FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1897-98 N» 78
D E
LA MARSDPIALISATION
DANS LES KYSTES DE L'OVAIRE
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et sontenne publiquement le 18 Février 1898
PAR
Joseph-Paul-Henri DUPUY
Ancien externedesHôpitauxde Bordeaux Né à Bordeaux (Gironde), le 31 décembre 1872.
mm. boursier, professeur.... Président.
demons, professt pousson, agrégé.
villar, agrégé.
p . . , , ,,, i demons, professeur.... ,
Examinateurs dela These l
pousson, agrégé
(
Juges,Le Candidat répondra aux questions qui lui serontfaites sur les diverses parties de l'Enseignementmédical.
•
BORDEAUX
IMPRIMERIE Y. CADORET
17 —» rue montméjan 17 1898
FACULTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
M. de NABIAS Doyen. | M. PITRES....
PROFESSEURS :
MM. MICÉ 1
Doyen honoraire.
AZAM > Professeurshonoraires.
DUPUY
Clinique interne Clinique externe Pathologie interne.., Pathologieetthérapeu¬
tique générales Thérapeutique
Médecineopératoire...
Clinique d'accouchements
Anatomiepathologique
Anatomie
Anatomie générale et histologie
MM.
PICOT.
PITRES.
DEMONS.
LANELONGUE N.
VERGELY.
ARNOZAN.
MASSE.
MoUSSOUS COYNE.
BOUCHARD.
YIAULT.
Physiologie Hygiène
Médecinelégale Physique
Chimie
Histoire naturelle Pharmacie Matière médicale
Médecine expérimentale...
Clinique ophtalmologique..
Clinique des maladies chirurgicales
Clinique gynécologique..MM.
JOLYET.
LAYET.
MORACHÇ.
BERGONIE.
BLAREZ.
GUILLAUD.
FIGUIER.
deNApiAS.
FERRE.
BADAL.
PIÉCHAUD.
BOURSIER.
AGREGES EN EXERCICE :
section de médecine (Pathologie interneetMédecine légale).
MM. MESNARD.
CASSAET.
AUCHE.
MM. SABRAZES.
Le DANTEC.
section de chirurgie et accouchements ( MM. YILLAR.
Pathologieexterne
j
BINAUD.BRAQUEHAYE
Accouchements MM. RIVIERE.
CHAMBRELENT.
Anatomie.
section des sciences anatomiques et physiologiques
) MM. PRINCETEAU. I Physiologie MM. PACHON.
CANNIEU. Histoire naturelle BEILLE.
section des sciences physiques
Pharmacie M. BARTHE.
Physique MM. SIGALAS.
ChimieetToxicologie..
DEN1GÈS.
1COURS COMPLÉMENTAIRES :
Clinique internedes enfants MM. MOUSSOUS.
Cliniquedes maladiescutanéesetsyphilitiques DUBREUILH.
Clinique desmaladies des voiesurinaires POUSSON.
Maladies dularynx, des oreillesetdunez MOURE.
Maladies mentales REGIS. ,
Pathologie externe
DENÇCÉ.
Accouchements RIVIERE.
Chimie DENIGES.
Le Secrétaire de la Faculté: LEMAIRE.
Pardélibérationdu 5 août 1879, la Facultéaarrêtéqueles opinionsémisesdans les 1 hèses qui lui sont présentéesdoivent être considéréescomme propres à leursauteurs, et qu'elle n'entend
leur donnerni approbation niimprobation.
A mon
Oncle,
Monsieur le Docteur
Paul DUPUY
Professeurhonoraire àla
Faculté de Médecine de Bordeaux.
A monPrésident de
thèse
Monsieur le Docteur
André BOURSIER
ProfesseurdeClinique
gynécologique à la Faculté de Médecine de Bordeaux,
Chirurgien des Hôpitaux,
Membre correspondant delaSociété de
Chirurgie,
Officierd'Académie.
En
publiant ce modeste travail, nous tenons à remercier
tous ceux, et
ils
sontnombreux, qui de près ou de loin
nousont montré
intérêt
etaffection
au coursde nos études
médicales.
Que M. le professeur Démons reçoive ici l'expression
de nos sentiments
reconnaissants
ensouvenir de l'année
intéressante et
instructive
quenous avons passée dans son service,
etde la bonté qu'il, nous a toujours témoignée
depuis.
Nous remercions
enfin bien cordialement, M. le profes¬
seur
Boursier,
pourles conseils éclairés et affectueux qu'il
nous a donnés
de
touttemps, et pour l'honneur qu'il
nous fait
d'accepter la présidence de notre thèse.
D E
LA MARSUPIALISATION
DANS LES KYSTES DE L'OVAIRE
CHAPITRE
PREMIER
HISTOIRE DE LA MARSUPIALISATION DANS L OVARIOTOMIE
Comme
beaucoup de chirurgiens contemporains, les
premiers ovariotomistes avaient en très médiocre estime
l'ovariotomie
incomplète. Aussi l'histoire de ce procédé
opératoire, considéré comme opération de pis-aller, ne
remonte pas
à
uneépoque très éloignée.
Les auteurs
qui ont écrit sur cette question ne sont pas
d'accord surles
origines de cette ovariotomie incomplète.
Les uns
(1) attribuent son invention au chirurgien améri¬
cain
Ephraïm Mac Dowel qui exerçait à Dansville dans le
Kentucky. Ce chirurgien, élève de John Rell (d'Edimbourg),
aurait
pratiqué
avecsuccès, en le 09, plusieurs ovarioto-
mies
incomplètes.
W.
Atlee, dans
unarticle
parudans le American journ.
(1) LawsonTait, Maladies des
ovaires, trad. Olivier, 1886; Spencer Wells,
Tumeurs del'ovaire, trad. Rodet, 1883.
of medic. sciences (1)
contesteformellement
à Mac Do- wel lapriorité de la découverte
etcite
àl'appui de
sonopinion
uneobservation du Dr Robert
Houstounpubliée
sous ce titre :
Hydropisie de Vovaire gauche chez
une femmeâgée de 53
ans,guérie
par unegrande incision
abdominale(2). D'après Atlee, l'ovariotomie incomplète
avait été instituée comme traitement
d'exception
enAn¬
gleterre.
Boinet et
Ferrand,dans l'article Ovaire
du DictionnaireDechambre, adoptent
cetteversion dans leur historique de
la
marsupialisation. Pour
eux,c'est Houstoun qui,
en1701, ouvrit le premier largement la paroi abdominale
et lekyste.
En
France,
vers1737,
unchirurgien nommé Le Dran (3)
avait inventé un
procédé qui consistait â ponctionner la paroi abdominale
et àmaintenir
l'ouverture béante par des mèchespermettant ainsi récoulemert. des liquides
et lesinjections dans la cavité kystique.
Gomme condition absolue de
l'emploi de
sonprocédé,
Le Dran établit
qu'il faut qu'il existe
«des adhérences
en¬tre le
kyste et la paroi abdominale, sinon il
yaurait dan¬
ger
de péritonite mortelle due
au passagedu liquide kys¬
tique dans le
ventre ».Ce
passagede Le Dran cité dans la
thèse du DrPayre (de Lyon)
nousdonne à
penserqu'il s'agissait bien dans
son casd'une
véritable ovariotomieincomplète
rentrantdans le cadre de
notre étude.Dans la
première moitié du
xixesiècle, lorsque les chi¬
rurgiens
setrouvent
enface d'adhérences
dans une ova¬riotomie, ils préfèrent
engénéral refermer le
ventre etabandonner l'opération. C'est
cequi arriva
en1865 à
(1) AmericanJourn. ofmedic. sciences, v. XVII, p. 534, et W.Atlee, In American Journ. of medic. sciences, janv. 1883, p. 119. .
(2) Philosophical transactions de 1717 à 1733, résuméeset réunies en une
tablegénérale,vol. VII, p. 541. Londres,1734.
(3) Mémoire del'Académie de chirurgie,v. III.
— 13 —
Maisonneuve.
Kiwisch, dans
sonouvrage sur les maladies
de
l'ovaire traduit
parGlay
en1860, relate 101 opérations,
parmi lesquelles il se vit obligé 23 lois de tout aban¬
donner.
On trouve
fréquemment des exemples d'abandon de
l'intervention dans toutes les publications de la première
moitié du xix°
siècle.
Cependant, en 1829, Galensowski (1), se trouvant en face
d'un
kyste interligamentaire adhérent, en sutura les parois
à la
plaie abdominale, après son ablation partielle.
En
1860, Jolin Glay publie plusieurs observations d'ova-
riotomie
incomplète. En France, Kœberlé (2) pratique
aussi cette
opération vers 1868.
Avec Péan, et
grâce
auperfectionnement de l'arsenal
chirurgical, l'ovariotomie incomplète avec suture de la
poche kystique aux parois abdominales devient beaucoup
plus fréquemment usitée.
Dans unesérie
d'articles
parusà la fin de l'année 1871,
Péan
publie une suite de cas d'opérations d'ovariotomie
dans
lesquels il a été amené, par suite de la multiplicité
des adhérences et
des cloisons kystiques, à pratiquer la
suture des
parois de la tumeur aux parois abdominales.
Dans presque
tous les cas cités par lui, la guérison est
survenue
après
untemps variable soit par adhérence des
parois de la poche, après suppuration prolongée, soit par
transformation
fibreuse
ouatrophie des parois kystiques.
Les
statistiques qu'il produisit ensuite sont toutes en
faveur du nouveau
procédé, qu'il dénomma traitement
par
suppuration. Il ne pensait nullement l'avoir inventé,
mais il le
préconisa pour l'avenir comme une méthode de
prudence (4).
(1) Thèse de Payre, Lyon,
1896.
(2) Kœberlé, Gazette
hebdomadaire, 1868,
p.500.
(3) Péan, Gazettedes
hôpitaux, 25 novembre 1871, n. 139, p. 553.
(4) Péan, Leçons de
clinique chirurgicale, 1876-1878.
— 14 —
En
1872, Spencer Wells fit paraître deux statistiques
d'ovariotomie incomplète dans lesquelles il
rapporte7 guérisons
sur17
cas.En
1874, Liewen, cité dans
la thèse dePayre (Lyon),
eut
plusieurs ovariotomies incomplètes suivies de
succès.Winckel
(1),
en casd'adhérences, préconise la
ponc¬tion du
kyste, la résection de
lapartie procidente
etla
suture de la
paroi à la plaie abdominale.
Billroth, après avoir longtemps
eutrès
mauvaiseopi¬
nion de cette
opération,
sedécide
à lapratiquer
pourla première fois
en1879.
Apartir de
cetteépoque, il la
pra¬tique plusieurs fois
avec succès.En
1881, M. Terrier, dans
un articlepublié dans la
Revue dechirurgie, fait
uneétude
trèsapprofondie de la question des
ovariotomiesincomplètes. Après
enavoir
fait
apercevoir les avantages
etles inconvénients, il
en arrive à formuler les conclusions suivantes :1° Les
opérations incomplètes, terminées
par ouverture dukyste,
suturede
sesparois à la plaie abdominale
etdrainage, donnent des
résultats fortdifférents
suivant la nature de la tumeurkystique.
2°
Lorsque le kyste
estuniloculaire, tels
sont leskystes
séreux du
ligament large
etles kystes dermoïdes, le
résultat
peut être excellent
et la cavitékystique finit
parse combler entièrement.
3° Le même résultat est
peut-être possible dans
certainskystes, uniloculaires
aupoint de
vueclinique, mais qui
ne sont autres que
des kystes multiloculaires
pourles anatomo-pathologistes.
4°
Quand le kyste
estmultiloculaire, lorsque les parois kystiques présentent des végétations, les résultats
sont trèsmédiocres.
La tumeur tendincessamment
àrécidiver,
la
fistule abdominale persiste indéfiniment, enfin la
sup-(1) Payre, thèsede Lyon, 1895.
puration interminable expose à la septicémie chronique
et à
l'épuisement.
5° Notons
enfin,
etcela dans le
casde kystes uni et multiloculaires, la possibilité du développement rapide
d'une tumeur
déjà préexistante sur l'ovaire qui n'a pas
été
touché,
etdont l'état n'a
puêtre vérifié
aumoment
de
l'opération.
A
l'appui de
cesconclusions, M. Terrier publie trois
observations
d'ovariotomie incomplète
:L'une de
kyste multiloculaire terminée par décès après
accidents
septiques, sept mois après l'opération.
Une autre
de kyste dermoïde, terminée par guérison.
Une troisième
de kyste multiloculaire, à parois végé¬
tantes,
dont le résultat apparaît comme incertain (appa¬
rence de récidive
ganglionnaire et suppuration persistant
sept mois après l'opération).
Nous avons
voulu citer ici les
casde M. Terrier,
parcequ'ils
nousont
parurentrer dans le cadre de notre sujet
et
prêter appui à cet axiome : que dans une ovariotomie
difficile, mieux
vautcourir les chances d'une opération incomplète
quede tout abandonner.
Péan admet en
principe
quela guérison est la règle
après la sixième semaine qui suit l'opération ; il admet
aussi que
dans certains cas la fistule abdominale peut persister pendant plusieurs mois, et même des années,
avant d'aboutir à une
guérison complète.
En somme,
à partir de Péan, surtout vers 1876-78, on peut considérer l'ovariotomie incomplète comme ayant pris
rangparmi les opérations chirurgicales admises. On
la considère comme un
pis aller,
uneressource ultime,
une méthode
d'exception
quetout chirurgien peut avoir
en réserve au cours d'une
intervention.
Cette
opération définitivement classée devait prendre
un nom
spécial. Elle
amaintenant celui de marsupialisa-
tion.
Ce mot est,
selon toute probabilité, d'origine améri-
— 16 —
caine
(1). Péan, dans
sonTraité des
tumeurs de Vabdo¬men et du bassin
(2), s'élève vivement
contrel'emploi de
cette
dénomination abréviative.
Mais laplupart des
auteurset des
chirurgiens contemporains l'ont admise. Pozzi
etbeaucoup d'autres
auteursl'emploient universellement aujourd'hui.
Au
point de
vueétymologique,
ce motde marsupialisa-
tion dérive de
l'appellation donnée
àla série
animaleconnue sous le nom de
marsupiaux,
sansdoute à
cause del'analogie trouvée
entrela poche abdominale naturelle
ou
poche marsupiale dont
cesanimaux
sontnaturellement
pourvus etla poche abdominale artificielle
quele chirur¬
gien crée,
enquelque sorte,
enfixant
auxparois du
ventre les bords d'unkyste
enpartie évidé
etréséqué à
sapartie supérieure.
En 1890
parut la thèse de Braun de Nancy
surl'ovario-
tomie
incomplète
parsuite d'adhérences.
Dans ces
dernières années, MM. les professeurs La-
royenne et
Condamin de Lyon
se sontoccupés de
marsu-pialisation des kystes de l'ovaire. S'inspirant de leurs
tra¬vaux,
M. Payre de Lyon prit
poursujet de thèse la
mar-supialisation,
et sathèse publiée
en1895 portait
commetitre: Contribution à l'étude de la
marsupialisation des kystes de l'ovaire. Traitement ultérieur
encas de récidive.Depuis, rien n'a
paru sur cettequestion de la marsupia¬
lisation des
kystes de l'ovaire. Dans
cesderniers temps,
M. leprofesseur Boursier ayant
eul'occasion de pratiquer
deux fois la
marsupialisation dans
son service àl'hôpital Saint-André, il
nous est venu à l'idée dereprendre la
ques¬tion.
Il nous a semblé en effet
qu'il n'y avait
aucuntravail d'ensemble
sur laquestion de la marsupialisation des
(1)Pozzi, Traité degynécologie, 1890.
(2) Péan, Diagnostic et traitementdes tumeurs de l'abdomen etdubassin, 1895,p. 831.
— 17 —
kystes de l'ovaire. La thèse de Payre (Lyon, 1895) s'en
occupe,
il est vrai, mais surtout au point de vue tout spé¬
cial du traitement
ultérieur
en casde récidive.
Aussi
après quelques recherches sur ce qui a pu être
publié
surce sujet, il nous a paru intéressant d'essayer de
donner autant que
possible un aperçu général sur l'en¬
semble de
la question.
Dupuy 2
CHAPITRE
IIINDICATIONS
De
l'analyse des multiples observations
que nous avons consultées et dont nousrapportons
uncertain nombre,
on
peut tirer des indications précises
pourles interventions incomplètes dites de marsupialisation dans l'ablation
deskystes de l'ovaire. Elles
peuventse ramener à deuxgrands chefs, les adhérences
etl'inclusion.
Un
kyste de l'ovaire
à enlever est uneopération très
aisée à conduirequand il n'existe
pasd'adhérences, la
tumeur est énucléée en un
temps très
court,ponctionnée,
on lie le
pédicule
et ohpeut
en toute sûreté refermer le ventre: la maladeguérira très bien.
Mais lesdifficultés deviennent considérables
quantil s'agit d'adhérences
an¬ciennes et serrées.
Récentes,
on en vient souvent et aisé¬ment à
bout,
avecles doigts
oudes intruments
appro¬priés
;quelquefois cependant, dans les adhérences
un peuplus anciennes, des
vaisseaux se sontorganisés
;à leur
niveau et tant que
durera le décollement, il
sefera de
l'hémorrhagie
en nappedont
ondevra
sepréoccuper.
Mais il existe surtout une variété
d'adhérences
très redou¬tées,
que,malheureusement, il
est difficile dediagnosti¬
quer sans
quoi
onn'aurait peut-être
pastenté l'interven¬
tion. Ce sont celles
qu'il
estdangereux
ouimpossible de
détacher
:l'ancienneté
dukyste,
sonvolume, le frotte¬
ment que
la
tumeur exerce sur lepéritoine pariétal, l'in¬
flammation
desparois
en sontles points de départ.
Les
adhérences, quand elles
sontlimitées,
ne compren-— 19 —
nent que
quelques centimètres carrés, existent ou plutôt
peuvent exister sur tous les points du péritoine pariétal
antérieur ;
elles siègent cependant plus particulièrement
dans le
voisinage de l'ombilic. Mais elles ne mettent le
chirurgien dans la nécessité de ne faire qu'une interven¬
tion
incomplète,
unemarsupialisation, que quand elles se
trouvent entre
le kyste et des viscères importants. Par¬
fois,
eneffet,
cesadhérences s'établissent
avecl'intestin grêle
:très intimes alors, elles semblent englober les vis¬
cères au
point de créer une confusion et de faire croire
que
l'intestin même est un prolongement de la tumeur. Et
encore elles sont
relativement faciles à détacher,
parexemple, quand cette union, cette adhérence ne se fait
que sur un espace
de deux ou trois centimètres carrés.
Quand,
aucontraire, elles occupent la moitié, les trois
quarts de la circonférence de l'intestin, elles constituent
une véritable indication et, au
lieu de laisser libre dans
la cavité
péritonéale, l'anse intestinale et le lambeau, il
est
préférable de les fixer à la paroi abdominale.
Dans l'une des observations
de M. Boursier, le kyste
était adhérent de
partout
aucôlon descendant et ces
adhérences étaient absolument
intimes. Le kyste s'était
même
logé
enarrière du péritoine.
Les adhérences
épiploïques également sont très inti¬
mes et très
vasculaires, mais beaucoup moins importan¬
tes. Les
vaisseaux,
eneffet,
etsurtout les veines,
sedéve¬
loppent d'une façon exagérée;
onles voit ramper à la
surface du
kyste. Dans
cesconditions, il est peu prudent
de tenter de détacher tout uniment
les adhérences
: ons'exposerait à des hémorragies graves.
Mais celles
qui constituent une indication formelle, sont
incontestablement les adhérences
étendues. Par elles, la
tumeur est maintenue
immobile
parla moitié
ouquel¬
quefois la
presquetotalité de sa surface à des organes de voisinage (foie, rein, colonne vertébrale, vessie, utérus,
artères,
surtoutl'intestin)
: cesont les
castrès
ennuyeux-20-
cle l'ovariotomie dans
lesquels la marsupialisation
est toutindiquée. Formelle aussi
estl'indication de marsupiali-
ser,
quand,
enface d'adhérences nombreuses, intestinales
ou autres,
le décollement
avec ou sans incidents menacede se
prolonger
untemps très long, au-delà d'une heure
environ. Parfois
aussi,
et ce sont d'excellentes raisons demarsupialiser, il existe des adhérences solides
commedans la deuxième observation de M.
Boursier,
oùle bas-
fond dukyste paraissait formé d'une partie dure.
Dans les
kystes inclus, les difficultés opératoires
sont considérables. Ainsi quel'a
nettementfait voir Terrier,
la cause en est en ce que,
dans de semblables
tumeurs,au lieu d'un seul
pédicule vasculaire, il
y en adeux laté¬
raux. Le
pédicule
externe estformé
parles vaisseaux utéro-ovariques
;l'interne
estformé
parles vaisseaux uté¬
rins. Les vaisseaux se sont dilatés et servent à la nutri¬
tion du
prolongement kystique infiltré dans le ligament large. On comprend aisément
que,dans
cesconditions,
les sections
qui, pendant l'opération, viendront intéresser
ce tissu
vasculaire, donneront
unegrande quantité de
sang
et seront susceptibles d'amener des complications opératoires. D'autre part, l'utérus
estrepoussé, la vessie
remontée et très
exposée
auxblessures
parinstruments.
Quant
auligament large, il s'étale à la surface de la
tumeur, sedéveloppe
avecelle
ensubissant
unehyper¬
trophie considérable.
Que faire
enprésence d'une
tumeurkystique de
cegenre? Lorsque la poche
estincomplètement incluse,
onpeut, à l'aide de
manœuvresdouces
etpatientes, d'attou¬
chement des surfaces
saignantes
authermo-cautère
etde quelques ligatures, obtenir le décollement.
Les
kystes ovariques à inclusion complète et les kystes
du
parovaire doivent être traités
aussi parla laparotomie.
Ap rès avoir
ouvertle
ventre et incisé le feuillet duliga¬
ment
large
presque surle kyste,
onpratique
sonévacua¬
tion.
Olshausen
recommande d'inciser lepéritoine
versla
— 21 —
base de
la
tumeur.'De cette façon, l'hémorragie est moins
considérable
etl'énucléation plus facile. La ponction faite,
on
cherche
àdécortiquer quand la tumeur est énucléa-
ble,
on essayede faire l'hémostase la plus complète de la
vaste
cavité béante;
onrésèque, dans ce but, le plus possible du ligament large et on en suture ce qui reste
du côté
du
ventre, avec ou sansdrainage par le vagin.
On
peut arriver parfois au même résultat en tampon¬
nant
simplement le ligament. Mais parfois aussi il est indispensable de marsupialiser, c'est-à-dire de suturer les
bords de la
poche à la plaie abdominale et de le tampon¬
ner avec soin.
Dans
quelques cas exceptionnels, l'extirpation présente
des difficultés énormes.
Il n'existe
pasde pédicule et la
base du
kyste repose profondément dans le petit bassin.
On tente de
disséquer la tumeur et l'on commence en général du côté en rapport avec l'utérus. Mais les doigts
cheminent
inutilement dans les parties adhérentes ou bien
on craint de
blesser soit l'uretère, soit l'artère utérine,
soit touteautre
branche des vaisseaux iliaques. La marsu- pialisation est alors une ressource extrêmement précieuse.
Il est évident que
les indications varient suivant la
nature des
kystes; cela tient aux résultats différents que
donne la
marsupialisation selon que l'on a affaire à des
kystes séreux du ligament large, des kystes dermoïdes,
des
kystes multiloculaires. Quand, en effet, il s'agit de
kystes séreux du ligament large et des kystes dermoïdes,
le résultat étant souvent
excellent et la cavité kystique se
comblant entièrement, on
n'a
pastrop à hésiter : pour peu
que
les adhérences soient un peu serrées, la marsupialisa¬
tion doitêtre faite.
Il importe surtout de retenir ceci; c'est
qu'il faut autant que possible marsupialiser seulement les
kystes uniloculaires.
Au
contraire, dans les kystes multiloculaires les résul¬
tats étant
médiocres, la
tumeurtendant incessamment à
récidiver, la fistule abdominale pouvant persister indéfi-
- 22 —
niment, la suppuration interminable exposant à la septi¬
cémie
chronique et à l'épuisement,
on nedevra
avoirrecours
qu'à la dernière extrémité
à ceprocédé incomplet
d'ovariotomie.
Et si l'on se souvient en outrequ'il
estpossible, dans
ces cas,qu'une tumeur préexiste déjà
surl'autre
ovaire,
surcelui qui n'a
pasété touché
et quetrès rapidement elle peut
sedévelopper,
onn'usera dans
lescas de
kystes muïtiloculaires de la marsupialisation
que forcé et contraint et autant quepossible,
ondevra
s'effor¬cer de transformer le
kyste multiloculaire
enkyste unilo-
culaire ne
proliférant
pas.En
résumé, l'opération incomplète
nedoit être faite
quequand, arrêté
pardes adhérences trop intimes
ettrop vasculaires,
on nepeut
songerà terminer l'opération
sans exposer samalade à
unehémorragie
grave etdifficile
à arrêter. Il y encoreindication quand le kyste adhère for¬
tementà des viscères
qui
seront, parsuite de l'irritation traumatique consécutive, capables de
compromettrefata¬
lement la vie du malade : les
kystes inclus dans les feuil¬
lets du
ligament large sont
souventdans
ce cas.Enfin une indication
importante de la marsupialisation
est l'altération des
parois de l'intestin provoquée
parles
adhérences et les tractions exercées sur elles.
L'ablation
incomplète présente deux avantages certains
sur l'abstention
complète
:1° elle
permetl'ablation
par¬tielle de la tumeur;
2° elle diminue
le volume de lapoche
soumise à la
suppuration.
On
objecterait peut-être
quedans
ungrand nombre de
cas où il existait des
adhérences
trèssolides,
très vascu¬laires avec
l'utérus, la vessie, l'intestin; des
cas où laparoi du kyste était très friable,
oùle kyste s'était même rupturé
parplace, le
ventre a été refermé et laguéri
son s'est faitequand même. Cela
prouvequ'on
nepeut éta¬
blir de
règles absolument précises
ausujet de l'indication
de la
marsupialisation.
CONTRE-INDICATIONS
Il ne faut pas
les confondre avec les contre-indications
de
l'ovariotomie.
Elles sont extrêmement
restreintes,
ondoit
poser enpremière ligne que la marsupialisation est contr'indiquéc
toutes les
fois qu'on peut extirper le kyste même en cou¬
rant
quelques dangers.
Quand la malade est très affaiblie, d'un état général
mauvais, on
l'expose beaucoup par la longueur des suites,
la
suppuration interminable de la poche, etc. Et s'il n'est
pas
possible de décider a priori que l'intervention ne
doive pas
être faite, on comprend que le chirurgien regarde
à deux fois avant
de la
tenter, et y renoncemême quel¬
quefois.
D'autre
part, si la nature du kyste est franchement épi-
théliale et si
la néoplasie
aenvahi différents organes du
bassin et de
l'abdomen,
onn'a
pasà hésiter, la marsupia¬
lisation n'est pas
de mise et il ne reste au chirurgien, après
avoir débarrassé
l'abdomen de l'ascite qu'il renfermait, qu'à refermer le ventre tout uniment. Péan, dans ses leçons
de
clinique chirurgicale 1886, rapporte deux cas où un
cancer de l'ovaire
ayant envahi le péritoine, il lut obligé de
procéder de la sorte.
Enfin
l'opérateur peut se trouver, la chose arrive très
rarement, en
présence d'un kyste dermoïde petit, intra-
pelvien, impossible à énucléer. Dans ces conditions, il lui
est
impossible de tenter la marsupialisation, les parois du
kyste
nepouvant être mises en rapport avec la plaie abdo¬
minale. 11 ne lui reste
plus alors qu'à refermer aussitôt le
ventre,
quitte, s'il se produit des accidents consécutifs, à
pratiquer l'incision vaginale suivie du drainage delà cavité
kystique.
CHAPITRE
IIIPROCÉDÉS OPÉRATOIRES
Les
procédés opératoires varient
peu.Nous signalerons
ceux que
préconisent les
ouvragesclassiques
et ceuxqui
ont été
employés dans les interventions
dont nousportons les observations
au cours de notre travail. rap¬Forgues et Reclus recommandent,
pour amener et su¬turer à la
paroi pariétale la calotte inextricable, de
saisir par unecollerette de pinces la poche froncée
àgrands plis et tirée
par unaide au-dessus du
ventre;de fixer
à laplaie abdominale
par unecollerette de points concentri¬
ques
pénétrant la paroi
enpleine épaisseur
etde
consoli¬der par une
série de points qui n'intéressent
quela
peau et lapoche, après quoi
onlave
etondraine
avec de la gazeiodoformée.
Pozzi, dans
son Traitédegynécologie, indique la techni¬
que
suivante
:On
commence d'abord parfermer
toutela partie supérieure de la plaie abdominale,
nelaissant
libreà son
angle inférieur
quel'espace jugé nécessaire
pourl'accomplissement de la
manœuvre. Lapoche
ouverte est maintenue élevée au-dessus du ventrepar un
assistant,
à l'aide de
pinces. Si cela
estnécessaire,
on yménage
unou deux
grands plis dont
on assurela
permanence par unpoint de
suture.Puis
onassujettit le pourtour de la poche,
modérément
tendue,
enpassant
en couronne une série depoints de
suture àla
soie fortequi traversent
toutel'épais¬
seur de la
poche
et toutecelle des parois abdominales, à
deux centimètres des bords dela
plaie. Chaque point doit
— 25 —
être
immédiatement tangent à son voisin. On fait ensuite
une
deuxième rangée de points de suture superficiels
réunissant
la
peauseule à la poche. On en nettoie soi¬
gneusement l'intérieur, on enlève toutes les végétations
et tout
le revêtement
muqueux;on la lave au sublimé et
on y
place un gros drain percé seulement de deux trous
à la
partie inférieure et autour duquel on tasse douce¬
ment de
la
gazeiodoformée.
Payre, dans sa thèse, indique la technique employée à
Lyon à la clinique gynécologique. On tâche d'abord de
disséquer, dans les limites du possible, les adhérences
susceptibles d'être libérées et, lorsqu'il devient impossible
de
décortiquer,
onattire par des tractions progressives,
continues et sans secousses
brusques, toute la partie
énucléable de la
tumeur.On continue avec beaucoup
d'insistance ces
tractions pendant quelques minutes, de
façon à permettre à l'élasticité des tissus de laisser venir
en dehors
la plus grande partie possible des parois kys¬
tiques. Ce résultat obtenu, on incise la partie supérieure
de la tumeur que
l'on réséquera en assurant l'hémostase,
au fur et à mesure
de l'incision,
pardes pinces à forci-
pressure.
C'est à ce moment que l'on commence à placer
des
points de suture et on n'achève l'ablation des parois
de la tumeur
qu'après en avoir suturé la plus grande
partie
auxparois abdominales.
Les sutures sont
disposées de telle sorte que le fil tra¬
versant les
téguments, les couches musculo-aponévroti-
ques,
puis la paroi kystique, vienne ressortir tout près de
son
point d'entrée et puisse être serré fortement sur lui-
même par un
double nœud de sûreté. Il en résulte un
accollement
parfait de la paroi kystique entre l'aponévrose
des muscles droits et une sorte
de froncement et de repli
de cette
paroi
surelle-même (analogue aux replis de fer¬
meture d'une
bourse). Ces replis ou anses, énergiquement
serrés entre les
fils de ligature, présentent l'avantage de
fermer dans leurs
froncements
tousles vaisseaux, gros et
— 26 —
petils, dont les parois kystiques
sont engénéral si abon¬
damment
pourvues etde réaliser
ainsi unehémostase complète.
M.
Laroyenne
estd'avis de
faire lespoints de
sutureaussi
rapprochés
quepossible. Il
conseille en outre decompléter la fermeture
et de la rendreabsolument
hermé¬tique
enentrecroisant
les anses de suture. Pour obtenirce
résultat,
oncomprend dans
une ansesupplémentaire
à cheval sur ses deux voisines leléger intervalle de tissus, paroi péritonéo-kystique, couche musculo-aponévrotique
et peau,
séparant les points de
sutureprimitifs.
On
pratique ainsi
unesérie de suturesséparées sembla¬
bles, aussi rapprochées
quepossible
et onachève
de résé¬quer ce
qui
restede la partie supérieure de la
tumeurkystique. On
se trouve avoir ainsi créé une sorte depoche abdominale
dont le fond est constitué parla paroi périto¬
néo-kystique de la
tumeur et lesbords,
par cettemême paroi
recouvrant les muscles droits avec leursaponé¬
vroses,
le
tissu cellulaire et la peau.M.
Boursier, généralement,
suturele péritoine
ausurjet
de
façon
àdiminuer
de moitié lapartie inférieure de la plaie, puis
pourmarsupialiser la poche, il
enattire
uneportion
audehors
et la fixe tout autour aupéritoine
et aux muscles pardes points rapprochés à la soie fine.
Puis onincise la
poche
et on suture les muscleset la peau aucrin
de
Florence.
Le
drainage à la Mikulicz doit toujours être fait
et rester huit à dixjours
pourêtre ensuite remplacé
pardes mè¬
ches de gaze
iodoformée.
Le tout recouvert d'un panse¬ment
antiseptique.
Ap rès les
sutures etl'excision
de laparoi, doit-on s'oc¬
cuper
de la paroi interne du kyste
etintervenir
surelle?
Certains
auteurs pensent quela chose
estinutile, d'au¬
tres,
la plupart,
ne manquent pasde la
curetter.Dans les cas de
kystes uniloculaires
oudans
leskystes
dermoïdes, il
estgénéralement inutile
de fairequelque
— 27 _
chose.
Mais clans les
casde kystes multiloculaires, où il
existe
des cloisons
etdes végétations exubérantes, on ne
doit pas
manquer de faire avec le doigt disparaître les
premières et de débarrasser le plus possible avec une
curette mousse
la poche de
seséléments glandulaires et proligères. Des attouchements au thermo-cautère donnent
également de bons résultats.
La
méthode lyonnaise consiste, après avoir gratté la
paroi au doigt, à la curette, ou à la rugi ne et fait un lavage
antiseptique et une toilette soignée de la cavité, à dispo¬
ser dans son
intérieur des flèches de chlorure de zinc et
cela dans un
double but: 1°
pourachever, par la cautéri¬
sation, la destruction des éléments proligères de la mem¬
brane
kystique; 2° pour provoquer, s'il est possible, une
inflammation
adhésive cjui aboutira à l'accollement des
parois et à la cicatrisation totale de la plaie par ce procédé,
après
unesuppuration plus ou moins longue, mais qui, en général, n'excède pas cinq à six semaines.
En résumé,
le procédé opératoire consiste à suturer la
poche kystique, selon les uns, avant de l'avoir incisée,
selon les autres,
après l'avoir incisée et même excisée, à
gratter la paroi, à en faire un lavage antiseptique, à la cau¬
tériser
parfois tout de suite, enfin et surtout à la drainer.
CHAPITRE IV
PRONOSTIC
Le
pronostic cle la marsupialisation doit être établi
etau
point de
vuede l'opération
en tantqu'intervention chirurgicale
et aupoint de
vuede
sessuites.
Au
point de
vueopération, théoriquement elle différe¬
rait peu
de 1 ovariotomie proprement dite. Les chances
d'infectionimmédiate, de complications péritonéales
ne sont pasplus considérables dans la marsupialisation. On
est bien défendu contre la
péritonite
parles diverses
su¬tures minutieusement
faites, ainsi
que nousles
avonsin¬
diquées plus haut.
En
effet,
pouréviter
cetaccident rapidement mortel, l'opérateur, après avoir pris des précautions antiseptiques rigoureuses, diminue l'incision abdominale
s'il a étéobligé
de la faire
longue, place des points de
sutureprofonds
etsuperficiels, enfin
suturela paroi kystique et
sansrétrécir l'ouverture
destinée au passagedes liquides qui s'écou¬
lent, il veille
surtout à cequ'elle soit aussi
peuconsidé¬
rable que
possible.
D'autre
part, si dans les laparatomies de
cette nature lechirurgien prenait le bistouri
pourfaire, de
proposdé¬
libéré,
unemarsupialisation, le shock opératoire serait
peu
de chose
et nedevrait
pas entrer enligne de compte.
En
réalité, dans la pratique, il n'en
est pasainsi, la
mar¬supialisation
ne sefait qu'au dernier
moment,après
que lechirurgien
aessayé vainement
etlongtemps de dé¬
truire des adhérences serrées et
étendues,
carla condi-
— 29 —
tion
des succès dans les interventions sur le ventre, en
dehors
de la question d'antiseptie et de propreté, est la
rapidité de l'opération. La malade qui a subi une ovario-
tomie
incomplète de ce genre se trouve, par conséquent,
dans de
moins bonnes conditions : le traumatisme est
considérable
pourelle. Malgré tout, ainsi qu'il résulte des
diverses
statistiques que nous verrons plus loin et de la
lecture
des observations que nous rapportons, les ma¬
lades
échappent presque toujours à ce premier danger.
Le
pronostic des suites est sérieux : un certain nombre
de
complications menacent plus ou moins les opérées: ce
sont
d'abord
cettesuppuration longue, interminable par¬
fois, qui les épuise et peut leur être fatale: ensuite la per¬
sistance
d'une fistule abdominale, les récidives, ainsi que
nous en
rapportons plusieurs cas ; enfin on a même vu
une
dégénérescence maligne se montrer au niveau de la
plaie.
Mais les
statistiques vont nous fixer sur la mortalité
causée par
tous ces accidents qui peuvent survenir après
la
marsupialisation. Nous allons en passer quelques-unes
en revue.
Dans les
premières statistiques que Spencer Wells fit
paraître, il avait sept fois fixé à la paroi abdominale la
poche kystique ouverte : il eut quatre morts, deux guéri-
sons et une
guérison temporaire suivie de récidive. Dans
deux cas,
la mort se produisit très rapidement les troi¬
sième et
quatrième jours; dans les deux autres, elle fut
plus tardive et n'arriva qu'au bout de dix à vingt jours.
Sur les dix
opérées dont Spencer Wells publie l'obser¬
vation en
1878, quatre guérirent, deux d'entre elles après
une très
longue suppuration; une autre guérit, mais mou¬
rut de cancer un an
après; chez deux autres, le résultat
estinconnu, car
la première partit au bout de vingt-quatre
jours et la seconde était très faible quatre mois après son
opération. Enfin, trois moururent au bout de 13, 22,
52
jours.
— 30 —
Si l'on réunit les deux
statistiques,
on ales
résultats suivants :i 2rapides.
7 morts,
j
/ 5 tardives.
14définitives
2 aprèsi longueosans
suppuration.riparticularité.
1 suivie de mort par cancerau bout d'un an.
1 guérison temporaire.
2résultats
inconnus,
dont 1 probablement fatal.Si,
comme le conseilleTerrier,
on ne tient pascompte
des résultatsinconnus,
on a sur 15 cas,7
morts,7 gué-
risons et I
guérison temporaire, soit
un peuplus de 50 °/0
de
guérisons.
Dans les
statistiques publiées
parPéan
en1876
et1879,
on trouve :
17 guérisons.
I 1 cas de shock.
I
4 péritonites.9morts.
1 P™cardite.
j 1 manie aiguë.
I 1 entérite
aiguë
etrhumatisme le 36ejour.\ 1 cause non
indiquée.
Il
s'ensuivrait
quePéan aurait guéri 65 0/0 de
sesopé¬
rées.
Le seul cas de
Kœberlé
ne fut pasheureux
: untube
àdrainage lut placé dans la poche
et yfut maintenu
pen¬dant
près de deux
ans;la fistule
ne putjamais être
tariecomplètement. D'autre part, l'ovaire droit qui n'avait
pas étéenlevé, prit
peuà
peu undéveloppement anormal
; on dut lui faire uneponction
etenfin la
malade mourut dans le marasme huit ansaprès.
Les résultats obtenus varient selon
l'espèce et même la
— 31 -
variété
du kyste à laquelle on aura affaire. Les statistiques
de
Spencer Wells ne nous éclairent pas sur ce point inté¬
ressant : on y
trouve cependant deux kystes multilocu-
laires
(l'un extra-ovarien, l'autre du ligament large) don¬
nant une
guérison et un cas de mort.
La
statistique de Péan, à ce point de vue, est plus
explicite
:m
.2 12 uniloculaires 11 succès.
"S 3 succès.
6multiloculaires 3 morts.
'P. 3
succès.
s
S-I 5 mixtes 2 morts.
c3
g
CO 2aréolaires 2 morts.
u
0 1 nature inconnue 1 mort.
Si nous réunissons
dans
unmême chapitre les kystes
multiloculaires, mixtes et aréolaires, on arrive au résultat
suivant :
(
11 succès.
12 kystes17
uniloculaires
(1 mort..( 6 succès.
13kystesJ
multiloculaires, aréolaires et mixtes.
. . .j
(7_morts.Si nous essayons
d'établir une statistique sur les obser¬
vations que nous
rapportons dans notre thèse en y ajou¬
tant : Une observation
de Winckel (Path. cler Weibl. sex.
org., p.
364), multiloculaire, guérison après deux mois;
deux de W.
Tauffer (Wien. med. Woche/i., 1885); une extra-péritonéale, uniloculaire (?), guérison avec fistule
persistante; l'autre uniloculaire, guérison après trois mois;
une
d'Olshausen, in Pitha et Billroth, kyste papiliaire,
mort \ une
de Terri lion, Bulletin général de thérapeutique,
kyste à inclusion totale, guérison.
— 32 — Voici le tableau que nous avons :
26mai
( 9 complètes.
12oupeut-être 13 uniloculaires. 12pensons. . . 0 1A1
( 3 oupeut-etre4 incomplètes.
t 1 complète.
^
| 11 multiloculaires. 3 morts, 6 guérisons.
.j
rcomp^tes
Nous avons donc le droit de tirer les conclusions sui¬
vantes
qui
serapprochent de celles
queTerrier avait
avan¬cées dans son article de la Revue de
chirurgie
:1° Les
rnarsupialisations donnent des
résultats différents suivant la naturedukyste;
2°
Lorsque la tumeur
estuniloculaire
/ le résultatparaît
3°
Lorsqu'il s'agit de kyste dermoïde ( excellent
; 4° Dans leskystes multiloculaires, les résultats
sont debeaucoup moins bons.
Nous faisons toutefois des réserves en ce
qui
concerne l'absolue véracité de lastatistique
que nousrapportons
:nous
craignons,
eneffet,
queles suites aient
été un peuperdues de
vue oumal observées
et sommes convaincu quesi, dans
tousles
cas,les malades
avaient été revuespendant
uncertain temps (un
an,deux ans), la proportion
des
guérisons aurait certainement diminué.
Tableau synoptique des résultats
d'i
AUTEURS OBSERVATIONS NATUREDU KYSTE
Boursier lre observation. Uniloculaire.
2c observation. Id.
BrindeletGervais. » Id.
Condamin lreobservation. Multiloculaire.
2« observation. Uniloculaire.
Péan » Multiloculaire.
Guyon » Dermoïde.
Cazin » Uniloculaire.
Terrier » Multiloculaire.
Périer » Uniloculaire.
Heydenreich » Dermoïde.
Rohmer lre observation. Multiloculaire.
2e observation. Uniloculaire.
Thèse Nancy » Multiloculaire.
Id » Multiloculreinclus
Id » Multiloculaire.
Villar 3 observations. Uniloculaire.
Monod 1 observation. Uniloculaire.
Terrier 1 observation. Multiloculaire.
les Observations que nous publions.
TERMINAISON
Une seuleopération.Guérison
incomplète. Sortie 3 mois après
;avecencoreunpeude
suppuration.
La malade n'estpas encore
sortie de l'hôpital, guérison très
avancée, toutpetittrajet
fîstuleux.
Guérisoncomplète.
lreopération.
Récidive.
2eopération 6 ans
après, guérison complète
aubout de 2 mois.
lr* opération.
2c opérationaubout de
4 mois, guérison absolue 3 mois après.
Guérison aprèsrécidive.
Guérison 1moisaprès.
Guérison 2 mois après.
Sort2 mois après entrèsbon état.
Au bout d'un mois
suppu-ration. Mortau bout de 6mois.
Sort 7mois après l'opération.
Mauvais état. Suppur. fétide.
Sortie 2mois aprèsavecfistule.
Sortieavectrajetfistuleux6 mois
après.
Guérisoncomplète5 mois après.
Mort3 semainesaprès.
Mort2jours après.
Mort 2 mois après.
Guérisoncomplète.
2 moisaprès opération.
Fistule continuant à suppurer.
Ligatures
atrophiantes
surles pédicules. Guérison.
CHAPITRE Y
TERMINAISONS. MODES DE GUÉRISON
Après
unemarsupialisation, deux alternatives
peuventse
présenter
: oubien le kyste marsupialisé guérit
parin¬
flammation adhésive et destruction de sa couche
proli- gère
etl'on n'aura
pasà
sepréoccuper de lui,
oubien la poche continue à
sécréter et même àproliférer.
1° Dans le
premier
cas,la malade
se met à suppurerpendant longtemps et
peuà
peula poche tend à
se rétré¬cir ;
partie
sousl'influence de la distension
de l'intestinet de
l'estomac, partie
sousl'influence du
retrait propre de la couche non mortifiée desparois kystiques
: nous y reviendronsplus tard.
Quoi qu'il
ensoit, la malade
suppurelongtemps, plus longtemps
que nele déclare Péan qui
pose enprincipe
que
l'on peut dire
quela guérison
estla règle après la cinquième
ousixième semaine.
C'est même là lapériode dangereuse de
cettefaçon d'intervenir
dans leskystes ovariques, période pendant laquelle la malade
estépui¬
sée, affaiblie, cachectisée.
Puis laplaie
serétrécit, la
po¬che
disparaît
ets'il
nepersiste
pasde fistule, la malade peut être considérée
commeguérie.
Que s'est-il passé ? L'anatomie pathologique pourrait peut-être
nousédifier, mais l'examen
despoches kysti¬
ques
marsupialisées n'a guère été fait
au momentde l'in¬
tervention.