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Les artisans du cuir à Québec (1660-1760)

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1919

FACULTE DES LETTRES

THESE PRESENTEE

A L'ECOLE DES GRADUES DE L'UNIVERSITE LAVAL

POUR L'OBTENTION

DU GRADE DE MAITRE ES ARTS (M.A.) PAR MARISE THIVIERGE BACHELIERE ES ARTS DE L'UNIVERSITE LAVAL LES ARTISANS_DU_CyiR_A_QUEBEÇ_(1660:1760}. AVRIL 1979

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AVANT-PROPOS

Ecrire l'histoire d'un groupe de travailleurs, â Québec pendant le régime français, s'avère un projet ambitieux. Tenter de replacer un groupe d'hommes dans un espace de vie, veiller â identifier et comprendre leur évolution dans la structure sociale du 17e et du 18e siècles requiè-rent des recherches sur les pratiques du métier, le niveau de vie, la fa-mille, l'habitation, les habitudes de vie, l'instruction et la culture. Ces éléments, faisant partie intégrante de la vie des travailleurs, met-tront ultérieurement en relief les contraintes et les aspects significa-tifs inhérents â leur condition par rapport a d'autres groupes sociaux.

La recherche de documents pour l'histoire sociale nécessite la colla-boration de plusieurs personnes car les sources nécessaires sont éparses et multiples. Les préposés aux Archives nationales du Québec, a Québec, aux Archives du Séminaire de Québec, aux Archives et Livres rares de l'Uni-versité Laval ont aidé â aplanir bien des difficultés et â sauver de pré-cieuses heures de recherches.

En tout temps, nous avons pu compter sur la grande disponibilité et les conseils judicieux de notre maître de thèse, Jacques Mathieu. Nous remercions particulièrement Benoît Chamberland dont la présence constante et la patience infinie ont créé l'atmosphère propice a l'étude. Nous ne pouvons passer sous silence l'appui permanent témoigné par les trois autres membres du groupe de recherche en histoire du cuir : Marc-André Bluteau, Jean-Pierre Charland et Nicole Thivierge, ainsi que l'efficace collabora-tion de Thérèse Métayer lors de la dactylographie du texte et Francine Garneau pour la précision qu'elle a apportée lors de la reproduction des graphiques.

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l'êlaboration et la rêdaction de cet ouvrage n'auraient pu être

possi-bles sans le Ministère de l'Education du Quêbec (direction gênérale de 1

•en-seignement supêrieur) et le Musêe national de 1 'homme

a

Ottawa qui ont

assu-rê les ressources financières indispensables

a

la rêalisation de notre projet.

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TABLE DES MATIERES

Page

AVANT-PROPOS i TABLE DES MATIERES iii

LISTE DES TABLEAUX vi LISTE DES GRAPHIQUES vii LISTE DES CARTES GEOGRAPHIQUES vi i i

TABLE DES SIGLES ix INTRODUCTION 1 Chapitre I. LA TANNERIE : UN ART, UNE ENTREPRISE 8

A. Le monde de la peau tannée a Québec 9

a) les premières tentatives 9 b) l'organisation artisanale et ouvrière 11

B. L ' art du tanneur 20 a) la noblesse du métier 20

b) la complexité de l'art 21 c) la parti cul arisati on des tâches 26

Chapitre II. LA CORDONNERIE TRIBUTAIRE DE L'EVOLUTION DES TANNERIES 30

A. Des maîtres sans maîtri se 30

a) la loi 31 b) l'exercice de la liberté 34

B. Des produits robustes pour un marché local 43

a) l'adaptation 43 b) des outils et des cuirs 46

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C. Le monopole des tanneries 4g a) les cordonniers de tanneries 50

b) l'union des forces indépendantes 51

Chapitre III. UNE VIE NOUVELLE 54 A. Héritage et transformation 54

a ) les souches f rançai ses 54 b) l'organisation de la vie 62

B. Une vie de labeur 66 a) la pratique des métiers du cuir 66

b) le revenu d'appoint 68 C. L'habitat de l'artisan 72

a) la localisation 72 b) la mobilité des artisans 75

c) le logement 76 d) les indices d'aisance 78

D. Culture et relations sociales 80

a) l'aptitude â signer 80 b) de quelques traits de comportement social ... 82

CONCLUSION 86 ANNEXE I. Listes nominatives des artisans du cuir à Québec 89

a) la tannerie 89 b) la cordonnerie 90 c) la sellerie 93 ANNEXE II. Documents explicatifs des métiers français du cuir 95

a) la chamoiserie 95 b) la cordonnerie 97 c) la corroyerie 101 d) la mégisserie 102 e) la sellerie-bourrellerie 105 f) la tannerie 109

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ANNEXE III. Tableaux et article

a) Tableaux X a XIII : nombre d'intéressés dans les divers métiers

b) Tableaux XIV et XV : cordonniers travaillant si-multanément à Québec

c) Tableaux XVI et XVII : Sge de la mort des artisans d) Tableaux XVIII a XXI : les apprentis

e) Tableau XXII : Nombre de tanneurs par catégorie d'emploi

f) Les forces motrices d'un moulin a tan BIBLIOGRAPHIE INDEX Page 111 111 113 114 116 118 119 120 132

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Page

I : Fi che-cadre type 5 II : Type d'occupation connue {%) des pères des artisans du

cuir 58 III : Proportion (%) des occupations des fils des artisans

du cuir 61 IV : Proportion (%) des occupations des beaux-pères des

arti-sans du cuir 65 V : Nombre (%) d'artisans en fonction du nombre d'années

d'exercice du métier 67 VI : Moyenne d'âge a la mort des artisans 68

VII : Proportion (%) des types de revenus d'appoint des

cor-donniers 69 VIII : Artisans propriétaires ou locataires de leur habitation 77

IX : Proportion (%) du nombre d'artisans aptes a signer ... 81 X : Nombre d'intéressés dans le métier de la tannerie 111 XI : Nombre d'intéressés dans le métier de la cordonnerie m XII : Nombre d'intéressés dans le métier de la sellerie 112

XIII : Nombre d'apprentis 112 XIV : Cordonniers travaillant simultanément a Québec de 10

ans en 10 ans 113 XV : Cordonniers travaillant simultanément a Québec d'un 20

ans a l'autre 113 XVI : Age des cordonniers a la mort 114

XVII : Age des tanneurs a la mort 115 XVIII : Age moyen des apprentis cordonniers 116

XIX : Années d'apprentissage 116 XX : Aptitude a signer des apprentis cordonniers 116

XXI : Métier des pères des apprentis cordonniers 117 XXII : Nombre de tanneurs par catégorie d'emploi 118

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LISTE DES GRAPHIQUES

Page I : Nombre de cordonniers et d'apprentis cordonniers selon

1 es années 37 II : Répartition (%) des biens en douaires dans les contrats

de mariage 63 III : Répartition (%) des biens en préciput dans les contrats

de mariage 64 IV : Nombre d'actes notariés selon les hommes de métiers (%) 79

(9)

Page

I : Origine française des artisans du cuir

(cordonnerie, 17e siècle) 55 II : Origine française des artisans du cuir

(tannerie, 17e siècle) 55 III : Origine française des artisans du cuir

(cordonnerie, 18e siècle) 56 IV : Origine française des artisans du cuir

(tannerie, 18e siècle) 56

V : Localisation des artisans du cuir - 1660-1680 - 72

VI : Localisation des artisans du cuir - 1680-1700 - 73 VII : Localisation des artisans du cuir - 1700-1720 - 73 VIII : Localisation des artisans du cuir - 1720-1740 - 74 IX : Localisation des artisans du cuir - 1740-1760 - 74

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TABLE DES SIGLES

A.E.S.C. Annales économie, société, civilisation. A.N.Q. Archives nationales du Québec (Québec). A.S.Q. Archives du Séminaire de Québec.

B.R.H. Bulletin de recherches historiques. Ca.H.R. Catholic Historical Review.

C.H.A.R. Canadian Historical Association Report. C.N.D. Congrégation Notre-Dame.

C.P.J.N. Collection de pièces judiciaires et notariales. D.B.C. Dictionnaire biographique du Canada.

Inventaire des jugements et délibérations du Conseil supérieur. Jugements et délibérations du Conseil souverain.

Mémoires de la société royale du Canada. Ordonnances des Intendants.

Quarterly Journal of Economie.

Rapport des archives nationales du Québec.

Rapport de l'archiviste de la Province de Québec. Revue d'histoire de l'Amérique française.

Revue d'histoire moderne et contemporaine. Registre de la Prévôté de Québec.

Revue de l'Université Laval. I. ,J. .D. C.Su. J. .D. .C. So. M. .S, .R. C. 0. Q. . 1 . . J . ,E. R. .A. ,N. q. R. .A. ,P. q. R. .H. .A. ,F. R. .H. .M. c. R. R. .P. .U. • Q. . L .

(11)

Pour survivre, l'homme travaille. Cette activité influence la vie des individus et celle de leurs familles. L'exercice d'un métier occupe une portion importante de la vie d'un homme; étant l'objet de constan-tes préoccupations, le travail draine la majeure partie des énergies. Le talent, la chance, l'amour du métier et l'esprit d'initiative affec-tent les conditions de vie de chacun. Par contre, les particularités des métiers, les contraintes, les privilèges touchent chaque groupe différemment a l'intérieur d'une même famille de métiers entraînant des situations communes a tout un groupe fixant jusqu'à un certain point les conditions de vie et orientant les positions occupées dans la société. A l'époque moderne, les conjonctures économiques et les volontés politi-ques, sur lesquelles l'homme et son groupe n'ont pratiquement pas d'em-prise, contribuent également a définir les rapports sociaux qu'il peut établir avec son entourage. Aussi, l'étude du travail est un bon moyen de mieux connaître la vie des hommes en société.

En Nouvelle-France, il se produit a l'intérieur du groupe des hom-mes de métier une évolution particulière. La pratique des métiers dans la colonie aboutit a une rupture rapide avec les lois corporatistes fran-çaises. En effet, dès 1663, les édits royaux et les décisions de Col-bert donnent une orientation nouvelle au monde artisanal dans la colonie. Dans cette société, ou le manque d'hommes pour travailler se fait lour-dement sentir, plusieurs ordonnances et règlements transforment l'apanage traditionnel du système corporatiste français et ouvrent le chemin a de nouvelles voies de promotion sociale. D'autant plus que la structure économique de la colonie ne favorise pas du tout la reconstitution inté-grale d'une société modelée sur la hiérarchie traditionnelle française.

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Enfin, la vie urbaine exerce une attraction centripète constante notée par Talon et reprise plus tard par Bigot, amenant des points culminants de différenciation dans les habitudes de vie des artisans qu'ils soient urbains ou ruraux.

Le monde des artisans du cuir a Québec de 1660 a 1760 constitue un lieu privilégié d'étude des effets sociaux issus des conditions de pra-tique d'un métier. Par leur nombre, le produit manipulé ou fabriqué et du fait qu'il s'agit d'un secteur local d'activité économique, ces hommes de métier sont des témoins remarquables de particularités de la société québécoise. Le problème s'inscrit dans une structure complexe porteuse de significations très riches quant à l'évolution des rapports sociaux. D'une part, la répartition selon le type de métier, les tech-niques a acquérir, les outils a posséder et les procédés de fabrication reflètent les structures françaises; d'autre part, les conditions d'exer-cice d'un métier lié au cuir à Québec pose le problême envahissant du capitalisme commercial des grandes tanneries associé a la multiplication des ouvriers sans attaches, perdus dans l'anonymat. C'est déjà l'amorce de l'affaiblissement du petit atelier propriété de l'artisan et l'appa-rition de nouveaux critères de différenciation sociale.

Les métiers du cuir se découpent en divers métiers spécialisés net-tement définis par la nature des gestes requis dans le trainet-tement du cuir. En Nouvelle-France, les besoins du marché et les exigences de la production ont ramené ce découpage a deux grands groupes : les tanneurs et les cordonniers; en somme, ceux qui préparent les cuirs et ceux qui les transforment en produits finis. Dans l'un et l'autre cas, la no-blesse du métier et la complexité de l'art exercent une influence déter-minante sur la situation sociale. Elles entraînent peu a peu une parti-cul an* sat ion des tSches, une dépendance d'un groupe envers l'autre, des changements dans les modalités d'exercice du métier et enfin des modes de vie différenciés.

Un tel type d'analyse commande évidemment une cueillette exhaustive d'informations relatives a chaque individu. Par contre, l'inexistence de certaines sources, la disparité d'autres types de sources, l'inégali-té des renseignements obligent a laisser bien des hypothèses en suspend. Force est donc de cueillir a gauche et a droite des bribes

(13)

d'informa-Les recensements nominatifs (1663-1666-1667-1681-1716-1744) ont servi, au départ, a établir une liste rudimentaire de cordonniers et tanneurs. Le recensement de 1666 s'est avéré incomplet. Celui de 1667 devait remplir les lacunes et couvrir le territoire complet du gouverne-ment de Québec. Comme dans les autres recensegouverne-ments, les absents sont

ignorés. Il arrive alors, qu'une personne inscrite en telle année sem-ble disparue, partie ou morte cependant que d'autres documents viennent confirmer sa présence. Le dénombrement de 1681, recueilli dans l'oeu-vre de Benjamin Suite, renseigne bien peu sur les gens de métier, car le recenseur a peu fait de cas des occupations des gens. Les recense-ments de 1716 et 1744 confinent le dénombrement a la ville seulement;

celle-ci s'élargit, s'agrandit et change de configuration. Des rues supplantent des sections ou secteurs, mais ces recensements laissent de c6té toute une population ceinturant la ville (Ile d'Orléans, Beauport, Charlesbourg, Ancienne-Lorette, Cap-Rouge, Sainte-Foy, Sillery et Lévis). Il faut donc rechercher patiemment dans diverses sources pour trouver des renseignements sur les habitants de l'extérieur de la ville. Pour l'étude des recensements nominatifs, les copies microfilmées (malgré la difficulté de lecture) s'avèrent de meilleurs instruments de travail que les copies imprimées reproduites soit dans R.A.P.Q. soit dans l'Histoire des Canadiens-français de Benjamin Suite, ou se glissent parfois des er-reurs. Mais l'étude des recensements seuls porte a confusion; il faut absolument vérifier l'exactitude des données par les archives notariales oQ des éléments nouveaux mettent en relief les erreurs et omissions des recenseurs.

Une recherche systématique et exhaustive dans les archives notaria-les de la région de Québec a pu faire découvrir d'autres artisans du cuir, des artisans et des commerçants dont les intérêts sont liés, les types de marchés établis entre les artisans, l'organisation de la vie professionnelle, l'état des biens au mariage, a la mort, certaines ha-bitudes de vie et de transmission du métier. Malheureusement, les no-taires se servent constamment de formules et l'on sent qu'ils suggèrent fortement les choses a écrire; ainsi, il devient ardu de pénétrer

(14)

l'es-prit particulier de chaque artisan parce que même si l'acte révèle une foule de faits appropriés, le verbe reste d'un caractère légal et imper-sonnel. Il ne parvient alors a l'historien que l'aspect mécanique et formel de la vie des artisans. Muets sur leur expérience personnelle, ceux-ci nous ont caché leurs ambitions, leurs désirs, leur Sme.

Pour cerner l'évolution individuelle des familles d'artisans, il faut parvenir a identifier leur origine européenne, leur mobilité, leur filiation et leurs liens collatéraux. Le Dictionnaire généalogique Tanguay est un outil valable dont, bien sûr, la consultation doit res-ter prudente et circonspecte car des erreurs et des omissions de dates comme de filiations se sont glissées dans l'oeuvre de l'auteur.

Même s'il faut garder en mémoire que les causes judiciaires sont des cas individuels, il s'en dégage des faits et des traits de caractè-re intécaractè-ressants a analyser. Aussi, nous avons parcouru les Ordonnances des Intendants, Registre de la Prévosté de Québec, Jugements et délibé-rations du Conseil Souverain et Jugements et délibédélibé-rations du Conseil Supérieur.

Les études sur l'histoire de la Nouvelle-France sont peu loquaces quant aux renseignements sur la vie des gens du peuple. Quelques thèses récentes, cependant, font figure de pionnières; entre autres, celle de Peter Moogh sur The Craftsmen of New France. Celle-ci relate les aspects généraux des groupes les plus importants des gens de métier dans toute la Nouvelle-France, prenant appui sur des exemples montréalais et québé-cois surtout. Hardy et Ruddel dans Les apprentis artisans a Québec, 1660-1815 ont démystifié le rôle des apprentis de métiers en consultant patiemment les archives notariales de Québec. Il y a toujours Economie et Société en Nouvelle-France de Jean Hamelin offrant au chercheur une analyse basée sur maints documents européens. Si notre analyse quanti-tative diffère parfois, c'est que les orientations de recherche ont été différentes : Hamelin s'appuie sur le nombre de contrats d'engage-ments signés en Europe et sur le résultat des recensed'engage-ments, quand notre étude ne s'effectue qu'a partir des gens dont nous sommes certaine

(15)

Après l'identification des gens des métiers du cuir, il s'agissait pour nous de trouver un instrument technique permettant de recueillir avec rapidité et efficacité toutes les informations disponibles en vue de calculs quantitatifs. La fiche-cadre utilisée pour chaque artisan du cuir favorise une connaissance plus individualiste de chaque artisan. Ainsi, chacun devient plus aisément un être humain en chair et en os.

Cette fiche-cadre est divisée en 5 sections : 1ère

2ème 3ème 4ème 5ème

les éléments biographiques

les éléments sur l'exercice du métier les éléments socio-culturels

les actes notariés

une synthèse biographique.

Cette classification de l'information a permis de procéder a divers regroupements pour les besoins de l'analyse. Ainsi, les distinctions entre les métiers du cuir ont pu ressortir plus clairement. Puis, il est apparu que le début du 18e siècle laissait entrevoir suffisamment d'in-dices de changement tels, entre autres, le nombre d'apprentis et de maî-tres et l'organisation de la production pour fixer deux périodes distinc-tes autour de 1710 comme date charnière 2.

Le vieux système corporatiste d'origine tout autant que l'émergence d'une structuration sociale particulière oblige 3 traiter séparément les tanneurs et les cordonniers. Cela permet de dégager avec plus de force et de netteté l'évolution propre de chaque groupe. Au début, notre premier souci avait été de traiter les deux groupes ensemble et d'en ti-rer une analyse confrontée avec l'évolution générale de la ville. Malgré certains points communs, nous nous sommes vite rendue compte que cela 1. Lorsque l'on parle de Québec dorénavant, nous sous-entendrons aussi

l'Ile d'Orléans, Beauport, Charlesbourg, Ancienne-Lorette, Sainte-Foy, Sillery et Lévis; sauf dans les cas où l'on parle de la ville de Québec, c'est-a-dire la ville limitée a ses murs.

2. 17e siècle : 1660-1710; 18e siècle : 1710-1760. Tous les tableaux du texte sont conçus selon ces dates.

(16)

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. . ....

(17)

déceler l'orientation individuelle dans l'organisation de la colonie en gestation.

C'est par le biais de l'organisation du tannage, de l'entreprise et de l'art que nous avons identifié les types d'artisans et tenté de décou-vrir si ceux-ci ont contribué aux changements. L'art de la tannerie sous-entend de lourds investissements; la vie rurale, les ressources, les re-lations des tanneurs avec les tenants du pouvoir tant commercial que poli-tique paraissent les impliquer plus profondément dans la société que le

souvenir d'un esprit corporatiste.

Toutefois, les cordonniers, dès les premiers temps, semblent s'atta-cher a l'habitude traditionnelle et tenir a se prévaloir de certains an-ciens droits tout en adaptant leurs méthodes aux besoins du pays. Nous nous sommes particulièrement penchée sur cet aspect pour y rechercher la raison de ce besoin de défense dans un système nouveau.

L'étude quantitative de la troisième partie réunit des thèmes de la vie privée des deux groupes d'artisans de la famille des gens des métiers du cuir. Le but est de vérifier si le choix d'un métier, par sa nature, peut impliquer la vie d'un homme et celle de sa famille. Vérifier éga-lement si, dans une société où l'on a détruit une institution hiérarchi-que, un autre système basé sur le capitalisme commercial ne créera pas, dès le début, ses propres hiérarchies sociales.

(18)

CHAPITRE I

La tannerie : un art, une entreprise.

On peut diviser les métiers du cuir, en Nouvelle-France, en deux sections : il y a les métiers de transformation de la matière première (le tannage et le corroyage) et les métiers propres a la fabrication d'objets (la cordonnerie et la sellerie). Ici, point de subdivisions parcellaires délimitant, a même ces sections, le rôle de maints métiers différents du cuir (comme les peaussiers, hongroyeurs, baudroyeurs, cein-turiers, bourreliers, savetiers, coffretiers, formiers, talonniers, etc.).

Si en France chaque opération correspond a un métier particulier avec ses compétences et ses statuts comme indicateurs sociaux, en Nouvelle-France, les gens des métiers du cuir sont appelés a remplir plusieurs fonctions débordant l'appellation du titre qu'ils empruntent.

Ce regroupement professionnel s'implante d'autant plus aisément que seules certaines traditions artisanales perdurent "-1. Dès 1668, une

pre-mière tannerie voit le jour et pose les jalons d'une organisation qui ne cessera de s'écarter des structures d'origine tout au long du régime

fran-1. Le tannage en Nouvelle-France s'est pratiqué assez tôt. Avant l'implan-tation des tanneries, les habitants travaillaient eux-mêmes, d'une fa-çon élémentaire, les peaux qu'ils possédaient en les trempant quelque peu dans une solution tannante. Ils n'ont pas imité en cela les Amé-rindiens qui, traditionnellement, trempaient les peaux dans une décoc-tion de cervelle d'animal et les pendaient ensuite au-dessus d'un feu dégageant beaucoup de fumée. Voir à ce sujet Les cordonniers a Québec

(1608-1978) de M.-A. Bluteau, J.-P. Charland, N. Thivierge et M. Thi-vierge. Montréal, Boréal Express, 1979. p. 3.

(19)

tionnement.

Amenés â vivre différemment leur métier et délestés des statuts cor-poratifs français, les artisans voient s'anémier l'organisation artisanale au profit du capitalisme marchand. Les changements successifs perturbent les habitudes, modifient les valeurs et engendrent une nouvelle stratifica-tion sociale.

A. Le monde de la peau tannée a Québec.

a) Les_gremi|res_tentatiyes. Sous l'administration royale, la colonie de

la Nouvelle-France doit apprendre a mieux subvenir â ses besoins vitaux : "l'un des plus grands besoins du Canada est d'y establir des manufactures et d'y attirer des artisans pour les choses qui sont nécessaires â l'usa-ge de la vie". ^ Ces incitations de la part du roi et de Colbert se font de plus en plus pressantes et, en 1666, celui-ci précise même que : "Le moyen d'y établir des manufactures consiste plutost dans leur industrie et leur travail [des habitants de la Nouvelle-France] que dans les secours que le Roy y peut donner". 3 i_e ministre propose de s'appliquer a

l'aug-mentation du bétail parce qu'"on pourra par le moyen de leur dépouille & de leur peau, manufacturer des Draps et autres estoffes, et des cuirs que l'on convertira en divers usages a la commodité et a l'avantage des habi-tans." 4

Il faudra 2 ans avant que Jean Talon puisse faire mettre sur pied une tannerie solidement bâtie, placée sur les hauteurs de la Pointe-Lévy. En 1668, en effet, François Bissot, un bourgeois 5 de la ville,

entre-prend d'établir une tannerie aidé en cela par les subsides royaux au mon-2. P.-E. Renaud, Les origines économiques du Canada; l'oeuvre de la

France. Mamers, Enauït, 1928. p. 395.

3. "Lettre du Ministre Colbert à Talon (5 janvier et 5 avril 1666)". R.A^LJI., 1930-1931. pp. 41-45.

4. Ibid.

5. Terme exprimant (selon les textes du 17e et du 18e siècles à Québec) plutôt une démonstration d'activités intenses dans l'achat et la ven-te, qu'une attitude devant la vie.

(20)

10

tant de 3 200 livres et secondé par "la communauté des habitants [qui] lui baille la moitié autant". En plus, les bouchers se trouvent obligés de fournir a la tannerie des peaux d'animaux . Conduite par un jeune tanneur de talent, la tannerie obtient vite un réel succès et, dès 1673, l'intendant Talon peut se vanter, dans un mémoire,que la tannerie Bissot peut produire "des cuirs pour faire par année commune près de 8 000 pai-res de soulliers" ^ en vue d'une exportation éventuelle aux Iles.

Bientôt, la réussite de Bissot laisse espérer â d'autres entrepre-neurs des gains rapides et faciles. Quelques exploitants inexpérimentés commencent â tanner avec plus ou moins de bonheur. Leurs produits sont ven-dus a des voisins, ou encore ils traitent 'a façon' les produits de quel-ques clients 8. En 1683, Hypolite Thibierge et Jacquel-ques II Jahan dit Lavio-lette s'associent et construisent une tannerie à l'Ile d'Orléans que De-nonville qualifiera de "très belle" 9. Très peu de temps s'écoule avant que d'autres établissements aient aussi pignon sur rue.

Il semble que la qualité ait été quelque peu négligée chez les dif-férents nouveaux tanneurs, car au tout début de 1706, l'intendant Raudot est obligé d'intervenir. Par ordonnance, il décrète :

"que les nommés Charest, Larcheveque, Thibierge, Jahan et Dedieu pourront seuls dans le gouvernement de Québec tanner les cuirs et les vendre; défense a eux d'en ex-poser en vente avant qu'ils aient la qualité propre pour être employés; défense a tous autres de vendre des cuirs

tannés â peine de trois livres d'amende" '°.

6. P.-E. Rénaux, op. cit., p. 398.

7. "Mémoire de Talon sur le Canada (1673)", R.A.P.Q. J930-1931, p. 177. 8. Comme Etienne Brunet sur la côte de Beaupré.

9. N. Fauteux, Essai sur l'industrie au Canada sous le régime français. Québec, L.A. Proulx, 1927. p. 410.

(21)

Ce genre de contr6le de la

qualit~

est repris par la diffusion de

l'ordonnance, mais

a

Montr~al

cette fois, le 20 juillet 1706. Aprês ces

dates, le pouvoir civil, seul pourtant

mandat~

pour contrôler prix et

qua-lit~

des marchandises, ne s'occupe plus, officiellement du moins, de

v~ri­

fier la

qualit~

des produits des nombreuses grandes et petites tanneries

~rig~es

dans la

r~gion

de

Qu~bec.

b)

k~Q~g~~!~~~!Q~-~~~!~~~~!~-~~-Q~Y~!~~~-

Pendant un siêcle de

r~gime

français (1660-1760), 68 tanneurs et marchands

identifi~s

11 se

parta-gent la besogne de 1 'art de la tannerie

a

Qu~bec.

Les

interm~diaires

du

march~,

c'est-A-dire les marchands

propri~tai­

res de tannerie, mais n'ayant jamais

exerc~

eux-mêmes le

m~tier,

forment

14% du nombre total d'exploitants. Au 17e siêcle, Aubert de La Chenaye

et Bissot sont des bourgeois qui, en plus d'exercer divers types de

com-merces et

d'activit~s,

tentent leur chance dans la tannerie. Ces

entre-preneurs ont tous les deux de fortes accointances dans l'organisation de

la pêche et de la chasse en Nouvelle-France. Ces hommes d'affaires

gref-fent la tannerie

a

leurs autres

activit~s

commerciales. Ainsi,

a

partir

de l'animal

chass~

jusqu'A la peau

tann~e,

1 'ensemble des travaux est

concentr~

sous une même

autorit~.

Au siêcle suivant, ce type de marchands

perdure avec les Sieurs Charles Perthuis, Etienne II Charest, Michel

B~gon

et Louis Fornel.

Collat~ralement

a

ces derniers toutefois se dressent des

personnages plus

attach~s

financiêrement au commerce local, moins

dis-traits par une multitude

d'activit~s.

Leurs occupations, connexes A 1

'in-dustrie de la tannerie 12 , leur font

esp~rer

un meilleur contrOle du

mar-ch~

local. Ces hommes du pays, dont 1 'ambition se mesure avec leur

t~m~­

rit~

de vaincre, se taillent une place en exploitant avec vigueur deux

palliers du secteur de la tannerie.

A ces divers marchands, se greffent 20 tanneurs

ind~pendants

13

propri~taires

de leurs moyens d'exploitation. Au 17e siêcle, ils sont

11. Voir Annexe III, tableau X: Tannerie; nombre

d'int~ress~s

dans le

m~tier.

p. 111.

12. Les Sieurs Noêl, Maranda,

M~thot,

et Dumont sont soit marchands,

bou-cher ou

n~gociant

a

Qu~bec.

Boucault 22 avril 1744 et 9 juillet 1947;

Saillant, 16

f~v.

1752.

(22)

tous propriétaires de leurs bâtiments, du fonds en peaux diverses et des outils, tandis que, dès le début du 18e siècle, se dessine une nouvelle organisation : le tanneur travaille avec ses outils et ses peaux d'ani-maux, trouve lui-même ses contrats, mais il est locataire dans les bâti-ments d'une autre personne. C'est le cas, entre autres, de Pierre Tho-melet qui loue de Jean Dedieu, marchand-tanneur, les bâtiments d'une tan-nerie :

"située en la Coste sainte Geneviève sur le chemin qui va a Ste-Foy avec le bastiment les plaines et tout ce qui le conserne ensemble le moulin a tan et lécurie [... qui] dépende de laditte Tannerie [...] pour 125 livres pour chaquune des dittes deux années

[...] " 14

-Au mariage de son fils Jean, Pierre Thomelet fait don a ce fils tanneur de tout le fonds de tannerie qu'il possède en propre, les peaux et les

outils I5. Ce procédé a pour effet d'être moins onéreux pour

l'exploi-tant ne possédant pas les capitaux nécessaires a la construction de bâ-timents; si l'entreprise n'a pas l'essor espéré, il s'avère aussi plus facile de liquider les marchandises et les outils, n'ayant pas â se pré-occuper de la vente de bâtiments a vocation particulière. De tous ces tanneurs propriétaires de leurs moyens de production, 47% agissent seuls, surtout dans de toutes petites exploitations, et les autres travaillent en société. Avant 1710, les associations s'effectuent entre tanneurs 1*>, tandis qu'au 18e siècle, on s'associe volontiers avec un marchand '7, un

autre tanneur 18 ou encore avec un cordonnier 19.

Si les types d'associés diffèrent d'une époque a l'autre, les con-trats eux, se ressemblent plutôt. Les dépenses et profits sont partagés 14. Dubreuil, 25 août 1725.

15. Hiché, 11 janvier 1734.

16. Duquet, 5 fév. 1683; Etienne Jacob, 5 juin 1703; Genaple, 20 mai 1704. 17. La Cetière, 16 mars 1712; Frs. Rageot, 27 avril 1721; Dulaurent,

17 juin 1747.

18. Dubreuil, 3 nov. 1710, 12 juin 1730, 14 juin 1730; J. Pinguet, 14 août 1730; La Tour, 13 mai 1738.

(23)

en parts égales entre les associés et chacun a dû faire établir par de-vant notaire un état quantitatif et qualitatif des biens, ustensiles, outils, meubles, bâtiments et argent comptant fournis a la société. Cha-que associé doit travailler à part entière pour la société, se refusant tout travail qui fournirait un gain individuel pendant le temps de l'as-sociation. Celle-ci dure entre 3 et 9 ans et le contrat peut se renou-veller après expiration. L'intérêt de ces associations réside dans la ré-partition des tâches : le plus habile commerçant des associés s'occupe de l'achat et de la vente des peaux, tandis que l'autre accomplit exclusi-vement les tâches inhérentes a son métier.

Toutefois, il arrive qu'un marchand associé a un tanneur bénéficie de la meilleure part de l'association restreignant la liberté du tanneur. Grâce a son habilité pour le commerce, a son habitude des contrats et à son potentiel financier, l'homme d'affaires parvient a tirer plus de gains que l'artisan. Le maître tanneur, Jacques Lavaux, lors de son association avec le marchand Perthuis, s'oblige a acheter toutes les fournitures né-cessaires a leur association dans les magasins de Perthuis, pendant que Perthuis, lui, choisit des peaux propices au tannage. Celui-ci réalise ainsi un roulement de capitaux plus intéressant que le tanneur associé

20 qui ne peut fournir que sa force de travail, son talent et ses outils

Le petit propriétaire qui doit, seul, négocier les contrats, tanner les peaux, surveiller éventuellement un ouvrier, réparer ses bâtiments, et veiller aux frais de son entreprise peut difficilement arriver a con-currencer l'efficacité d'une société. En 1745, un tanneur vend son

exploi-21 tation et s'organise ensuite en association avec deux autres confrères L'unique cas d'une association entre un tanneur, un tailleur et un cordon-nier s'est soldé par un échec dont les causes restent inconnues. Avec un contrat du 26 novembre 1729 prévu pour durer 7 ans, Antoine Leblanc, maître tanneur, décide de se retirer de la société le 11 janvier 1730. La transaction se fait sans heurts ni agressivité car le notaire déclare 20. La Cetière, 16 mars 1712.

(24)

14

22

les partis "comptants et satisfait" . De ces tanneurs propriétaires, 6 deviendront des marchands-tanneurs, ne travaillant plus comme artisans, employant plutôt des maîtres tanneurs ou louant leurs bâtiments et leurs outils a taux fixe sans participation aux profits.

Etienne I Charest est un cas unique de réelle promotion sociale grâ-ce a son intelligengrâ-ce pour les affaires et les alliangrâ-ces. Installé, en 1666, avec son frère Jean a l'Ile d'Orléans, Etienne I Charest exploite la terre et part une petite tannerie. Bien vite, François Bissot s'inté-resse a ce jeune homme instruit et le charge de conduire la tannerie qu'il est a bâtir. En peu de temps, Charest prend une part active dans les affaires de Bissot, épouse sa fille et cesse lui-même de tanner (1673-1676). A la mort de Bissot, Charest prend un bail â ferme de 19 ans sur la tannerie "et moulin a eau et a tan, bastiments et toutes les autres choses quelconques consistant et dependant de lad. abitation [...] led, moulin tournant et travaillant g a m y de ses outils et ustenciles" 23#

Conjointement a ce bail, Charest n'aura de repos que lorsqu'il aura réus-si a réunir sous sa propriété toutes les parts d'héritage laissées aux divers parents du défunt (1676-1690). Pendant que son frère Jean conti-nue la toute petite exploitation de l'Ile , Etienne I Charest devient le maître d'un empire débordant le secteur de la tannerie. Des pêche-ries et des chasses du Nord aux magasins de Québec, des moulins a farine et des 'stocks' aux bateaux pour le commerce extérieur, Charest demeure le seul pivot directeur de toute l'entreprise, depuis sa demeure seigneu-riale de la Pointe Lévy ou depuis sa maison de Québec, et cela jusqu'3 sa mort en 1699 (1690-1699).

Au 17e siècle, 40% des tanneurs sont des employés soit â bail par-25

ticulier, à salaire fixe, a la pièce ou a la journée . Au siècle 22. Hiché, 29 nov. 1729 et 11 janv. 1730.

23. Genaple, 8 mai 1686. 24. Vachon, 9 mars 1689.

25. Comme les tanneurs-habitants prêtés à la journée, phénomène dont parle Talon. Voir chap. II, p. 32.

(25)

suivant, le taux grimpe a près de 60% ^6. La catégorie la plus profitable est le principe du bail â ferme ^ . Les tanneurs prennent ainsi pour un temps déterminé la responsabilité de la tannerie, des terres et des dé-pendances. Les contrats stipulent que le preneur doit payer au bailleur une somme fixe ou du travail comme ce tanneur qui :

"s'oblige de [faire] pour led. bailleur 100 peaux de loup-marin en noir et 9 peaux de boeufs pour sou-liers sauvages, 7 vaches [dont 3 tannées et 3 autres tannées et corroyées] et 22 veaux tannées et corroyés, lesquelles peaux le bailleur fournira [l'écorce, les huiles, la couperose et la chaux]" .

Le preneur du bail a ferme doit s'occuper des terres labourables et entre-tenir ponts et clôtures sur toute la propriété; s'il retire un revenu supplémentaire de la terre ou des bestiaux, il doit souvent en donner une partie au bailleur. La teneur des documents notariés, sans être explicite, laisse croire que ces tanneurs sont en quelque sorte a mi-chemin entre le tanneur locataire et l'employé a salaire. Jouissant d'une certaine liber-té d'action, ils sont cependant obligés au propriétaire de la tannerie de différentes façons : l'un doit tenir des comptes des entrées et sorties des peaux ^ , tandis qu'un autre est dit : "engagé a bail [a Paris] chez le notaire Prévost." , de l'acte notarié, se dégage une note d'autorité de la part du bailleur donnant l'impression de relations employeur-employé. 26. Ne tenant compte ici que des employés connus et identifiés. Il est

inadmissible que de grosses entreprises comme celles de Perthuis, de Bégon ou de Etienne II Charest aient produit tant de marchandises seulement a l'aide d'un employé, a certains moments. Plusieurs jour-naliers et travailleurs a temps partiel échappent a nos calculs du fait qu'on ne peut les retracer.

27. Il y en a 1 au 17e siècle et 4 au 18e siècle.

28. Genaple, 8 mai 1686; Barolet, 23 nov. 1731; J. Pinguet, 31 oct. 1738; Dulaurent, 3 avril 1748. Le prix varie entre 300 et 600 li-vres par année.

29. Dubreuil, 22 juin 1721. 30. Barolet, 23 nov. 1731. 31. J. Pinguet, 31 oct. 1738.

(26)

16

Dans les contrats de tanneurs salariés par contre, les prérogatives

de l'employeur sont nettement exprimées. De plus en plus engagés par des marchands propriétaires plutôt que par des tanneurs, les maîtres tan-neurs employés sont chargés de toute la conduite de la tannerie. Ce type de travailleurs est un phénomène du 18e siècle surtout, peut-être a 1'exem-ple de Bissot confiant toute la tannerie au jeune Charest. Ces tanneurs sont logés et chauffés, nourris, blanchis et reçoivent un salaire annuel fixe. On offre a certains la permission de tanner quelques peaux a leur

32

profit ou on donne,en gratification, une paire de souliers ou un pot 33

d'eau de vie par mois . Un seul contrat fait mention d'un tanneur tra-vaillant a la pièce : Chazal "s'oblige a faire au proffit dud. Sr. Méthot tous les ouvrages de tannerie et corroyeries qui luy seront donnés". Il s'oblige a faire 150 peaux de boeuf et de vache en plus de 300 peaux de loup-marin à raison de "10 sols par peaux passées en blanc ou en rouge" et "20 sols par peaux de loup-marin". De plus, le sieur Méthot promet "de laisser aud. Chazal tout le temps dont il aura besoin pour faire ses

;es 35 34

ouvrages." Le négociant Dumont va jusqu'à permettre a 2 de ses tanneurs employés d'engager, au besoin, des compagnons tanneurs

Par ces documents, on constate que les marchands acceptent le prin-cipe du sous-contrat, système qui, plus d'un siècle après, sera amplifié et laissera place a des abus incontrôlables car le marchand est patron d'un seul tanneur et non pas des employés de celui-ci; donc, il veut du rendement mais ne cherche pas a les contrôler; il ne prend aucune res-ponsabilité envers ce type d'employés de son propre employé.

Le nombre exact de petits salariés occasionnels et sans responsabi-lité particulière reste inconnu, et c'est a la lumière de quelques cas 32. La Cetiêre, 23 avril 1724; J. Pinguet, 13 mars 1741 et 9 mars 1742;

Dulaurent, 1er juillet 1743; Boucault, 23 fév. 1749. 33. La Cetière, 10 oct. 1720; Barolet, 25 sept. 1735. 34. Saillant, 16 fév. 1752.

(27)

parvenus jusqu'à nous, par l'effet du hasard d'un contrat ou d'une cause judiciaire, qu'on connaît leur existence. C'est le cas de François-Aimé Laprise, tanneur chez Charest en 1676 et de 3 autres au 17e siècle. Au

oc

18e siècle, nous en avons déniché 13 dont le nom et le métier n'est mentionné qu'une fois. Employés des grosses comme des petites tanneries,

l'action de ces hommes est impalpable. Un seul s'engage par contrat a Pierre Gauvreau: Joceph Rancin, âgé de 22 ans, qui s'engage pour la pério-de d'un an "tant a la terre qu'a la tannerie et autres choses convenables ou il [Gauvreau] pourrait l'employer". Rancin reçoit 200 livres, est nourri, blanchi, logé, chauffé et aura des "souliers sauvages, tabliers et

37 mitaines pour le travail"

On peut compter parmi les employés, un autre groupe d'hommes jeunes fournissant, sans gages ou presque, une somme de travail humble et sans gloire, mais très profitable pour l'employeur : les apprentis. Pendant toute la période étudiée, peu d'apprentis tanneurs ont été engagés a ce titre par contrat notarié. En tout, 3 jeunes hommes âgés en moyenne de de 16i ans sont engagés pour apprendre les techniques du métier pendant

38 près de 3£ ans. L'un servira d'apprenti et de serviteur-domestique

pendant que les 2 autres recevront de légers gages en plus d'être nourris, 39

logés, blanchis . L'âge et la rémunération de ces jeunes hommes don-nent a penser que déjà ils sont à même de fournir un travail cohérent et ordonné; ainsi, ils apprennent le métier, mais l'avantage reste pour le tanneur ou l'administrateur car il a a son service un être capable de fournir l'effort d'un homme a moindre frais. Un seul jeune homme, Etien-ne Blanchon, est engagé a la tanEtien-nerie de la Pointe-Lévy en qualité d'ap-prenti cordonnier , mais devient tanneur plus tard. On peut supposer qu'une fois engagé, un apprenti est sujet a des changements de tâches selon les besoins particuliers du moment dans l'entreprise.

36. Voir annexe Illa), tableau X, p. 111. 37. Boucault, 23 fév. 1749.

38. Chamballon, 2 nov. 1699.

39. Dulaurent, 23 avril 1737; Sanguinet, 15 mai 1757. 40. Chamballon, 31 mars 1712.

(28)

18

S'il y a si peu d'apprentissage officiel, on peut se demander

com-ment les Canadiens acquièrent leur métier, comcom-ment ils peuvent, du jour au lendemain bâtir une tannerie, tanner et atteindre à une qualité suffi-sante pour vendre leurs produits ? La réponse réside dans le fait que le tannage est un art familial. En effet, au 17e siècle, des hommes comme Hypolite Thibierge et Jacques Jahan apprendront très tôt a leurs fils à manipuler outils et secrets du métier; ceux-ci une fois adultes exercent avec assurance pendant quelques années. Au 18e siècle, le même phénomène se perpétue, mais on remarque que le fils, la plupart du temps, change vite d'orientation aussitôt parvenu a l'âge du mariage comme le fils de Jacques Lavaux, Jean, travaillant en même temps que son père a la tannerie

41

de Perthuis . Il y apprend le métier tout en servant d'apprenti a son père qui remplit un contrat d'association. Au mariage de Jean Thomelet, Pierre, son père avoue que le fils a toujours été près de lui pour

l'ai-42

der . Jean et Etienne II Charest sont nommés maîtres tanneurs dès leur 43

majorité ; continuant l'entreprise du père, ils deviennent vite des administrateurs. Les deux fils de Jean Larchevêque "ont entré dans la

44

tannerie pour en apprendre le Mestier ..." . Leur initiation a été supervisée par Jean Mouchères, l'associé de leur père. En 1721, Claude Hurel, associé a Larche "doit montrer au fils du Sr. Larche le nommé Alexandre le mettié de taneur et corroieur autant quil luy sera

possi-45

ble" . Dans le contrat d'association de Leblanc-Roberge, il est conve-46 nu ici que Leblanc devra "montrer et enseigner son métier aud. Roberge" .

Il ne s'agit plus ici de jeunes fils de tanneurs mais d'un homme mature qui investit capitaux, temps et énergie dans le tannage. Plus tard, dans la période, des familles complètes créent presque des dynasties de tan-41. La Cetiêre, 16 mars 1712. 42. Hiché, 11 janv. 1734. 43. La Cetière, 21 mars 1703. 44. J.D.C.So. vol. 5, p. 329. 45. Frs. Rageot, 27 avril 1721. 46. J. Pinguet, 14 août 1730.

(29)

47

neurs où l'on retrouve, même en 1805 , des vestiges de la perpétuation du métier familial : les Robitaille, Gauvreau, Primeau, Bidégaré et De-guise auront des fils, des petits-fils et neveux tanneurs (employés bien souvent) au-delà du début du 19e siècle.

On remarque au 17e siècle, surtout 3 entreprises familiales (Bissot-Charest, Thibierge, Jahan) occupées a bâtir une solide organisation com-merciale. Les trois chefs de famille, ont des magasins à Québec pour écouler les marchandises et les fils Etienne II Charest, Etienne Thibier-ge et Jacques II Jahan, consacrés aux affaires du père, continuent l'en-treprise. Par contre, à l'orée du 18e siècle, on voit se désagréger cette filiation quand, en 1711, les héritiers de Jahan vendent la tannerie à

48

Perthuis et qu'Etienne Thibierge liquide tout pour s'occuper uniquement 49

de tonnellerie . Seule la famille Charest continuera l'oeuvre paternel-le. Cette mainmise graduelle des marchands sur les entreprises de tanne-rie amènent une ère nouvelle où maîtres tanneurs et tanneurs contrôleront de moins en moins les marchés; dépossédés des instruments commerciaux, ils se retrouvent bien vite, malgré leur titre de "maître" que des conduc-teurs de tannerie, somme toute des gérants de production. Peu de tanneurs associés indépendants gardent longtemps leur tannerie : par exemple

An-50

toine Leblanc en 1744 doit vendre a Noël Noël, négociant, sa partie 51

de tannerie, née de son association antérieure avec Noël Giroux . Les grandes tanneries de Perthuis, Bégon et Charest monopolisent presque to-talement le marché, les talents, la main-d'oeuvre et les capitaux. Malgré cela, subsistent encore de toutes petites entreprises vouées au service

52 des particuliers ne s'inscrivant pas dans la lutte des gros contrats

La main-d'oeuvre est de moins en moins assidue au travail. En effet, combien d'ouvriers ne s'engagent dans les grandes tanneries que pour des périodes très courtes, moins d'un an bien souvent, sautant avec une facili-47. "Visite générale de la paroisse de Québec de 1792-1795-1798-1805",

R.A.P.Q.J948-1949. pp. 9-214. 48. La Cetiôre, 20 juin 1711. 49. Barbel, 9 mars 1724. 50. Boucault, 22 avril 1744. 51. La Tour, 13 mai 1738.

52. C'est le cas de Laurent Lorraine, qui a dans sa cave a Saint-Rochj

(30)

20

té déconcertante d'un métier â l'autre, négligeant de se qualifier de

tanneurs, laissant aux notaires et recenseurs le choix de les nommer ou-vriers ou journaliers.

Ce changement peut être attribué au principe même de la grande tan-nerie, cette petite manufacture quant au volume de production et au style

co 54

d'organisation adopté . Ne participant ni aux bénéfices , ni â la vie communautaire familiale, ces travailleurs sont coupés des habitudes tradi-tionnelles des métiers en atelier : l'ouvrier apprend dorénavant en vi-tesse les principes fondamentaux du métier, travaille quelque temps et quitte la profession sans avoir acquis ni l'amour du métier ni le désir de le montrer a son fils.

B. L'art du tanneur.

Conviés a pratiquer leur métier dans un pays différent du leur, les tanneurs français tentent de mettre en pratique, en Nouvelle-France, les principes acquis outre-Atlantique. Privés de lois protégeant leur art, les artisans, par intérêt comme par la force des choses, modifient lente-ment leurs habitudes. Loin d'affirmer que les particularités des tanneurs de Québec sont inusitées en France, leur pratique et leur situation ont néanmoins l'apparence des métiers libres où chacun peut tenter de tirer son épingle du jeu. Libéré des contraintes des corporations, le tanneur n'aura par contre aucun support légal pour défendre les cadres de son art.

a) La_noMe^s^_d^_métier. E n France, depuis 1586, le tannage fait partie

des premiers métiers, c'est-à-dire de ceux qui sont au premier rang dans la hiérarchie établie dans le livre des "Rôles de tous les arts et métiers de Paris et autres villes. Premier rang, qui sont les meilleurs métiers : apothicaire, affineur, drapier, espicier, mercier-grossier, joyaulier,

55

mégissier, tanneur et teinturier en draps" . Quelles particularités 53. D'après H. Depors dans Recherches sur l'état de l'industrie du cuir en

France, pendant le XVIIIëme et le début du XIXème siëcTëT Paris, Im-primerie nationale, 1932. p! 89. Une tannerie prend l'allure d'une manufacture, au 18e siècle, lorsqu'il y a plus de 200 peaux en travail simultanément.

54. Comme Sebastien Aubry. Barolet, 25 février 1735.

55. A. Franklin. Extrait d'un document reproduit dans Le dictionnaire des arts, métiers et professions exercées dans Paris depuis le treizième" siècle. Paris, Welter, 1906, p. 212.

(31)

enferment ces métiers au premier rang, en tête des autres ? Il appert que ce serait la compétence à transformer la matière première et la pos-session d'une dextérité supérieure soit pour l'utilisation d'ingrédients réactifs soit pour la manipulation d'un outillage complexe.

A Chartres, au 18e siècle, dans les processions religieuses, la tra-dition veut que, de tous les artisans du cuir, les tanneurs marchent en

56

premier . A Québec, cette hiérarchie n'apparaît pas exister mais il semble, dans les contrats de maîtres tanneurs employés, se dégager une cer-taine forme de respect; les clauses sont souvent larges et permissives.

57

Par exemple, Claude Hurel sera logé selon son désir et Pierre Gauvreau

ca

obtient toujours des annuités avantageuses . Ces considérations

peu-vent partiellement aussi découler du fait qu'il y a peu de maîtres tanneurs aguerris originant de Québec, alors ceux que l'on met sous contrat, qu'ils viennent de I

vent choyés.

viennent de France ou qu'ils arrivent de Montréal , se trouvent

sou-b) L§_22!DiÇl?ïlî§_^Ë_l].ËÏ!Î* Le tannage est un métier compliqué dont l'ini-tiation en France dure 7 ans (5 années d'apprentissage et 2 ans de compa-gnonnage). Les statuts du mois de décembre 1734 confirment ces principes en vigueur depuis le 14e siècle . Cette longue période de 7 années con-sacrées à découvrir les arcanes du métier, prépare un homme à envisager les problèmes inhérents â son métier.

Celui qui désire implanter une tannerie doit d'abord choisir un ter-rain propice car le tanneur a un besoin vital d'eau courante; si le

62 prospecteur n'utilise pas cette force motrice pour activer son moulin , il doit au moins s'assurer de la présence d'un ruisseau sur son terrain, 56. Communication de André Sansfaçon. Université Laval, 1977.

57. Frs. Rageot, 27 avril 1721.

58. J. Pinguet, 13 mars 1741; Dulaurent, 1er juil. 1743.

59. Desbien G. "Les engagés pour le Canada au XVIIIe siècle". R.H.A.F., vol. 13, no 2 (sept. 1959) p. 257. C'est le cas de Hurel partant de France le 24 mai 1717, à la demande d'un marchand de Québec.

60. Jean Mouchères, Jean Dedieu, Pierre Robereau. 61. A. Franklin, op. cit., p. 279.

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car l'eau propre, courante est essentielle à diverses opérations de

tan-nage . A Québec, la proximité de la forêt dispense le tanneur de dépen-ser temps et énergie à la course des écorces nécessaires. L'artisan fran-çais qui installe à Québec son moulin à tan et sa tannerie n'a personne pour le conseiller; héritier de ses souvenirs d'apprentissage et de com-pagnonnage, il organise sa boutique en composant avec les ressources lo-cales et quelques fois même les habitudes de vie quotidienne . Au 17e siècle, la dimension des grandes tanneries varie autour de 22 pieds par 20 pieds . Peu à peu on agrandit la surface et, au moment où le tanneur Thibierge de l'Ile d'Orléans meurt, Jean Larchevêque se prépare à faire :

"construire un bastiment à usage de la tannerie de 50 pieds par 25 de pièces sur pièces au lieu dit de la Bri-queterie, et un autre de 25 pieds à usage de moulin à écorce [...] ces dits bastiments seronts en bois de ced-dre et d'ëpinette [...] dix pieds de hauts" 67.

La tannerie de Charest en 1734 est "de pierres de quarante pieds de long [avec à côté] un moulin à tan En bois, Clau de planches" °°; la tannerie de Giroux aura 50 pieds de long par 22 de large tandis que celle achetée par le fils Thomelet aura 32 pieds de face et celle de Dedieu mesure 28 pieds par 20 de large *>9. Quant à la petite tannerie familiale, elle se trouve à même la maison ou "cabane" du tanneur

63. C. Toulouse, Les industries millavoises. Millau, Imprimerie Artière et J. Mairy, 1922. pp. 21-60.

64. J. Pinguet, 31 oct. 1738; à Québec, les substances tannantes sont des écorces de pruche et d'ëpinette plutôt que celles de chênes et de châtai-gniers. Le notaire Vachon note qu'il y a, à Québec, des pierres à chaux a Château-Richer. Vachon, 20 janv. 1677.

65. Par cela, on entend l'habitude de se fabriquer soi-même des poêles de briques plutôt que d'acheter des poêles en fonte, comme en France. Les poêles de tannerie sont aussi de fabrication domestique. Voir R.-Lio-nel Seguin, "Le poêle en Nouvelle-France". Cahier des dix, no 33, 1968, p. 158.

66. Etienne Jacob, 3 juin 1703. 67. Chamballon, 21 fév. 1702. 68. Barbel, 24 mai 1734.

69. Saillant, 22 oct. 1757; Sanguinet, 17 sept. 1768; Aveux et dénombrements: vol. I, folios 282-283.

Figure

Graphique I : Nombre de cordonniers et d'apprentis selon les années.  3 0  1  ,  c o r o o o n  a p p r e n t  •«sri  is-&lt; -orrJonn « r s  2 5  i  u/  i  1  1  1,  r \  l  II  u  ao  II  r \  lf  S  II  II  il  \  ,  \  15  1  1 \  y  1  \  v  II  \  \
Tableau III : Proportion (%) des occupations des fils des artisans du  cuir de Québec
Graphique III : Répartition (%) des biens en préciput dans les contrats de mariage. %  T70  s i è c l e m r ± r * r i * ' n ' i r i i w
Tableau IV : Proportion (%) des occupations des beaux-pères des artisans  du cuir.  cordonnerie  tannerie  occ.urbain*  4 0 *  17e siècle  £ ,  rurale 60%  rurale  7 5 *  .urbain*  5 6 *  18© siècle
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