Conférence Germes-
SHS (Groupe d’échanges et de recherches sur la médecine et la santé en sciences humaines et sociales)/
ORS(Observatoirerégional de la santé)
Pays de la Loire
Hygiène et salubrité au XIX e siècle:
entre histoire des sciences et santé publique
Gérard J ORLAND
Directeur de recherche au
CNRS, directeur d’études à l’
EHESS, philosophe et historien des sciences
Mardi 14 septembre 2010 18h30-20h30
à la Maison des sciences de l’homme
Ange-Guépin5 allée Jacques-Berque • Nantes
Renseignements:
Cédric LEBODIC02 40 48 39 60
cedric.le-bodic@univ-nantes.fr
Faute de pouvoir soigner les maladies, la médecine duXIXesiècle s’est employée à les prévenir. D’où le rôle central qu’y joue l’hygiène publique. Se donnant pour mission de supprimer les foyers d’infection qui minent la société, elle s’étend à tous les domaines: égouts et voiries, orientation et hauteur des bâtiments, alimentation et travail, pollution industrielle et urbaine, prisons, casernes, hôpitaux, mais aussi prostitution, alcoolisme, crimes, suicides, etc.
La France est depuis le XVIIIesiècle à la tête de la pensée hygiéniste moderne, avec notamment la chimie lavoisienne et la théorie des miasmes qui préconise d’aérer les espaces de travail, d’éloigner les habitations des lieux où air et eau sont stagnants… La révolution pasteurienne de la seconde moitié duXIXesiècle vient donner corps à ces connaissances, etGérard Jorland montre comment, des miasmes aux germes, ces découvertes scientifiques ont à leur tour bousculé les pratiques d’hygiène (stérilisation, vaccination…), tout en rencontrant des résistances plus ou moins fortes selon les pays. Mais il interroge aussi l’histoire de nos institutions publiques, et les raisons pour lesquelles la France tarde à appliquer ces mesures sur une grande échelle, contrairement à ce que l’on observe dans de nombreux pays européens.
Les réponses apportées par l’auteur se trouvent au carrefour de la construction des savoirs scientifiques, du développement des différentes disciplines et institutions d’hygiène publique, et de la construction de l’État. Il s’interroge avec d’autres sur un second paradoxe: comment expliquer que, dans un pays de forte tradition étatique comme la France, le gouvernement central ait joué un rôle aussi limité dans le développement de l’hygiène publique? Une question qui va continuer à courir tout au long duXXesiècle.
La conférence sera suivie d'un débat avec deux discutants:
•François TUFFREAU, directeur adjoint de l'ORSPays de la Loire,
•Stéphane TIRARD, professeur d'épistémologie et d'histoire des sciences, directeur du Centre François-Viète, université de Nantes.