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Possibilités de réduction des rejets azotés en aviculture
B. Leclercq, Non Renseigné
To cite this version:
B. LECLERCQ
S.TESSERAUD INRA Station de Recherches Avicoles 37380Nouzilly
Possibilités de
réduction
des
rejets
azotés
en
aviculture
L’aviculture
française
consomme enmoyenne
chaque
année
1,4
millions
de
tonnes
de
protéines
alimentaires
qui
sont
transformées
enprotéines
animales
avec unrendement
de
l’ordre de
45%.
Ce
sont
donc
près
de
125
000
tonnes
d’azote
qui
sont
rejetées
dans les
fientes
issues des
élevages
avicoles.
Ces
"pertes"
peuvent
être
réduites
soit
par
unemeilleure formulation
des
aliments,
enparticulier
enrecourant
auxacides aminés
industriels,
soit
enutilisant
des
génotypes
capables
de
transformer
les
protéines
alimentaires
avecde meilleurs
rendements.
L’aviculture a pour
objectif majeur
detransformer des
protéines végétales (céréales,
graines
delégumineuses...)
ou dessous-pro-duits animaux (farines de
poisson,
farines deviandes) en viandes ou en oeufs destinés à la
consommation humaine. L’attrait des viandes de volailles conduit la France à transformer
ainsi
chaque
année desquantités
croissantesde
protéines.
Le rendement de cette transformation est
en
général
inférieur à50%,
surtout pour laproduction
de l’oeuf (de l’ordre de30%),
maiss’accompagne,
leplus
souvent, d’une netteamélioration de
l’équilibre
des acides aminésen vue des besoins de
l’homme ;
c’est le castout
spécialement
de l’oeuf considéré commela source de
protéines
la mieuxéquilibrée.
Cerendement
intègre
lesprotéines
desplumes
(25% des
protéines synthétisées) qui
ne sont pasconsommées,
celles des viscères et dusquelette qui
constituent aussi despertes.
Si bien que le rendement réel enprotéines
consommables est
plutôt proche
de 27%. Si on se limite aux seulespertes
del’éleva-ge, c’est donc environ 50% de l’azote
protéique
ingéré qui
estrejeté
par les animaux sousforme de
protéines
nondigérées et, surtout,
de déchets d’excrétion (acide
urique,
ammo-nium,
urée).Ces déchets ne constituent pas une
perte
totale. En effet l’utilisation en
agriculture
deslisiers et litières
permet
derécupérer
unepart
importante
des éléments fertilisants(N,P,K,
oligo-éléments). Néanmoins,
pour deRésumé
__________________________Il est possible de réduire les pertes d’azote, sources potentielles de pollution, en
élevage avicole, en ayant recours soit à un usage
plus
développé des acides aminésindustriels soit à des génotypes de poulets utilisant plus efficacement les acides
aminés alimentaires. La première possibilité se heurte encore à quelques difficultés qui relèvent soit d’une mauvaise connaissance des besoins exacts en acides aminés limitants autres que la méthionine et la lysine, soit d’une légère toxicité des concentrations élevées des acides aminés libres des aliments. On peut, pour le
moment, espérer une réduction de 10% des rejets d’azote par cette technique sans
pertes de performances. Une supplémentation
plus
importante, si elle ne réduisaitpas la vitesse de croissance et l’efficacité alimentaire, pourrait conduire à une baisse
de 35% des rejets d’azote.
L’utilisation de génotypes transformant plus efficacement les acides aminés
alimentaires en protéines corporelles pourrait permettre une réduction de 15% des
rejets d’azote. Ces génotypes présentent probablement des changements de besoins
relatifs en acides aminés (protéine idéale).
simples
raisonséconomiques
et de facilité degestion
des déchetsd’élevage,
il estlégitime
de rechercher lespossibilités techniques
derédui-re les
pertes
azotées. C’est ce queprésente
cetarticle en s’intéressant
particulièrement
àdeux voies de
développement
récent : 1)l’usage
d’acides aminés industriels dont le nombre
augmente
puisque, depuis quelques
années letryptophane
et la thréonine sontproduits
industriellement et viennent
s’ajouter
à la méthionine et lalysine
dans lapanoplie
dufor-mulateur,
2) lesgénotypes
aviairescapables
detransformer les
protéines
alimentaires enpro-téines
corporelles
avec une meilleure efficacité.Nous laissons volontairement de côté
d’autres
possibilités
trèsclassiques,
bienqu’in-suffisamment
exploitées.
Citons d’abord unemeilleure
méthodologie d’analyse
des matièrespremières
pour leur contenu en acidesami-nés ;
il existe en effet des variabilitésanaly-tiques
inter-laboratoiresqui
sontparfois
biensupérieures
aux niveaux desupplémentation
espérés
pour les acides aminés industriels.Une connaissance
plus précise
de ladigestibili-té des acides aminés
permettrait également
dese
rapprocher
de la vraie valeur nutritionnelledes diverses sources de
protéines.
Bien desprogrès
ont étéréalisés ;
mais on est loind’avoir atteint un niveau de connaissances
équivalent
à celuiqui
concerne, parexemple,
les valeurs
énergétiques.
Enfin une estimationprécise
des besoins des diversesespèces,
selonl’âge
(alimentation parphase),
le sexe etsur-tout les
génotypes
sans cessemodifiés,
demeu-re une source deprogrès
possibles.
1
/
L’emploi
des acides aminés
industriels
Depuis plus
de 40 ans l’industrie del’ali-mentation animale
dispose
de la méthioninede
synthèse
(formes D et L) et de sonhydroxy-analogue
(MHA). Lasupplémentation
desali-ments destinés aux volailles est
généralisée
depuis longtemps.
Il y a unevingtaine
d’an-nées est apparue la
lysine
issue desynthèse
microbienne. Son usage s’est
répandu plus
dif-ficilement en aviculture du fait du
prix
trèsfluctuant et souvent très bas de son
concur-rent, le tourteau de
soja. Cependant
elle est deplus
enplus incorporée.
Récemment sontapparus sur le marché le
tryptophane
et lathréonine,
surtout utilisés en alimentationporcine.
D’autres acides aminéspourraient
encore être
produits ; cependant
lapremière
question
est de savoirlesquels
ont laprobabili-té la
plus
forte de devenirlimitants,
comptetenu des matières
premières employées
et des besoins des animaux.L
I
/La
protéine
idéale
Le
problème
des rapportsoptimum
entreacides aminés est à la fois ancien et
toujours
mal résolu. Il est connu sous le terme de&dquo;pro-téine
idéale&dquo;,
c’est-à-dire cellequi
assurel’ap-port en chacun des acides
aminés,
indispen-sables (AAI) ou
non-indispensables
(AANI),
qui correspond
exactement au besoin desani-maux. Le tableau 1
illustre,
d’unpoint
de vuepurement
théorique,
cequ’on pourrait
attendre d’une
supplémentation
en acidesami-nés libres en vue
d’adapter
exactement lesapports
aux besoins. Cette simulation repose surplusieurs hypothèses rapportées
dans cetableau et suppose que tous les acides aminés soient
produits industriellement ;
elle se limite au modèle maïs + tourteau desoja.
On endéduit l’ordre dans
lequel
les acides aminésdoivent être
limitants,
si on retientl’équilibre
proposé
par Boorman etBurgess
(1985). Nousverrons
plus
loin que cetéquilibre
diffère selonles auteurs et peut évoluer avec les
génotypes.
En
disposant
de tous les acides aminésindis-pensables
il seraitthéoriquement possible
d’abaisser la teneur en
protéines
brutes d’unaliment de
démarrage
pourpoussin
de 22 à 16%. Parallèlement le rendement d’utilisation desprotéines pourrait
passer de52,6%
à72,5%.
Lespertes
(fécales + urinaires)évolue-raient en sens
inverse,
soit une division par1,7
de l’azote total excrété. C’est donc lepro-grès
maximum que l’onpeut
attendre desacides aminés industriels. Toutefois bien des
résultats
expérimentaux présentés ci-après
montrent
qu’il
est difficile de réaliser ce sché-mathéorique.
1.
2
/
L’équilibre
entreacides aminés
Dans le tableau 2 nous avons rassemblé
quelques
recommandationsd’équilibres
selon les auteurs ou les tables entre acides aminésindispensables,
en prenant comme base 1 lalysine.
Il existe une certaine cohérence entretables pour le
tryptophane,
l’isoleucine et lesacides aminés
aromatiques.
En revanche onpeut
noter de grosses discordances pour lesacides aminés
soufrés,
lathréonine,
la valineet
l’histidine ;
les autres acides aminés sont ensituation intermédiaire. Selon la hiérarchie
retenue, l’ordre de classement de
l’urgence
dela
supplémentation
peutchanger.
C’est surtoutle cas de la
thréonine,
del’arginine,
del’isoleu-cine et de la
valine,
candidats à lasupplémen-tation
après
la méthionine et lalysine.
En fait il semble queplusieurs
acides aminésdevien-nent presque en même
temps
limitantsaprès
la méthionine et la
lysine ;
cequi complique
enpratique
la solution par lasupplémentation.
1.
3
/ Conclusions des
principales
expériences
de
supplémentation
La
supplémentation
des aliments avec desacides aminés industriels conduit à des
expéri-mentations coûteuses à cause du
prix
élevé des acides aminésqui
ne sont pas encoreproduits
industriellement. Ainsi les
expérimentateurs
se limitent très souvent à la
période d’âge
7-21jours,
pendant laquelle
les consommationssont faibles.
L’extrapolation
à desâges plus
avancés (finition) repose surl’hypothèse
queles besoins des divers acides aminés évoluent dans les mêmes
proportions.
Les essais réalisés avant 1980 et basés sur
l’utilisation de la méthionine et de la
lysine
seuls (Bornstein etLipstein
1975 ;
Waldroup
etsans modification de la croissance. Toutefois
lorsqu’on
examine en détail lapublication
deBornstein et
Lipstein
(1975),
parexemple,
onremarque
qu’au
cours des 3 essais(protocoles
pratiquement identiques)
il demeure unléger
effet de la teneur en
protéines
sur lacroissan-ce, et surtout l’efficacité
alimentaire, malgré
lasupplémentation
en méthionine etlysine.
Comme Bornstein et
Lipstein, Waldroup
et al(1976) concluent
également
que lalysine
et laméthionine
permettent
d’abaisser lesapports
deprotéines
sans modifier cette fois ni lacrois-sance ni l’indice de consommation. Le tableau
3 contient les résultats de l’un des essais. A ces
deux références
optimistes
il fautajouter
uneréférence récente (Schutte 1987)
suggérant
mêmes
performances
avec unrégime
titrant16% de
protéines supplémentées
par des acides aminésindispensables
etnon-indispen-sables
qu’avec
lerégime-témoin
titrant 20% deprotéines
(tableau 4).Cependant
peu dedétails sont
disponibles
dans cette brèvepubli-cation. On
peut
seulement en conclure que : 1)seules,
lalysine
et la méthionine nepeuvent
compenser les déficiences d’un
régime
conte-nant 16% deprotéines,
2) l’addition de tous les acides aminés pour atteindre le niveau d’unrégime
à 20% deprotéines
estparfaitement
efficace. Ce dernier
point
estcontesté,
comme nous le verronsplus
loin.Parr et Summers
(1991),
étudiant lapériode
7-21jours, procèdent
à une réductionprogres-sive des teneurs en
protéines
des aliments touten maintenant les AAI à leur niveau minimum
recommandé par le NRC
(1984),
glycine
inclu-se. Les teneurs en
protéines
passent
de 23%(témoin) à 20 ou 17%. Les auteurs concluent
qu’il
estpossible
d’obtenir d’excellentesperfor-mances par
supplémentation.
Ilssignalent
la nécessité de considérer laglycine.
Beaucoup plus
nombreux sont les essaisnégatifs,
surtout ceux réalisés récemment. Lestravaux de Edmonds et al (1985) conduisent
aux conclusions suivantes (tableaux 5 et 6) : 1)
quand
on abaisse la teneur enprotéines
d’unrégime
à base de maïs et de tourteau desoja
(titrant 3150 kcal
EM/kg)
à16%,
on observeque la méthionine est le
premier limitant, puis
lalysine
etl’arginine,
ensuite la valine et lathréonine,
2) l’addition d’acideglutamique
àun
régime
à 16% deprotéines, rééquilibré
enacides aminés
indispensables,
exerce un effetbénéfique,
mais nepermet
pas d’atteindre leniveau d’un
régime
témoin à 24% deprotéines,
3) le besoin en
arginine
estplus
élevé queprévu.
Des conclusions assez semblables sont
tirées par Fancher et Jensen (1989a) de leurs
expériences
sur despoulets
de chair femelles.Lorsqu’on
abaisse la teneur enprotéines
entre21 et 42
jours d’âge
tout en maintenant leniveau des acides aminés
indispensables
pardes
supplémentations,
on nepeut
conserver leniveau de croissance du lot recevant le
régime
leplus
riche. Deplus, l’adiposité
des animauxet leur indice de consommation
augmentent
parallèlement
aux baisses de croissance. Lesprincipaux
résultats sont rassemblés dans le tableau 7. Par modélisation curvilinéaire lesauteurs concluent que le besoin pour la
crois-sance doit se situer à
19,7%
deprotéines
pourla croissance et 21% pour l’indice de
consom-mation,
même ensupplémentant
par les acides animésindispensables.
Dans une secondeexpérience
les mêmes auteurs écartentl’hypo-thèse d’un besoin en acide
glutamique.
On nepeut exclure de leurs
expériences
desdéfi-ciences
partielles
en certains acides aminésdont les besoins ont
peut-être
étésous-esti-més ;
ainsi valine etglycine
n’ont pas étéajou-tées en
quantités
suffisantes dans les 3régimes
les moins riches enprotéines,
si on seréfère aux recommandations de Boorman et
Burgess (1985).
Un essai a été réalisé par les mêmes
auteurs avec des
poulets
mâles detype
com-mercial (Fancher et Jensen 1989b).
L’abais-sement de la teneur en
protéines
de21,9%
à16,2%, accompagné
d’un maintien desapports
dété-riore un peu l’indice de
consommation,
maissurtout augmente
l’adiposité
(tableau 8).Les
principales
conclusions des auteurs sont que : 1) lepotassium
ne semble pas en cause,2) il
n’y
a pas d’effetspécifique
de l’acidegluta-mique
si ce n’est surl’engraissement,
3) lavaline serait nécessaire à un niveau
plus
élevéque ce
qui
est souventrecommandé,
4) le niveau deglycine
seraitpeut-être
à surveiller.Une
publication
issue l’année suivante dumême laboratoire (Pinchasov et al 1990) abou-tit à des
conclusions,
elles encore,pessimistes
(tableau 9). L’abaissement de la teneur en
pro-téines de 23% à 20% et
17%,
avec maintien desconcentrations en acides aminés
indispen-sables
(lysine,
méthionine,
arginine,
thréonine,
tryptophane,
valine et isoleucine)grâce
à lasupplémentation
sur la base desrecommanda-tions NRC
(1984),
se traduittoujours
par unebaisse de la vitesse de croissance et une
dégra-dation de l’efficacité alimentaire. Dans un
autre essai les auteurs montrent que la
substi-tution pour
partie
des acides aminés par de l’acideglutamique
ne faitqu’aggraver
leseffets de la
supplémentation.
Lerespect
desapports
depotassium, apporté
normalementpar le tourteau de
soja,
neprésente
aucunintérêt. Les auteurs émettent
l’hypothèse (qui
sera discutée
plus loin)
d’une mauvaiseeffica-cité des acides animés libres alimentaires
lors-qu’ils dépassent
une certaine concentrationdans les aliments.
De
même,
Holsheimer et Janssen(1991),
dontquelques
résultats sontprésentés
dans le tableau10,
neparviennent
pas parsupplémen-tation de
régimes appauvris
enprotéines
à retrouver lesperformances
de croissance etsur-tout d’efficacité alimentaire du
régime
témoin. Plus récemment encore, Han et al (1992) ontétudié la
supplémentation
àappliquer
à unrégime
renfermant 19% deprotéines
et 3200kcal/kg
pourqu’il
assure lesperformances
équivalentes
à celles d’unrégime
titrant 23%de
protéines
(3200kcal/kg),
les matièrespre-mières étant le maïs et le tourteau de
soja.
Lapériode
considérée est de 8 à 22jours d’âge.
Le croisement utilisé est issu de New
Hampshire
et de ColumbianPlymouth
Rock àcroissance lente (moins de 300 g de
gain
depoids
entre 8 et 22jours).
Ces auteurs consta-tent que : 1) l’addition d’acideglutamique
neprésente
aucun intérêt : 2) l’addition decarbo-nate de
potassium,
pour compenser le potas-sium non fourni du fait de la réduction desapports
desoja,
n’exerce aucuneffet,
3)l’argi-nine pose autant de
problème
que lalysine,
4)la valine est aussi limitante que la
thréonine,
5) des
supplémentations
adéquates
en acidesaminés
indispensables
(méthionine, lysine,
arginine,
valine et thréonine)permettent
des croissanceséquivalentes
à celles du lot témoin.Les auteurs
suggèrent
que le besoin en valineest en
général
sous-estimé et que le besoin enacides aminés
non-indispensables
est inférieur à celui assuré ici par 19% deprotéines.
Que
conclure de ces résultats assezcontra-dictoires ? Tout d’abord les
expériences
anciennes ou réalisées avec des animaux àcroissance lente fournissent des conclusions
très favorables à la
supplémentation.
Cependant, les
protocoles
(puissance
des essais liée au nombre d’animaux) ne sont souvent pas trèsperformants.
Au contraire les résultatsplus
récents issus d’ungrand
nombred’ani-maux et de croisements à forte vitesse de
d’acides aminés les réductions de
concentra-tions en
protéines.
Enparticulier l’adiposité
etl’indice de consommation demeurent élevés,
suggérant
un bilanénergétique
accru par lessuppléments
d’acides aminés et le meilleuréquilibre
duprofil
d’acides aminés alimen-taires.Plusieurs remarques sont émises par la
plu-part
desexpérimentateurs :
1)l’arginine
et la valine sont des acides aminés mal connus etdont les besoins sont
probablement supérieurs
à ce que l’on pense, 2) au contraire le
trypto-phane
ne semble pas poser deproblèmes
dansdes associations maïs + tourteau de
soja,
3) laglycine
est souventnégligée
etpourrait
êtreplus
importante
qu’on
ne lecroit,
4) les fortesréductions de teneurs en
protéines
sontdiffi-ciles à compenser par les apports d’acides ami-nés libres. Ceci pose le
problème
des acides aminésnon-indispensables.
1.
4
/ Les acides aminés
non-indispensables
(AANI)
Les résultats
expérimentaux
sont rares sur ce thème. En1961,
Stucki etHarper,
utilisant desrégimes
totalementsynthétiques,
proposent
un
rapport
idéal AAI/AANI de2 ;
laglycine
étant souvent considérée comme
indispensable
chez les oiseaux. Comme certains acides aminés
sont utilisés sous les deux formes D et
L,
onpeut
recalculer ce ratio en necomptabilisant
que les formes L. Sa valeur atteint alors 1,44.
Plus
récemment,
Maruyama
et al(1976),
avec des
régimes
entièrementsynthétiques,
aboutissent à un
rapport
AAI/AANI de1,1.
Ilsremarquent
que l’acideglutamique
est beau-coupplus
efficacequ’un mélange
d’AANI dontil est absent.
Bedford et Summers (1985) ont
repris
ceproblème
en étudiant entre 7 et 21jours
lesperformances
depoussins,
combinant 3teneurs en
protéines
(14,
18 et 22%) et 4 ratiosAAI/AANI
(1,86 ; 1,22 ; 0,82
et0,54)
c’est-à-dire une teneur desprotéines
en AAI de35, 45,
55 ou 65%. Les
régimes
sont à base de maïs,tourteau de
soja,
amidon etmélanges
d’acides aminés.Quelle
que soit la teneur enprotéines,
la croissance maximum est atteinte pour un
rapport
AAI/AANI de1,22,
soit uneconcentra-tion des AAI de 55% (la
glycine
est considéréecomme
indispensable).
On note tout de mêmeque les
régimes
titrant 14% deprotéines
nepermettent
pas des croissances aussi élevées que ceux à 18 et 22%. En outre on nedispose
d’aucune information à propos de l’efficacité
alimentaire et de
l’engraissement.
De mêmeaucun
régime
nonsupplémenté
en acidesami-nés ne
figure
dans leprotocole,
cequi
renddif-ficile une évaluation du
potentiel
maximum decroissance du
génotype
utilisé. Enfin lesauteurs concluent que leurs normes de réfé-rence (canadiennes) sont
probablement
sous-estimées.
Rappelons
enfin que laplupart
desexpé-riences,
évoquées
lors des références sur lasupplémentation
en acides aminésindispen-sables,
ne conduisent pas à des effetsbéné-fiques
dessupplémentations
en acidegluta-mique,
suggérant
que le besoin en acidesami-nés non-
indispensables
n’est pas élevé.Cependant
on doit nuancer les conclusions desauteurs
puisque
dans ces mêmes essais lesrégimes
rééquilibrés
en AAI ne conduisent pas aux mêmesperformances
que les témoins1.
5
/ Les
acides aminés
libres
alimentaires sont-ils moins
efficaces
que ceuxdes
protéines ?
Cette
hypothèse
a étéévoquée
récemmentpar Jensen (1991) à la suite de nombreuses tentatives infructueuses d’abaissement des
teneurs en
protéines
des alimentsgrâce
à lasupplémentation parallèle
en AAI.Reprenant
la
bibliographie
récente,
Jensensuggère
quelorsque
lerapport
entre acides aminés despro-téines et acides aminés libres descend en des-sous de 14 les
performances
de croissance sontaltérées,
même si leprofil général
estrespecté
par
supplémentation,
comme l’illustre lafigure
1,
issue des travaux deConalgo
et al(1991),
rapportés
par Jensen (1991).Il est difficile pour le moment de confirmer
ou d’infirmer cette
hypothèse.
Ellepermettrait
d’expliquer
certainséchecs,
enparticulier
apports
deprotéines
et,donc,
à faireappel
plus
massivement aux acides aminés indus-triels. Desinvestigations spécifiques
devraientêtre
envisagées
dans ce domaine.En conclusion il est certain que la
supplé-mentation par des acides aminés de
régimes
dont on a abaissé la teneur en
protéines
per-met de retrouver des
performances
decrois-sance assez
proches
desrégimes
riches nonsupplémentés.
Engénéral
l’indice deconsom-mation et
l’adiposité
demeurentplus
élevésavec les faibles teneurs en
protéines.
Lesdis-cordances entre
expérimentateurs
peuvent avoirplusieurs
causes : 1) une mauvaiseconnaissance du
profil
idéal d’acides aminés etdes
besoins,
2) un effet éventuel des fortesdoses d’acides aminés libres alimentaires sur
le métabolisme des
animaux,
3) des réactionsdifférentes des
génotypes,
les croisements récents à vitesse de croissance élevéeparais-sant
plus
sensibles. Enpratique, l’arginine
etla valine semblent être les acides aminés
qui
deviennent limitants
après
laméthionine,
lalysine
et la thréonine dans les associationsmaïs + tourteau de
soja ;
dans cette situationle
tryptophane
ne pose pas deproblème.
2
/ L’utilisation de
génotypes
de
poulets plus
efficaces
La deuxième voie à
explorer
pour utiliserplus
efficacement lesprotéines
et donc réduire lespertes
d’azote consiste à sélectionner desgénotypes
depoulets
transformant les pro-téines alimentaires enprotéines corporelles
avec un meilleur rendement. Nous avons eul’occasion
d’évoquer
cesujet
en 1989 enmon-trant que tous les programmes de sélection pour accroître l’efficacité alimentaire ou rédui-re
l’adiposité
conduisaient à ce résultat(Leclercq
1989).Des travaux
plus
minutieux ont étépubliés
depuis
lors pouranalyser
cesphénomènes.
Ilsont été réalisés essentiellement sur les
lignées
maigre
ou grasse de l’INRA.2.i
/
Utilisation
globale
des
protéines
L’excrétion d’acide
urique
est nettementplus
élevée chez lespoulets génétiquement
gras que chez lesmaigres
lorsqu’ils reçoivent
les mêmes
aliments,
quelle
que soit la teneuren
protéines (figure
2). Cette différence entrelignées
n’existe pas si les animaux sont àjeun.
Ils’agit
donc d’une différence d’ordremétabo-lique
induite par l’alimentation (Geraert et al1990).
On peut
cependant
se demander si cet écart nepourrait s’expliquer
par des niveauxdiffé-rents de besoins en
protéines.
Si parexemple
le besoin du
génotype
gras étaitplus
faible quecelui du
maigre
il serait normal d’observer unplus
fort catabolisme des acides aminés enexcès. C’est
pourquoi
uneexpérience
a étéentreprise
en faisant varier les teneurs en pro-téines des aliments de7,1%
à20,8%.
Ceux-ciont été
fabriqués
àpartir
d’unrégime
pro-téique
dont leprofil
d’acides aminés a étécal-culé pour se
rapprocher
de celui recommandépar Boorman et
Burgess
(1985). Cerégime
aété dilué avec des doses croissantes d’un
régi-me sans
protéines.
Les résultats de croissanceont été
identiques
chez les deuxlignées
sousl’effet de la variation des teneurs en
protéines
(Leclercq
etGuy
1991)(figure
3).Lorsqu’on
calcule les
régressions
entreprotéines
consom-mées et rétention
protéique
totale(protéines
tissulaires +protéines
desplumes)
on aboutità des courbes décalées et dont les
pentes
dansla
partie
linéaire sontsignificativement
diffé-rentes
(figure
4). Par ailleurs il a été observéque le
génotype maigre synthétise plus
deplumes
entre lesâges
de 4 et de 6semaines,
bien que les deuxlignées
soientidentiques
ethomozygotes
pour lesgènes
majeurs
contrô-lant
l’emplumement
(na et k). Deséquations
définissant le besoin en
protéines
(proches
dela
protéine
idéale) ont pu être calculées.PI =
6,04
W +1,357A
Plignée maigre
PI =
6,07
W +1,747A
Plignée
grasse où : PI est la consommation
journalière
deprotéines
(eng),
W est lepoids
vif (enkg),
4 Pest le
gain
deprotéines
totales(g)
Il en ressort très clairement que : 1) le
besoin d’entretien est semblable chez les deux
lignées,
2) le rendement de conversion despro-téines alimentaires en
protéines
corporelles
estsupérieur
chez lesmaigres
que chez les gras(73,7%
vs57,2%),
3) cette différence estobser-vée
quel
que soit le tauxprotéique
durégime,
même en situation de carence
prononcée.
2.
2
/ Recherche
des acides
aminés
responsables
Nous avons
comparé,
lors deplusieurs
essais, les
concentrations d’acides aminéslibres dans le
plasma
despoulets
à l’étatmétabo-lique
observée nepourrait
pass’expliquer
par une utilisation anormale d’un acide aminépar-ticulier ou d’une famille d’acides aminés. Les
résultats sont résumés dans le tableau 11.
Quelques
différences ressortentsystématique-ment : 1) le
plasma
despoulets
gras estplus
riche en acides aminés soufrés et en acides
aminés ramifiés et souvent en
arginine,
2)
leplasma
despoulets maigres
estplus
riche enacide
glutamique,
sérine,
histidine etpeut-être
alanine.
L’accumulation des acides aminés soufrés chez les
poulets
gras,qui
peut
êtrerapprochée
des différences de
synthèse
desplumes,
nous aconduit à rechercher d’éventuelles différences de besoin en acides aminés soufrés
(Leclercq
etal 1993).
Quand
on fait varier la teneur enméthionine d’un
régime
maïs + tourteau desoja
on constate une sensibilité nettementplus
accusée de la
lignée maigre
parrapport
à laSi on tente de relier le
gain
d’acides aminéssoufrés,
sous forme deplumes
et deprotéines
tissulaires,
à laquantité ingérée
d’acides ami-néssoufrés,
on observe desréponses
curvili-néaires
indiquant
une utilisationsystématique-ment un peu meilleure de cette famille d’acides
aminés chez la
lignée maigre (figure
6). Cette différence ne semble toutefois pas suffisantepour
expliquer
la différencemétabolique
entregénotypes.
Il y a donc lieu de rechercherparmi
d’autres acides aminés les
responsables
des déviations du métabolismeprotéique.
2.
3
/
Conséquences pratiques
Les résultats relatifs aux acides aminés
sou-frés semblent
indiquer
que leprofil
idéal desacides aminés
(protéine
idéale) dépend dugénotype.
Il est clair que, même s’il utiliseplus
efficacement les acides aminés
soufrés,
lepou-let
maigre exige
desrégimes
relativement enrichis en cesderniers ;
ce que l’on n’observepas avec une
protéine
enrichie en tous les acides aminésindispensables.
Il existeproba-blement d’autres acides aminés
présentant
cetype
de différence. Cequi suggérerait
que lasélection
génétique
sur l’efficacité alimentaireet contre
l’adiposité
peut
modifierl’équilibre
entre acides aminés tel
qu’il
estproposé
dansle tableau 2. S’il se
révélait,
parexemple,
queles animaux
maigres
sont moinsexigeants
enacide
glutamique
et ensérine,
acides aminésnon-indispensables,
ce quesuggèrent
lespro-fils
plasmatiques,
onpourrait
espérer
disposer
d’animaux
capables
d’utiliser des aliments enrichis en acides aminés libresindispensables
et moins riches en
protéines
totales. De toutesfaçons
la seule observation que lesgénotypes
maigres présentent
une meilleure efficacitéalimentaire et une
plus
faibleadiposité
doit lesrendre
particulièrement adaptés
auxstraté-gies
d’utilisation des acidesaminés,
indus-triels,
puisque,
dans presque toutes lesexpé-riences de
supplémentation évoquées
enpre-mière
partie
de cetarticle,
l’indice deconsom-mation et
l’adiposité
sont les deuxparamètres
les
plus
altérés par l’abaissement des teneursen
protéines
des aliments avec maintien desniveaux d’acides aminés
indispensables.
La seconde retombéepositive
de cesgéno-types
maigres
est leur faible excrétion azotée. Nous illustrons ce dernierpoint
par les chiffresdu tableau
12,
calculés àpartir
des résultats d’une de nosexpériences (Leclercq
etGuy
1991). Onpeut
remarquer une réduction de 15à 30% de l’excrétion azotée par
kg
depoulet
produit
selon la teneur enprotéines
del’ali-ment ; le besoin étant couvert avec une
concen-tration minimum de 18% de
protéines,
ladiffé-rence d’excrétion est de
28,7%.
Si l’on considè-re que, parrapport
à lapopulation d’origine,
lasélection
divergente
a étésymétrique,
il suffitde diviser par 2 l’économie pour se référer à un
génotype
non sélectionné. Donc la sélectionpour une faible
adiposité
doitpermettre
deréduire de
14,3%
les excrétions d’azote.Conclusion
Les deux voies que nous avons
développées,
offertes actuellement à ceux
qui
veulentlimi-ter les
pollutions
azotées enaviculture,
sontprobablement complémentaires
voireaddi-tives. Abaisser de 2
points
la teneur en pro-téines des alimentsgrâce
àl’usage généralisé
d’acides aminés industriels
paraît
tout à fait réalisable et réduirait de 10% lespertes
d’azo-te.
L’adoption
degénotypes
efficaces pour lasynthèse protéique
doit permettre uneréduc-tion d’environ 14%
supplémentaire.
Leprogrès
total est donc
proche
d’une réduction de 25%. Si lesgénotypes maigres
neprésentaient
pas les défauts souvent observés actuellement (détérioration de l’efficacité alimentaire et
adi-posité)
quand
on cherche à réduire de 4 à 5points
les teneurs enprotéines
des alimentspar
supplémentation généralisée
en acidesaminés
industriels,
les 2 voies deprogrès
seraient
plus qu’additives.
La réductionmaxi-mum
espérée pourrait
être de l’ordre de50% ;
il semble difficile de
pouvoir
allerplus
loin. Cela supposecependant
deproduire
tous lesRéférences
bibliographiques
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Summary
The
possibilities for reducing nitrogen
losses inpoultry
farming.
Nitrogen
loss is apotential
source ofpollution
inpoultry production.
It may be reducedby
eithergreater
use of massproduced
amino acids orby
chicken
genotypes
which usedietary
amino acids moreefficiently.
Unsufficientknowledge
of theprecise requirements
inlimiting
amino acids after methionine andlysine
or aslight toxicity
athigh
concentrations of free amino acids in feedcan pose
problems.
However,
a reduction of 10%in
nitrogen
waste can beexpected through
thistechnique,
withoutaffecting production. Adding
more amino acids could lead to a reduction of 35%
in
nitrogen
waste aslong
asgrowth
rate and feedefficiency
were not affectedadversely.
Genotypes transforming dietary
amino acids intobody proteins
moreefficiently
maygive
areduc-tion of 15% in
nitrogen
loss. Thesegenotypes
willprobably
exhibitchanges
in their relative needs of amino acids.Overall,
both theseapproaches give grounds
forhope
ofreducing nitrogen
lossby
up to 50% inintensive
poultry farming.
At thepresent
timethey
can contribute to a reduction of 25%.LECLERCQ
B.,
TESSERAUD S. 1993. Possibilit6s dereduction des