Arrêt sur image
Thrombose portale
et syndrome des antiphospholipides
Siham Bennis, Wafaa Badre, Khaled Mayssoun, Saloua Nadir, Rhimou Alaoui, Abdellatif Cherkaoui
Service Hépato-gastroentérologie, CHU Casablanca, Maroc
<bennissihame@yahoo.fr>
Observation
Une patiente de 42 ans présentait des douleurs isolées de l’hypochondre droit.
Parmi ses antécédents on notait la prise prolongée d’œstroprogestatifs ainsi qu’une fausse couche spontanée. L’échographie retrouvait une thrombose por- tale avec un cavernome(figure 1). La fibroscopie gastroduodénale était nor- male. Le bilan hépatique objectivait une cholestase avec une cytolyse. Les protéines C, S, antithrombine III se trouvaient dans les limites de la normale.
Les sérologies virales B et C étaient négatives. La recherche d’anticorps APL était positive, le reste du bilan étiologique était négatif.
Le traitement anticoagulant fut débuté. L’évolution fut marquée par une régres- sion des douleurs abdominales, une amélioration du bilan hépatique avec un recul de 15 mois.
Figure 1.Échographie hépatique. Coupe transversale sur le hile hépatique : structure solide hypoéchogène ovalaire à contours nets remplissant l’axe portal. Fin lacis serpigi- neux d’échostructure liquidienne péri-portal évoquant un cavernome portal.
Tirés à part : S. Bennis
Sang Thrombose Vaisseaux 2008 ; 20, n° 3 : 153-4
STV, vol. 20, n° 3, mars 2008
153
doi:10.1684/stv.2008.0262
Discussion
Le syndrome des antiphospholipides (SAPL) est une affec- tion thrombogène polymorphe définie par l’association de critères cliniques et biologiques. La prévalence des throm- boses des veines profondes au cours d’un SAPL est de 0,3 à 1 %. L’origine primaire est la forme la plus fréquente (53 %). Les manifestations cliniques sont souvent obstétri- cales, mais peuvent être neurologiques, cardiaques, réna- les, dermatologiques ou hématologiques. Elles sont plus rarement hépatiques ou digestives [1, 2].
La topographie des thromboses intéresse les veines sus- hépatiques (le SAPL constitue une cause fréquente du syndrome de Budd Chiari), la veine porte, pouvant s’éten- dre vers la veine mésentérique supérieure ou les veines pancréatiques.
L’élévation des anticorps antiphospholipides n’est pas spé- cifique, elle peut être observée dans les cirrhoses post- œnoliques ou post-hépatiques [3].
Le traitement anticoagulant reste le traitement de référence.
Son administration doit être prolongée aussi longtemps que l’élévation des anticorps APL est présente.
Le but en est la protection de récidives ou l’extension de la thrombose.
La recherche des anticorps antiphospholipides doit être systématique dans le bilan d’une thrombose portale, sans lésion pathologique rétropéritonéale de voisinage au scanner.■
Références
1. Meyer O, Piette J.-C. Syndrome des antiphospholipides : syndrome et maladies systémiques 1997 : 369-86.
2. Sanmareo M. Le syndrome des antiphospholipides : actualités diagnos- tiques.Rev Rhum2005 ; 72 : 155-8.
3. Gomez MR, Garcia SE, Lacomba DL. Antiphospholipid antibodies are to related portal vein thrombosis in patients with liver cirrhosis.J Clin Gastroenterol2000 ; 31 : 237-40.
STV, vol. 20, n° 3, mars 2008