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Regard sur la didactique du plurilinguisme aux Pays-Bas au XIXe siècle

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Academic year: 2022

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43 | 2009

Les langues entre elles dans les usages et les contextes éducatifs en Europe (XVIe-XXe siècles)

Regard sur la didactique du plurilinguisme aux Pays-Bas au XIX

e

siècle

Marie-Christine Kok Escalle

Édition électronique

URL : https://journals.openedition.org/dhfles/847 DOI : 10.4000/dhfles.847

ISSN : 2221-4038 Éditeur

Société Internationale pour l’Histoire du Français Langue Étrangère ou Seconde Édition imprimée

Date de publication : 1 décembre 2009 Pagination : 59-80

ISSN : 0992-7654 Référence électronique

Marie-Christine Kok Escalle, « Regard sur la didactique du plurilinguisme aux Pays-Bas au XIXe siècle », Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde [En ligne], 43 | 2009, mis en ligne le 16 janvier 2011, consulté le 27 mai 2021. URL : http://journals.openedition.org/dhfles/847 ; DOI : https://doi.org/10.4000/dhfles.847

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Regard sur la didactique du

plurilinguisme aux Pays-Bas au XIX e siècle

Marie-Christine Kok Escalle

1 La loi Thorbecke de 1863 sur l’enseignement secondaire, créant les écoles bourgeoises supérieures (HBS), introduit officiellement l’enseignement obligatoire du français, de l’anglais et de l’allemand (dans cet ordre) dans le secondaire. C’est 40 ans plus tôt qu’en France (où il faudra attendre la réforme de 1902), la naissance de l’enseignement secondaire moderne à côté du gymnase ou athénée classiques d’une part, et d’autre part, la reconnaissance de l’anglais et de l’allemand comme discipline scolaire, participant, à côté du français, à la formation des élites.

2 L’enseignement du français, attesté dans les écoles dès le XVIe siècle, a, pour des raisons historiques, une place toute particulière aux Pays-Bas, pays de Refuge wallon au XVIe siècle puis de Refuge huguenot au XVIIe siècle, refuges pourvoyeurs de maîtres de langue. Au début du XVIIIe siècle, « la langue française est devenue une partie essentielle de l’éducation dans la République des Pays-Bas unis. Il est même plusieurs emplois que l’on ne peut obtenir sans la connaissance de la langue », comme on peut le lire dans la préface du dictionnaire flamend et françois de F. Halma (1710 Utrecht : Willem de Water, Amsterdam : Pieter Mortier). Sous la période française, la loi sur l’enseignement primaire de 1806 introduit l’enseignement des langues modernes dans l’éducation de base. De façon très précoce par rapport aux autres pays d’Europe occidentale, elle met en pratique les principes de la Société pour le Bien Public (Maatschappij tot nut van ‘t Algemeen) inspirée par l’esprit des Lumières. L’article 1 de cette loi de 1806 précise que seront enseignées « les bases du savoir et de la civilisation à savoir la lecture, l’écriture, le calcul, la langue néerlandaise et d’autres matières auxiliaires comme le français et autres langues modernes ou savantes1, l’histoire et la géographie ». Les maîtres d’école doivent d’ailleurs, pour être recrutés, faire preuve de connaissance de langue française2.

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3 Le métier de maître de langues est exercé depuis longtemps aux Pays-Bas, dans le cadre familial ou scolaire. Nombreux sont ceux qui transmettent leur art par les manuels qu’ils publient, méthodes qui les immortalisent. Maîtres et manuels du XIXe siècle s’inscrivent dans une longue tradition d’enseignement et de réflexion pédagogique qui propose plusieurs voies à la didactique du plurilinguisme, pratique ou scientifique.

Quelques figures emblématiques de maîtres plurilingues proposent des méthodes d’apprentissage des langues étrangères considérées comme participant à la formation de l’individu. Dans cet apprentissage, la référence à la langue maternelle est déterminante pour la représentation que l’on se fait de l’autre, langue et culture. La didactique du plurilinguisme qui se met en place dans le secondaire ne sera pas suivie par les universités.

Quelques figures de maîtres didacticiens du plurilinguisme et leurs méthodes : un héritage

4 Que ce soit au XVIe, au XVIIe ou au XVIIIe siècle, les maîtres de langues, que nous connaissons par leurs publications didactiques (méthode, grammaire, dictionnaire), se présentent comme plurilingues. Ils pourraient ainsi servir de modèle à leur public de langue maternelle diverse et désireux d’apprendre les langues pour des besoins pratiques aux Pays-Bas, un pays qui accueille beaucoup d’étrangers et d’activités commerciales.

5 Le plus ancien, bien connu, est emblématique, car son nom reste attaché à un type de manuel, le Berlaimont. Berlaimont se présente comme « un maître dont le mérite essentiel est de connaître les huit langues que ses lecteurs, marchands et négociants qui courent les foires internationales, devront apprendre pour pouvoir voyager » (Aubert 1993 : 18). Lexicographe flamand, il est l’auteur du premier Vocabulaire pour apprendre a bien lire, escrire et parler françois et flameng publié en 1511 comprenant lexique et dialogues. Cet ouvrage bilingue a donné naissance après la mort de Berlaimont (1531) et sous son nom, aux Colloquia et dictionariolum octo linguarum publiés en1598 à Delft. Ce recueil de dialogues et dictionnaires en huit langues (latin, flamand, français, allemand, espagnol, italien, anglais et portugais) réédité jusqu’en 1759 aux Pays-Bas, en France, Allemagne, Suisse, Angleterre, Italie et Pologne (cf. Colombo Timelli & Minerva 2008 : 395-401), propose un apprentissage pratique des langues par l’usage, la répétition et l’imitation, c’est-à-dire « avec plaisir et par manière de parler3 ».

6 Nathanael Duez, vivant au siècle d’or de la République des Provinces unies4, maistre de la langue françoise, italienne, & allemande, s’adresse à un public d’adulte pour lequel il rédige, à partir de ses expériences, dictionnaires et méthodes, un outil d’apprentissage joliment appelé ‘guidon’5. Le titre métaphorique souligne l’aspect pratique de la méthode qui propose dialogues, nomenclatures et recueil d’idiomes en quatre langues (français, allemand, italien et latin) pour apprendre le français (pour les Allemands) ou l’italien (pour les Français). Grâce à un maître jongleur entre les langues sources et les langues cibles de ses élèves le plurilinguisme des élèves se développe sur la base de référence du français et non du néerlandais.

7 Les références plurilingues que se donnent les maîtres ne sont pas toujours vérifiables.

Barthelemy Piélat, en effet, natif d’Orange, ayant fait des études de théologie à Genève en 1659 puis été ministre à Meaux, se présente comme professeur de langues

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hébraïque, grecque, latine, italienne, françoise, allemande, hollandoise et angloise, de même que de rhétorique, de philosophie, théologie et médecine6. Mais dans l’Antigrammaire, seuls le français et le néerlandais entrent en ligne de compte. Même des maîtres ordinaires, instituteurs se vantent d’être maîtres de langues ; ainsi Ebrard du Casquet, maître d’école française à Dordrecht (cf. Dodde 1997 : 2-7) de 1791 à 1794, affirme, dans l’Avant-propos de ses Entretiens du maître avec ses élèves (Dordrecht 1792) enseigner le plurilinguisme à partir du français langue étrangère de ses élèves :

La langue française étant, de celles que j’enseigne dans mon école pensionnaire, la première, la plus generale et par laquelle j’entreprens tous mes écoliers ; j’ai crû aussi devoir écrire en cette langue-ci. J’enseigne aussi, l’Anglais, l’Allemand et l’Italien, avec des sciences necessaires pour cultiver l’esprit de la jeunesse. Mais je ne passe jamais à d’autres choses, qu’avec des écoliers qui sachent déjà le Français au point, qu’en leur enseignant autre chose, la langue française puisse servir pour leur expliquer le reste.

8 Parmi les ouvrages multilingues, tous orientés sur la pratique orale d’abord et dont le voyageur de commerce a besoin, plusieurs se veulent ‘reversibles’ pour reprendre le terme de Reboullet (1992 : 1-4). Ils prétendent en effet pouvoir faire apprendre les deux langues concernées, s’adressant aussi bien aux Néerlandais voulant apprendre le français qu’aux Français voulant apprendre le néerlandais. C’est le cas, aux XVIIe et XVIIIe siècles, de Pierre Marin mais aussi de Holyband (Hollyband, Desainliens), de Mauger (qui a d’abord enseigné le français en Angleterre avant de répandre son art dans les Flandres) et de Piélat7. Mais c’est aussi le cas d’ouvrages publiés au XIXe siècle qui prétendent offrir une « instruction complète » en permettant l’apprentissage de deux langues, pour les adultes se rendant en pays étranger8.

9 Si aux XVIIe et XVIIIe siècles, l’offre d’enseignement est plutôt bilingue, le XIXe siècle renoue d’une certaine façon avec le XVIe par son offre de manuels plurilingues, d’abord trilingues (Peel 1861) par l’ajout de l’anglais au français et néerlandais, puis quadrilingues et plus9. En effet, guides de conversation, recueil de phrases et dialogues ciblés sur les pratiques du quotidien, des ouvrages originaires d’Allemagne et adoptés par le marché néerlandais de l’édition (comme l’indique la mention du dépôt à Amsterdam de ces ouvrages publiés à Berlin), offrent un vademecum en quatre ou six langues pour les commis-voyageurs, ajoutant le danois, l’espagnol, l’italien ou le portugais aux trois langues de base pour les Néerlandais (allemand, anglais et français).

Les modèles de lettres et les tableaux concernant les monnaies que proposent ces ouvrages en soulignent l’intérêt pour le public visé.

10 Au XIXe siècle, la didactique du plurilinguisme ne s’adresse pas seulement aux voyageurs de commerce ; elle est entrée dans le monde scolaire comme nous l’avons indiqué par la loi sur l’enseignement primaire et plus tard du fait de la création de l’enseignement secondaire moderne. Les langues modernes sont associées à l’histoire et la géographie, aux arts, pour leur intérêt dans la formation des élèves, et en particulier des jeunes filles, comme on peut le lire en filigrane dans un texte d’exercice offert à la traduction des élèves :

Les Demoiselles estimables trouvent dans leurs occupations journalières les moyens d’être utiles et de captiver le respect de leurs connaissances […] ; elles n’étudient ni les langues anciennes, ni la jurisprudence. Elles se contentent de se perfectionner dans les langues modernes. Elles s’exercent dans la géographie, l’histoire, le dessin, la musique ; n’oublions pas la danse. D’un autre côté, elles tricotent des bas, brodent des bonnets, soignent le linge, aident leur mère dans les travaux du ménage, s’appliquent à connaître les ouvrages de la cuisine, et se persuadent qu’en

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s’accoutumant à toutes ces choses, elles sauront un jour bien diriger un ménage (Baudet 1845: 97-98).

11 Les textes rassemblés dans ces ouvrages plurilingues destinés à un apprentissage scolaire visent une formation linguistique et culturelle par l’approche de l’idiome et de la fable10 qui permettent d’acquérir un savoir sur les peuples et sur leurs modes de vie11. Cet objectif de l’éducation par les langues et par la pratique de la traduction reste pourtant minoritaire, face à l’intérêt pratique affiché comme premier. Le contact linguistique et culturel multiple avec l’étranger est avant tout utilitaire, comme l’indique le titre d’ouvrages polyglottes, en 4, 6 ou même 10 langues (cf. Ter Reehorst 1849) s’adressant aux voyageurs, que ceux-ci soient marchands ou non.

Référence à la langue maternelle

12 C’est à partir du cadre de référence qu’est la langue maternelle, que l’on se représente les langues étrangères, leur utilité et leur fonction. Dans ces représentations, la langue française occupe une place dominante, au XVIIIe siècle mais aussi au XIXe siècle. Le 17e dialogue de Pierre Marin sur la langue française (tiré de la nouvelle metode [sic] 1712 rééditée tout au long des XVIIIe et XIXe siècles) met en scène deux bourgeois parlant de leurs activités et de l’actualité dont fait partie l’achat du Dictionnaire de l’académie française ; c’est l’occasion de situer l’intérêt de la langue française par rapport aux autres. Les images stéréotypées qui se dégagent de ce dialogue dont la pseudo interaction sert à affirmer la domination du français en tous les domaines en ce début du XVIIIe siècle, vont perdurer dans les représentations jusqu’à la deuxième moitié du XIXe siècle. Le français, « la langue régnante » a, tout comme le café, toutes les qualités ! Si le café « purifie le sang, réveille l’Esprit, » et chasse les effets du vin car il « abbaisse les vapeurs bachiques », la langue française a toutes les qualités des autres langues, sans en avoir les défauts. Elle a même « de grands avantages » sur le latin.

Notre Langue est à son degré de perfection.

On en disoit autant, il y a trente ans.

Croiez-vous, qu’on y apportera des changemens notables ? Sans doute.

Si j’en étois cru, on la borneroit à l’usage d’à present.

On inventera des mots nouveaux, à mesure qu’on en aura besoin.

Y a-t-il des choses, qu’on ne puisse exprimer en François ? Il y en a beaucoup, qu’on ne sauroit exprimer que par périphrase.

C’est là le foible de toutes les Langues.

J’en conviens avec vous.

Cela n’empêche pas que la langue Françoise ne l’emporte sur toutes les autres.

Il est constant, qu’elle a de grands avantages sur la Latine même.

Sa Phrase est plus longue, à la vérité ; mais ses parties sont beaucoup plus claires.

Elle suit mieux l’ordre des pensées & ne souffre point le Galimatias.

Savez vous encore ce qu’on pourroit dire, la en comparant aux autres ? Vous m’obligerez d’en achever l’Eloge.

La Langue Allemande est énergique, mais rude.

L’Espagnole est grave, mais trop enflée.

L’Italienne est mignarde, mais molle.

La Hollandoise est copieuse, mais peu châtiée.

La Langue Françoise a toutes les beautés de celles-ci, sans en avoir aucun de leurs défauts.

C’est à juste titre, qu’on l’appelle la Langue régnante.

Les Rois & les Princes font gloire de la parler.

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Il est tems de raisonner sur le Caffé.

A propos, quelles bonnes qualitez lui donne-t-on ?

Il purifie le sang, il réveille l’Esprit & il abbaisse les vapeurs Bachiques (P. Marin 1712 : 220-221).

13 Cette représentation des langues, à qui l’on attribue des qualités et que l’on associe à des caractères nationaux perdure. Le discours du célèbre pédagogue allemand, Niemeyer, qui publie à la fin du XVIIIe siècle un long traité d’éducation dans lequel un grand chapitre est consacré à l’enseignement des langues étrangères, anciennes et modernes, s’il se démarque de la touche caricaturale du texte de Marin, inscrit la représentation des langues dans un cadre fonctionnel. Son traité sera traduit en néerlandais tout au long du XIXe siècle12, inspirant les politiques éducatives néerlandaises. Niemeyer y reprend la hiérarchie des langues, fonction de leur utilité et de leur importance « pour nous », tenant compte de la culture de l’esprit des peuples, de l’importance et de l’influence de leur apport dans toutes les sciences. Considérant que la langue est le reflet le plus fidèle du degré de civilisation des nations, il place l’allemand13, le français14, l’anglais15 et l’italien16 sans conteste au 1er rang pour ce qui est de l’importance que ces langues revêtent pour le lecteur, allemand ou néerlandais.

Pour parer d’éventuelles critiques, il ajoute en note qu’il ne minimise pas la valeur et l’excellence des autres langues utiles pour le commerce comme le danois, le suédois, le polonais et surtout l’espagnol, en ne traitant que des quatre langues principales, pertinentes pour l’enseignement scolaire. La didactique du plurilinguisme serait liée à la langue maternelle et au contexte social de l’apprenant. Niemeyer voit dans l’apprentissage des langues étrangères un besoin social, essentiel chez les gens des classes moyennes et supérieures pour comprendre les autres et se faire comprendre d’eux dans les activités tournées vers l’extérieur et dans le commerce des hommes. En revanche, dans les couches sociales inférieures pour la plupart des gens et pour la plupart des femmes, la langue maternelle est amplement suffisante. Véritable enrichissement de l’esprit pour ceux qui le souhaitent et qui cherchent à comprendre ce que les hommes en d’autres temps et dans divers peuples ont élaboré en pensées, expériences et compétences et ce qu’ils ont transmis par la langue orale ou écrite à leurs contemporains et au monde, l’apprentissage des langues étrangères est une très bonne préparation à la vie. Apportant des idées, stimulant la pensée, il permet d’échapper au simplisme qui caractérise celui qui n’a jamais bougé de chez lui et ne connaît pas la langue de peuples étrangers et par conséquent les coutumes, les savoirs et les privilèges de leurs pays.

14 Le rapport à la langue maternelle, essentiel pour l’apprentissage des autres langues concerne non seulement le cadre socio culturel qui la détermine mais aussi la pratique.

Ainsi, pour Niemeyer [1796] 1828. 1857 : 297, une nouvelle langue vivante doit être apprise comme la langue maternelle c’est-à-dire par l’usage, l’apprentissage de la grammaire se faisant tardivement et de façon restreinte. C’est pourquoi, dit-il, on préfère des enseignants natifs comme maîtres de langues et que par exemple, l’on embauche depuis longtemps des Français comme précepteurs et gouvernantes pour l’éducation familiale. Piélat affirmait déjà dans le dialogue XXX, ‘sur les langues’ de l’Antigrammaire : « Je veux qu’ils [les maîtres] soyent originaires du lieu où leur langue se prononce bien purement ou qu’ils possèdent parfaitement bien une langue étrangère s’ils se meslent d’enseigner » (Piélat 1672 : 60). Niemeyer propose que l’élève, stimulé à travailler, à mémoriser, à réfléchir (le vocabulaire permettant l’échange d’idées), à comprendre (les caractères propres à chaque langue), utilise les mêmes outils, y

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compris les exercices de grammaire, que pour l’apprentissage de la langue maternelle.

La langue maternelle sert de référence tant pour la méthode d’apprentissage que pour le savoir. L’oral y est premier, et la prononciation mérite toute l’attention avant même de commencer la lecture. L’écrit intervient dans un deuxième temps, lorsque par la pratique de l’écoute et de la répétition, un capital de vocabulaire a été amassé. La lecture permet ensuite la traduction. La traduction se fait de façon complexe : on traduit d’abord un texte en langue étrangère vers la langue maternelle ; puis, dans un deuxième temps, on fait traduire ce texte produit en langue maternelle, vers la langue étrangère d’origine. La comparaison entre le texte premier et le texte produit par l’élève doit permettre d’apprécier les caractéristiques de la langue des bons écrivains d’une part, de faciliter la pensée dans la langue étrangère de l’autre.

15 L’importance de l’oral dans l’apprentissage de la langue étrangère se retrouve, trois- quarts de siècle plus tard, érigée en méthode didactique, sous l’influence de Vietor et de Gouin pour qui « la langue, c’est la sonorité ». Pour Niemeyer l’approche de la langue par l’oral est à compléter par un travail sur l’écrit et par la pratique de la traduction qui, tous deux, conduisent l’élève à penser dans la langue étrangère ; Gouin formalise cette approche dans sa méthode directe : « Avant tout, il est bien entendu que l’œil et la main ne prennent possession du thème, qu’après que l’oreille l’a entièrement conquis par elle-même et transmis à l’esprit. En effet, changez les rôles, et commencez par l’écriture ou même par la lecture, comme cela se pratique partout ; et la leçon cesse d’être féconde. L’élève ne pense plus, il traduit ; il ne s’assimile plus, il se repose sur le mot écrit »17.

16 L’approche des langues étrangères par les proverbes comme dans l’ouvrage de Valette (1887) déjà cité, facilite la réflexion sur la langue maternelle puisqu’il est souvent impossible de rendre un proverbe dans une autre langue sinon en en indiquant le sens.

On touche ici à la composante culturelle de la langue, qui ne sera prise explicitement en considération que très tardivement.

Didactique scolaire vs didactique universitaire

17 En 1854 est fondée une revue professionnelle18 qui s’adresse aux enseignants de langues modernes, français, anglais et allemand (dans l’ordre). Elle a pour but d’informer les praticiens, des publications dans le domaine, à savoir le matériel didactique recensé par langue. Si elle mentionne la production littéraire dans les différentes langues, elle porte surtout intérêt à la connaissance de la langue dans sa contemporanéité, débattant de l’évolution de la pratique linguistique et de la multiplication des néologismes en particulier. Les points de vue se multiplient sur la meilleure façon d’apprendre les langues modernes dont l’enseignement s’est imposé dans le cadre scolaire dans la 2e moitié du XIXe siècle.

Un même maître peut-il faire apprendre plusieurs langues ?

18 Le maître est indispensable pour enseigner la bonne prononciation. Mais, à en croire Peel (1861), si le maître a une « bonne méthode » et si l’on a « l’oreille juste », une fois que l’on a appris une langue (l’allemand), on peut sans difficulté en apprendre une autre (l’italien). Enfin, par la suite l’anglais pourrait être appris tout seul, pour ce qui est en tout cas de la lecture et de la traduction. C’est ce que l’on peut lire dans un

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dialogue du guide de conversations modernes en anglais, français et hollandais publié à Utrecht (Nolet & fils) en 1861 par E. Peel, lecteur d’anglais au gymnase municipal et au

‘Polytechnic Institution’ d’Utrecht.

Voulez-vous m’enseigner l’anglais ?

Oui, si vous voulez vous donner la peine de l’apprendre, […]

Votre maître enseigne-t-il bien ?

Je le pense, parce que la plupart de ses élèves apprennent bien vite, J’ai commencé à apprendre l’allemand,

Il faut faire grande attention pour en apprendre la prononciation, Mon maître a une très-bonne méthode pour l’enseigner.

C’est bien difficile à apprendre,

Pour bien l’apprendre il faut avoir l’oreille très-juste,

Oui, et avec cela de la flexibilité dans l’organe, ou vous ne l’apprendrez jamais bien, Qui est-ce qui vous a enseigné l’Italien ?

Ne pourrait-on pas apprendre l’anglais tout seul ? On pourrait apprendre à lire et à traduire,

Il faut que la prononciation soit enseignée par un maître, En combien de temps peut-on l’apprendre ?

Cela dépend des dispositions et de la persévérance à apprendre.

Une même méthode peut-elle être utilisée pour l’apprentissage de différentes langues ?

19 Il peut y avoir utilisation d’une méthode élaborée pour l’apprentissage d’une langue et transposée pour l’apprentissage d’une autre langue, s’adressant à un public de même langue maternelle. Ainsi, la méthode de Marin, rééditée tout au long des XVIIIe et XIXe siècle19 et utilisée par tous les maîtres qui en assurent les rééditions, pour enseigner le français aux Pays-Bas, va connaître, au début du XIXe siècle, une transposition pour l’apprentissage de l’allemand20, plus d’un siècle après la publication de la méthode originale. Un même public peut donc apprendre différentes langues selon la même méthode. Dans la 2emoitié du XIXe siècle, se répand pour ce même public néerlandais, une méthode plurilingue, s’appliquant à neuf langues. Cette méthode, elle aussi adaptée de l’allemand, instaure, dans et par son titre, un acteur devenu rapidement compétent en langue (l’Allemand, l’Anglais, le Français etc… rapide) ; elle n’est pas sans rapport avec la future méthode assimil, proposant une façon d’apprendre rapidement et de façon autonome, sans maître, les différentes langues21. On a ici une façon très instrumentale de considérer la langue, outil pratique de communication.

20 Mais on trouve aussi l’utilisation d’une même méthode pour des publics de langue maternelle différente. Ainsi, et considérant au moins implicitement que Néerlandais et Allemands sont de langue maternelle proche, il y a transposition pour public néerlandais de méthode élaborée pour l’apprentissage des langues par un public allemand. Il en est ainsi des grammaires et méthodes de Meidinger pour apprendre l’allemand, l’italien et le français22 qui seront traduites et adaptées au public néerlandais. Et, ouvrages utiles pour l’enseignement scolaire, en complément des grammaires, nombreux sont les livres d’exercices qui sont ainsi traduits de l’allemand et utilisés comme tels pour les élèves néerlandais23. La question est de savoir s’il y a adaptation culturelle au public de langue maternelle différente, ce qui ne paraît pas être une préoccupation de l’éditeur / auteur. Après cette première vague d’utilisation de matériau d’origine allemande pendant la période française au début du XIXe siècle, les effets de la méthode directe qui s’impose en Allemagne dans la 2e moitié du siècle se

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feront sentir sur les matériaux utilisés pour l’enseignement des langues dans les écoles néerlandaises. Les enseignants néerlandais publient sous leur nom, en mentionnant toutefois la source allemande, les manuels qui incluent conversation, grammaire pratique et vocabulaire / phrases familières24.

21 Aussi bien pour les élèves du primaire que pour ceux du secondaire, les maîtres de langues publient des manuels parallèles pour l’apprentissage des diverses langues, la plupart du temps le manuel de français servant de base25 ; G. Engelberts Gerrits, auteur de nombreux recueils de textes, publie pour l’apprentissage de l’anglais (dès 1825) et de l’allemand (en 1835), des livres de lecture (1e, 2e, 3e) et de vocabulaire sur le même modèle que sa série d’ouvrages pour le français (1824), ouvrages qui connaîtront beaucoup d’éditions. Ces trois langues sont, bien avant d’être entrées dans le programme scolaire obligatoire, l’objet de nombreux recueils, comme ceux de Gerdes (Nieuwe leerwijze pour le français 1850 Amsterdam : van kampen ; l’allemand 1853 ; l’anglais 1855), ou de D. Bomhoff qui adapte les textes français pour Néerlandais à l’apprentissage de l’anglais (4e éd. 1856 Nijmegen : Thieme) et de l’allemand (1852).

Certains ne se contentent pas de livres d’exercices. A. van der Hoeven, instituteur à Vlaardingen et auteur de nombreux ouvrages pour l’apprentissage du français dans les écoles publiés du début des années 1840 à la fin des années 70, ose publier une grammaire allemande rédigée d’après une nouvelle méthode à l’usage des instituts de notre pays, Rotterdam 1841. Et Bougier quant à lui se propose de faire apprendre les principes de trois langues, à partir des mêmes phrases en français, néerlandais et anglais26.

22 L’apprentissage des langues dans le cadre de l’école passe par la traduction, occupation essentielle. Les matériaux pour la traduction font donc l’objet du travail des maîtres, auteurs et adaptateurs. Les textes proposés dans les ouvrages sont à utiliser pour des exercices de traduction de et vers différentes langues, le français et l’anglais, mais aussi vers la langue maternelle, le hollandais27. Ailleurs, la langue de référence peut être l’allemand, à partir de laquelle l’élève néerlandais doit pouvoir traduire facilement dans sa langue maternelle. Sur la base de cette première traduction, il apprendra les autres langues par traduction successive des textes dans les différentes langues, guidé par les explications lexicales en quatre langues qui accompagnent les textes allemands, renvoyant à la mythologie et aux fables, que Hakbijl (cf. note 10), avec ses 25 ans d’expérience de l’enseignement dans ces quatre langues, a choisis pour composer son recueil.

23 Si la didactique scolaire est centrée sur la lecture et la traduction, et sur une approche comparable des trois langues modernes étrangères enseignées, l’université propose une approche historique et comparative des langues et leur inscription dans un rapport avec les langues anciennes. Elle situe l’étude des langues dans une tradition de philologie classique, science de référence. La didactique universitaire reflète une approche scientifique et politique. C’est en effet le politique qui introduit les chaires de langues modernes à l’université (Engelberts 1994 et 1995), par la loi sur l’université de 1876 « dans au moins une université d’état ». Finalement, trois chaires de langues modernes sont créées en l’espace de 5 ans à l’université de Groningen. La première est une chaire d’allemand dont le titulaire nommé en 1881 est B. Sijmons28, déjà accepté en 1877 par le ministre de l’intérieur comme privat-docent pour enseigner les langues et littératures allemandes et anglaises. Sa leçon inaugurale porte sur le fondateur de la grammaire historique, Jacob Grimm. La chaire de français est inaugurée en 1884 par A.G. van Hamel dont la leçon inaugurale s’intitule: ‘La chaire de français dans une

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université néerlandaise’. Enfin, la chaire d’anglais créé en 1886, soit dix ans après la loi universitaire, est occupée par J. Beckering Vinckers dont la lecon inaugurale porte sur le besoin et l’utilité d’une formation scientifique pour les praticiens de langue et littérature anglaises aux Pays-Bas. L’université d’Utrecht suivra pour une chaire d’allemand, tandis que le français, lui, attendra 1953 pour avoir une chaire dans cette université.

24 On constate au cours des premières décennies de l’enseignement des langues modernes à l’université une évolution vers une disciplinarisation. Ce n’est en effet que peu à peu que l’on considère l’enseignement d’une langue moderne étrangère comme une science autonome. On a d’abord cherché à créer une chaire commune pour l’allemand et l’anglais, puis pour l’anglais et le français avant de choisir, faute de candidats, des chaires propres à une langue. La première chaire de langue moderne, « chaire à double emploi », porte non seulement sur la langue et littérature allemande mais aussi sur les langues germaniques anciennes, sur la linguistique comparée et le sanscrit ; l’étude de la langue étrangère est donc considérée comme pouvant renforcer la connaissance de la langue maternelle. L’enseignement de l’allemand s’adresse surtout aux Néerlandicistes qui ont dans leur programme universitaire les langues germaniques anciennes, la linguistique comparée indo-germanique et le sanscrit. L’enseignement du français s’inscrit dans une approche historique et comparative de la philologie romane.

Cette didactique des langues et des cultures s’appuie sur une conception hiérarchique des disciplines ; l’ancrage des langues modernes dans leurs origines anciennes, l’importance de la grammaire historique ou linguistique diachronique dans le regard porté sur les langues modernes passent avant l’enseignement de la littérature et à plus forte raison de la langue parlée.

25 L’évolution porte aussi sur les objectifs de l’enseignement des langues et sur la didactique qui les sert. Si au début du XXe siècle, on reste bien dans la tradition de la méthode historique comme base pour l’approche de l’enseignement des langues, de nouveaux éléments interviennent qui donnent leur place aux sciences nouvelles. C’est le cas pour la littérature, la phonétique et la linguistique auxquelles les professeurs de français et d’allemand tentent de donner une place dans l’enseignement. C’est le cas pour la langue parlée qui va devenir l’objet d’étude de la langue contemporaine à laquelle s’intéressent les enseignants du secondaire plus particulièrement. Van Hamel, titulaire de la chaire de français à Groningue pendant presque 25 ans, va œuvrer pour diffuser la littérature française aux Pays-Bas, vanter partout la langue parlée avec

‘clarté’ et ‘élégance’, un travail dont l’impact sociologique est souligné par Sijmons car il fait connaître à un plus grand nombre ‘l’âme française’ et les trésors de la littérature (Sijmons 1914 : 428). Salverda de Grave successeur de van Hamel à la chaire qui prend alors le nom de philologie romane en 1907, reprend la tradition de ses maîtres ; mais il entend appliquer la méthode historique tant à l’étude de la langue littéraire qu’à celle de la langue populaire, objet de la linguistique, et la méthode comparative aux autres langues néo latines.

26 Les professeurs ont réussi à faire reconnaître le besoin d’un enseignement universitaire de langue et littérature modernes, qui se situe à un niveau inférieur dans la hiérarchie disciplinaire puisqu’on le confie à des lecteurs à Groningue dès 1901 pour l’allemand et 1903 pour le français29. A Utrecht, les professeurs titulaires de la chaire d’allemand vont œuvrer pour donner une place à l’enseignement de l’oral et à l’étude de la langue contemporaine, avec pour objet de former des enseignants du secondaire compétents

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en langue sinon en didactique. Gallée30 puis Frantzen31 mettront l’accent sur l’étude pratique de la langue, sur le fait qu’il s’agisse d’une langue vivante. Ce dernier, ardent défenseur de la méthode Gouin dans les années 1880, traduit en néerlandais l’exposé d’une nouvelle méthode linguistique : l’art d’enseigner et d’étudier les langues 1880 / 1894-5, tout en étant titulaire d’une chaire de Linguistique d’allemand ancien, de langue et littérature allemandes. Frantzen propose pour l’étude des langues indo-germaniques (français, anglais et allemand) de mettre au centre l’individu parlant les langues vivantes et d’y subordonner l’étude historico-comparative à laquelle il reproche de n’avoir pris en considération que « les langues mortes et seulement écrites ou reconstruites qui nous sont parvenues, […] au lieu de s’intéresser à la langue parlée,

‘viva vox’ » (Frantzen 1923, cité par Vonk 1993 : 124). Il critique l’approche mécaniste du langage : « Such a rigid mechanics can not alone and eveywhere rule the agile human expression of life ; there must be among other things some freedom of the mind to create new linguistic matte rand forms » (Frantzen 1923, cité par Vonk 1993 : 125).

27 Il faudra attendre le statut académique de 1921 pour que les langues modernes obtiennent le statut de disciplines académiques, car jusque là il n’y avait pas de formation universitaire diplômante en langues modernes. Les enseignants du secondaire pour la formation desquels la loi de 1876 avait pensé les chaires universitaires de langues modernes, continuaient en effet, à être qualifiés par des examens d’état, les « akte » et non par des formations à l’université. Le besoin d’une formation en langues modernes, pour répondre aux besoins du plus grand nombre (si l’on peut parler ainsi de la bourgeoisie) et pour donner l’éducation moderne ouverte sur l’extérieur dont ont besoin les élites du monde du commerce et de l’industrie, a conduit les pouvoirs à institutionnaliser cette formation. Cette institutionnalisation de l’enseignement des langues couramment utilisées dans le monde en développement économique du XIXe siècle, va se faire finalement aux dépens du français. Celui-ci qui, au début du XIXe siècle semble être la langue de référence pour apprendre les autres langues étrangères ne l’est certainement plus à la fin du siècle. Les trois langues scolaires, anglais, allemand, français doivent être traitées au même niveau par le politique qui soutient les intérêts d’une bourgeoisie libérale ; celle-ci, part essentielle de la société néerlandaise de l’époque, ouverte au monde extérieur, a créé les structures de formation qui lui sont nécessaires avec les HBS mais aussi les chaires de langues modernes à l’université. Or, la formation en didactique échappe pourtant à l’institution universitaire, malgré les objectifs et les motivations déclarées32. La didactique scolaire du plurilinguisme, orientée sur la « pratique » dans l’enseignement secondaire s’est développée sur le modèle du français pour les trois langues devenues disciplines scolaires. En revanche, l’approche « scientifique » universitaire des langues modernes privilégie la philologie et la comparaison dans la diachronie, la connaissance des langues anciennes servant de modèle de référence. Ainsi voit-on cohabiter un plurilinguisme utilitaire et un plurilinguisme savant dont les objectifs commandent à la didactique.

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NOTES

1. C’est nous qui soulignons.

2. Le certificat d’aptitude à l’enseignement primaire, instauré un demi-siècle plus tard par la loi de 1857 comprend une épreuve de langue étrangère.

3. Les dialogues du Berlaimont sont utiles au voyageur et au négociant car ils mettent en scène les réalités au quotidien On y trouve les informations dont le marchand peut avoir besoin, y compris les monnaies internationales par exemple, et des modèles de lettres utiles pour les pratiques de ces voyageurs marchands, si nombreux aux Pays-Bas.

4. La bibliographie de Duez a été étudiée par P. Loonen. 1993. « Nathanael Duez as an example of a distinguished language master in the seventeenth century » in J. Noordegraaf & F. Vonk (eds), 1993: 57-66.

5. P. Loonen (1993 : 59) mentionne 7 ouvrages de Duez, dont Le vray guidon de la langue française 1639 et Le guidon de la langue italienne 1641, publiés à Leiden où se trouvent des étudiants étrangers, Anglais et Allemands en particulier, susceptibles de suivre un enseignement de langues, comme aussi les élèves de Parival.

6. C’est ce que mentionne la page de titre de la 2e édition de Antigrammaire (1672/73, 2e édition 1681), cité par K.J. Riemens, Esquisse historique de l’enseignement du français en Hollande du XVIe au XIXe siècle. Leyde : Sijthoff 1919, 227.

7. Piélat adresse son Antigrammaire (1672/3) « aux Messieurs & Dames d’Amsterdam & des autres Villes d’Hollande qui désirent d’apprendre la Langue Françoise. Pour sçavoir en bref, ce que c’est de ce Livre, lisés le Sommaire des Parties qu’il contient. Au reste il sera fort propre à aprendre aussi la Langue Flamende », Amsterdam Jean Jeansson de Waesberge, l’An 1672.

8. Calisch a adapté des publications allemandes pour le néerlandais : E. Coursier & et I.M. Calisch.

1853. Handboek der meest gebruikte Fransche en Hollandsche gesprekken en spreekijzen in de zamenleving of volledig onderricht om in beide talen de meest gepaste en juiste uitdrukkingen te bezigen, Amsterdam : Binger ; 2e dr. 1880, Amsterdam : Otto.

9. Ainsi trouve-t-on dans les bibliothèques néerlandaises des exemplaires de I.M. Calisch, 1876, Proverbes et locutions familières en quatre langues. Français, anglais, allemand, hollandais, La Haye;

I.M. Calisch, Bellenger et al. 1875. Nouveau guide de conversations modernes ou dialogues usuels et familiers … en quatre langues hollandais, allemand, anglais et français. Berlin ; Bellenger et al. 1863.

Nouveau guide de conversations modernes ou dialogues usuels et familiers … en six langues français, espagnol, anglais, allemand, hollandais, danois. Berlin ; nouvelle édition 1883. Selon les pays, les langues concernées varient ; ainsi l’édition parisienne concerne les langues romanes : Bellenger et al. 1846. Nouveau guide de conversations modernes ou dialogues usuels et familiers en quatre langues français, italien, espagnol, portugais, Paris. Cette édition se trouvant à la bibliothèque royale de La Haye, on peut supposer son utilisation dans le pays. Calisch (1808-1884) est aussi l’auteur de dictionnaires plurilingues (Nieuw woordenboek der Nederduitsche, Fransche, Hoogduitsche en Engelsche talen, 1854-1855 2e édition ‘s-Gravenhage : Fuhri ; 3e édition 1878-1882, Leiden : Sijthoff).

10. Cf. les fables de Perrin (1803) pour la traduction vers l’anglais et le hollandais ; celles de Hakbijl (1834) pour la traduction du hollandais vers le français, l’anglais ou l’allemand.

11. L’idée que l’on peut apprendre une langue par l’idiome et le proverbe marque la didactique du plurilinguisme, si l’on considère l’ouvrage de T.G.G. Valette (1887) qui propose, pour la préparation à l’acte de qualification pour enseigner le français, l’allemand ou l’anglais, des listes de proverbes et d’expressions proverbiales en quatre langues - Verzameling van Spreekwoorden en

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spreekwoordelijke uitdrukkingen in vier talen [Nederlandsch, Fransch, Hoogduitsch, Engelsch], Haarlem : Bohn. L’ouvrage est fait de telle façon que l’on peut considérer chaque langue indépendamment.

12. Grondbeginselen van de opvoeding en het onderwjs voor ouders en onderwijzers door NIEMEYER 1799-1808 5 volumes, Haarlem ; 1828.Amsterdam : Schalekamp en van de Grampel ; 1830 Amsterdam ; 1845 Purmerend : J. Schuitemaker ; et 1857 Schiedam : Roelands. Les traductions s’accompagnent de commentaires du traducteur s’adressant au lecteur néerlandais.

13. L’allemand est proche du néerlandais et donc, souligne le traducteur néerlandais, « pour nous » la langue la plus importante ; cela est vrai non seulement par ce que c’est la langue des congénères avec lesquels nous avons beaucoup de contacts, mais surtout à cause des nombreux et excellents ouvrages que la langue allemande offre en lettres, histoire, sciences physiques et philosophiques. La pratique de l’allemand, indispensable à tous scientifique, est fortement conseillée aux hommes de lettres et êtres cultivés.

14. Le français est presque devenu la langue commune du monde civilisé, ce qui est peut-être dû au hasard autant que le latin était devenu la langue des lettrés. La langue française est une nécessité pour beaucoup, même pour ceux qui la méprisent et ne peuvent s’y soustraire.

15. L’anglais est parent de l’allemand et du néerlandais, non seulement comme langue mais aussi par l’esprit et la littérature ; aussi a-t-il eu une part sans doute plus importante que le français, dans la construction de « notre culture » (néerlandaise).

16. L’italien a développé la poésie et la prose plus tôt que les autres. Ses chefs d’œuvre littéraires dépassent les productions contemporaines en allemand, anglais ou français. Traditionnellement elle est le plus apparentée à l’art musical.

17. Cité par BAARDMAN, G.G. 1953. ‘Geschiedenis van het onderwijs in vreemde talen tot het einde van de XIXe eeuw’, Levende Talen 1953, 172 : 545.

18. Hedendaagsche en Hoogere Beoefening der Fransche, Engelsche en Hoogduitsche Talen ten dienste van instituteurs, aankomende onderwijzers, en allen die zich aan het onderwijs of de beoefening der moderne talen hebben toegewijd. Tiel : wed. van Wermeskerken, 1854-1857, sera suivi par Nederlandsch tijdschrift voor de practische beoefening van de Fransche, de Engelsche en de Hoogduitsche taal … 1857-1867, puis par un mensuel pour l’étude du français, de l’allemand et de l’anglais qui paraît pendant 103 ans Tijdschrift De Drie Talen voor hen die zich willen oefenen en verder bekwamen in de Fransche, Duitsche en Engelsche taal, publié à Amsterdam, C.L. Brinkman de1885 à 1971 puis à Groningen de 1972 à 1987.

19. La dernière édition présente dans les bibliothèques néerlandaises date de 1873. Méthode familière pour ceux qui commencent à s’exercer dans la langue française 12e dr. Herz. door H.W. Bloem, Amsterdam : Brinkman.

20.Neues Lehrbuch der deutschen sprache in der Form von Pierre Marin ‘s Méthode familière, S.W.L.F.

Ippel, Amsterdam : Schalekamp & van der Grampel 1815.

21. On a ainsi De vlugge Duitscher, Engelschman, Franschman, Fries, Italiaan, Latinist, Maleier, Spanjaard, Zweed, une série d’ouvrages pour autodidactes, publiés à Kampen : Zalsman (sans nom d’auteur) qui promettent de devenir rapidement Allemand [1865, 4e éd. 1888], Anglais [1863, 15e éd. 1910], Français [1862, 6e éd. 1882, 8e éd. 1896], Italien [4e éd. 1897], Espagnol [1870,], Suédois [1874], et même Latin mais aussi plus tard Frison [1902, 1943] et Malais [1902] langue parlée en Indonésie, colonie néerlandaise.

22. La Nouvelle grammaire allemande-pratique, ou méthode facile et amusante pour apprendre l’allemand, par J.V. Meidinger, maitre de langue 1783 (Leipsic, Francfort) est utilisée comme tel dans les écoles néerlandaises où l’on enseignait l’allemand, avant d’être traduite en néerlandais en 1813 : J.V.Meidinger. 1813, 2e uitg. 1818. Nieuwe beoefenende Hoogduitsche spraakkunst … in het Nederduitsch overgebracht, Zutphen : Thieme, ; 17e édition 1884 sous le titre de Hoogduitsche spraakkunst … Sur ce modèle, les grammaires pratiques pour apprendre l’allemand, le français et l’italien seront adaptées au public néerlandais : J.V. Meidinger. 1785. Nouvelle méthode et très facile pour apprendre l’italien ou grammaire françoise et italienne pratique. Francfort. J.V. Meidinger.1802, 2e

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dr. 1806. Fransche spraakkonst … Amsterdam : J. Allart, adaptée de l’allemand ; J.C. Quedenveld.

1809 Volledige syntaxis der Fransche taal … Amsterdam : J. Allart est aussi un ouvrage de grammaire traduit de l’allemand (texte original de 1800).

23. Les livres d’exercices pour apprendre le français proposent des textes à lire et à traduire oralement et par écrit ; J. van Bemmelen. 1807 Oefeningen voor de jeugd om het Fransch te leren schrijven Zutphen : H.C.A. Thieme est une traduction du livre allemand de A.C. Meineke ; C.L.A.

Kastner. 1808 Kunst om in twee maanden de Fransche taal te leeren lezen, verstaan, schrijven en spreken

…Nijmegen : J.C. Vieweg est traduit de l’allemand par M.C. Engelman (texte original 1807) ; C.L.

Berger. 1808 De zelfleerende Fransche taalmeester … Nijmegen : J.C. Vieweg est traduit de l’allemand par M.C. Engelman (texte original 1807) ; il en est de même des livres d’exercices de J.V.

Meidinger (1802, 1803) qui accompagnent les grammaires.

24. A. Peschier. & A.B. Maatjes. 1861. Esprit de la conversation française ou Recueil de gallicismes, avec la traduction hollandaise en regard … d’après A. Peschier, Rotterdam : Wenk [2e éd. 1879 Amsterdam, trad. hollandaise J.M.J. Gram) ; A. Peschier. 1863. Entretiens familiers : gemeenzame gesprekken t.b.v.

scholen en tot eigen oefening in het Fransch. Amsterdam : Gebr. Binger ; K.J. PLoetz / J.M. Reinders.

1871. Nouvelle grammaire française, Leide [2e éd. 1877 Amsterdam] ; K.J. Ploetz / J.M. Reinders, 2e éd. 1880-81. La conversation française Amsterdam : ten Brink & de Vries ; K.J. Ploetz &./ J.M.

Reinders, 9e éd. 1896. Le français comme on le parle : Voyage à Paris, arrangé à l’usage des Néerlandais.

Gorcum : Noorduyn ; K.J. Ploetz. & J.M. Reinders, 1870-71. Manuel de la littérature française des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, Leide : van den Heuvel & van Santen (adapté de l’allemand pour les classes supérieures de l’enseignement secondaire dans les Pays-Bas) 2e éd. Utrecht : van Boekhoeven.

25. Nous signalons ici le travail de G. Breet & R. Ceton qui, en 1882 sous la direction de Theo van Els, à l’université de Nimègue, ont fait un inventaire bibliographique des manuels d’anglais, d’espagnol et de français , parus entre 1796 et 1900, qui se trouvent dans les bibliothèques néerlandaises ; nous remercions Frans Wilhelm pour nous avoir prêté ce mémoire très utile.

26. Bougier, Recueil d’exemples et de phrases (1810 Maastricht : Nypels), utilisé pour l’apprentissage du français aux Pays-Bas sera adapté pour l’enseignement du néerlandais (1815 Dordrecht : Blussé) puis de l’anglais (1824 Dordrecht).

27. Van Bemmelen adapte les conversations anglaises et françaises de J. Perrin (1808 Leyden : Honkoop), et offre des leçons à traduire en anglais et en français (Gemaklyke en leerzaame lessen, geschikt ter vertaaling in ‘t Fransch of Engelsch … 3e éd. 1812. Leyden : Honkoop), mais aussi à traduire en sens inverse, vers le hollandais (leçons faciles et instructives destinées à être traduites en Hollandois ou en Anglois … 4e éd. 1813. Leide : Honkoop).

28. Une biographie de ce premier professeur de langue à l’université néerlandaise est parue en 2007 : I. de Wilde. 2007. Werk maakt het bestaan dragelijk : Barend Sijmons 1853-1935. Groningen : Barkhuis.

29. En 1907 une femme obtiendra ce poste : mademoiselle Loke, diplomée de Toulouse fera sa leçon inaugurale sur Madame de Charrière, Belle van Zuilen.

30. Johan Hendrik Gallée 1882 (+ 1908) est professeur de langue germanique et de linguistiques comparées indo-germaniques et des principes du sanscrit cf. Vonk. F. 1993 « Between School and University The study of German in Utrecht, 1876-1921 », in J.Noordegraaf & F. Vonk (eds.), 1993 : 129.

31. En 1908 Johann Josef Alois Arnold Frantzen (1853-1923) succède à Gallée. De mère française et de père allemand, il vit aux Pays-Bas depuis qu’il a 13 ans, soutient son doctorat, en 1893, à Strasbourg (qui appartient au Reich), sur une traduction allemande du Gargantua de Rabelais (ibidem).

32. Une situation qui se retrouve dans les Pays-Bas d’aujourd’hui : les enseignants du secondaire sont formés dans des instituts non universitaires ; seule une petite partie d’entre eux

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(qualification de 1e rang) suit un programme de master de langue moderne avec une année de formation pédagogique sur le terrain.

RÉSUMÉS

L’éducation au plurilinguisme est une réalité ancienne dans les Pays-Bas. Nombreux sont les manuels que des maîtres de langues, plurilingues, ont édités. Au XIXe siècle, la didactique scolaire est orientée sur la pratique, les langues modernes étant considérées comme nécessaires pour la formation des enfants de la bourgeoisie marchande. Le cadre de référence offert par la langue maternelle détermine la représentation que l’on se fait des autres langues. Le français fait encore souvent fonction de langue maternelle, en tant que pont de passage vers les autres langues. La didactique universitaire en revanche fait de l’étude des langues modernes une démarche historique et comparative sur la base des langues anciennes, l’approche de la langue contemporaine et vivante commençant dans le 2e quart du XXe siècle.

In the 19e century’s Netherlands there are many schoolbooks in 3, 4, 6, 9 foreign languages for the education of scholars. From 1863 are three modern languages compulsory at the secondary school. The education in the multilingualism has been the practice of many language teachers in the Netherlands, with often the French language as reference. The school didactics is directed on the practice, the university’s one, ‘scientifically’, is an historical & comparative approach based on the study of the classical languages.

INDEX

Keywords : multilingualism, Netherlands, XVIth century, XVIIth century, XVIIIth century, XIXth century, language teacher, representations

Mots-clés : plurilinguisme, Pays-Bas, comparatisme, XVIe siècle, XVIIe siècle, XVIIIe siècle, XIXe siècle, maîtres de langues, représentations

AUTEUR

MARIE-CHRISTINE KOK ESCALLE Universiteit Utrecht

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