• Aucun résultat trouvé

Syndrome d’enraidissement articulaire secondaire au diabète sucré.

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Syndrome d’enraidissement articulaire secondaire au diabète sucré."

Copied!
4
0
0

Texte intégral

(1)

43

Revue Marocaine de Rhumatologie

CAS CLINIQUE

Syndrome d’enraidissement articulaire secondaire au diabète sucré.

Limited joint mobility syndromes associated with diabetes mellitus.

Yassine Lemrhari

1

, Miriam Ghazi

2

, Imane El Bouchti

1

, Radouane Niamane

2

.

1 Service de Rhumatologie, Hôpital Arrazi, CHU Mohammed VI, Marrakech - Maroc.

2 Service de Rhumatologie, Hôpital Militaire Avicenne, Marrakech - Maroc.

Résumé

Les manifestations musculosquelettiques du diabète, de type I ou de type II, sont classées en cinq catégories : le syndrome d’enraidissement articulaire, l’ostéoarthropathie nerveuse diabétique, l’augmentation du risque de fractures, les infections ostéoarticulaires et les infarctus musculaires.

Le syndrome d’enraidissement articulaire comporte les pathologies suivantes : la capsulite rétractile, le syndrome du canal carpien, la cheiroarthropathie diabétique, la maladie de Dupuytren et les doigts à ressaut.

Ces manifestations sont fréquentes chez les diabétiques, et méritent d’être bien connue par les endocrinologues et les rhumatologues afin d’améliorer leur prise en charge.

Nous rapportons l’observation d’un patient âgé de 54 ans, diabétique de type 2 mal équilibré depuis 10 ans et qui présente une raideur des doigts.

Mots clés :

Syndrome d’enraidissement articulaire; Diabète sucré.

Abstract

Musculoskeletal manifestations are common in the course of type I or type II diabetes mellitus. Several entities can be distinguished:

limited joint mobility syndromes, neurogenic ostéoarthropathie, an increased risk of osteoporotic fractures, bone and joint infections and finally, the rare but quite classical risk of muscle infarction.

Limited joint mobility syndromes includes:

adhesive capsulitis, carpal tunnel syndrome, diabetic cheiroarthropathy, Dupuytren disease and trigger fingers. These abnormalities deserve to be well known by the endocrinologists and the rheumatologists for an improved control of diabetes and most management of its complications.

We report the case of 54 years patients, type 2 diabetes poorly controlled for 10 years wich has a stiffness of his fingers.

Key words :

Limited joint mobility syndromes;

Diabetes mellitus.

Correspondance à adresser à : Dr. Y. Lemrhari Email : yassdoc1@gmail.com

Disponible en ligne sur www.smr.ma

Rev Mar Rhum 2015; 33: 43-6

Le syndrome d’enraidissement articulaire constitue une complication tardive du diabète engageant le pronostic fonctionnel et aboutissant a une détérioration de la qualité de vie des patients concernés.

OBSERVATION

Nous rapportons l’observation d’un patient âgé de 54 ans, diabétique de type 2 mal équilibré depuis 10 ans et qui présente une raideur des doigts.

Depuis une année une limitation non douloureuse de la flexion et surtout de l’extension des doigts, principalement en regard des articulations métacarpophalangiennes (MCP) et interphalangiennes proximales (IPP). Cette raideur est responsable d’une attitude en flessum des doigts, associée à une pseudo-sclérodactylie en l’absence de phénomène de raynaud, de télangiectasies et de nécroses pulpaires.

L’examen clinique des mains a mis en évidence un test

(2)

44

Revue Marocaine de Rhumatologie

CAS CLINIQUE

Y. Lemrhari et al.

de la prière positif (figure 1), un flessum des 4ème et 5ème doigts, une raideur des MCP et des IPP en flexion et en extension, une raideur des poignets en flexion et la présence d’un nodule sous cutané au dépend du tendon fléchisseur des 3ème et 4ème doigts avec rétraction cutanée en regard évoquant une maladie de Dupuytren (figure 2). L’examen des pieds note la présence d’un nodule plantaire siégeant sur les rayons des gros orteils, discrètement douloureux à la marche évoquant une maladie de Ledderhose.

On note l’absence d’un syndrome inflammatoire biologique et la négativité des anticorps anti-nucléaires (AAN) et des auto-anticorps anti-peptides citrullinés (ACPA). La glycémie à jeun était au dessus des valeurs normales sur 2 prélèvements (8,30 puis 7,50 mmol/l

pour une valeur normale inférieure à 6,10 mmol/l).

L’hémoglobine glycosylée était à 6,5% pour une valeur normale inférieure à 6%. La protéinurie des 24 heures était négative.

Le fond d’œil a objectivé la présence d’une rétinopathie diabétique débutante.

Le bilan radiologique a permis de mettre en évidence des signes en faveur d’une hyperostose vertébrale ankylosante (Figure 3).

Le diagnostic retenu chez ce malade est un diabète de type 2 compliqué d’une part par un syndrome d’enraidissement articulaire associant une cheiroarthropathie diabétique, une maladie de Dupuytren et une maladie de Ledderhose et d’autre part par une rétinopathie diabétique débutante.

Une hyperostose vertébrale ankylosante (HVA) associée a été découverte sur les radiographies standards.

La prise en charge thérapeutique de notre patient a débutée par un équilibre glycémique avec information sur les modalités d’administration de l’insuline et les risques évolutives de la maladie en cas de mauvaise observance

Figure 1 : Signe de la prière positif.

Figure 2 : Nodule sous cutané en regard du 4ème rayon droit avec rétraction cutanée en regard.

Figure 3 : Ossification étagée le long du bord antérolatéral des vertèbres dorso- lombaires, intégrité des disques intervertébraux et absence de signes en faveur de pathologies dégénératives.

(3)

45

Revue Marocaine de Rhumatologie

Le syndrome d’enraidissement articulaire secondaire au diabète sucré.

du traitement. La rééducation, la physiothérapie et des infiltrations de l’aponévrose palmaire et plantaire ont été proposées au patient pour minimiser les douleurs et améliorer la fonction au niveau des mains et des pieds.

DISCUSSION

L’hyperglycémie chronique est à l’origine de la réaction de Maillard. La fixation des produits de dégradation du glucose sur les fibres de collagène provoque une perte progressive de son élasticité au niveau articulaire et périarticulaire aboutissant au syndrome d’enraidissement articulaire [1, 2].

La cheiroarthropathie ou la main diabétique pseudosclérodermique est le plus souvent bilatérale et grossièrement symétrique [3]. Sa prévalence varie entre 8 et 34 %, plus importante chez les diabétiques de type I ayant un diabète ancien [3]. Elle précéderait de quelques années l’apparition des complications oculaires, neurologiques et rénales du diabète. Le principal diagnostic différentiel demeure la sclérodermie. La rééducation et la physiothérapie sont proposées pour restaurer la mobilité articulaire. Les injections de corticoïdes dans les gaines des tendons fléchisseurs, lorsque ceux-ci sont atteints, améliorent la mobilité des doigts [4].

La maladie de Dupuytren correspond à un épaississement chronique de l’aponévrose palmaire qui conduit à différents degrés de flexion des doigts. Elle est quatre fois plus fréquente chez les patients diabétiques que chez les sujets témoins [5]. Sa prévalence dans la population diabétique serait entre 2 et 63 % selon les séries [5]. Elle est présente chez 46% des patients diabétiques souffrant d’une cheiroarthropathie et chez 21 % des patients diabétiques sans cheiroarthropathie [6]. La maladie de Dupuytren dans la population diabétique semble significativement associée à la durée d’évolution du diabète [5, 7]. L’atteinte clinique est bilatérale dans un tiers des cas et prédomine sur les troisième et quatrième rayons [5], elle est plus diffuse et plus sévère chez les patients diabétiques. Le traitement repose sur les infiltrations cortisoniques et en cas d’échec sur l’aponévrotomie à l’aiguille ou chirurgicale. Les suites chirurgicales seraient plus compliquées et les récidives plus rapides chez les diabétiques [4].

Notre patient a rapporté une limitation non douloureuse de la flexion et surtout de l’extension des doigts, principalement en regard des articulations métacarpophalangiennes (MCP) et interphalangiennes proximales (IPP).

La maladie de Ledderhose décrite en 1894 est caractérisée par une fibrose nodulaire de l’aponévrose plantaire [8].

Elle est deux fois plus fréquente chez l’homme que chez la femme, bilatérale dans 10 à 40 % des cas [9, 10], familiale dans 10 à 25 % des cas [9]. L’association avec d’autres proliférations fibromateuses comme la maladie de Dupuytren ou la maladie de la Peyronie est rapportée dans 10 à 50 % des cas [11]. Le diabète est l’une des étiologies favorisant la survenue de cette maladie [8]. Cliniquement, la maladie reste longtemps asymptomatique. Le plus souvent le patient consulte soit pour une sensation de corps étranger, des douleurs mécaniques à la marche ou des paresthésies liés à la compression des filets nerveux [8]. Dans cette maladie, il n’y a pas de rétraction des orteils comme dans la maladie de Dupuytren [12]. L’imagerie moderne, notamment, la TDM et l’IRM est essentielle pour le bilan pré-chirurgical [8]. L’étude anatomopathologique permet le diagnostic de certitude [8]. Le traitement repose sur des semelles orthopédiques, des infiltrations cortisoniques et l’exérèse chirurgicale de la quasi-totalité de l’aponévrose plantaire dans les formes hyperalgiques [8].

Notre patient a présenté un nodule plantaire siégeant sur les rayons des gros orteils, douloureux à la marche.

Dans une étude cas-témoins menée par Vezyroglou G. et al., des troubles métaboliques notamment l’hyperlipidémie, l’hyperuricémie et le diabète ont pu être identifiés chez 70 % des patients atteints d’HVA contre 45 % parmi les témoins avec une différence hautement significative [13].

Le rôle du diabète dans la genèse de l’HVA n’est pas élucidé avec certitude [14].

CONCLUSION

Le syndrome d’enraidissement articulaire une fois installé n’est pas réversible, même après équilibre du diabète. Les traitements ne peuvent être que palliatifs. La rééducation sera alors au centre de la prise en charge. De ce fait, la prévention par une prise en charge précoce et adéquate du diabète est primordiale. Des études récentes ont montrés une diminution de la fréquence de certains syndromes d’enraidissement articulaire, tant chez l’adulte que chez l’enfant, au cours des 20 dernières années du fait de l’optimisation des stratégies thérapeutiques du diabète [2,15].

DéCLARATION D’INTéRêT

Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt.

RéféRENCES

1. Monnier VM, Mustata GT, Biemel KL, et al. Cross-linking of

(4)

46

Revue Marocaine de Rhumatologie the extracellular matrix by the maillard reaction in aging and

diabetes: an update on “a puzzle nearing resolution”. Ann N Y Acad Sci 2005;1043:533-44.

2. Lindsay JR, Kennedy L, Atkinson AB, et al. Reduced prevalence of limited joint mobility in type 1 diabetes in a U.K. clinic population over a 20-year period. Diabetes Care 2005;28:658-61.

3. Jennings AM, Milner PC, Ward JD. Hand abnormalities are associated with the complications of diabetes in type 2 diabetes.

Diabet Med 1989;6:43-7.

4. Timsit MA. Manifestations musculosquelettiques du diabète sucré.

EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Appareil locomoteur, 14-279- A-10, 2007.

5. Chammas M, Bousquet P, Renard E, et al. Dupuytren’s disease, carpal tunnel syndrome, trigger finger and diabetes mellitus. J Hand Surg 1995;20:109-114.

6. Bergaoui N, Dijeb K, EI May M. Association de la

cheiroarthropathie et de la maladie de Dupuytren dans le diabète sucré. Rev Rhum Mal Osteoartic 1991;58:179-181.

7. Arkkila P, Kantola IM, Viikari JS, et al. Dupuytren’s disease in type I diabetic patients: a five-year prospective study. Clin Exp Rheumatol 1996;14:59-65.

8. Tourné Y, Chaussard C, Huboud-peron A, et al. Pathologie de l’aponévrose plantaire superficielle et maladie de ledderhose.

EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Podologie, 27-090-A-20, 2000, 10p.

9. Denis A, Lacant G, Cywinter-Goleneer L. La maladie de Ledderhose. In : Claustre J, Simon L. éd. Le pied neurologique trophique et vasculaire. Monographies de podologie. Paris:

Masson, 1984:267-272.

10. Deutsch LA. Traumatic injuries of bone and osteonecrosis. In:

Deutsch LA, Mink J, Kerr R eds. MRI of foot and ankle. New York:

Raven Press, 1992:75-109.

11. Allen RA, Woolner LB, Ghormley RK. Soft tissue tumors of the sole with special reference to plantar fibromatosis. J Bone Joint Surg Am 1955;37:14-26.

12. Lee TH, Wapner KL, Hecht PJ. Plantar fibromatosis. J Bone Joint Surg Am 1993;75:1080-1084.

13. Vezyroglou G, Mitropoulos A, Antoniadis C. A metabolic syndrome in diffuse idiopathic skeletal hyperostosis. A controlled study. J Rheumatol 1996;23:672-676.

14. Gijón Baños J, Muñoz Fernández S. Hyperostose vertébrale ankylosante. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Appareil locomoteur, 15-861-A-10, 2002.

15. Infante JR, Rosenbloom AL, Silverstein JH, et al. Changes in frequency and severity of limited joint mobility in children with type 1 diabetes mellitus between 1976-78 and 1998. J Pediatr 2001;138:33-7.

CAS CLINIQUE

Y. Lemrhari et al.

Références

Documents relatifs

Enfin, il ne conviendra pas que le praticien prive le patient dia- bétique d’un traitement indiqué pour l’ICC sous prétexte du diabète, que ce soit un bêtabloquant, un diurétique

• Mécanisme d’action :réduire la sécrétion du glucose hépatique(glycémie à jeun). • Augmente l’affinité de l’insuline

Le diabète de type 2 survient soit lorsque le corps ne produit pas suffisamment d'insuline (une hormone sécrétée par le pancréas qui régule le taux de glucose), soit parce que

Les patients qui présentent une association SAOS- rétinopathie diabétique doivent impérativement bénéficier d’un traitement du SAOS pour prévenir la progression de

In an ongoing randomized phase III trial (CATNON-trial, Figure 2) in patients with anaplastic glioma without the combined 1p/19q deletion, the EORTC, together with the

If ChIP-Cor is accessed di- rectly from an organism-specific EPDnew home page, the corresponding promoter collection will automatically ap- pear as the default reference feature in

Le tribunal peut s’attendre à la collaboration des parties et, dans ce cadre, les charger de lui présenter des objets potentiellement aptes à établir le loyer usuel de la localité

Paola Cavalieri, The Animal Question : Why Nonhuman Animals Deserve Human Rights, Oxford: OUP, 2001; Michael Green, ‘Animal Rights Movement’, Ideas and Movements That Shaped