INFLUENCE DE L’INGESTION
D’ANTIOXYGÈNES
SUR LA
COMPOSITION
DECERTAINS TISSUS
ET SUR LASTABILITÉ
DES GRAISSES DERÉSERVE
DU
PORC
ET DUPOULET
A.-C.
FRANÇOIS
Andrée PIHETAvec la collaboration technique de Jacqueline THEVENOUX
Service de Biochimie et de Nutrition C N R Z, Jouy-en-Josas (S et 0).
SOMMAIRE
L’influence de
l’ingestion
de diversantioxygènes
surleur accumulation éventuelle dans le muscle, lesgraisses
de réserve(dorsale
etpérinéphrétique),
le foie et le rein, ainsi que sur la résistance à
l’oxydation
desgraisses
de réserve,a été étudiée chez le porc et le
poulet.
Les animaux recevaient dans leur ration soit 0,125 p. 100de
diphényl-p.
phénylènediamine (DPPD),
soit 0,1 p. 100 debutylhydroxyanisol (BHA),.
de
butylhydroxytoluène (BHT),
degallate
dedodécyle,
degallate
depropyle,
ou d’acidenordihydroguaïarétique (NDGA).
Chez le porc, seul le DPPI) est décelable dans les
graisses
de réserve(taux
maximum trouvé : 0,0025 p.100 ),
et dans le rein(maximum
o,ooo6p.
ioo).
Chez lepoulet,
leDPPD
s’accumuleégalement
dans lesgraisses
de réserve, mais la concentration estplus
faible( 0 , 0007
p.100 )
que dans lagraisse
de porc. En revanche, le BHT est stocké dans la
graisse
depoulet
au tauxde 0,006 p. 100.
L’étude de la stabilité des
graisses
de réserve des animaux témoins et des animaux traités confirme le résultat dudosage
direct desantioxygènes.
En effet, lesgraisses
provenant des porcs ayantingéré
du DPPD et celles despoulets
ayant reçu du BHTprésentent
unepériode
d’inductionbeaucoup plus longue
que celle desgraisses
d’animaux témoins.Les
conséquences technologiques
ethygiéniques
de ces observations sont discutées.Certains
antioxygènes
naturels tels que lestocophérols,
contenusnormalement dans le
régime
alimentaire desanimaux,
sontcapables
d’accroître la résistance à
l’oxydation
desgraisses
de réserve. Ce faita été démontré chez le rat
(B ARNES
et al. io-).3 ; LuNDBERG et al. 1944 ; HANSON et al. 1944 ; BLTRR, I,U:VDI31:RG et CuiPAUl/f1946 ;
I,UNDI3F.RGet al.
1947 ),
lelapin (MAJOR
et WNI’TS,194 8),
le porc(C ARPENTER
etLU!ND13ERG 1949 ;
C HIP A UI .T,
I.UNDBERG et BURR, 1945 ; BB’ATTS, ClJXHAet
MAJOR, Ig46),
lepoulet (M E CC H i
et al.195 0, a b ;
HooD, WIŒELER etMcGr, A w I : R y , I g 5 o),
le dindon(3I ECCHI ,
POOL et KLOSE, Ig!3 ; CRIDDLEet MORGAN,
1951).
l,es recherches
portant
sur d’autresantioxygènes
et notamment surles
produits
desynthèse
sont peu nombreuses.lorsque
leprésent
tra-vail a été
entrepris,
en 1957, l’un des rares travauxpubliés portait
surle métabolisme de la
diphényl-p.-phén!-lènediamine
chez lepoulet (I’uDEI,-
KI E WI C
Z et al.
195 6).
Un peuplus
tard une courte étude sur le porc a étépubliée (1 /VNCH ,
ANDERSOX et 1,EWIS,195 8).
Antérieurement BAR- NES et al.(1 943 )
avaient montré quel’hydroquinone ingérée,
loin destabiliser les
graisses
de réserve du rat,provoquait
au contraire une accé-lération de
l’oxydation.
Or, l’utilisation desantioxygènes
en alimentation animale est le corollaireobligatoire
del’incorporation
desgraisses
auxaliments. Ces substances
peuvent
êtreégalement
utilisées pour la sta- bilisation des aliments contenant desgraisses oxydables
tels que les farines depoisson.
On sait en effet, quel’oxydation
desgraisses
alimen-taires
risque
de provoquer, chez les animauxqui
lesingèrent,
des acci-dents nutritionnels dont
l’origine
résulte directement ou indirectement de laprésence
desproduits d’oxydation. Ainsi,
afin deprévenir
certainsde ces accidents tels que
l’encéphalomalacie,
onincorpore
certains anti-oxygènes
à la ration alimentaire des animaux.l,e
présent
travail a pourobjet
d’étudier chez le porc et lepoulet quelles
sont lesconséquences
del’ingestion
de diversantioxygènes
surla
composition
des tissus animaux consommés par l’homme.MATÉRIEL
etMÉTHODES
Antioxygènes utilisés - animaux
Les
antioxygènes
suivants ont été étudiés :gallate
depropyle ; gal-
late de
dodécyle ; butylhydroxytoluène (BHT) (ou dibutylparacrésol : DBPC) ;
acidenordihydroguaiarétique (1BTDGA) ; butylhydroxyanisole (BHA) ; diphénylparaphénylènediamine (DPPD).
la doseincorporée
aux aliments était de 0,1 p. 100pour tous les
produits,
sauf pour le DPPDqui était incorporé
au tauxde 0 , 125 p.
100,Ce
tauxcorrespond à dix fois
celui
qui
estgénéralement
recommandé pour stabiliser lesgraisses
ali-mentaires.
Pour les porcs, la durée d’administration du
régime
enrichi d’anti-oxygènes
était dequatre
mois environ(poids
de 50 à 100kg).
Chacundes
lots,
dont un lottémoin, comprenait
6 animaux. Pour lespoulets, l’expérience
avait une durée de huit semaines. Chacun des lots compre- nait 15 oiseaux.Organes et tissus étudiés
Chez le porc, le lard dorsal était
prélevé
dèsl’abattage.
Les deuxcouches
qui
constituent ce tissu étaientséparées
etanalysées séparé-
ment. En outre, on
prélevait
lesgraisses périnéphrétiques (panne).
Cestissus gras étaient fondus sous
atmosphère
deC0 2 ,
filtrés etcentrifugés.
Les déterminations suivantes étaient effectuées sur ces
graisses :
tauxd’antioxygènes,
indiced’iode,
indice depéroxydes,
test de stabilité. Ce dernier test était effectué à l’étuve6 0 0 c, éclairée,
selon une méthode recommandée par DESNUELLE et par M’OLFF. I,e musclesemi-tendineux,
le foie et le rein faisaient
également l’objet
deprélèvements
à des finsd’analyses.
Chez lepoulet,
lesgraisses
de réserve étaient souventabsentes,
bien que nous ayons conduit les animauxjusqu’à
16semaines,
afind’obtenir un
engraissement
suffisant. Nous n’avons donc pu étudier les réserves individuelles. Pour obtenir unequantité
suffisante degraisses,
nous avons dû réunir les
prélèvements correspondant
à deux ou troisanimaux. Pour le tissu
musculaire,
les musclespectoraux
et les muscles de lapatte
ont étéprélevés.
Dosage
Graisses
Les indices d’iode étaient déterminés selon la méthode de
Wi J s
et les indices depéroxydes (Lea)
par iodométrie.Antioxygènes
I,a méthode de KAHAN
( 1954 )
à l’a-a’dipyridyl
a été utilisée pour doser le NDGA et le BHA. Elle a étéégalement appliquée
audosage
des
gallates.
Eneffet,
la ration de chacun des lots ne contenaitqu’un
seul
antioxygène
et, enconséquence,
le manque despécificité
de la réac-tion, qui
est un obstaclelorsque
l’on a affaire à unmélange,
neprésentait
pas d’inconvénient. Il est nécessaire de tracer une courbe
d’étalonnage
pour chacune des séries de
dosages
mettant en oeuvre cetteréaction,
quel
que soitl’antioxygène
dosé. Les lectures étaient effectuées au spec-trophotomètre
à 515 m[L; letemps
de réaction était de 30 mn pour le BHA et lesgallates,
et de 3 mn pour le NDGA. La modification intro- duite parA NGLIN ,
MAIIOrr et CHAPMAN étaitappliquée
pour ledosage
du BHT
(addition
den-butanol).
Pour le DPPD on
préparait
le dérivé nitréqui
est dosé par colo- rimétrie(B UNNEL , 1954 ).
Dans le cas dudosage
de cetantioxygène
dansles
graisses,
nous avons dûprocéder
à unesaponification préalable, après
avoir vérifié que celle-ci ne modifiait pas la validité du
dosage ( 5
g degraisse,
2 g de KOH, 50 mld’alcool, pendant
une demi-heure à l’ébul-lition) .
L’extraction des
antioxygènes
àpartir
des tissus et organes pose certainsproblèmes.
Enparticulier,
le BHT doit être entraîné par la va-peur
surchauffée,
selon la méthode deA NGLIN ,
MAHON et CHAPMAN(I956) !
Nous avonscependant
trouvé que latempérature
de distilla- tionproposée
par ces auteurs ne convenait pas ; elle doit êtreportée
ài8o o
C afin d’obtenir une
récupération quantitative
del’antioxygène.
Dans le cas des tissus gras, ceux-ci sont dissous dans l’éther de
pé-
trole.
I,’antioxygène (BHA, NDGA, gallates)
est réextrait par l’alcool 72 p. 100. Pour lemuscle,
l’extraction du BHA et desgallates
s’effectueà l’aide d’éther de
pétrole,
aublendor,
selon la méthode de HANLEY( 1954
).
Parailleurs,
laprésence
degallates
à des concentrations extrê- mement faiblespeut
être détectée par addition dequelques gouttes
d’am-moniaque
concentré(WENGER, 1954).
RÉSULTATS
Validité des méthodes de dosage
Des tests de
surcharge
ont été effectués avec les différentsantioxy- gènes étudiés,
afin de déterminer la limite inférieure desensibilité,
ainsi que la validité dudosage.
Cessurcharges
ont été effectuées sur le tissu gras, sur le muscle, sur le foie et sur le rein. Les concentrations étudiées variaient de o,ooi p. 100 à 0,1 p. 100.Gï)
GRAISSE.Les taux de
récupération atteignent
pourplusieurs antioxygènes
des valeurs de l’ordre de g5 p. 100, même pour des concentrations aussi faibles que o,ooi p. 100.
Toutefois,
larécupération
estplus
faible(go
p. 100environ)
pource
qui
concerne legallate
depropyle
et le BHT. Dans ce dernier cas,la succession des
opérations
dedosage, qui comporte
notamment un entraînement à la vapeursurchauffée,
est vraisemblablement respon- sable de ce taux relativement faible. En aucun cas, il n’a étépossible
deconfirmer les résultats de
A NGLIN ,
MAHOrr et CHAPMAN. Enappliquant
strictement la méthode
proposée
par ces auteurs, sans modifier latempé-
rature de
distillation,
les taux derécupération
nedépassaient
pas 50 à 6o p. zoo.b)
MUSCLE ET ORGANES.Les
récupérations
dessurcharges
sontégalement
de l’ordre de 95 p. 100 pour cequi
concerne le muscle. Pour le rein et lefoie,
certainesdifficultés se
présentent
pour le DPPD et legallate
depropyle. Enfin,
nous avons dû renoncer à doser le BHT dans ces tissus au moyen de la méthode de
A NGLIN ,
MAHO:! et CHAPMAN. Eneffet,
la vapeur sur- chauffée entraîne des substances volatiles réductricesqui
rendentimpos-
sible le
dosage spécifique
du BHT.L’application
de ces méthodes nous apermis
d’obtenir les résultatsréunis dans les tableaux I à IV. On a
iudiqué ,
pour le porc, les valeurs extrêmes et les valeurs individuelles. Pour lepoulet,
on trouve les teneursmoyennes et les teneurs
correspondant
auxgraisses provenant
deplu-
sieurs
animaux,
pour la raisondéjà
mentionnée.Passage des antioxygènes dans les tissus
Les méthodes étudiées ont été
appliquées
aux différents tissus et organesprélevés
dans les conditions décrites ci-dessus.Porc
l,es résultats du tableau I montrent que les
antioxygènes qu’il
estpossible
de doser dans de bonnes conditions ne s’accumulent pas dans le tissuadipeux,
ni dans lemuscle,
ni dans lefoie,
ni dans lerein,
ni dansle sang. I,’acide
gallique
a étéégalement recherché,
car un essai effectué iii-vitro a montré que lesgallates
sontrapidement hydrolysés
par le con-tenu intestinal du porc. Par
exemple, après
incubation dans cemilieu,
il estpossible
de retrouverquantitativement
leBHA,
alors que lesgal_
lates
disparaissent complètement.
Or, les testsqualitatifs
de l’acidegal- lique (Fe CI,,) appliqués
aux tissus gras et aux organes onttoujours
éténégatifs.
Un seul
antioxygène, toutefois,
faitexception
à cetterègle :
il s’a-git
de ladiphénylparaphénylènediamine (DPPD).
Les taux de DI’I’D trouvés dans le lard et dans la panne sont tou- tefois faibles en valeur absolue : o,oo25 p. 100 au
maximum,
soit 25 mg parkg
degraisse.
Notons que cette faible concentration suffit néanmoins àcommuniquer,
dans certains cas, à lagraisse
une faible coloration rose.Nous verrons par ailleurs que cette concentration suffit
également
à enretarder considérablement
l’oxydation.
Il existe des variations individuelles dans la
quantité d’antioxy- gènes
contenue dans lagraisse (tableau II). L,nfin, parmi
les autres tissuset organes, le rein est
capable
de retenir du DPPD ; la concentration trouvée est de l’ordre de o,ooo5 p. 100, alors que ni lemuscle,
ni lefoie,
ni le sang ne contiennent dequantités
dosables de cetantioxygène.
Poulet.
L’étude des tissus du
poulet,
résumée dans les tableaux III et IVmontre que deux
antioxygènes
sontcapables
de s’accumuler dans lesgraisses
de ces oiseaux : le DPPD et le BHT.Toutefois,
le taux de DPPD retrouvé chez lepoulet ( 0 , 0007
p.100 )
est inférieur à celui
qui
a été trouvé chez le porc. Les concentrations sont deux à trois foisplus
faibles dans lepremier
cas que dans le second.Ces résultats ont été confirmés par le fait que les
graisses
des oiseaux traités ne sont passtabilisées,
alors que lapériode
d’induction est nota- blement accrue dans le cas du porc.En
revanche,
le BHT(ou DBPC) qu’il
n’avait pas étépossible
demettre en évidence dans les
graisses
du porc, existe ici à une concentra- tion aisément dosable( 0 , 00 6
p.100 ).
Ils’agit
bien de BHT ou de corpsvoisins,
car lagraisse
d’animaux témoins ne donnait pas la réaction colorée du BHT.Enfin,
comme dans le cas de DPPD chez le porc, cesdosages
ont été confirmés par l’étude de la stabilité desgraisses
de réserve.La
période
d’induction desgraisses
des animaux ayant reçu du BHT était notablementaugmentée.
Influence de l’ingestion d’antioxygènes sur la stabilité des graisses vis-à-vis de l’oxydation
I,a stabilité des
graisses
vis-à-vis del’oxydation
est fonction de deux facteursprincipaux qui agissent
en sensopposé :
d’unepart
le taux d’acides gras insaturés et, d’autrepart
le tauxd’antioxygènes.
Pour ce
qui
concerne lepremier
de cesfacteurs,
nous avons déter- miné sur chacun des échantillons l’indice d’iodequi,
enpremière
ap-proximation,
donne une mesure de laquantité
d’acides gras insaturésprésents
dans lagraisse.
Les indices d’iode moyens des
graisses
de porc étudiées sont résumés dans le tableau V.Les indices ne sont pas notablement modifiés dans la
plupart
deslots. En
conséquence,
l’additiond’antioxygènes
aux rations nerisque
donc pas de modifier considérablement le
point
de fusion desgraisses.
Toutefois,
il existe une différencesignificative
entre l’indice d’iode moyen du lot témoin et celui du lot DPPD. Il y aurait donc« épargne
des acidesgras insaturés chez les animaux ayant
ingéré l’antioxygène.
Cette obser-vation a
déjà
été faite par BRATZr,!R et al.( 1950 ) qui
étudiaient la com-position
desgraisses
de porcs. Chez les animaux recevant destocophé- rols,
il y avait accumulation d’acideoléique
auxdépens
des acides gras saturés.Toutefois,
GARTONet al.( 195 8)
n’ont pas confirmé cesrésultats,
et
J OHNSON ,
O’HALLORAN et HEGWILL( 195 8)
ont constaté une influencevariable selon le taux de BHA contenu dans la ration.
Pour les
antioxygènes,
nous avons effectué ledosage
direct dont les résultats sont mentionnés dans les tableaux I à IV. En outre, nousavons utilisé une méthode indirecte
qui
consiste à étudier la stabilité desgraisses
vis-à-vis d’uneoxydation
accélérée artificiellement. On étudie ainsi lacinétique
de l’évolution du taux despéroxydes
desgraisses
Ces échantillons
qui
ont étéprélevés
sur des animaux ayant reçu desantioxygènes
sontcomparés
d’une part auxgraisses
d’animauxtémoins
(sans antioxygènes)
et, d’autrepart
à des échantillons degraisse
de porcs
témoins,
additionnés dequantités
connues de chacun des anti-oxygènes.
Parcomparaison
de la durée despériodes d’induction,
il est ainsipossible
de déterminer l’ordre degrandeur
de la teneur en anti-oxygènes
du tissu gras.Porc.
La
figure
l montre l’évolution de l’indice depéroxydes
desgraisses
maintenues à 60°C. Nous avons calculé la moyenne des durées
(en heures)
nécessaires pour atteindre des indices de
péroxydes égaux
à 5, 10 et 20. Cette courbe concerne le lard interne.Par
ailleurs,
lesfigures
2et 3indiquent
l’évolution degraisses
témoinsenrichies de
quantités
donnéesd’antioxygènes :
o,ooi p. 100 et 0,0001 p.l00 .
La
figure
l(i)
montre très clairement que le DPPDingéré
par l’animal stabilise considérablement lesgraisses
de réserve vis-à-vis del’oxydation.
Parailleurs,
lafigure
2 montre que l’addition de o,ooi p. 100 de DPPDpermet
d’atteindre un indice depéroxydes égal
à 10 en200 heures
environ ;
la valeur 2o est atteinte en 300 heures.Or,
c’est l’ordre degrandeur
des valeurs relevées sur lafigure
i. Onpeut
en con- clure que l’ordre degrandeur
de la concentration en DPPD est 0,001 p.ioo, alors que ledosage
direct aboutit à un tauxcompris
entre o,ooi2 et o,ooa! p. 100, I,’étude de lacinétique
du taux deperoxydes
confirmedonc le résultat du
dosage
direct.Les lards internes du lot
ayant
reçu le BH’I’ semblentlégèrement
stabilisés par
rapport
aux autres lots. L’étude de lafigure
2 montreéga-
lement que le I3HT
ajouté
auxgraisses
à la dose de 0,001 p. 100conduit àl’apparition
d’un indice depéroxydes égal
à 2oaprès
environ I 60heures.Toutefois,
lacomparaison
desfigures
I et 3permet
de conclure que le tauxd’antioxygènes
éventuellement stocké dans lagraisse
serait infé- rieur à o,ooi p. 100, et vraisemblablement voisin de 0,0001p. 100(indice
2
o
après
80heures).
Enconséquence,
onpeut présumer
unléger
passage deI3HT,
mais enquantité trop
faible pourqu’il puisse
être mis en évi-dence au moyen d’un
dosage chimique.
Pour les autres
antioxygènes,
il estimpossible
de mettre en évidenceune stabilisation
significative
desgraisses.
Legallate
depropyle,
toute-fois,
accroît lapériode d’induction,
bienqu’il
soitimpossible
de le mettreen évidence par
dosage.
Cecipeut
être dîi à la sensibilité dudosage,
oubien à un effet
indirect ;
eneffet, l’antioxygène
desynthèse ajouté
aurégime pourrait
provoquer une «épargne
»d’antioxygènes
naturels telsque les
tocophérols. Toutefois,
dans laplupart
des cas, ledosage
directdans le tissu
permet
d’écarter cettehypothèse.
Dans le cas dugallate
de
propyle,
ilpourrait s’agir
de laprésence
d’unproduit
de transforma- tion de cettesubstance,
différent de l’acidegallique, puisque
la réactionavec
FeCl 3
étaitnégative.
Poulet.
I,’indice d’iode des
graisses
depoulet
est notablementplus
élevé(6
7
à72 )
que celui desgraisses
de porc. Parailleurs,
le taux du DPI’Dest 3
à 4
foisplus
faible que celuiqui correspond
auxgraisses
de porc.Or, ces deux
caractéristiques
modifient l’efficacité del’antio!ygène.
En
effet,
lesgraisses
despoulets
du lot DPPD ne sontpratiquement
passtabilisées. En
revanche,
leBHT,
que nous avons par ailleurs doséau taux de
o,ooG
p. 100, stabilise considérablement lesgraisses
dupoulet (fig. 4 ).
l,es deuxméthodes,
directe etindirecte,
donnent ainsi parrecoupement
unrenseignement comparable.
DISCUSSION
Les résultats obtenus au cours de ces recherches ont ainsi
permis
de mettre en évidence le passage de certains
antioxygènes
dans lesproductions
animales. Ce passage concerne essentiellement le tissu gras danslequel,
chez le porc, le DPPD est seulpratiquement capable
dese stocker. Chez le
poulet,
le DPPD estégalement capable
de franchir la barrière intestinale et de s’accumuler dans lesgraisses.
Il en est demême pour le
BHT,
mais la concentration de cetantioxygène
atteintdes valeurs très
supérieures
à cellesqui correspondent
au DPPD. Lestaux trouvés sont toutefois faibles en valeur absolue : l’ordre de
grandeur
est au maximum de o,oo5 p. 100.
Il convient
également
desouligner
que le taux de 0,1 ou de 0,125 p. 100d’antioxygène incorporé
auxrégimes expérimentaux
est dix foisplus
élevé que celuiqui
est recommandé pour stabiliser lesgraisses.
Tou-tefois,
la stabilisation de certains aliments(farines
animalesnotamment) peut exiger
des concentrations élevéesd’antioxygènes.
De même, le tauxd’incorporation d’antioxygènes
aux aliments destinés auxvolailles,
afin deprévenir l’encéphalomalacie peut
être relativement élevé.Néanmoins,
les concentrations que nous avons utilisées dans ces
régimes
constituentun maximum
qui
ne serait pas atteint dans lapratique.
Unconséquence,
on
peut présumer
que les taux retrouvés dans les tissus seraient notable- mentplus
faibles que ceux que nous avons observés.Néanmoins,
l’utilisation desantioxygènes
dans l’alimentation des animaux pose unproblème qui présente
un doubleaspect.
Dupoint
devue de la
technologie
desproduits animaux,
l’accumulation de certainsantioxygènes
dans lestissus,
et notamment dans les tissus gras, consti- tue un facteur favorablepuisqu’elle
a pour corollaire une meilleure résis- tance àl’oxydation
de cesgraisses. Toutefois,
pourl’hygiéniste,
il estindispensable d’exiger
quel’antioxygène présent
dans les tissus nepré-
sente aucun inconvénient pour le consommateur de viande de porc ou de
poulet.
Or, on connaît maintenant la toxicité du DPPD(Aams
et al..195
6) ;
OSER et OSER( 195 6)
ont montré que cetantioxygène
provoqueun accroissement de la durée de la
gestation
chez la rate, etqu’il
en résulteune forte mortalité chez les mères et les
jeunes.
Enrevanche,
ilparaît
bienétabli que le BHT est un corps très peu
toxique (D E iC H MAN
etal., i9!!).
Compte
tenu de la stabilité soit du DPPD, soit duBHT,
vis-à-vis desagents chimiques,
il y a de fortesprésomptions
pour que la molécule de cescorps n’ait pas été modifiée au cours de
l’absorption intestinale,
et du trans-port.
Par
ailleurs,
la bonne concordancequi
existe entre ledosage
direct desan tioxygènes
et lapériode
d’induction desgraisses permet
de renforcer cetteopinion. Toutefois,
leproblème
desproduits
de transformation desproduits ingérés
ne doit pas être minimisé.JOHNSON.O’HALi.ORAN et
HEGiWLL( 1959 )
ont
souligné
les difficultésqui
s’attachent à l’identification de cesproduits.
SUMMARY
The influence of the
ingestion
of various antioxidants on their final accumula- tion in muscle, reserve fats(dorsal
andperinephric),
liver and kidney, and on the resistance to oxidation of the reserve fats, has been studied in thepig
and thechicken.
The animals received in the ration either 0,125 p. 100
diphenyl-p. pheny-
lenediamine
(DPPD)
or 0,1 p. 100butylated hydroxyanisole (B.
H.A.),
butylatedhydroxytoluene (BHT), dodecyl gallate, propyl gallate,
ornordihydroguaiaretic
acid(NDGA).
The
experiment
lasted four months for thepig
andeight
weeks for the chicken. The BHA, NDGA andgallates
were extracted withpetroleum
etherand reextracted with 72 p. 100 alcohol.
They
were determinedby
means ofthe
FeC1 3 -dipyridyl
reaction(K9Ha!r, 1954 ).
The BHT was distilled over withsuperheated
steam, at 18ooC(modification
of the method of ANGUN, MAHON, CxArNmx,195 6)
and also determinedcolorimetrically.
The DPPD was extrac-ted after
saponification
of thefatty
tissue and its nitrated derivative deter- mined bycolorimetry. (BUN-1!Er,, 1954).
In the
pig, only
DPPD is detectable in the reserve fats(maximum
amountfound : 0,0025 p. 100,.
(Tables
I andII),
and in thekidney (maximum
0,0006p.
100 ).
In the chicken, DPPD also accumulates in the reserve fats, but the concentration is lower( 0 , 0007
p.100 )
than in the fat of thepig (Table III).
On the other hand, BHT is stored in the fat of the chicken at a level of o,006 p. 100. The
study
of thestability
of reserve fats(development
of theperoxide
index, in an ovenregulated
at 60°C andilluminated)
of control and treated animals confirms the result of direct determination of the antioxidants. Indeed, the fats ofpigs
which hadingested
DPPD(fig. i)
and those of chickens which had received BHT(fig. IV)
show an inductionperiod
which is muchlonger
than that of the fats of control animals. However, one observes induction
periods
of the same order ofmagnitude
on the addition of known quantities of BHT or DPPD( 0 , 001
and 0,0001 p.100 )
to the fats of controlpigs
(fig.
2 and3).
The
technological
andhygienic
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