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Submitted on 1 Jan 1960
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Étude des propriétés triboélectriques de divers tissus
synthétiques
G. Goudet, P. Laurenceau
To cite this version:
87
ÉTUDE
DESPROPRIÉTÉS
TRIBOÉLECTRIQUES
DE DIVERS TISSUSSYNTHÉTIQUES
par G. GOUDET et P. LAURENCEAU.Résumé. 2014
Dans cet article, on
indique
une méthode de mesure des chargesacquises
sousl’action du frottement par des tricots en fibres synthétiques et on décrit
l’appareillage
corres-pondant. La méthode choisie permet l’obtention de résultats suffisamment reproductibles et précis.
Deux séries d’expériences illustrent son
application :
l’une examinant comparativement lespro-priétés
triboélectriques
de tricots de chlorure de polyvinyle etd’acrylonitrile,
l’autre étudiant lecomportement de tricots en fibres de chlorure de polyvinyle chargées, à des taux variables, de fluorure de calcium. Des graphiques indiquent comment peuvent être classés les différents tricots suivant leur composition.
Abstraet. 2014
In this paper, a method of measuring charges due to friction caused by knit-ed synthetic fibers is described, as well as the corresponding apparatus. The method chosen makes it possible to obtain fairly accurate and reproducible results. Two sets of experiments
illustrate its application: One examining comparatively the triboelectric properties of knitted
polyvinylchloride
andacrylonitrile,
the other studying the behaviour of knitted polyvinylchlo-ride fibers loaded with CaF2 in different amounts. Charts indicate how the different knitted materials might be classified, according to theircomposition.
LE JOURNAL DE PHYSIQUE ET LE RADIUM PHYSIQUE APPLIQUÉE
SUPPLÉMENT NO 7.
TOME 21, JUILLET 1960,
I. Introduction. - A la suite des travaux mon-trant l’intérêt médical des sous-vêtements doués de
propriétés
triboélectriques
de sensnégatif,
lamesure des
charges
électriques
acquises
sousl’ac-tion du frottement par les tissus
synthétiques
apris
un intérêt croissant.Une série
d’expériences
mettant en lumière lespropriétés triboélectriques
de divers tissusdispo-nibles en 1954 a été effectuée par MM. E. Darmois
et A. Marais
[1].
Parmi ceux-ci ce sont les tissus enchlorofibres
Rhovyl (1 ) (chlorure
depolyvinyle
pur,en
abrégé
C. P.V.)
qui
sechargeaient
leplus
for-tement dans les conditions des
expériences.
Ils étaient suivis assez loin d’ailleurs par des tissus enfibre de
polyacrylonitrile
Orlon(2).
Depuis
cette date d’autres fibres depolyacry-lonitrile ont été commercialisées et c’est le cas
notamment du Dralon
(3).
Il était donc intéressant de savoirsi,
dupoint
de vuetriboélectrique,
lesfibres de
polyacrylonitrile
différaient les unes des autres et comment elles se situaient parrapport
aux fibres de C. P. V.En
outre,
de récentes études ont démontré que l’introduction dans le C. P. V. d’unléger
pourcen-tage
depigments
minéraux,
le fluorure de calcium CaF2 par exemple,
modifiait lecomportement
tri-boélectrique
du C. P. V. dans le sens d’un accrois-sement descharges
obtenues;. cet
accroissement est suffisammentimportant
pour que la fibre C. P. V. pur soit moinsélectronégative,
c’est-à-direqu’elle prend
unecharge
positive lorsqu’on
la frotteavec la fibre C. P. V.
chargée
au fluorure. Ildeve-nait donc intéressant de déterminer le
pourcentage
optimum
de CaF2
à introduire dans le C. P. V.pour obtenir les meilleurs résultats.
Les deux
objectifs
de l’étudeci-après
ont été atteints :10 en
comparant :
un tricot en C. P. V. pur
(Rhovylj.
Échantillon n° 1avec des tricots de contexture similaire
en C. P. V. + 0,5 % Ca F2
(Fluooyl).
Échantillon nD 2en fibres acryliques pures
(Dralon).
Échantillon no 3et en fibres acryliques pures
(Orlon).
Échantillon no420 en
comparant
entre eux des tricots :H. Méthode de mesure. - PRINCIPE. - Des échantillons de surface connue sont
découpés
danschacun des tissus soumis à
l’expérimentation.
Ilssont
chargés
par passage dans un frotteurmétal-lique.
Lacharge acquise
est mesurée par unélee-tromètre à
quadrants
connecté à uncylindre
deFaraday.
PRÉPARATION DES ÉCHANTILLONS. - Les
échan-tillons de 6 cm X 2 cm sont lavés avec un
détergent
de
synthèse (Omo),
puis soigneusement
rincés àl’eau du
robinet ;
etenfin,
sauf mentionspéciale,
rincés à l’eau distillée. Un fil de
Nylon
trèsfin,
attaché à l’un despetits côtés,
permet
de tirerl’échantillon
puis
de leplonger
dans lecylindre
deFaraday
sansqu’il perde
sacharge. Après
uneexpérience,
l’échantillon est abandonnépendant
24 heures au moins afin de ledécharger.
(1 )
Rhovyl, marque déposée par la Société RHOVYL.(2) Orlon, marque déposée par la Société DU PONT.
(3 )
Dralon, marque déposée par BAYER.88
LE FROTTEUR. - Le choix du frotteur doit être fait avec un soin
particulier.
En effet il est difficiled’exercer une action très
reproductible
conduisant à des résultats fidèles. C’est la recherche de cettefidélité
qui
a conduit au frotteur utilisé au coursdes essais. Il est
représenté
( fig.
1).
Deux lames.FIG. 1.
métalliques,
dont l’une est fixe et l’autre mobileautour de l’axe horizontal
AA’,
sont en contact parleurs
extrémités recourbéesBi
etB 2.
Ces
extrémités,
entrelesquelles
passe le tissu àélectriser,
sont en acierinoxydable.
Leur rayon de courbure est de 5 mm environ. Elles sontappli-quées
l’une sur l’autre par unpoids
posé
àl’empla-cement de la flèche F. Si celui-ci est
trop
lourd(500 g)
lescharges prises
sontimportantes,
lespotentiels
élevés,
et despertes
pardisrupture
peu-vent
apparaître.
Deplus
les échantillons sontrapi-dement déformés et ne
peuvent
être utilisés denombreuses fois. Si le
poids
esttrop faible,
seules les fibressuperficielles
viennent en contact avec lemétal et les
charges
prises
sont faibles. Lescharges
résiduelles et cellesqui
sont dues aux frottementsaccidentels
risquent
de neplus
êtrenégligeables
etd’entacher la
précision
des mesures. La valeur opti-mum s’élève à 50 g et donne dans tous les cas descharges
très facilement mesurables sansqu’il
enrésulte de
champs
élevés et de déformationimpor-tantes.
Cet
appareil,
bien que trèssimple,
présente
deuxavantages :
1° absence de
charges
sur lesparties
frottantesqui
sont réunies ausol ;
2° force de frottement bien déterminée.
Le seul
paramètre
qui
reste mal déterminé est lavitesse de passage entre les becs. On a vérifié que
’celle-ci n’avait pas une influence
majeure
eneffec-tuant presque simultanément des passages lents
(3
senviron)
et despassages
rapides (1/2
senviron).
La différence des
charges prises
par des échantillons de C. P. V. est inférieure à 10%.
MONTAGE
ÉLECTRIQUE.
- Le schéma del’ins-tallation est donné
figure
2. On reconnaît lemon-FIG. 2.
tage
hétérostatique
dissymétrique
del’électro-mètre.
L’aiguille
estportée
à 67 volts parrapport
à l’une des
paires
dequadrants,
elle-même reliée àla terre ainsi que les
blindages.
L’autrepaire
dequadrants
faitpartie,
avec lecylindre
deFaraday,
du conducteur isolable. En fait
partie
également
une armature de chacun des condensateurs c et y.
La deuxième armature de c est reliée à la
terre,
et,
pourpermettre
une mesurecorrecte,
son isolementdoit être excellent. On a
observé,
avec uncon-densateur c de 5 000
picofarads
isolé austyroflex
uneperte
decharge
inférieure à1/200
en 1 heure.L’essai
d’isolement,
plusieurs
foisrépété
au coursdes
expériences
atoujours
donné le même résultat.Le condensateur y est un étalon de 500 cm
soit 555
pf.
Sa deuxième armaturepeut
êtreportée
à unpotentiel
Vréglable
et connu par la lectured’un
voltmètre,
cequi
permet,
comme on va le voirmaintenant,
d’étalonner lemontage.
Appelons
c’ lacapacité
parrapport
ausol,
c’est-à-dire aux
blindages
ducylindre
deFaraday,
desquadrants
isolables et des fils deconnexion,
etposons C = c + c’. C
représente
lacapacité
totaledu conducteur isolable par
rapport
à la terre. Ennégligeant
l’influence quepeut
exercer sur luil’aiguille
de l’électromètre et enappelant v
sonpotentiel,
le schéma de l’installation se ramène à celui de lafigure
3.Soit Q
lacharge
introduite dans lecylindre
deFaraday.
Elle faitapparaître,
parinfluence,
sur l’ensemble du conducteur isolable unecharge égale.
Ce conducteurprend
donc unpoten-tiel v donné par :
Pendant la mesure, on fait V = 0. Alors
Pour étalonner
l’électromètre,
le conducteur iso-lable estdéchargé
(c’est-à-dire Q
=0). Après
l’avoir à nouveau
isolé,
V estréglé
defaçon
à obte-nir la même déviation duspot,
c’est-à-dire le mêmepotentiel v
du conducteur isolable.L’équation (1)
fournit alorsL’égalité
de v dans ces deuxexpériences
permet
d’écrire :
Ayant
mesuré V pourchaque
valeur de la dévia-tion oc duspot,
onpeut
donc,
connaissant y, endéduire
Q
et tracer une courbe d’étalonnement don-nant lacharge
en fonction de la déviation. On voitque, dans l’évaluation
numérique
deW,
seule lacapacité
y intervient.Cependant,
le rôle ducon-densateur c
apparait
dans les formules 2 et 3(où
l’on se souvient que C = c +c’) :
ilpermet
d’adapter
la sensibilité del’électromètre
à l’ordre degrandeur
descharges
à mesurer. Celles-ci ontdes valeurs de l’ordre de 10-9 coulomb. Avec
et
l’équation
2 fournit pour v des valeurs de l’ordrede
0,2
voltqui
sont aisément mesurables avec unélectromètre pourvu d’un fil de
suspension
relati-vement gros, et sont
cependant
si faiblesqu’aucun
phénomène
dedisrupture
n’est à craindre. Les valeurs de Vqui
s’élèvent àquelques
volts,
sontégalement
très faciles à mesurer. La courbed’éta-lonnement obtenue est une droite dont la
pente
est de 92picoloulomb
par millimètre de déviation.ÉTAT HYGROMÉTRIQUE
DE L’AIR. - Les varia-tions d’humiditépouvaient,
ellesaussi,
entraînerdes écarts entre les résultats obtenus à des moments
différents. La teneur en vapeur d’eau a été mesurée
chaque
jour
avec unhygromètre
àpoint
de rosée.Au cours de la
période
très sèche durantlaquelle
se sont eff ectuées les mesures, l’humidité relative n’avarié
qu’entre
43 et 57%.
Dans ces limites on n’observe pas de corrélation entre lescharges
mesu-rées et le
degré
d’humidité.FROTTEMENTS RÉPÉTÉS D’UN MÊME
ÉCHAN-TILLON. - On a cherché à
préciser,
au cours decer-taines
expériences
préliminaires,
les conditions danslesquelles
les mesures sont lesplus
valables. C’est ainsi notammentqu’on
peut,
soit mesurer lacharge
maximumacquise
par un échantillon à la suite defrottements
répétés,
soit lacharge acquise après
unseul passage dans le frotteur. La mesure de la
charge portée
par un échantillon .en fonction dunombre de passages a été effectuée sur divers tissus.
Le
temps
séparant
les passages étaitjuste
letemps
nécessaire à la mesure, soit 15 à 20 secondes. Lecylindre
deFaraday
était isolé intérieurement parune couche de téflon ou de
plexiglas
pour éviter quel’échantillon y
perde
sacharge.
Des résultatsty-piques
sont donnés(fig. 4).
Deux courbes sontrela-FIG. 4.
tives à deux échantillons
identiques
en C. P. V. pur(échant. 1).
Auvoisinage
du maximum chacuned’elles forme des dents de scie
qui
montrentqu’à
partir
d’une densité decharge (moyenne)
de 16 microcoulombs par mètre carré environ desdécharges
s’amorcent au passage dans lefrotteur,
limitant la
charge
à une valeurqui
nedépend
vraisemblablement
plus
uniquement
despropriétés
triboélectriques
du tissu.La
charge
depolyacryliques
(Dralon, échant, 3)
au contraire
augmente
régulièrement, quoique
de moins en moins vite et semble tendre vers uné-90
rieure aux 16
microcoulombs/m2
correspondant
àl’apparition
desdécharges
sur le C. P. V. pur(échant. 1).
Il résulte de ces essais que
si,
dans les conditions de nosexpériences,
lacharge
maximumacquise
par certains tricots comme ceux en fibrespolya-cryliques
Dralon semble bien caractériser lematé-riau
qui
le compose, lacharge
maximumacquise
par les fibres C. P.V.-Rhovyl
et par d’autres tricotsest limitée par un
phénomène
parasite.
C’estpour-quoi
lesexpériences
suivantes ontporté
sur lacom-paraison
descharges
prises
après
un seul passagedans le frotteur et que nous
appellerons
première
charge,
plutôt
que sur lacomparaison
descharges
maximum
qui
paraît
moinssignificative.
Il est d’autre
part
évident que lesexpériences
effectuées avec des
potentiels
faibles devant lepo-tentiel
disruptif
sont lesplus
fidèles.PRÉCISION SUR LA MESURE DE LA PREMIÈRE
CHARGE. - La
précision
des mesuresdépend
des conditionsexpérimentales
et il fautdistinguer
lesmesures consécutives des mesures
espacées
de24 heures ou
plus.
Comme il n’est pas
possible
d’effectuer à la suiteplusieurs
mesures sur le mêmeéchantillon,
caril faut attendre des heures pour
qu’il
sedécharge,
on adécoupé
dans le même morceau de tissu dixéchantillons de même surface. Ils ont été lavés et
séchés
ensemble,
defaçon
à être aussi semblablesque
possible.
Lors de la mesure, lacharge résiduelle,
toujours
très faible et leplus
souventnulle,
étaitdéduite. On a pu ainsi effectuer des groupes de
10 mesures
pratiquement
simultanées. Pour chacun de ces groupes on a calculé la valeur moyenne de ladensité de
charge, puis
la moyenne des écarts.Celle-ci s’échelonne de
1,8
à 11%
avec larépar-tition
représentée
sur lafigure
5. On voit queFIG. 5.
l’écart moyen le
plus
probable
est de 6 à 7%.
Cetécart totalise les effets de
dispersion
provenant
d’expériences
différentes consécutives et duprélè-vement de
petits
échantillons différents dans unemême
pièce
de tissu.Si maintenant on
considère,
pourchaque
tissu,
la moyenne
générale
de tous lesrésultats,
indépen-damment de
l’époque
àlaquelle
ils ont étéobtenus,
la
dispersion
est un peuplus
grande
qu’à
l’intérieurd’un groupe de mesures
rapprochées
dans letemps.
Toutefois,
l’écart moyen nedépasse
10%
quepour 6 des échantillons
qui
ont donné lieu auxessais.
III. Résultats. -
Ces^ moyennes
sont donc trèssignificatives,
et elles sontreprésentées
graphi-quement
sur lesfigures
6 et 7. La hauteur desFIG. 6. - Densité de
charge en microcoulomb par in2
colonnes est
proportionnelle
à la densité decharge,
exprimée
en microcoulomb par mètre carréprise
par un tricot
après
êtrepassé
une fois dans lefrotteur. De
part
et d’autre du sommet on a hachuréla zone
correspondant
à l’écart moyen calculé sur l’ensemble des mesures.De ce
qui
précède,
il semblequ’on puisse
tirer les conclusions suivantes :-10 Les échantillons 1 à 4 sont tricotés de la même
façon.
Les résultats font donc ressortir desdiffé-rences
correspondant
à lacomposition
des fibres.On voit
(fin. 6)
que c’est le C. P. V. +0,5
%
CaF2
(échant. 2) qui
prend
lescharges
lesplus
élevées. Il est immédiatement suivi par le C. P. V. pur(échant. 1).
Quant
aux fibresacryliques
(échant.
3et
4)
ellessont,
dupoint
de vuetriboélectrique,
beaucoup
inférieures auxprécédentes.
2° Les échantillons 5-6-7 et 8 sont en C. P. V.
additionné de fluorure de
calcium,
enproportion
variable
(voir § 1).
Endépit
d’unedispersion
des résultatssupérieure
aux différencesobservées,
lepourcentage
leplus
faible de fluorure de calciumsemble conférer au C. P. V. les
qualités
lesplus
intéressantes.
IV. Conclusion. -- Avec la méthode de
mesure
utilisée pour comparer les
qualités triboélectriques
des différents tissusessayés,
les échantillons neprennent
que descharges
relativementfaibles,
etle
champ électrique
dans leurvoisinage
reste de loin inférieur auchamp disruptif.
Les résultatsobtenus de cette
façon
sont suffisammentrepro-ductibles et
précis
pourpermettre
la discriminationdes échantillons et pour faire
apparaître
l’influence de différents facteurs tels que lacomposition
ou letissage.
Manuscrit reçu le 10 février 1960.
BIBLIOGRAPHIE
[1] Sur les propriétés triboélectriques de divers tissus en