ÉTUDE « IN VITRO » DE LA CROISSANCE
DES LARVES D’ABEILLES (APIS MELLIFICA L.)
Isabelle PETIT
Station de Recherches sur l’Abeille et les Insectes sociaux, Bi4res-sur-Yz!elle (Seine-et-Oise)
SOMMAIRE
L’auteur étudie la croissance des larves
d’Apis
1Ile?lifica L. ira vitro en fonction de régimes ali-mentaires à base de
gelée royale
fraîche, totale oudélipidée,
de miel et depollen.
Le travail a demandéla mise au point préalable d’une méthode
d’élevage appropriée.
INTRODUCTION
Depuis
que SCHIRACH( 177 o)
a montré que les reines et les ouvrièrespeuvent
se
développer
àpartir
de larvesidentiques,
le processus de différenciation des castesa fait
l’objet
de nombreuses recherches. Devant les difficultés d’observation et d’ex-périmentation
directe sur leslarves,
certains chercheurs ontessayé
d’étudier lalarve d’Abeille in vitro.
Ainsi,
BERTHOLF( 19 2 7 )
a nourri des larves d’ouvrières de troisjours
avec dessolutions de sucre, dans une boîte de Pétri humidifiée. A l’étuve à
35 °C,
il a obtenudes survies de l’ordre de 1 à 2
jours.
Aucune larve n’a atteint le stade denymphe.
V EL I
CH
( 193 o)
a élevé des larves d’ouvrières de 4 à 5jours,
dans une étuve, leurpermettant
de continuer leurdéveloppement
sans aucune nourriture. Eneffet,
àce
stade,
les larves sontcapables
de senymphoser
sans s’alimenterdavantage.
Unetechnique similaire, employée
par Hnynnx( 1939 ) fut,
elleaussi,
couronnée de succès.Les
techniques
de Vox RHEIN( 1933 )
ont été à la base de laplupart
des méthodesd’élevage.
Il étudia la différentiation en reines ou enouvrières,
en nourrissant des larves d’ouvrièresd’âge variable,
avec des alimentsprélevés
dans des cellules d’ou- vrières ou dereines,
ou même avec desmélanges
demiel,
depollen
et d’eau. Beau-coup de
nymphes
et peud’adultes,
allant de l’ouvrièreparfaite
à l’individu ressem-blant à une
reine,
furent obtenus au moyen de ces nourritures.En 1953 et Iq54, le même auteur a distribué à
plusieurs
groupes de larves 100à 200 mg de nourriture de larves d’ouvrières ou de
gelée royale
dejeunes
larves dereines,
ou encore degelée royale
provenant de cellulesroyales âgées,
enplus
d’unmélange
demiel,
depollen
et d’eau. Il en a conclu que lagelée royale
des cellulesroyales âgées
est laplus
propre à servir de nourriturecomplémentaire.
Ceci montreque la nourriture des larves d’ouvrières et celle de larves de reines sont
qualitative-
ment différentes.
Au cours de ces
expériences,
Vow RHEIN a établiqu’il n’y
avait aucunrapport
entre la taille de l’adulte obtenu et ses caractères de castes ; en
effet,
il a puproduire
des reines vraies dont le
poids
était en dessous de celui des ouvrières normales et, d’autrepart,
àpartir
de larves d’ouvrières abondamment pourvues de leur alimen- tationhabituelle,
des ouvrièresgéantes
dont lepoids atteignait
presque celui d’une reine normale.WE AV E
R
( 1955 )
réussit à éleverplusieurs
reines in vitro. Sonpremier
essai futréalisé à l’intérieur d’une ruche. Il fit éclore deux reines en
greffant
des larvesâgées
de
3 6
heures dans des cellules de reines dont on avait enlevéauparavant
la larve nourrie normalement. Toutes les deuxheures,
les larves étaient transférées dans de nouvelles cellules dont les larves du mêmeâge
venaient d’être enlevées. Les cellules étaient dis-posées
de telle sortequ’aucun
contact direct ne soitpossible
entre les nourrices etles larves.
Dans une autre
expérience,
les larves étaient élevées dans des tubes de verre, à l’étuve à34 °C
avec une humidité relative de 75 p. ioo environ. De nouveau, il réussit à obtenir deux reines. Mais il constata que lagelée royale prélevée
dans uneruche et conservée au
réfrigérateur
à5 °C pendant
deux semaines ouplus,
nepermet
d’obtenir que des formes intermédiaires ou des ouvrières. Ceci l’amena à penser que lagelée royale
conservée tend àperdre
certains constituants essentiels pour la diffé- rentiation des castes.MiCHAEi< et ABRAMOVIT7
( 1955 )
mirent aupoint
une méthoded’élevage
deslarves in
vitro,
intéressante pour les inoculations de maladies. Untampon
de coton absorbantplacé
dans une boîte dePétri,
est recouvert d’ungrillage
de matièreplastique.
Une solution nutritive à 25 p. 100 de miel et IOp. 100 d’extrait de levuredéshydratée,
est versée dans la boîte de Pétrijusqu’au
niveau de lagrille.
Des larvesâgées
de troisjours
sontdéposées
sur lagrille
etpeuvent
se nourrir entre les mailles.A la fin de la
période
denourrissement,
les larves sonttransportées
dans des boîtes de Pétriayant
un fond de ciregaufrée.
Là, elles se transforment ennymphes, puis
enadultes. Un
tampon
de coton humide est mis danschaque
boîte pour maintenirl’hygrométrie appropriée.
Des ouvrières ont été obtenues.Une
technique légèrement
différente futemployée
par HOFFMANN( 195 6).
Elleprélevait
à lapipette
la nourriture normale de l’ouvrière et la conservait dans unréfrigérateur
à 4 ou5°C.
De cette manière étaient conservées les sécrétions ali- mentaires données auxjeunes
larves et la nourriture mixte des larvesplus âgées.
Des larves de i à 2
jours ( 2
à 5mg) déposées
dans descupules
de cire individuelles étaient alorsplacées
dans une étuve à35 °C
avec 100 p. 100 d’humidité relative et nourries à lapipette
toutes les 4 ouheures. Quand
elles avaient un peuplus
detrois
jours,
la nourriture mixte était substituée à lagelée royale. Après
letissage
du cocon et
l’excrétion,
les larves étaientdéposées
sur une mousseline humide dansune boîte de Pétri. HOFFMANN réussit à obtenir
22 ,6
p. 100 denymphes
vivantessur 1973 larves élevées de cette
façon.
S M IT
H
( 1959 )
mit aupoint
une nouvelle méthoded’élevage
pour tester diverséchantillons de
gelée royale
fraîche ou conservée. Il travailla à34 ,5°C
et9 6
p. 100 d’humidité. Des larves venantjuste
d’éclore étaientdéposées
à même lagelée royale
contenue dans des
petites
boîtes deporcelaine
de 18 mm de diamètre. Toutes les 24heures,
les larves étaienttransportées
sur de la nourriture fraîche.Quand
destraces
jaunâtres apparaissaient,
il lavait les larves à l’eau tiède( 34 ,5°C), puis
lesessuyait
sur dupapier-filtre
avant de les mettre dans une boîte de Pétri au fondtapissé
d’une
plaque
de ciregaufrée. I,à,
les larves terminaient leurdéveloppement puis
subissaient la
nymphose
et la mueimaginale.
Il a obtenu 262 adultes sur io6 3
lar-ves dont 86
reines, 9 8
ouvrières et7 8
intermédiaires.Les travaux de SMITH
peuvent
être résumés sur le tableau i.Les résultats de SMITH sont les meilleurs car
supérieurs
à ceux d’HoFFMANNqui
n’obtenait que22 ,6
p. 100 denymphes.
Ce succès estprobablement
dû au faitque les larves sont
déposées
directement sur lagelée royale
ettransposées chaque jour
sur de la nourriturefraîche,
contrairement à HOFFMANNqui
nourrissait à lapipette
des larvestoujours
contenues dans les mêmes cellules.Cette revue des différentes recherches faites sur
l’élevage
des larves d’abeilles invitro,
montre combien cesujet
apassionné
leschercheurs,
mais lepetit
nombrede travaux couronnés de succès montre aussi combien les
expériences
sont délicateset
difficiles, puisque
les résultats deS MITH , qui pourtant
sont de loin lesmeilleurs,
ne donnent que 25 p. 100 de réussite.
Nous nous sommes intéressés à ces travaux sur
l’élevage
des larvesd’abeilles,
dans le but de découvrirquelles
étaient les conditionsexpérimentales
in vitro les meilleures pour la croissance larvaire. Nous avonsnégligé
lesrépercussions
de cesconditions sur le stade
adulte,
car nous nous sommes attachés à suivreuniquement
la croissance des larves
d’Apis mellifica
suivant lesrégimes proposés.
Nous avons d’abord étudié les
régimes
alimentairesqui
serapprochaient
leplus
des conditions
naturelles,
à savoir lagelée royale
et lemiel, puis
nous avonsexpé-
rimenté avec des
gelées royales
traitées oudégraissées,
et avec desmélanges
conte-nant d’autres
protéines
comme la caséine et lepollen.
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Le
premier objectif
dansl’élevage
des larves d’abeilles au laboratoire est de mettre aupoint
une
technique
satisfaisante pour obtenir des adultes àpartir
de larves, en contrôlant les conditionsexpérimentales.
Des mesurespréalables
et des observations à l’intérieur des ruches servent de base à latechnique
d’élevage. Les résultats anciens, résumés dans le tableau 2, nous ont beaucoup aidé.1
°)
Impo Y tance
de l’humiditdDans la ruche, les nourrices apportent constamment de la nourriture fraîche dans les cellules et maintiennent ainsi l’humidité de la nourriture des larves. Comme il est
impossible
de nourriraussi
fréquemment
les larves dans les conditionsexpérimentales,
il a fallu réaliser un milieu saturé de vapeur d’eau danslequel
la nourriture ne se dessécherait pas(la gelée royale
enparticulier perd
très facilement son
eau).
Nous aurions pu utiliser un tampon de cotonhydrophile
humide maisnous avons préféré
l’emploi
de la vermiculite, substanceimputrescible.
La vermiculite est
déposée
au fond d’une boîte de Pétri de Ils mm de diamètre, et nous versonsde l’eau de telle manière
qu’elle
soit totalement absorbée par la vermiculite. Dans la boîte de Pétriainsi
préparée,
l’air est saturé d’humidité. Celle-ci semble nécessaire audéveloppement
des larves,comme le montre
l’expérience
suivantequi
porte sur 15 larves pourchaque
lot, toutes les larves recevant la même nourriture, composée degelée royale
diluée dans de l’eau distillée.Compte
tenu de ces observations, toutes lesexpériences
ont été faites dans des boîtes de Pétrifermées, avec un fond de vermiculite saturée d’eau.
2
°)
Impo y tance
de latempérature
Le tableau 2
qui
résume les conditionsexpérimentales
danslesquelles
ont été faitesjusqu’ici
les recherches sur
l’élevage
in vitro des larves d’abeilles, montre que latempérature
choisie par les différents auteurs oscille entre 33° et 35°C. Mit,um(ig3o)
a étudié l’influence de latempérature
surla durée du
développement
larvaire et a constatéqu’à 3 i°C, la
durée dudéveloppement
était maxima,et
qu’à
une température variant de 33,5°C. et 34°C, 93,5 p. 100 des adultes sedéveloppaient
enmoins de 21
jours.
Tenant compte de ces études, nous avonsadopté
la température de34 °C
pournos
expériences.
3
°)
Techr2ique d’élevage
des larves. Au cours de nos expériences, des larves de tous les âges ont été utilisées, mais les larves de o
à z4heures ont été
employées
depréférence.
Nousreconnaissons
ces larves au faitqu’elles
sont trèspetites,
non encore enroulées, et leplus
souvent voisines d’œufs non encore éclos. Pour déter- minerl’âge
des larves plus âgées, nous avons recours au travail de MysEx(, 954 ) qui
permet de déterminerl’âge
de la larve grâce à la position et à la forme desbourgeons
alaires.Les larves sont
disposées
surquelques
gouttes de nourriture au fond d’unecupule
de 9mm dediamètre, creusée dans une
plaque
de cire. Cesplaques
ne comportent que 2 ou 3cupules,
carlorsque
nous dessinons les larves à la chambre claire, il
importe
de ne pas les faireséjourner
troplongtemps
hors de leurs conditions
optimales d’élevage.
Nos
cupules
de cire ont un diamètre sensiblement égal à celui d’une cellule d’ouvrière, et lalarve se retrouve donc dans son milieu habituel. Cette méthode avait été employée par HOFFMANN
( 195
6) qui
utilisait descupules
de cire individuelles.Les
plaques
de cire sontdéposées
dans une boîte de Pétri, au-dessus d’une couche de vermiculite saturée d’eau, à raison de 6 par boîte.Ainsi, au cours de
chaque expérience,
nous étudions la croissance de I8 larves, d’âge sensi-blement
identique,
soumises au même régime alimentaire et aux mêmes conditionsexpérimentales.
Les boîtes de Pétri sont
placées
dans une étuve, à latempérature
constante de34 °C,
où nousles
empilons
les unes sur les autres de manière à avoir exactement la mêmetempérature
pour l’en- semble desexpériences.
Toutes les 24heures, les larves sont transférées dans de nouvelles boîtes contenant des
cupules
de cire propres avec de la nourriture fraîche. La nourriture est placée dans l’étuve à
34 °C,
30à 60 mnavant le transfert, afin d’être à la même température que les larves transférées, les nourritures larvaires étant conservées, au cours des expériences, dans un
réfrigérateur
à5 °C.
Les larves sontalors transférées avec une
aiguille
degreffage lorsqu’elles
sontjeunes,
ou avec despinces souples lorsqu’elles
sont plus âgées.Lors de ces transferts, nous avons pris soin de replacer les larves dans leur
position primitive
car des expériences de SMITH
(i 959 )
ont montré que des larves retournées 4fois par jourprésentaient
une mortalité
beaucoup
plus grande que celle des larvestransposées
aussi souvent, mais sans être retournées.Ces
manipulations
sont faites le matin depréférence. N’ayant
observé ni dessèchement nipénurie,
nous avons
pensé
que laquantité
de nourrituredéposée
à lapipette
était suffisante pour les 24heures.Les mortalités sont notées au cours de ces transferts.
4
°)
Mesure de la cyoissance des larvesPour mesurer la croissance des larves, nous avons
adopté
une méthodequi
consiste à dessinerchaque jour
à la chambre claire, la silhouette des larves couchées dans leurposition
normale, c’est-à-dire de
profil.
Nous n’avons pas pu adopter la méthode de Smwii
( 1959 ),
carchaque jour
il aurait fallu laver,essuyer et peser
chaque
larve,opérations qui, répétées quotidiennement,
influent sur la croissance de la larve d’une manière fâcheuse.Après
avoir calculé legrossissement ( 17 7 X )
de notre chambre claire, nous avons vérifiéexpéri-
mentalement la relation
théorique qui
existe entre lepoids
du bristol représentant la surface dela larve et le
poids
de la larve elle-même. En effet, les différents dessins d’une larve, en fonction deson
âge,
rendent compte de sa croissance dans deux dimensions, tandis que la croissance se fait dans les trois dimensions.Pour cette vérification, nous avons donc
pris
dans une ruche unevingtaine
de larves,d’âges
différents.
Après
les avoirsoigneusement
essuyées sur unpapier-filtre,
afin d’éliminer leplus possible
les causes d’erreur dues à des restes de nourriture autour de la larve, nous les avons
pesées
unepar une au I/joe de
milligramme près.
Puis nous les avons dessinées à la chambre claire.Après découpage, chaque
bristol a été pesé aucentigramme près.
Nous avons obtenu ainsi les deux valeursqui
nous intéressaient.Sur un
graphique,
nous avons porté en abscisses lepoids
des larves et en ordonnées lepoids
des bristols représentant la surface des mêmes larves. Les
points
obtenus se placent selon une courberégulière,
cequi
prouvequ’il
existe un rapport constant entre lepoids
et la surface de la silhouette duprofil
d’une larve(fig. i).
Par cette méthode, nous obtenons le
poids
de la larve avec une erreur inférieure à -1- 5mg.La courbe obtenue présente aussi un autre intérêt : à
partir
dupoids
du bristol représentant lasurface d’une larve, elle nous permet de déterminer le
poids
de cette larve, et de là son âge. VoNRHEIN
( 1933 ) indique
en effet que lechangement
de nourriture pour les larves d’ouvrières survientlorsqu’elles pèsent
environ 35 mg. Les larves sont alors âgées de3 j
1/4.Nous nous sommes demandés si le fait de dessiner les larves sous la chambre claire de Nachet n’était pas une cause de mortalité plus grande. Nous avons donc élevé des larves sur la même nour-
riture, soit un mélange de
gelée royale
et de miel à 5o p. ioo,mélange qui,
comme nous le verronsultérieurement, permet une
longévité plus grande puisque
certaines larves se nourrissentpendant plus
de IOjours (normalement
5jours
de nourrissement dans uneruche).
Parmi ces larves, unpremier
lot était dessiné sous la chambre claire tandis que le second, ou lot témoin, ne l’était pas.
Les résultats obtenus montrent que la mortalité est
identique
pour les deux lots. Le passagesous la chambre claire n’est donc pas une cause de mortalité
plus importante.
L’ensemble des I8 larves n’atteint pas le stade de la
nymphose ;
certaines meurent au coursde
l’expérience.
Ceci nous permet de mettre en évidence deuxphénomènes :
a) la mortalité : rapport du nombre de
nymphes
ou d’adultes au nombre initial de larves ; b) la croissance : courbe représentant l’évolution dupoids
de la larve en fonction du temps.Il est évident que seules sont utilisées les courbes de croissance des larves ayant atteint le stade de
nymphes
oud’imagos.
Si nous portons sur un même
graphique plusieurs
de ces courbes (fig.2 ),
nous constatons que celles-ci sont presqueidentiques
et que ladispersion
des résultats est faible. Nous pouvons doncadopter
l’unequelconque
de ces courbes pour représenterl’expérience.
5
°)
S ymphes et
adultesLe but que nous nous proposons est d’étudier la croissance larvaire
qui
dure 5jours
au plus.La larve subit alors la
nymphose
et nous avons suivi ledéveloppement nymphal
et l’éclosion de l’adulte grâce à la méthode suivante :a) Afin de recréer les conditions de confinement de la larve sous
l’opercule,
des tubes àhémolyse
ont été
coupés jusqu’à
2à 3cm. Nous avons fermé ces tubes par un bouchon de cotonhydrophile
assez serré et nous les avons introduits à l’autoclave à I20°C
pendant
20 mn, afin de les stériliser pour éviter toutdanger
de mycoses,fréquentes
chez les larves.b)
Après préparation
des tubes, nous avonspris
les larves une par une ; nous les avonsplongées quelques
secondes dans une solution aqueuse de propolis à 2p. ioo, à la température de l’étuve.S MITH
lavait les larves dans de l’eau tiède, nous avons
simplement ajouté
2 p. ioo depropolis,
substance
antibiotique
de la ruche(L A VIE 19 6o). Après lavage,
les larves étaientessuyées
doucementsur un
papier-filtre
avant d’êtredéposées
individuellement au fond du tube de verre. Le tube conte- nant une larve était alors fermé par son bouchon de coton autoclavé. Au moyen d’unepipette,
cecoton est humidifié avec de l’eau distillée, afin de maintenir une faible humidité à l’intérieur du tube.
Tous les
jours, chaque
tube était examiné pour noter ledéveloppement
de la larve, sa trans-formation en
nymphe,
puis lapigmentation
de lanymphe,
et enfin la mueimaginale.
Certaines de ces abeilles écloses ont été mises en cagette avec d’autres abeilles du même âge,
nées en ruche, car les conditions de survie des abeilles sont améliorées
lorsqu’elles
sont encagéesavec d’autres
congénères.
Pour lesdistinguer
des abeilles nées normalement dans la ruche, nos abeilles ont étémarquées
avec de lapeinture
blanche sur le thorax, ceci pour observer leur compor- tement, leur durée de vie, leur aspect morphologique, etc.PRINCIPAUX
RESULTATS
Nous nous sommes attachés à suivre la croissance des larves
d’Apis mellifica,
suivant des
types
derégimes différents,
en tenantcompte
du taux de mortalité afférent à chacun.Les
régimes
alimentaires utilisés ont été les suivants :i) gelée royale
pure ou diluée avec de l’eaudistillée ; 2
)
miel pur ; §3
) mélanges
degelée royale
et de miel à despourcentages
variant de o p. 100 à 100 p. roo ;4
)
miel etpollen
avec ou sansgelée royale ;
5) gelée royale dégraissée
par l’acétone avec ou sansmiel ;
6) gelée royale dégraissée
par l’acétone et le benzène avec ou sansmiel ; 7
) gelée royale dégraissée
par l’acétone et l’éther avecmiel ; 8) gelée royale dégraissée
par l’alcoolbouillant,
avec ou sansmiel ; 9
) gelée royale lyophylisée
avecmiel ; 10
)
caséine vitaminée et miel avec ou sansgelée royale.
Pour toutes ces
expériences,
nous avons utilisé des larves de o à 24 heures et par- fois des larves de i à 2jours,
afin de contrôler la croissance de larvesplus âgées
endébut
d’expérience.
A. - CROISSANCE
il) Gelée
y oyale pure
ou diluéeDans les conditions naturelles à l’intérieur d’une
ruche,
toutes les larves de moins de 3jours
sont nourries avec de lagelée royale. ensuite,
les larvesroyales
continuent à être nourries avec lagelée royale
tandis que les larves d’ouvrièresreçoivent
une nourriture moins richecomposée
degelée royale,
de nectar et d’unequantité
variable depollen.
Nous avons constaté que les larves nourries avec de la
gelée royale
diluée( 10
p. 100 d’eau
distillée) grossissaient
mieux que celles élevées avec de lagelée royale
pure.
2 0 )
JlielNous avons constaté que la croissance est
impossible
sur une telle nourriturecar celle-ci fermente.
L’addition de
quelques
traces degelée royale supprime
lafermentation,
mais nepermet toujours
pas ledéveloppement
des larves.3
0
Mélanges
degelée royale
et de mielSachant que la
gelée royale
donne de meilleurs résultats à l’étatdilué,
alors que lemiel,
trèshygroscopique,
se dilue dans desproportions considérables,
nous avonspensé qu’un mélange
de ces deux substances donnerait une nourriture larvaire de consistanceadéquate.
Les larves ont été nourries avec des
mélanges
dont on a fait varier le pourcen-tage
engelée royale.
Les résultats obtenus ont étéportés
sur lesfigures
3 et 4. Les courbes serépartissent
en un véritable éventail cequi
montre clairementque la croissance est d’autant
plus rapide
que laquantité
degelée royale
contenue dans lemélange
estplus grande,
et cecijusqu’à
80 p. 100. Pour lesmélanges
conte-nant
plus
de 80 p. 100 degelée royale,
la croissance estlégèrement plus
faible. Sinous comparons la courbe
obtenue
avec lagelée royale
à 100 p. 100, aux résultats desexpériences
faites avec lesgelées royales
pures oudiluées,
nous constatons que la croissance des larves est la même. Nous avonslà,
une fois encore, la confirmation que lagelée royale
diluée estplus
assimilable par les larves d’ouvrièresqu’elle
nel’est à l’état pur.
On
peut
résumer ces résultats de la manière suivante : on porte sur ungraphique,
en fonction du
pourcentage
degelée royale
dumélange,
la vitesse moyenne de lacroissance,
obtenue en mesurant lapente
des courbes de croissance entre leurspoints
extrêmes. On obtient la
figure 4 qui
laisseparaître
un maximum net pour lemélange
à 80 p. 100 degelée royale.
Compte
tenu de cesobservations,
la courbe de croissance des larves nourriesavec le
mélange
à 80 p. 100 degelée royale
dans le miel a étéprise
comme référencepour toutes nos
expériences.
4
°)
ll2iel etpolle ll
avec ors salisgelée royale
Avec ou p. 100 de miel et 10 p. 100 de
pollen,
ledéveloppement
des larves esttrès difficile par suite d’une dilution due à
l’hygroscopie
et suivie de fermentation.L’addition de 10 p. 100 de
gelée royale
aumélange supprime
la fermentationgrâce
à
l’apport d’antibiotiques
mais ledéveloppement
restetoujours
très faible.5&dquo;)
Geléeroyale dé,,raissée par
l’acétone Z!yaitemesat :Une
petite quantité
degelée royale
estépuisée
à froid par unegrande quantité
d’acétone. La
partie
insoluble est de nouveau traitée parl’acétone,
et ceciplusieurs
fois de suite afin que les
cénapses lipo-protidiques
soient entièrement détruites.Quand
leliquide surnageant
estlimpide,
leprécipité
est séché. On obtient une finepoudre
blanchequi
estreprise
par l’eau(66
p. ioo de sonpoids)
afin d’avoir unepâte homogène.
Nous avons alors une
gelée royale partiellement délipidée
danslaquelle
estéliminé en
grande partie
l’acidehydro Y y-ro
décène-2oïque, antibiotique
de lagelée royale,
dont lespropriétés bactériostatiques
etantibiotiques
ont été mises en évidencepar MAC Ci,EsxFy et MEEAMPY
( 1939 )
et LAVIE(ig6o).
Expériences :
a) Mélange
à 30fi.
100 degelée royale dégraissée
dans le miel. - La croissance des larves reste trèsfaible,
comme elle l’était pour le mêmemélange
non traité.b) Mélange
à 50p.
100degelée royale dégraissée
dans le miel. - Ledéveloppe-
ment des larves nourries avec ce
mélange
estidentique
à celui des larves nourriesavec ce même
mélange
nondégraissé,
mais reste très inférieur à celui des larves élevées sur lemélange
témoin(fig. 5).
La croissance des larves élevées sur le
mélange expérimental
à 80 p. 100degelée royale délipidée,
dans lemiel,
estplus importante
que celle des larves élevées surle
mélange
témoin à 80 p. 100 degelée royale
non traitée(fig. 6).
Un certain nombre de larves ont atteint un
développement
suffisant pour être mises en tubes : certaines ont subi lanymphose
et,parmi elles,
nous avons obtenuquelques
adultes.6°)
Geléey oyale dégraissée par
l’acétone et le benzène Traitement :La
gelée royale
est traitée par l’acétone suivant la méthode décriteprécédem-
ment, et la
poudre
blanche obtenue est à son tour traitée par ungrand
excès de ben-zène,
à chaud et à reflux. Leprécipité
est filtré et séché. Pourl’utilisation,
onreprend
cette
poudre
avec de l’eau distillée(66
p. 100 de sonpoids),
afin d’avoir unepâte homogène.
Expériences
Cette
gelée royale traitée,
donnée à l’état pur, nepermet
pas ledéveloppement
des larves. Aucune observation n’est
possible
concernant la croissance.7
°)
Geléeroyale dégraissée par
l’acétone et l’éther Tyaitement :Une
petite quantité
degelée royale
est traitée par unegrande quantité
d’acétone,
suivant la mêmetechnique
queprécédemment.
Lapoudre
blanche obtenue estépuisée
par l’éther de la manière suivante :On réalise une colonne à
lixiviation,
danslaquelle
on introduit lapoudre
degelée royale déjà délipidée
par l’acétone. L’éther traverse lentement la colonne depoudre
degelée royale dégraissée
et dissout leslipides
non solubles dans l’acétone.L’éther tombant
goutte
àgoutte
de lapartie
inférieure de lacolonne,
est recueillipar un bécher. On laisse
évaporer.
Pendant lespremières heures, après évaporation,
on trouve un
léger
résidu au fond du bécher. On continue à verser de l’étherjusqu’au
moment où il
n’y
aplus
aucune trace de substance soluble. Lapoudre
obtenueest
reprise
par de l’eau distillée(66
p. 100 de sonpoids)
avant de servir auxexpériences.
Expériences
La
gelée royale
traitée par l’acétone et l’éther a été donnée à des larves de oà 24
heures, mélangée
à 20p. 100 de miel.La croissance des larves élevées sur le
mélange expérimental
à 80 p. 100 degelée royale délipidée,
dans lemiel,
est sensiblementidentique
à celle des larves élevées sur lemélange
contenant 80 p. IOO degelée royale
non traitée dans le miel(6g. 7 ).
Nous avons obtenu un certain nombre de larves
ayant
terminé leurdévelop- pement
larvaire etqui
ont été mises en tube.Quelques-unes
ont subi lanymphose,
mais nous n’avons pas obtenu
d’adultes,
lesnymphes
étaient mortes un ou deuxjours
seulement avant
l’éclosion,
alorsqu’elles
étaientdéjà
bienpigmentées.
Il semblequ’elles
n’aient pas pu effectuer la dernière mue.8°)
Geléeroyale dégraissée par
l’alcool bouillant Traitement :On fait
bouillir,
aureflux,
unepetite quantité
degelée royale
dans unegrande quantité d’alcool,
et ceci trois fois de suite. Lapoudre
obtenue est utiliséeaprès
avoirété
reprise
par de l’eau distillée(66
p. 100 de sonpoids).
Expériences :
Les
expériences
faites en utilisant cettegelée royale
traitée n’ont donné aucunrésultat,
les larves étant mortes le lendemain.Gelée royale lyophilisée
La
gelée royale lyophilisée
a été utilisée en luiajoutant
20p. 100de miel.L’expé-
rience a été faite avec des larves de o à 2q heures.
La croissance des larves élevées sur le
mélange
à 80 p. ioo degelée royale lyo- philisée
dans lemiel,
est sensiblement la même que celle des larves élevées sur lemélange témoin,
bien quetoujours
un peu inférieure(fig. 8).
Un certain nombre de larves ont terminé leur
développement
larvaire et ontété mises en tube. Parmi
elles,
nous avons obtenu desnymphes qui
ont donné desadultes.
10 0
) Expériences
sur la caséineLes
expériences
sur lesgelées royales dégraissées
par l’acétone ou par l’acétone etl’éther,
ayant donné des résultatsintéressants,
avec obtention dequelques adultes,
nous nous sommes demandés si un
mélange synthétique
deprotéines
et de sucresne
permettrait
pas ledéveloppement
larvaire. Laprotéine généralement
utiliséedans les
régimes synthétiques
étant lacaséine,
c’est à cetteprotéine
que nous avonseu recours. Pour ne pas faire entrer en
jeu
detrop
nombreuxfacteurs,
nous avons utilisé une caséinevitaminée,
bien que, nous le verrons dans uneexpérience
ulté-rieure,
les vitamines n’entrent pas enligne
de compte.Préparation
de la caséine.La caséine utilisée se
présente
sous la forme d’unepoudre.
Nousajoutons
del’eau
distillée, qui
est trèsrapidement
absorbée par lacaséïne, jusqu’à
obtentiond’une
pâte. Remarquons cependant
que cettepâte
n’est pashomogène,
lesgrains
de caséine
gonflant
dans l’eau mais restantindépendants.
Annales de l’Abeille. --- 1963.
Expériences.
Nous avons constaté
qu’un mélange
de caséine et de miel nepermet
pas ledéveloppement
larvaire et que cette nourriture fermente. Afin de limiter cettefermentation,
nous avonsajouté
io p. 100 degelée royale,
mais la croissance des larves est restée très faible.Afin de
préciser
l’action de la caséine sur ledéveloppement
des larves, nousavons fait
plusieurs
sériesd’expériences
en utilisant comme nourriture desmélanges
à 50p. 100 et 20p. 100 de
caséine,
vitaminée ou non, dans lagelée royale.
Les résul-tats sont
portés
sur lafigure
g. La croissance semble peuperturbée,
mais ledévelop- pement
resteincomplet.
B. -
MORTALITÉ,
KYMPHOSE ET IMAGO Lesexpériences
réalisées avec :- le miel pur,
- le miel et le
pollen,
- la
gelée royale dégraissée
par l’acétone et lebenzène,
- la
gelée royale dégraissée
par l’alcoolbouillant,
- la caséine et le