HAL Id: jpa-00238374
https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00238374
Submitted on 1 Jan 1885
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
Allard M, Le Chatelier
To cite this version:
Allard M, Le Chatelier. Sur le dimorphisme de l’iodure d’argent. J. Phys. Theor. Appl., 1885, 4 (1),
pp.305-311. �10.1051/jphystap:018850040030500�. �jpa-00238374�
305
SUR LE DIMORPHISME DE L’IODURE D’ARGENT;
PAR MM. MALLARD ET LE CHATELIER.
On sait que l’iodure
d’argent, porté
à unetempérature
assezélevée,
est rougesombre,
tandisqu’il
estjaune
clair à latempé-
rature ordinaire. Dans un Mémoire
qui
datedéjà
deplusieurs
an-nées,
M. Wernicke(1)
avait annoncé que,lorsqu’on
observe sousle
microscope
une lame d’iodure en voie derefroidissement,
onvoit la variation de teinte se faire
progressivement jusqu’à
la tem-pérature
de 138° ou138°, 5
où intervient unchangement brusque qui porte
la couleur dujaune
intense au blancjaunâtre.
Le ré-chauffement de la lame
amène,
à la mêmetempérature,
le mêmechangement
de teinte en sens inverse.Nous avons
pensé
que cephénomène
devait être l’indice d’unchangement
d’état cristallin semblable à celui que l’un de nousa découvert dans la boracite et le sulfate de
potasse
etqu’il
devaitcorrespondre
au passage de la formehexagonale
à la forme cu-bique
que,d’après
M. O. Lehmann(2), prend
l’iodured’argent au
moment de sa solidification.
Nous avons constaté en effet que l’iodure
d’argent, qui
est hexa-gonal
et trèsénergiquement biréfringent
à latempérature
ordi-naire,
devient subitementuniréfringent
à unetempérature
déter-minée,
pour redevenirbiréfringent, lorsque,
parrefroidissement,
il a
pris
unetempérature
inférieure à cettetempérature
de pas- sage. L’iodure est donchexagonal
au-dessous d’une certaine tem-pérature, cubique
au-dessus.Le
phénomène peut
être facilement observé soit sur unegoutte
d’iodurefondu,
soit surune lame d’iodure taillée suivant une direc- tionquelconque oblique
à l’axeprincipal.
Nous avons trouvé pour cette
température
de passage146°
en-viron,
chiffre un peuplus
élevé que celuiqui
avait été dé-terminé par M. Wernicke par l’observation du
changement
decouleur.
(1) Pogg. Ann., CXLII. 560; 1871.
(2) GR01IJ, Zeit., l, 492; 1877.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:018850040030500
Le passage de l’état
hexagonal
à l’étatcubique
estaccompagné
d’une
absorption
dechaleur,
comme on le constate aisémenten suivant la marche de l’échauffement ou celle du
refroidisse-
ment d’un thermomètre
plongé
dans de l’iodure en menusfrag-
ments.
Nous avons mesuré la chaleur absorbée par le
changement
d’état en étudiant la loi de variations de la
chaleur spécifique
del’iodure dans le
voisinage
duchangement
d’état.Voici les résultats de nos observation
On déduit de ces nombres que la chaleur
absorbée
pour passer de l’étathexagonal
à l’étatcubique
estégale
à6cal,
8 pour1 gr, soit,
pour un
poids de 224gr, 8 correspondant
à celui de lamolécule,
1600
petites
calories ou1,6 grandes
calories.Cette transformation réversible
s’accompagne
en outre commel’a reconnu Ni.
Rodwell (2)
d’une contractionqui, d’après
ce sa-vant, serait de
0,0157
par unité de volume.Le
phénomène
est doncanalogue
auchangement
de laglace
à o,qui s’accompagne
d’uneabsorption
de chaleur et d’une contraction de volume. On en conclutqu’un
accroissement depression
doit abaisser latempérature
de la transfornlation de l’io- dure comme il abaisse lepoint
de fusion de laglace,
et que mêmesous une
pression suffisante,
cette transformation doitpouvoir
seproduire
à latempérature
ordinaire.Nous avons vérifié l’exactitude de cette conclusion en
profitant
d’un
appareil
combiné par l’un de nous pour étudier la résistance à l’écrasement des ciments. Dans cetappareil
une presse à vispermet
d’exercer unepression
considérable sur un corps contenu dans unpetit cylindre
en acier de faible diamètre. Cecylindre
est(1) Regnault a trouvé cette chaleur spécifique moyenne égale à o,o616. La dif-
férence relative, qui est de
310,
est de l’ordre de nos erreurs d’observation. Lagrandeur de ces erreurs est due au faible poids de matière que la disposition de
notre appareil nous forçait d’employer.
(2) Proceed. Roy. ,S’oc., 25-281 (1876-77).
307
posé
sur unlarge plateau
d’un manomètreThomasset, qui
trans-met la
pression
très rédui te à une masseliquide emprisonnée.
L’eaucommunique
avec un manomètre Bourdon à tubeelliptique
torduen
hélice,
du genre de celui que nous avons utilisé dans nos re-cherches sur les
températures
de combustion. Lapression
exercéesur l’eau est
enregistrée,
par unstyle
fixé aumanomètre,
sur unefeuille de
papier portée
par un cadre mobile dans uneglissière
verticale. La
glissière
est mue par un cordon enroulé sur la circon- férence de la viscomprimante,
de sorte que la course dupapier
Fig. i.
est
proportionnelle,
dans unrapport
considérablement accru, à l’abaissement dupiston.
Si l’on tourne la
vis,
sans mettre dans lepetit cylindre
aucuncorps
étranger,
lepiston
vient presser sur laplatine
et l’on exerceune
pression graduellement croissante,
en mêmetemps
que la vis s’abaisse en vertu de lacompressibilité
despièces
del’appareil.
Le
style
du manomètre trace alors sur lepapier
uneligne
ab’
( fig.. i) (1)
sensiblementdroite,
inclinée sur laverticale,
dont les(1) La figure montre, fidèlement représentée, la courbe tracée par le style dans-
une expérience faite sur un petit cylindre d’iodure qui avait environ 4mm de hau-
tour.
ordonnées de l’horizontale
comptées
àpartir
dupoint
dedépart
sont
proportionnelles
à 1"abaissement de lavis,
et les ordonnéescomptées
àpartir
de la verticale del’origine
sont sensiblementproportionnelles
à lapression.
Encomparant
avec un manomètreà mercure, on
peut
savoir àquelle pression correspond
une abscissede
longueur
donnée.Si l’on introduit dans le
cylindre
une certainequantité
d’iodured’argent,
et si l’oncomprime,
lestyle
trace d’abord uneligne
cd(ftg. i)
d’une inclinaisonrégulière
et sensiblementparallèle
à absi l’on élimine la
période
initiale viciée par le tassement despièces.
Lorsque
lapression
est assezélevée,
la transformation de l’iodurese
produit,
lecylindre
d’iodure se contracte, et la vispeut
s’abais-ser sans que la
pression augmente,
ouplutôt,
pour un abaissement donné de lavis, l’augmentation
depression
estbeaucoup plus
faible
qu’elle
ne l’étaitauparavant ;
la courbe de tracée par lestyle
serapproche
donc de la verticale. Au bout d’un certaintemps
la transformation est
complète
et lestyle
serapproche,
enef,
desa marche normale.
Lorsqu’on décornprime
en faisant tourner lentement la vis en sensinverse,
lephénomène
inverse seproduit.
Lestyle
décri talors la
ligne fghé,
danslaquelle gh correspond
à lapériode
detransformation. Le
style
vient rencontrer la verticale dupoint
dedépart
en unpoint
c’ peu différent de c. La trèspetite
différenceprovient
destemps perdus
del’appareil.
Les
pressions enregistrées
au moment de la transformation sont très différentespendant
lacompression
et ladécompression;
onpeut
attribuer cet écart à l’influence d ufrottement, qui
vients’aj outer
ou se retrancher de lapression
réellementsupportée
par l’iodure. Celle-ci doit donc peu différer de la moyenne des pres- sionsenregistrées.
Voici lesrésultats,
très concordants du reste, d’uneexpérience
àl’autre,
obtenus avec descylindres
de 3Ulll1 et de6mm de diamètre.
(1) La courbe tracée par le stj-le peut facileiiietit ètre projetée pendant l’expé-
rience même. On pourrait s’en serBir dans les cours publics, pour démontrer la relation qui lie à la pression les changements d’état des corps.
309
L’augmentation
de diamètre diminue considérablement l’écart des deuxpressions
sanschanger
leur moyenne d’unefaçon
no-table.
Notre
appareil
ne nouspermettait
pasd’opérer
sur des diamètresplus forts,
mais nous avons pn le faire avec la machine d’essai des ateliers du chemin de fer deLyon
que M.Henry, ingénieur
en chefdu
matériel,
a bien voulu mettre à notredisposition.
Lesexpériences
que nous avons faites avec le concours de M.
Niel, ingénieur chargé
du service desessais,
ontporté
sur descylindres
de 15-- dediamètre. Les nombres obtenus ont été les suivants :
La
pression
moyenne est donc restée lamême; mais,
contraire-ment à ce que nous avions
espéré,
l’écart despressions
extrêmes nes’est pas trouvé réduit.
L’iodure
d’argent
à latempérature
de 20°possède
donc lasymé-
trie
cubique
sous lapression
de 3000kg par centimètre carré etsous toutes les
pressions supérieures,
tandisqu’à
la mêmetempé-
rature et sous toutes les
pressions inférieures,
il a lasymétrie hexagonale.
On
peut
aisémentapprécier,
avecquelque exactitude,
la varia-tion de volume
qui
accompagne la transformation sous cette pres- sion et à cettetempérature.
Il suffit de mesurer sur lediagramme
la distance verticale
comprise
entre les deuxpoints
de la courbedu
style qui correspondent
au commencement et à la fin duphé-
nomène. Cette
longueur
est dans unrapport
déterrniné-avec la va-riation de la hauteur du
cylindre
d’iodure. On mesure ensuite cettehauteur, augmentée
dans le mêmerapport,
etenregistrée
par le mêmeappareil
sur undiagramme spécial,
enposant
lecylindre
surla
platine
del’appareil
et mettant successivement lapartie
infé-rieure de la
tige
de la vis en contact avec la basesupérieure
du cy- lindre et avec laplatine.
Nous avons trouvé ainsi que la contraction de l’unité de volume
est
égale
à0,16 à ,’0 près
de la valeur.Cette contraction est
près
de dix foisplus
considérable que cellequi accompagnerait, d’après
M.Rodwell,
la transformation de l’ioclure à146U
et sous lapression atmosphérique.
Ce savant, il est
vrai,
s’est contenté de déterminer la dilatation linéaire d’une barre d’iodured’argent
et en a déduit par le calcul la dilatationcubique,
mode deprocéder qui
n’estapplicable qu’aux
solides restant semblables à eux-mêmes
pendant
leur dilatation.Cette condition n’est pas
remplie
par l’iodured’argent qui
se fen-dille dans tous les sens au moment de sa transformation et doit par
conséquent éprouver
desallongements inégaux
suivant les direc- tionsd’inégale
résistance.Nous avons cherché à
apprécier
lagrandeur
de cette contraction à146°,
en suivant lesvariations,
avec latempérature,
de la colonned’un thermomètre dans la boule
duquel
était introduit uncylindre
d’iodure. Nous avons mesuré ainsi une contraction
égale à 0,1
1 envi-ron. Ce
nombre, qui
n’est certainement pasrigoureusement
exact,mais
qui
doits’approcher
de lavérité,
est du même ordre degrandeur
que celui que nous avons trouvé à 20°.L’ensemble de ces
expériences
montrel’analogie complète
queprésentent
lesphénomènes
dedimorphisme
avec lesphénomènes physiques. du changement
d’état(fusion
de laglace)
et lesphéno-
iiiènes
chimiques d’équilibre
dans lessystèmes hétérogènes ( dis-
sociation de
CaO, C02).
Comme eux, ils sontrigoureusement réversibles ;
ilsprésentent
unetempérature
de transformation ri-goureusement
définie àpression
constante, et unepression
detransformation
également
définie àtempérature
constante; enfin le sens de cette transformation esttoujours
tel que, si elle seproduisait seule,
elle amènerait unecompensation
au moins par- tielle de l’efiet que tend àproduire
la cause extérieurequi
pro-voque cett-e
transformation,
c’est-à-direqu"une
élévation de teni-pérature produit
unphénomène
tendant à amener un abaissement detempérature (chaleur
latentenégative), qu’une
élévation depression produit
unphénomène
tendant à amener une diminution depression (contraction),
311
Les
phénomènes
dedimorphisme
suiventdonc,
d’unefaçon complète,
la loigénérale
deséquilibres,
formulée par l’un denous.
Quelques
cas dedimorphisme
semblent àpremière
vue s’écarterdes lois
précédentes,
ne pas êtrerigoureusement réversibles,
ne pasprésenter
despoints
de transformation biendéfinies,
lesoufre,
l’iodure de mercure, le
phosphore, l’oxyde
defer,
etc. Lesexpé-
riences de M. Gernez et celles de à. Reicher ont montré que pour le soufre il
n’y
a aucuneexception.
Sous lapression atmosphé- rique
latempérature
de transformation du soufre estparfaitement
définie et
égale
àg5",6.
La seule différence queprésente
ce corps,et
probablement
les autresqui
viennent d’êtreénumérés,
est que leurs transformationsréciproques
ne sont pasinstantanées, qu’ils peuvent
subsisterlongtemps, parfois
mêmeindéfiniment,
dans unétat
d’équilibre instable,
faitqui
seprésente
continuellement dans leséquilibres chimiques,
leschangements d’état,
etétablit,
parconséquent,
uneanalogie
deplus
entre ces trois ordres dephé-
mènes.
DU RÉGIME DE DÉTONATION DES
MÉLANGES
TONNANTS ;PAR M. A WITZ.
On
peut reproduire artificiellement,
pour ainsidire,
lesphéno-
mènes
d’explosion
et de détentequi
se succèdent derrière lepis-
ton des moteurs à gaz, en
opérant
dans uncylindre,
muni d’unpiston
à vitesse variable et entouré d’uneenveloppe
à circulation d’eau ou de vapeur : les recherches quej’ai poursuivies
par cette méthode ont étépubliées
dans les Annales de Chinlie et dePh)/- sique (1)
etquelques-uns
des résultatsauxquels j’ai
été conduitont été résumés dans ce Journal
(2).
Mon dessein ne saurait être de les exposer de nouveau, mais de nouvelles
expériences
mepermettent
de lesconlpléter,
enprofitant
(1) Annales de Clzimie et de Physique, 5e série, t. XXX; 1883.
(1) Journal de Physique, 28 série, t. fIl, p. 515.