurent dans leurs variations subtiles. Les sciences sociales démontrent la fonction de la culture et du langage dans l’advenue de ces émotions sociales. Les

travaux neuroscientifiques parlent maintenant aussi d’émotions«construites»par le langage et situées dans un contexte social bien défini, de«synchronie concep- tuelle des émotions».

Le terrain des émotions amène d’autres témoignages de convergences transdisciplinaires. Le psychanalyste Wilfried Bion avait dès les années 60 conc¸u l’aspect dynamique et constructif de l’émotion, avec des fonc- tions de liens y compris dans le processus de pensée et de connaissance. Les travaux d’Edelman des années 90 vont aussi dans ce sens, l’émotion liant des éléments ou des fonctions d’ordre cognitif.

Quelles places pour les émotions dans les différentes thérapies ?

Les thérapies médicamenteuses, tout comme la sis- mothérapie, agissent de manière plus ou moins ciblée sur les émotions (aussi bien par les effets thérapeutiques que par certains effets secondaires).

Les neurosciences cognitives inspirent de nouveaux types de traitements. Ceux-ci visent à résoudre des problèmes pratiques de l’existence. Dans la perspec- tive cognitiviste, l’émotion peut être considérée comme un produit secondaire de l’activité mentale et comme un écueil a `e la réalisation d’intentions et de commu- nications. Faut-il voir dans ces modes de traitement le risque d’une recherche de régulation de l’action des individus, voire de normativation et de violence réédu- cative ? D’autres formes d’approches psychothérapiques valorisent le déversement émotionnel, au risque de l’excitation et de la tromperie émotionnelle, mouvement assez congruent avec le culte des émotions de la société contemporaine qui valorise les émotions-sensations.

L’empathie est un paramètre de la relation des soins. Il s’agit, pour Irvin Yalom, de « regarder par la fenêtre du patient ». C’est un phénomène défini par plusieurs courants de pensée dont la philosophie. Les sciences cognitives tentent aussi de la modéliser. Attribuée un temps au courant de l’Ego-psychologie, elle renvoie cependant aux valeurs partagées de l’éthique relation- nelle dans notre capacité à être attentif et réceptif aux patients. Chacun peut apprécier la place qu’il donne aux émotions dans son exercice et son rapport à l’autre.

Liens d’intérêts les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêt en rapport avec cet article.

128 L’Information psychiatriquevol. 95, n2, février 2019

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