A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
A. P ARAF
Sur le problème de Dirichlet et son extension au cas de l’équation linéaire générale du second ordre
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 1resérie, tome 6, no2 (1892), p. H1-H24
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H. I
SUR LE
PROBLÈME DE DIRICHLET
ET SON EXTENSION
AU CAS DE L’ÉQUATION LINÉAIRE GÉNÉRALE DU SECOND ORDRE,
PAR M. A.
PARAF,
Ancien Élève de l’École Normale supérieure,
La théorie des
équations
aux dérivéespartielles
est une de cellesqui
ontle
plus
attiré dans ce siècle l’attention desgéomètres.
En se bornant même à unpoint particulier
de cettethéorie,
à la considération deséquations
linéaires du second
ordre,
il faut renoncer à citer tous les Mémoires écritssur la
matière,
tous les résultatsdéjà
obtenus sur cepoint.
La théoriegéné-
,rale des
fonctions,
la Géométrie des surfaces et des ensembles delignes,
laPhysique mathématique
donnent naissance à de telleséquations,
et lamanière de poser les
problèmes
varie avec lepoint
de vueauquel
on seplace.
Pour
l’équation
linéairegénérale
à deux variablesindépendantes
le
problème
seprésente
sous deux formes biendifférentes,
suivant que lescaractéristiques
del’équation
sont réelles ouimaginaires,
c’est-à-dire sui-vant que la
quantité
B2 - AC estpositive
ounégative.
Dans ce dernier cas,on
peut
se proposer de trouver uneintégrale
continue dans une airedonnée,
y admettant des dérivées continues des deux
premiers
ordres et prenant sur le contour de l’aire des valeurs données d’avance. C’est ceproblème qui
fait
l’objet
duprésent
travail.Le
premier Chapitre
traite de laplus simple
et aussi de laplus
célèbrede toutes ces
équations : je
veux direl’équation
deLaplace
Le
problème correspondant
est connu sous le nom deproblème
de Diri-chlet et
joue
un rôlecapital
dansplusieurs
branches desMathématiques.
La
première
solutionrigoureuse
en a été trouvée par M. Schwarz(’ ),
etM. C. Neumann
(2)
en a, de soncôté,
donné une solution différente.Plus
récemment,
M. Poincaré( 3 )
a fait connaître une méthode nouvelleet extrêmement
originale
pour résoudre ceproblème.
L’auteur aexposé
saméthode pour le cas de trois
variables,
en déterminantl’équilibre électrique
à la surface d’un conducteur isolé
quelconque. L’application
duprincipe
des
images
donne alors immédiatement la fonction de Green relative à la surfaceinverse,
et il reste, pour achever lasolution,
à discuter uneintégrale double ( 4 )..
Outre cette voie un peu
détournée,
M. Poincaré montre encore, maisplus sommairement,
que la même méthode seprête
à la solution directesans passer par l’intermédiaire de la fonction de Green. Il m’a semblé
qu’il pourrait
y avoirquelque
intérêt àreprendre
sous cette dernière forme labelle méthode de M.
Poincaré,
enl’exposant
dans le cas de deux variablesqui, plus simple
à certainségards
que le cas de troisvariables, présente
enrevanche
quelques
difficultésparticulières
tenant aux différences existantentre le
potentiel
newtonien et lepotentiel logarithmique.
Certainspoints
étaient aussi
susceptibles
d’unplus grand degré
derigueur
que ne leur en avait donné l’auteur dans lesquelques
pages concises consacrées par lui àce
sujet.
J’ai ainsi été amené àapporter
à la méthode de M. Poincaré deschangements
assez notablesqui n’atteignent cependant
pas le fond même des idées.L’équation
deLaplace
conduit tout naturellement àl’équation
( 1 ) ScnwAHZ, Gesammelte mathematische Abhandlungen, t. II.
(2) C. NEUMANN, Untersuchungen in dem Gebiete des logarithmischen und newton-
schen Potentiales, Leipzig, 18;;.
( 3) POINCARÉ, American Journal of Mathematics, t. XII.
(Tt) ) Voir, sur ce point, A. Die Grundlagen der Theorie des logarithmischen Potentiales, Leipzig, 188~.
Green
(’ )
aintégré
cetteéquation,
mais la méthodequ’il
a suivie laisse à désirer et n’estplus
enrapport
avec les habitudesd’esprit
que l’onapporte
aujourd’hui
dans ces recherches. Cettequestion fait l’objet
du second Cha-pitre.
Dans la troisième et dernière
Partie,
nous arrivons enfin àl’équation générale. Jusqu’à
ces dernierstemps,
on s’étaitgénéralement
borné à con-sidérer le cas où les coefficients sont des fonctions
analytiques,
et l’onn’avait cherché
l’intégrale
que sous forme de fonctionanalytique,
sans sepréoccuper
des autresintégrales qui pourraient
exister. M. Schwarz( ~ ),
dans une
première tentative,
avait ouvert une voie nouvelle dans un cas trèsparticulier.
C’est M. Picardqui
a fait faire à laquestion
un pas décisif enmontrant que la méthode des
approximations
successives seprête
merveil-leusement à ce genre de
problèmes.
Dans
plusieurs
Mémoires bien connus( 3 ),
M. Picarddéveloppe
cette mé-thode et obtient des résultats de la
plus
hauteimportance
concernant leséquations
du second ordre engénéral,
ainsi que certaineséquations parti- culières,
entre autres leséquations linéaires,
notamment dans le cas descoefficients
analytiques.
En me bornant aux
équations linéaires, j’ai,
en suivant une voie diffé- rente, retrouvé unepartie
de ses résultats et étendu au cas des coefficientsquelconques quelques-uns
des théorèmes démontrés par lui dansl’hypo-
thèse des coefficients
analytiques.
( 1 ) GREEN, Math. Papers et Journal de Crelle, t. 47.
( 2 ) SCHWARz, Gesam. math. Abh., t. I, p. z4 I et seq.
3) Voir entre autres Acta mathematica, t. XII. - Journal de Mathématiques,
- Journal de l’École Polytechnique, LXe Cahier.
CHAPITRE L
L’ÉQUATION
DE LAPLACE ET LE PROBLÈME DE DIRICHLET.1.
L’équation
que nous
appèllerons équation de Laplace,
etl’équation analogue,
avec unevariable
indépendante
deplus,
interviennent dans presque toutes les branches del’Analyse.
Elles seprésentent
notamment dans la théorie del’attraction,
dans celle del’équilibre électrique,
dans celle de la cha-leur,
etc., etc. EnAnalyse
pure, la théorie des fonctions d’une variablecomplexe
est intimement liée à la solution duproblème
de Dirichlet que l’onpeut
énoncer comme il suit : :Trouver une
fonction
des deux variables x et yqui,
à l’intérieur d’une airedonnée,
soitfinie,
continue et biendéterminée,
ainsi que ses dérivéespartielles
des deuxpremiers ordres, satisfasse
àl’équation
deLaplace
et prenne sm° le contour de l’aire des valeurs données d’avance.C’est par ce
problème
que nous commencerons notre étude.Les aires dont nous
parlerons
seronttoujours supposées
connexes, maisà connexion
simple
oumultiple.
Si l’ordre de connexion estégal
à n,l’aire sera la
portion
duplan
limitée extérieurement par une courbeFig. I.
fermée
Lo (ftg. 1)
et intérieurement par n - i courbes ferméesLi, L2,
...,L~_,
toutes intérieures àLo,
mais extérieures les unes aux autres.Nous
désignerons toujours
par S l’intérieur d’une telleaire,
et nous em-ploierons
la lettres pourdésigner,
suivant les cas, ou bien l’ensemble ducontour de
S,
ou bien l’une de ces courbesseulement,
ou encore unpoint
sur une de ces
courbes,
ainsi que la variablequi
fixe laposition
de cepoint
sur le contour. Il ne pourra,
d’ailleurs, jamais
résulter aucune confusionde cet
emploi multiple
de la lettre s.Nous supposerons d’abord
que s a
enchaque point
unetangente
bien d.é-terminée et variant d’une manière continue. Nous verrons
plus
tard que l’onpeut
s’affranchir de cette dernièrerestriction,
pourvu que lespoints
.
où cette condition cesse d’être
remplie
soient en nombre limité.Nous
représenterons
par U ou, d’une manièreplus précise,
par la fonction dupoint
s, donnéed’avance, qui exprime
la suite des valeurs que doitprendre
la fonction cherchée V sur le contour.’
A
l’égard
de cette fonction U1 ’ ),
nous supposons seulementqu’elle
estcontinue sur chacune des courbes
qui
limitentS,
mais sans faire aucunehypothèse
sur la continuité ni même sur l’existence de sa dérivée.Nous
dirons,
suivantl’usage, qu’une
fonction estharmonique
à l’inté-. rieur d’une aire S
quand
elle y est continue etuniforme,
admet des dé-rivées des deux
premiers
ordres continues etuniformes,
et vérifiel’équa-
tion de
Laplace.
Leproblème
de Dirichlet revient donc à trouver unefonction V
harmonique
dans S etprenant
sur s des valeurs données d’avance. Nous voulonsdire,
par ces derniers mots, que,quand
lepoint
Atend vers le
point s
par un cheminquelconque
intérieur àS,
la fonc-tion
V(A)
tendtoujours
versU (s).
2. A côté du
problème précédent,
que nous pouvonsappeler
le pro- blèmeintérieur,
vient seplacer
unproblème analogue
relatif à lapartie
du
plan
extérieure à S. Les considérationsqui
suivent nouspermettront
à la fois de formuler ceproblème
et d’en ramener la solution à celle du pro- blème intérieur.A cet
effet,
commençons par faire une remarquequi
nous sera utile dansla suite.
Si deux aires S et S’ sont
représentées
l’une sur l’autre d’une manière( 1 ) Nous ne nous occuperons pas du cas où U présenterait un nombre fini de disconti-
nuités, ce cas pouvant se ramener simplement au cas où U est continue. Voir J. RIEIIANN,
Sur le problème de Dirichlet (Annales de l’École Normale, i888).
conforme par la transformation
x -~- iy
~-f(x’ + iy’),
toute fonctionharmonique
dans S se transforme en une fonctionV’ (x’, y’ ) harmonique
dans S’.
En
effet,
toute fonctionharmonique V (x, y) peut
être considérée comme lapartie
réelle d’une fonctionanalytique
d’une variablede sorte que l’on a
Effectuons maintenant la transformation réelle
avec
il en résultera
où l’on a
posé
ce
qui
démontre laproposition
énoncée.Cela
posé,
effectuons une transformation par rayons vecteursrécipro-
ques, en choisissant le
pôle
à l’intérieur de S. Par cette transformation lesn courbes s se
changent
en n autres courbes s’qui
sont toutes extérieures les unes aux autres, et larégion
S se transforme dans larégion
S’ duplan qui
est extérieure à toutes les courbes s’. La relation entre lespoints
desdeux aires est,
d’ailleurs, univoque
etisogonale,
et la remarqueprécédente
est donc
applicable
au casprésent.
La fonction
V(x, y) harmonique
dans S et se réduisant à U(s)
sur sdevient donc une fonction V
(x’, yr) harmonique
dans S’ et se réduisant àU’
(s’ )
surs’,
la fonction U’ étant bien connue en toutpoint
des’, puisque
la relation entre les
points
des deux airesreste univoque
même sur les con-tours.
Quant
aupoint oc qui
estl’homologue
dupôle
de latransformation,
on voit de suite que la fonction V’ reste
régulière
dans levoisinage
de cepoint
et yprend
une valeur finie bien déterminée et nullementarbitraire, puisque
cette valeur estprécisément
celle queprend
V aupoint
choisi pourpôle, laquelle
est, comme nous le verrons,parfaitement
déterminée par la fonction U donnée.Le
problème
extérieurpeut
donc se formuler ainsi : :Étant
données n courbesfermées
s extérieures les unes aux autres, et une suite de valeursf ormant
sur chacune de ces courbes unefonctions
continue
U(s),
trouver unefonction
Vharmonique
dans larégion
S duplan
extérieure à lafois
à toutes les courbes s,prenant
sur s les va-leurs U
(s),
etqui,
pour x et y trèsgrands,
resterégulière
en tendantvers une valeur
finie inconnue,
mais déterminée par lafonction U(s).
Nous voyons en même
temps
que sa solution se ramène à celle du pro- blème intéri.eur pour un contour convenable. Nous nous bornerons donc désormais à l’étude duproblème
intérieur.3.
Rappelons
d’abordquelques
résultatsclassiques qui
sont d’un usage courant et dont la démonstration se trouve dans tous les Traités(’ ).
Une
fonction, harmonique
dans unerégion S,
nepeut
avoir de maximumni de minimum en aucun
point
de S.Sa valeur en tout
point
intérieur estcomprise
entre laplus grande
et laplus petite
des valeursqu’elle prend
sur le contour.Sa valeur en tout
point
intérieur est donc nulle si elle est nulle tout lelong
du contour.Le
problème
de Dirichlet nepeut
admettreplus
d’une solution. Il a étécomplètement
résolu dans le cas ducercle,
et l’on démontre par des con- sidérations élémentaires que la solution estdonnée,
dans ce cas, par la for- muleDans cette
formule, V(P) représente
la valeur queprend
la fonctioncherchée V .
2)
en unpoint quelconque
P intérieur au cercle dont lecentre est en 0 et dont le rayon est R. M est un
point quelconque
de lacirconférence que nous
désignons
aussi par s, valeur de l’arcqui
fixe saposition
sur lacirconférence ;
enfinl’intégrale
estprise
lelong
de la circon-(1 ) Consulter, par exemple, NEUMANN, Untersuchungen über das logarithmische und
newtonsche Potential, Leipzig, 1877. -- A. HARNACK, Die Grundlagen der Theorie des logarithmischen Potentiales, Leipzig, 1 887. - J. RIEMANN, Sur le problème de Dirichlet
’
(Annales de l’École Normale, Paris, 1888) - E. PICARD, Traité d’Analyse, t. I. Paris, ï8~i.
férence dans le sens
positif.
Cette formule montre aussi que la fonc- tionV(P)
estrégulière
à l’intérieur du cercle.Fig.2.
Si,
dans cetteformule,
nous supposons que P vienne en0,
on aet l’on retrouve ce résultat connu, que la moyenne
arithmétique
des va-leurs de V sur la circonférence est
égale
à la valeur de V au centre.Quelques
considérationsempruntées
à laMécanique
faciliteront encore notre tâche.On sait que,
si,
dans unplan,
une masse matérielleégale
à m est con-centrée en un
point
A et attire un.point
NI de masse I suivant la droite MAavec une force
ayant
pourintensité m (où
rdésigne
lalongueur
absolueles
composantes
de cette attraction suivant les axes des x etdes y (que
nous supposons
rectangulaires)
sontégales
aux dérivéespartielles
de lafonction m
log-
parrapport
aux coordonnées x et y dupoint
M.Cette fonction m
log - s’appelle
lepotentiel logarithmique
de la masse msur le
point
M.Si l’on a
plusieurs
massesattirantes,
lepotentiel
sera la sommeétendue à toutes les masses
agissantes.
Si les massesremplissent
d’une ma-nière continue une aire ou un arc de courbe avec une densité p
(ce qui
veutdire que la masse contenue dans l’élément dtt de l’aire ou de la courbe est
égale
à pd~),
il existera de même unpotentiel
donné par la formuleétendue à toutes les masses
agissantes.
Dans tout ce
qui suit,
nous ne considérerons que des massespositives.
Les
principales propriétés
dupotentiel logarithmique
que nous aurons àemployer
sont les suivantes.Dans toute
région qui
ne contient aucune des massesagissantes,
le po- tentiel est une fonctionharmonique.
Le
potentiel
dû à des masses dont la distribution estsuperficielle
est unefonction
continue,
ainsi que ses dérivéespartielles
dupremier ordre,
danstoute
région
finie duplan.
Les dérivées du second ordre sont aussi continues tant en dehors
qu’en
dedans des masses
agissantes,
mais elleséprouvent
une discontinuité en traversant le contour des airesattirantes;
à l’intérieur de cesaires,
on aLe
potentiel
dû à des masses dont la distribution est linéaire est encore une fonction continue dans touterégion finie,
mais les dérivées dupremier
ordre
éprouvent
une discontinuité en traversant les courbes attirantes.Cette discontinuité est
exprimée
par la formuledans
la uelle ddV
est la limite verslaquelle
tend la dérivée de V aupoint
A3 ) prise
dans la direction de la flèchelorsque
lepoint A
seFig.3.
rapproche
de M en suivant la normale‘~V
est laquantité analogue
aupoint
A’.On remarquera que le
potentiel logarithmique peut
être aussi bien né-gatif
quepositif,
et que, en unpoint qui s’éloigne indéfiniment,
ilpeut
êtreou bien -00 ou bien o. Ce sont ces deux faits
qui
donnent au cas de deux va-riables une
physionomie particulière.
Enfin,
si l’on considère lepotentiel engendré
par des masses distribuées d’une manièrequelconque
dans leplan,
si l’onappelle
d’une manièregéné-
rale m celles de ces masses
qui
sont extérieures à un cercle de rayon R ousur sa
circonférence,
et p cellesqui
sont intérieures aucercle,
la moyennearithmétique
des valeurs de cepotentiel
en tous lespoints
de la circonfé-rence sera donnée par
l’équation
r
désignant
la distance d’unpoint
de masse m au centre de la circonférence.Nous
possédons
maintenant tous les matériaux nécessaires. Ils’agit
deles mettre en oeuvre.
4. Soit un cercle de centre 0 et de rayon
R,
A unpoint extérieur,
P unpoint
intérieur.La
quantité log 1 ~
> danslaquelle
nous considérons lepoint
A commefixe et le
point
P commevariable,
est une fonction des coordonnées deP, harmonique
dans tout lecercle, puisque
P esttoujours séparé
de A par la circonférence. En unpoint
NI de lacirconférence,
elleprend
la valeurlog j
~ Nous pouvonsdonc,
enappliquant
la formule(2),
écrireFaisons,
d’autrepart, V(s)
=== i dans la même formule(2).
L’intégrale
du second membre devrareprésenter
une fonction harmo-nique
dans le cercle et se réduisant à l’unité sur la circonférence. Mais nousavons une telle fonction en
prenant ~(P)= r,
et comme leproblème
nepeut
avoirplus
d’unesolution,
on auraLes formules
(6)
et( 7 ) expriment
le fait suivant :Si l’on a, sur la
circonférence,
une couche attirante dont la densité encha ue point
M est laquantité positive 03C1 = R2 - OP2 203C0R.MP2, la
masse totale decette couche sera
égale
à l’unité[formule (7)]
et lepotentiel
de cette couchesur un
point
extérieur A sera le même que si toute la masse était concentréeen P
[formule (6)].
Que
devient cepotentiel quand
lepoint
A est intérieur au cercle? Il esttoujours
donné par la mêmeintégrale,
maisl’égalité (6)
n’aplus
lieu dansce cas. Entourons alors P d’un
petit
cercle etenvisageons
l’airecomprise
entre les deux cercles pour y étudier la fonction
où,
cettefois,
P est fixe et A variable.Les deux termes de la différence sont
harmoniques
dansl’aire, puisque
chacun d’eux est un
potentiel
dû à des masses dont aucune n’est intérieure.Sur le cercle
extérieur,
la différence estnulle,
comme on le voit en suppo-sant que dans
( 6 )
lepoint
extérieur A serapproche
de lacirconférence,
cequi
estlégitime,
à cause de la continuité dupotentiel.
Sur le cercle inté-rieur,
elle est certainementpositive,
et comme elle nepeut
avoir de minimum dans l’intérieur del’aire,
elle y sera constammentpositive.
On adonc,
entout
point
Aintérieur,
Nous avons donc finalement démontré le théorème suivant :
Quand
une masseégale
à l’unité estplacée
en unpoint
P de l’znté-rieur d’un
cercle,
si l’onrépartit
cette masse sur toute lacirconférence,
de manière que la densité en un
point quelconque
M soit inversementproportionnelle
au carré deMP,
la couche circulaire ainsi obtenue auramême
potentiel
que la masseprimitive
en toutpoint extérieur,
et unpotentiel plus petit
entout point
intérieur.Une telle couche
s’appellera
la coucheéquivalente
à la masseplacée
en P. ’
Le théorème subsiste évidemment si la masse
primitive,
au lieu d’êtreégale
àl’unité,
étaitégale
à m.Enfin,
si l’on avaitplusieurs
massespositives
à l’intérieur ducercle,
onpourrait remplacer
chacune d’elles par une coucheéquivalente,
et nous,
arrivons ainsi à former une couche
équivalente
à unsystème quelconque
demasses intérieures à un
cercle,
y cette coucheayant
mêmepotentiel
que lesystème
donné sur toutpoint extérieur,
et unpotentiel plus petit
sur toutpoint
intérieur.On
peut
remarquerqu’il
estimpossible
de trouver sur un même cercle deux couchesdifférentes,
dedensités p
etéquivalentes
à un même sys- tème de masses intérieures.Soient,
eneffet,
V etV,
lespotentiels
de ces deux couches sur un mêmepoint
A. On aura, pour toutpoint extérieur,
V =V~,
et cetteégalité
aura. encore lieu sur la
circonférence,
à cause de la continuité dupotentiel.
Alorsla différence V -
V~, harmonique
dans l’intérieur du cercle et nulle sur lacirconférence,
est nulle dans tout l’intérieur. Les fonctions V etV,
f coïn-cident donc dans tout le
plan,
et l’on a, en toutpoint
de lacirconférence,
c’est-à-dire p
=~d’après
la formule~!~ ).
C’est sur la
proposition
que nous venons de démontrer que repose la mé- thode de M. Poincaré.5. Il nous faut encore établir deux théorèmes dus à M.
Harnack,
etqui jouent
dans la théorie des fonctionsharmoniques
le même rôle que les théorèmes d’Abel sur les séries entières dans la théorie des fonctions d’une variablecomplexe.
Revenons encore à la formule
( 2 )
pour en déduire des limites entre
lesquelles
sontcomprises
les valeurs deV(P)
à l’intérieur ducercle,
si l’on supposeque V(s)
est constammentpositif
sur la circonférence. Les deux facteurs de laquantité
àintégrer
sontalors
positifs.
MP étanttoujours compris
entre R + OP et R -OP,
nousaurons évidemment .
Cela
posé,
nous pouvons démontrer lepremier
de cesthéorèmes,
enl’énonçant
comme il suit :Soit une série
dont tous les termes sont des
fonctions harmoniques positives
en tous lespoints
d’unerégion
connexe R. Si cette série estconvergente
en unpoint
de larégion,
elle serauniformément convergente
dans toute larégion
R et yreprésentera
unefonction harmonique.
Supposons
d’abord que larégion
R soit un cercle C de centre 0 et derayon R. Construisons un cercle
concentrique
C’ de rayon R. Les fonctions uiprendront
sur C’ des valeursu~
finies etpositives,
continuessur la circonférence. On aura
donc,
P etQ
étant deuxpoints
intérieursà
C’,
>On en
conclut,
afortiori,
et si P ne sort pas d’un cercle de rayon R" inférieur à
R’,
Les
quantités
sont doncrespectivement
inférieures auxquantités multipliées
par un même facteur constant etindépendant
de P.Donc,
dans tout l’intérieur du cercleR",
lasérie ui
est uniformément con-vergente
etreprésente,
parsuite,
une fonction continue des coordonnées de P. R"peut
d’ailleurs êtrepris
aussi voisin de R que nous voudrons.Ceci s’étend sans
peine
à une aire connexequelconque
S.Supposons,
eneffet,
la série convergente en unpoint Q
del’aire,
et soit P un autrepoint quelconque
de l’aire. Nous pourronstoujours
tracer une suite de cercles ennombre fini
Cj , C2,
...,Cn,
secoupant successivement,
et lepremier
con-tenant
Q
dans sonintérieur,
le dernier contenant P. Soit alorsQ,
unpoint
intérieur à la fois à
C,
et àC2, Q2
unpoint
intérieur àC2
et àCg,
etc. Lasérie,
étantconvergente
enQ,
le sera dans tout le cercleC,
et, enparticu- lier,
en Donc elle le sera aussi dans tout le cercleC2
et, parsuite,
en etc.
De
plus,
la convergence étant uniforme dans chacune des circonférences le sera évidemment dans toute aire S’ tout entière intérieure à S.Il reste à montrer que la
série,
dont nous venons de prouver la conver- gence et lacontinuité,
est aussi une fonctionharmonique. Traçons
un cerclequelconque
intérieur àS ;
soit 0 son centre et R son rayon, etappelons u
lasomme de la série
en un
point quelconque
P intérieur au cercle.En un
point s
de lacirconférence,
y un devientu~, (s)
et uprend
unevaleur
u(s).
La série dont le termegénéral
est un(s)
est uniformément convergente sur toute lacirconférence,
et l’on aNous avons donc le droit
d’intégrer
les deux membres de cetteéquation
le
long
de lacirconférence, après multiplication
par le facteurce
qui
donneraOn a donc bien
ce
qui
démontre que la fonction u estharmonique
dans le cercle et, parconséquent,
dans toute l’aire.Outre cet
important théorème,
M. Harnack en a encore donné un se-cond non moins utile et dont voici l’énoncë : :
Si des
fonctions
u" , u2, ..., , un, ... sontharmoniques
à l’intérieur d’une aire S et queun (A)
tende versUn(s) quand le point
intérieur A.tend vers un
point
s du contour par un cheminquelconque; si,
deplus,
lasérie
est
uniformément converg’cnte
sur tout le contour, alors la sériesera
uni f ormément convergente
dans toute l’aire S et yreprésentera
une
fonction harmonique.
Deplus, u(A)
tendra versU(s) quand
A’
tendra vers s par un chemin
quelconque.
Posons
Un
peut prendre n
assezgrand
pour que l’on aitquels
que soient s et p.Donc
qui
est une somme d’un nombre fini de fonctionsharmoniques
dans
S,
etqui
tend versRn,p
sur le contour, aura lui-même dans toutel’aire un module inférieur On aura donc
quel
quesoit p
etquel
que soit lepoint
A dans l’aire.Ceci montre
déjà
que la série u est uniformément convergente dans S. Le même raisonnement queplus
haut montrerait aussiqu’elle
estharmonique.
Maintenant, s
étant unpoint
du contour, onpeut
de cepoint
commecentre tracer un cercle de rayon assez
petit
pour que,quel
que soit lepoint
A dans laportion
de l’aire S intérieure à cecercle,
on aitpuisque
an est une fonction continue dans S se réduisant à~n(s~
aupoint
s. Doncce
qui
démontre le théorème.6. Nous allons faire tout de suite une
application
de ce secondthéorème,
en résolvant le
problème
de Dirichlet dans le cas de l’airecomprise
entredeux cercles
concentriques.
Soient C et C’ les deux
cercles,
R et R’ leurs rayons, r et 0 les coordon- néespolaires
d’unpoint
de la couronne. On auraNous nous proposons de trouver, si cela est
possible,
une fonction8), harmonique
dans la couronneS,
se réduisant à des fonctions don- néesU ( ~ ~
etU’(6) lorsque
r tend vers R ou vers R’. Comme nous savonsd’avance que ce
problème
admet auplus
unesolution,
si nous arrivons àformer une fonction
répondant
aux conditionsénoncées,
nous aurons ré- solu leproblème.
’
Pour atteindre ce
but,
nous allons construire une série dont tous lestermes soient des fonctions
harmoniques
dansS,
et nous déterminerons les coefficients de manière à satisfaire aux conditions aux limites. Remar-quons,
à ceteffet,
que les fonctionssont
harmoniques
dansS,
car ce sont lesparties
réelles et les coefficients de i dans les fonctionscomplexes
lesquelles
sontholomorphes
dansS,
si m est entier.Désignons
donc pardes constantes
indéterminées,
etemployons
les abréviations suivantesUm est alors une fonction
harmonique
dans S et tend versUnl
ou versUnt
quand
lepoint
mobile serapproche
d’unpoint
de C ou de C’. Posons enfinAdmettons,
pour uninstant,
que cette série soit uniformément conver-gente,
écrivons que l’on aet déterminons les coefficients par ces conditions à la manière de Fourier.
Nous aurons les
équations suivantes,
où toutes lesintégrales
sontprises
entre cet 2 ~,
(Dans
cesintégrales,
on aremplacé
apar §
dans les fonctions U etU’).
Ces
équations
déterminent sansambiguïté
tous les coefficients. On en tireIl faut maintenant faire voir que la série
(i I),
dont nous venons ainsi dedéterminer les
coefficients,
est uniformément convergente,représente
unefonction
harmonique,
et satisfait effectivement aux conditions aux limites.Considérons,
à ceteffet,
la somme des n + ipremiers
termes de la sérieUo, U f,
...,Il,n,
...,qui
devrareprésenter f (R, 9). D’après
les for-mules
(12),
cette sommepeut
s’écrireOr,
dans lesapplications
que nous ferons de la formulecherchée,
lafonction U sera
toujours
la succession des valeurs queprend
lelong
ducercle C une fonction
analytique régulière
de x et de y. Tous les raisonne-ments que l’on fait sur cette
intégrale
dans la théorie des sériestrigonomé- triques
seront donc immédiatementapplicables.
Il en résulte que la série dont le termegénéral
estUm
est uniformémentconvergente
sur toute la circonférence C et a pour valeur U.De
même 03A3 U;n
converge uniformément sur C’ etreprésente
U’.Donc, d’après
le second théorème deHarnack,
la série dont le termegénéral
estum
représente
une fonctionharmonique
dans S et tend vers U ou vers U’quand
lepoint r,
6 serapproche
de C ou de C’ par un cheminquelconque.
La fonction
f ( n, 8 )
résout donc leproblème.
On
peut
remarquer que, en résolvant leséquations (12)
parrapport
à
Xm
etY,~,
on obtient desexpressions
d’où il est facile dedéduire,
pour lemodule de ces
quantités,
la limitesupérieure
que voicitoutes les fois que m sera
supérieur
àOn en conclut que les deux séries
sont absolument
convergentes.
On
peut
doncchanger
l’ordre des termesdans/*(r, 9)
et récrire7. Revenons maintenant à l’aire S pour
laquelle
nous voulons résoudre leproblème
de Dirichlet.Je dis d’abord que l’on
peut toujours
trouver des cerclesCi
tout entiersintérieurs à
S,
formant une suitesimplement
infinie à indices entiers po- sitifset
tels,
que toutpoint
intérieur à S soit intérieur à au moins l’un des cer-cles
Ci.
Pour le faire
voir,
considérons dans S unerégion
R dont tous lespoints
soient à une distance de s
supérieure
ào.
Soit01
unelongueur plus petite que é,
et traçons une série deparallèles
aux axes de coordonnéesayant
entre elles la distance constante
V2’
Nous formons ainsi une infinité de
carrés,
dont ladiagonale
est 0/. Nousne retiendrons
parmi
eux que ceuxqui
sont en totalité ou enpartie
inté-rieurs à
R, lesquels
sont naturellement en nombre limité. Toutpoint
de Rest alors intérieur à l’un de ces n
carrés,
ou sur son- contour. Ceux mêmes de ces carrésqui
sontpartiellement
extérieurs à R sont encore sûrement intérieurs àS, puisque
leurplus grande dimension 0’
est inférieure à o.Soient
D1, D2,
...,Dn
les centres de cescarrés;
de chacun de cespoints
comme centre, avec un rayon intermédiaireentre - et -,
décrivonsune circonférence.
Chaque
carré est alors tout entier intérieur au cerclecorrespondant, lequel
esttoujours
intérieur à S.Chaque point
de R estalors intérieur à l’un de ces n cercles.
Imaginons
alors une. série delongueurs 0 t, O2,
...,On,
... décroissant ettendant vers o.
Appelons Ro
larégion
formée par l’ensemble despoints
de Sdont la distance à s est
supérieure
àOi’ puis,
d.’une manièregénérale,
ap-.
pelons Ri
l’ensemble despoints
de S dont la distance à s estcomprise
entre~i
et~i+, . (Ces régions
ne seront pas nécessairement connexes, mais ceciimporte peu.)
Construisons dans
Ro
les cerclesCi, C2,
...,Cllo
commeplus haut, puis,
dans
Ri’
les cerclesCno+2,
...,Cn!,
....Nous aurons ainsi construit les cercles demandés.
Il est clair que l’on aurait pu les construire d’une infinité de manières différentes.
L’important
est de voirqu’on peut
leur donnerpour
indices lasuite des nombres entiers.