A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION B
M. B ABILLOT
Comportement asymptotique du mouvement brownien sur une variété homogène à courbure négative ou nulle
Annales de l’I. H. P., section B, tome 27, n
o1 (1991), p. 61-90
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Comportement asymptotique du mouvement brownien
sur une
variété homogène à courbure négative
ou
nulle
M. BABILLOT
Université Paris-VII, U.F.R. de Mathématiques,
tour n° 45-55, 5e étage, 2, place Jussieu, 75251 Paris Cedex 05, France
Vol. 27 , n° 1 , 1991, p. 61-90. Probabilités et Statistiques
RÉSUMÉ. - Une variété
homogène simplement
connexe à courbure sectionnellenégative
ou nullepeut
s’identifier à un groupe de Lie résolubleproduit
semi-direct entre un groupe abélien Aisomorphe
à[Rd
et ungroupe
nilpotent
N. Si la variété n’admet pas de facteur euclidien dans sadécomposition
de DeRham,
nous étudions ladisposition géométrique
despoids
de lareprésentation adjointe
de A surN,
et nous montrons enparticulier
que, comme dans un espacesymétrique,
la somme de cespoids
se trouve à l’intérieur d’une chambre de
Weyl.
Le
comportement asymptotique
du mouvement brownien se déduit alors de ce résultat par desarguments classiques
et donne uneparamétrisation
des
points
de sortie à l’infini par les seuls éléments de N.Mots clés : Mouvement brownien, variétés homogènes, groupes résolubles.
ABSTRACT. - An
homogeneous
riemannian manifold M with nonposi-
tive sectional curvature is a solvable Lie group which is the
skew-product
of an abelian group A
isomorphic
to[Rd
and anilpotent
Lie group N.Under the
assumption
of no euclidian factor in the De Rhamdecomposi-
tion of
M,
westudy
thegeometrical configuration
of theweights
of theadjoint représentation
of A onN,
from which we deduce that the sum ofClassification A.M.S. : 60 B 15, 53 C 30.
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Probabilités et Statistiques - 0246-0203 Vol. ?7,~91 /O l /b 1 ~‘30/$ Gauthier-Villars
the
weights belongs
to the interior of someWeyl chamber,
like in thesymmetric
case.This
result,
with classicalarguments, gives
theasymptotic behaviour
ofBrownian Motion on
M,
and the fact that the exitboundary
can beidentified with N.
Key words : Brownian Motion, homogeneous manifolds, solvable groups.
INTRODUCTION
L’étude d’un mouvement brownien sur une variété riemannienne
simple-
ment connexe à courbure sectionnelle
négative
ou nulle a faitl’objet
denombreuses
approches :
sa transience en dimensionsupérieure
à 3 a étémontrée en
[ 1 ],
et des estimations detemps
de sortie de boules en courburepincée, reposant
sur des théorèmes decomparaison
engéométrie
rieman-nienne
([7], [18])
permettent d’estimer la vitesse de fuite à l’infini du mouvement brownien(en
toute dimension dans cecadre) :
la distance àun
point
donné du processus à l’instant t estasymptotiquement égale
àCi t avec
Toujours
en courburepincée,
on peutégalement
montrerla convergence de la composante
angulaire
du mouvement brownien([19], [21 ]). Récemment, [16],
ces mêmes résultats ont été obtenus en autorisantun peu de courbure
nulle,
mais avec deshypothèses
degéométrie
bornéeet de
divergence exponentielle
desgéodésiques.
A notreconnaissance,
hormis le cas des espaces riemannienssymétriques
detype
noncompact [17],
lecomportement asymptotique
du mouvement brownien n’a pasencore été étudié
si,
parexemple,
il existe des sous espacesplats
dansla variété. C’est en se
restreignant
aux variétéshomogènes simplement
connexes que nous avons pu illustrer
ici,
par des méthodes de théorie des groupes, leprincipe heuristique
suivant : «lestrajectoires
du Brownien prennent les directions de courbure maximale(en
valeurabsolue) ».
Avant de décrire
plus précisément
les résultats que nousobtenons,
il convient derappeler
la structure des variétés riemanniennessimplement
connexes,
homogènes,
à courbure sectionnellenégative
ou nulle tellequ’elle
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Probabilités et Statistiques
a été décrite dans
[3].
Une telle variété M peuttoujours
être vue commeespace
homogène
de son groupe d’isométriesG,
soit M =G/K
où le groupeK,
stabilisateur d’unpoint
de Mfixé,
estcompact
maximal par le théorème de Cartan.Lorsque
M est un espace riemanniensymétrique
non compact,son groupe d’isométries G est un groupe de Lie
semi-simple,
et unedécomposition
d’Iwasawa G = NAK de Gpermet
d’identifierisométrique-
ment
M=G/K
au groupe résoluble S = NA.Rappelons
que A est ungroupe
abélien, isomorphe
àRd
sil’espace symétrique
est de rangd,
et Nest un groupe
nilpotent simplement
connexe,distingué
dansS,
surlequel
l’action de A par
automorphismes
intérieurs estsemi-simple.
Lespoids
decette
représentation
sont les racinespositives
del’algèbre
de Lie deG,
et de leur
disposition géométrique
extrêmementrigide,
nous retiendronsuniquement
le faitqu’elles
se situent dans undemi-espace
ouvert. Ceci setraduit par l’existence d’un élément contractant de A sur
N,
à savoir un élément a tel queak na-k
converge vers l’identitélorsque k
tend versl’infini,
pour tout n de N.Il est
remarquable
que, defait,
toute variété riemanniennesimplement
connexe,
homogène,
à courbure sectionnellenégative
ou nullepossède
unestructure similaire : il existe un groupe résoluble S
agissant simplement
transitivement sur M et ce groupe se
décompose
commeprécédemment
en
produit
semi-direct S = A. L’action de A sur N n’estplus
nécessaire-ment
semi-simple (bien qu’elle
n’en soit pas trèséloignée,
comme on leverra),
et biensûr,
l’absence d’un groupe de rotations rend lagéométrie
des racines
beaucoup plus
libre.Cependant,
si la variété n’admet pas de facteur euclidien dans sa décom-position
de DeRham,
ces racines se situent encore dans undemi-espace
ouvert de
l’algèbre
de Lie deA,
et enconséquence,
il existe encore unélément contractant. Hormis une liste de conditions structurelles détaillées dans
[3],
ces variétés sont encore mal connues, et l’on ne sait pas(sauf
enrang
supérieur
ouégal
à 2 et moyennant l’existence d’unquotient
devolume fini
([3],
’voir aussi[5]
dans un cadre nonhomogène)
dansquelle
mesure elles se réduisent aux seuls espaces
symétriques.
Soit maintenant un Brownien sur un tel groupe résoluble S = NA. Nous montrons,
généralisant
ainsi l’étude de Malliavin[17]
sur les espaces riemannienssymétriques (cf
aussi[22]),
que sa composante sur A est un brownien surR~
avec drift constant m nonnul,
et tend donc à l’infini dans une direction bienprécise,
tandis que sa composantenilpotente
converge presque sûrement. Le Brownien est donc transient avec vitesse de fuite
exponentielle,
et ses directions de fuite à l’infini sontparamétrées
Vol. 27. n° l-1991.
par les seuls éléments de N. Ces directions
apparaissent
donc bienorthogo-
nales aux directions contenues dans
A,
de courbure nulle. Dupoint
devue
géométrique,
c’est lecomportement
en coordonnéeshorosphériques
que l’on décrit ainsi.
Ce résultat repose sur
l’étude,
dansl’algèbre
de Lie deA,
du drift m. Iln’est pas difficile de voir dans un
premier temps
que - m est la sommedes
racines,
et parconséquent
est non nul. Dans un secondtemps,
onverra que le
produit
scalaire de m avec toute racine est strictementnégatif,
ce
qui signifie
que mcorrespond
dans A à un élément contractant. C’est cettepropriété
fondamentale de mqui
assure la convergence de la compo- santenilpotente
du Brownien.Signalons
que le rôle des éléments contrac- tants a été mis en lumière parFurstenberg
lors de l’étude des marches aléatoires sur les groupes de Liesemi-simples ([11], [12]),
etdéveloppé
par Guivarc’h etRaugi [14]
en vue de théorèmes de convergenceanalogues
àceux que nous obtenons ici.
La preuve que nous avons de ces résultats est donc assez
technique
etrepose entièrement sur la structure de
l’algèbre
de Lie deS,
muni duproduit
scalaire hérité de lamétrique
riemannienne de S. Nousregrettons
de ne pas connaître de preuveplus géométrique
de cesrésultats,
cequi permettrait
de sortir du cadre des variétéshomogènes évoqué
ici.Cepen- dant,
cetexemple permet peut-être
deconjecturer
que lecomportement
d’un mouvement brownien en courburenégative
ou nulle(si
l’on écarteles facteurs
euclidiens)
est similaire à soncomportement
en courbure strictementnégative.
Je tiens à remercier P.
Bougerol
pour avoir maintes fois surépondre
aux
questions
queje
lui aiposées.
1. STRUCTURE D’UNE
ALGÈBRE
DE LIERÉSOLUBLE À
COURBURENÉGATIVE :
UN
THÉORÈME
SUR LA DISPOSITION DES RACINESCette
première partie
est purementalgébrique :
reprenant les résultats de[3],
nous décrivons la structure del’algèbre
de Lie 5 d’un groupe résoluble portant unemétrique
riemannienne à courbure sectionnellenéga-
tive ou nulle. Nous
rappelons
d’une part ladécomposition
de 5 en sommeorthogonale
de sonalgèbre
dérivée n =[~, ~]
et d’unealgèbre
de Lie abé-lienne a, et d’autre part la
décomposition
de n en sous-espaces radicielsAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Probabilités et Statistiques
induite par l’action de a sur n par la
représentation adjointe.
Les formeslinéaires - non nulles - sur a
qui trigonalisent
cette action sontappelées
les racines de 5.
Le théorème que nous
énonçons
alorsporte
sur ladisposition géométri-
que de ces
racines,
et a pour corollaireimportant
le fait que la sommedes racines p forme un
angle aigu
avec toute racine. On verra dans la deuxièmepartie,
à caractèreprobabiliste,
que pcorrespond
dans a àl’opposé
du drift de lacomposante
abélienne du brownien sur le groupeS = NA,
et que cettepropriété géométrique
de p fait du drift un élémentcontractant. C’est de ce résultat que découle essentiellement le
comporte-
ment
asymptotique
du Brownien.La preuve de ce théorème se déroule en
plusieurs étapes.
Elle nécessitetout d’abord une
description
de l’action de a sur n, et enparticulier
lamanière dont elle diffère d’une action
semi-simple.
Ceci a été fait dans[3],
conduisant à la notion
d’opérateur quasi-normal.
Un calcul de courbure conduit ensuite à lapositivité
d’une certaineexpression algébrique qui,
bien
utilisée,
donne une minoration duproduit
scalaire entre deux racinesa et
P
en termes de normes de vecteursappartenant
aux sous-espaces radiciels associés àp, P
+ a a. C’est en sommant cetype d’inégalités
que l’on obtient la
positivité
duproduit
scalaire entre a et la somme desracines
appartenant
à la a-chaîne deP.
Nous détaillerons le cas d’une action de a
uniquement semi-simple,
carla preuve se
simplifie
notablement dans cecadre,
avant d’aborder le casgénéral.
1.1.
Décomposition
d’unealgèbre
de Lierésoluble à courbure
négative
Notations. - Si S est un groupe de Lie résoluble
simplement
connexemuni d’une
métrique
riemannienne invariante àgauche,
nous notons 5son
algèbre
deLie, et ( ] )
leproduit
scalairecorrespondant
sur 5 =Te
S.La norme d’un vecteur
tangent
Z seranotée Z .
.L’algèbre
de Lie 5 muni de ceproduit
scalaire sera dite à courburenégative
si la courbure sectionnelle de lamétrique
riemannienne correspon- dante sur S estpartout négative
ou nulle.Tout
opérateur
A sur 5 admet unadjoint
relativement à( ~,
noté~A,
et peut se
décomposer
en la somme d’unopérateur symétrique appelé partie
réelle de A : re(A) =1 /2 (A
+tA),
et d’unopérateur antisymétrique- appelé partie imaginaire
de A :i (Aj
=1/2 (A -
Vol. 27. n° 1-1991.
Lorsqu’un opérateur
estnormal,
sapartie
réelle et sapartie imaginaire
commutent, de sorte que
l’opérateur
re(A)
i(A)
estantisymétrique.
Géné-ralisant cette
notion,
on diraqu’un opérateur
estquasi
normal si pour tout Z de5, ~2 + 2~ re {A) Z ~ i (A) Z ~ >_ o.
L’étude d’unopérateur quasi
normal est rendue difficile par le fait que sonadjoint
ne l’est pas nécessairement. Enparticulier,
unopérateur quasi
normal n’est engénéral
pas
semi-simple.
Les
opérateurs
que nous étudierons sur 5 sont les dérivations internes : ad X(Y) = [~, Y],
si X et Y sont deux vecteurs de 5. Elles envoient 5 dansson
algèbre
de Lie dérivée n =[5, 5], nilpotente
dès que 5 est résoluble. Les vecteurs de n seront usuellement dénotésX, Y,...
tandis que les vecteurs dusupplémentaire orthogonal
a de n dans 5 serontdésignés
par les lettresH,
ou K. Pour un tel vecteurH,
onabrègera
l’écriturere (ad H)
en h etcelle de
i (ad H)
eni (H). L’hypothèse
de courburenégative implique
enparticulier
que pour tout H de a, la dérivation ad H est unopérateur quasi normal,
et c’est ce faitqui
différencie l’étude des variétéshomogènes
àcourbure
négative
ou nulle de celle des espaces riemannienssymétriques,
pour
lesquels
l’action de a estsemi-simple.
1 . 1 . 1. Le
premier
résultatmajeur
de[3]
montre que lesupplémentaire orthogonal
a de n est en fait unealgèbre
de Lie abélienne. On retrouve ainsi ladécomposition
en coordonnées d’Iwasawa d’un espace riemanniensymétrique :
1.1.2. De manière
classique,
l’action d’unealgèbre
de Lie abéliennesur le
complexifié
d’un espace n induit unedécomposition
de celui-cien sous-espaces de
poids :
où,
si À est une forme linéairecomplexe
sur a,nf désigne
le sous-espace des vecteurs den~
annulés par unepuissance
de ad H - À(H)
pour tout H de a.1 . 1 . 3. Deux tels sous espaces ne sont pas nécessairement
orthogonaux (pour
leproduit
scalaire étendu àn~),
mais laquasi
normalité desopéra-
teurs ad H permet de les classifier
grâce
à la relationd’équivalence
suivante : deux
poids
et03BB’= ’+i03BD’
sont ditséquivalents
siKer
= Ker’
ce Ker v - v’. Les sous-espacesnf
etn03BB’
sont alorsorthogo-
naux dès que X et A’ ne sont pas
équivalents,
et enparticulier
dès que leursparties
réelles ne sont pas colinéaires.de l’Institut Henri Poincaré - Probabilités et Statistiques
1.1.4. On
appellera
ici racine toute forme linéaire non nulle sur aintervenant comme
partie
réelle d’unpoids ~,,
et on notera leur ensemble A. A une telle racine acorrespond
le sous-espace radiciel na de n :On obtient ainsi la
décomposition
de n suivante :où le sous-espace no
correspondant
auxpoids imaginaires
purs estorthogo-
nal à n~ pour tout a, et tta et
Ttp
sontorthogonaux
si a etP
ne sont pas colinéaires.La dimension de n~ sera
appelée multiplicité
de la racine a et dénotéenC(.
1.1. 5.
Lorsque
la variété riemannienne S n’admet pas de facteur eucli- dien dans sadécomposition
de DeRham,
le facteur no est réduit au seul vecteur nul[3],
et les racines se situent toutes dans un demi espace ouvert du dual de a : il existe un vecteur H vérifiantoc (H) 0
pour tout a de A.Ceci
implique
enparticulier
que si oc et ça sont deuxracines,
alors le réelc est strictement
positif.
On fera cettehypothèse
dans toute la suite de cepapier.
1.1. 6. Notons enfin que l’identité de Jacobi
implique [u~,
c etpar
conséquent,
siX~
est un vecteur de n~, la dérivationad Xa
envoierta
dans tandis que sonadjoint
envoiert~
dans le sous-espace ~+~>o
1.2. La
disposition géométrique
des racinesDans le cadre d’un groupe de Lie
semi-simple,
les racinesengendrées
pardeux racines
quelconques
a etP
sontdisposées
suivant uneconfiguration géométrique
extrêmementrigide,
àsavoir,
dans le cadreirréductible,
lesdiagrammes A2, B~
etG2.
Enparticulier,
si l’on considère la a-chaîne deP,
c’est-à-dire l’ensemble des racinesqui
s’écrivent pour un entier n, on vérifie que leproduit
scalaire de a avec la somme des racines appartenant à la a-chaîne dep
estpositif
ounul,
et nul dans le cas d’une chaînecomplète
nonracine).
Par
ailleurs,
les sous-espaces na sont engénéral (algèbres
de Lie com-plexes)
de dimension 1 et estengendré
par(ad XC()k Xp
siX~
etXp
VoL 27, n° 1-1991.
engendrent respectivement
n~ etnJ3’ Ainsi,
leplus grand
entier n(a, P) vérifiant 03B2+n03B1
est racine ne l’estplus peut
aussi être défini comme leplus grand
entier vérifiant et.
Dans le cadre de variétés résolubles
homogènes,
les sous espaces rta ne sontplus
nécessairement unidimensionnels etpeut
être strictement inclus dans ou même réduità ~ 0 ~ .
Ceci nous conduit à redéfinirpour tout
couple
de racines aet P
non colinéaires l’entier k(a, P)
de lamanière suivante : si
X~
etX~
sont deux vecteurs non nuls de na etn~
respectivement,
onappelle k (X~,
leplus grand
entier k vérifiantet l’on pose :
Cet entier mesure ainsi le
degré
minimal de commutativité entre nC{ etn(3’
Deplus,
sin (a, P) désigne
maintenant l’entier n pourlequel
si et
~i + (n +
il est facile de voir que l’on a :Signalons
que l’existence d’un vecteur de ttaqui
commute avec unvecteur de
n~ (k (a, [i)
=0) implique
lapositivité
duproduit scalaire (
aI [3 )
([3],
p.339).
Le théorème que nousénonçons
maintenantgénéralise
cettepropriété
à toute valeur de k(a, ~3).
THÉORÈME 1 . - Soit a
et 03B2
deux racines non colinéaires d’unealgèbre
deLie résoluble à courbure
négative
ou nulle sansfacteur
euclidien. Soit k(a, ~)
le nombre
qui
vient de leur être associé. Alors :COROLLAIRE 1. - Soit p la demi-somme des racines
comptées
avec leurmultiplicité.
Alors :( ri p ~
> 0 pour toute racine a.Preuve du corollaire. - Soit donc a une racine fixée de s. L’ensem- ble A des racines
peut
êtrepartitionné
en a-chaînes connexes, soitA=Ao ~ 03941
~ ... UON
oùDo désigne
l’ensemble des racines colinéaires à a, etLli,
i=1 ... N,
les classesd’équivalence
de la relation ~ :Annales de l’Institut Henri Poincaré - Probabilités et Statistiques
Rappelons que ny désigne
la dimension dePuisque
ou
il nous suffit de montrer
que 03B1 I y )
estpositif
pour tout i.y E Ai
Soit donc un indice i fixé et
~~ _ ~ P, ~3
+ a, ...,P
+ Ka ~
pour une racinep.
On se donne une base~o
={ X°, j =1...
denf3’ adaptée
audrapeau
constitué par les noyaux des itérés de
n~, et l’on construit par récurrence sur k une base
~k = ~ X J, j =1... n ~ + k « ~
de «,adaptée
audrapeau
associé à encomplétant
lapartie
libread X03B1 (Rk-1) privée
éventuellement de ses vecteurs nuls.Nous notons maintenant 1 l’ensemble des
couples
d’indices(k, j)
telsque
X~
n’est pasl’image
d’un vecteur de~k _ 1
par uad Xcx.
k (Xa, XY~
Mais
chaque
terme de cette somme est dutype 03B1 | 03A3 Y +p a ?,
claire-p=o
ment
positif si ( a y)
estpositif.
Si l’on suppose maintenant que( a ~ y )
est
négatif,
lapositivité
de ce terme découle alors du théorème 1 et de la remarque suivante : la fonction de Kest croissante à
partir
de l’instant K = k(a, y)
où elle estpositive.
Ceci termine la preuve du corollaire.
Nous allons maintenant aborder la preuve du théorème 1.
Vol. 27, n° 1-1991.
1.3. L’action de
l’algèbre
abélienne asur les sous-espaces radiciels n~.
1 . 3 . 1.
Décomposition
des dérivations adH,
H E s.Bien que tta soit stable par ad
H,
il ne l’est pas par sonadjoint tad H, qui lui,
conserve le sousespace L
Cette raison a conduit Azencott etc> 0
Wilson à considérer p
représentants
Cl1,... , ocp
des racines(toute
racineest colinéaire à un
a,),
et à introduire le sous-espace :Sur n~, ad H se
décompose
de la manière suivante :où E est un
opérateur
fixe presquenormal,
laissant stablechaque nj
ainsique son
adjoint,
et dont lapartie
réelle e restreinte ànj
est inversible surnj ([3], p. 344), et j (H)
unopérateur antisymétrique,
commutant avec E ete
(p. 342).
On obtient ainsi :1. 3. 2. Les
propriétés
de adH(a)
Dérivation : bien que adH soit unedérivation,
sonadjoint
n’en estpas nécessairement une, non
plus
que sapartie
réelle h.Cependant,
dans[3],
on trouve les relations suivantes :si a
et p
sont deux racines non colinéaires avec a = = a = cock et siXx
etx~
sont deux vecteurs de r~~ etnJ3 respectivement.
(b) Quasi-normalité:
onsait,
et on le reverra lors des calculs decourbure,
quel’opérateur
adH n’est engénéral
pasnormal,
mais seulementquasi-normal.
Il estcependant possible
dedécomposer chaque
sous-espacenj
en somme directeorthogonale
de deux sous-espacesnJ
etrc~
stablespar
adH,
tadH et h pour tout H de 5 et tels que([3],
p.344) : (i) [n°, uJ=={0}
pour toute racineJ3
non colinéaire àa,~;
(ii)
la restriction de adH ànJ
est unopérateur normal,
pour tout H.Ainsi,
le défaut de normalité de adHn’apparaît
que sur des espacesqui
commutent avec une
grande partie
de n. Par contre, sur les espacesAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Probabilités et Statistiques
on retrouve le caractère
semi-simple
de l’action de s sur n des espaces riemannienssymétriques,
etplus précisément,
unediagonalisation
com-mune des adH et ~adH pour tous les H de 5
permet
d’écrire :1. 3 . 3. Un lemme
Les deux sous-espaces
n°
= Q+tt°
etn ~
_ ~+n J
ne sont engénéral
pasdes
algèbres
de Lie.Cependant
le lemmequi
suit met en évidence unepropriété
de n1.LEMME. - Soient X et Y deux vecteurs de
n~
et ttkrespectivement,
oùccJ
et a~ sont deux racines non colinéaires. Alors :
Preuve du lemme. - Par
linéarité,
onpeut
supposer queappartient
à nrx etappartient
àUn.
Ondécompose tadX03B1 Xn
suivant0) "
c>0
Soit,
pourchaque
valeur de c, unreprésentant eljc
de Observonsque les racines ne
peuvent
être colinéaires deux àdeux,
et parconséquent,
lesC’1ù
sont tous distincts. Deplus,
oc n’est colinéaire avecaucun des
a~~.
Fixons maintenant une valeur de c, et donnons nous un vecteurquelconque
X den° .
Ce vecteur X commute donc avecX~
et parconséquent :
Par
ailleurs,
Ainsi, X~
étantorthogonal
ànJc’ appartient
à cequi
termine la preuve du lemme.1.4 Calculs de courbure
1. 4 .1. ~ Connexion : la connexion de Levi-Cevitta V sur le groupe de Lie S muni d’une
métrique
riemannienne invariante àgauche
induit surpour tout X de s un
opérateur antisymétrique,
dénotéVx,
Vol. 27, n° 1-1991.
déterminé par :
Observons que
lorsque X appartient
à n et H est un vecteur dea = n.l, l’expression précédente
sesimplifie
en :1 . 4 . 2. Courbure : si est le tenseur de courbure associé à
V, l’hypothèse
de courbure sectionnellenégative
ounulle se traduit par :
Cette
hypothèse
sera utilisée ici de la manière suivante :pour tout X de n, tout Y de n et tout H de a.
Un calcul utilisant
systématiquement
les relations de 1 . 3 . 2 donne :Dans la somme de ces trois
expressions, qui
est doncpositive,
onpeut
mettre en évidence trois
types
de termes :- un terme
principal, symétrique
en X et en Y :- un terme
complémentaire:
- un terme résiduel :
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Probabilités et Statistiques
1. 5. Preuve du théorème dans le cas
d’une action de a
uniquement semi-simple
Nous nous
plaçons
ici dans un cadresemi-simple :
nous supposons que pour toutj, n?
est réduità ~ 0 ~ (cf.
1. 3 . 2(b)).
1.5.1. Nous allons tout d’abord montrer que la
positivité
deK(X+H,Y)
pour toutX, Y,
Himplique
lapositivité
du termesymétrique
S
(Xa, Xp),
siX~
etXp
sont deux vecteurs de ne( etnp respectivement.
On sait donc que pour tout H de a, la dérivation adH est un
opérateur
normal.
Alors,
les sous-espaces ne( sontorthogonaux
et h = a(H)
Id sur ne([1. 3 . 2 (b)j.
Enparticulier,
h est une dérivation de n. Parailleurs,
h eti (H)
commutent, de sorte quel’opérateur i (H) h
estantisymétrique. Ainsi,
le terme résiduel B
(X, Y, H)
est nul pour toutX,
Y et H.Étudions
maintenant le termecomplémentaire A (X, Y, H), lorsque X = X(X’
et H est un vecteurquelconque vérifiant ~3 (H)
= o.On obtient :
où l’on a
posé
Si l’on
prend
maintenantappartenant
àon voit aisément que
puisque
est nul.Ainsi,
ceterme se réduit
à L {Z) ~ 2,
etpeut
être rendu aussipetit
que voulu enfaisant tendre Z vers
0,
c’est-à-dire a(H)
vers l’infini.Il ne reste donc
plus
dansl’expression
K(X
+H, Y)
que le termeprinci- pal
S(X~, Y) qui lorsque
Z tend vers 0 tend vers S(X~, Xp).
Nous obtenons ainsi :Vol. 27, n° i-1991.
1.5.2.
Interprétation
de cetteinégalité
en terme deproduit
scalaire.Remarquons
que cetteinégalité implique
enparticulier :
Or,
del’orthogonalité
des ncx, il résulte quetadX03B1 Xa
est un vecteur dea, et
puisque ( tadXa X« I H > = X03B1|[X03B1, H] > = -
oc(H) | X03B1 I2
pour tout Hde a, on peut écrire
tadX03B1 Xx = - H03B1,
siHa
est le vecteur de a dualde a pour le
produit scalaire ( ).
Nous obtenons ainsi :
Utilisons cette
inégalité
avec à laplace
deP,
et(adX(l)k
à la
place
deX~.
Nous avons ainsi pour tout
Mais,
del’inégalité :
il
résulte,
enposant Ck = l’inégalité
pour toutk >__
1 :Il ne reste
plus qu’à
sommer cesinégalités pour k
allant de 0 à K = k(~~, ~~)
enremarquant
que par définition c~ +est nul,
pour obtenir :et ceci termine la preuve du théorème dans le cas
semi-simple,
cark (a, ~3)
= k pour au moins uncouple
1.6. Preuve du théorème dans le cas
général
1 . 6 . 1. Réduction du
problème
(a)
On se donne une racine a et lereprésentant
de~c : a = aoc~,
a > o.Il nous faut tout d’abord remarquer que l’existence d’un vecteur de nj
qui
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Probabilités et Statistiques
commute avec tout espace radiciel donne immédiatement la
positivité P) (et
donc cellede (a [i ~)
pour touteracine p ([3], p. 339).
Le théorème est alors clair dans ce cas et nous pouvons donc supposer à l’inverse quen) == { 0 }.
(b)
Dans ce cas, nous avons[cf
1 . 1 . 5(b)]
quel’opérateur
E intervenant dans ladécomposition
deadH,
H E a, est unopérateur
normal sur Enparticulier,
les sous espaces den J
sontorthogonaux
et rta devient un espace stable simultanément sous E et ~E surlequel
Deplus,
unediagonalisation
de E sur lecomplexifié
de nCipermet
de décom- poser na en sous espacesorthogonaux rtâ
surlesquels i (E) = bJ
pour un réel b où J est la matricecanonique
dertâ représentant
lamultiplication
par i
(J2
= -Id).
(c)
Soitmaintenant )3
une autre racine dereprésentant
ai(P == ~ CXi b
>0),
non colinéaire à (X, et
Xp
un vecteurquelconque
de Nous allons montrer que laplus petite
valeur de(cf 1 . 2) lorsque X~
décritn~ est obtenue par des vecteurs
X~ qui appartiennent
en fait aux sousespaces
n~.
Parconséquent,
ledegré
minimal de commutativité k(oc, ~3)
entre na et
nJ3
est atteint pour uncouple (Xa,
vérifianti (E) Xa
= bJXa
pour un réel b. La preuve de ce fait
impliquera également l’égalité
Soit donc un vecteur
X~
de n~ etX~ = ~b Xb
sadécomposition
sur E8n~.
Si l’on note k l’entier k et
X~
le vecteur(ad
nous avons :Par
ailleurs,
de la relation de commutation 1. 3 . 2(a),
ildécoule,
ennotant c le coefficient de
proportionalité
et sonreprésentant :
On obtient donc
[i (E) Xk]
= 0 et par récurrence immédiate sur n:Mais
J2 == - Id,
d’où :ce
qui implique
la nullité de et celle de pour toutXb intervenant
dans ladécomposition
deXa.
En faisant
opérer
E de la mêmefaçon
sur on obtientde
proche
enproche
la nullité de ainsi que celle de27. n° 1-I~91.
et par
conséquent :
Nous allons maintenant
reprendre
l’étude de ce terme de courburelorsque :
(i) X~
est un vecteur de na pourlequel
i(E) X~
= bJXC!,
(ii)
Y est la somme d’un vecteur Xappartenant
à ni pour une racine al fixée(X = l X~, X~
E et d’un vecteur Z à déterminer tendant vers0,
c
(iii)
H est un vecteur de a choisi de telle sorte queoc~ {H) = 0
et a(H)
tend vers l’infini.
Rappelons
les relations h = ak{H) e
sur u~ et e = cId surn~ (~ ni
oùy =
Reprenons l’expression
de K(Xa,
Y +H)
obtenue en 1 . 4 . 2.(a)
Termeprincipal. -
Ce terme S(Xa, Y)
tend vers S(Xa, X) puisque
Y tend vers X.
(b)
Termecomplémentaire. -
Comme dans le cassemi-simple,
écrivonsle sous la où l’on a
posé
4
soit encore :
Pour rechercher la valeur de Z
qui
annule2/zZ+L(X),
on observe toutSabord que L
(X)
==~ XJ
+X, - X~
r
(cf
1 . 1 .6 et lemme1 .3. 3).
Notons que tous les espaces radiciels intervenant dans cette
décomposi-
tion sont
orthogonaux,
soit par non colinéarité des racines correspon-dantes,
soit à cause despropriétés
desn~ .
Première composante de Z. - Notons
bc
le coefficient deproportionalité
entre a + et son
représentant cckr.
On a :b~ (H) = (a
+cal) (H)
= a(H)
et par
conséquent,
lapremière
composanteZl
de Z pourlaquelle
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Probabilités et Statistiques
2 h
Zi = - X]
s’obtient enposant :
Deuxième composante de Z. - Une
décomposition
detadX03B1
X :tadX03B1
X= 03A3 Xc,
c’suivant £
montre quec, c’
’
c, c’
et par
conséquent,
la deuxièmecomposante Z2
de Z pourlaquelle
est :
Troisième composante. - De
même,
posonsla valeur de
Z3
pourlaquelle
2 hZ3
=tadXX03B1
est obtenue par :En conclusion de cette
étude,
le vecteur fait du termecomplémentaire
L un termequi
tend vers 0 dès que l’on fait tendre Z vers0,
c’est-à-dire a(H)
vers l’infini.(c)
Terme résiduel. - Ce terme,qui
s’annulait dans le cassemi-simple,
nécessite maintenant une étude détaillée.
Commençons
tout d’abord parl’expression :
Observons tout d’abord que le
premier
terme s’annule parorthogonalité
de ni
tandis que lequatrième
c, c’ c c,c’ ‘
tend vers 0
lorsque
a(H)
tend versl’infini,
car il estquadratique
en Z etlinéaire en H.
vol. 27, n° 1-1991.
Le troisième terme se réduit quant à lui à -
2 ~
X( [Xx,
hZ]
+[h X~, Z] ) puisque h
est nul sur ni, soit encoreMaintenant,
la seulecomposante
de Z donnant lieu à un vecteurnon
orthogonal
àtadX03B1 X
estZ2
dontl’image
par 2/2 est-
tadX03B1
X = - 2 a(H) Z2.
Il en résulte la nullité de ce terme.Enfin,
le deuxième terme s’écrit2 (
Zfi X] - [A X~] ~ puisque
h Xest
nul,
soità (
2 fiZ X] ) - (
2 a(H)
ZX] ). Mais,
la seule compo-sante de Z non
orthogonale
à[XCl’ X]
est et parconséquent,
il reste :Dans le terme
résiduel,
intervientégalement l’expression 2 ~ h Y ~
Puisque
h Y = h Z par nullité deh X,
ce terme devient2 ~ h Z 1 (H) Y ),
età cause de
l’orthogonalité
entre ni etZ,
vaut2 ~ h Z ~
soit encore :Mais
Z2
etZ3 appartiennent
àni
surlequel
h eti (H)
commutent.L’opérateur hi (H)
est alorsantisymétrique,
et il reste donc2 ( 1 i (H) Zi ),
soit :Mais
e-1 ~~] appartient
ànk~
surlequel
h =(H)
e eti
(H)
=03B1kc (H)
z(E)
+ J(H)
oùl’opérateur antisymétrique
J(H)
commuteavec e
( 1 . 3 . 1 ).
Comme par
ailleurs,
ona hc (H)
= a(H),
cetteexpression
devient :et,
puisque i (E) e- ~ = Id - t Ee-1,
vaut encore :Enfin,
des relationsAnnales de l’Institut HenrÍ Probabilités et Statistiques