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Retour sur « Comment décrire les objets techniques ? »

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Techniques & Culture

Revue semestrielle d’anthropologie des techniques

 

54-55 | 2010

Cultures matérielles

Retour sur « Comment décrire les objets techniques ? »

Madeleine Akrich

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/tc/5136 DOI : 10.4000/tc.5136

ISSN : 1952-420X Éditeur

Éditions de l’EHESS Édition imprimée

Date de publication : 30 juin 2010 Pagination : 202-204

ISSN : 0248-6016 Référence électronique

Madeleine Akrich, « Retour sur « Comment décrire les objets techniques ? » », Techniques & Culture [En ligne], 54-55 | 2010, mis en ligne le 30 juin 2013, consulté le 15 septembre 2020. URL : http://

journals.openedition.org/tc/5136

Tous droits réservés

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© M. Akrich

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Techniques & Culture54-55, 2010 : 202-204

Cultures matérielles 1 - III

Ce qui me frappe avant tout à la relecture de ce texte, c’est un mélange étonnant de légèreté et de densité. Pas de longue introduction présentant les principales façons dont la littérature a abordé la question posée, une conclusion de quelques lignes qui ouvre essentiellement sur l’avenir et ne s’embarrasse pas de récapituler l’ensemble des déve- loppements, des transitions qui glissent d’une partie à l’autre sans marquer nettement le point où l’on en est arrivé ni la nécessité de poursuivre dans la direction choisie, une bibliographie des plus sommaires, sans parler de l’évocation forcément anecdotique d’une pluralité de terrains d’enquête. Je vois mal comment aujourd’hui un tel texte serait accepté par une revue qu’elle soit de rang A, B ou C ! Les temps ont certes changé ; il fallait sans doute l’inconscience de la débutante que j’étais pour oser présenter un texte de ce type, et l’ouverture intellectuelle de Techniques & Culture pour accepter de le publier. Cela me donne rétrospectivement l’impression d’une grande liberté dont je ne peux que remercier chaleureusement la revue. Puisque ce texte a trouvé un public, dans sa version originale comme dans sa version anglaise, je suppose que cette liberté avait quelques vertus.

En même temps, je suis effarée par la quantité de points que le texte aborde : ce n’est pas un article, c’est plutôt un chantier ! Je comprends a posteriori pourquoi ce texte m’a donné autant de fils à retordre : faisant un premier bilan de différents travaux que j’avais menés dans différentes contrées, je voulais y faire entrer ce que j’y avais découvert en échappant à tout déterminisme univoque, ce qui en 40 000 signes tenait de la gageure.

Texte-chantier car, en définitive, il me semble que cet article aborde cinq aspects prin- cipaux qui ont, pour une part d’entre eux, fait l’objet de développements ultérieurs.

Un point de méthode tout d’abord qui insiste sur la nécessité de trouver des terrains capables de défaire l’évidence du quotidien ; il ne s’agissait ici que d’une extension, à

Retour sur

« Comment décrire les objets techniques ? »

Madeleine Akrich

École des Mines, CNRS (UMR7185)

madeleine.akrich@mines-paristech.fr

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Madeleine Akrich

l’analyse micro-sociologique des techniques, de principes et d’arguments déjà largement discutés en sociologie des sciences et dans l’analyse des grands projets technologiques.

Le second point sur lequel, avec d’autres collègues, j’ai investi ensuite une certaine énergie concerne l’analyse du travail d’innovation en tant qu’élaboration d’un scénario : si l’on prenait au sérieux cette idée, de quels outils les innovateurs étaient-ils suscep- tibles alors de nourrir cette élaboration ? Comment décrire les compétences autres que techniques qu’ils mettaient en œuvre ? Quelles épreuves se donnaient-ils pour tester leur vision du monde et notamment leur représentation des utilisateurs de leurs innovations ? Les travaux qui se sont développés par la suite sur ces questions ont permis de donner une véritable épaisseur à cette élaboration qui s’avère dans un certain nombre de cas complexe, foisonnante et difficile à faire converger.

La troisième idée qui me paraît centrale concerne l’extension du processus d’inno- vation : tout en marquant l’importance des choix techniques dans la détermination des possibles usages des dispositifs, j’insistais dans l’article sur le rôle créatif de toute la chaîne des acteurs qui sont amenés à se saisir des dispositifs techniques et notamment sur le rôle des utilisateurs. Je ne prétends pas du tout avoir initié le mouvement, mais il est clair, au-delà des travaux que j’ai pu personnellement mener, que cette dimension a fait l’objet de nombre de développements à partir de la deuxième moitié des années 90, développements qui se sont traduits par des concepts tels que user-driver innovation, aujourd’hui réappropriés par les acteurs de l’innovation.

J’esquissais dans l’article un quatrième point autour de l’articulation entre agencements technico-organisationnels et construction socio-politique : implicitement, se trouvait ainsi posée la possibilité d’une hybridation entre des ordres de réalité – le politique, le marchand, le technique etc. – souvent pensés de manière séparée. Cette question me semble plus brûlante que jamais dans un monde globalisé qui n’en finit pas de chercher les moyens de son autorégulation.

Enfin, l’article abordait la question du rôle en quelque sorte réflexif et performatif des technologies prises dans des réseaux hétérogènes : la généralisation des technologies de l’information et de la communication et leur couplage avec toutes sortes d’autres dispositifs techniques rend ce point encore plus pertinent aujourd’hui qu’il ne l’était il y a près de 25 ans. Les dispositifs techniques ne nous permettent pas seulement de démultiplier nos possibilités d’action et d’interaction, ils sont devenus aussi des moyens par lesquels nous accédons à des formes de connaissance sur nos propres actions et leurs conséquences, sur notre environnement, sur le monde que nous composons ensemble, techniques incluses.

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