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Revue CREMA ISSN: N 7 / 2019

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« INTERMEDIATION FINANCIERE ET RENTABILITE DES BANQUES COMMERCIALES AU CAMEROUN »

”FINANCIAL INTERMEDIATION AND COMMERCIAL BANKS PROFITABILITY OF CAMEROON”

DONGMO TSOBJIO Franklin, étudiant en Ph. D., Université de Dschang.

franklindongmo@yahoo.fr

NEMBOT NDEFFO Luc, Maître de Conférence, Université de Dschang.

AVOM Désiré, professeur, Université de Dschang.

Résumé

Cet article vise à étudier la rentabilité des banques commerciales au Cameroun sous l‟angle de l‟intermédiation financière. La rentabilité a été mesurée par la rentabilité des actionnaires et la rentabilité des actifs. L‟analyse est faite à partir des modèles économétriques.

Les résultats de cette analyse montrent que les déterminants de la rentabilité des fonds propres et la rentabilité des actifs sont globalement significatifs. La rentabilité bancaire (ROE) est influencée positivement par le ratio des fonds propres nets sur total actif, par le ratio des réserves liquides sur actif, par le ratio des dépôts privés/dépôts totaux et par la taille de la banque mesurée par le total actif. Elle est négativement influencée par les dépôts, les crédits, le ratio total crédit/total dépôts, et aussi par la taille de la banque en ce qui concerne la ROA.

Ainsi les banques doivent transformer davantage les dépôts en crédits afin d‟accroitre leur rentabilité d‟intermédiation.

Mots clés : intermédiation financière ; banques commerciales ; rentabilité ; ROE ; ROA.

Abstract

This work aims to study the profitability of commercial bank of Cameroon in relation with the financial intermediation. Profitability was measured by the shareholders return or return on equity (ROE) and return on asset (ROA). The analysis is done by an econometric model.

The results of this analysis show that the determinants of banking return on equity and assets return are globally significant. The banking return is positively influenced by the ratio of capital stock net on total asset, by the ratio of liquids reserves on total asset, by the private deposits/total deposits and by the size of the bank that is measured by total asset. The Deposits, credits and the ratio of total credit/total deposit negatively influence it, and by the size of the bank, that concerns the return on asset. Thus, the banks are indeed profitable, but they must transform more deposits in credits in order to increase their intermediation profits.

Key words: financial intermediation, commercial bank, return, return on equity (ROE) and return on asset (ROA).

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169 INTRODUCTION

L‟octroi de crédit est une activité qui permet aux banques commerciales de jouer véritablement leur rôle principal qu‟est l‟intermédiation financière. C‟est pour cette raison que notre recherche sera basée sur l‟activité d‟intermédiation financière qui consiste principalement, en la transformation des dépôts (épargnes) en crédits par des intermédiaires que sont les établissements de crédit parmi lesquels les banques commerciales. Ces intermédiaires servent d‟interface entre les offreurs et les demandeurs de capitaux.

Dans la plupart des pays du monde, les banques sont au cœur du système financier. Mais le système financier est un ensemble constitué des institutions financières (banques, établissements de micro finance, etc), du marché financier (DSX1 dans le cas du Cameroun) et des intermédiaires financiers. Ces intermédiaires en plus d‟être des banques commerciales sont : les micro-finances et les établissements financiers non bancaires (les compagnies d‟assurances et les OPCVM2). On parle de l‟intermédiation de bilan pour les établissements de crédit et pour le marché financier, on parle de l‟intermédiation de marché (Bialès, 1999).

Le système financier à travers ces intermédiaires, met les agents économiques excédentaires en ressources (ménages, investisseurs institutionnels) en relation avec ceux qui sont déficitaires (entreprises, Etat, etc) (Vermminem, 2002). Cette relation peut se faire directement (finance directe ou intermédiation de marché) ou indirectement (finance indirecte ou intermédiation de bilan).

Que ce soit dans l‟un ou dans l‟autre cas, le système financier sert d‟interface entre les demandeurs et les pourvoyeurs de capitaux. Lorsque vous déposez des fonds sur votre compte en banque, ceux-ci serviront à octroyer des crédits à des entreprises. De même, lorsque vous souscrivez à un emprunt obligataire d‟une institution financière, les fonds collectés par cet organisme permettront de financier des entreprises industrielles et /ou commerciales sous la forme de prêts. En plus lorsque vous souscrivez à un contrat d‟assurance-vie, sachez que la compagnie d‟assurance placera les fonds collectés sur le marché obligataire, sur le marché de l‟immobilier, etc : on parle de l‟intermédiation financière (Vernimmem, 2002). Dans les pays développés d‟Europe et d‟Amérique dans

1 Douala Stock Exchange, c‟est l‟entreprise de marché sur le marché camerounais. C‟est une société anonyme avec conseil d‟administration d‟un capital de 12 000 000 000 FCFA qui bénéficie d‟une concessionnaire exclusive de service public (cours du droit bancaire et boursier du Pr KALIEU ELONGO Yvette, 2012).

2 Organismes de placement collectif en valeurs mobilières. Ils sont composés des sociétés d‟investissement à capital variable (SICAV) et des fonds commun de placements (FCP)

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lesquels les entreprises sont très spécialisées, on rencontre quatre catégories d‟intermédiaires financiers. Il s‟agit notamment des banques, des assurances, des fonds de pension et des OPCVM. Ceux-ci détiennent environ 50% du capital des entreprises en France, 60% aux Etats-Unis et 75% en Grande-Bretagne (M‟Barek, 2001). Les économistes s‟accordent en effet pour dire qu‟au-delà du phénomène de la désintermédiation, une nouvelle forme d‟intermédiation a pris place, dans un environnement caractérisé par une formidable croissance des activités de marché. L‟idée selon laquelle l‟élargissement des instruments financiers mis à la disposition des agents les amène à se financer davantage par l‟émission de titres que par le recours au crédit. Ainsi, on évoque souvent le rôle accru joué, depuis le milieu des années quatre-vingt, par les établissements de crédit et les intermédiaires non bancaires sur les marchés financiers (Gunther, 1999).

Dans le contexte africain, Avant les années 70, les économies étaient caractérisées par endettement, marqué par une prédominance de l'intermédiation bancaire liée à la faiblesse et à l'étroitesse des marchés de capitaux, une concurrence insuffisante entre institutions financières où les circuits de financement et de collecte de l'épargne sont étroitement cloisonnés et spécialisés et un strict contrôle par les autorités monétaires de la distribution du crédit et des opérations financières avec l'étranger (Hassena , 2006). Au Cameroun, le système financier a été longtemps contrôlé par les banques qui assuraient seules l‟intermédiation financière. Mais, depuis quelques années, suite à la libéralisation financière des années 80, et à la crise du secteur bancaire, on assiste à l‟entrée dans le monde financier des autres établissements de crédit (micro finances) et l‟expansion des marchés de capitaux qui suscite une diversification de l‟intermédiation financière, tout comme l‟émergence des nouveaux intermédiaires financiers. Si l'étude de l'influence de certains indicateurs sur les résultats bancaires occupe depuis longtemps une place importante dans la littérature économique et financière, un nouvel éclairage de la question est nécessaire.

C‟est ainsi que notre étude se propose de traiter de l‟activité d‟octroi de crédit en relation avec la rentabilité bancaire.

Le système financier est une pièce maitresse dans le développement économique de tout pays.

Alors (Seibel H.D., 1992) affirme que : « Le système de production - particulièrement l‟agriculture, le commerce, et l‟industrie - est le moteur de l‟économie, et la finance en est le carburant. Tant qu‟il n‟y a pas un système d‟injection de carburant qui fonctionne, le moteur ne pourra pas tourner. Plus le moteur tournera rapidement, plus il aura besoin de carburant.

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C‟est le système financier qui doit injecter l‟argent dans l‟économie: il doit mobiliser l‟épargne, octroyer le crédit et assurer la croissance adéquate de l‟offre monétaire. Un sous- approvisionnement en monnaie calera le moteur, et ainsi arrêtera l‟économie; un sur- approvisionnement en carburant conduira à l‟inflation, donc à la suffocation du moteur ».

Les crises financières des dernières décennies, dont la plus récente déclenchée en 2007 aux Etats Unis, avec les conséquences néfastes qu‟elle a eu, et continue à engendrer sur les économies de nombreux pays à travers le monde en occurrence les pays africains, montrent la forte influence de la finance dans le système économique. Le système d‟intermédiation financière de la zone CEMAC, de toute l‟Afrique noire francophone est le produit d‟une profonde révolution dont l‟élément catalyseur est la crise bancaire de la fin des années 80 (Bomda, 2010). Le système financier dans la CEMAC est encore sous-développé, faiblement diversifié et largement dominé par le secteur bancaire. Il comprend le secteur bancaire (qui détient en 2006 plus de 85 % des actifs et passifs financiers), les établissements financiers, les EMF3 et les compagnies d‟assurance. Par contre, l‟activité des établissements financiers non bancaires, des EMF et/ou des sociétés d‟assurance est très marginale dans la CEMAC et se développe quasi-exclusivement sur des bases nationales. En outre, la plupart des indicateurs montrent que la zone CEMAC est une région dont le niveau de développement financier est faible (Sildar et Tunis, 2010). Mais il faut rappeler que les performances actuelles de l‟intermédiation bancaire au Cameroun sont largement tributaires de la crise qui a frappé ce secteur dans les années 80 et de la restructuration conséquente au cours des années 90.

D‟après les études menées en Afrique Subsaharienne et en zone CEMAC en générale et au Cameroun en particulier, le développement financier (mesuré par le rapport masse monétaire M2/PIB) est plus faible que dans d‟autre régions du monde.

Lorsque les banques se livrent à l‟activité de l‟intermédiation, elles ont au passif des ressources et disposent en actif des emplois. D‟une part les ressources sont rémunérées par un taux d‟intérêt créditeur et d‟autre part les emplois sont placés à un taux d‟intérêt débiteur. La différence entre les produits et charges constitue le produit net bancaire (PNB).

Toutefois, à cause de la crise des années 80 et de la restructuration des années 90, les banques camerounaises sont devenues plus adverses au risque, ce qui a conduit à une sous transformation des dépôts en crédits par les banques engendrant par là la surliquidité des banques de la sous régions et du Cameroun en particulier. Selon les statistiques de la BEAC,

3 Etablissement de micro-finance

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on constate que la rentabilité bancaire a connu un taux d‟accroissement moyen d‟environ 2.45% entre l‟année 2000 et 2008. De même, les crédits et les dépôts ont connu une évolution Pour un taux d‟accroissement d‟environ 83,10% et 139% respectivement au cours de la même période. Ainsi, il y a lieu de s‟interroger sur l‟évolution du taux d‟accroissement de la rentabilité bancaire et ceux des crédits et dépôts bancaires. De cette problématique, il ressort une question : quel est l‟impact de l‟intermédiation financière sur la rentabilité des banques commerciales au Cameroun ? nous pouvons subdiviser en deux questions spécifiques à savoir : Quel effet l‟intermédiation financière a – t – elle sur la rentabilité des fonds propres des banques commerciales au Cameroun ? Quel est l‟impact de l‟intermédiation financière sur la rentabilité des actifs des banques commerciales du Cameroun ?

Répondre à ces questions nous conduira vers notre objectif global qui est celui d‟apprécier l‟impact de l‟intermédiation financière sur la rentabilité des banques commerciales au Cameroun. Il s‟agit de : Montrer l‟effet de l‟intermédiation financière sur la rentabilité des fonds propres des banques commerciales au Cameroun ; Déterminer l‟impact de l‟intermédiation financière sur la rentabilité des actifs des banques commerciales au Cameroun.

Cet article suivra le plan ci-après : la première section sera consacrée à la revue de la littérature, la seconde section s‟intéressera à l‟approche méthodologique, la troisième section va faire l‟objet de la présentation et discussion des résultats obtenus au terme de ce travail. La section quatre intitulée conclusion, va ressortir le bilan de ce travail et éventuellement quelques recommandations.

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173 I. REVUE DE LA LITTERATURE

Pour faciliter une compréhension aisée de notre recherche, il est important de faire une revue des théories et travaux ayant traités de cette problématique.

I.1 - REVUE DES TRAVAUX THEORIQUES DE LA LITTERATURE I.1.1 – théorie de l’intermédiation

L‟idée de l‟intermédiation financière a été développée par les théoriciens de développement dont, Gurley, Shaw, Goldsmith et d‟autres. D‟après la théorie de Gurley et Shaw (1960), le financement d‟une économie peut s‟opérer soit :

Sur ressources propres ou autofinancement.

Sur appel aux fonds extérieurs.

Dans ce dernier cas les agents économiques disposent de deux techniques pour obtenir des ressources, la première est d‟émettre des actions et des obligations sur le marché financier (désintermédiation), la deuxième est d‟emprunter auprès des intermédiaires bancaires ou non bancaires (intermédiation). Gurley et Shaw ont largement contribué à l‟avancement des travaux sur l‟approche théorique de l‟implication des phénomènes monétaires et financiers dans les activités bancaires. Avant les travaux de Gurley et Shaw (1960), dans leur étude intitulée « Money in a theory of finance », la théorie bancaire dans son ensemble faisait toujours la distinction entre les banques, les compagnies d‟assurances et certaines institutions financières. Thiam (1992) montre que l‟impact des facteurs financiers dans les activités d‟intermédiation financière fait l‟objet d‟un débat dans les littératures économiques et financières. Alors, s‟il existe des dissemblances entre ces entités financières (banque, compagnie d‟assurance et institutions financières), la nouvelle théorie bancaire est parvenue à les regrouper autour d‟une seule activité : l‟intermédiation financière.

Pour Gurley et Shaw qui ont proposé le cadre conceptuel de l‟intermédiation financière, (en faisant la distinction entre financement primaire, ou direct, et financement secondaire, ou indirect) il ne faut pas distinguer les intermédiaires financiers bancaires et les intermédiaires financiers non bancaires, du fait que leur rôle est le même. L‟intermédiation financière est unique dans l‟achat de dette primaire (crédits, titres) et l‟émission de dette secondaire (quasi- monnaie, monnaie). Les caractéristiques principales de l‟intermédiation se manifestent par la

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présence d‟un tiers dans un environnement où les désirs d‟emprunt et de prêt sont incompatibles dans leurs formes. Les intermédiaires financiers s‟interposent entre les agents économiques en ajustant l‟offre de capitaux à la demande entre les agents à capacité de financement (prêteurs) et les agents à besoin de financement (emprunteurs) dans le cadre épargne-investissement. L‟analyse des déséquilibres qui se manifestent dans les comptes individuels des agents économiques dans le système financier, donne une meilleure lecture et une bonne appréhension du concept d‟intermédiation financière. Les agents économiques, dans leurs activités habituelles, ont des excédents ou des déficits dans l‟équilibre de leurs comptes. Les agents excédentaires ayant une capacité de financement importante cherchent des emplois pour le solde positif de leurs revenus sur leurs dépenses. Cependant, les agents déficitaires cherchent des moyens de financement pour effectuer des investissements qui dépassent leurs moyens financiers.

Hairault et Portier (1988) montrent les difficultés auxquelles font face les agents non financiers lorsque leurs besoins de financement à long terme ne coïncident pas avec les besoins de placement à court terme des ménages, les ANF utiliseront un circuit indirect et intermédié, c‟est dans cette optique qu‟ils empruntent la définition de Tobin et Brainard (1963) qui définissent l‟intermédiation comme étant la satisfaction simultanée des préférences de portefeuille de deux types d‟agents non financiers, les emprunteurs et les préteurs. Par ailleurs on constate bien que le bilan d‟un IF possède un actif (représentatif de l‟endettement de l‟emprunteur) et un passif (représentatif d‟une créance du préteur ultime) de nature différente, cette différence permettant de satisfaire à la fois préteurs et emprunteurs (courbis, 1987). Cette activité de transformation de dettes et créances des ANF est un élément central de l‟analyse de l‟intermédiation financière. Il est donc clair que l‟intermédiation financière contribue non seulement à mettre en contact, mais encore à coïncider ces offres et demandes de financement. Le préteur cherche le placement le plus liquide possible, de rendement anticipé maximum pour un risque de non recouvrement donné et un risque minimum pour une rentabilité donnée. En face, l‟emprunteur désire contracter une dette d‟une durée variable (généralement longue), au coût le plus bas possible, et ceci sans garantir le risque de défaillance non nul. Les intermédiaires financiers bénéficient par ailleurs des coûts de transaction modérés du fait des économies d'échelle réalisées dans la collecte des dépôts et la distribution des crédits. Les intermédiaires financiers sont moins exposés que les prêteurs privés aux asymétries d'information qui font que l'emprunteur soit toujours plus renseigné sur sa situation que le prêteur.

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175 I.1.2 - Asymétrie d’information

La gestion du risque incorpore la notion d‟information qui tend toujours à être incomplète.

Cette incomplétude traduit l‟asymétrie d‟information qui suppose que dans une transaction économique, une partie au contrat est plus informée que l‟autre partie. Ainsi, elle se place dans un contexte favorable pour son calcul économique et pour la négociation financière ; il peut exploiter cet avantage informationnel en adoptant un comportement opportuniste. Cette asymétrie d‟information est plus rencontrée dans le secteur des assurances où les assurés sont plus informés que les assureurs. Le secteur bancaire n‟est pas écarté de ce problème d‟asymétrie d‟information, car les emprunteurs sont plus informés que les prêteurs. Mais les banques, de part leur position d‟intermédiaires et de leur rôle de gestionnaires de comptes des clients qui sont ces emprunteurs, elles contribuent à réduire les asymétries d‟information et à une distribution rationnelle des ressources dans une économie. Que ce soit dans les assurances et dans les banques, on rencontre deux types d‟asymétries d‟information : la sélection adverse et le hasard moral.

I.1.2.1 - La sélection adverse ou anti-sélection

Les travaux de Akerlof (1970) sur le marché des voitures d'occasion ont introduit la notion d'anti-sélection, appelée aussi sélection adverse, selon laquelle l'incertitude sur la qualité de l'objet induit la possibilité de fraudes qui, du fait qu'elles peuvent être anticipées, débouchent sur des stratégies complexes pour s'en protéger. Concernant le secteur bancaire, le phénomène d'anti-sélection apparaît lorsque l'emprunteur conserve, même après un examen attentif par le créancier des informations disponibles, un avantage informationnel sur son partenaire. Le partage inéquitable du savoir concernant le risque de défaillance attaché aux crédits rend problématique l'identification des bons emprunteurs (Stiglitz et Weiss, 1981). Ainsi, à défaut de pouvoir fixer un taux d'intérêt qui corresponde au risque effectif du projet à financer, la banque applique un taux reflétant la qualité moyenne des emprunteurs. Une telle pratique conduit alors à pénaliser les individus dont le projet est peu risqué en leur faisant payer une prime de risque plus élevé que leur risque effectif, et à avantager inversement les agents détenant des projets risqués ; la prime de risque facturée étant inférieure au risque réel de l'emprunteur. Donc l‟anti-sélection se manifeste lorsque le contrat n‟est pas encore conclut contrairement à l‟aléa moral.

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176 I.1.2.2 - Aléa moral ou hasard moral

Très fréquent dans le secteur des assurances, il se manifeste après la conclusion du contrat.

Ici, le vendeur fait entièrement confiance à l‟acheteur chargé de l‟exécution du contrat. L‟aléa moral est une situation où l'incomplétude de l'information provient des actions et comportements non observables susceptibles d'être entrepris par les agents après signature du contrat. C'est donc une forme d'opportunisme post contractuel qui survient lorsque les actions mises en œuvre ne peuvent être discernées. Les problèmes liés à l'aléa moral apparaissent lorsqu'un individu entreprend une action inefficace.

Dans le secteur financier, l'aléa moral se rapporte à toute situation dans laquelle les résultats de la relation de crédit dépendent des actions entreprises par l'emprunteur après signature du contrat et imparfaitement observables par le créancier. Ainsi, une entreprise contractant un crédit pourra s'engager de façon plus ou moins forte dans la réussite du projet. La réussite du projet financé va alors dépendre du contrôle que le créancier va exercer. Dans ce contexte, le marché risque de ne pas pouvoir mettre en place un système de contrôle efficace car le financement par émission d'actions ou d'obligations fragilise le contrôle. Ainsi, la position d‟intermédiaire donne aux banques un avantage informationnel par rapport à un nouveau mode d‟intermédiation financière ou finance directe qui connait des limites au sujet de l‟asymétrie d‟information. La tenue des comptes clients constitue en effet une importante niche de renseignements sur les prêteurs et les emprunteurs. Les intermédiaires complètent leurs informations en recourant aux autres sources fiables que sont la Centrale des risques, les échanges de renseignements interprofessionnels ou les correspondants étrangers (Kadandji, 2008), afin de mieux gérer le problème d‟asymétrie d‟information.

I.1.3 - L’intermédiation financière et rentabilité bancaire

Comme le dit Ben Naceur (2003), les crédits sont prévus être la principale source de revenus pour les banques. Ainsi plus le ratio d‟intermédiation bancaire est faible, ou le taux d‟intermédiation élevé, plus les marges d‟intérêts et de profit des banques sont élevées. Dans ce cas, l‟efficience peut augmenter. La performance des banques est appréhendée par le concept d'efficience, c‟est-à-dire l'habileté à transformer des ressources multiples en services financiers divers (Lesueur et Plane, 1997). Le secteur privé est très largement financé par des intermédiaires financiers (banques et investisseurs institutionnels). Néanmoins cette analyse souffre d‟une incertitude statistique, en particulier dans la prise en compte des financements par actions qui demeure faible.

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Les travaux d‟Allen et Gale (1995) ont clairement mis en lumière qu‟un recul du financement par crédit bancaire ne devait pas nécessairement conduire à conclure à un phénomène de désintermédiation au profit de la finance directe. Il importe donc de déterminer la nature du processus qui est à l‟œuvre dans les économies en transition : s‟orientent-elles vers une finance de marché au détriment des banques ou connaissent-elles un allongement de la chaîne d‟intermédiation tel que celui mis en lumière dans les économies les plus développées ? La réponse à cette question se trouvera dans le calcul du taux d‟intermédiation moderne. Une analyse théorique „classique‟ pourrait conclure à une forte progression du financement direct (par émission d‟actions) venant compenser la faiblesse du financement intermédié (les marchés des titres de dette étant considérés comme des marchés d‟intermédiaires financiers) (Stintzy, 2003). Le financement est ainsi en hausse plus ou moins forte, dans un contexte d‟évolution des émissions d‟actions et obligations (finance directe).

L‟évolution de l‟économie camerounaise vers une économie de marché va certainement impacter le produit net bancaire (qui est l‟indicateur par excellence de la rentabilité bancaire) des banques commerciales. Car, les investisseurs ne seront plus obligés de passer par l‟intermédiation des banques, ils pourront investir directement sur le marché financier par l‟achat d‟actions et obligations émis par les ANF en vue de financer leurs projets. C‟est alors que Silem et Albertini (2004) postulent que lorsqu‟une banque contribue à placer une émission dans le public, son intermédiation relève des techniques distributives ; quand elle collecte les dépôts et accorde du crédit, qui figure dans son bilan, elle fait de l‟intermédiation de bilan.

I.1.4 – Prolongement de la théorie de l’intermédiation

Selon Bialès (1999), la question de l'intermédiation financière est à la fois ancienne et nouvelle. Ancienne, dans la mesure où depuis longtemps les théories monétaires, (telles que celles de Gurley et Shaw) l'étudient en distinguant la finance directe et la finance indirecte.

Nouvelle, parce que la globalisation financière actuelle est régie par une règle que l‟on peut appeler « règle des 5 D » : le Décloisonnement des marchés (avec la suppression du contrôle des changes sur le plan extérieur et avec l‟unification des marchés de capitaux sur le plan intérieur), la Dématérialisation des marchés et des titres (les marchés financiers sont des réseaux informatiques et les titres papiers n‟existent plus), la Déréglementation (avec la Déspécialisation des institutions et la Dérégulation des activités), la Désintermédiation des financements (avec la titralisation des financements, la marchéisation des conditions bancaires

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et la mobiliérisation des bilans bancaires), et le Désengagement de l‟État. La révolution financière des années 80 et l'accélération de la mondialisation de l'économie dans les années 90 justifient donc que l'on se pose la question de la place de l'intermédiation financière dans l'ensemble du système de financement et de la réalité du processus de désintermédiation.

Depuis les travaux de Gurley et Shaw (1960) et surtout de Hicks (1975), on a coutume d'opposer les économies d'endettement et les économies de marchés de capitaux selon que le centre de gravité du financement de l'économie se trouve plutôt du côté de la finance intermédiée ou au contraire du côté de la finance directe. Hicks (1975) définit les intermédiaires financiers comme étant « des institutions qui réalisent l'adéquation quantitative et qualitative entre l'épargne disponible des prêteurs et les besoins de financement des emprunteurs en apportant une garantie qui repose sur leur notoriété, leur surface financière et la division des risques à laquelle ils procèdent ». Pour Mishkin et al (2010) les banques, les compagnies d‟assurances, les fonds commun de placement, les sociétés financières et les banques d‟affaires constituent les institutions du système financier. Pour eux, si un particulier accepte de prêter de l‟argent à une entreprise, il ne le fera en général pas directement. Il va le faire indirectement : c‟est l‟intermédiation financière.

Depuis le modèle d'intermédiation financière de Gurley et Shaw qui a sans doute présenté l'expression théorique la plus synthétique de l'intermédiation et dont le cadre conceptuel demeure actuel et suscite même un regain d'intérêt avec le développement des marchés, la notion d'intermédiation financière a connu une profonde mutation dans le temps suivant les définitions et les interprétations des théoriciens et des praticiens. Mais l'idée générale reste la même. Cette idée voit l'intermédiation financière comme étant un ajustement des besoins et des capacités de financement se traduisant par l'intervention d'un tiers. Ce travail sera traité sur la base de cette dernière définition.

I.2 – REVUE DES TRAVAUX EMPIRIQUES DE LA LITTERATURE

La revue empirique nous permettra de donner les conclusions obtenues par nos prédécesseurs ayant travaillé sur l‟intermédiation en relation avec les grandeurs économiques.

I.2.1 – Intermédiation financière et économie

Le manque du système financier efficient est la cause principale des mauvaises performances économiques de la plupart des pays en développement. C‟est en effet à l‟intermédiation financière que revient le rôle de mobiliser et allouer les capitaux, et de contrôler l‟utilisation

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(Stiglitz, 1989). Le système financier joue un rôle important dans la formation du capital, l‟accroissement de la productivité, et par conséquent dans le développement économique.

Moez (2011) en reprenant Bencivenga et Smith (1991) proposent un modèle dans lequel les intermédiaires financiers compétitifs (les banques) affectent l‟allocation des ressources ayant une implication pour le taux de croissance réel. Pour ces auteurs, les économies possédant des intermédiaires financiers compétitifs croissent plus vite que les économies sans intermédiation financière. L‟industrie d‟intermédiation financière permet à l‟économie de réduire la fraction de son épargne détenue sous forme d‟actifs liquides non productifs et permet de prévenir les allocations non optimales des ressources. De même il cite les travaux de Gregorio et Guidotti (1995) qui utilisent un cadre d‟analyse à la Barro. Ils trouvent un effet positif du développement financier sur la croissance du PIB réel par tête à long terme. Cet effet est particulièrement fort dans les pays à faible et moyen revenu, mais il est faible dans le cas des pays à revenu élevé. Ils argumentent que ce faible effet est dû au fait que la part la plus importante des opérations du système financier se passe en dehors du système bancaire. Ils trouvent aussi que l‟effet de l‟intermédiation financière sur la croissance est dû principalement à son impact sur l‟efficacité des investissements plus que son impact sur leur volume. Lorsqu‟ils explorent la relation entre leur mesure de l‟intermédiation financière et la croissance économique dans les pays de l‟Amérique Latine, ils trouvent une corrélation robuste et négative. Cela peut s‟expliquer par la libéralisation financière à outrance (non prudente) des années 1970 et 1980 et qui a capoté et s‟est transformée en crise financière sévère.

Labye et Renversez (2000) dans leurs travaux montrent que grâce à un processus d'adaptation de l'offre à la demande de capitaux, en transformant à la fois les échéances et la dimension des ressources qu'ils collectent pour les rendre compatibles avec les besoins des emprunteurs, les IF contribuent en offrant des titres de la dette secondaire, placements liquides, titres négociables, à accroître les services rendus aux prêteurs et à favoriser ainsi le financement de l'activité et plus particulièrement de l'investissement. Avec les ressources dégagées, les intermédiaires financiers non seulement distribuent des crédits mais aussi acquièrent les titres (dits titres de la dette primaire) émis par les emprunteurs sur les marchés qu'il s‟agisse d'actions, d'obligations, ou de titres hypothécaires. Cette analyse leur permet de conclure que les IF interviennent sur les marchés de capitaux à la fois comme acquéreurs de titres négociables et comme émetteurs de ces mêmes titres, ainsi qu'en distribuant du crédit. Ils

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précisent que L'effort de mesure de l'intermédiation financière s'inscrit dans ce cadre. La difficulté tient à la prise en compte de l'activité des intermédiaires financiers sur les marchés.

Pour Ngono (2007) ayant fait une étude sur « intermédiation bancaire et croissance économique au Cameroun », démontre que l‟intermédiation financière de part ses fonctions que sont : la fonction monétaire, la fonction de transformation et les fonctions de placement et de négociation est un élément fondamental du processus de croissance économique et de développement. L‟auteur arrive à la conclusion qu‟il existe un lien positif entre l‟intermédiation financière et la croissance économique.

I.2.2 – Les résultats sur l’intermédiation financière et rentabilité

Nasser, (2003) en s‟inspirant des travaux de Demirgüç-Kunt et Huizinga (1999), propose dans son article une analyse empirique de la marge bancaire et des déterminants de la profitabilité des banques dans l‟Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) depuis la libéralisation financière de 1989. Les principaux résultats qu‟il a obtenus sont:

d‟une part l‟accroissement de la marge bancaire dans tous les pays de l‟Union et d‟autre part, la politique de détente monétaire et la baisse du crédit comme déterminants significatifs de la profitabilité. Après une étude menée sur les déterminants de l‟efficacité des banques commerciales de la communauté économique et monétaire de l‟Afrique centrale, les auteurs Kamgna et Dimou (2009), ayant utilisé la méthode DEA, ont conclut en termes d‟intermédiation, que les banques de la CEMAC ne sont pas assez performantes avec un niveau d‟inefficacité avoisinant les 30%. Il y a une forte disparité entre les banques de la CEMAC en termes d‟efficacité d‟intermédiation et ces disparités ce sont accentuées ces dernières années. L‟efficacité selon l‟optique d‟intermédiation est déterminée positivement par le niveau de solvabilité, de couverture des immobilisations et par la couverture géographique à travers le nombre de guichets. Une liquidité abondante est synonyme d‟inefficacité selon cette approche. Ces auteurs auraient dû utiliser aussi des variables telles que les fonds propres /total actif, total crédits/total dépôts, total bilan, etc pour mieux mesurer le niveau d‟efficacité et par là celui de la rentabilité bancaire

Stintzy (2003) dans son travail arrive à conclure qu‟une tendance à la baisse du ratio d‟intermédiation étroit s‟analyse comme le recul de la part du crédit bancaire dans le financement des Agents Non Financiers : cette tendance est clairement affichée par l‟analyse en flux qui ne doit pas masquer l‟importance des crédits présents aux bilans des banques.

Cette évolution précise-t-il, ne peut cependant pas être interprétée comme un phénomène de

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désintermédiation et les taux d‟intermédiation large (en cours) sont encore importants : d‟une part, les portefeuilles financiers des Investisseurs Institutionnels sont en constante augmentation et sont particulièrement développés en République tchèque (et plus timidement en Hongrie) : la Pologne semble à ce niveau plus en retrait ; d‟autre part, la finance directe (émission d‟actions principalement) ainsi que la capitalisation boursière restent très faibles.

On comprend ici que si les banques commerciales ne développent pas d‟autres techniques et produits pour faire face à la baisse du ratio d‟intermédiation, alors leur rentabilité sera vue à la baisse. Les travaux de Cetorelli, (2012), portant sur l‟évolution des banques et intermédiation financière, montrent que l‟habilité de régulariser les institutions financières s‟adaptent au changement de l‟environnement, en suggérant qu‟il ya peut être beaucoup à apprendre au sujet de l‟évolution future de l‟intermédiation financière eu-égard à l‟observation des banques. Les risques sont encore probablement concentrés dans les autres parties du système.

Ils suggèrent également que l‟intermédiation financière est devenue très complexe et la balance des banques est maintenant réflexive à l‟activité actuelle d‟intermédiation.

De même, Demirguç-Kunt et Huizinga4 (1999) mettent en évidence une corrélation positive entre la capitalisation et la profitabilité des banques, ainsi qu‟une relation négative entre cette dernière et les réserves constituées par les banques. Ils trouvent, entre autres, que les banques étrangères réalisent de meilleures performances que les banques nationales dans les pays en développement, tandis que c‟est plutôt le contraire qui est observé dans les pays développés.

En outre, leurs résultats montrent que le ratio de concentration bancaire est lié positivement à la profitabilité des banques. Raoudha et al, (2008), dans leur travail qui vise à identifier les déterminants internes de la rentabilité bancaire qui différencient les banques domestiques des banques étrangères en France, arrivent à conclure que Tous les déterminants affectent significativement la rentabilité bancaire, à l‟exception du ratio de liquidité, qui indique une relation positive entre la liquidité et la rentabilité de l‟ensemble des banques, ce qui montre que le levier financier joue un rôle déterminant de différentiation entre les deux catégories de banques. Enfin, les banques étrangères ont un impact significatif et négatif sur la profitabilité bancaire et c‟est en les comparants à la performance des banques domestiques qui présentent une rentabilité plus élevée. Ainsi, les banques domestiques françaises sont plus rentables que les banques étrangères opérant en France. Bien que nous nous inspirions de ce travail, on peut quand même noter que les auteurs ne s‟intéressent qu‟à la comparaison entre rentabilité des

4 Cité par Nasser, 2003

(15)

182

banques domestiques et celle des banques étrangères. Or dans notre travail, nous examinons la rentabilité de l‟ensemble des banques qui constituent le système bancaire camerounais.

Nembot et Ningaye, (2007) concluent au terme de leur article sur la réforme financière et la rentabilité du système bancaire des Etats de la CEMAC, en utilisant la méthode structure- comportement-performance que le système bancaire des États de la CEMAC a connu une crise au milieu des années 80, qui de par son ampleur a compromis le processus d‟intermédiation financière et paralysé, handicapé le financement interne des investissements.

Mais ils montrent à travers leurs résultats que les reformes du système bancaire de la CEMAC ont contribué à l‟amélioration de la rentabilité bancaire. Plus le capital social est détenu par les acteurs privés, plus les banques sont rentables. Cependant, le ratio de dépenses d‟exploitation, le taux de dégradation des crédits sont inversement liés aux mesures de rentabilité bancaire. Allant dans le même sens, Yusuf (1994) cité par Nembot et al, ayant mené une étude sur la performance des banques commerciales au Bahrain, utilise la méthode de panel dans un échantillon de 6 banques. Sa vérification s‟est faite à travers deux modèles de régression avec les deux variables expliquées suivantes :

- Rendement sur l'actif (ROA) - Rendement sur le Capital (ROE)

En utilisant 10 variables explicatives, il arrive à la conclusion selon laquelle avec la crise du Golfe, le rapport prêts/dépôts, les dépenses d'exploitation et la taille des banques sont inversement liés aux deux mesures de performance. En revanche, la concentration du ratio prêts/total actif, du ratio dépôts individuels/total dépôts, le ratio actions/actif total et la part des actions du gouvernement dans le capital sont directement liés à la profitabilité des banques. Dans leur travail, il faut relever que l‟auteur n‟utilise pas certaines variables importantes pour la rentabilité telles que les fonds propres/total actif.

(16)

183 II – METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

II.1 - Description de l’échantillon et source des données

Cette étude repose sur un échantillon constitué de toutes les 13 banques commerciales dont est doté le secteur bancaire camerounais et dont l‟activité principale est la collecte des dépôts et l‟octroi de crédit.

La source des données utilisées dans ce travail est de type secondaire. Les données proviennent pour certaines des rapports de la banque de France sur la zone Franc et pour d‟autres des rapports COBAC et de la BEAC. Les données couvrent une période annuelle allant de 2000 à 2010. Compte tenu de cette période courte du fait de la difficulté d‟accès au données dans le secteur bancaire de la zone CEMAC, ces données ont été trimestrialisées par la méthode de chow et lin (1971) à l‟aide du logiciel rats 5.00 avec comme allocateur de trimestrialisation les tendances antérieures sur 10 ans au seuil de signification de 5%.

II.2- Modèle théorique

Ce paragraphe met en exergue les variables explicatives de la rentabilité des banques commerciales au Cameroun sur la période de l‟étude à travers une analyse économétrique.

Pour y parvenir, nous estimerons un modèle linéaire multiple ayant comme variable dépendante la rentabilité qui sera captée par la rentabilité par rapport au fond propre et la rentabilité par rapport à l‟actif du bilan des banques.

III.2.1 - Choix du modèle

Le modèle théorique qui est utilisé dans ce travail est emprunté à Goddard et al (2004), Athanasoglou et al (2008) et Garcia-Herrero et al (2009)5. Ce modèle est formulé comme suit :

p

Pt = β0 + ∑ βt Xt + εt

t =1

Avec Pt est la rentabilité des banques à l‟instant t, mesurée par le ROAt ou encore ROEt avec t=1……T ;

β0 étant un terme constant fixe pour toutes les banques et à travers toutes les périodes ;

5 Cité par Raoudha et al, 2008

(17)

184

βt est le vecteur de coefficients constants à travers les banques, Xt est le vecteur des variables explicatives

Pour faire notre étude, nous adopterons une approche économétrique en utilisant la méthode des moindres carrés généralisés (MCG) qui sera basée sur un modèle de régression linéaire multiple mettant en relation la rentabilité des banques commerciales qui est la variable à expliquer et d‟autres variables

La spécification du modèle empirique d‟estimation de la rentabilité des banques commerciales au Cameroun sera constituée de deux modèles : l‟un mesurant la rentabilité bancaire par rapport aux fonds propres ou return on equity (ROE) et l‟autre la rentabilité bancaire par rapport à l‟actif ou return on asset (ROA).

II.2.2 – Choix de variables et modèle empirique II.2.2.1 - Variables expliquées : La rentabilité

La mesure de la rentabilité est réalisée dans cette étude, par le moyen des méthodes de l‟analyse économétrique. Dans la littérature plusieurs auteurs ont mesuré la rentabilité des banques en utilisant cette méthode : Arshadi et Lawrence (1987), BOUKE (1989), NEMBOT et NINGAYE (2007), Raoudha (2008). Puisque nous cherchons l‟impact de l‟intermédiation financière sur la rentabilité des banques commerciales, alors, la détermination de la rentabilité se fera à partir de l‟estimation de deux modèles de régression multiple avec des variables spécifiques:

rentabilité des capitaux propres (Return on equity) définie par le rapport entre le bénéfice net et les capitaux propres. Ce ratio est appelé aussi la rentabilité des actionnaires avant impôt qui permet d‟évaluer le rendement des fonds investis par ceux-ci dans la banque.

La rentabilité par rapport aux actifs (Return on assets) : définie comme étant le bénéfice net divisé par le total des actifs. C‟est le ratio le plus utilisé pour comparer la rentabilité des banques puisqu‟il indique les revenus générés par les actifs financés II.2.2.2 - Variables explicatives et signe attendus

Dans cette étude, nous avons retenu quelques variables explicatives qui semblent mieux capter la rentabilité bancaire, à savoir : les dépôts bancaires, les crédits bancaires, les fonds

(18)

185

propres sur actif, le ratio des réserves liquides sur actif, les dépôts privés par rapport au total dépôt, la taille de dépenses ou total actif, ratio de crédit sur dépôt, le ratio crédits bancaire sur les dépôts bancaires et l‟écart des taux d‟intérêt.

Tableau 1 : tableau d’abréviation des variables utilisées

Variables utilisées Abréviations Mesure

Crédits bancaires CBanc Total crédit de chaque trimestre

Dépôts bancaires DBanc Total tous les dépôts de chaque trimestre Ecart des taux d‟intérêt ETI Différence entre le taux de prêts et le

taux de rémunération des dépôts fonds propres sur actif FPSA Fonds propre/total actif

Ratio réserve liquide RRSA Réserve liquide/ total actif Part dépôts privés DPSDT Dépôts privés / total dépôt

Total actif TA Les actifs totaux

Ratio crédit par les dépôts CSD Crédit / dépôts

Rentabilité par raport au fond propre

ROE Résultat net /fonds propres

Rentabilité par rapport au total actif

ROA Résultat net / total actif

Fonds propre net FPN Capitaux propres

Source : à partir d‟une revue exhaustive de la littérature

Les dépôts bancaires : Ils constituent l‟ensemble des dépôts de la clientèle des banques et qui permettent le financement de l‟économie par les banques. Comme le

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186

note Kamgna, (2009), la progression des dépôts augmente le bilan cumulé des banques et dans une moindre mesure le crédit à la clientèle. Les dépôts bancaires vont constituer un élément positif quant à la rentabilité bancaire, car comme le soulignent certains auteurs, ce sont les dépôts qui font les crédits. C‟est une varible qui sera loguée. On s‟attend à un signe positif

Crédits bancaires : ils sont constitués de l‟ensemble de crédits octroyés par les banques commerciales au Cameroun aux agents économiques en besoin de financement. Il doit influencer positivement la rentabilité (Raoudha, 2008). Du fait de son caractère non linéaire, ils sont mesurés par le logarithme décimal.

Ratio des réserves liquides sur l’actif des banques : le ratio des réserves liquides par rapport à l‟actif des banques est le ratio des positions en devises locales et de dépôts bancaires auprès des autorités monétaires par rapport aux créances sur les autres gouvernements, les entreprises publiques non financières. elle doit agir négativement ou positivement sur la productivité et la rentabilité bancaire selon son évolution, car ce ratio montre le niveau de liquidité des banques après financement de l‟économie.

On s‟attend à un signe positif ou négatif (Nasser, 2003).

Fonds propres sur total actifs : ce ratio mesure le poids du capital de la banque. Il détermine la répartition des sources de financement de la banque entre endettement et capitaux propres. Ainsi, un ratio adéquation du capital élevé est un indicateur d‟endettement faible et par conséquent d‟un risque de solvabilité plus faible.

Toutefois, pour ce qui est de la rentabilité, la relation conventionnelle risque- rentabilité implique un lien négatif entre ce ratio et la performance bancaire (Raoudha et al, 2008). On s‟attend à un signe positif.

Écart des taux d’intérêt : c‟est la différence entre le taux perçu par les banques sur les crédits octroyés à la clientèle et le taux que les banques payent sur les dépôts de la clientèle. Cette variable est positivement liée à la rentabilité. Il est mesuré par le logarithme décimal.

Total crédit sur total dépôt : ce ratio mesure l‟importance des crédits consentis par la banque par rapport à la principale source de financement de ses crédits. C‟est une mesure de la liquidité de la banque, puisqu‟il relie la gestion de la liquidité à la performance bancaire. Ce ratio compare les actifs illiquides (les crédits) à la principale source de financement stable (les dépôts). Ainsi, plus ce ratio est faible, plus la banque

(20)

187

est considérée liquide et inversement (Jasim, 1994). Il doit avoir un signe positif ou négatif (Nasser, 2003) selon son évolution

Dépôts privés sur total dépôts : ce ratio permet de mesurer la structure des dépôts bancaires (Jasim, 1994). Si ce ratio est élevé alors la rentabilité l‟est aussi et s‟il est plutôt faible, la rentabilité est faible.

Total actif : cette variable mesure la taille des dépenses, elles sont mesurées par le logarithme décimal du total actif parce que la relation entre la taille et la profitabilité (rentabilité) est supposée être non linéaire (Athanasoglou et al (2008)). On attend un signe positif.

Fonds propre net : ils sont constitués des capitaux propres. On s‟attend à un signe positif car c‟est la source par excellence de la rentabilité bancaire. Ils sont mesurés par le logarithme décimal.

Tableau 2: récapitulatif des signes attendus

VARIABLES SIGNES ATTENDUS

Y X

Rentabilité par rapport aux fonds propres (ROE)

Rentabilité par rapport aux actifs (ROA)

DBanc + +

CBanc + +

ETI + +

FPSA + +

RRSA +/- +/-

DPSDT +/- +/-

TA + +

FPN + +

Source : conçu à partir de la revue exhaustive de la littérature.

(21)

188

II.2.2.3 – Modèle de la rentabilité des fonds propres ou return on equity (ROE)

La littérature attribue aux dépôts un rôle ambigu dans la production bancaire. Tandis que l‟approche d‟intermédiation les considère comme un facteur de production additionnel qui est nécessaire au financement des activités de crédit, l‟approche de production traite plutôt les dépôts comme un produit bancaire (FORTIN et LECLERC, 2010). On suggère notamment que l‟approche à privilégier dépend du contexte (Berger et Mester, 1997). Les variables fonds propres net (FPN), total actif (TA), crédit bancaire (CBanc), dépôts bancaire (DBanc) sont des variables qui ont été loguées (logarithme) pour les ramener à l‟échelle. Car elles sont supposées non linéaires (Athanasoglou et al (2008)).

D‟où le modèle de long terme suivant :

ROEt = β0 + β1 DBanct + β2 CBanc t + β3 FPSA t + β4 DPSDTt + β5 TA t + β6 RRSAt + β7 RTCSTDt + β8ETIt + β9FPNt + εt

β0, β1, β2, β3, β4 β5, β6, β7, β8 sont les paramètres à estimer εt est le terme d‟erreur.

II.2.2.4 – Modèle de la rentabilité des actifs ou return on asset (ROA) Ce modèle suit le précédent

ROAt = α0 + α 1DBANCt + α 2 CBanc t + α 3 FPSA t + α 4RRSAt + α 5 ETI t + α 6

DPSDTt+ α 7CSDt + α8TAt + α 9FPN + εt Où les α0, α 1,..., α t sont les coefficients à estimer εt est le terme d‟erreur.

II.3- TESTS DE DIAGNOSTIC ET DE VALIDATION DU MODELE

On distingue plusieurs tests de diagnostic et de validation du modèle. On a entre autres :

 Test de cointégration : Dans la littérature, les tests de cointégration les plus utilisés sont ceux de Johansen et Engle et Granger. Ce test permet la vérification d‟une relation entre deux ou plusieurs variables en éliminant le risque de régression falacieuse. Puisque le test de cointégration d‟Engle et Granger (1987) vérifie la

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189

cointégration entre plusieurs variables, c‟est ce dernier qui sera utilisé dans la suite de ce travail. Nous allons dans ce travail estimer la relation de long terme par les MCO.

Le test de cointégration effectué sur nos deux modèles relève une relation de cointégration dans les deux modèles. Il est utilisé quand les séries ne sont pas stationnaires à niveau et intégrées de même ordre.

Test de racine unitaire : Du fait du problème de rareté de la stationnarité des variables économiques et financière, il est toujours important de vérifier la stationnarité des séries étudiées. Il existe dans la littérature plusieurs méthodes de vérification de la stationnarité ou non d‟une série. Il est donc important de faire un test de racine unitaire. Les tests de Dickey Fuller, de Dickey Fuller augmenté (DFA) et de Phillips Perron sont les plus utilisés pour vérifier la stationnarité des séries. Du fait que le test de Dickey Fuller s‟effectue en supposant que les termes d‟erreur suivent une loi normale alors, que celui de Dickey Fuller augmenté (DFA) tient compte de l‟auto corrélation des erreurs dans le temps, c‟est le test de DFA et celui de Phillips Perron qui en plus de l‟auto corrélation des erreurs prend en compte la cointégration des variables que nous allons utiliser ici.

(23)

190 III – RESULTATS ET DISCUSSIONS III.1 - LES RESULTATS DES TESTS

III.1.1 - Résultats des tests de la racine unitaire

Dans ce travail, C‟est le test de Dickey Fuller augmenté (DFA) qui est utilisé pour vérifier la stationnarité des séries. Ainsi que celui de Phillips-Perron. Après les tests de DFA et Phillips- Perron, ceux avec trend et constante, les variables : ETI, DBANC, CBANC sont restées toujours non stationnaires, d‟où le test de stationnarité de DFA et PP avec trend et constante.

Avec ce dernier, la variable ETI reste non stationnaire. C‟est pourquoi le test de DFA et Phillips-Perron en différence première. Lorsque la valeur de la probabilité d‟une variable est inférieure soit à 10%, 5%, 1% alors la variable est stationnaire, au cas contraire on accepte l‟hypothèse de non stationnarité de la variable.

Tableau 3 : les résultats du test de stationnarité de DFA et Phillips Perron en différence première

On peut constater que toutes nos variables sont stationnaires en différence première avec le test de DFA et celui de PP. La régression par la méthode des moindres carrés ordinaires nécessite de vérifier la présence de l‟auto corrélation des résidus et de l‟hétéroscédasticité.

Les résultats du test D‟autocorrelation de Breusch-Godfrey (BG) montrent qu‟il ya autocorrélation. De même que ceux du test d‟hétéroscédasticité. La présence de VARIABLES

Règle de décision :

Prob doit être soit inférieur à 10% ou 5% ou 1% REULTATS DE LA STATIONNARITE TEST EN DIFFERENCE PREMIERE

DFA PP

Prob Prob

D(TA) 0.0000 0.0000 OUI

D(RTCSTD) 0.0000 0.0000 OUI

D(RRSA) 0.0000 0.0000 OUI

D(ROE) 0.0000 0.0000 OUI

D(ROA) 0.0000 0.0000 OUI

D(FPSTA) 0.0000 0.0000 OUI

D(FPN) 0.0000 0.0000 OUI

D(ETI) 0.0000 0.0000 OUI

D(DPTD) 0.0000 0.0000 OUI

D(DBANC) 0.0000 0.0000 OUI

D(CBANC) 0.0000 0.0000 OUI

Source : auteur, à partir de STATA

(24)

191

l‟autocorrélation et de l‟hétéroscédasticité nous permet d‟utiliser les méthodes des moindres carrés généralisés (MCG) pour estimer nos deux modèles de régression.

III.2 –Régression du modèle de la rentabilité par rapport au fond propres (ROE) et par rapport aux actifs bancaires

L‟usage des MCG a pour but de corriger le problème de l‟autocorrélation et de l‟hétéroscédasticité afin d‟estimer la rentabilité bancaire des fonds propres, la rentabilité bancaire d‟actif et leurs variables exogènes. Les résultats sont conciliés dans les tableaux ci- après.

III.2.1 – Résultat sur la rentabilité des fonds propres

Tableau 4 : résultats de la rentabilité bancaire des fonds propres et ses déterminants

Variables Coefficients Standard error Probabilité

FPSTA 0.3291626 .3588413 0.359

RRSA 2.294563** .8906147 0.010

TA 0.0000238 .0000236 0.314

DPTD 0.0700445 .1692866 0.679

FPN 0.0004475** .0001753 0.011

RTCSTD -126.1769*** 75.76681 0.096

CBANC -0.0001542*** .0000866 0.075

DBANC -0.0000273 .0000465 0.557

CONS 17.36273 13.66144 0.204

R-squared = 62,27% Adj R-squared = 57,16%

Source: Auteur, à partir de STATA

**= significativité à 1% ; ***=significativité à 10%

Au regard de ces résultats, on peut constater que la rentabilité bancaire par rapport au fonds propres est influencée négativement et positivement par ses déterminants. La relation négative lie la rentabilité bancaire au ratio total crédits sur total dépôts d‟une part et d‟autre part les crédits et les dépôts. L‟autre relation lie positivement la rentabilité bancaire aux fonds propre net, les dépôts privés sur total dépôts, au ratio fonds propres sur total actif, au total actif et au

(25)

192

ratio des réserves liquides sur l‟actif de banque. Les variables CBANC, DBANC, FPN et TA étant non linéaires, elles sont mesurées par le logarithme

Le coefficient des dépôts bancaires (-0.0000273) est très faible et négatif, contraire au signe attendu et non significatif. Ceci montre qu‟il ya une relation négative entre les dépôts bancaires et la rentabilité bancaire (ROE) au Cameroun. De même le coefficient des crédits bancaires (-0.0001542) est négatif contrairement au signe attendu et significatif à 10% et permet de dire que les crédits bancaires influencent négativement la rentabilité bancaire des fonds propres. Cette situation peut être due au fait que les crédits bancaires sont considérés comme étant la transformation des dépôts de la clientèle et non pas seulement des fonds propres. Ce résultat a été trouvé par Nasser, (2003).Cette même explication tient aussi avec la variable RTCSTD dont le coefficient est négatif (-126.1769) et significatif à 10%. Que ce soit pour les dépôts ou les crédits, de tels résultats ont été trouvé par Demirgüç-Kunt et Huizinga (1999)6 et Nasser, (2003).

Pour La variable fonds propres net, on constate que les fonds propres net contribuent positivement (+0.0004475) à la rentabilité avec un degré de significativité de 1%. Il en va de même pour la variable FPSTA dont le coefficient (+0.3291626) est positif comme attendu mais non significatif. Pour Raoudha et al,( 2008), les banques bien capitalisées peuvent accéder aux fonds à de meilleures conditions car elles sont considérées comme moins risquées. Plus ce ratio sera élevé, moins la banque est risquée et plus la rentabilité de la banque sera faible. Le coefficient (+2.294563) du ratio des réserves liquides sur actif bancaire est positif comme attendu, il est significatif à 1%. Ce résultat confirme ceux trouvé par plusieurs auteurs à l‟instar de Raoudha et al( 2008) qui concluent que les banques domestiques affichent une activité de transformation rentable, de Guru et al (2002)7 On peut l‟expliquer par la constitution des réserves obligatoires par les banques, par le respect des normes de liquidité de la règlementation bancaire édictée par la COBAC et aussi par son évolution au cours du temps.

Le coefficient de la variable TA (+0.0000238) qui est une variable qui mesure la taille de la banque s‟avère positif comme prévu, mais non significatif. La relation entre la taille et la

6 Cité par Nasser, 2003 dans « les déterminants de la profitabilité des banques dans l‟UEMOA : une Analyse sur données de panel »

7Cité par Raoudha et al 2008

(26)

193

profitabilité est supposée être non linéaire (Athanasoglou et al (2008))8. Le total actif a été mesuré par le Logarithme TA. Demirguc-Kunt et Huizinga (1999) ont utilisé le total actif comme mesure de la taille d‟une banque et ont montré qu‟il a un impact positif et significatif sur les marges d‟intérêt. En ce qui concerne la variable DPTD, son coefficient est positif (+0.0700445) et non significatif. Ce ratio permet de mesurer la structure des dépôts bancaires.

Si ce ratio est élevé alors la rentabilité l‟est aussi et s‟il est plutôt faible, la rentabilité est faible. Ce qui justifie le signe positif ou négatif attendu qui s‟est avéré positif.

III.2.2- Résultat sur la rentabilité des actifs bancaires

Tableau 5 : résultats entre la rentabilité bancaire des actifs et ses déterminants

Variables Coefficients Standard error Probabilité

FPSTA 0.012863 .0142658 0.367

RRSA 0.1006643** .0354066 0.004

TA -1.15e-07 9.39e-07 0.902

DPTD 0.002146 .00673 0.750

FPN 0.000012 *** 6.97e-06 0.084

RTCSTD -9.129399** 3.012127 0.002

CBANC -3.21e-06 3.44e-06 0.352

DBANC -1.55e-06 1.85e-06 0.400

CONS 1.58716 .543114 0.003

R-squared = 62,11% Adj R-squared = 56,97%

Source: Auteur, à partir de STATA

**= significativité à 1% ; ***=significativité à 10%

Les données de ce tableau font constater que la rentabilité bancaire est liée positivement et négativement à ses déterminants

Le coefficient des dépôts bancaires (-1.55e-06) étant contraire au signe attendu et non significatif, cette situation montre tout simplement que la rentabilité bancaire ne dépend pas toujours des dépôts collectés mais plutôt du ratio des réserves liquides sur actif dont le

8 Tiré de l’article de Raoudha et al, 2009

(27)

194

coefficient (+0.1006643) est positif comme attendu et significatif à 1%, des fonds propres net (+0.000012) dont le coefficient est positif comme attendu et significatif à 10%. De même le coefficient de la variable FPSTA est positif comme prévu (+0.012863) mais non significatif.

Dans la littérature, des auteurs ont trouvés le même résultat à l‟instar de Raoudha et al, (2009) qui affirment que si les fonds propres constituent une source de fonds plus chère que les dépôts, une hausse des capitaux propres peut augmenter le coût du capital de l‟établissement bancaire qui serait amené à établir une marge plus élevée. Ils rappellent qu‟une augmentation des fonds propres peut affecter positivement la rentabilité bancaire non seulement à travers la hausse du coût moyen pondéré du capital, mais aussi par l‟accroissement du risque induit par l‟extension du portefeuille à des actifs productifs de gains importants. Ceci pour arriver à la conclusion que lorsque le ratio capitaux propres/total des actifs est élevé, la rentabilité est faible et inversement.

Quant aux crédits bancaire dont le coefficient est négatif (-3.21e-06), c‟est-à-dire contraire au signe attendu et non significatif, on peut tenter d‟expliquer cette situation par le fait que l‟une des principales sources de rentabilité bancaire est l‟arbitrage entre le taux d‟intérêt débiteur et le taux d‟intérêt créditeur. Car les crédits sont une transformation de l‟épargne de la clientèle sous forme de dépôts à vue, dépôts à terme, bon de caisse, etc. Raoudha et al, 2009 Nasser, (2003) trouvent un résultat similaire. De même, le coefficient de la variable total crédit sur total dépôts s‟est avéré négatif (-9.129399) et significatif à 1%. Cette variable mesure la liquidité de la banque, puisqu‟il relie la gestion de la liquidité à la performance bancaire. Ce ratio compare les actifs illiquides (les crédits) à la principale source de financement stable (les dépôts). Ainsi, plus ce ratio est faible, plus la banque est considérée liquide et inversement. Ce résultat est contraire à la majorité des résultats des travaux faits dans ce sens qui montrent pour la plus part un lien positif entre le ratio total crédits / total dépôts (Raoudha et al, 2009).

Dans le cas du Cameroun ce résultat peut être appréhendé par la situation surliquide des banques commerciales, avec le faible niveau de transformation des dépôts en crédits depuis quelques années. C‟est ainsi qu‟on conclu que plus le ratio total crédits/total dépôts diminue, moins la banque est rentable.

Le coefficient de TA (-1.15e-07) est négatif et non significatif. Cette variable a été utilisée par plusieurs chercheurs pour mesurer la taille de la banque. Les résultats obtenus ont montré qu‟il ya une relation positive et négative entre le total actif et la rentabilité bancaire. Dans notre cas, nous obtenons un résultat négatif qui rejoint ceux de Raoudha et al (2008) qui trouvent une relation négative entre les banques étrangères et la rentabilité en France. Ils

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