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Quelques aspects du développement du langage chez l'enfant de 5 à 8 ans : résumé de l'exposé
BRONCKART, Jean-Paul
Abstract
Informations sur le développement du langage chez l'enfant
BRONCKART, Jean-Paul. Quelques aspects du développement du langage chez l'enfant de 5 à 8 ans : résumé de l'exposé. In: Séminaire des Diablerets. Conférence de l'enseignement primaire, 1973 . 1973.
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:109121
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SEMINAIRE t
DES
DIABLERETS
coNrÉnENcE DE
L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE 1973
QUELQUES ASPECTS
DU
DEVELOPPEMENT DULANGAGE
CHEZL'ENFANT DE 5 A 8
ANSRESUME
DE
L'EXPOSEDE
MONSIEUR JEAN.PAUL BRONCKART CHARGE D'ENSEIGNEMENTA
L'EPSEPréliminaires
:
la syntaxe et la sémantiqueLes premières recherches en psycholinguistique
ont
essentiellement été consacrées àl'étude de la syntaxe, c'est-â-dire de I'ensemble des relations existant entre les divers éléments de
la
phrase, ainsi que des "catégories grammaticales".La syntaxe est généralement décrite ou formalisée au moyen de règles, qu'elles soient descriptives ou génératives,
qui
s'organisent en structures. La sémantique est méthodologiquement dissociée de la syntaxe par le linguiste ou le psychologue, mais elle intervient toujours dans le langage, et ceci, à deux niveaux :-
les caractéristiques sémantiques intrinsèques des mots utilisés:
animé, humain,transitif,
etc...-
I'interprétation globaled'un
énoncé,qui
se fonde â la fois sur le sens des mots et sur la signification des structures syntaxiques.L'acquisition des structures syntaxiques
La technique généralement utilisée est celle de la "compréhension de phrases";
I'expérimentateur énonce une phrase que I'enfant
doit
traduire en action. Les hypothèses de départ peuvent être formulées comme suit :Avant de comprendre une structure syntaxique comme l'adulte, I'enfant utilise une suite de stratégies de décodage. Quels sont ces stratégies, quel est leur degré de systématicité, etc... ?
Citons quelques exemples extraits de recherches sur la phrase passive et sur les structures d'ordre.
Si
l'on
propose à l'enfant d'agir diverses phrases passives, on observe toujours l'évolution suivante :-
Avant4
ans (environ), les enfants n'effectuent paS d'actions transitives en réponse â des phrases dutype "Le
garçon pousse lafille".
-
Les premières réponses transitives révèlent I'application d'une stratégie univer- selle: NVN
est décodé SVO, c'est-â-dire quetoute
suite Nom-Verbe-Nom est interprétée comme une suite Sujet-Verbe-Objet(l); ainsi, pour une phrase comme"Le
camion est poussé par lavoiture",
les enfants effectuent une action dans laquelle le camion pousse la voiture.-
Entre 5et 6
ans, les phrases passives sont comprises; d'abord les phrases "non- renversables", ensuite les phrases "renversables", l'âge précis de la réussite dépen- dant du degré de "renversabilité" du verbe proposé.L'acquisition de la structure passive constitue donc
un
exemple assez clair de I'application d'une stratégie syntaxique avec laquelle interfère le caractère séman- tique de "renversabilité".(l) Il
s'agit évidemment du sujet et de I'objet réels, et non grammaticaux.t9
Pour étudier plus spécifiquement la structure d'ordre, on a présenté à
l'enfant
des énoncés dépouillés, consistant enfait
en suites detrois
mots :NVN :
Renversables: "Fille
pousser garçon"ou
"Garçon pousserFille"
non-renversables
: "Boîte
ouvrir garçon" etc...NVN : (R) : "Fille
garçon pousser" etc...(NR) : "Boîte
garçonouvrir"
etc...VNN
Les stratégies suivantes
ont
été observéesavant
4
ans, stratégies primitivesdont
nous ne parlerons pas;de
4
à 5 ans (environ), le Nom le plus proche du Verbe est systématiquement choisi comme sujet de I'action;de 5 à
5
ansl12,
stratégie inverse; le Nom le plus proche du verbe est systéma- tiquement choisi comme sujet de I'action;à
partir
de 5 ansll2,
et entout
cas de6
ans, apparaît une stratégie qu'on retrouve dans toutes les langues étudiées â cejour :
Le premier nom est le sujet, le second I'objet, quelle que soit la position du verbe. Cette stratégie nous donne donc, pourNVN un
décodage SVO, pourNNV
un décodage SOV, pour VNN un décodage VSO.L'importance psychologique et pédagogique de cette dernière stratégie est primor- diale. En
effet,
elle révèle que des phrases comme "C'est le garçon que lafille
pousse"ne peuvent être comprises grammaticalement avant
l1
ans â peu près. La règle syntaxique qu'applique I'enfantlui fait
attribuer le rôle de sujet au premier nom, c'est-à-dire, en I'occurrence, au garçon.Il
en va de même pour les participes présents en début de phrase; "Bousculant l'armée de Pompée, César etc...".En
fait,
dans la majorité des cas, I'expérience pédagogique incite à penser que cesstructures sont comprises plus
tôt,
maisil
s'agit enfait
d'une compréhension indi- recte; I'enfant utilise la sémantique et son expérience (pragmatique), mais dans les situations critiques,il
échouera.L'interprétation sémantique des catégories grammaticales
Il
s'agit là de nouvelles recherches que nous ne pourrons qu'évoquer très brièvement.Spontanément, l'enfant emploie correctement divers pronoms, articles, temps des verbes,
qui
constituent des catégories grammaticales ayant chez les adultes une fonction précise.Il
semble bien que cettefonction
ne soit pas la même chez les enfants. Les temps des verbes, par exemple,ont
chez l'adulte unefonction
de "mise en relation temporelle"qui
est plus ou moins claire. Chez les enfants de moins de6 ans, les temps servent au contraire à préciser certaines caractéristiques de I'action, certains "aspects"
:
achèvement, durée, fréquence, etc...L'attitude
métalinguistique des enfantsQuand I'enfant entre en 2e année enfantine,
il
disposed'un outil
de communicationqu'il
maîtrise relativement bien, sans cependant avoir conscience d'aucun de ses mécanismes.A
l'école, on va progressivementlui
demander de prendre consciencedu
langage et20
d'effectuer
un
certain nombre d'opérations (écriture, lecture)qui
toutes exigent une attitude de réflexion sur la langue, une attitude métalinguistique.Des recherches actuelles montrent que si, dès
6
ans, un début de réflexion est possible, ce n'est que très lentement que le langage, structure de signifiants, se différencie des objets (signifiés)qu'il
représente. La plupart du temps, quand on pose â I'enfant une question concernant unmot,
un nom ou un verbe,il
répond en pen- sant âI'objet
ou à I'action auxquels ces unités linguistiquesfont
référence.Il
faut attendrel2
ans pour que toutes les ambiguïtés soient dissipées.Ces constatations ne sont pas sans signification pédagogique.
Il faut
prendre cons- cience de ce problème et notamment adopter un vocabulairequi
ne serait pas ambigu pour I'enfant.Remarques terminales
De
4
â 6 ans seproduit
chez I'enfant une évolution capitale dupoint
de vue de sesstratégies syntaxiques. Ce n'est que lorsque cette évolution est achevée que l'attitude métalinguistique devient possible.
Ces données me paraissent avoir des implications pédagogiques relativement claires, notamment en ce
qui
concerne l'apprentissage de la lecture.Il faut
remarquer cependant que les différences interindividuelles peuvent être très importantes; un enfant peut être"ptêt"
à 5 ans et demi, un autre à6
ans et demi et parfois même à7
ans.En ce
qui
concerne l'évolution des enfants de plus de6
ans, les données que nous obtenons sont leproduit
à la fois du développement de I'enfant et de sa scolarisa-tion.
L'interprétation que nous pourrions en fairedoit
donc être très 'oprudente".Questions-réponses
Piaget et la psycholinguistique ?
Dans
leur
phase actuelle, nos recherches visent à dégager une série de structures linguistiquesqui
seraient spécifiques et en même temps universelles. C'estun
travail de longue haleine;il
nousfaut
confronter beaucoup de langues, discerner les aspects fondamentaux de nos données, les formaliser et les organiser.Ce n'est, pensons-nous, que lorsque ce travail aura