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de l’onchocercose dans les provinces de Cibitoke et Bubanza (Burundi).

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Texte intégral

(1)

Introduction

D

ans les années 1970, les infirmiers qui surveillaient la l è p re avaient re m a rqué des patients présentant des symp- tômes d’onchocercose au sud de la province de Cibitoke et au nord de la province de Bubanza, au nord-ouest du Burundi.

En 1979, LU K E L E N G EMA P U M B A(4) a entrepris une étude qui a confirmé l’existence de la maladie. Sur 101 personnes de plus de 15 ans, prises au hasard, il a trouvé 41 cas positifs.

En 1985, le programme “Lutte contre les maladies transmis- sibles et carentielles” (L.M.T.C.) entretenait des travaux pour délimiter les foyers d’onchocercose du Burundi (6). Il appa- raissait qu’il existe dans les provinces de Cibitoke et Bubanza un grand foyer d’onchocercose, qui couvre la presque totalité de la province de Cibitoke et la partie septentrionale de la province de Bubanza. C’est le plus vaste des foyers d’oncho- cercose au Burundi. Ce foyer s’étend au-delà de la frontière avec le Congo (ex-Zaïre) à l’ouest (2) et au-delà de la fro n t i è re avec le Rwanda au nord (5). A l’est, les flancs de la crête Zaïre - Nil constituent la limite de ce foyer à une hauteur de 1500-1700 m è t res, et au sud ce sont les collines qui bordent la rivière

Kagunuzi-Gitenge. Plusieurs rivières traversent le foyer de l’est vers l’ouest et se jettent toutes dans la Rusizi qui consti- tue la frontière avec le Congo.

L’occupation du sol est pour la plupart agraire. Dans la plaine de la Rusizi, le coton, le tabac et le café sont des cultures com- m e rciales. En hauteur, c’est plutôt le café et vers la crête le thé. La forêt primaire sur la crête Zaïre-Nil se situe en dehors du foyer.

Dans la région endémique habite une population qui se chiff re à 330.000. Ceci correspond à une densité d’environ 220 per- sonnes par km2. La population habite dans des habitations et concessions dispersées, sauf dans les chefs-lieux des pro v i n c e s et des communes, dans quelques centres commerciaux secon- d a i res, et dans les paysannats (habitations alignées le long des pistes). Une partie non négligeable de la population masculine creuse dans les lits des rivières pour y chercher de l’or.

L’unité administrative de base est la “colline”. Celles-ci sont regroupées en communes, puis en provinces.

Le vecteur de l’onchocercose a été étudié par GI L L E T(2) et par LU K E L E N G EMA P U M B A(4). Il s’agit de S. damnosum s.l. Il ne se re p roduit pas dans la rivière Rusizi à cause de son alcalinité élevée.

E ndémicité et manifestations cliniques

de l’onchocercose dans les provinces de Cibitoke et Bubanza (Burundi).

Summary:Endemicity and clinical manifestations of onchocerciasis in the provinces of Cibitoke and Bubanza (Burundi)

The prevalence and intensity of onchocerciasis in the endemic region of the provinces of Cibitoke and Bubanza (Burundi) have been determined through the examination of a sample of the popula - tion of 33 “collines” (administrative units). On average, 15.8 % of the population was positive, which means that in a population at risk of 330,000, about 52,000 people are infected. The area is hypoendemic, but some mesoendemic pockets exist along the middle portion of the Ruhwa, Muhira and Kaburantwa rivers. The clinical examination of a subsample showed that respectively 69.1 % and 48.6 % of infected persons complained of pruritus or had skin lesions, which were most often light ones. Subcutaneous nodules were small and difficult to find (32.5 % in infected persons).

Vision was 10/10 in 89.1 % of the examined eyes. A slight drop in visual acuity may be attributed to onchocerciasis in 12.8 % of positive cases.

Résumé :

La prévalence et l’intensité de l’onchocercose dans la région endémique des provinces de Cibitoke et Bubanza (Burundi) ont été déterminées par l’examen d’un échantillon de la population de 33

“collines” (unités administratives). En moyenne, 15,8 % de la population était parasitée, ce qui cor - respond à environ 52 000 personnes sur une population à risque de 330 000. Le foyer est hypoen - démique, mais quelques poches mésoendémiques se trouvent le long du cours intermédiaire des rivières Ruhwa, Muhira et Kaburantwa. L’examen clinique d’un sous-échantillon a montré que res - pectivement 69,1 % et 48,6 % des sujets positifs se plaignent de prurit ou présentent des lésions cutanées, le plus souvent légères. Les nodules sous-cutanés sont petits et difficiles à trouver (32,5 % chez les sujets positifs). L’acuité visuelle est 10/10 pour 89,1 % des yeux examinés. Une légère dimi - nution de la vision pourrait être attribuée à l’onchocercose chez 12,8 % des cas positifs.

E. D. Newell (1) (2), N. Ndimuruvugo (1) & D. Nimpa (1) (3)

(1) Programme national de lutte contre l’onchocercose, Programme de lutte contre les maladies transmissibles et carentielles (L.M.T.C.),Bujumbura,Burundi (2) Adresse actuelle : Postweg 293,B-1602 Vlezenbeek,Belgique

(3) Manuscrit n° 1865. “ Santé publique”. Accepté le 25 septembre 1997.

Key-words: Onchocerciasis - Epidemiology - Clinical manifestation - Burundi

Mots-clés : Onchocercose - Épidémiologie - Symptomatologie - Burundi

(2)

lation de 33 collines. Ces enquêtes ont débuté en avril 1990 et se sont déroulées normalement jusque mi-1991. Par suite des p roblèmes d’insécurité dans la province de Cibitoke, les enquêtes ne se sont terminées qu’en mars 1993.

Population et méthodes

Echantillonnage et enregistrement

Pour l’échantillonnage des collines, une zone comprenant 119 collines dans 8 communes a été retenue. La zone a été divisée en 80 collines près des rivières principales et 51 collines plus éloignées (douze collines, vu leur étendue, avaient été scindées en deux parties). Dans chaque groupe, 1 sur 4 collines a été choisie de façon aléatoire, en évitant toutefois de choisir tro p de collines juxtaposées.

Afin d’obtenir des résultats assez précis pour l’échantillon en sa totalité et aussi pour chaque colline séparément, un échan- tillon de 7500 personnes a été retenu. Des familles ont été choisies de façon aléatoire sur des listes produites par des re s- ponsables des collines (environ 1 : 8 familles). En moyenne, 7 sur 8 familles convoquées ont participé. Dans les familles qui se sont présentées, il y a eu 1082 absents (10,9 %), 34 refus et 1496 enfants de moins de 4 ans qui n’ont pas été examinés. Au total, 7327 personnes ont été examinées sur 9939 re c e n s é e s (soit 73,2 %).

Les résultats (prévalences) ont été standardisés d’après l’âge, avec comme référence la population de la province de Cibitoke, selon le recensement national de 1990.

En plus des données personnelles, la distance de l’habitation jus- qu’à la rivière était enregistrée, ainsi que la durée de résidence dans la colline et la fréquence et la durée d’éventuels

déplacements vers d’autres collines.

Examen parasitologique

Chaque personne présente, âgée de 4 ans et plus, a subi 4 scarifications de 8 mm au niveau de la crête iliaque avec une lame de bistouri. Cette technique, sa sensibilité et sa valeur comparée à d’autres tech- niques, a déjà été décrite ailleurs (3, 7, 8, 9).

Examens cliniques

Dans 11 collines, choisies au hasard parmi celles retenues pour l’enquête globale (1 :3), un examen clinique a été fait chez les personnes de 4 ans et plus. Il s’agit des collines Murambi, Kaburantwa, Jerama, Nyamyeha, Gahabura, Nyangwe, Ruziba, Rukana I, Gabiro, Bumba et Kabere. L’ e x a m e n clinique comprenait un interro g a t o i re, la re c h e rc h e de lésions cutanées, de nodules et de ganglions inguinaux. A part l’interro g a t o i re, cet examen a toujours été fait par la même personne (E.N.).

Dans toutes les collines enquêtées, chaque per- sonne présente âgée de 5 ans et plus a subi un test d’acuité visuelle (E-test de SN E L L E N, les deux yeux ensemble). La classification de l’acuité visuelle était celle du groupe d’étude de l’OMS sur la préven- tion de la cécité (11). L’acuité visuelle a également été mesurée pour chaque oeil séparément dans les collines retenues pour un examen clinique (à l’ex- ception de la colline Jerama). Ici, la classification utilisée par le programme OCP a été empruntée (1). La re c h e rche de lésions oculaires a été faite

Pour l’analyse statistique des résultats, le test de chi carré (

χ

2)

a été utilisé.

Résultats

Prévalences

(tableau I ; figures 1 et 2)

En excluant la colline Nyamitanga, où aucun cas d’onchocer- cose n’a été trouvé, la prévalence de la maladie dans les 32 col- lines restantes oscille entre 0,6 et 46,4 %. Près de la rivière Rusizi, dans la plaine de l’Imbo, les prévalences sont moins élevées, mais elles augmentent lentement avec l’altitude, en amont de la Rusizi et de ses affluents. Les prévalences les plus élevées se trouvent le long du cours interm é d i a i re des aff l u e n t s Kaburantwa, Muhira, Nyakagunda et Ruhwa. Ce dernier fait la fro n t i è re avec le Rwanda et on trouve à ses bords la colline avec la prévalence la plus haute : Nyempundu (46,4 %). On a t rouvé moins de cas d’onchocercose le long des aff l u e n t s Kagunuzi-Gitenge et Nyamagana. Dans la province Bubanza, qui se trouve au sud de la rivière Kagunuzi-Gitenge, les pré- valences étaient même très basses et l’onchocercose n’y a même pas été trouvée dans une colline (Nyamitanga). Les prévalences diminuent de nouveau vers l’est, vers la crête Zaïre-Nil, là où l’altitude atteint ou dépasse 1500 mètre s .

Dans la plupart des collines, la prévalence n’était pas diff é re n t e e n t re la partie de la population habitant près des rivières et celle habitant plus loin. Dans 10 collines, la prévalence était signifi- cativement plus élevée chez ceux qui habitaient près de la rivière : R u g e re g e re et Nyangwe (P< 0,05), Rugajo et Rugeyo (P< 0 , 0 2 ) , Kaburantwa, Mwunguzi, Manege et Ngoma (P< 0,01), Kibaya et Nyempundu (P< 0,001).

Figure 1.

P rovinces de Cibitoke et Bubanza (Burundi) : prévalence de l’onchocercose dans les 33 collines enquêtées et délimitation du foyer et des zones mésoendémiques.

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Endémicité et manifestations cliniques de l’onchocercose dans les provinces de Cibitoke et Bubanza (Burundi).

E. D. Newell, N. Ndimuruvugo & D. Nimpa

La diff é rence de prévalence entre les sexes est significative dans 21 collines sur 32 : plus d’hommes que de femmes y sont atteints d’onchocercose.

La prévalence augmente avec l’âge : chez les personnes de 20 ans et plus, la prévalence dépasse 60 % dans 4 collines et se situe e n t re 40 % et 60 % dans 5 autres collines. Dans 10 collines au c o n t r a i re, la prévalence n’atteint pas 20 % chez les personnes de 20 ans et plus. Dans ces 10 collines, il n’y avait, au total, que 16 jeunes infectés.

En re g roupant les résultats des 32 collines, la prévalence stan- dardisée pour la région endémique se calcule à 15,8 % (95 % limites de confiance : 15,0 % à 16,6 %).

Des cas de filariose à D. perstans ont été rencontrés dans plu- sieurs collines enquêtées, surtout au nord-ouest de la pro- vince de Cibitoke.

Intensité de l’infection

(tableau I ; figure 2)

La densité moyenne (géométrique) des micro f i l a i res par lame n’est pas très élevée. Sur 1286 cas positifs, 655 seulement avaient 11 microfilaires ou plus sur la lame (50,9 %).

Symptomatologie

(tableau II)

Dans les 11 collines où un examen clinique a été pratiqué, il y avait 453 cas d’onchocercose sur 2792 personnes examinées (16,2 %). Des examinés, 34,6 % se plaignaient de pru r i t , 26,7 % présentaient des lésions cutanées, 7,1 % avaient des nodules sous-cutanés palpables et 2,5 % avaient des ganglions inguinaux enflés.

Toutes les plaintes et les symptômes étaient plus fréquents chez les cas positifs (P< 0,001). Les symptômes étaient aussi plus fréquents chez les hommes. Les lésions cutanées se ren- contraient chez 29,9 % des hommes (413/1379) contre 23,6 % des femmes (333/1413), les nodules chez 9,4 % des hommes c o n t re 4,7 % des femmes et les ganglions inguinaux enflés chez 4,4 % des hommes contre 0,6 % des femmes. Toutes ces différences étaient significatives (P< 0,001).

Les lésions cutanées les plus fréquentes étaient les lésions dues au grattage, la pigmentation inégale et les papules. Après l’âge de 15 ans, les autres lésions plus typiques pour l’onchocerc o s e apparaissaient. Les lésions cutanées étaient plus fréquentes sur la partie basse du corps (au-dessous de la ceinture).

Les nodules sous-cutanés, qui étaient presque toujours de petite taille, se trouvaient autour du bassin dans 80 % des cas.

Sur un total de 225 nodules, 43 étaient situés sur le tronc et 2 sur la cuisse et le genou, respectivement. Le pourcentage de personnes avec nodules s’accroissait avec l’âge, pour atteindre 16,4 % chez les gens de 40 ans et plus.

Acuité visuelle

(tableau III)

Dans la totalité des 33 collines, où l’acuité visuelle a été déter- minée pour les deux yeux ensemble, moins d’un pour cent des gens qui avaient compris le test avaient une diminution de la vision au-dessous de 3/10 (47 personnes sur 6268 examinées).

Dans les 10 collines où l’acuité visuelle a été déterminée de façon plus précise pour chaque oeil séparément, seulement 78 yeux (1,8 %) avaient une acuité visuelle de 1/10 ou moins.

Sur ces 78 yeux, 45 présentaient une cataracte et pour 19 il s’agissait d’une lésion unilatérale, souvent à la suite d’une blessure ou d’une infection.

En distinguant 3 groupes, un avec une acuité visuelle de 10/10, un autre avec une légère diminution de la vision (3/10 et 6/10) et un troisième avec une baisse importante de la vision (1/10 et moins), on trouve une diff é rence très significative entre les sujets positifs et les sujets négatifs (P< 0,001).

Tableau I.

Tableau II.

Figure 2.

Population examinée, prévalence et intensité de l’onchocercose dans les 33 collines enquêtées (provinces de Cibitoke et Bubanza,Burundi)

Population Prévalence Intensité (Mf/lame) Colline totale examinée nombre (%)1 moy. géom.

Collines près des rivières principales :

Murambi 2719 335 46 (13,2) 8,9

Kaburantwa 5956 665 37 (5,6) 7,3

Mwunguzi 1042 243 35 (15,6) 5,9

Cunyu 3602 331 60 (18,4) 13,1

Kivumvu 1803 309 90 (32,3) 11,4

Manege 2208 205 26 (12,4) 9,4

Kahirwa 993 235 49 (22,3) 6,9

Jerama 2451 301 28 (11,6) 6,8

Nyamyeha 2055 237 15 (6,8) 4,6

Kibaya 2956 326 54 (15,6) 8,6

Gahabura 2651 300 83 (32,8) 14,3

Nyangwe 1261 179 46 (29,1) 8,5

Bwayi 2699 308 50 (18,7) 9,7

Rugajo 1961 246 23 (9,7) 7,5

Nyempundu 2938 332 145 (46,4) 17,6

Ruziba 4261 469 102 (24,6) 11,4

Ngoma 3084 333 105 (32,6) 17,5

Rukana 1650 214 45 (19,4) 12,0

Gabiro 1444 194 25 (10,9) 9,4

Rugeregere 3343 305 27 (8,8) 5,4

Collines éloignées des rivières principales

Zina 2719 229 2 (1,0) 1,7

Nyabitaka 2142 186 1 (0,6) 8,0

Mugimbu 1028 136 6 (4,3) 6,7

Rugeyo 1949 294 7 (2,4) 10,5

Nyamitanga 2352 244 0 -

Mahande 1943 176 20 (12,5) 13,2

Buhayira 3534 340 53 (16,8) 16,5

Bumba 2112 213 20 (9,8) 10,0

Shimwe 1405 164 29 (20,7) 7,6

Kabere 2241 254 6 (2,5) 7,0

Gakerekwa 595 107 14 (17,8) 10,3

Rubona 1615 216 28 (14,3) 8,1

Kagazi 1573 187 9 (4,6) 9,5

totaux 8857 1286 (15,3) 10,9

1Standardisation d’après l’âge

Prévalence et intensité de l’onchocercose par groupe d’âge, pour deux gro u p e s

de collines d’endémicité différente (provinces de Cibitoke et Bubanza, B u r u n d i ) . Fréquence des plaintes et symptômes associés à l’onchocercose (11 collines, province de Cibitoke, Burundi)

personnes examinées positives négatives

(2792) (453) (2339)

n (%) n (%) n (%)

prurit 967 (34,6) 313 (69,1) 654 (28,0)°

lésions cutanées : 746 (26,7) 220 (48,6) 526 (22,5)°

- lésions de grattage* 106 (14,2) 39 (17,7) 67 (12,7)°

- pigmentation inégale + papules* 655 (87,8) 178 (80,9) 477 (90,7)°

- gale filarienne* 14 (1,9) 8 (3,6) 6 (1,1)°

- lichénification de la peau* 75 (10,1) 39 (17,7) 36 (6,8)°

- atrophie de la peau* 64 (8,6) 32 (14,5) 32 (6,1)°

- dépigmentations* 36 (4,8) 26 (11,8) 10 (1,9)°

- peau de léopard* 18 (2,4) 14 (6,4) 4 (0,8)°

nodules sous-cutanés 197 (7,1) 147 (32,5) 50 (2,1)°

ganglions inguinaux enflés 70 (2,5) 39 (8,6) 31 (1,3)°

* Respectivement sur 746, 220 et 526 personnes avec lésions cutanées.

Une même personne pouvait présenter plus d’une lésion cutanée.

Différences significatives : ° P< 0,001

(4)

Discussion

D

ans l’ensemble, le foyer des provinces de Cibitoke- Bubanza est hypoendémique (prévalence au-dessous de 20 %), mais il existe des poches mésoendémiques le long du cours interm é d i a i re de la Ruhwa, de la Muhira et de la Kaburantwa. A l’extrémité nord-ouest de la province de Cibitoke, dans la colline de Nyempundu, la prévalence approche l’hyperendémicité (figure 1).

Lors de l’échantillonnage, les collines avaient été gro u p é e s suivant leurs distances jusqu’aux rivières principales. Bien que ce facteur compte pour expliquer des différences en pré- valence entre les collines, les chiff res montrent que d’autres fac- teurs entrent en compte. La transmission est moindre à l’ouest, dans la plaine de la Rusizi où les affluents coulent souvent plus lentement, et à l’est, au pied de la crête, à cause de la haute altitude. Entre les deux, se trouve une région de collines entrecoupées par des rivières, la région du Mumirwa, où les prévalences sont plus élevées. A proximité de la rivière Rusizi, qui fait la fro n t i è re avec le Congo (ex-Zaïre), il ne semble pas y avoir de transmission. Il paraîtrait que l’eau y est trop alca- line et que cela empêche les larves des simulies de s’y déve- lopper (2). Aussi existe-t-il des diff é rences entre les prévalences trouvées le long des différents affluents de la Rusizi. A l’in- térieur des collines, la différence en prévalence entre la partie de la colline qui se situe près de la rivière et la partie qui en est éloignée n’est, le plus souvent, pas significative.

En extrapolant les résultats des 32 collines enquêtées, où des cas d’onchocercose ont été trouvés, on peut estimer que, dans l’ensemble de cette zone endémique, il y aurait environ 52 0 0 0 personnes atteintes d’onchocercose sur 330 000 habitants (soit environ 16 %).

Selon que la colline enquêtée est hypo- ou mésoendémique1, l’augmentation de la prévalence avec l’âge est plus lente (peu de positifs parmi les moins de 20 ans) ou plus marquée (plus de 10 % de positifs déjà à partir de l’âge de 10 ans) (figure 2).

Pour la totalité de l’échantillon, la diff é rence de prévalence entre les sexes - plus d’hommes sont infectés - est très signi- ficative (P< 0,001). Cette diff é rence se re m a rque aussi bien dans les collines hypoendémiques que mésoendémiques.

L’intensité de l’onchocercose, exprimée par la moyenne géo- métrique des résultats positifs, est 10,9 pour l’ensemble de ce f o y e r. La diff é rence entre les collines qui sont proches et celles qui sont éloignées des rivières est minime (11,0 vs 10,5 micro- f i l a i res par lame positive), ce qui confirme que d’autres facteurs géographiques ont plus d’importance dans le classement des collines. Le risque d’infection dans ce foyer peut être consi- déré comme moyen puisque l’intensité n’augmente que len- tement avec l’âge (figure 2).

Bien que la fréquence du prurit et des lésions cutanées soit plus élevée chez les gens souffrant d’onchocercose, il n’en re s t e pas moins qu’un grand nombre de personnes, chez qui on n’a pas trouvé de microfilaires dans la scarification, se plaint aussi de prurit ou présente aussi des lésions cutanées. Il peut s’agir de gens avec une infection légère chez qui des examens répétés sont nécessaires pour trouver des micro f i l a i res. Aussi,

soit une pigmentation inégale avec ou sans papules. Ces dern i e r s symptômes étaient parfois très discrets et leur diagnostic pou- vait prêter à confusion.

Les lésions cutanées évidentes de l’onchocercose étaient plu- tôt rares : 155 personnes en avaient, sur 746 avec des lésions cutanées (20,8 %). Assez souvent, l’examen parasitologique chez ces gens était négatif ou seulement très légèrement posi- tif. Inversement, des gens présentant peu de symptômes avaient souvent un examen parasitologique positif avec beaucoup de m i c ro f i l a i res dans la scarification. Ceci peut s’expliquer par des phénomènes de réactions immunitaires (12).

Au nord de la province de Cibitoke, vers la frontière avec le Rwanda, les gens qui connaissent les symptômes de l’oncho- c e rcose, ont donné à la maladie un nom local (en kirundi) : ubu- shita, qui est diff é rent du nom donné à la gale ord i n a i re (mbandakara). Dans les autres foyers du Burundi, le nom donné à l’onchocercose est “filaire”.

Chez 4 personnes, des nodules ont été trouvés qui étaient en fait des kystes de cysticercose (confirmé par examen anatomo- pathologique). Ces personnes avaient des kystes multiples, à des endroits atypiques pour l’onchocercose et ne présentaient pas de prurit, ni d’autres symptômes d’onchocercose. L’ e x a m e n parasitologique était négatif chez eux. Ils venaient tous de la région de Musigati (province de Bubanza).

Suivant la méthode rapide pour déterminer l’endémicité de l ’ o n c h o c e rcose, décrite par NG O U M O U(10), un village est considéré comme étant hypoendémique quand la prévalence de nodules chez des hommes de 20 ans ou plus ne dépasse pas 10 %. Dans les 11 collines de la province de Cibitoke, où les nodules ont été re c h e rchés, 4 seraient classées corre c t e- ment comme hypoendémiques et 4 comme mésoendémiques, mais 3 seraient classées comme mésoendémiques au lieu de hypoendémiques. Cette méthode rapide est donc à utiliser avec précaution. La même constatation avait été faite dans la province de Rutana (8).

Si l’on prend l’acuité visuelle comme paramètre pour déter- miner le degré d’atteinte oculaire par l’onchocercose, il appa- raît que, dans le foyer des provinces de Cibitoke-Bubanza, le p roblème est relatif : 89 % des yeux examinés avaient une vision de 10/10. C’est surtout dans la catégorie avec une acuité visuelle de 6/10 et 3/10 qu’il y a une possibilité d’influence de l’onchocercose sur cette légère diminution. Parmi les 1,8 % des yeux avec une diminution plus importante, et bien que là aussi la diff é rence entre les sujets positifs et négatifs soit signi- ficative, la diminution est le plus souvent causée par une cata- racte ou par une lésion (cicatrice) unilatérale.

Les lésions oculaires de l’onchocercose étaient en général peu prononcées et pas de nature à avoir une grande influence sur l’acuité visuelle. La kératite ponctuée (opacités nummulaires ou cotonneuses) n’affecte pas la vue et peut disparaître sans laisser de traces. La kératite sclérosante au stade initial laisse la pupille libre (1). Ces deux lésions, ainsi que la cataracte, bien que peu fréquentes, l’étaient quand même significative- ment plus chez les sujets parasités.

Remerciements

Nous remercions la population des collines enquêtées, ainsi que les autorités locales, pour leur collaboration. Le Ministère de la Santé du Burundi et la Coopération technique belge (AGCD) ont rendu ce travail possible.

1 Collines enquêtées classées comme étant mésoendémiques : Cunyu, Kivumvu, Kahirwa, Gahabura, Nyangwe, Bwayi, Nyempundu, Ruziba, Ngoma, Rukana I, Buhayira, Shimwe, Gakerekwa.

dans 10 collines (province de Cibitok e, Burundi).

acuité visuelle total positifs négatifs

(4246 yeux) (832 yeux) (3414 yeux)

n (%) n (%) n (%)

10/10 3783 (89,1) 700 (84,1) 3083 (90,3)

6/10 et 3/10 385 (9,1) 106 (12,8) 279 (8,2)

1/10 et moins 78 (1,8) 26 (3,1) 52 (1,5)

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Références bibliographiques

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Endémicité et manifestations cliniques de l’onchocercose dans les provinces de Cibitoke et Bubanza (Burundi).

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