SUR QUELQUES COMPOSÉS DE LA GELÉE ROYALE
ET DES LARVES DE REINES D’ABEILLES
Daria BOGDANOVSKY
Institut de Chimie des Substances natuyelles,
Service du
P / . 9/6’M?’ <) ’
E. LEDERER,Gif-sttr-Yv!lle (Seirze-et-Oise)
SOMMAIRE
Dans le présent travail, nous décrivons la fraction
lipidique
des larves de reines d’abeilles, etcomparons la
composition
de cette fraction avec celle deslipides
de lagelée royale.
Dans une
première partie,
nous avons recherche, d’une part l’acidehydroxy-io
décène-2 tyans oïque, acide présent dans lagelée
royale et doué depropriétés biologiques importantes,
et d’autrepart les
produits
du métabolisme de cet acide.Dans une seconde
partie
nous avons examiné les autres acides, enparticulier
les acides dicar-boxyliques.
Enfin nous avons étudié le
problème
de la nutrition en stérols des larves de reines.INTRODUCTION
La
gelée royale
a faitl’objet,
au cours des dernièresannées,
de nombreuses étudeschimiques
etbiologiques.
Labibliographie
concernant cette substance est relativementabondante,
par contre labibliographie
sur les larves de reines d’abeilles est inexistante.I. -
GELÉE
ROYAI,ELa
gelée royale
est une sécrétion desglandes hypopharyngiennes
des abeillesouvrières. Cette sécrétion se
distingue
des sécrétionshypopharyngiennes
des reinesd’abeilles,
à la fois par sacomposition
et par sespropriétés biologiques.
Elle estfournie aux
jeunes
larves durant lespremiers jours
de leur vie. Elle constitue la nourritureunique
des larves de reines. Les larves d’ouvrièresreçoivent
enplus
dupollen,
dès le troisièmejour
de leur vie.Chaque
celluleroyale peut
contenir de200 à 300 mg de
gelée royale.
La
gelée royale
seprésente
sous forme d’un lait blancvisqueux.
Ellecontient,
d’après
BUTENANDT( 1959 ),
60p. 100d’eau,
30 p. 100d’hydrosoluble
dont 15p. 100 de sucreinverti,
et enfin 10 p. 100 d’éthérosoluble.A) Propriétés biologiques
De nombreux travaux ont été effectués sur les
propriétés biologiques
de lagelée royale.
CHAUVIN(ig5g)
a résumé sespropriétés thérapeutiques
et sonemploi
dans les convalescences. La
gelée royale
estparticulièrement
riche en vitamines.Les travaux de
1 ’OWN sEND,
MORGAN et HAZr,kTT(ig5g) ( 19 6 0 )
ont montréque la
gelée royale
inhibe ledéveloppement
de la leucémie et de certaines variétés de tumeurs chez la Souris. Cette activité est due enpartie
à l’acidehydroxy-Io
décène-2 trans
oïque,
isolé par TowNS!;VD et Lucas( 1940 )
et identifié par BUTE-NANDT et REMBOLD
( 1957 ).
A cette
action,
doits’ajouter
celle des acidesdicarboxyhques,
dont l’activitéantileucémique
aégalement
été étudiée par MORGAN, TOLNAI et TOWNSEND( I g6o).
La
gelée royale possède,
invitro,
une activitéantibiotique, qui
seraitégalement
due à l’acide
hydroxy-io
décène-2 transoïque.
Cette activité a été étudiée par BI,UlB1, NOVAK et ’l’ABER
(1959).
B)
Aeides de lagelée royale a)
Acidehydroxy-Io
décène-2 transoïque.
TowNS!ND et LucAS
( 1940 )
ont isolé de lagelée royale,
par extraction à l’étherun acide
C Io H I8 0 3 .
La structure de cet acide a été déterminée par BuTENANDT et REMB OE D
(1957).
La réduction de l’acide
hydroxy-io
décène-2 transoïque
parl’hydrure
doublede lithium et
d’aluminium,
conduit au décane-diol 1,10. La réduction parl’hydrogène
en
présence
deplatine,
donne l’acidehydroxy-io décanoïque. L’oxydation
de cesdeux alcools conduit à l’acide
sébacique.
L’acidesébacique
lui-mêmepeut
êtreobtenu, après oxydation ménagée
en acide décène-2dioïque,
suivied’hydrogénation
de cet acide.
Ainsi que nous l’avons vu, les
propriétés biologiques
de cet acide sont respon-sables,
enpartie,
de celles de lagelée royale.
L’activité
antitumorale étudiée par TowNSEND et al.( 1959 ) ( 19 6 0 )
a été denouveau étudiée par ROBINSON
(ig6o).
Selon cet auteur, il y aurait formation d’unpoly-ester.
Ces grosses
molécules,
ainsi forméespouvant
adhérer à la surface descellules,
celles-ci sont entourées et freinées dans leur
multiplication.
La
synthèse
de cet acide ainsi que celle de son isomèrecis,
ont été réalisées par ROBINSON et al.(ig6o,
a,b).
Lessynthèses
de l’acidehydroxy-io
décène-2- transoïque passent
par l’intermédiaire de l’acétated’hydroxy-8 octanal,
dont l’obtention par 3 voies différentes est décrite. Cecomposé
est ensuite condensé sur l’acide malo-nique
dans lapyridine,
pour conduire à l’acideacétoxy-io
décène-2 transoïque.
Une autre voie de
synthèse,
àpartir
de l’acideundécylènique,
estproposée
par ces mêmes auteurs.Enfin une modification de la
première
méthode a étéproposée
par RAPHAEL(cité
parR OBINSON ) ( 10 6 0 ).
L’acide
hydroxy-io
décène-2 tvansoïque,
est uneproduction spécifique
desglandes
mandibulaires des abeilles ouvrières. Les reines d’abeillesproduisent
unesécrétion très différente. L’acide
céto-g
décène-2 transoïque (Substance royale)
apu être isolé et identifié par CALIOW et
J OHNSTON (ig6o)
et par BARBIER et al.(ig6o,
a, c,d).
-- -. -. - ..-- . -. - .-.- - - -On sait que les sécrétions mandibulaires des reines d’abeilles
jouent
un rôletrès
important ;
elles sont attractives vis-à-vis des abeilles ouvrières et celles-ci venant lécher leur reineingèrent
ces sécrétions mandibulaires. Il s’ensuit :- d’une
part,
ainsi que l’ont montré BUTLER( 1957 )
et PAIN( 1957 )
une inhi-tion de leurs
ovaires ;
- d’autre
part,
une inhibition de la construction des cellulesroyales.
Cephéno-
mène a été étudié par BUTLER
(1957 ) (r g 59).
b)
Autres acides de lagelée royale.
La
présence
de l’acidehydroxy-io
décène-2 transoïque
dans lagelée royale permettait
deprévoir
celle d’une série d’acidespouvant
en dériver.L’acide sébacique, signalé
par BROwv et FREURE(zg5 9 ),
semble avoir été lepremier
acidedicarboxy- lique
mis en évidence dans lagelée royale.
La
présence
d’acidesdicarboxyliques
dans la nature est assez rare.B R O
WN et FREURE
( 1959 ) signalent également
laprésence
dans lagelée royale,
de l’acide décène-2 trans
dioïque.
Lasynthèse
de cethomologue
de l’acide trauma-tique
a été décrite par ENGLISH(1941).
B ROWN
, FELAUER et FREURE
( 19 6 1 ),
ont isolé l’acidehydroxy-io décanoïque,
dont la
synthèse
àpartir
de l’acideundécylénique
étaitdéjà
connued’après
lestravaux de BENTON et KWSS
(1960).
Dans le même
travail,
les auteurssignalent
laprésence
de l’acidep-hydroxy
benzoïque.
--- -- !__nSelon les recherches récentes de BxowV et FELAUER
( 19 6 1 )
l’acidehydroxy- 9
décène-2 trans
oïque
seraitégalement présent
dans lagelée royale. Cependant
sonisolement n’a pas été décrit. Si cette
présence
était confirmée il seraitpossible
del’envisager
commeprécurseur
de la substanceroyale.
C)
VitaminesLes différences
morphologiques provoquées
chez les larvesd’abeilles,
par laprésence
dequantités importantes (cas
desreines)
ou limitées(cas
desouvrières)
de
gelée royale,
ont fait penser à BUTENANDT(ig 5 g)
que la teneur en vitaminespouvait
avoir un rôleparticulier.
Nous
reportons
dans le tableau 3 lespourcentages
desvitamines,
déterminés dans lagelée royale
par BUTENANDT et ses collaborateurs.La teneur en acide
pantothénique
estélevée,
et PEARSON et BuxGrn-(1 941 )
ont montré
qu’elle
estplus
élevée dans lagelée royale qui
est distribuée aux larves dereines,
que dans celle distribuée aux larves d’ouvrières. Ce fait avait d’abord laissé penser que lesquantités
d’acidepantothénique
étaient déterminantes pour l’inductionmorphologique.
G ARDN E
R
(igq.8)
ayant étudié l’action de l’acidepantothénique
sur les droso-philes
a trouvéqu’il augmentait
considérablement la durée de leur vie. Une actionsemblable sur les reines est
possible ;
elles vivent en effetplusieurs années,
alorsque la durée de vie d’une ouvrière
dépasse
rarement un mois.Le fait que l’activité de la
gelée royale
sur lamorphologie
des larves soit dueau contenu
vitaminique
n’est pas encore démontré.D) Biofitériiie
BUTE N A N
I)T et REMBOLD
( 195 8)
ont, parchromatographie
surpapier,
mis enévidence dans la
gelée royale,
l’amino-2h y drox Y - 4 (dihydrox Y -I,z propyl)-G ptéri-
dine ou
bioptérine.
Cette substance
présente
une tache bleue en U. V. et ces auteurs ont réussi àen isoler 4,7 mg à
partir
de 50o g degelée rovale.
La
bioptérine
avait étéprécédemment
isolée de l’urine humaine par PATTERSON( 1955
),
desdrosophiles
par FORR!s1 et ÙIITCiiEI,1,( 1955 )
et par ViscO-&dquo;-TI.-ÇI(I955).
Elle serait
également présente d’après
B’ISC()l’BTINI( 1955 b) ( 195 6)
dans les miteset dans les écrevisses.
La
synthèse
de labioptérine
a été décrite par PATTERSOX( 195 6).
Ce
composé joue
certainement un rôlebiologique important
car, ainsi que l’a montré BuT!N!NDT(ig 5 g),
s’il estpossible
de le mettre en évidence dans les larvesde
reines,
il estimpossible
de le détecter dans les larves d’ouvrières.II. - UTII,ISATIOB DES STÉROLS PAR LES INSECTES
Les travaux de Ct.ARK et BLOCH
( 1959
a,b, c,)
ont montré que les insectes nepeuvent
vivre en absence de stérols. Selon LIPKE et FRAENKEL( 195 6),
cephéno-
mène ne connaît pas
d’exception.
D’autrepart,
il sembled’après
les travaux de CLARKet BI,ocH
( 1959 , a)
que les insectes soientincapables
d’effectuer labiosynthèse
desstérols. De très
petites quantités
de stérols suffisent à leursurvie ;
ce besoinpossède apparemment
un caractèreanalogue
aux besoins en vitamines des animauxsupé-
rieurs. Les insectes doivent donc absolument trouver dans leur nourriture les stérols nécessaires à leur
développement.
Tous les stérols nepeuvent remplir
ce rôle pourun insecte donné. Les insectes carnivores sont
incapables
de vivre avec des stérolsvégétaux (sitostérol, stigmastérol...)
commeunique
source de stérols.Le rôle
biologique précis
des stérols chez l’insecte estjusqu’à présent
inconnu.Des travaux récents de KoncEK et LEV1NSON
( 19 6 0 )
montrent que lesphytostérols
sont
dégradés
paroxydation
de la ramification enC 24 .
Des recherches effectuées par aloxRoE
( 19 6 0 )
avec la mouchedomestique, indiquent
que le cholestéroljoue
un rôle dans lareproduction.
La survie des adultes et même laponte,
ne sont pas affectés par une diminution de laquantité
de stérolsdans un
régime
alimentairesynthétique.
Mais l’éclosion des oeufspeut
se trouver réduite de 80 p. 100 dans certains cas. Si cerégime
déficient est fourni auxlarves,
seulement 25 p. 100 arrivent à semétamorphoser.
Il est par ailleurs intéressant de constater, avec les travaux de CLARKet Br,ocx
( 1959
, a),
que les stérolsindispensables
nepeuvent
êtreremplacés
ni par l’acidemévalonique,
ou lesqualène,
ni par le lanostérol ou lediméthyl-q.,q.’ cholestérol ;
ce
qui indique
que la voie debiosynthèse
des stérols estbloquée
demultiples façons.
(Ces
résultats concernant lecoléoptère
Dermestesvulpinus
devront être étendus à d’autresespèces,
afin de rendre cette constatationplus générale.)
Du
point
de vuechimique
et dupoint
de vuebiologique
les besoins et l’utili- sation des stérols par lesinsectes,
sont encore desproblèmes
nonrésolus,
et dont l’intérêt pour lacompréhension
de labiologie générale
de cesanimaux,
est vraisem-blablement
capital.
BARBIER et SCHINDLER
(ig5g)
ont isolé des abeilles leméthylène-2 4 cholestérol,
stérolprincipal
dupollen ;
il estremarquable
que cecomposé
n’ait étéjusqu’alors
isolé que des
mollusques
par IDLER et FAGERi<UND( 1955 ).
Selon CI,ARK et BLOCH(
1959
, c)
leméthylène-2 4
cholestérol est directement utilisable par les insectesphyto- phages
au même titre que le sitostérol.ÉTUDE
SUR LES LARVES DE REINES ET LAGELÉE
ROYALENous avons eu à notre
disposition
degrandes quantités
de larves de reines(de
l’ordre dukg)
cequi représente
entre dix et trente millelarves ;
nous avonspensé qu’il pouvait
être intéressant d’effectuer des recherches sur ce matériel. Ces larvespossédant
un intestinimperforé, représentent
de véritables « sacs àgelée royale
».Nous avons donc
entrepris
l’étude deslipides
de larves dereines,
dans les buts sui- vants : rechercher les constituants de lagelée royale,
déterminer lesproduits
deleur
métabolisme,
et enfin essayer de découvrir de nouvelles substances.I. PI,ABT GÉNÉRAI, DE FRACTIONNEMENT DES 1,ARVES DE REINES
i
kg
de larves de reines d’abeilles a étébroyé,
ensuspension
dansl’éthanol,
et la bouillie ainsi obtenue a été séchée sur
plaques d’aluminium,
en étuve à90 °, jusqu’à
dessiccationcomplète.
A)
Extvactioupar
l’étherUne extraction de la
poudre
résiduelle par l’éther a conduit à 110g degraisses.
B)
Extractionpar
l’acétozzeLes 110 g de
graisses
ont été dissous dans environ 500 ml d’acétone. Afroid,
on obtient un résidu peu
important. Après
ébullition à refluxpendant
15 mn, l’inso- lubledisparaît.
Il n’est donc paspossible
d’isoler de ceslipides
une fraction dephos- phatides.
C) SéParation Par le
carbonate de sodiumAprès évaporation
del’acétone,
les 110 g degraisses
ont étéséparés
enparties
neutres et acides. Pour cela ces 110g de
graisses
ont été dissous dans 200mld’éther,
et
agités
enprésence
de 200 ml de carbonate de sodium 2N. Onsépare
les couches éthérées des couches aqueuses. On effectue trois extractions de cettemanière,
eton obtient :
a)
les extraits aqueux,qui, après
acidification par HCI5 N,
et extraction à l’éther(l’éther
étant lavé 3 fois à l’eau et séché sur sulfate desoude),
fournissent2
8,8
g d’acides libres.les
extraits éthérésqui, après lavage
à l’eau etséchage,
fournissent7 8,8
gd’une fraction contenant les neutres et les acides liés.
Saponification
de cettef y action.
Ces
7 8,8
g ont été dissous dans 200 ml debenzène,
et additionnés de 250 ml depotasse méthanolique 4 N,
et l’ensemble a été chauffé à ébullitionpendant
5 heures.Après
refroidissement et additiond’eau,
on extrait à l’éther. On obtient ainsi :- 7,5 g
d’insaponifiable
dans les couches éthérées.- 60 g d’acides de
saponification
dans les couches aqueuses(après
acidifi-cation par HCI
5 N
et extraction àl’éther).
II. ISOLEMENT DES ESTERS DE L’ACIDE HYDROXY-IO DÉCÈNE-2 TRANS
OÏQUE
A PARTIR DES LARVES ROYALES
L’acide hydroxy-io
décène-2 transoïque
a été isolé de lagelée royale
par Towrr-SE N
D et I,uCAS
(1940)
et identifié par BUTENANDT et REMBOLD(Ig57).
Saprésence
dans les
glandes
mandibulaires des abeilles ouvrières a été démontrée par SIMPSON( 19 6 0
)
et par BARBIER et PAIN( 19 6 0 , d).
Il était intéressant de rechercher cet acide dans les
lipides
de larves de reines.On sait en effet que ces
larves,
dont l’intestin n’est pas ouvert surl’extérieur,
enfont une
grande
consommation. Nous avons ainsi constaté que l’acidehydroxy-io
décène-2 trans
oïque
étaitprésent,
mais en faiblesquantités,
à l’état libre. Ce faitnous
paraît intéressant,
et constitue un élément nouveau pour l’étude du métabo- lisme de cet acide.Les acides
libres,
extraits de leur solution éthérée par le carbonate de sodium 2N
(voir plan général
de fractionnement des larves dereines)
ont étéchromatogra- phiés
sur colonne d’acidesilicique
Mallinckrodt. Les éluats obtenuspeuvent
être classés en trois fractionsprincipales, correspondant
aux acidespalmitique et stéarique,
aux esters de l’acide
hydroxy-iodé C ène-2
transoïque,
et enfin aux acides dicar-boxyliques.
A)
Isolement des acidespalmitique
etstéarique
I,a
première
fraction est éluée par le benzène et par lemélange
benzène-éther g5,5. Lespectre
IR de cette fraction montre laprésence :
- d’un groupe
carboxylique (bandes
à 3,7,5,8
et10 ,6 !t),
- d’un groupe ester
(faibles
bandes à 5,7 et8,6 !.).
Le
point
de fusion de cette fraction est de45 - 4 8 0 .
La
chromatographie
enphase
gazeuse à 225°, des estersméthyliques préparés
par action d’une solution éthérée de
diazométhane,
fournit 2pics
dont les volumesde rétention coïncident avec ceux des
palmitate
et stéavate deméthyle authentiques (fig
. 1 ) (1 ) -
On
peut
conclure que cette fraction est essentiellement constituée d’acides gras,en
mélange
avec depetites quantités
d’esters(voir
cequi suit).
L’examen des
spectres infrarouges
et lachromatographie
enphase
gazeuse des acides obtenusaprès saponification
de cemélange
montrent l’absence de l’acidehydroxy-io
décène-z transoïque.
( 1
) Toutes les mesures de chromatographie en phase gazeuse, ont été effectuées sur un chromatographe
PYE
, avec comme phase stationnaire l’huile de silicone Dow Cornin; 5 p. ioo, fixé sur un chromosorb P.
B)
Isolement des esters de l’acidehydroxy-io
décèue-2 transoïque
Une seconde fraction est éluée par le
mélange
benzène-éther g : 1. Nous avons pu montrer que cette fraction était constituée d’esters de l’acidehydvoxy-io
décèvee-2trans
oïque
avec les acidesmyristique, palmitique, stéarique
etsébacique ;
l’acidepalmitique
étant leprincipal
acide estérifiant l’acidehydroxylé
et l’acidemyristique
n’étant
présent qu’en
faiblesquantités.
Après
cristallisation de cette fraction dans leméthanol,
nous avons obtenu unproduit
dont lepoint
de fusion est de4 8-5 3 °.
Son
équivalent
moléculaire déterminé partitrage
est de5 6 0 (calculé
par un stéarate d’acidehydroxy-io
décène-2 transoïque : 452 ).
Cette valeur est calculée parrapport
à l’acidestéarique authentique pris
comme référence.Le
spectre infrarouge (fig. 2 ) indique qu’il s’agit
d’un acidealiphatique ce insaturé, possédant également
une fonction ester(bandes
à 3,7-5,7 et5 ,8-6, 0 6-8,6
etio,6 !,).
L’analyse
élémentaire est en accord avec la formule bruteC 26 H 48 0 4
corres-pondant
à unpalmitate
d’acidehydroxy-io
décène-2 transoïque.
Le
spectre
ultraviolet(fig. 3 ),
mesuré dansl’éther,
montre un maximum à 212mu(c
= 4900 ) caractéristique
d’un acidex insaturé.
Les esters
méthyliques, préparés
par action d’une solution ethérée de diazo-méthane,
ont étéchromatographiés
enphase
gazeuse. A 200° aucunpic
n’est obser- vable dans les conditions convenant à l’étude des esters d’acides gras deC 14
àC 22
(fig. 4 ).
On constate donc ainsi que le
titrage acidimétrique
l’avaitsuggéré,
que la subs- tance étudiéepossède
unéquivalent
moléculaire assez élevé.Saponification.
Nous avons
poursuivi
l’examen de cette fractionaprès saponification
par lapotasse éthanolique
à 2,5 p. 100. Aucuninsaponifiable
n’est obtenu.La
chromatographie
enphase
gazeuse de l’esterméthylique
de la fractionbrute obtenue
après saponification,
montrequ’il s’agit
d’unmélange
d’acides grassaturés, C 14 C I6’ C I8’
d’acidesébacique,
avec de l’acidehydroxy-io
décène-2 transoïque (fig. 4).
Les acides obtenus
après saponification
ont été de nouveauchromatographiés
sur colonne d’acide
silicique,
et deux fractionsprincipales
ont étéobtenues,
l’une éluée par lemélange
benzène-éther 95 : 5, l’autre par lemélange
éther-méthanol 97: 3.
a)
Lapremière
fraction est constituée d’unmélange
d’acidesmyristique, pal- mitique
etstéarique.
Nous avons déterminé lacomposition
de cette fraction parl’analyse
enchromatographie
enphase
gazeuse.b)
Les éluats obtenus par lemélange
éther-méthanol 97 : 3 sont constitués d’acidehydroxy-io
décène-2 transoïque,
contenant une faiblequantité
d’acidesébacique.
Lepoint
de fusion obtenu est de6z-66°,
lepoint
de fusion de l’acidehydro-
xy-io décène-2 trans
oïque authentique
étant de 66°.Le
spectre infrarouge (fig. 5 )
de l’acide que nous avonsisolé, possède
les bandescaractéristiques
de l’acidehydroxy-io
décène-2 tvansoïque (B UT r&dquo;.NA.NDT
et REM-BOI ,
D
( 1957 )
et BARKER, FoSTER et I,nMB(1959)).
L’équivalent moléculaire,
déterminé partitrage
est de19 6 (calculé
parrapport
à l’acide
palmitique authentique pris
comme référence-calculé pourC 1o H 18 0 3
=1 86).
L’analyse
élémentaire est en accord avec une tellecomposition.
Le
spectre
UV dans l’éther montre un maximum à 213 rnu(e
= 9 ooo pour M = 186 et e = ro 40o pour M =1 9 6).
Nous avons
complété
ces résultats parl’analyse chromatographique
enphase
gazeuse de cette fraction
(fig. 6).
Cette fraction
contient,
comme letémoin,
de l’acidehydroxy-io
décène-z transoïque
et de l’acidesébacique.
Etant donné le faible
pic
observable enchromatographie
gazliquide,
pour lemyristate
deméthyle,
il faut considérer que la fraction étudiée estprincipalement
C)
ConclusionsL’acide hydroxy-io
décène-2 transoïque
de lagelée royale
se retrouve dans leslarves de
reines,
mais sous forme estérifiée.Le rôle
biologique
de ces esters, pasplus
d’ailleurs que celui de l’acidehydroxy-io
décène-2 trans
oïque,
n’est connu.La valeur élevée de
l’équivalent moléculaire,
déterminé partitrage,
laissepenser que des esters de
poids
moléculairesplus
élevés que lespalmitate
ou stéa-rate sont
présents
dans cette fraction.D’autre
part,
l’existence depolyesters
de l’acidehydroxy-io
décène-2 transoïque (estolides)
n’est pasimpossible.
La formation de telspolyesters
a étésupposée
par RoBrrrsoN
( 19 6 0 ),
elleexpliquerait,
selon cet auteur, l’activitéantileucémique
de l’acide
hydroxy-io
décène-2 trartsoïque.
L’s obtenu pour cette fraction( 4 900 )
est en faveur de cette
hypothèse.
D)
Partieexj!érnmerztale
io g de la fraction « acides libres
(ch l pitrc
i) ont étéchroiii
sur colonne de 35o g d’acidesilicique
Mallinskrodt. Les élutions ont été effectuées par fractions de 200ml.Pour les examens en
phase
gazeuse, i mg de substance a étérepris
par unepetite quantité
(environ 0,5 ml) d’une solution éthérée de diazométhane. Après un contact dequelques
minutes, leproduit
est amené à sec.a) Étude des
fractio l ls
i à ioLes spectres IR de ces fractions, mesurés dans le Nujol,
indiquent qu’il
s’agit d’acides alipha-tiques,
contenant une faibleproportion
d’esters. Par cristallisation dans le méthanol, on obtientdes cristaux : F = 45-48°.
La
chromatographie
enphase
gazeuse des esters de ces fractions montre la présence des esterspalmiticlue
etstéarique (fig.
i).Saponificatio l l.
La
saponification
de 3 g de cette fraction a été réalisée. On dissout leproduit
dans 20ml d’éthanol à chaud.Après
addition de 30 ml de potasseéthanolique
à 5p. ioo, la solution a été portée 2 heuresau reflux.
Après
refroidissement, on extrait à l’éther et on acidifie ensuite la couche aqueuse parune solution d’acide
chlorhydrique
2N. On ajoute 5o ml d’eau, et on extrait 3fois par 40 ml d’éther.Ces derniers extraits éthérés sont
laves fois
par 20 ml d’eau, séchés sur sulfate de soude et amenés à sec. On obtient ainsi 2,9 g d’acidesCes 2,9 g d’acides ont été
chromatographiés
sur roo g d’acidesilicique.
Les élutions ont été réa-lisées par fractions de 5o ml.
L’examen par
chromatographie
en phase gazeuse des estersméthyliques
de ces fractions, nemontre pas la présence de
nouveaux
acides et enparticulier d’hvdroxy-acides.
b) Étude des fractions i5 à I8
Nous avons cristallisé 2fois cette fraction, la
première
fois dans le méthanol, la seconde fois dans lemélange éther-pentane.
Leproduit
fond à 48-S3&dquo;.Le spectre IR
(fig.
2), mesuré dans leNujol, indique
la présence des bandescaractéristiques
des fonctions acide et ester
aliphatiques.
Nous avons effectué sir ce composé un titrage d’acidité qui a donné les résultats suivants :
i mg de ce composé consomme 96 mm’ de potasse
éthanolique
N/go ;2 , 3
mg de ce composé consomment 22Smm3 de potasse
éthanolique
:&dquo;J/so;2 , 3
mg d’acide
stéarique
témoin consomment 445nun3de potasseéthanolique
N/So P 31 = 284. Nous obtenons la valeur de 56o.L’injeetion
des estersméthyliques
dans lechromatographe
gazliquide
ne fournit aucunpic
jusqu’à
laposition correspondant
à l’ester C22(fig.
4).L’analyse
élémentaire est en accord avec la formule brute :C 2 .H. 8 0..
trouvé C% 73,20 H% m,Iz
calculé 73,53 I T,_19
Le spectre U V mesuré dans l’éther (i mg dans 60m]
d’éther) possède
un maximum à 212 mp(fi g . 3).
Quelques
tests ont été faits sur ceproduit.
Le test àl’hypoiodite
de sodium et l’essai depréci- pitation
d’unez- 4 -dinitrophénylhydrazone
ont été tous deuxnégatifs.
Saponification.
8 0
6 mg de cette fraction, dissous dans 20inl d’éthanol, ont été
saponifiés
parchauffage
au refluxpendant
i heure, en présence de KOH à 5 p. ioo ; après extraction par l’éther, la fraction aqueuse est acidifiée par HCI 2N. On l’extrait ensuite 2fois ii l’éther et on obtient 737 mg d’extrait.Nous avons
chromatographié
ces acides sur 5o g d’acidesilicique,
en éluant par fractions de 30ml.! 1,! . ---
. A hr>n’76nr...-...,!
Le passage des esters
méthyliques
de la fraction xx à I4, éluée par le mélange benzène-éther 95 ! 5, dans lachromatographe gaz-liquide,
permet d’identifier un mélange d’esters d’acides Cn,C,
61
C,, etsébacique,
danslequel
l’ester palmitique est leprincipal
composé. Le spectre IR des fractions de 27à 29éluées par lemélange
éther-méthanol g7 :3 (après
cristallisation de ces fractions dans lemélange éther-pentane)
est convenable pour la structure de l’acidehydroxy-io
décène-2trans oïque
(fig.
5).Nous avons mesuré le spectre UV (1,8 mg dans ioo ml d’éther ).
Nous avons effectué sur ce composé un titrage d’acidité
qui
a donné une valeur de 196 pourl’équivalent
moléculaire.1 ,
1 mg consomment 90mm’ de potasse
éthanolique N/jo
1,6 mg d’acide
palmitique
témoin consomment IOOmm3de potasseéthanolique
N/5o PM = 2 s6 ;L’analyse
élémentaire C,oH,sOadonne :L’injection
dans lechromatographe gaz-liquide,
des estersméthyliques
de cette fraction, meten évidence un
pic principal,
dont le volume de rétention est identique à celui de l’ester de l’acidehydroxy- I
o
décène-2 tyans oïque authentique ; on observe un second piccorrespondant
i1 une cer-taine quantité d’acide
sébacique (fig.
6).III. -
ÉTUDE
DES ACIDES DICARBOXYIJQUESDeux acides
dicarboxyliques :
l’acidesébacique
et l’acide décène-2 transdioïque,
ont
précédemment
été isolés de lagelée royale (voir introduction).
Nous avonspensé
que ces
acides,
etpeut-être d’autres,
devaient se retrouver dans les larves de reines.Ces acides
présentent
un intérêt dupoint
de vuebiologique ;
en effet les travaux deT
OWNSEND
( 19 6 0 )
ont montré sur laSouris,
l’activitéantileucémique
de ces acides.Il est donc
possible qu’ils participent
à l’activitéantileucémique
totale de lagelée royale.
Une
hypothèse
récente de Sir Robert RoBiNsoN(ig6o)
suppose que l’activitéantileucémique
de lagelée royale
serait enrapport
avec lapossibilité
descomposés présents
à former des estolides(il s’agirait
donc d’un effetphysique).
Le fait quenous ayons isolé des esters de l’acide
hydroxy-io
décène-2 transoïque,
àpoids
molé-culaire relativement
élevé,
serait en accord avec cettehypothèse.
Nous avons donc recherché ces acides
dicarboxyliques,
dans les larves de reines d’unepart,
et dans lagelée royale
d’autrespart.
A)
Dans les larvesroyales
Les acides
dicarboxyliques
étantplus
fortement retenus sur acidesilicique,
nous les avons
principalement
recherchés en fin dechromatographie
sur colonne.Nous avons effectué la recherche de ces
acides,
sur les acides libres d’unepart,
et sur les acides obtenus
après saponification
d’autrepart.
Nous ne les avons trouvésque dans les acides libres.
Dans la
chromatographie
des acides libres(voir II)
nous avons obtenu uneimportante fraction,
éluée par l’éther( 4 6 2 mg).
Nous avonsessayé
de cristalliser cettefraction,
en la dissolvant dansl’éther,
et enajoutant
dupentane
à o°.a)
Isolement de l’acide décène-2 transdioïque.
Nous avons d’abord isolé 5 mg d’une fraction insoluble dans l’éther. Le
point
de fusion F :
1 6 0 - 170 °
et lespectre
UV(maximum
à 215mu)
nous ont fait penserà l’acide décène-2 trans
dioïque
isoléprécédemment
par Bxoww et FRnTipn( 1959 ).
En
fait,
lepoint
de fusion demélange
avec un acide décène-2 transdioïque
authen-tique
neprésente
pas dedépression
F :1 6 0 - 170 0 ;
deplus
lacomparaison
desspectres
infrarouges (fig. 7 )
confirme cette identité.b) Identification
des acidessubérique
etsébacique.
Le reste de la fraction a pu être cristallisé dans le
mélange éther-pentane,
e,nous avons obtenu 225 mg de cristaux. Le
spectre infra-rouge
desproduits
cristal-lisés montre
qu’il s’agit
d’unmélange
d’acides contenant encore de l’acide décène-2 transdioïque.
Nous avons alors étudié ces cristaux par
chromatographie
surPapier
en utilisantla
technique
décrite parB ROWN ,
FELAUER et FREURE( 19 6 1 ).
Nous avons obtenu les
R i
suivants :Cette
séparation
surpapier
étantmauvaise,
nous avons alors étudié ces frac- tions parchromatographie
eiaphase
gazeuse. Apartir
d’esterspréparés
par action d’une solution éthérée dediazométhane,
deux séries dechromatographies
ont étéeffectuées l’une à 200° et l’autre à i5oO.
Dans la
chromatographie
à 200° nous avons observé laprésence
de troispics.
Les volumes de rétention de deux d’entre eux sont
identiques
aux volumes de réten- tion dessébaçate
et décène-2 tvaras dioate deméthyle authentiques (fig. 8).
L’acide
hydroxy-zo
décène-2 transoïque, ayant
un volume de rétention peu différent de celui de l’acide décène-2 transdioïque,
nous avons vérifié l’absence de cetacide,
dans cettepartie
dechromatographie,
parrépétition
des essais enpré-
sence de témoins internes
(fig. 9 ).
Le volume de rétention du troisième
pic
estidentique,
à150 °,
à celui du subérate deméthyle (fig. io).
r.
Il est
probable
que les acidesdicarboxyliques
mis en évidence dans lagelée royale (voir ci-après)
sontégalement présents
dans les larvesroyales.
Mais par suite d’unphénomène
dedilution,
dû à laprésence
de nombreuses autres substanceslipidiques,
il n’a pas étépossible
de les identifier.B)
Dans lagelée royale
L’extraction chloroformique
de 8 g degelée royale,
séchée 24 heures sous vide à 20°, fournit environ 5oo mg d’extrait. Uneséparation
par le carbonate de sodium fournit ensuite1 8 7
mg de fractionacide,
que nous avonschromatographié
sur acidesilicique.
Les
points
de fusion de ces fractions sont de 60-80°.Nous avons
ensuite,
dans les mêmes conditions que pour les larvesroyales,
examiné ces fractions en
chromatographie
enphase
gazeuse.Seules,
les fractions éluées par lesmélanges
benzène-éther i : i et 3 : 7contiennent des acidesdicarboxy- liques.
Nous avons identifié les acides suivants :
a)
Dans les fractions éluées aumélange
benzène-éther i : i(fig. Il)
les acidesb)
Dans les fractions éluées par lemélange
benzène-éther 3 : 7 nous avons isolé les acides(fig. 12 ).
l’, - .L’identification de ces substances a été confirmée par la
répétition
des chroma-tographies, après
introduction de témoins internes dans les échantillons.Nous avons donc
identifié,
dans lagelée royale,
les acides :adipique, pimélique, subérique, sébacique.
Seuls les acides
sébacique
et décène-2 transdioïque
étaientprécédemment
citésdans la littérature.
L’évaluation des
quantités présentes
n’est pasaisée ; cependant
lacomparaison
des
pics obtenus,
avec celui de l’estersébacique, permet
de déduire les relations suivantes :Les nouveaux acides identifiés sont en
quantités
inférieures à celle de l’acidesébacique. (La
littérature donne pour cet acide o,02 p. roo parrapport
aupoids
sec de la
gelée royale.)
Les acidespimélique
etsubérique
sont enquantités plus importantes
que l’acideadipique, qui
n’existequ’en
très faiblesproportions. Cepen-
dant si on compare la somme des trois acides
adipique, pimélique
etsubérique,
onconstate que cette somme est au moins