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Les Etudiants baltes et l’influence des formations scientifiques et techniques françaises entre 1918 et 1940

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Academic year: 2021

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HAL Id: hal-01405342

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01405342

Preprint submitted on 30 Nov 2016

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Les Etudiants baltes et l’influence des formations

scientifiques et techniques françaises entre 1918 et 1940

Julien Gueslin

To cite this version:

Julien Gueslin. Les Etudiants baltes et l’influence des formations scientifiques et techniques françaises entre 1918 et 1940. 2002. �hal-01405342�

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Les étudiants étrangers à Paris et en province. L’émergence de nouveaux pôles d’attraction au début du XXème siècle, les formations techniques supérieures des facultés des sciences de province (Colloque de

Nancy-Décembre 2002)

Communication de J. Gueslin :

« Les Etudiants baltes et l’influence des formations scientifiques et techniques françaises entre 1918 et 1940 »

Le but de cette communication est de présenter les premiers résultats d’une recherche initiée dans le cadre plus global d’un travail de thèse sur les relations entre la France et les pays baltes entre 1920 et 1940.

Ce travail est essentiellement basé sur les documents statistiques collectés dans les différents annuaires publiés à l’époque et dans les archives du Rectorat de Paris et sur les références trouvées dans les archives du Quai d’Orsay et enfin dans les archives des Légations d’Estonie et de Lettonie en France. Il est nécessaire dans un premier temps de ne pas cacher la difficulté d’une telle recherche. Sur le plan statistique d’abord, les données sont souvent incomplètes suivant les années et les universités. Au gré de la mise en place des différents services de statistiques, on change de méthodes de calcul :on intègre ou pas, on oublie certaines institutions administratives (en particulier certains instituts techniques, les écoles de médecine et de pharmacie). De plus pour des petits Etats comme les pays baltes, il faut attendre 1927-8 pour qu’on individualise les étudiants baltes et qu’il quitte la catégorie des « Autres pays ». Enfin avant 1914 et après 1945, il n’existe pas bien sûr de point de comparaison.

Sur un plan plus général, compte tenu de l’inégale conservation des archives, il est parfois difficile de dépasser la simple étude statistique et d’arriver à une étude d’ensemble permettant de déterminer exactement les stratégies de choix du lieu et du cursus d’etudes, les conditions de vie en France et la manière dont a été utile de retour au pays le capital culturel accumulé. La découverte de papier, de lettres d’étudiants ou surtout de lettres de diplomates intervenant en faveur de ces derniers dans les archives des Légations permet de pallier ces inconvénients. La recherche dans des dictionnaires ou annuaires nationaux permet également de préciser certaines trajectoires sociales, même si cela reste sommaire. Faute souvent d’un grand nombre de mémoires, le travail sur les étudiants étrangers en France s’appuie sur une collection limitée d’exemples que l’on agrandit lentement, souvent par chance mais qui a le mérite de donner un « peu de chair humaine" à cet « ogre » qu’est l’historien selon Marc Bloch et qui a le mérite de pouvoir le faire sortir des nomenclatures parfois trop abstraites élaborées par les administrations françaises.

Pour faire parler ces « chiffres », on développera d’abord le contexte général dans lequel s’opère cette migration technique, en particulier les problèmes se posant aux nouveaux Etats et leur interaction avec les stratégies sociales des différentes composantes baltes. Puis dans un second temps, nous nous attacherons à démontrer comment justement ces interactions vont suivant les époques favoriser puis freiner les migrations dans les institutions techniques de provinces (en particulier Nancy, Grenoble, Toulouse ou Caen).

Entre 1919 et 1921, les Etats baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie) ont accédé à l’indépendance et ont été reconnus de jure par les Grandes Puissances occidentales (en janvier 1921 pour l’Estonie et la Lettonie et en

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décembre 1922 pour la Lituanie). Enfants inattendus de la Première Guerre Mondiale, ces Etats vont réussir à la surprise générale à subsister et même à prospérer, en s’intégrant dans les circuits politiques (en particulier à la SDN), économiques (en devenant de « Petits Danemark ») et culturels qui se tissent et se renouent au sein de l’ensemble européen.

Ils leur restent cependant à résoudre un double défi : asseoir leur existence sur des bases solides et obtenir une reconnaissance de leur viabilité. Une grande partie de l’opinion publique occidentale et en particulier français est en effet fermement convaincu que ces Etats jugés trop faibles ne seront pas capables de revenir à un équilibre social et économique satisfaisant et devront tôt ou tard réintégrer une Russie fédérale et démocratique censée dans l’idéal vite remplacer un régime soviétique jugé moribond.

Dans cette optique, le problème de l’éducation et en particulier celui des étudiants est central. Les mouvements nationaux sont effets basés sur des luttes sociales virulentes, en particulier les combats des paysanneries baltes contre les minorités polonaises en Lituanie et Allemandes en Estonie et en Lettonie, formant jusque-là une grande majorité des élites économiques et intellectuelles du pays.

Au prix d’efforts immenses et d’exils prolongés par les luttes politiques, une petite élite balte a pu se former et a dynamisé les mouvements nationaux : outre des avocats et des médecins, ce sont très souvent des ingénieurs, des techniciens spécialistes des questions agricoles qui se sont formés soit en Russie (Saint Petersbourg) soit dans les centres universitaires de l’Allemagne orientale (en particulier Königsberg, Dresde ou Munich).

Une fois cependant arrivés au pouvoir, ils sont confrontés à une pénurie de cadres dans la majorité des administrations techniques : celles-ci sont donc dans les premières années en grande partie peuplées par des personnes issues des minorités et qui ont servi en majorité sous l’ancien régime russe. Dans le secteur privé, la situation est encore plus claire : les industries techniques (en particulier l’industrie électrique) sont en grande partie contrôlées par les banques germano-baltes et peuplées par des techniciens ou des ingénieurs appartenant à cette minorité. Formés en Allemagne, liés aux entreprises allemandes par des liens familiaux ou commerciaux, très solides, ceux-ci contribuent à perpétuer la domination de l’Allemagne dans le commerce extérieur des pays baltes et finalement de la culture technique allemande.

D’autre part la restructuration des économies baltes crée un fossé profond entre les besoins et l’offre de compétences techniques. Suite à l’effondrement de la Russie tsariste et aux mutations de l’économie soviétique, les industries baltes qui travaillaient pour le marché russe (industries métallurgiques, textiles, de transformation des exportations russes) ont disparu ou travaillent sur une petite échelle.

À l’inverse, la construction d’une agriculture sur le modèle scandinave qui permettra aux produits d’élevage baltes de conquérir une part non négligeable du marché européen nécessite un grand nombre de techniciens ou d’ingénieurs agronomes et l’apprentissage rapide des techniques scandinaves et occidentales. D’où par exemple l’intérêt d’un certain nombre d’étudiants baltes aux Instituts d’agriculture en particulier celui de Nancy et surtout à l’Ecole d’industrie laitière de Mamirolles dans le Doubs. Sur un autre plan la reconstruction des voies de communications, ports et la mise en place de nouveaux moyens de communication (aviation) fait de l’Ecole supérieure d’aéronautique et surtout des Ecoles des Mines et des Ponts des lieux de formation réputés. Il est cependant rare que les étudiants baltes cherchent à intégrer d’emblée ces écoles. Au contraire on remarque souvent que celle-ci couronne un cursus d’étude effectué en grande partie en province, en particulier les Instituts électrotechniques de Toulouse ou de Grenoble avant de faire une dernière année à Paris.

Une partie importante du budget nouveaux Etats est donc consacré à l’éducation de nouvelles générations susceptibles de pouvoir assurer un meilleur équilibre et mettre fin ainsi à une prédominance qui est vécue comme un danger pour les indépendances baltes. Le choix des universités occidentales en particulier françaises s’appuie donc en grande partie sur des stratégies nationales qui visent à établir des filières techniques nationales, basées sur la tradition occidentale.

Cette politique nationale se concilie-t’elle avec la situation des sociétés baltes ? Dès avant 1914, celles-ci se caractérisaient par un niveau élevé d’alphabétisation par rapport aux autres régions de l’Empire russe. La paysannerie aisée avait pris l’habitude et était fière d’envoyer ses enfants à l’université. Une partie de ceux-ci et en particulier les nouveaux dirigeants politiques avaient étudié en Russie mais pour les techniciens essentiellement en Allemagne. Malgré le changement opéré, l’après-guerre ne fit pas disparaître ces courants.

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Pour des populations aux revenus limités, le voyage en Occident représentait un luxe qu’il etait difficile de se permettre surtout dans les premiers temps de l’indépendance. À l’inverse, la proximité de centres universitaires de l’Allemagne orientale en particulier Königsberg en Prusse orientale, le fait de maîtriser la langue germanique et d’avoir été éduqué largement selon les principes et les méthodes germaniques jouaient grandement en faveur des centres scientifiques allemands. L’Allemagne de Weimar fit également un gros effort pour faire oublier le passé en offrant des conditions de travail instructives et justement en mettant encore plus en valeur son image de grande puissance industrielle. Il ne faut pas également oublier que la dévaluation continue de la monnaie allemande incita également un grand nombre à choisir ce pays plutôt que des pays occidentaux dont les monnaies restaient au contraire très fortement appréciées par rapport aux monnaies baltes. Il est d’ailleurs intéressant de constater que l’afflux des étudiants baltes dans les universités et institutions scientifiques françaises date justement de 1926-27, c’est-à-dire au moment où la devise française se déprécie également.

Un des buts donc des diplomates baltes et des institutions françaises est donc de mieux faire connaître le système français en organisant en particulier donc au début des années vingt toute une série de voyages. C’est le cas en particulier de l’Institut scientifique de Tartu (lieu d’implantation de l’université estonienne) qui envoie en France en 1922 et en 1923 de grosses délégations d’étudiants et d’ingénieur s’informer des conditions de travail et de vie dans les centres universitaires français, à Paris et surtout en province.

On invite des élèves baltes des Ecoles supérieurs techniques de Dresde et de Berlin (deux des plus sérieux concurrents des Instituts électrotechniques français) à faire des stages dans des entreprises françaises souvent dans le secteur des travaux publics (chemins de fer, barrages hydroélectriques, etc…).

Cette politique a des effets positifs, mais elle ne prendra tout son sens qu’à partir du moment où les administrations baltes vont pouvoir soutenir financièrement ces nouvelles orientations par un système de bourse modeste et limité. Cela explique qu’un grand nombre d’étudiants baltes dans les domaines techniques soient essentiellement des fonctionnaires ou encore plus des militaires. Ainsi ce fonctionnaire lituanien, adjoint au chef des travaux du port de Memel qui envoyé en France en 1926 fait toutes ses études aux ponts et Chaussées, effectue plusieurs stages de longue durée dans des ports de Français avant de repartir en Lituanie faire une brillante carrière et prendre la Direction du Port. Ou cet ingénieur chimiste Vibra qui, diplôme de l’Ecole militaire lituanienne, part à l’Ecole militaire de Fontainebleau en 1925, revient à Kaunas puis repart en 1925 à l’Institut électrotechnique de Toulouse où il obtient son diplôme d’ingénieur et son doctorat de chimie. De retour en Lituanie, il organise et prend la tête des laboratoires de chimie au Ministère de la Défense et joue également un rôle éminent à la Faculté de Chimie de l’université de Kaunas.

De ce fait le pouvoir étatique joue un rôle déterminant dans la structuration des flux qui vont s’organiser vers la France à partir de la seconde moitié des années vingt.

On peut cependant se demander si une part importante des étudiants venus en France ne relève pas une autre logique et en particulier ceux appartenant à la minorité juive. Dans les archives du consulat de Lettonie à Nancy, on retrouve souvent le même profil : il s’agit d’étudiants juifs, fils de commerçants, subsistant difficilement, poursuivant des études de dentistes (Nancy semblant avoir une grande renommée dans ce domaine) et à l’Institut Electrotechnique. Très peu semblent avoir pour but un retour rapide au pays. Certains d’ailleurs demandent par la suite une naturalisation tel ce Letton qui ayant étudié lui à l’Institut de Chimie de Strasbourg, puis à Caen, demande la nationalité française, se sentant plus en sécurité que dans son pays. Il mentionne avoir un frère ingénieur à Berlin et un autre ingénieur à Montréal.

Cette logique d’expatriation où une migration d’études annonce un départ définitif est courante dans les pays d’Europe orientale et en particulier dans les pays baltes. Mais il ne faut pas la généraliser : si certains désirent fuir des pays ne leur offrant aucune perspective, d’autres ne se résignent à quitter le pays qu’apres avoir constate la pauvreté des débouchés que pourra leur offrir un diplôme prestigieux et surtout la concurrence de plus en plus vive des jeunes diplômes baltes.

Cette conjonction de causes explique donc la très forte augmentation des étudiants baltes constatés à partir de 1927-8. Représentant près de 4% du total général des étudiants étrangers (ce qui est considérable compte tenu de leur tres faible population), les étudiants baltes suivent le modèle mis en valeur par Nicolas

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Manitakis concernant les étudiants d’Europe Centrale. Près de 45% de ceux-ci sont des étudiants en science et surtout plus de 80% de ceux-ci travaillent essentiellement en province, surtout à Toulouse, Grenoble, Nancy et Caen.

Érigés en exemple de la réussite scientifiques française, les quatre Instituts électrotechniques de cette ville sont en contacts particulièrement étroits Cette période voit la création d’association d’étudiants baltes particulièrement dynamiques qui cherchent à rassembler les étudiants en organisant rencontres, manifestations et favorisant l’entraide de populations mutuelles vivant très modestement.

Les années trente, comme nos statistiques nous le montrent, vont constituer une nette rupture et consacrer un très net déclin du nombre des étudiants baltes. Une étude plus détaillée s’imposerait sur les causes précises et sur les reclassements qui vont s’opérer. De plus le fait que les Etats baltes aient disparu après 1945 nous empêche de travailler sur le plus long terme et de mieux resituer cette période.

Il y a bien sûr des causes générales valables pour tous les pays et en particulier les pays d’Europe orientales. La très sévère crise économique qui frappe la Baltique orientale affecte les flux, notamment par les très sévères contrôles de devises qui sont institués par les Etats en question. Les archives consulaires sont pleines de lettres d’étudiants, notamment ceux de l’Institut électrotechnique de Nancy, qui faute de versement de la part de leurs parents se trouvent sans ressources, n’ayant parfois pas même la possibilité de se payer le voyage de retour. D’autre part vu le mauvais fonctionnement des accords de clearing entre la France et les pays baltes, les Etats baltes encouragent plutôt des migrations vers l’Allemagne ou l’Angleterre. En effet, les exportations baltes sont quasi réduites à néant et malgré la très forte diminution des exportations françaises, c’est plutôt les Etats baltes qui doivent payer le solde et envisager des sorties de devises, qui risquent de fragiliser leur situation interne. De ce fait toute sortie supplémentaire de devises vers la France est plutôt mal vue par les autorités. Au contraire le commerce florissant avec l’Allemagne nazie, la proximité de celle-ci qui rend les dépenses moins importantes entravent moins, malgré les appréhensions de beaucoup de Baltes, les départs d’étudiants.

Enfin il faut compter avec le dynamisme propre de l’Allemagne notamment sur le plan économique et de la recherche au contraire de la France qui, plongée dans une crise persistante et de son économie et de la recherche (qui va justifier la création du CNRS), intéresse moins les étudiants. IL devient tres difficile pour les étudiants dans les Instituts électrotechniques de trouver un stage dans une entreprise ou un emploi de courte durée pour mettre en pratique les connaissances apprises. Or on sait que du moins pour les Baltes cet aspect des études compte beaucoup car cela leur permet à leur retour dans le pays de mettre en place des méthodes de travail et de recherches dans les entreprises où ils seront appelés à travailler.

En ce qui concerne les Etats baltes, la période des années trente coïncide aussi avec une période de stabilisation au niveau des carrières et des perspectives. Les premières générations ont peu à peu occupé les places créées au sein des administrations techniques. Peu à peu différentes écoles et formations scientifiques de base se sont mises en place au sein des différentes Universités et à l’extérieur. Avec moins de moyens, elles se sont souvent structurées à partir de différents modèles étrangers, dont celui des Instituts électrotechniques français. Le transfert de savoir s’est opéré grâce souvent aux anciens étudiants qui sont devenus ou directeurs ou enseignants dans ces institutions. La crise économique opère une sélection impitoyable parmi les très nombreuses entreprises qui avaient été créées dans l’euphorie de la fin des années vingt. De très nombreux ingénieurs, malgré tous les diplômes acquis en France, se trouvent contraints de chercher des emplois sous-qualifiés ou de se réfugier dans leurs familles dans les campagnes. Les régimes autoritaires mis en place au milieu des années trente (1934 pour l’Estonie et la Lettonie) mettent l’accent sur la dimension agraire des économies baltes. De ce fait assez peu de crédits sont utilisés pour soutenir l’industrie à l’exception de quelques projets d’équipements prestigieux de la capitale (gare de Riga, barrage hydroélectrique de Kegums). Seuls finalement les ingénieurs et les techniciens agricoles ont quelques perspectives. La situation est aggravée par les orientations corporatistes et étatiques choisies. La tendance des régimes est de regrouper de plus en plus toutes les entreprises appartenant à une même branche du moins d’encadrer strictement leur extension ce qui revient du moins à limiter les perspectives d’emploi.

Il faut enfin se demander si la très forte diminution des étudiants ne tient pas également à la forte diminution des étudiants juifs qui, on l’a vu, espéraient trouver dans la France un travail et aussi souvent une terre

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d’émigration. La mauvaise situation économique de la France, les barrières mises en place doivent jouer un rôle non négligeable dans la diminution de ces chiffres.

Quoi qu’il en soit, les tableaux montrent bien la très forte diminution des étudiants baltes , et particulier de ceux qui sont inscrits dans les Facultés de Sciences. De 233 en 1927-8, on est passé en 1937-8 à 39. La proportion d’étudiants baltes en France étudiant les matières scientifiques passe de 41 % à 21 %. Il est cependant intéressant de voir que pour les étrangers ce dernier taux est passé de 28 % à 17 %, ce qui confirmerait finalement la thèse « d’une normalisation’ des Baltes par rapport à la situation générale, puisque la proportion d’étudiants baltes en sciences se rapproche de la moyenne générale.

Par contre en ce qui concerne les universités et instituts scientifiques de province, on voit une très forte diminution. 18 étudiants baltes étudient à Paris en 1936-37 au lieu de 41 en 1927-8 mais ils représentent 53 % (et en 1937-8 plus de 70 %) au lieu de 18 % en 1927-8. Parmi les universités de province, seules Nancy et Toulouse grâce à leurs Instituts subsistent avec chacun 15 % des effectifs, mais ils n’accueillent chacun plus que six étudiants au lieu de 73 pour Toulouse et de 46 pour Nancy en 1927-8. IL serait intéressant de voir si la même évolution s’opère pour les autres pays d’Europe Centrale et Orientale.

Bref ces chiffres qui peuvent paraître dérisoires nous semblent au contraire montrer là aussi une normalisation des flux d’étudiants baltes. Vu les chiffres des populations baltes (un peu plus de cinq millions de personnes pour les trois Républiques), ce sont plutôt les chiffes des années vingt qui étaient anormales. Désormais ces chiffres correspondent plus à des petits Etats développés et un peu éloignés de la France et certes à une conjecture quelque peu difficile pour la France, mais on peut conjecturer que même si la situation économique française avait été meilleure, la diminution du chiffre d’étudiants aurait été conséquente.

LA réputation et la qualité des Instituts n’est pas mie en cause mais désormais y étudient les quelques individus qui ont besoin particulièrement de compétences spéciales qui sont la spécialité des Instituts et qui ont soit les moyens d’aller étudié en France soient surtout qui reçoivent le soutien et les bourses des Etats baltes.

Il serait intéressant de voir si le parcours de ces quelques étudiants se révèle de meilleure qualité que celui de leurs prédécesseurs dans les années vingt venant pour des motifs plus divers et à la situation financière générale plus fragile.

Au total et sous réserve de recherches supplémentaires, on voit donc bien que les exemples baltes montrent bien à la fois les problématiques qui se posent aux étudiants voulant aller en France et les évolutions lourdes qui vont caractériser la clientèle des Instituts électrotechniques. Pôles d’excellence, ils ont à la fois attiré et formé de tres nombreux ingénieurs baltes mais et c’est ce qui me semble important, ils ont joué un rôle fondamental dans le processus d’occidentalisation et d’organisation des structures éducatives en étant des modèles qui ont été analysés et imités partiellement au sein des nouvelles structures. À la fin des années Trente, leur rôle sur ce point était achevé et ils avaient permis d’établir de très solides liens intellectuels et amicaux entre les jeunes techniciens, ingénieurs et enseignants baltes et la communauté scientifique française. Il faut donc se garder de parler de « déclin » en se basant uniquement sur les chiffres.

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ETUDIANTS BALTES EN France ENTRE 1927 ET 1938 :

ETUDIANTS BALTES ET ETRANGERS DANS LES FACULTES DE SCIENCES

REPARTITION DES ETUDIANTS BALTES INSCRITS EN SCIENCE DANS LES DIFFERENTES UNIVERSITES : (% /Total général) 1927-8 1928-9 1929-30 1930-1 1931-2 1932-3 1933-4 1934-5 1935-6 1936-7 1937-8 ETUDIANTS BALTES 233 239 118 92 99 60 30 34 39 PARIS 41 (18) 46 (19) 30 (25) 25 (27) 29 (29) 20 (33) 8 (27) 18 (53) 28 (72) NANCY 46 (20) 55 (23) 19 (16) 8 (9) 11 (11) 10 (17) 6 (20) 4 (12) 6 (15) GRENOBLE 28 18 22 25 19 9 6 2 TOULOUSE 73 (31%) 62 17 9 6 7 5 5 6 (15%) CAEN 25 25 ? 9 9 8 3 1 2

PROPORTION DES ETUDIANTS BALTES INSCRITS EN SCIENCES A L’INTERIEUR DE CHAQUE UNIVERSITE : 1927-8 1928-9 1931-2 1932-3 1933-4 1934-5 1935-6 1936-7 1937-8 PARIS 19% 24 20 19 21 17 11 21 15 NANCY 62% 59 33 23 35 36 35 GRENOBLE 38% 37 49 61 58 45 46 1927-1928 1928-1929 1929 - 1930 1930 - 1931 1931-1932 1932-1933 1933-1934 1934-1935 1935-1936 1936-1937 1937-1938 ESTONIE 26 28 29 18 16 23 16 16 18 LETTONIE 202 200 228 216 193 151 160 105 73 67 82 LITUANIE 339 285 260 209 141 146 94 97 56 61 87 BALTES (% BALTES/ ETRANG) 567 (3.9% 513 (3.4) ? ? 263 (1.6) 315 (2.1) 270 (1.9) 225 (1.9) 145 (1.6) 144 (1.8) 187 (2.1) TOTAL ETRANG. 14638 14973 16254 17281 16277 14932 14483 12133 8967 8087 8870 TOTAL FRANCE 64531 66961 73601 78674 82655 84658 87269 82218 73852 72153 74832 1927-1928 1928-1929 1929 - 1930 1930 - 1931 1931-1932 1932-1933 1933-1934 1934-1935 1935-1936 1936-1937 1937-1938 ESTONIE 13 15 11 8 11 11 8 5 6 LETTONIE 91 90 62 52 58 24 8 13 22 LITUANIE 129 125 45 32 30 25 14 16 21 TOTAL BALTES (%/Total général des étudiants baltes 233 (41%) 230 (45) ? ? 118 (45) 92 (29) 99 (37) 60 (27) 30 (21) 34 (24) 39 (21) ETRANGER S . (%/ Total général des étudiants etrangers) 4035 (28) 4163 (28) 4183 4472 3804 (25) 3295 (22) 2813 (19) 2337 (17) 1618 (14) 1436 (13) 1894 (17)

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TOULOUSE 83% 90 65 64

CAEN 68 74 60 64 62

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