A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION B
C. D ELLACHERIE
D. T AÏBI
S. M ARTINEZ
J. S AN M ARTIN
Noyaux potentiels associés à une filtration
Annales de l’I. H. P., section B, tome 34, n
o6 (1998), p. 707-725
<http://www.numdam.org/item?id=AIHPB_1998__34_6_707_0>
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Noyaux potentiels associés à
unefiltration
C. DELLACHERIE et D.
TAÏBI
Université de Rouen, mathématiques Upresa 60- 85, Site Colbert, 76821 Mont-Saint-Aignan Cedex
dellache @ univ-rouen.fr taibi @ univ-rouen.fr
S. MARTINEZ et J. SAN MARTIN 1
Departamento de Ingenieria Matemàtica Facultad de Ciencias Fisicas y Matemâticas Universidad de Chile Casilla 170-3 Correo 3 Santiago-Chile
smartine@dim.uchile.cl jsanmart@dim.uchile.cl
Vol. 34, n° 6, 1998, p. 707-725 Probabilités et Statistiques
ABSTRACT. - We
study
from thepoint
of view ofpotential theory
some
operators
V which are"integrals
ofmartingales"
andnoteworthy
theformula
(I
+ = I - N where N is a submarkovian kernel. Wegive
an
explicit expression
of N when the filtration is finite andget
thegeneral
case with an usual
approximation procedure.
Some links are made with the matrixtheory (ultrametric
andStieltjes matrices)
and thegraph theory (flows
andcapacities)
when the space is finite. ©Elsevier,
ParisRÉSUMÉ. - On
étudie,
dupoint
de vue de la théorie dupotentiel,
desopérateurs
V dutype "intégrales
demartingale",
et notamment la formule(I
+V)-l
= I - N où N est un noyau sous-markovien. On donne uneexpression explicite
de N dans le cas d’une filtrationfinie,
et on traite lecas
général
par unprocédé d’approximation
usuel. On fait le lien avec la théorie des matrices(matrices ultramétriques
et deStieltjes)
et la théorie desgraphes (flots
etcapacités) quand l’espace
est fini. (c)Elsevier,
Paris1 C.D., S.M. et J.S.M. remercient le programme ECOS-Conicyt et FONDECYT pour
l’appui
donné à ce travail de recherche.
Annales de l’Institut Henri Poincar-é - Probabilités et Statistiques - 0246-0203
Vol. 34/98/06/@ Elsevier, Paris
Étant
donné un espaceprobabilisé (SZ, .~’,
muni d’une filtration F = vérifiant les conditionshabituelles,
onappellera opérateur
touteapplication
linéaire continue deL2
dans1L2
et noyau toutopérateur
croissant.On note I l’identité et
J~ l’opérateur
demultiplication
par la v. a. bornée u.On dira
qu’un
noyau V est unnoyau potentiel f à
laMarkovJ
sil’opérateur
I + V est
inversible,
d’inverse de la forme I - N où N est un noyau[sousmarkovien,
i.e. vérifiant Nl1]
- ainsi V ferme une résolvante sousmarkovienne ssipV
est un noyaupotentiel
à la Markov pour tout p > 0. Il est clair quel’adjoint
d’un noyaupotentiel
est un noyaupotentiel,
mais la
propriété
d’être à la Markov ne passegénéralement
pas àl’adjoint.
L’énoncé
suivant, qui
illustre notreterminologie,
sera souvent utilisé par lasuite ;
il seraprécisé
au 4 .1 Lemme. Soient u et v deux v. a.
bornées, ~
une sous-tribu de .~’et E
l’opérateur d’espérance
conditionnelle parrapport
à ~. Si la v.a.~-mesurable
qui vérifie (I
+ = u sur(a finie~,
estbornée,
alorsl’opérateur
I +
JuEJ03C5
estinversible,
d’inverseEn
particulier,
si u et v sontpositives, l’opérateur JuEJ03C5
est un noyaupotentiel, lequel
est à la Markov etauto-adjoint
si deplus
u et v sont~-mesurables.
Démonstration. - Soit à résoudre en y
l’équation y
+ x.Multiplions
par v les deuxmembres, puis
prenons-en lesespérances
conditionnelles : on obtient =
E(vx),
d’où aisément la conclusion.Mokobodzki et Bouleau
[2]
ont montré que, si ~ _(At)
est un processus croissant bornédéterministe,
alors le noyau défini paroù t ~
ft- (resp t
~f t )
est la version continue àgauche (resp
àdroite)
dela
martingale t ~ ~ ~
est un noyaupotentiel
à la Markovauto-adjoint ;
la démonstration de Bouleau s’étend au cas où A est
prévisible si A(XJ
estp.s. constant,
auquel
cas c =1+~~
vérifie(I
+V )c
= 1 . D’autre part, deuxdes démontré Michon dans
[6]
si 0fini,
1 latribu des
parties
de 03A9 et P la loiuniforme,
toute matrice termespositifs, symétrique
etultramétrique,
i.e. vérifiant pour touti, j,
l~ E S~est la matrice d’un noyau
potentiel
à la Markovauto-adjoint,
en exhibantune suite finie de
partitions
emboîtées de 03A9’’’adaptée’’
àV ;
uneétape
cruciale de la démonstration est l’existence d’un vecteur z =
(Zi)
> 0 telque
(I
+V~)z
= 1.Unifiant
[2]
et[6],
nous montrons ici que tout noyau de la formeoù A est un processus croissant
prévisible borné,
ou de la formeest un processus croissant
adapté borné,
est un noyaupotentiel
auto-adjoint
à la Markov et que toute matriceultramétrique
est de cette formepour une certaine filtration. De
plus,
on verraqu’un
noyau de la formeoù A est un processus croissant borné
supposé
seulementadapté
est encoreun noyau
potentiel
à la Markov(généralement
nonauto-adjoint)
si lessauts de A ne sont pas trop
"imprévisiblement" grands ;
ce sera le cas desnoyaux du
type f ~ f T _
où T est un t.d’a.quelconque (rappelons qu’on
a pour
tout ~ E ~ 2
si et seulement si T estprévisible).
On
peut
montrerqu’une
solutionf
> 0 del’équation f
+V f
= 1permet
de construire unchangement
deprobabilité
ramenant l’étude de V au casoù est constant.
Cependant,
tel que nousprocédons ici,
il n’est pasplus
difficile de résoudre enf l’équation f
+Vf
= g pour tout g E et de montrerqu’on
af g
pour g > 0 etf
> 0 pour g =1,
cequi
revientexactement à dire que I + V est
inversible,
d’inverse I - N tel que N soit croissant et sousmarkovien.Enfin,
résoudre enf l’ équation f
+V f
= g revient à trouver, pour lamartingale (gt) donnée,
unemartingale ( f t )
tellequ’on
ait pour tout tVol. 6-1998.
où A’ est
égal
à Aaugmenté
d’un saut unité àl’infini,
et donc notreproblème
est une variation sur le thème de la
décomposition
deDoob-Meyer,
maisqui
nepeut
être résolu par le calcul différentielstochastique classique.
Nous
procéderons
en deuxtemps.
Nous commencerons par supposer que la filtration estfinie,
cequi
nouspermettra
d’établir unedécomposition multiplicative explicite
desopérateurs
I + V avec V de la forme(0), (P)
ou(S) permettant
de les inverserfacilement,
d’où desdécompositions explicites multiplicative
de(I
+Y) -1
et additive de N = I -(I
+~) -1.
Puis, après
un retour sur les matricesultramétriques précédé
degénéralités
sur les
rapports
entre filtrations etultramétriques,
nous étendrons une bonnepart
des résultats obtenus(hormis
lesdécompositions explicites)
au casd’une filtration
quelconque
par passage à la limite du discret au continu.Il est
cependant possible
d’aborder directement le cas continu comme le montre Hu[5]
en utilisant un calcul différentielstochastique rétrograde.
I. Cas d’une filtration finie
Soit
(S~, .~’, I~)
un espaceprobabilisé
muni d’une filtration finie F =~.~’o,...,.~’q ~ ;
on convient pour fixer les idées quela
est la tribu trivialetandis que
0q
estégale
à 1. On noteEk l’opérateur d’espérance
conditionnelle
(E [ ~
l’identitéEq
étant aussi notéeI ;
on a évidemmentJvEk == EkJ03C5
ssi la v.a. bornée v estFk-mesurable.
Nous allons étudier les
opérateurs
H-ayant
une écriture dutype
où p est un
entier,
les ai, zi des variables aléatoires bornées et i ~--~ki
uneapplication
croissante de~0, ..., p~
dans~0, ..., q~,
etplus particulièrement
ceux où z est
injective, les zi égaux
à 1 et les ai > 0 etadaptés
auxou aux
(on
retrouve alors(0)
et(6)
dans notre cadrediscret ; (P)
est ici un casparticulier
de(0) qui
n’a pas lieu d’êtredistingué).
Onappellera ko
un index deH,
le "un"rappelant
que cette notiondépend
del’écriture de
H ;
il n’existe pas engénéral
d’écriture(j) "canonique".
Nous ferons tacitement
grand
usage dupetit
lemme suivant.2 Lemme. Si K est un
opérateur
de type(ij)
et k un entier minorant unindex de
K,
on a, en notant K*l’adjoint
deK,
pour toute v.a. bornée u. En
particulier,
on aDémonstration. - La
première égalité
résulte aisément deségalités
vraies pour toute v.a.
bornée v,
tout x EL2
et toutk, f q
avec kl,
etla seconde de la
première
par passage àl’adjoint.
Il résulte du lemme 2 que l’ensemble
A
desopérateurs
detype ( ~ )
estl’algèbre (non commutative) engendrée
par lesopérateurs
demultiplication
et les
opérateurs
de conditionnement extraits de la filtration.L’algèbre A,
clairement stable par passage à
l’adjoint,
contient tous lesopérateurs
derang fini
(prendre
dans( ~ )
tous lesEki égaux
àEo
et faireparcourir
àai les éléments d’une base
hilbertienne) ;
enparticulier,
elle estégale
àl’algèbre
de toutes les matrices si SZ est fini: Deplus, beaucoup
d’élémentsde
A ayant
un inverse sont inversiblesdans A ; plus précisément,
on a lerésultat
suivant, conséquence
immédiate des lemmes 1 et 2.3
Proposition.
SoientKEA
inversible dansA,
k un entier minorant unindex de K et a, z deux v. a. bornées. Alors on a
De
plus,
si lav.a. Fk-mesurable
est
bornée, auquel
cas I + estinversible,
alorsl’opérateur
H = K +
JaEkJz
est inversible et on asi bien que
H et H-1 appartiennent à A.
4 Nous montrerons, dans un
prochain
article consacré à l’étude del’algèbre A,
quea) Étant
données deux v.a. finies u et v et unopérateur d’espérance
conditionnelle
E, l’opérateur
apriori
non bornéJuEJv
s’étend en unopérateur
borné ssi la v.a. estbornée,
et que, s’il en estainsi,
la v.a.E(uv)
estbornée, l’opérateur
I + étant alors inversible ssi la v.a.(1
+~(~cv))-1
est bornée.b) Ayant
modifié la définition de A en ysupposant
seulement que lesv.a. finies ai, zi soient telles que les soient
bornées,
alorsA
est encore unealgèbre,
et tout élément de Aayant
un inverse est en fait inversible dansA.
5 Nous
appliquons
récursivement 3 à unopérateur
H detype ( ~ )
s’écrivantH = I
+ V
avec V= ~°-p Ja~ E~~ Jz.
où les "monômes" ont étérangés
selon les
"puissances"
décroissantes. Nous posons, pour z = p +l, p, ..., 0,
Si,
pour un i p, est inversible dans A et si on pose(~2
étant défini pour retrouver lasymétrie
entre ai et z2plus loin),
on ad’où,
siHj
est inversible dansA pour j
= p,..., i
+1,
ladécomposition multiplicative
De
plus, si, H2+1
étant inversible dansA
pour un z p, la v.a.est
bornée,
alorsHi
est inversible dansA
et on a 03C3i03B1 = H-1iai etd’où,
siHj
est inversible dansA pour j
= p,... , i
+ 1 et o-~ bornée pourj
= p, ...,2,
ladécomposition multiplicative
Enfin
si, pour j
= p, ...,i,
lesH-1j existant,
on définitNj
par = I -Nj ,
on a
Ni
=Ni+1
+d’après (5),
d’oùécriture de
type (j) symétrique
en aj , zj car étant-mesurable, peut
se
placer
aussi bien à droitequ’à gauche
dans son "monôme" tandisqu’on
agrâce
àl’égalité
= due au faitque kj
minore un index de
d’après (6).
6
Voyons
un cas intéressant où tous les "si"précédents
sontsatisfaits,
celui où tous les ai sont
égaux
à 1 et tousles zï positifs (auquel
cas onpeut
rassembler tous les "monômes" de V de même"puissance"
en un seul"monôme" et
donc, quitte
à modifier trivialement les zz, supposer pégal
àq et i à
l’identité).
On a alors ffi cx2 = = ai-l. Ainsi les ai sont bien définis par récurrencerétrograde
pour z= p, ..., 0
et -1 parsont >
0 et décroissentavec 2 ;
deplus
de = > 0 on déduitNi 1 1,
mais lesNi
ne sont pas croissants engénéral (ce
serait le cas si lesZi étaient
Fi-mesurables,
mais nous verrons mieuxci-dessous).
Enpassant
àl’adjoint,
on a un résultatanalogue (N2 1
1remplaçant Nil 1)
sitous
les z2
sontégaux
à 1 et tous les aipositifs, auquel
cas V a une écriturediscrète du
type Vf dAt
avec A croissant borné comme en(0),
sauf
que A
n’est passupposé adapté.
Nous sommes maintenant en mesure de
présenter
notre résultatfondamental. Pour toute v.a. u > 0 et pour i =
0,..., q,
ondésigne
par(un représentant de) l’ess.sup
des v.a.~-mesurables majorées
par u.7 Théorème. Soit V =
Jaj E~~
un élément deA
où les v. a. aj et zj sont > 0 etFkj=1-mesurables (avec
=F).
Sipour j
= p,..., 0
on a(ce qui
est évidemment le cas si les aj et z~ sont-mesurables,
ou encoresi les aj et z~ sont
majorés
par1),
alors V est un noyaupotentiel
à laMarkov,
ainsi que sonadjoint.
Deplus,
si on pose(I
+ = I -N,
le noyau sousmarkovien N s’écritoù a j, j sont des v. a.
comprises
entre 0 et1,
ajvérifiant
et
a~,
étantdéfinies
par récurrencerétrograde
pour z = p, ..., 0 parLes
~~,
décroissent avecj,
et on a~o
= 1 -Nl,
po = 1 - N~‘l.Enfin,
on a les écritures
multiplicatives
Démonstration. - Nous
posons H
=~ I +V,
et reprenons les notations du 5. L’idéesous-jacente
à la démonstrationqui
suit estqu’on
aÀi
=pj =
d’où,
c~2 valant et ai étant03B1i = a2 =
03BBiai,
et de même03B6i
= iai, lesinégalités supposées
vérifiées par les assurant la
positivité
des~2,
Alors(8)
donne lavaleur
de 03C3i
tandis que(5)
et son dual déterminent la récurrence donnant lesEnfin,
de(7)
on déduit l’écriture additive deN,
et de(4), (6) appliqués
à I + V et I + V* les écrituresmultiplicatives
de I + V et I - N.Nous raisonnons par récurrence
rétrograde.
On suppose vérifié(c’est
évident pour i =
p) qu’on
a 0Ai, 1, Hi+103BBi
= = 1 et= Montrons d’abord que 1 - est
> 0,
cequi impliquera 0 Ài-l
1. Comme (7, vaut[1
+Eki
cela revient à vérifier
qu’on
aor, si on minore par cela devient
qui, Ài
étantcompris
entre 0 et1,
résulte deshypothèses
de l’énoncé.De
même,
on a0
1.Ensuite,
on a =et donc
Hi
=H2~1 (I -~-
d’oùet de même = 1.
Enfin,
on a comme ci-dessuset = d’où
Nous laissons au lecteur le soin de vérifier que tous les "si" du 5 sont maintenant
satisfaits,
et de conclure.Remarque. -
Soient Ta, Tz lespremiers temps
de croissance des processus sommes des ai, z2. On obtient une variante intéressante du théorème enremplaçant
la condition(H)
par la conditionplus
faible~a~ -
1 sur{Ta j ~
et[zj -
1 sur{Tz j ~ pour j
== p,..., 0,
avec essentiellement la même démonstration.Les j ne sont
plus
forcémentcompris
entre 0 et1,
mais03BBjaj
restecompris
entre 0 et a j, et de même entre 0 et Lesopérateurs
Vet V* restent des noyaux
potentiels,
mais ne sontplus
nécessairement à la Markov. La conditionqui,
contrairement à(H),
ne limite pas lagrandeur "inadaptée"
despremiers
sauts aTa et est trivialement vérifiée si les processus sommesdes ai
et zi n’ont auplus qu’un
saut.Nous
explicitons
sous forme de corollaires les deux casparticuliers
de 7
déjà
cités. Lepremier élucide,
dans le casdiscret,
la structure desopérateurs
detype (0).
8 Corollaire. Soit V = élément de A où les v.a. aj
sont > 0 et
.~’~ -mesurables.
Alors V est un noyaupotentiel
à la Markovauto-adjoint.
Deplus,
si on pose(I
+ = I -N,
on aoù les
a2
sontdéfinis
par récurrencerétrograde
pour 2 = q,... , 0, -1
parLes
Àj
sontcompris
entre 0 et1,
décroissent avecj,
et on aÀo
= 1 - N l.Enfin,
on a les écrituresmultiplicatives
Remarques. - a)
Sauf si les ai sont constantes(auquel
cas on évoluedans une
sous-algèbre particulière
deA, analogue
dans notre cadre discret à celle de[2]),
et même si les a.i sontFi-1-mesurables,
lesÀi
pour z qsont rarement
Fi-mesurables :
ainsi les monômesapparaissant
dans l’écriture de
type ()
de Njustifient
aposteriori
l’introduction del’algèbre d’opérateurs
"nonadaptés" A.
Enfait,
il résulte de la définition par récurrence desÀi qu’on
a, pour i q,Ài
==
[1
+ =1
+ est.~’~ -mesurable
si bienque
(Ài)
estplutôt adapté
à une filtration du futur.b)
CommepV
pour p > 0 a la même forme queV,
les noyaux I +pV
pour p > 0 ont un inverse de la forme I -
Np
oùNp
est un noyausousmarkovien,
et V ferme alors la résolvante sousmarkovienne=
9 Corollaire. Soit V = un élément de
A
où les v.a. a~ sontcomprises
entre 0 et 1 et.~’~+1-mesurables.
Alors V est un noyaupotentiel
àla
Markov,
ainsi que sonadjoint.
Deplus,
si on pose(I -E-V )
-1 = I -N,
on a0
~~ ,
~.c~1,
et~~ ,
~c.c~définies
par récurrence pour z = q,..., 0
paraq -
q -1, ai-1= 03B4i03BBi fl
+Ei(aZai) --
et 03C3i iLes
~~ ,
~c~ décroissent avecj,
et on a~o
= 1-NI,
po = 1- N* 1 .Enfin,
on aRemarques. - a)
Il résulte de 9 que, si T est untemps d’arrêt,
alorsl’opérateur (analogue
entemps
discret del’opérateur f ~ fT-
del’introduction)
est un noyaupotentiel.
Plusgénéralement, d’après
la remarque du7, l’opérateur
où les xi sont desv.a. >
0Fi-mesurables (soit l’analogue
de~f ~ x fT-
où x estlT-mesurable)
b)
Pour [1 fini à trois éléments(ou plus)
il est facile de construire des matrices de la forme03A3i Jai E2,
avec les a2 ~ 0 etFi+1-mesurables, qui
ne soient pas des
opérateurs potentiels. Cependant,
dans le casgénéral,
nosv.a. étant
supposées bornées,
tout V de la forme~i
avec les ai > 0et
Fi+1-mesurables,
estquand
même unmultiple
d’unopérateur potentiel (ne
fermant pas engénéral
derésolvante).
II. Filtrations et
ultramétriques
Nous commençons par
quelques généralités
sur lesultramétriques, puis
sur les
rapports
entre filtrations etultramétriques, qui suggérent
que la notion de filtration est engénéral
la bonne version(au
sens de lamesurabilité)
du
concept d’ultramétrique. Puis,
nous limitant au cas où S~ estfini,
nousappliquons
le 1 à l’étude des matricesultramétriques.
Nous
appelons ultramétrique
sur un ensemble SZ toute fonctionsymétrique
d de [1 x S~ dans vérifiant
d(c.v, w) sup(d(cv, v), d(v, w))
pourtout E
l’ultramétrique
d est une distance si elle est finie et sid-1 (0)
est ladiagonale
de SZ x SZ. Nouspréférerons
utiliser les inversesd’ultramétriques :
unséparateur
sur SZ sera une fonction S telle que1 / ~’
soit une
ultramétrique,
et donc uneapplication symétrique
de H x S2 dans vérifiantpour tout cv, v, w E Q.
Ainsi,
pour S~fini,
les matricesultramétriques
del’introduction s’identifient aux
séparateurs
à valeurs finies.La
proposition
suivante estimmédiate ;
on ydésigne par B
l’ensembledes
partitions
de SZ et,pour ~
E par cv~,~
w le fait que et wn’appartiennent
pas à un même élémentde .p.
10 Théorème. Une
fonction
S sur SZ x SZvérifiant ,S’(cv, cv)
_w)
pour tout c,v E SZ est unséparateur
ssi il existe unefonction
c
de
dans(!~~
tellequ’on
aitpour tout cv, w E SZ avec cv
~
w. Deplus,
si S est unséparateur
surSZ,
la
fonction
c peut être choisie de sorteque (c
soit contenu dansl’ensemble des
partitions
à deux éléments.Remarques. - a)
Onpeut
supposer c croissante pour l’ordre naturel sur~, quitte
àremplacer c(p)
par~’ plus
fine Onpeut
aussiVol. 34, n° 6-1998.
supposer c définie seulement sur une
partie Û
deQ, quitte
àprolonger
csur par +00 ; on le fera tacitement ci-dessous.
b)
Si0, fini,
est l’ensemble des sommets d’ungraphe
connexe non orienté et si c, définie sur lespartitions
à deuxéléments,
est la fonction"coupe"
associée à une
"capacité"
définie sur les arêtes dugraphe (voir [1] ]
pour tout cequi
concerne la théorie desgraphes),
on retrouve, parapplication
duthéorème de
Ford-Fulkerson,
un théorème deGomory-Hu
sur les matrices de flots maximaux(avec
essentiellement la mêmedémonstration), qui
estaussi à
l’origine
du 14 ci-dessous.c)
Si0, dénombrable,
est l’ensemble des sommets d’un arbre(non orienté)
avec racine p, et si -Pndésigne,
pour tout entier n, lapartition
associée à la relation
d’équivalence
cJ ssi les cheminsde p
à cJ et dep à w sont de
longueur > n
et coïncidentjusqu’à l’étape
n, leséparateur
associé à la fonction c définie sur l’ensemble des p~ et valant n en .~n a pour inverse la distance
ultramétrique
usuelle sur l’arbre de racine p.L’ensemble H étant désormais muni d’une tribu
.~’,
nous établissons maintenant unecorrespondance
entre filtrations indexées parf~~
etséparateurs
sur S~.Soient,
sur( SZ, .~’) ,
~() _ une filtration continue à droite et03C9 =t w
(resp. 03C9 ~t w)
la relationd’équivalence
et wappartiennent
au même atome de
rit" (resp.
sanégation).
On associe naturellement unséparateur S~
à H enposant
L’ultramétrique 1/SH
est ici une distance ssiHo
est triviale etH~ sépare
les
points.
Cecidit,
les valeurs deSH prises
sur ladiagonale
de Q x S2nous
importent
peu du momentqu’on
a,~~ (c,v, w)
pour tout cv, w E0,
et onpourrait
tout aussi bien poserSH (cv,
=w)
au lieu de _
Réciproquement,
soit S unséparateur
surl’espace
mesurable(0, F)
etdéfinissons une famille indexée par
R+
de relations sur 03A9 parce sont clairement des relations
d’équivalence,
d’autantplus
finesque t
est
grand,
cequi permet
d’associer naturellement une filtration continue à droiteHS
à S enprenant
pourHf
la tribu des éléments de .~’ saturés pour la relation =t.Pour avoir une bonne
correspondance
entre filtrations etséparateurs,
ilque c’est le cas si
(0, F)
est un espace souslinien et si on restreint d’unepart
H àparcourir
les filtrations continues à droite telles quechaque Ut
soit l’intersection des sous-tribus
séparables
de .~’qui
la contiennent et quechaque graphe
de relation =t wappartienne
à .~’ 0F,
et d’autrepart
Sà
parcourir
lesséparateurs F 0
.~’-mesurables. Nous renvoyons le lecteur à[3]
pourplus
de détails sur le casgénéral
et nous nous limitons maintenantau cas où 03A9 est fini : tout ce
qui précède
est alorstechniquement
trivial.Nous supposons donc
que 03A9
estfini,
F étant la tribu desparties
de H. Onidentifie de manière évidente les notions de
tribu,
departition,
et de relationd’équivalence,
etaussi,
commeci-dessus,
celles deséparateur
S horsdiagonale
et de filtration continue à droite H indexée parL~~ :
comme S horsdiagonale
neprend qu’un
nombre fini q de valeurs 0 ...tq
+00,la filtration
HS
neprend
aussi que q valeurs d’où une filtration finie~.~’ô
=~~,
..., =~Ct , ..., .~’q
=.~’~
naturellement associéeau
séparateur
S(et
aussi à tous lesséparateurs h(S)
où h est une fonctionstrictement croissante de
fR+
dansNous munissons
(SZ, ~)
de la loi uniforme P. Pour toute sous-tribu d~opérateur d’espérance
conditionnelle nous notons~2
leséparateur
(w, w) ~ (on
a l’atome de~’2
contenantcv et le cardinal de cet atome : la v.a. ni est
Fi-mesurable,
et.)
est l’indicatrice de l’atome11 Théorème. Une
fonction finie
S sur SZ x S~ est unséparateur
sur ~2 ssiil existe une
filtration finie
l~ surSZ,
à q + 1éléments,
et, pour z =0,
..., q,une v.a. ai
positive .~’2-mesurable,
tellesqu’on
aitpour tout cv, w E Q. De
plus,
si S est unséparateur
prenant q valeursdistinctes,
on peutprendre pour ~ la filtration finie
associée àS,
etalors,
pour
v.a. Fi-mesurable,
la v.a. a2 =nib2,
oùbi
estdéfinie
par récurrence pour i =0,
..., q parbo
= inf ~S’ etDémonstration. -
Supposons
d’abord S’ définie comme en(S). Comme,
pour
E 0, chaque ai
etEi(c~,~), égale
àEi(~, c~),
est constante surchaque
atome de quechaque
suite i ~ estdécroissante,
Vol. 34, n° 6-1998.
ne
prend
que deux valeurs auplus,
et que~3)
est nul sauf pour/?
E on ad’où S est un
séparateur. Réciproquement,
soient S unséparateur fini, F
lafiltration finie
(la ,
..., associée et(b2 )
la suite à q+ 1
termes définiecomme en
(A).
On doit montrer que la fonctionS’
définie sur f2 x S2 parest
égale
à S. Fixons ~ 03A9 et posons siet
2=q
si cv = w. Par définitiondes
et choix dez,
on aalors que, par définition des et choix de
z,
leséparateur
Sprend
en wsa valeur minimale sur D’où la conclusion.
En corollaire de 11 et 8 on obtient le résultat
principal
de[6].
12 Théorème. Toute matrice
ultramétrique
est unopérateur potentiel
àla Markov
auto-adjoint.
Remarques. - a)
Il est établi dans[4] qu’une
matrice estultramétrique
ssi c’est le noyau
potentiel
d’une chaîne de Markov induite sur un sous-ensemble de sommets par une marche aléatoire
symétrique
sur un arbre(fini)
à racine. _b) Quoique
la matriceultramétrique
infinie(i
soit le noyau de Green de la marche aléatoire sur N obtenue en tuant la marchesymétrique
sur Z en
0,
l’extension du cas 0 fini au cas 0 dénombrable n’est passimple,
la mesure uniforme n’étantplus
bornée.Ainsi,
leséparateur
d’unarbre infini
dyadique
à racine n’est pas un noyaupotentiel (mais
est en uncertain sens la somme d’un noyau
potentiel
et d’un noyauharmonique).
Nous terminons cette section en
présentant
un mode degénération
desmatrices indexées de cardinal
13 Théorème. Une
fonction symétrique finie
S sur SZ x SZvérifiant S(w, w)
>S(w, w)
pour tout w E SZ est unséparateur fini
sur S2ssi il existe un ordre total sur
SZ, identifié
alorsà ~ l, ..,
et, pour~ =
1,
..., n -1,
des réels > 0 telsqu’on
ait pour tout w, w E SZavec cv w
Démonstration. - La
suffisance, qui
est d’ailleurs un casparticulier
dub)
de10,
est triviale. Pour lanécessité,
laterminologie
de théorie desgraphes
provenant essentiellement de[ 1 ],
considérons legraphe complet
G
ayant 0
pour ensemble de sommets,chaque
arête(w, w)
étant munie dupoids ~’ (w, w ) .
Pour T arbrepartiel
deG,
soit8(T)
la somme despour
(w, w) parcourant
les arêtes deT,
et soit T l’ensemble des arbrespartiels
T maximisantS(T).
On vérifie sanspeine
queS(w, w)
est,pour 03C9 ~
w et T ET,
l’inf des valeurs de Sprises
sur les arêtes del’unique géodésique
de T allant de w à w. Pour conclure il ne resteplus qu’à
prouverque T
contient un arbre linéaire. Choisissons pourchaque
T e T un sommet WT de valence 1 comme
racine, désignons
pardT (w)
la distance dans T de WT
au
sommet w, et parvT (w)
la valence de cedernier dans T. Soit alors T ~ T maximisant
D(T) == VT (w )dT (w)
sur T;
nous allonsvérifier,
parl’absurde,
que T est linéaire.Supposons
que T ait un sommet w de
valence >
3 etdésignons
par u, v deux sommets distinctsadjacents
à w dans T etn’appartenant
pas à lagéodésique
de cvT à w dans T. SoitTu (resp Tv)
l’arbre obtenuen supprimant
l’arête(w, u)
(resp (w, v))
et enajoutant
l’arête(u, v)
dans T. Par maximalité deS(T),
on a
S(T)
> V et doncS(u, v) S(w, u)
nS(w, v),
cequi implique,
6’ étant unséparateur, S( u, v)
=S(w, v). Supposons par exemple qu’on
aS(u, v) = u) :
alorson
aTu
e T etD(T)
>D(T),
ce
qui
est contraire à la maximalité deD(T).
14 Corollaire. Pour S~
_ ~ l, ..., ?T.},
toute matriceultramétrique
est, àune même
permutation
deslignes
et des colonnesprès,
de laforme
où a,
b,
c,d,
... sont des réels > 0.Vol. 34, n° 6-1998.
Remarques. - a) L’application surjective
ainsi définie de dans l’ensemble des classesd’équivalence (pour
la relation que l’ondevine)
dematrices
ultramétriques privées
de leurdiagonale
est loin d’êtreinjective.
En
fait,
si à une matriceultramétrique
on associenaturellement,
comme dans[4],
un arbre à racine dont 0 est l’ensemble des nfeuilles, représenté graphiquement
avec les branches ne se chevauchant pas et les feuillesalignées,
l’ordre danslequel
seprésentent
les feuilles est un des ordres totaux du 13 sur 03A9 et les n - 1 nombres a,b,
c, ... du 14 sont les inverses des distancesultramétriques
entre feuillescontigües.
b) Si,
dans la matrice du14,
onremplace
en dessous de ladiagonale principale
lesa, b,
c;d,
... par d’autres réelspositifs a’, b’, c’, d’,
..., la matriceM obtenue n’est
plus symétrique
mais conserve despropriétés
d’ultramétrie et desymétrie
que nous laissons au lecteur le soind’expliciter.
Onpeut
d’ailleurs montrerqu’à
une mêmepermutation
deslignes
et colonnesprès,
on obtient ainsi les matrices
ayant,
relativement à une certaine filtration finieF,
une écriture de laforme 03A3JaiEi
oùchaque
ai estFi+1-mesurable ;
en
particulier,
en revenant aux notations a,a’,
..., la matrice l1~ est,d’après 7,
une matricepotentielle
si1 b -
... sontmajorés
par 1.III. Cas d’une filtration continue à droite
Nous
désignons
désormais par une filtration vérifiant les conditions habituelles sur(S~, .~’, ~). Rappelons
que, pourf ~ ~2,
ondésigne par t
~ft (resp t
t--~ft-)
la version continue à droite(resp
àgauche)
de lamartingale t
nousagrémenterons ( f t )
ou( f t_ ~
d’un indice en
exposant
pour noter uneapproximation
pardiscrétisation,
lecontexte ne
permettant
aucuneambiguïté.
Le résultat suivant élucide la nature des noyaux de la forme
(0)
del’introduction.
15 Théorème. Soit A =
(At)
un processus croissantadapté
borné etposons, pour tout
f
EL2, Vf
=~0 f t dAt. L’opérateur
V est unopérateur potentiel auto-adjoint
à la Markov.Démonstration. - Vérifions que
l’approximation
discrètede V tend fortement vers V