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Aperçu général sur les villes africaines avant le 19ème siècle- Relations des villes avec leur environnement au Sud du Sahara pendant cette période

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GERMAN FOUNDATION FOR

INTERNATIONAL DEVELOPMENT

DSE

FONDATION ALLEMANDE POUR LE DEVELOPPEMENT INTERNATIONAL

Seminaire international

LA POLITIQUE ET LA PLANIFICATION DE LfURBANISATION EN AFRIQUE, OBJECTIFS ET BESOINS

du 20 septembre au 2 octobre 1976 a Berlin-Ouest

APERQU GENERAL SUR LES VILLES AFRICAINES AVANT LE 19EME SIECLE - RELATIONS DES VILLES AVEC LEUR ENVIRONNEMENT

AU SUD DU SAHARA PENDANT CETTE PERIODE

M. Max Falade, CEA

III-S 9/76

UNITED NATIONS

ECONOMIC COMMISSION FOR AFRICA NATIONS UNIES

COMMISSION ECONOMIOUE POUR L'AFRIQUE

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APERgU GENERAL SUR LES VILLES AFRICAINES AVANT LE 19EME SIECLE - RELATIONS DES VILLES AVEC LEUR ENVIRONNEMENT AU SUD DU SAHARA PENDANT CETTE PERIODE

M. Max Falade, CEA

I. Introduction

La Region africaine se trouve confrontee avec des problemes majeurs qui conditionnent la vie actuelle des individus vivant sur se continent. La qualite de la vie au sein des groupes sociaux dans les annees a venir dependra des solu tions apportees.

La premiere decennie, au cours de laquelle la majorite des Etats ont acquis leur independance, a ete celle de la prise en charge par les responsables nationaux des organes gouvernementaux et des services administratifs et tech

niques. Cependant au cours de cette meme decennie l'ampleur et la multitude des problemes sont apparues. La volonte d'une prise en main du present afin de creer les conditions appropriees d'un developpement repondant aux aspirations de l'ensemble, incite a la fois, a tirer profit des enseigne- ments du passe et a maitriser les methodes et techniques d'action actuelles. De cette attitude se degage une re cherche de demarches singulieres plus conformes aux parti- cularites des modes de vie et des conditions des pays du continent. Dans certains domaines, une juste appreciation des styles et pratiques d!etablissement autochtones au de but de la periode moderne est rendue difficile par le fait qu!une culture orale prevalait dans une grande partie du continent. Au contact des civilisations exogenes qui se sont imposees au cours de la periode contemporaine, cette tradition orale a ete fortement alteree et est en voie de disparition. De plus, la transmission et l'enseignement oraux portent une plus grande attention aux actions dTindi vidus remarquables et a une education philosophico-reli- gieuse qu'a la description des formes materielles d'instal- lation des hommes et groupes sociaux. Ceci correspond par

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ailleurs au caractere de ces societes basees plus sur la stability des manieres d'etre que sur les innovations. Ce fait est propre aux civilisations rurales en general.

Aussi en ce qui concerne au moins l'Afrique au sud du Sahara, peu de descriptions des modes d'etablissement nous sont parvenues sous une forme analysable. Les descriptions ecrites proviennent principalement de recits de voyageurs arabes ou occidentaux. L'etude de ces rapports de voyage apporte toutefois quelques lumieres et doit sans doute per- mettre de reconstituer, au moins schematiquement, l'histoire de la vie urbaine en Afrique. Une telle recherche presente un interet dans la mesure ou malgre les lacunes inherentes aux difficultes mentionnees, elle permettra d'abord, de

lever le voile sur un oubli assez generalise. Elle permettra aussi grace a une connaissance de l'organisation de cette vie urbaine, de denombrer des solutions qui avaient ete trouvees. Les techniciens et responsables nationaux dans leur effort pour une reponse adaptee ne pourront que bene- ficier d'une telle connaissance, aussi imparfaite qufelle puisse etre. La revalorisation des moyens indigenes incitera aussi, sans doute, a rechercher une meilleure utilisation de 1'existant et a mieux definir les domaines prioritaires dfin- vestissement et d'effort. L'harmonisation des realisations actuelles aux ecosystemes regionaux en sera amelioree.

II. L^rbanisation en Afrique avant le 19eme siecle. Rapide

apercu general

Dans "Population Migration et Urbanisation en Afrique"^,

Mr. William A. Hance donne une chronologie de la creation des villes africaines, dont il est reporte ici quelques extraits et resume.

JV Colombia University Press - New York and London 1970.

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Dans le paragraphe "Cites anciennes" 1'auteur note que

"durant la periode la plus avancee de la periode de 1'em pire romain, du premier au troisieme siecle de l'ere chre- tienne, un grand nombre de villes romaines d'Afrique du nord etaient de grandes tailles et pouvaient avoir contenu jusqu'a 25% de la population de leur region. Ces centres romains etaient situes aux emplacements ou pres des sites de beaucoup de cites actuelles comprenant Rabat, Moulay- Idriss, Tanger, Alger, Bizerte, Tunis qui peut avoir existe avant Carthage et Tripoli. Cependant presque toutes ces cites disparurent avant que les cites actuelles furent construites. Les plus vieilles villes encore existantes en Afrique seraient Alexandrie, Tripoli, Constantine, fondees vers 313 par l'empereur du meme nom sur 1'emplacement de la ville carthaginoise qu'il avait detruite et Aksum dans la province tigreenne d'Ethiopie, laquelle peut dater du ler siecle. Cependant cette derniere n!est plus maintenant qu'une relativement petite et pauvre ville. Vers le 5eme siecle les cites furent en declin dans l'ensemble de l'Afrique de l'ouest et du nord. Le 7eme siecle a vu le developpement de Gao, capitale de lfempire Songhai (Mali actuel), et Harar sur le massif est de l!Ethiopie, pendant qu?au 8eme siecle les villes musulmanes se developpaient le long des cotes est de lTocean Indiens y compris Mogadishio en Somalie et Mombassa au Kenya, lesquelles resterent des centres arabes de commerce et de traite d'esclaves jusqu1au I6eme siecle.

Du 8eme au lOeme les villes musulmanes se developperent en Afrique du nord et beneficierent du renouveau du commerce mediterranean au lOeme siecle. Ce fut le cas de villes

telles que Fes (790), Kairouan (800), Oujda (9^*0, Alger (940), Meknes et Le Caire. D'autres villes d'origine an- cienne, mais pour lesquelles il est difficile d'assigner une date precise d1etablissement a cause des saccages re- petes et des transformations qu'elles ont subies, sont des villes telles que Ceuta, Melilla, Tlemcen, Oran, Setif,

Bejia (Bougie), Annaba (Bone), Bizerte, Gabes, Suez, Berbera

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Du lOeme au lleme siecle un certain nombre de villes apparurent en Afrique de l'Ouest, Kano (999), Zaria et Katsina au nord de la Nigeria ainsi qu!une certain nombre de villes Yorouba dans la Nigeria du sud-ouest; Ile-Ife, Ilesha, Iseyeri, Ede, Ileri et Ijebu-Ode. Benin, l'ancienne capitale du Benin, et Tomboucto (1100) datent aussi de cette epoque: Beaucoup de centres caravaniers se developperent a partir des environs du 12eme siecle mais la plupart de- clinerent ou disparurent depuis et il est douteux qu'ils aient jamais eu d'aussi brillantes histoires comme il est parfois decrit."

La periode du l6eme a la fin du 19e*me siecle

"Cette periode a ete temoin de la formation d'un certain nombre de capitales de royaumes indigenes africains et de groupements ethniques en Afrique au sud du Sahara, princi palement dans lfouest, bien que les dates exactes de leur fondation restent bien souvent voilees de mystere. Parmi les villes qui existent encore, quelques-unes ne sont plus que des centres mineurs. Un grand nombre de celles-ci se trouve le long de la ceinture nord et comprend les villes de Labe en Guinee, Sikasse et Segou au Mali (derniere capi tale Bambara), Bobo-Dioulasso et Ouagadougou en Haute-Volta, cette derniere ayant ete la capitale Mossi pour des siecles, Zinder au Niger, Abeche au Tchad, et El Fasher, centre du royaume du Darfour au Soudan3 plus plusieurs centres reli- gieux plus recents tels que Louga au Senegal et Mopti au Mali.

Le long de la ceinture sud de l'Afrique de l'ouest, de nouveaux centres indigenes y compris Kumasi (1663) au Ghana, siege du Asantahene des Ashanti, Abomey et Porto-Novo au Dahomey. Tananarive, capitale de la Merina a Madagascar, date d!environ 1625. Les ruines de construction en pierre commencees dans le 12eme siecle mais datant principalement du milieu du 15eme siecle, furent trouvees dans la ceinture courant du Botswana a travers la Rhodesie en passant par le Mozambique, indiquant une considerablement plus forte densi-

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te de population que celle qui existe actuellement dans cette zone. Zimbabwe est l'exemple le plus spectaculaire de ces constructions, mais pas plus celles-ci que les autres ruines n'indiquent necessairement la presence de villes..."

La succinte chronologie des villes entre le premier millenaire et la fin du 17eme siecle donnee dans ce cha- pitre indique clairement,quelle que soit lfimportance que 1'auteur accorde a ces centres, qu'une historie urbaine a existe et que le concept de vie urbaine n'etait pas ignore.

A propos de I1importance a accorder a ces agglomerations dont au moins certaines etaient ainsi qu'il sera vu plus loin, a caractere nettement urbain et non rural, diverses theories s*affrontent mais les travaux recents entrepris pour une meilleure appreciation de leur importance appor- terent sans aucun doute des elements nouveaux. Ainsi des fouilles recentes effectuees a 1'emplacement de la ville de Koumbi-Saleh, montrent que Koumbi etait un centre groupant au moins 30.000 habitants vers le 15eme-l6eme siecle.

Notons simplement, que des le debut de 1'ere chre- tienne, les principales villes actuelles de la region nord- africaine existaient ou qu'elles furent fondees a cette pe- riode. En ce qui concerne la zone pour laquelle il est por- te une plus particuliere attention ici, la fondation de villes telles que Gao, Kumbi, Walata, Kano, Zaria, Katsina, Ife, Iwo, Ilesha, Ilerin, est situee entre le 7eme et le lOeme siecle, et c'est vers le lleme siecle que semble se situer celle de Benin dont il sera reporte des passages de descriptions donnees par les premiers navigateurs hollan- dais qui y entrerent au 15eme siecle, et de Tombouctou qui joua un tres grand role dans les relations commerciales avec les villes cotieres d'Afrique du nord. Les villes cara- vanieres se developperent vers le 12eme siecle. Sur la cote est3 Axum fut fondee au ler siecle et Harar au 7eme siecle.

Plus tard le 8eme siecle vit la naissance des villes por- tuaires islamiques sur l!ocean Indien: Mogadisho, Mombassa, etc.

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En conclusion si l'histoire des villes africaines de la bordure mediterraneenne n'a jamais ete ignoree, celle des villes de la partie sud du Sahara a ete, jusqu'a present peu connue. Peu d'etudes leur ont ete consacrees jusqu'a la deuxieme guerre mondiale. Depuis lors des travaux ont ete plus systematiquement entrepris et des ouvrages relatant les decouvertes publies. Mais des analyses sur leur role econo- mique, leur organisation, la vie urbaine qui les animait et

les solutions techniques d!implantation restent a faire.

III. Quelques temoignages sur les villes au sud du Sahara avant le 19eme siecle

Grace aux echanges commerciaux entre la zone soudano-sahe- lienne, les villes soudaniennes ont ete citees des le debut du deuxieme millenaire par les voyageurs arabes. Au lleme Al-Bakri, un geographe arabe de Cordoba, donna de grandes precisions sur la vie urbaine existante dans cette region et notamment les distances qui separaient les villes et les marches dans l'empire de Ghana (700-1200 A.C.). II decrivit aussi la ville de Awdeghast en Mauritanie actuelle. De meme en 1352 Ibn Battuta depeignit ces memes villes ainsi que les villes portuaires de la cote orientale telles que Kilwa, Mombassa, Malindi, Mogadisho.

Le marchand florentin Benedetto Dei decrivit Tombouctou en 1*170. En 1500 Leo 1'Africain (Leo Africanus) visita la capitale de l'empire du Mali (1200-1500 A.C.) ainsi que d'autres villes telles Djenne. Plus au sud-est les villes du royaume de Kanem-Bernu (800-1800) regurent la visite de

nombreux voyageurs musulmans.

Fin 15eme siecle au cours de 1'etablissement des rela tions commerciales ouest-atlantique entre I1Europe et la cote occidentale d!Afrique, les navigateurs portugais et hollandais furent frappes de 1*importance de la ville de Benin.

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Le mode d'existence des peuples occupant cette zone geographique a ete fortement marque par 1'environnement physique. La faible densite d!occupation et les grandes distances qu'elle engendre dans un contexte climatique difficile ont freine l'etablissement de communications interieures aisees.

LTenvironnement physique - Le contexte geographique general Le continent africain est le deuxieme du monde du point de

vue de la superficie. Coupe approximativement en son milieu

par l'equateur, les extremites nord et sud sont presque

equidistantes, a environ 37°21' nord et 31* 51' sud. De la

superficie totale, environ 45# s'etendent entre les tro-

piques du cancer et du capricorne done sous climat tropical.

Entre les latitudes adjacentes a l'equateur se situe la region des fortes pluies notamment entre le bassin du fleuve Congo ou Zaire, et la cote de Guinee a l'ouest.

Cfest la region des grandes forets difficiles d'acces et d'etablissement. En s'eloignant de part et d'autre de l'equateur, au nord et au sud de cette zone forestiere

tropicale, s'etalent les zones de savane a pluviometrie

moindre, puis les deserts du Sahara au nord, jusqu'aux monts de l'Atlas nord africain, et au sud de l'equateur le desert de Kalahari limite a l'est par un couloir cotier a

precipitations pluvieuses importantes. Enfin, aux extremi

tes, les cotes mediterraneennes au nord et atlantiques au sud jouissent d'un climat plus tempere.

Ainsi le continent a ^5% de sa superficie en zone tropicale humide originellement couverte de forets denses, kO% en quasi-desert couvert d'herbages, e'est la region de paturage par excellence, et, enfin environ 8% se presentent sous forme de desert aride.

En resume du point de vue climatologique, de par sa situation l'Afrique est sous un regime tropical et inter- tropical a alternance de saisons pluvieuses et seches, sauf a ses extremites qui beneficient d'un rythme saisonnier de

type modere. Sur la savane a une longue periode d'ensoleille

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merit et de secheresse succede l'arrivee soudaine de la saison des pluies. Les regions tropicales forestieres ont peu de variations saisonnieres et sont sujettes a de grandes precipitations pluvieuses. Les hauts plateaux de l'est sont sous regime tropical ou intertropical a alternance de

saisons pluvieuses et de secheresse. Toutefois leur altitude

accentue les variations saisonnieres comparativement aux

basses terres.

Du point de vue topographique si l'on met a part la cote mediterraneenne, l'Afrique dans son ensemble se pre- sente comme un grand bloc forme de roches anciennes peu entamees pendant environ 2 millions d'annees sauf par les erosions et quelques soulevements de terrain. Lfensemble apparait comme un vaste complexe de plateaux s'elevant progressivement vers l'est et le sud. Cote ouest du fleuve Senegal au delta du fleuve Niger, lfaltitude est voisine du niveau de la mer, et s'eleve ensuite jusqu'aux regions a caractere montagneux de l'est et du sud qui se presentent aussi sous l'aspect de hauts plateaux mais situes a plu- sieurs milliers de metres au-dessus du niveau de la mer.

La topographie de ces hauts plateaux est accidentee mais

peu variee sauf dans quelques rares zones telles que le plateau de Jes au Nigeria, le Fouta-Jalen en Guinee, le mont Talat dans le Hoggar au sud algerien. Durant une des periodes de soulevement le continent a connu la grande

cassure de l'est qui a forme la Rift Vallee qui s'etend du golfe d'Aqabaau bord de la cote est en Mozambique actuel

en passant par les hauts plateaux ethiopiens, les deux

bords du lac Victoria, a l'est et a l'ouest de celui-ci,

la depression du lac Nyasa au Malawi. Accompagnant cette fissure les soulevements volcaniques ont forme les monts Kenya et Kilimandjaro ainsi que les monts du Cameroun.

Sur ces plateaux anciens et erodes, se sont formes les grands fleuves. Ceux-ci serpentent en creant des mers interieures et de grands bassins alluviaux. La plupart de ces fleuves se deversent dans la mer en une serie de chutes

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et de rapides a partir des bords des hauts plateaux: chutes du lac Victoria sur le Zambeze, cataractes du Nil, rapides du fleuve Congo ou Zaire, chutes des fleuves Niger et Sene gal. Cette particularity restreint les possibility de pe netration dans le continent par les voies d'eau. En effet

si ces voies d'eau peuvent servir de liaison et de moyens

de communication dans l'interieur des terres, ils sont di:

ficiles a remonter a partir de la mer. Aussi la penetration a partir des bords de mer a toujours ete difficile, alors que l'acces a l'interieur par le nord a travers le desert

du Sahara s'est avere plus aise.

Le contexte humain dans les regions au sud du Sahara Cet environnement naturel a fortement marque la vie des populations. Ainsi, par exemple, si l'acces dans la zone forestiere pluvieuse est malaise, celle-ci, par contre, presente une protection face aux invasions. Mais cette

protection implique une isolation par rapport aux zones

geographiques environnantes. A 1'oppose, la savane est la

zone des grands espaces herbaux, des grands paturages, in- citant a un mode de vie pastorale. S'etendant de l'Ocean atlantique au bassin du Nil, et du Sahara a la foret equa- toriale et atlantique, la savane soudanienne occupe aussi une partie du golfe de Guinee, la ou la bande forestiere est interrompue. Ce milieu naturel est celui de la vegeta tion clairsemee: savane a arbres aux feuilles caduques,

steppes a arbres epineux et buisson. Cette zone geogra-

phique avec ses longues periodes d'ensoleillement et de

secheresse suivies par l'arrivee soudaine des pluies, avec ses grandes plaines favorables aux paturages et 1'erosion rapide de son sol, presente des conditions ecologiques peu

favorables a la fixation de grands rassemblements de popu lation rurale. Les hommes, dans cet ensemble ecologique, se sont groupes en petits villages fermiers. L'economie de;

base est agricole. Cette agriculture est a caractere itine rant, menee par de petits etablissements de fermiers se deplacant au fur et a mesure de 1'appauvrissement des sols

cultives. C'est une zone d'habitat disperse et de trans-

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humance pastorale. En se rapprochant des grands fleuves et de la lisiere de la zone forestiere ou les terres sont de plus en plus favorables aux activites agricoles, ce mode d!occupation se densifie tout en conservant le meme carac- tere general.

Dans la vaste foret tropicale humide, les terres sont fertiles mais fragiles. Les difficulties de displacement et

de communication ont contribue a une relativement faible densite d'occupation. L'habitat type est un fermier vivant dans de petits villages autonomes formes par 1!installation

en voisinage de families a parente plus ou moins eloignee.

Les activites sont tournees vers la culture de subsistance.

La presence d1epizoothies interdisant les activites d'ele-

vage sur une grande echelle, la chasse est l'activite

complementaire a lfagriculture.

Ainsi 1'habitat type au sud du Sahara est un habitat disperse dans de grands espaces avec de plus ou moins

grandes facilites de communications, sous des climats a alternance de periodes pluvieuses et de periodes seches et sur des sols passablement fertiles mais supportant mal une culture intensive pratiquee selon les methodes indigenes en

usage.

L'organisation sociale et politique

Dans la savane l'autorite politique se situe a deux niveaux bases sur les relations, mutuelles entre individus et groupes.

La premiere, la communaute villageoise est l'unite econo-

mique essentielle. Dans cette communaute l'autorite repose

sur des individus tels que les chefs de fami lie, les membres

du conseil des anciens et le chef. La formation des grands Etats imperiaux n'a eu que peu d'effets sur cette organisa

tion de base.

Le second niveau est le lignage reunissant des indivi dus qui ont un ancetre commun, ou le groupe d'age regroupant des individus appartenant socialement a une meme generation.

Les membres de ces groupes d'age sont lies par les mimes

statuts, regies et obligations rituelles et religieuses.

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Ces classes d'age heritent des differentes fonctions

civiques au fur et a mesure du passage d'une classe dfage a une autre.

Cette division verticale de la societe basee sur les groupes d'age et la consanguinite assurait le respect des obligations morales et permettait un reglement pacifique des conflits. Cependant bien que la division verticale se maintint tres fortement elle ne resta pas la seule base de 1'autorite ni la plus importante.

Avec lfaccroissement du commerce, le' developpement des activites et la diversification qu!il implique ont amene une plus grande specialisation dans I'economie. Basee sur cette evolution socio-economique, une division horizontale de la societe par clans et castes s'etablit: artisans, com- mercants, guerriers, fermiers, membres du pouvoir dirigeant.

Ces clans ou castes regroupaient des individus here- ditairement attaches aux memes activites economiques. Ainsi que le montrent des decouvertes recentes, notamment les de- couvertes faites vers i960 par les archeologues Fagan et Chaplin au cours de fouilles dans des tombes situees sur les collines de Ingombe Ilede au nord du milieu du fleuve Zambeze ou encore d'autres fouilles au sud du Zambeze et au sud de Limpope, cette division horizontale de la societe a ete le debut de la creation de classes sociales.

Ces formes d!organisation sociale se retrouveront dans I1organisation fonctionnelle des cites.

Grandes lignes de l'oreanisation politico-sociale dans les Etats ouest-soudaniens

La creation d'un Etat etait le fait d!un leader de lfune de ces affiliations, chef d'un groupe d'age ou de clan qui, par exemple, arrivait par la persuasion ou la force a impo- ser son autorite sur un nombre de plus en plus grand de villages independants.

Plusieurs groupes d!age ou clans peuvent exister cote a cote dans un meme Etat sans avoir de grands impacts les

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uns sur les autres ou sur la communaute villageoise. Un

clan peut changer profondement son caractere en, par exemple, adherant a une religion telle que l'islam sans avoir aucun effect marquant sur le reste de la societe.

Le representant de l'autorite n'exergait pas une domi nation totale sur un territoire mais il s!appuyait sur les relations de clan pour obtenir les services necessaires a

l!exercice de son pouvoir: lever de troupes, impots, ob tenir le travail sur les terres royales, etc. De ce fait les empires n'avaient pas a proprement parler de frontieres mais des zones dfinfluence. Us n!avaient pas de nom mais le nom du detenteur du pouvoir. II n'existait pas de lois mais des obligations entre les membres du groupe ou la reconnais sance de memes statuts entre des groupes, clans, ou indivi- dus. Ceci permet de mieux comprendre la juxtaposition et superposition de croyances telles que l'islam et les tradi tions animistes. Cette segregation existait dans les eta- blissements, surtout avec I1accentuation des mouvements

migratoires dus aux guerres et invasions militaires.

L'organisation de l'espace urbain refletait aussi cette particularity, amenant une segregation des habitants a la fois par clans et castes basee sur les activites economiques et sur les croyances religieuses. La localisation spatiale urbaine des differents clans et castes etait etablie par rapport aux points d'echanges, marches ou arrivees des grandes routes caravanieres. .

Souvent la presence en un mime lieu de groupes reli- gieux importants donnait naissance a deux villes cote a

cote comme a Kumbi Saleh.

Ces divisions en deux parties distinctes des cites capitales semblent avoir ete une pratique courante dans de nombreuses regions sud-sahariennes, l'autorite politique et les services administratifs etant implantes a quelque distance de la ville proprement dite.

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La zone forestiere

La civilisation ouest-africaine forestiere s'etend des en virons des limites sud de la Senegambie au Cameroun actuel.

En zone forestiere les terres sont raisonnablement

fertiles. Les peuples vivaient en petites societes autonomes et communautes fermieres vivant en economie de subsistance basee sur I1agriculture.

L*esprit de lforganisation sociale des communautes en pays de savane se retrouve dans celles des communautes de la zone forestiere et represente une caracteristique de la civilisation rurale noire africaine. En foret tropicale I1organisation sociale est basee sur un reseau de relations de consanguinite. Le degre de consanguinite determine 1'em placement spatial de la maison et du village dans l'espace tribal. Le village lui-meme est l'unite de base reunissant les differents quartiers dont les limites sont determinees par l'espace necessaire au lignage. Cette projection di- recte sur le sol des liens consanguins peut-etre modifiee lorsque s'etablissent des differenciations sociales, reli- gieuses ou economiques. L'ensemble s'organise alors en

fonction des emplacements devolus aux chefs de famille, aux lieux de priere et de culte.

Dans cette organisation, la famille etendue ou grande famille constitue l'unite economique viable. Traditionnel- lement les relations entre individus et groupes etaient rigidess basees sur des privileges et obligations mutuelles qui assuraient une place pour chacun. Personne, mime les responsables, ne pouvait devenir plus riche ou plus puis

sant que son voisin. Un sens de la responsabilite mutuelle ] collective assurait la prise en charge des personnes agees et des malades. Mais en contrepartie ce sont des societes basees sur le maintien du status quo et qui utilisaient la religion pour combattre le changement, et les idees nou- velles non familieres.

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Au niveau de la communaute la societe s1organise par classe d'Sge et lignage, lfune et l'autre s'etayant pour renforcer l'unite du groupe. Un service similaire etait apporte par les groupes d'age dans les Etats a pouvoir centralise^ consolidant le pouvoir princier et attenuant les rivalites entre les lignages. Dans ces regions les

societes dites secretes jouaient le meme role que les clans et castes dans les societes de la savane.

La zone centrale et est-africaine

La grande migration bantoue a ete decisive pour I1organisa tion et le developpement de l'Afrique du centre et de l'est.

Ce mouvement commence des le premier millenaire a ete le fait d'agriculteurs connaissant le travail et 1'usage du fer et pratiquant des methodes de culture plus evoluees que celles des aborigenes. La cause principle de cette migration semble avoir ete la pression demographique jointe aux me thodes de culture pratiquees. La culture par brulis ou par essartage epuisait rapidement les terres et obligeait le deplacement continuel par petits groupes d'unites vil-

lageoises vers de nouvelles terres. L1installation et 1'ab- sorption des groupes migrants par les populations indigenes se faisaient pacifiquement. Les nouveaux arrivants se sont adaptes aux conditions nouvelles et leur vie a ete marquee par leur nouvel environnement. Ainsi, les groupes bantous du bassin du Congo ou Zaire ont developpe une economie dif- ferente de celle etablie par les eleveurs des hautes plaines est-africaines ou I1organisation et le mode de vie de ceux installes dans la region des grands lacs de l!est. Toute- fois la base fut I1agriculture avec des techniques diffe- rentes selon la geographie des lieux d'occupation.

Dans la savane congolaise la classique methode de cul ture par essartage fut pratiquee. Ceci supposait la dispo sition de grands espaces pour assurer une rotation des terres de culture, un deplacement continuel des etablisse- ments et done une faible densite d'occupation. Au contraire dans la plaine inondee du Zambeze ou dans les hautes terres

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15

irriguees kikuyu ou chagga, des methodes de culture plus elaborees ont ete mises au point y compris la culture en terrasse avec peut-etre l'apport d'influences exterieures au continent.

Une autre forme d*exploitation pratiquee fut l'elevage du betail dans les zones d'herbage des grands lacs du long de la vallee du Nil aux plaines d'Afrique du sud. Dans cette vaste zone l'elevage prit une grande importance so- ciale et economique. Ces groupes avaient un mode de vie plus pres du niveau de simple subsistance et d'economie de

troc.

Cependant dans certaines zones telles qu'en Rhodesie la rapide mise en exploitation des mines d'or donne nais- sance a un commerce florissant entre ces regions et la cote est.

Du point de vue de 1*organisation sociale ces peuples bantous apporterent aussi une organisation basee sur la famille elargie, les liens consanguins, les classes d'age.

En resume les conditions geographiques et climatiques jointes au mode d'exploitation agricole ont encourage un habitat disperse et une economie de subsistance. Cependant une certaine identite commune s'est creee a travers l'en- semble du continent et principalement dans la partie situee au sud du Sahara. Les populations etablies dans ces regions ont connu a travers les siecles des grandes migrations en general progressives, amenant un brassage ou une juxtaposi tion d'ethnies. Ces migrations furent dues aux conditions climatiques, a 1'assechement, a lfepuisement des terres de culture ou encore aux guerres et invasions.

Sur un fond commun, des particularity zonales ou sous- regionales ont imprime des caracteristiques distinctes a la civilisation africaine et meme aux types humains. Ceci a donne naissance a une civilisation africaine, elle-meme

composee de cultures differentes: culture arabo-islamique, culture sahelienne, culture des cites, culture forestiere,

etc.

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Du point de vue economique l'unite de production est la famille et l'unite de base le village, un groupe de

villages formant un ensemble autonome et autosuffisant, plus ou moins fixe au sol selon les possibility de son usage et la rapidite de son appauvrissement. Mais aussi

la permanence d'occupation a ete sujette a la permeabilite, aux grandes invasions qu'offrait la zone consideree.

L1organisation sociale offrait a l'unite de base de ces

societes rurales une forme de stabilite, de resistance aux influences, de securite a l'individu, mais rendait diffi cile une homogeneite reelle au niveau des Etats - surtout

en zone sahelo-soudanienne. En general, dans 1'ensemble de l'Afrique au sud du Sahara la structure sociale des groupes

etait peu tournee vers l'organisation etatique, certains etaient sans ambiguite contre cette forme d1organisation,

d'autres au contraire evoluaient vers differentes grandes

formes d'organisation. Les Etats qui se sont crees dans de nombreuses zones etaient gouvernes par des princes qui presidaient un gouvernement compose des membres de la famille aristocratique, cependant qu'une grande partie de

la population qu'ils regentaient, conservait une forme d'organisation communautaire non etatique.

Ces particularity economiques et sociales ont laisse

penser un moment ou ont laisse croire au debut du 20eme

siecle, que la vie urbaine etait de peu d'importance et se resumait a la vie de quelques groupes d'individus dans les bourgs plus ou moins importants ou dans de gros villages.

La vie urbaine au sens occidental du terme aurait ete une nouveaute introduite a une epoque relativement recente, notamment a partir du developpement des contacts transat-

lantiques vers l'Europe. Toutefois aux periodes anterieures a la periode contemporaine, des villes ont existe et ont joui d»un renom qui peut etre qualifie d'universel dans

l!etendue du monde connu en ces temps.

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17

L!evolution economique: developpement des echanges commer-

ciaux

D'une facon generale, bien que I1unite villageoise ait tou- jours ete l'unite economique de base, des centres d!echange se sont developpes en relation avec le commerce interna tional et intercontinental. Certains de ces centres ont etendu leur autorite sur de grands espaces. Dans ces lieux, avec les marchandises, arrivaient des idees et des tech niques nouvelles. Ces apports ont eu une grande influence sur les institutions, les modes de vie; les activites de production. Les echanges ont commence a s'etablir d'abord entre la zone soudanienne et la cote mediterraneenne grace aux routes transahariennes. A cette epoque le desert saha- rien n'etait pas considere comme une barriere insurmontable.

L'introduction du dromadaire pour la traversee du Sahara au debut de l'ere chretienne et I1apparition des marchands

arabo-berberes au 8eme siecle qui surent organiser de grands convois, permirent le developpement des echanges entre les deux zones. Ces marchands maintinrent ce commerce pendant un millier d'annees. La traversee du Sahara durait, surtout au debut, deux mois environ.

Des les premiers temps des liaisons regulieres etaient organisees entre le nord et le sud Sahara, de la cote at- lantique a l'Egypte. Ces echanges commerciaux empruntaient deux routes caravanieres nettement definies. La premiere se situait a l'est et partant de Germa et Ghadames dans le Fezzan, se dirigeait vers le sud-ouest jusqu'aupres du som- met de la boucle du Niger. L'autre partant a lfouest com- men§ait au Maroc, descendait vers le sud, traversait le Sahara du cote des monts de l'Atlas jusqu'au district de ljAdra.r en Mauritanie actuelle, ensuite se tournait vers l'est pour atteindre, elle aussi, les centres commerciaux de la region de la grande boucle du fleuve Niger.

Pendant la periode de declin du commerce mediterraneen qui suivit, deux routes principales continuerent a assurer

la liaison entre les cotes mediterraneennes et la region

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soudanienne. La route nord-ouest reliait le Maroc au Soudan de l'ouest. Elle passait par la ville de Sijilmasa, at- teignait les villes situees sur la grande boucle du Niger, Tombouctou, Djenne, puis descendait vers Bobo-Dioulasso, Bonduku, Kong, Beghe et ulterieurement jusqu'a Kumasi. Une branche de cette voie commerciale rejoignait Gao.

Plus tard des relations commerciales ont ete etablies entre Tripoli et le centre Soudan a travers le Fezzan. Elles ont ensuite rejoint celles du Soudan de l'ouest dfune part et d'autre part sont descendues jusqu'a la zone forestiere du sud-ouest. Cette route passait par Kano, Sansanne-mango, Yendi, Salaga.

Au 15eme siecle, une route reliait Bornou a la cote egyptienne en passant par Tagada. Au I6eme siecle Kano,

Kataina, Zaria etaient reliees a cette meme cote.

En resume quatre routes principales assuraient les liaisons commerciales entre la Mediterranee et la zone soudanienne. A l'ouest deux partaient de Sijilmasa au

Maroc, lfune cote ouest descendait directement vers le sud, la seconde obliquant vers l'est rejoignait Tombouctou et Gao. Les autres routes reliaient les ports de Tunis et

Tripoli au pays Haoussa et a la ville de Bernu en traversant le Fezzan. Les ports mediterraneens etaient en relation

principalement avec l'Espagne, le Portugals 1'Italie.

Les echanges commerciaux de la region est et centrale En zone est des relations regulieres existaient entre l'Egypte et Khartoum, ainsi qu'avec l'Erithree au nord de l'Ethiopie. De plus des le debut de l'ere chretienne les marins perses et arabes avaient organise un reseau commer

cial entre la cote orientale africaine, l'Inde et la Chine.

Au sud-est les villes-comptoirs arabes de la cote etaient en relation avec la region des lacs Tanganyika, Kivu, le Zimbabwe, le Zambeze, etc.

Dans 1'ensemble des diverses regions sud-sahariennes la marchandise d'echange de base etait l'or contre le sel

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de la region nord du continent ou sur la cote orientale contre des produits manufactures des Indes ou de Chine.

Cependant avec le developpement des echanges et des activi- tes qui y ont ete liees, une variete de plus en plus grande de produits ont fait 1'objet de transactions. En Afrique de l'ouest sahelienne en plus du sel, l'ivoire, l'ebene, lea plumes d'autruches, les produits en cuir, ainsi que des produits vivriers pour la traversee du desert et des es- claves furent echanges contre des etoffes, du cuivre, des dattes, des figues, des verres de Venise.

Avec les villes Yorouba en plus des produits courants il etait echange du cuivre et des produits en bronze, du poivre de Malaguetta, de la gomme d'acacia, de la noix de cela, de 1'huile de palme, des esclaves.

Sur la cote est predominait le commerce du cuivre, de l!or, de l'ivoire, du fer, des carapaces de tortue et des cornes d!hippopotame contre les produits d'orient tels que porcelaine, epices , tissus.

Modes de transport des marchandises

Le transport des marchandises entre le nord et le sud ne- cessitait un certain nombre de points relais ou de points de transbordement. Les produits etaient convoyes par droma- daire, ane ou portage humain. Le dromadaire etait utilise pour la traversee du desert jusqu'a Tombouctou, Gao et le nord du lac Tchad. En savane sahelienne l'ane fut le moyen de transport le plus couramment utilise. Ainsi les cites de la boucle du Niger furent a la fois des villes d'echange et des villes de transbordement des marchandises. En zone forestiere l'existence d'§pizooties interdisait l*usage d!animaux de bat et on devait recourir au portage humain.

A chaque fois que possible les cours d!eau etaient empruntes grace a des barges et a de petits bateaux a voile. De la region centrale africaine vers la cote orientale le trans port se faisait presque exclusivement par portage humain.

Cette particularity expliquerait peut-etre en partie le plus grand nombre de centres relais lies au commerce de- nombres dans la savane que dans la region forestiere.

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Influence des echanges commerciaux sur le developpement regional

En zone soudanienne les routes de commerce se presentaient dans lfenvironnement comme des couloirs de communication qui entouraient de larges zones, veritables iles isolees ne beneficiant pas ou peu de ces echanges et vivant en economie d'auto-suffisance. Seules les populations vivant le long ou pres de ces routes commerciales furent soumises a l'influence de ces courants d'echange et aux modifica tions tant economiques que sociales qui en resulterent.

Dans cette zone d'influence bien que les activites des

villages resterent essentiellement tournees vers 1'economie de subsistance3 une partie des produits agricoles, notamment le millet et le riz, etait soit stockee en vue d!echange, soit transportee vers les centres et echangee contre du sel, des ornements ou autres produits. Aussi une infrastructure de commercialisation s'etablit en reponse a cette demande exterieure. Des marches locaux et regionaux drainaient les biens vers les principaux arteres de commerce. Au niveau du village les marches etaient tenus entre differents marches locaux a intervalles reguliers, quotidiennement ou hebdoma- dairement ou encore suivant une rotation reguliere. Les biens commercialises etaient principalement des produits agricoles ou fermiers dont une partie etait destinee aux grands centres de commerce. A partir des marches villageois

les produits parvenaient aux marches regionaux situes aux importantes intersections ou pres du siege des gouvernements Ce commerce etait entre les mains de clans de marchands

souvent originaires de memes ethnies. Les marchandises etaient emmagasinees dans les principaux entrepots situes dans les villes en bordure du desert telles que Awdaghost, Walata, Gao ou Kano ou les caravanes s1approvisionnaient

avant d!affronter la traversee du desert.

La zone forestiere s'organisa selon un systeme assez semblable. Notamment une serie de marches villageois a la lisiere de la savane servirent de points d'echange entre les produits locaux et les produits provenant du commerce

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a* longue distance. Mais ces villages, dans l'organisation economique de la zone forestiere, servirent uniquement de relais vers les grandes villes et ne prirent jamais une grande importance. Dans cette zone il s'etablit un second courant d'echange complementaire, a longue distance, pour pallier a la rarete de certains produits tels que le sel dont les sources de production en direction du nord se situaient a" trop grandes distances. Le sel produit sur la cote atlantique etait echange contre du fer ou de I1 or provenant des mines de l'interieur. Les produits en cuir des pasteurs du bord de la savane etaient transportes vers

le sud et echanges contre du coton et des cotonnades. Le commerce des esclaves d'abord tourne vers le nord, se de- veloppa ensuite vers la cote ouest-atlantique avec l'instal-

lation du commerce avec lfEurope.

Consequences du developpement des activites commerciales sur la vie socio-economique

Dans toute cette region, si la plus grande partie de la population s'occupait d'agriculture, le developpement du

commerce amena le developpement des centres ainsi que la formation au sein de la societe des clans et castes qui ont ete mentionnes plus haut. Ceux-ci s'associerent pour se livrer a des activites precises, extraction miniere, tis- sage, ferronnerie, la commercialisation au sein de ces clans et castes devenant une occupation plus specialement reservee aux femmes. Ces clans furent aussi un element im portant dans l'organisation de la vie urbaine. Dans la partie centrale et est de l'Afrique au sud du Sahara, une

forme d!organisation sociale basee sur une hierarchie

aristocratique, le "cheftainat" fut fonde dans de nom- breuses zones.

Les produits excedentaires etaient remis au chef, qui

les redistribuait. Cecia permis la constitution de stocks et le developpement a la fois, d'une grande activite com- merciale entre tribus et la creation d!un artisanat de- veloppe: vannerie, tissage, poterie, ouvrages en fer et

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bois3 et de ce fait un grand marche du travail a existe a l'interieur de cette zone. Cette forme d'organisation a permis I1exploitation miniere a une certaine echelle, par exemple dans le grand Zimbabwe, au Transvaal (Hopungubwe), un grand reseau de mines a ciel ouvert produisait l'or

echange dans les marches de la cote contre de la porcelaine de chine, des vetements d'Asie, des ornements d?lnde et d'Indonesie. Le royaume Karanga, etabli entre le grand Zimbabwe et les collines du Matape, commer$ait I1or, le

cuivre, le fer et l'ivoire. Tous ces produits parvenaient jusqu'aux comptoirs arabes de la cote est tels que Kilwa,

Sofala, Mombasa, Malindi, ou ils etaient echanges contre les produits du Moyen-Orient et d'Asie. II est a noter que la reputation du fer produit en Afrique de l'est s'est re- pandue au 12eme siecle jusqu'en Inde, selon les temoignages de voyageurs et marins dont Al-Indrisi, auteur et voyageur arabe de cette epoque.

En conclusion en savane sahelienne 1'extension du commerce a conduit a un developpement de 1'agriculture et a une plus grande specialisation dans l'economie. Les

echanges ont incite a une diversification de la production locale, en vue de satisfaire la demande. Avec les villes d'lle-Ife, Ileshe, Ekiti, qui etaient deja etablies avant le developpement des echanges vers le nord d'abord puis vers la cote ensuite, le commerce dans les premiers temps a renforce l'economie et 1'organisation politico-sociale.

II en fut de meme pour toute la zone de I'Afrique centrale

et de l'est.

Quelques descriptions de villes La savane soudanienne

La prosperity creee dans ces regions par le developpement du commerce avec le nord a ete sans doute une des princi- pales motivations pour la creation des empires et royaumes de la savane. Cette prosperity s'est concentree dans les

lieux d'echange. Alors que les organes de decision poli- tique et du pouvoir se sont installes, parfois dans les

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agglomerations de moindre importance et meme dans des gros

bourgs situes, il est vrai, souvent a courte distance de la

ville de commerce au point de quelquefois ne former avec elle qu'une seule unite spatiale, par contre les centres d'echange ont tres rapidement enferme dans leurs murs une population urbaine dense et active.

Un des plus celebres parmi ces centres fut Tombouctou

fonde aux environs du 12eme siecle, au nord de la boucle principale du fleuve Niger. II semble qu'il aurait ete edifie par les Touaregs en tant que point de communication avec l'interieur de la savane a la sortie du desert. Tom bouctou s'est developpe avec la prosperity de 1!empire du Mali et a survecu aux attaques de 1'"edificateur" de l'em- pire Songhai, Sunni-Ali. En 1^70, le marchand florentin Benedetto Dei en decrivit les rues pleines de marchandises,

les maisons sans fenetres des pauvres contrastant avec

celles des riches percees de multiples ouvertures, ainsi que les mosquees orneess etc. Tombouctou, en tant que capi-

tale du royaume du Ghana etait selon le voyageur arabe Al- Bakri, une ville composee de deux cites. L'une etait habi- tee par les marchands musulmans et l'autre par le roi et sa

cour. La ville musulmane comprenait 12 mosquees. Les rues

etaient pleines dTune foule d'artisans, d'ecoliers et etu- diants, d'esclaves, de commer5ants. La ville du roi, a en

viron 10 kms de la, comprenait le palais et de nombreuses

habitations voutees, le tout entoure de murailles. II y

avait de nombreux puits et des ecluses utilisaient les eaux

du fleuve pour assurer 1'irrigation des terres de culture

environnantes.

Tombouctou devint un important centre de commerce et universitaire vers le l6eme siecle et recut a cette epoque

la visite du celebre voyageur ecrivain arabe Hussan Ibn Muhammed appele Leo Africanus (Leo l'Africain) qui donna

une description enthousiaste de son apparence, du mode de

vie de ces habitants du temps du regne d'Askia Muhammed

Toure. II decrivit aussi ses nombreuses mosquees et ecoles

coraniques, la splendeur et 1*organisation de la cour

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royale, les nombreuses boutiques et offices de marchands et d'artisans travaillant le cuivre, l'or, l'ivoire, les plumes d'autruche, etc. La population depassait vraisemblablement

le chiffre de 25.000. Leo l'Africain fut impressionne par les activites intellectuelles qui se deroulaient dans la ville, son influence universitaire, les nombreuses et grandes librairies, et par le fait que le commerce des

livres etait l'une des activites les plus florissantes.

En 1519 Mahmud al Kati, autre voyageur arabe, parla de la splendeur de la ville et de la munificence royale.

Tombouctou fleurit aussi longtemps que la civilisation qu'elle representait lui assura paix et prosperity. Mais en 1828 Raymond Cartier ne trouvera plus qu'une ville totale- ment ruinee, sorte de gros bourg envahi par les sables, et

compose d'une masse de maisons de pauvre apparence.

La ville de Djenne (ou Jenne) fut decrite par Leo l'Africain lors de ce meme periple. II parla notamment de son influence universitaire.

Au milieu du 15eme siecle Ibn Battuta parla de Gao, sous 1'empire Songhai en tant qu'une grande et belle metropole. Koumbi, ville principale de commerce sous le royaume de Ghana, etait aussi le centre symbole de la

civilisation Somimke. Ce centre resta une ville importante

meme apres son pillage par les troupes Almoravides en 1076.

Ce n'est que vers le 13eme siecle qu'elle connut le deca dence et fut remplacee par la ville de Walata comme centre principal. Koumbi etait situe a 350 kms au nord de Bamako, capitale actuelle du Mali. Selon les fouilles effectuees a Koumbi - Saleh, localite actuelle situee a 1'emplacement de

l'ancienne ville, les ruines montrent que la capitale etait

vaste et pouvait compter environ 30.000 habitants au 12eme siecle. A une extremite se trouvait la residence royale et a l'autre, distante d'une dizaine de kilometres, le quartier des commerc.ants musulmans venus s'etablir dans la capitale pour leur negoce. Selon certaines estimations: "La ville elle meme est entierement construite en pierre, un

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schiste gris trouve sur place qui se debite parfaitement en plaques et qui a ete le materiau employe partout, tant pour les murs que pour les dallages, les decorations, les steles des cimetieres, etc. Les maisons etaient a etages et c'est

l'ecroulement de ces derniers qui a comble les rez-de- chaussee, qui sont ainsi magnifiquement preserves sous

quatre metres de deblai en moyenne. Le centre de la ville est articule autour d'une grande place d'ou partent plusi- eurs rues (...)• Dallages sur le sol, plaques epigraphiees peintes d1inscriptions coraniques sur les murs, belles niches evidees dans les murs et les piliers, escaliers de pierre, sans compter un abondant materiel de choix (outils et armes de fer, poteries, perles, meules de pierre et de rarissimes demeraux ou poids de verre a peser l'or) nous permettent de nous faire une bonne idee de ce que fut la civilisation qui fleurit en ces lieux."—1/ Une autre ville, Awdaghost a deux jours de marche au sud de Koumbi etait une ville prospere renommee pour les arts. Elle regnait sur une region riche en troupeaux et en production agricole.

En conclusion, ces villes en bordure du Niger etaient implantees dans la zone d'habitat disperse de la boucle du fleuve. Le commerce transaharien, la prosperity creee par les echanges stimulerent I1apparition des Etats soudaniens, et joue un grand role dans la succession des grands empires qui ont lutte pour asseoir leur suprematie dans cette re gion: Empire du Ghana de 700 a 1200 environ, empire du Mali

d'environ 1200 a 1500, empire Songhai d'environ 1350 a 1600.

Si le principe de parente., base de 1' organisation sociale des groupes installes dans ces regions,peut difficilement etre le fondement d'une organisation etatique centralisee, le desir de proteger et de controler le commerce a suscite la constitution de forces conquerantes qui successivement ont impose leur autorite sur la region. Le pouvoir des Etats repose sur les echanges qui sont a la base du developpement

1/ Jacques J. Macquet, "Afrique: Les civilisations noires"

coll. Horizons de France.

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de la region. L'accroissement du commerce provoque une plus grande exploitation des ressources naturelles, done la

constitution d'une richesse basee sur l'echange. Les commer- cants musulmans ayant introduit l'echange monetaire et le credit, cette richesse monetaire a permis aux gouvernants de s1assurer de plus grandes possibilites: ils pouvaient faire venir des specialistes etrangers, lettres ou arti sans j ils pouvaient aussi faire construire d'importants edifices publics. Enfin la theologie et la culture isla- miques etendirent leur influence sur cette region au niveau des detenteurs du pouvoir mais pas au-dela des limites des populations des villes d'echanges. Les grands royaumes du Mali, Songhai et Kanon furent le resultat de la fusion de

la culture africaine et de la culture islamique. La synthese donna naissance a ce qui fut appele culture negro-islamique.

Les caracteristiques des societes soudaniennes rendent

compte de cette dualite: Elles sont, a l'epoque des empires, constitutes de deux couches dont les orientations sont di- vergentes. A un premier niveau, des paysans vivant d1agri

culture et d'elevage dans un circuit economique tres limite et dans les organisations politiques villageoises. Ils ne sont guere islamises et leur horizon social se borne a un groupe culturellement et linguistiquement homogene. A un second niveau, les cites-Etats orientees vers l'exterieur constituent les points d'arret et les carrefours dfun re- seau de communications qui les unit entre elles et au Maghreb Chacun de ces niveaux est dans une mesure plus ou moins

grande, selon les cas, economiquement independant de l'autre.

Cependant, dans les regions proches des cites, des fleuves et des pistes, les activites paysannes et citadines sont davantage soumises a 1!influence preponderante de la ville.

Les villes aussi traduisaient cette sorte d'heteroge- neite culturelle existante. En general elles se composaient de deux cites. L'une administrative rassemblait les nom- breuses personnes associees au pouvoir. Quant a tous ceux qui participaient aux activites commerciales, ils se con-

centraient la ou les marchandises etaient entreposees3

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transformees, achetees et vendues. C'etait la cite commer- ciale. Mais comme l'autorite controlait et taxait les

transactions, les deux cites etaient tres proches ou n'en formaient qu!une. De plus l'organisation urbaine intra-muros se caracterisait par une projection spatiale de l'organisa tion sociale et religieuse. II a ete note auparavant qu'a l'organisation par classes dfage s'est constitue parallele- ment les clans ou castes pour repondre au developpement des activites.

Dans les villes, les quartiers refletent ces organisa tions de types claniques: quartiers des artisans, des com- mercants, des etrangers avec leurs esclaves et serviteurs, subdivises, sans doute, en quartiers des musulmans groupes autour de la ou des mosquees, quartiers des animistes.

Quant aux habitations, elles semblaient en general, surtout dans les quartiers pauvres, assez proches des types d'habitation paysanne avec des murs en terre et des toits de chaume ou en terrasse faite de terre. Cependant que, dans les quartiers etrangers groupes autour de la mosquee, les maisons etaient dans 1'ensemble rectangulaires, organi- sees autour de cours interieures, les murs exterieurs en terre et decores mais sans fenetre et ouverture sauf l'en- tree.

Dans ces centres une culture bourgeoise s'est creee par le contact entre les differents elements et groupes humains composant la population cosmopolite citadine et par rapport aux societes paysannes alentour qui apportaient a dos d'ane leur production au marche de la ville. Ces societes ur- baines ont su tres longtemps maintenir leur statut a tra- vers les differents empires qui se sont succedes comme maitres des lieux.

Les villes Haoussa

Independamment des empires ouest-soudaniens et dans la zone centre-sud de cette region, le royaume de Kanem, puis de Kanem-Bornu a vu le jour vers l'an 800 et sTest maintenu

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jusqu'en 1800 environ. Les villes principales a la periode d'apogee de ce royaume furent Kano, Katsina, Zaria. Ces villes, implantees dans des regions de forets et de pro duction agricole, etaient de petite importance. Elles etaient le siege du pouvoir politique et avaient un dyna- misme commercial base sur des activites industrieuses arti-

sanales.

Autour de leurs cites, les populations Haoussa pra- tiquaient 1*agriculture et dans leurs villes fortifiees, l'artisanat avait un role economique important. II y etait travaille le fer, le cuivre, la laine. Les procedes de

tissage et de teinture utilises permettaient la fabrication de tissus tres recherches alentour. Ces produits etaient exportes dans les autres cites soudaniennes et au Maghreb.

Kano est une des sept villes Haoussa situees entre le fleuve Niger et le lac Tchad. L'histoire connue de cette ville remonte au lleme siecle. Son importance commen^a a1 decliner vers le 15eme siecle. Cependant elle re$ut a cette meme epoque la visite de voyageurs musulmans qui decrivirent son vaste marche, ses mosquees, les maisons en brique de terre sechee au soleil, les grandes murailles entourant la ville. Lorsque Heinrich Barth la visita au milieu du 19eme siecle, il evalua a trois cent charges de chameau la quanti- te de tissus teints expediee annuellement rien que vers

Tombouctou et il estima que le produit total de l'exporta- tion de tissus suffisait a lfentretien de cinq a" six mille families.

Les villes-cites Yorouba

Au sud-ouest de la zone soudano-sahelienne, s!etend de la Senegambie au Cameroun actuel la zone ouest-africaine

forestiere. Cette foret dense cesse vers la zone du Ghana, Togo, Dahomey, Nigeria formant une sorte de grande clairi- ere. Cette zone contient un important reseau fluvial en grande partie navigable au-dela de la zone cotiere. Ce reseau est utilise par les autochtones comme moyens de communication. La cote est inhospitaliere avec ses lagons

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et marecages. Seules quelques rivieres telles que l'Ogun et la Volta permettent un acces vers l'interieur a partir de la mer. Au sud dans la region du delta du Niger la ou les pluies sont abondantes, la vegetation importante, d'autres societes se sont developpees presentant une structure sem- blable aux societes soudaniennes; elles sont urbaines, com- merciales, artisanales , orientees vers l'exterieur. Cepen- dant les differences sont importantes; l'islam n'est pas la religion des gouvernants des cites-Etats; les relations se font d'abord vers les routes intercontinentales mais en- suite tres rapidement par la mer avec les pays d'Europe oc- cidentale. L'environnement naturel est la savane a" densite vegetale variable mais nettement plus elevee qu'au nord.

La culture qui s'est developpee dans cette zone est connue pour les oeuvres d'art qui furent trouvees dans les villes. De telles oeuvres necessitaient l?existence d'acti- vites urbaines. II fallait un artisanat tres specialise pour maitriser la technique de la cire perdue, pour fac.on- ner de delicats bijoux d'or, pour travailler l!ivoire.

Cette culture etait celle existante dans les villes de Gao, Ife, Benin, Abomey, Kumasi, et.

Benin, la ville aux sept portess dominait plusieurs centaines de villages Bini et des 1^85, a lfarrivee des

Portugais, etait un royaume fort. De meme les Yorouba d'Oyo, les Ashanti, le Dahomey etaient des organisations stables, formees en Etats, centralisees et a culture elaboree.

Ces villes n'ont vraiment ete connues qu!£t lfinstau- ration du commerce transatlantique euro-ouest africain. Les premiers navigateurs hollandais et portugais furent etonnes de trouver au-deld de la cote inhospitaliere, une ville telle que Benin. Ils furent frappes par sa taille, son or ganisation et son ordonnancement. Selon les recits de ces navigateurs, cette ville avait au l6eme siecle une circon- ference de 25 miles—1/ protegee par un systeme de murs et de

1/ 1 mile: 1609, 31m.

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defenses naturelles. Elle comprenait un vaste palais royal et des quartiers d'habitation organises et nettement des- sines, divises par de larges avenues et des rues plus etroites. Les maisons avaient des verandas et des balus trades. II est a" noter que les narrateurs ont ete fortement surpris par la non existence de valeurs dans la ville. En effet, le roi pourvoyait a la subsistance des necessiteux.

Selon les premiers navigateurs hollandais, la ville avait des rues aussi larges que celles d'Amsterdam et le palais royal occupait un espace egal a la ville de Haarlem. Au debut du 17eme siecle un navigateur hollandais, sans doute Dieriek Ruyter-1/ decrivit la ville de Be*nin: "La ville, ecrivit-il, est tres grande. Vous y entrez par une grande, large rue, non pavee qui semble etre 7 a 8 fois plus large que la rue Warmees a Amsterdam. Elle penetre en ligne

droite et n'a pas de courbe. Elle s'etend au moins pendant un quart d'heure de marche apres la porte de la ville, et encore on ne peut pas en voir la fin. De plus, beaucoup d!autres grandes rues s'ouvrent sur cette rue principale et sont elles aussi, aussi grandes. Vous ne pouvez pas voir la fin de ces rues a cause de leur grande longueur. Les maisons le long de ces rues sont dispensees en ordre, les unes a cote des autres, comme en Hollande." "Ces maisons appar- tenaient a des notables et avaient deux ou trois niveaux.

Au devant d'elles etaient des sortes de galeries (verandas) ou vous pouviez vous asseoir a I1ombre. Le roi vivait dans

un ensemble de plusieurs habitations qui etaient les plus grandes de toutes. Le palais royal etait tres grand et etait compose de plusieurs grandes cours carries."—

Soixante ans apres, un autre Hollandais Olfert Dapper, ecrivant sur l'Afrique d'apres les rapports d!un certain Samuel Blomert, confirma ces observations et apporta des precisions sur le palais royal qui, ecrivit-il "occupait un

1/ Great Ages of Man - African Kingdoms, by Basil Davidson and the editors of Time-Life books.

2/ Shelter in Africa, p. 10.

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espace aussi grand que la ville de Haarlem et est entoure de murs...". Au 17eme d'autres marchands hollandais don- nerent une description similaire a celle d!01fert Dapper:

"La ville a trente rues principales, tres droites et cha- cune large d1environ 36 metres, avec beaucoup de larges, bien que plus etroites, rues transversales qui les tra- versent...". Ces marchands ajoutaient: "Ces peuples ne sont en aucune fagon inferieurs aux Hollandais du point de vue de la proprete.".

La base economique de la societe Yorouba etait re- marquablement solide parce que diversifiee. La production rurale comprenait la culture de l'igname, de la cola, de la banane, de la noix de palme, du manioc et des arachides, ainsi que l'elevage du betail. La chasse et la peche four- nissaient un appoint. De plus il etait procede a l'exporta- tion du minerai de fer et il etait forge des houes, haches et herminettes. L'or etait aussi travaille ainsi que -I1ar gent, le bronze et laiton. A cela s'ajoutait la production de tissus tarit, la sculpture sur bois, la poterie. Le com merce se faisait d'une ville a l'autre. Non seulement les marchandises precieuses mais aussi les objets artisanaux ordinaires et meme des produits agricoles etaient echanges entre les villes et de plus les villes des royaumes Yorouba etendaient leur controle sur les routes d'echange intracon- tinentales.

Ces villes etaient planifiees et leur composition etait centree autour du palais des chefs et de la place du marche qui toutes deux dominaient la zone centrale urbaine (villes de Ile-Ife, Ilesha, Ekiti). Dans les vieux quartiers, les maisons des guildes, des commer^ants et importantes families etaient construites entre les routes principales se diri- geant vers les villes voisins. Les lots familiaux etaient grands et de forme carree, quelques-uns ayant jusqu'a 112 acres de superficie (environ 2600 m ). Les maisons etaient en general rectangulaires, en brique de terre sechee au soleil. Le toit etait en raffia de palme ou d'herbe. Une veranda interieure entourait une cour. Les groupes de

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quartiers etaient administres par les anciens qui formaient la base du conseil municipal responsable devant l'autorite

royale.

Le declin de ces villes commenc.a avec la periode du commerce des esclaves et s'accentua pendant les guerres de conquete coloniale.

Conclusion

Ces quelques exemples ne peuvent pretendre donner meme un aperc.u de l'histoire urbaine de cette partie du Continent.

Cependant ils montrent toute la richesse de l'apport pour les techniciens africains de 1'amenagement du territoire, de lfurbanisme et de 1*architecture d'une meilleure con- naissance de cette histoire pour ne parler que des domaines qui nous interessent ici.

En effet ces villes refletaient une parfaite continu- ite culturelle. Elles etaient le produit d'une civilisation et s'integraient au contexte environnemental ou elles etaient localisees: contexte geo-physique, economique, humain,

social3 politique. Ce furent des expressions urbaines pro- venant de I1adaptation d'Etats politiquement affermis, a economie developpee avec augmentation continue de produc tion de marchandises pour le commerce. Des sociologues tels que E. Franklin Frazier et Gideon Sjeberg les ont classees comme "des villes pre-industrielles". - "A la difference des arrieres zones rurales ou les hommes luttaient avec la na ture pour sauvegarder leur terre, les villes pre-industri elles furent les theatres de competitions pour I'acquisition des symboles du pouvoir et du bien-etre. Elles avaient un grand eventail de travailleurs non agricoles, specialement des artisans et commergants et un embryon de structures de classes sociales, des nobles aux gens du commun et aux gens non-libres. La parente fournissait une base solide a l'or- ganisation et a la cohesion sociale et liait les souverains a leurs gouvernes en une trame inextricable d1experiences significatives."—

1/ Shelter in Africa.

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La nouvelle problematique

Des nombreuses questions assaillent les techniciens de 1'or ganisation urbaine. Elle traduisent la nouvelle realite qui prevaut sur le continent. Apres cette periode d'autonomie de developpement, la vie economique et les villes qui en sont parties, furent extraverties par leur dependance a des puissances economiques exterieures. Ce fut le declin ou la fin des villes traditionnelles, l'apparition des nouvelles villes, portuaires principalen.ent. Heretieres de cette pe riode, les villes actuelles et la vie economique dans la- quelle elles s'inserent sont a la fois element de cette nouvelle realite et moyen de sa maitrise. Dans ce contexte de quels types de techniciens urbains ont besoin les villes africaines? Quelle formation doit etre mise en place pour repondre par exemple, a une question telle que la suivante parmi tant dTautres: Peut-on organiser une ville, du moins en se referant a la notion de villes telles que reconnue dans les societes industrialists, lorsque la majorite des urbains sont des chomeurs reels ou deguises et lorsque cette ville elle-meme est inseree dans une economie faible en

voie d'esperance?

Les reponses a cette question parmi tant d!autres com- mandent aussi le type de techniciens des questions urbaines dont il est besoin. Elles introduisent les reels problemes d'urbanisme et leur hierarchie. La reponse attendue au ni- veau de 1'urbanisme est liee a la reponse de la ville a la situation economique et sociale regionale et nationale qui constitue son environnement economique et social.

Les techniques municipales telles que conques et en- seignees sont incompletes dans un tel contexte. La reponse fondamentale et vitale ne se trouve certainement pas au bout du trace d'un plan directeur de ville (si toutefois ce

trace peut avoir un sens definitif dans ce contexte econo mique temporaire, du moins nous l'esperons), ni dans le

trace des voiries urbaines, de la reglementation de l'occu- pation du sol urbanise. Sans en rejeter 1*importance, il

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faut reconnaitre qu'elle se trouve partiellement aussi dans les systemes de financement pouvant fonctionner dans une structure financiere generale pauvre. Elle se trouve pa- reillement dans une analyse correcte permanente des moyens et des possibilites d'utilisation de ces moyens. En effet quelles solutions techniques peuvent satisfaire les besoins pour une vie correcte en milieu urbain, dans le contexte economique et son aspect financier actuel. Par exemple quels sont les solutions et systemes techniques pour as surer la salubrite et l'hygiene dans les villes. Dans cet ordre d'idee quels types et systemes de reseaux d'evacu ation des eaux de pluies, des eaux usees, des eaux vannes, et quel systeme pour leur traitement ou du moins pour les rendre non vecteurs de pollution tant pour l'homme que pour

I1environnement. La reponse commence sans doute dans le choix du site et/ou son utilisation raisonnee. La reponse traditionnelle reposait en partie sur la dimension des lots, qui permettait dans les limites de la propriete individuelle lfinstallation du puits et, a distance raisonnable, de la fosse. Quelle que fut la solution, ces villes n'ont jamais ete remarquees du temps de leur apoge par les premiers explo- rateurs ou visiteurs, par leur insalubrite mais par la

proprete qui y regnait.

Comment retrouver ces qualites ou un equilibre satis- faisant meme si momentane? La formation de techniciens africains doit aider a repondre a ces questions. Si 1'aug mentation de leur nombre laisse esperer une sensibilisation certaine aux particularites regionales, la formation elle- meme qui doit donner tout en s'appuyant sur les methodes et

techniques modernes, doit ouvrir les esprits et 1'imagina tion, seuls moyens reels pour trouver les solutions qui s'imposent en fonction des possibilites.

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Bibliographie

The Horizon History of Africa, published by American Heritage Publishing Co. Inc., New York.

Africa - History of A Continent, by Basil Davidson, The MacMillan Company, New York.

The Travellers' Africa, by Philip M. Allen, Aaren Hopkinson and Blake Publishers, New York.

Population, Migration and Urbanization in Africa, by William A. Hanco.

Shelter in Africa, edited by Paul Oliver, Praeger Publishers, New York/Washington.

Architecture in Northern Ghana - A Study of Forms and Func tions, by Labelle Prussin.

The History of Africa in Maps, by Harry A. Garley, Jr., Denoyer-Geppert.

Références

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