Etude des contraintes de croissance
III - Eucalyptus delegatensis et Eucalyptus nitens :
Influence de la sylviculture et de la station
J.C. FERRAND le Recherches sur la Q
1.N.R.A Station de Recherches sur la
Qualité
des Bois, Centre de Recherchesforestières
de Nancy,Champeno ll
x, F 54280 Seichamp.s
Résumé
Environ 550 mesures de contraintes de croissance ont été réalisées sur
Eucalyptus
delegatensis et
Eucalyptua
nitens dans des essais d’espacements à laplantation
et d’éclaircie situés àproximité
de Melbourne (Victoria, Australie). Il en ressort que, au mêmeâge,
plusl’espacement
entre arbres est grand,plus
les contraintes sont faibles. Lasylviculture
estdonc un moyen très efficace pour diminuer les contraintes de croissance. Elles sont aussi plus faibles là où la hauteur dominante est plus grande.
Les résutats montrent
qu’il
estpossible
deprédire
quel niveau de contraintes de croissance résultera d’unesylviculture
donnée dans une station donnée.Mots-clés : Contraintes de croissance - Den.sité à l’hectnre - Hauteur dorninante Espèces : Eucalyptus delegatensis - Eucalyptus nitens
1. Introduction
Le
premier
article de cette série a montré l’intérêt d’une méthode de mesureindirecte des contraintes de croissance
qui
utilise des carottes desondage.
Le deuxième article a ensuite établi - entre autres - que chez lehêtre,
lasylviculture
est lasource
principale
de variation de contraintes entre lespeuplements : plus
lesarbres sont gros et
espacés
et moins ils ont de contraintes de croissance.L’objet
dece troisième article est de rendre
compte
des résultats obtenus à proposd’Eucalyptus delegatensis
etd’Eucalyptus
nitens lors d’une mission en Autralie dans l’aire naturelle de cesespèces.
Comme pour le
hêtre,
peu d’informations étaientdisponibles
à propos des contraintes chez leseucalyptus.
Sur leplan génétique,
enAustralie,
WAUGH(1977)
n’a trouvépratiquement
aucune différence entre 25 familles d’E. regnans récoltées à 5 altitudes sur un même versant. Enrevanche,
Mc KtmtM(communication
person-nelle, 1981)
a trouvé des différences entre provenances d’E. nitens(tous
deux utilisaient la méthode de mesureproposée
parN ICHOLSON , 1971).
EnNouvelle-Zélande,
B
ARR
(1981)
a observé lors dusciage
des différences de déformations dues à la relaxation des contraintes de croissance entre lotsd’E. saligna ;
il a mêmeengagé
une sélection récurrente à l’intérieur des meilleures
populations.
Sur le
plan sylvicole, pratiquement
aucune information n’étaitdisponible ;
de même pour l’influence de la station. C’est dans ces domaines que nous avons menénos
investigations.
2. Matériel et méthodes
Le matériel
expérimental
et les méthodes de mesure sontprésentés
dans untableau
(n° 1),
comme dans les articlesprécédents auxquels
onpeut
sereporter
pour ladescription
détaillée des méthodes de mesure.Il convient de discuter
cependant
la mesure des retraits et celle des hauteurs.En
effet,
leséchage
du bois d’E.delegatensis
et d’E. nitenss’accompagne
decollapse.
Celui-ci est variable selon les conditions du
séchage
et n’affecte pas l’aubier de la même manière que le coeur. Or notre zone de mesure des contraintes de croissance est engénéral
à cheval sur l’aubier et le bois de coeur pour cesespèces
à aubierpeu
épais.
Deplus,
les conditions deséchage qui
avaient été choisies(une
semaine à l’étuve à 60&dquo;C,
une semaine en chambre pour le conditionnement à 12 p. 100d’humidité)
n’ont pas pu êtrerespectées
à lalettre,
cequi risque
d’introduire unevariation indésirable des valeurs constatées de ce retrait avec
collapse. (Faute
detemps,
les carottes n’ont pu être reconditionnées etremesurées,
cequi
aurait amélioré laqualité
desrésultats).
Parconséquent
ces mesures,qui
n’étaient pasl’objectif prin- cipal
del’étude,
doivent être considéréesplus
comme une indication que comme un résultat définitif sur le retrait.D’autre part, contrairement à l’article
précédent,
la hauteur mesurée n’est pas celle dechaque arbre,
mais la hauteur moyenne dominante parplacette,
tellequ’elle
a été mesurée par la Forests Commission of Victoria : hauteur moyenne des 62
plus
gros arbres à l’hectare.
Lorsque
nousemploierons l’expression anglaise
« Site Index »(SI),
celle-cidésignera
la hauteur moyenne dominante à 20 ans, calculée commesuit :
un -
? cr (1_1 (B--0.015 ng,,B
Cette
équation
est cellequi permet
de suivre l’évolution en hauteur desespèces
tellesque E. regnans et E.
delegatensis.
Pour une même essence, la valeur du « Site Index » caractérise la fertilité de la station. Mais si l’onchange d’espèce,
la valeur du « Site Index» change également ;
ainsi E.nitens, plus vigoureux,
donne des S.I.plus
élevés.Comme dans les
expériences précédentes,
tous les arbres sondés étaient dominants.De
plus,
on atoujours
effectué lesprélèvements
en fonction de la direction de l’inclinaison des arbres etplus
de 90 p. 100 d’entre eux avaient une inclinaison décelable avec unsimple
fil àplomb.
Les
expériences
réalisées avaient pour but :- de confirmer la valeur de la méthode de mesure sur carottes de
sondage
dans le cas des
eucalyptus,
- d’étudier l’influence de
l’espacement
à laplantation,
- d’étudier l’influence de différents
régimes
d’éclaircie.Les résultats seront
présentés
dans ce même ordre. On utilisera lessymboles
habituels :
NS : non
significatif,
*
: significatif
aurisque
5 p.100,
**
:
significatif
aurisque
1 p.100,
&dquo;’&dquo;&dquo;&dquo;±
significatif
aurisque
1 p. 1 000.3. Résultats pour la méthode de mesure sur carottes de
sondage
Dans le
premier
article de cette série(F ERRAND ,
1982a)
on adéjà
mentionnébrièvement
l’expérience
n° 4. Elle a eu lieu àproximité
deMarysville (Victoria, Australie)
sur lespentes
du MontMargaret,
dans l’aire naturelled’Eucalyptus delega-
tensis. On a choisi des arbres dominants dans deux
parcelles contiguës d’âge
différent(environ
40 ans et 25ans)
et on a réalisé au même endroit une mesure de déformation et deprélèvement
d’une carotte. On a trouvé que le diamètretangentiel (TG)
descarottes était corrélé avec la déformation
longitudinale (ey)
due à la relaxation des contraintes de croissance(r = —0,759***,
29échantillons).
La
figure
1représente
cette liaison entre TG et EL.Cependant,
à la différence du hêtre et dupeuplier,
la corrélation entre le retraitlongitudinal (RL)
et si, est nonsignificative.
Nous avonsdéjà évoqué (F ERRAND ,
1982a)
la différence de structure
anatomique qui
existe entre leseucalyptus
et les deux autresespèces
enparticulier
pour le bois detension,
ce dernier étantresponsable
de lacorrélation entre RL et sL,
lorsqu’elle
existe. Mais une autrepossibilité
existe pourexpliquer
l’absence de corrélation rencontrée ici. C’est lecollapse.
Eneffet,
le retraitlongitudinal prend
des valeurs très faibles(quelques millièmes)
et toute interactionavec le
collapse,
soit par effetPoissoN,
soit par unchangement
de forme de l’échan-tillon
peut
masquer une éventuelle influence du bois de tension.Quoi qu’il
ensoit,
leprincipal
est de serappeler
que, contrairement aux deux articlesprécédents, lorsque
des valeurs de retraitlongitudinal
sontprésentées
dansles
résultats,
il ne faut pas les considérer comme indicatrices du niveau des contraintes de croissance. Seul le diamètretangentiel
des carottesjoue
ici ce rôle.Note : La tarière utilisée pour cette expérience a dû être réaffûtée avant la réalisation des
expériences suivantes à cause d’un léger défaut de fabrication. On n’a donc pas converti les valeurs de TG données dans les paragraphes suivants en valeur de F!;
4. Résultats de
l’expérience d’espacement
à laplantation
de Mont MacedonL’expérience
n° 7 est laplus importante
de cette étude. Elle a été réalisée dansun essai
d’espacement planté
en1963, qui comprend
3répétitions
de 6 espacements.Ceux-ci sont choisis de telle sorte que la surface
disponible
par arbre double àchaque
fois et vont de
1,22
m X1,22
m(4 pieds
X 4pieds)
à6,86
m X6,86
m(22,5 pieds
X
22,5 pieds).
Lesplacettes
sont carrées etregroupent
7 X 7 = 49 arbres. Il y a aumoins deux
rangées supplémentaires
au même espacement autour dechaque placette (plus
de deux pour les faiblesespacements).
Pour ne pasendommager
les arbres dupeuplement principal,
les carottes ont étéprélevées
dans lapremière
de cesrangées supplémentaires,
à raison de 10 arbres dominants parplacette
et deux carottes pararbre,
l’une du côtétendu,
l’autre du côtéopposé (cf.
tableau1).
Mont Macedon est une montagne
qui
s’élève de manièreabrupte
d’environ600 mètres au-dessus des
plateaux environnants,
à unecinquantaine
de kilomètresau Nord de Melbourne.
Les trois
répétitions
serépartissent
ainsi : deuxprès
du sommet de la montagne(environ
975 md’altitude)
et une moins de 100 m encontrebas,
en bas d’unepetite pente.
Les arbres de la troisièmerépétition
sontbeaucoup plus grands
que les autres ; comme une seule et même source degraines
a étéutilisée,
c’est donc que la « fertilité » de la station estplus
élevée. Cela est confirmé par lavigueur
trèssupérieure
dusous-étage. Signalons également
que lesplacettes d’Eucalyptus
regnan.s installées enguise
decomparaison
montrent une croissance médiocre et une mortalitéimportante,
cequi
montre que l’on se trouve bien àl’étage
d’E.delegateilsis
-appelé
ici «
alpine
ash » -qui
estjuste
au-dessus de celui d’E. regnnns - « mountain ash ».De
même,
laprésence
d’unpetit peuplement
d’E.pauciflora
- « snow gum » —tout au sommet de la montagne (un peu au-dessus de 1 000 m
d’altitude)
vientconfirmer le fait que la
plantation
d’E.delegatensis
est bien « en station ».4.1.
Influence
de laposition
autour de l’arbreLa
première préoccupation
a été de vérifier s’il existe bien une différence de contraintes de croissance entre côté tendu(noté 1 )
et côtéopposé (noté
5 comme dansl’article
précédent : F ERRAND , 1982 b).
Le tableau 2 montre que tel est bien le cas.Cependant,
la différence semblebeaucoup
moinsimportante
que dans le cas du hêtre. Deplus,
on ne constate aucune influence del’espacement
sur cettedifférence,
alorsqu’elle
varie énormément avec lasylviculture
chez le hêtre. Il y a donc là à la fois une similitude(la
différenceexiste)
et uneprofonde opposition
avec le hêtre(elle
nedépend
pas de lasylviculture).
En
revanche,
il est fortpossible
que cettedissymétrie
des contraintes de croissancedépende
de l’inclinaison des troncs.Malheureusement,
celle-ci n’a pas été mesuréeavec
précision,
faute de temps.4.2.
Analy.se
de la variance et corrélationsOn a ensuite réalisé
l’analyse
de la variance pour toutes les variables mesurées.Comme le montre le tableau
3,
on a testé les effetsrépétition,
espacement et inter- actionrépétition-espacement.
Le test F a été réalisé de deuxfaçons
différentes.Dans tous les cas on a considéré
l’espacement
comme un facteur à effets fixes. Maison peut considérer la
répétition,
c’est-à-dire la station :- soit comme un facteur à effets
fixes, auquel
cas les résultats observés .surle
facteur
espacement ne sont pasextrapolables
dans d’autres stations(modèle
à effetsfixes) ;
- soit comme un facteur
aléatoire, auquel
cas on peutextrapoler
les résultatsà d’autres stations dont les
répétitions
del’expérience
n&dquo; 7 constituent un échan- tillonreprésentatif (modèle
mixte :D AGNEUE , 1975).
Les résultats sont
portés
dans le tableau 4, pour les deux modèles du tableau 3.4.21. Contraintes de croissance
On voit que
l’espacement
a unegrande
influence sur les contraintes de crois-sance. Celles-ci diminuent fortement
lorsque l’espacement
augmente, dans chacune des deuxpositions
étudiées. Larépétition
aégalement
une influence trèssignificative.
Les contraintes sont
beaucoup plus
faibles dans larépétition
3 où le « Site Index »est
plus
élevé(27 mètres,
contre 21 mètres et20,5
mètres enrépétitions
2 et 1respectivement).
Lafigure
2 a illustre les variations du diamètretangentiel
pour la moyenne des deuxpositions
deprélèvement. (Se rappeler
que les contraintes diminuentlorsque
TGaugmente). Ainsi,
dans lespeuplements
où ils poussentplus
vite, soit àcause d’un espacement
supérieur,
soit à cause d’une meilleurefertilité,
les arbresdéveloppent
moins de contraintes de croissance. Ce résultat estanalogue
à celui obtenu pour le hêtre(F ERRAND , 1982 b),
en cequi
concerne l’effet del’espacement.
Mais pas pour la fertilitépuisqu’on
n’avait trouvé aucune influence du type de station.L’étude des corrélations se montre tout aussi intéressante. Le tableau 5 regroupe les coefficients de corrélation entre les variables
technologiques
et lescaractéristiques
du
peuplement.
Ces dernières n’ont engénéral
été mesuréesqu’au
niveau moyenne deplacette
et les corrélations ont donc dû être étudiées à ce niveau(17 degrés
deliberté).
Seul le diamètre a été mesuré pourchaque arbre,
cequi
apermis
de calculerles corrélations à deux niveaux
supplémentaires : espacement (5 degrés
deliberté)
etarbre dans
placette (c’est-à-dire
erreur, 162degrés
deliberté).
!!! - !!.- ..-- !-! .. !- . -- -. !- .
Légendes de la figure 2
Expérience n° 7 : Mnyennes des observations dans chaque placette : .’ Influence de la répétition et de l’espacement (ESPA) .sur : a) le cliamèire tankentiel de.s carotte.s TGM (moyenne des po-sitiorr.s 1 et 5) ; b ) /’/;!/fa!;!.s7fe lDM (moyenne des /w.s;!«t7.t 1 et 5) ;
c) le retrait tangentiel sans reconditionnement RTM (moyenne des po.sition.s 1 et 5) ; .-
cl) le retrait radial !an,v reconclitionnement RRM (nmyenne des positionB’ 1 et 5).
Experiment no. 7 : Plot iiiean level : Influence of replication and spacing (ESPA) on :
a) t(iii,4,ejitial t//an!f.t’r of the increment cores TGM (inean of upper aud opposite .>.ide) ; ,’
b) ba.sic density IDM (mean o/ upper ancl oppo.site side) ;
() h«)!f)!/a/
!/)f/!/:t!,?f
&!/o!!rfco’K/t!nM/ft!
!7’M ()Kfa! f)/ i</)/?!f <M</ r’p!fAs;! B;!f) ;c) fYtt7/a/ t7;r/!/;a! !c/f!c y!c!nt/t’!onn/n! R/!M (tn!af; o/ of ii pp er and oppo.site .side);
d) radial
. B hrinkage
before reconditionning RRM (mean of upper and opposite .B’ide).On constate à tous les niveaux une liaison très
significative
entre le diamètretangentiel
moyen(TGM)
et les variables de grosseur des arbres :diamètre,
rap-port D/HD,
espacement, surfacedisponible
par arbre(=
carré del’espacement).
Lesvaleurs de r sont très
élevées,
comme dans le cas du hêtre et confirment la liaison extrêmement étroitequi
adéjà
été mise en évidence pour cette dernièreespèce
entrel’intensité de la
compétition
et le niveau des contraintes de croissance W.En
revanche,
en corrélationsimple,
la liaison avec le « Site Index » est nonsignificative.
Mais uneanalyse
enrégression multiple permet
de faire intervenir de manièresignificative
le « Site Index» (voir
tableau6).
On arrive à des coefficients de corrélationmultiple compris
entre0,90
et0,94
selon laposition
autour du tronc,ce
qui
estexceptionnel
entre une variabletechnologique
et des facteurs « externes » : :les seules variables espacement
(élevé
aucarré)
et « Site Index » (hauteur dominante à 20ans) expliquent
81 à 88 p. 100 des variations de diamètretangentiel (estimateur
des contraintes de
croissance)
mesurées dans cetteexpérience
au niveau moyenne deplacette.
4.22.
Propriétés physiques
du boisLa
figure
2 et les tableaux 4 et 5 donnentégalement
les résultats pour lespropriétés physiques
du bois.Pour l’infradensité moyenne, ni
l’espacement
ni larépétition
n’ont d’effet notable(tableau 4). Cependant,
on note(tableau 5, figure
2b)
une certaine tendance à la (1) L’examen des deux dernières lignes du tableau 5 montre que l’on peut utiliser indiffé- remment l’espacement ou la surface disponible par arbre (égale au carré de l’espacement) pour ces calculs de régression linéaire.diminution
lorsque l’espacement
augmente. Cette diminution est faible et de peu deconséquence
sur laqualité
dubois ;
elle ne saura constituer un inconvénient si l’onadopte
leslarges espacements qui
semblent être nécessaires à l’amélioration duproblème
des contraintes de croissance.D’autre
part,
on observed’importantes
différencessignificatives
sur les retraits radial ettangentiel,
mais leurinterprétation
est rendue malaisée par laprésence
d’uneforte interaction
espacement-répétition.
L’examen des corrélations(tableau 5)
montreque ces deux retraits ont tendance à diminuer
lorsque l’espacement augmente.
Il faut pourtant remarquer que dans le modèlemixte, plus
aucun test F surl’espacement
neprend
de valeursignificative :
les différences de retrait liées àl’espacement qui
sont observées ici ne permettent donc pas de
prédire
des différences du même type dans d’autres stations.En
revanche,
l’effet de larépétition
montrequ’on peut
attendre engénéral
unediminution des retraits
tangentiel
et radial dans les stationsplus
fertiles(figures
2 cet 2
d).
Enfin,
le retraitlongitudinal (qui
estnégatif
et trèsfaible)
est minimum(en
valeur
absolue)
enrépétition 1 (la
moinsfertile)
mais minimum aussi pourl’espa-
cement le
plus grand.
Cecomportement
est difficile àexpliquer.
En
conclusion,
onpeut
retenir que :- -
l’analyse
de la variance ne permet deprévoir
aucun effet del’espacement
sur les
propriétés physiques,
même si l’étude des corrélations montre dans le casparticulier
del’expérience
n&dquo; 7 une diminution des valeurs de retrait et d’infra- densité auxgrands espacements ;
- les retraits
tangentiel
et radial sontplus
faibles dans les lieux lesplus
fertiles.
On peut
également
remarquer sur lafigure
2(b,
c,d)
que l’éventail des pro-priétés physiques
est trèslarge
àl’espacement 4,88
m X4,88
m pour devenir presque nul àl’espacement 6,86
m X6,86
m où les cimes des arbres ne sont pas encoreen contact.
5. Résultats des
expériences
d’éclairciesLa certitude de l’influence de l’écartement à la
plantation
sur les contraintes de croissance donne un moyentechnique
efficace pour diminuer le niveau descontraintes dans les futures
plantations. Cependant,
pour les forêts existantes et lesrégénérations
àvenir,
il estimportant
de savoir si uneaugmentation
del’espacement
causée par une éclairciepossède
la même efficacité. Là encore, nous avons pu travailler dans lesplacettes expérimentales
de la Forests Commission of Victoria situées àproximité
deMelbourne ;
elles sont décrites dans le tableau 1.5.1.
Expérience
11&dquo; 8L’expérience
n&dquo;8,
située à Clear Hillsprès
de Mansfield concerne un essaiassez ancien
(coupe
d’éclaircie en 1963-1964 àl’âge
de 6-7 ans), installé en altitudeen
pleine
aire naturelle d’E.delegatensis ;
les densités à l’hectare choisies étaientassez fortes
(témoin
nonéclairci,
1 236 et 618tiges/ha),
mais ont été un peu diminuées par la mortalité naturelle(en
1980 il restait en moyenne2 187,
877 et 568tiges/ha).
On a tout d’abord vérifié l’existence de la
dissymétrie
des contraintes de croissance entre le côté tendu et le côtéopposé.
Eneffet,
cepeuplement
est issude
régénération
par semis et non deplantation.
Les densités à l’hectare àl’origine
étaient donc
beaucoup plus
élevéesqu’à
Mont Macedon et onpouvait
penserqu’il
s’ensuivrait une amélioration de la rectitude et de larépartition
des contraintes de croissance autour du tronc. On a doncprélevé
des carottes enposition
1 et 5(côté
tendu et
opposé respectivement)
dans 30 arbres(10
par intensitéd’éclaircie)
de larépétition
1. La différence moyenne de diamètretangentiel
TG 5 - TG 1 s’établit à7,9
pm et le test des moyennesappariées (aléa
deGauss) prend
la valeur de3,02 significative
aurisque
1 p. 100. Parconséquent,
ladissymétrie
des contraintes existe dans cepeuplement
issu de semis tout comme dans laplantation
de Mont Macedon.On peut d’ailleurs
signaler
que tous les arbres sondés dans cetteexpérience
avaientune inclinaison décelable avec le fil à
plomb.
Ensuite,
on aprélevé
dans la deuxièmerépétition
30 autres carottes(10
parmodalité
d’éclaircie)
du côté tenduuniquement.
Le tableau 7 donne les résultatsdes mesures de diamètre
tangentiel,
et del’analyse
de la variance dans un modèleà effets fixes.
A ces densités
(qui
sont d’autantplus
élevées que lepeuplement
a 24ans),
les éclairciesdéjà
anciennesqui
ont étépratiquées
n’ont pas d’influence sur le diamètretangentiel
des carottes(le
résultat du test estégalement
nonsignificatif
dans unmodèle
mixte).
Iln’y
a donc pas lieu de penserqu’elles
ont diminuésignificativement
le niveau moyen des contraintes de croissance. Tout au
plus peut-on
noter que, pourchaque répétition,
la valeur maximale de TG se rencontre dans laplacette
laplus
éclaircie.En
revanche,
on constate une différence entre lesrépétitions qui
ne peut être attribuée à aucun des facteursqui
ont été mesurés. Eneffet,
les diamètres à1,30
met les hauteurs dominantes sont très voisins dans les deux
répétitions.
Seule unemortalité
légèrement plus
forte aporté
les densités à l’hectare à des valeursplus
faibles en
répétition
2 etpourrait
constituer un élémentd’explication.
5.2.
Expérience
n° 9L’expérience
n° 9(à Doweys Spur)
n’a été mesurée que faute d’un meilleur matériel. Eneffet, chaque
traitementn’y
estrépété qu’une fois,
cequi
est uninconvénient
majeur
pourl’analyse statistique. Cependant,
elle avait l’intérêt decorrespondre
à des éclairciesprécoces
et très intenses dans unpeuplement
issu derégénération
artificielle(par
semisaérien).
Dix arbres ont été sondés dans
chaque placette
du côté tendu. Les résultats sontprésentés
dans le tableau 8.Il y a un effet
significatif
du traitement sur TG 1. L’écart entre le témoin et l’éclaircie laplus
forte estimportant.
Les autresplacettes
se classent entre ces deuxextrêmes,
mais pas dans l’ordre où on les attendait. Il y a certainement unphénomène parasite
dans laplacette
à 370tiges/ga ;
TG 1 y estplus
faible que dans laplacette
à 618
tiges/ha,
mais surtout le diamètre D 130 y est lemême,
cequi
n’est pas normal du tout. Si l’on s’intéresse aux hauteurs desarbres,
ons’aperçoit
de même que la hauteur dominante était en 1979 de20,5
m dans laplacette
à 370tiges/ha,
contre21,8
m dans l’autreplacette.
En1981,
la même différence de1,3
m subsiste et estsignificative
aurisque
5 p. 100. Onpeut
donc soupçonner unehétérogénéité
dumilieu, qui s’accompagnerait
comme à Mont Macedon de contraintes de croissanceplus
fortes dans le site le moins fertile.
Cependant,
on nepeut
queregretter
l’absence derépétition qui empêche
uneanalyse plus approfondie.
D’autre
part,
comme à MontMacedon,
la corrélation entre TG 1 et D 130 estsignificative (r
=0,88 *
au niveauinter,
c’est-à-dire entre moyennes deplacettes ;
r =
0,39 *
au niveauintra,
36degrés
deliberté).
Il fautcependant
serappeler
quedans ces
peuplements équiennes
le diamètre à1,30
m est surtout un indicateur de vitesse de croissance(quelle
que soit sonorigine, génétique, sylvicole,
ou due aumilieu),
au contraire despeuplements
naturelsinéquiennes
où ilindique
aussil’âge.
Deplus,
au niveauinter,
le coefficient de corrélationpartielle
de TG 1 avecla hauteur dominante
(une
foisprise
encompte
la corrélationsimple
entre TG 1et D
130)
vaut0,997 * ,
cequi
est une autrefaçon d’exprimer
l’influence du milieu que l’on vient de discuter à propos de laplacette
à 618tiges/ha.
En
conclusion, malgré
lehandicap
du manque derépétitions,
ilapparaît
desrésultats très
analogues
à ceux de l’essaid’espacement :
les contraintes sontplus
faiblesaprès
les fortes éclaircies etplus
fortes dans un milieu moins « fertile ».5.3.
Expérience
n° 10 àBunyip
Rd5.31. Présentation
Au contraire des
expériences précédentes qui
concernaient toutesEucalyptacs delegatensis, l’expérience
n° 10 concerneEucalyptus
nitens.(Faute
de temps on n’a pu tester la corrélation entre TG et Ej sur cetteespèce.
Iln’y
acependant
pas deraison de penser
qu’elle puisse
donner lieu à desphénomènes
fondamentalement différents de ceuxqu’on
observe avec E.delegatensis,
le hêtre ou lepeuplier).
Cetteespèce possède
une extensiongéographique
très vaste mais ne forme que depetits peuplements
enclavés entre ceux d’E. regnans et E.delegatensis
c’est-à-dire à unealtitude assez
élevée,
où ils bénéficient d’une bonnepluviosité.
L’intérêtmajeur
d’E. nitens
(appelé « Shining
gum p dans leVictoria)
est savigueur.
Ils’adapte
trèsbien en reboisement à des altitudes très inférieures à celles de son aire
d’origine
etsemble être dans de nombreux pays
tempérés l’eucalyptus
leplus productif.
A titred’exemple,
citons la hauteur dominante à 12 ans dans lesplacettes
non éclaircies del’expérience
n°10, qui
estsupérieure
à 25 mètres. Son bois a été peu utiliséjusqu’à présent
en Australie. Il est trèsblanc,
sembleposséder
despropriétés papetières
intéressantes et
peut
être utilisé comme bois d’oeuvre.Cependant,
sa valeur n’est pas considérée commeégale
à celle du bois d’E.delegatensis qui
est un des bois d’oeuvre lesplus employés
du sud de l’Australie etqui
fournit même desplacages
tranchés très décoratifs(couleur
rosepâle) qui
sontparfois
ondés.L’expérience
n° 10 est installée(comme
la n°9)
sur les hauteursqui
dominentla vallée de la Yarra River à Powelltown
près
de Melbourne. Lepeuplement
a étérégénéré
par semis aérien d’unmélange
degraines
d’E. regnans, E.delegatensis
etE. nitens. Mais
aujourd’hui,
lamajorité
des arbres dominants est del’espèce
nitens.Une éclaircie intense a été
pratiquée
àl’âge
de 5 ans, avec deuxrépétitions
de3 modalités : témoin non
éclairci,
conservation de 370tiges/ha
et 123tiges/ha.
On a
prélevé
une carotte par arbre du côtétendu,
dans 10 arbres parparcelle unitaire,
soit 60 carottes.
5.32. Résultats
Le tableau 9 donne les résultats des mesures et ceux de
l’analyse
de la variance.(Cette
dernière n’a pas été réalisée sur les variables hauteur dominante etespacement
moyen
qui
ne sont connuesqu’au
niveau moyenne deplacette).
Deplus,
la valeurde
l’espacement
dans lesplacettes
témoin est une estimation et n’a pas faitl’objet
d’une mesure
précise,
de même que la hauteur dominante dans une de cesplacettes.
Comme pour
l’expérience
n°7,
les testsstatistiques
ont été réalisés de deuxfaçons
différentes selon que l’effet de la
répétition (donc
de lastation)
était considéré commefixe ou aléatoire.
On ne constate aucun effet de la
répétition
sur les variables mesurées. Enrevanche,
elles sont toutes influencées par l’éclaircie dans le cas del’hypothèse
d’effetsfixes du facteur
répétition.
Le diamètretangentiel
des carottes augmentebeaucoup (donc
les contraintesdiminuent) lorsque
la densité à l’hectare diminue. L’infra- densité augmente un peu, et le retraittangentiel
est minimum à 370tiges/ha.
Il ya une similitude
parfaite
avec l’essaid’espacement
d’E.delegatensis
pour les contraintes de croissance et une certaine ressemblance pour le retraittangentiel.
Enrevanche,
l’infradensité a uncomportement opposé.
Lorsqu’on
réalisel’analyse
selon un modèlemixte,
les résultats demeurent les mêmes pour le diamètre à1,30
m et les contraintes de croissance. Enrevanche,
iln’y
aplus
d’effet de l’éclaircie sur le retraittangentiel
ni l’infradensité. Celasignifie,
comme dans
l’expérience
n&dquo;7,
que pour ces variables les résultats nepermettent
pas degénéraliser
les différences observées à l’intérieur dudispositif
à d’autres stations du mêmetype.
On peut examiner encore les corrélations entre les variables au niveau moyenne de
placette (tableau 10).
La corrélation entre TG 1 etl’espacement (ESPA)
estsignificative
aurisque
1 p. 1 000(r
=0,988 *** )
etreprésentée
sur lafigure
3. Deplus,
la corrélationpartielle
avec la hauteur dominante(HD)
estsignificative
aurisque
5 p. 100(r
=0,950!’).
Pourl’explication
de TG 1 par ESPA etHD,
celaporte
le coefficient de corrélationmultiple
à R =0,9988 (test
attaché à cette valeur deR: F (2,3) = 651
***
);
bien que reposant sur un faible nombre dedonnées,
unetelle liaison entre une
caractéristique technologique
et des facteurs externes mérited’être
soulignée.
. 1 -rt-i I --11-
Comme dans les
expériences précédentes
on observe de fortes liaisons entre le diamètre D 130 et laqualité
dubois,
mais le diamètre des arbres ne doit être considéré que comme un résultat de lasylviculture.
Deplus,
la diminution de hauteur dominante associée aux fortes éclaircies dans lesplacettes
à 370 et 123tiges
à l’hectare est unrésultat peu attendu. Cette relation mériterait d’être étudiée
plus
à fond dans desdispositifs
où le milieu serait mieux connu.Enfin,
on relève au niveau « intra » deux corrélationssignificatives
aurisque 5 p.
100 entre le diamètretangentiel
des carottes(TG 1 )
etl’infradensité,
comme auniveau
inter,
et entre TG 1 et le retraittangentiel.
En
conclusion,
le niveau moyen des contraintes de croissance est dans cetteexpé-
rience sous la
dépendance
presquecomplète
de l’intensité de l’éclaircie et de la hauteur dominante.6. Discussion
A l’issue de ces
expériences,
il sedégage
deux conclusions très claires :- au même
âge, plus l’espacement
estgrand, plus
les contraintes sontfaibles ;
- une forte hauteur dominante
s’accompagne
de contrainteslégèrement plus
faibles.
On
peut
mêmedévelopper
une notion de seuild’espacement (ou
de densité àl’hectare) puisque
les éclaircies insuffisantes del’expérience
n&dquo; 8 ne se sont accompa-gnées
d’aucune diminution des contraintes. Deplus,
l’examen attentif de lafigure
2montre
qu’à
Mont Macedon les troisespacements
lesplus
faiblesprésentent
desniveaux de contraintes uniformément élevés dans chacune des trois
répétitions.
Lavaleur de ’TGM
augmente
ensuitegraduellement jusqu’aux espacements
lesplus grands.
On constate même quechaque placette
à2,44
m X2,44
m donne unevaleur de TGM
plus
faible(donc
contraintesplus fortes)
que celle àl’espacement 1,71
m X1,71
m dans la mêmerépétition.
Cela s’inscritparfaitement
dans le cadre del’hypothèse
que nous avonsdéjà
formulée à propos du hêtre : le niveau moyen des contraintes dans uneplacette
augmente fortement avec lacompétition
entre lesarbres. En
effet,
leseucalyptus supportent
mal lacompétition
et lespeuplements
sont le lieu d’une mortalité très
importante
en l’absence d’interventionsylvicole :
onse retrouve
rapidement
enprésence
d’unpeuplement beaucoup
moins dense oùquelques
gros arbres ont éliminé leurs voisins. On
peut
penserd’après l’aspect
desplacettes
que celles à
1,22
m X1,22
m et1,71
mX 1,71
m ontdéjà dépassé
cestade,
tandisque la
compétition
est encore une lutte « à mort » dans lesplacettes
à2,44
m X2,44
m.On constate de même dans
l’expérience
n° 8(bien
que les différences soient nonsignificatives),
que les valeurs de contraintes lesplus
élevées se rencontrent non pas dans lesplacettes
nonéclaircies,
mais dans celles ayant subi l’éclaircie laplus
faible.
Ces résultats
soulignent
donc la nécessité de trèsgrands espacements
afin d’as-surer une croissance très
rapide qui s’accompagne
de faibles contraintes de croissance.L’évidence
expérimentale
va ainsi contre une idée trèsrépandue
selonlaquelle
chezles
eucalyptus,
la croissancerapide
est synonyme de fortes contraintes. Cetteopinion
est fondée
principalement
sur l’observation depeuplements
artificiels(reboisements,
«
regrowth
forest »,etc.)
et assezjeunes,
que l’on compare éventuellement aux vieillesparcelles
de la forêt naturelled’eucalyptus.
Cesjeunes peuplements
sont le lieu d’unecompétition intense ;
c’est cela - et non leur croissancerapide
-qui
est àl’origine
des contraintes élevées
qu’on
y constate.D’ailleurs,
les chercheurs néo-zélandais(R
EVELL
,
communicationpersonnelle)
ont bien constaté en observant lesciage
desgrumes
d’eucalyptus
que :a)
au mêmeâge
lesplus
gros arbres sontplus
faciles àscier ; b)
lesplus
difficiles viennent desparcelles
nonéclaircies ;
c)
lesplus
faciles sont les arbres isolés(bords
de route,prairie, etc.) ;
d)
même les gros arbres dominants desparcelles
à fortes contraintes sont diffi- ciles à scier.Toutes ces
impressions
sont confirmées en détail par nos mesures, ycompris
l’assertion d
(rappelons
que nous n’avons sondé que des arbresdominants,
danstoutes les
expériences).
Cependant,
s’il est clair que l’accélération de croissanced’origine
externe(sylvi-
culture ou
station) s’accompagne
de contraintesplus faibles,
on ne sait presque rien de l’influence des causes internes(génétiques)
sur les contraintes de croissance et cepoint
doit encore être étudié.Il faut remarquer