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Academic year: 2022

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Journée d’étude

organisée par le Labo 3L.AM de l’Université du Maine et le laboratoire CECILLE de l’université de Lille3

« Une guerre fratricide ? Juifs allemands et français dans la Grande Guerre » 14 novembre 2014 à l’université Lille 3

Co-organisateurs : Martine Benoît (Université de Lille III) et Dorothea Bohnekamp (Université du Maine)

A l’occasion du centenaire de la « Grande Guerre » en 2014, cette journée d’étude souhaiterait s’inscrire dans un travail de mémoire mené à vaste échelle sur les représentations (croisées) de la Première Guerre mondiale en Europe. Elle a pour objectif de réunir des chercheurs français et étrangers travaillant sur des problématiques liées à l’histoire judéo- européenne au XXe siècle dans une perspective transdisciplinaire, idéalement comparatiste, autour de la question des représentations intellectuelles et matérielles de la Grande Guerre dans les communautés juives en Allemagne et en France. Cette journée d’étude souhaiterait en outre prolonger une précédente rencontre pluridisciplinaire à l’université du Maine en 2013 autour du thème des « Identités juives dans l’espace germanique », en associant plusieurs laboratoires de recherche (Labo 3LAM de l’Université du Maine, CECILLE de l’université Lille3) autour d’un projet de recherche commun, centré sur l’histoire judéo-allemande aux XIXe-XXe siècles.

Au son du tocsin signalant l’entrée en guerre, les Juifs allemands et français partageaient à la fois les espoirs et les appréhensions secrètes de leurs compatriotes. Leur engagement devait traduire leur profond patriotisme ainsi que leur sens du devoir et du sacrifice. La foi en l’union sacrée, proclamée des deux côtés du Rhin, exprimait aussi le désir d’appartenance à leur communauté nationale, et l’idée de verser son sang pour la patrie revenait à donner les gages d’une pleine adhésion à la Nation. Pourtant, des réserves face à la guerre, liées notamment à une vision et une tradition éthique spécifiquement juives, percèrent ici et là. Des voix isolées exprimèrent avec une extrême prudence le problème de l’apologie juive de la guerre. L’articulation problématique du religieux et du politique devint d’autant plus douloureuse que cette guerre impliquait la confrontation entre coreligionnaires, qu’unissait parfois, au-delà de l’appartenance religieuse, l’intime conviction d’appartenir à un même peuple. Sur le front comme à l’arrière, le judaïsme devint alors un des modes

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d’engagement combattant d’autant plus fervent qu’il semblait impliqué dans plusieurs batailles. En particulier les Juifs allemands combattaient en même temps sur le front de l’intégration et de la pleine reconnaissance civique, et l’issue de cette bataille semblait tout aussi incertaine que le combattant juif était progressivement confronté aux sarcasmes antisémites de ses supérieurs ou de l’arrière. Entre le front et la garde de plus en plus difficile des arrières, les combattants juifs et leurs familles se livrèrent alors plusieurs batailles : celles qui rythmaient la Grande Guerre – sur la Somme, la Marne et à Verdun - mais par-dessus tout celle qui leur tenait particulièrement à cœur, le combat pour leur pleine intégration à la Nation. Si le judaïsme allemand et français a voulu joindre sa voix aux canons martiaux, c’était à la fois parce qu’animé par le même respect de l’engagement patriotique, mais aussi pour des raisons plus profondes. Ces raisons tiennent à leur place minoritaire spécifique dans l’histoire judéo-européenne : la conquête de leurs droits civiques devait aussi garantir la sauvegarde de leur identité juive de plus en plus contestée dans une Europe en proie au nationalisme et à la folie meurtrière.

Or, à la différence de leurs coreligionnaires français, partis au front défendre l’idéal républicain et parachever l’intégration juive, les Juifs allemands, profondément attachés à héritage du libéralisme politique, devaient accomplir un exercice de funambule politique pour soutenir des mobiles de guerre foncièrement impérialistes: d’ailleurs, la trêve formulée par le Kaiser s’avéra rapidement une formule creuse, dénuée de traductions politiques conséquentes.

En revanche, l’union sacrée, proclamée côté français, incarna plus largement un consensus politique fondamental quant à la dimension défensive de la guerre et l’adhésion à l’héritage républicain, dont les valeurs universelles et émancipatrices formaient le fondement de l’idée nationale en France. La symbolique du rassemblement, telle qu’elle fut représentée en France à travers le geste du grand rabbin Abraham Bloch - qui, à en croire la légende, aurait tendu un crucifix à un blessé alors qu’il était mortellement atteint par un obus - était absente dans la conduite de la guerre en Allemagne, accélérant ainsi l’évolution dissymétrique de l’histoire juive des deux côtés du Rhin. Malgré une mobilisation juive très importante, touchant, semblable au cas français, environ un Juif sur cinq, le désenchantement n’en fut pas moins grand à Verdun et dans la Somme, où le dégoût de la guerre fut amplifié par le dilemme fratricide, particulièrement sensible en Alsace, où nombre de familles juives avaient des membres de chaque côté de la frontière.

Vous pouvez soumettre vos propositions avant le 30 juin 2014 à Martine Benoît (martine.benoit@mesh.fr) ou à Dorothea Bohnekamp (DBohnekamp@aol.com).

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