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Submitted on 1 Jan 1980
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Protéolyse in vitro de caséine et de gluten par les enzymes pancréatiques
Marie-Claire Camus, J. C. Laporte, P. Pocholle
To cite this version:
Marie-Claire Camus, J. C. Laporte, P. Pocholle. Protéolyse in vitro de caséine et de gluten par les
enzymes pancréatiques. Reproduction Nutrition Développement, 1980, 20 (4A), pp.1025-1039. �hal-
00897705�
Protéolyse in vitro de caséine
etde gluten
par les enzymes pancréatiques
Marie-Claire
CAMUS,
J. C.LAPORTE,
P. POCHOLLE.
Unité de Recherches sur la Nutrition et l’Alimentation, U. 1. de l’INSERM, Hôpital Bichat,
170 Bd. Ney, F-75877 Paris Cédex 18.
Summary.
In vitroproteolysis of casein
andgluten by pancreatic
enzymes.The time-course of
proteolysis
of casein andgluten by
pancreatic enzymes(trypsin, chymotrypsin,
pancreaticjuice)
was studied in vitro with various concentrations of enzymeor substrate. The effect of a previous peptic
proteolysis,
with or without sodiumphytate,
on
proteolysis by
pancreatic juice was also studied.Proteolysis
was evaluatedby
measuringthe nitrogen in products solubilized in trichloroacetic acid
(peptides
+ aminoacids)
andin
phosphotungstic
acid(amino acids).
Without a previous peptic
proteolysis,
at a lowenzyme/substrate
ratio, the release ofpeptides
and amino acids was greater for casein than forgluten.
At ahigh enzyme/sub-
strate ratio, peptide release
by
pancreatic juice andchymotrypsin
was quite similar for casein andgluten
but amino acid release was a little less for gluten.After a previous
high
pepticproteolysis
without sodium phytate, pancreatic juice pro-teolysis,
at a lowenzyme/substrate
ratio, was increased.Peptide
release was similar for casein and gluten but amino acid release was a little less for thegluten.
With sodiumphy-
tate, the release of
peptides
was quite similar for casein but was less for gluten. The release of amino acids was diminished in both cases.Thus,
gluten
was more resistant than casein to the action of pancreatic enzymes.Nevertheless, this was not
necessarily
observed when those enzymes were used for pro-teolysis
at ahigh enzyme/substrate
ratio orfollowing
ahigh
pepticproteolysis.
The differences between casein and
gluten proteolyses
have been discussedaccording
to the
specific
action of the pancreatic enzymes.In conclusion, in comparing the
proteolyses
of various foods, it is important to usevarious
enzyme/substrate
ratios.Introduction.
La
protéolyse
de la caséine et dugluten
par les enzymespancréatiques
donne lieuà des résultats souvent
opposés lorsque
leur action estprécédée
de celle de lapepsine.
Dans une étude antérieure in vitro
(Camus
etal., 1973),
nous observions pour legluten,
comme Zimmermann-Nielsen et Schonheider(1962)
pour l’une de ses frac- tionsprotéiques,
lagliadine,
unedégradation
par latrypsine
moindre que celle de lacaséine,
et deplus,
une atténuation très nette des différences entre ces deux substrats soumispréalablement
à l’action de lapepsine.
Demême, après
uneprotéolyse pepsique,
les valeurs obtenues pour legluten
par Blanc(1977),
avec unmélange trypsine
-!-chymotrypsine,
ou par Akeson et Stahman(1964),
avec de lapancréatine,
sont inférieures à celles de la caséine. Par contre, celles obtenues
par Moutonnet (1967)
ou par Suschetet
(1969),
avec unmélange trypsine
!-peptidases,
sont soitégales
dansles deux cas soit le
plus
souventsupérieures
pour legluten.
ln vivo, les
expériences
réalisées parRogers
etal., (1960)
chez le rat, montrent que la teneur en azote total des contenus intestinaux, dans les heures suivantl’ingestion
de caséine ou de
gliadine,
est faible et du même ordre sauf autemps
2 heures où elleest un peu
plus
forte pour lagliadine.
Des résultatsanalogues
sontobservés,
chez lerat, par Rolls et al.
(1972)
et, chez le porc, par Zebrowska(1973)
pour les teneurs enazotes insolubles et soluble des contenus intestinaux.
Dans un
premier
essaid’explication
de ces résultatspouvant
être liés à des condi-tions différentes de
protéolyse
par lapepsine et/ou
par les enzymespancréatiques,
nous avons montré
qu’en augmentant
lerapport enzyme/substrat
et la durée de laréaction,
les différences deprotéolyse
entre la caséine et legluten disparaissaient
avec la
pepsine (Camus
etSautier, 1972)
et diminuaient avec latrypsine (Camus
etal., 1973).
Parailleurs,
nous avons mis en évidencel’importance
pour la caséine et surtout pour legluten,
d’une action de lapepsine préalable
à celle de latrypsine (Camus
etal., 1973)
et une inhibition de leurprotéolyse pepsique
par lephytate
desodium
(Camus
etLaporte, 1976).
Notre
objectif
a donc été de rechercher d’abord les effets durapport enzyme/
substrat et de la durée de la réaction sur la
protéolyse
de ces deux substrats par les enzymespancréatiques
seules ou associées(trypsine, chymotrypsine,
sucpancréatique) puis
ceux d’uneprotéolyse préalable
par lapepsine,
avec ou sansphytate,
sur cellepar du suc
pancréatique.
La
quantité
et la nature desproduits
de la réactionpeuvent
différer pour un même substrat selon les enzymes et pour une même enzyme selon les substrats.Aussi,
pour évaluer laprotéolyse,
nous avons dosé l’azote desproduits
solubles dans les acidestrichloracétique (peptides
+ acidesaminés)
etphosphotungstique (acides aminés).
Cette étude
analytique
devrait doncpermettre
de déterminer si legluten
soumisà la seule action des enzymes
pancréatiques peut
subir uneprotéolyse équivalente
ousupérieure
à celle de la caséine ou si ce résultat nepeut
être obtenu que si l’action de ces enzymes estprécédée
de celle de lapepsine.
Matériel et méthodes.
a)
Matériel.1)
Substrats.-
2) Enzymes.
-
Pepsine
de porc cristalliséeWorthington (2600 unités/mg) ;
-
Trypsine
de bceuf cristallisée Armour(3 500 unités/mg) ;
.-
Chymotrypsine de.boeuf lyophilisée Armour (1
500unités/mg) ;
- Suc
pancréatique
de rat obtenu par fistules(Laporte
etTrémolières, 1973),
activéspontanément
à - 20O C,
de concentrations entrypsine (3,5 mg/ml)
et enchymotryp-
sine
(4,0 mg/ml),
déterminéesrespectivement
surbenzoylarginine-p-nitroanilide
ouBAPNA
(Bieth
etal., 1966)
et sursuccinyl-phénylalanine-p-nitroanilide
ou SUPHEPA(Bieth
etal., 1968),
par référence à des enzymes pures Armour.3) Ef!ecteur : Phytate
de sodiumanhydre
I.C.N.b)
Méthodes. -1)
Conditionsexpérimentales.
Lesexpériences
avec les enzymespancréatiques,
sans
protéolyse pepsique préalable,
sont faites à37 !C,
dans une solution de KrebsRinger
bicarbonatée( * ) (Umbreit
etal., 1957),
depH 7,3,
saturée encarbogène,
sousagitation magnétique.
Le volume du milieu réactionnel est de 25 ml. Les concentrations finales du substrat et de
l’enzyme
pure ou incluse dans le sucpancréatique
ainsi que la durée de la réac- tion sontindiquées,
pourchaque expérience,
dans lesfigures correspondantes.
Aux divers
temps,
onprélève
100 à 500!,1
du milieu réactionnel que l’onajoute,
sous
agitation,
à un volumeégal
d’acidetrichloracétique 1,2
M ou d’acidephospho- tungstique 0,02 M,
contenu dans un microtubeplastique Eppendorf de 1,5
ml.Après
un
temps
de contact de 10 min environ, entre le réactif deprécipitation
et le milieuréactionnel, on centrifuge
à9 800 g, puis
on dose l’azote dusurnageant
selon Ici méthodede Berthelot
(Sautier, 1973), après
minéralisation en milieusulfurique
concentré,avec
S0 4 CU
etS0 4 K 2’
commecatalyseurs.
Une éventuelle
protéolyse pepsique préalable
a lieu à37 ° C,
àpH 2,0,
en milieuchlorhydrique,
sousagitation magnétique.
Le volume du milieu réactionnel est de
12,5
ml avec des concentrations finales dusubstrat,
del’enzyme
et de l’effecteuréventuel, respectivement
de 4mg[ml
en azote,1
mg/ml
enpepsine,
25mg/ml
enphytate
de sodium.Après
1 h deprotéolyse pepsique,
le milieu réactionnel est
ajusté
àpH 7,3
par NaOH environ0,02
N en concentration finale etcomplété
à 25 mi par une solution de Krebs bicarbonate de concentration double.2) Statistiques.
Les moyennes(m)
suivies del’écart-type
de la moyenne(s m )
et dunombre
d’expériences (n)
sontcomparées
en déterminant par le test F lasignificativité
de leurs différences. Ces différences sont dites très
significatives
pour un seuil de pro- babilitéP 6 0,01, significatives
pour0,01
<P < 0,05,
nonsignificatives
pour P >0,05.
(
*
)
Cette solution a été choisie en raison d’une étude ultérieure d’absorption intestinale in vitro par incubation de segments de jéjunum retourné de rat dans diversprotéolysats
ici obtenus. En consé- quence, ces protéolysats devaient avoir une composition enélectrolytes
aussiphysiologique
que possi-ble et être suffisamment oxygénés.
Résultats.
1) Protéolyse par
du sucpancréatique.
a)
A concentration variable del’enzyme
et constante du substrat(fig. 1).
Azote soluble dans l’acide
trichloracétique.
- Aux faibles concentrations del’enzyme (0,01-0,04 mg/ml),
la libération de l’azote soluble dans l’acidetrichloracétique
estplus grande
pour la caséine que pour legluten (P 6 0,01),
de l’ordre de 2 à 4 fois endébut de réaction
(15-30 min).
Ces différences diminuentquand
la concentration del’enzyme augmente
et mêmedisparaissent (P
>0,05)
pour laplus
forte d’entre elles(0,64 mg/ml).
Pour le
gluten,
la libération de cet azoteaugmente (P 6 0,01)
en fonction de la concentration del’enzyme,
de0,01
à0,16 mg/ml.
Pour lacaséine,
ce résultat obtenuen début de
réaction,
s’inverse auxtemps
lesplus longs :
d’une manièreinattendue,
c’est avec les concentrations lesplus
faibles del’enzyme
que l’on observe en fin de réaction les valeurs lesplus
élevées.Azote soluble dans l’acide
phosphotungstique.
- La libération de l’azote soluble dans l’acidephosphotungstique
est très inférieure à laprécédente,
de l’ordre de 100 fois en début de réaction(15 min),
pour laplus
faible concentration del’enzyme.
Elle est
plus grande
aussi pour la caséine que pour legluten (P < 0,01)
et les diffé-rences sont d’autant
plus importantes
que la concentration del’enzyme
est faible.Pour ces deux
substrats,
elleaugmente proportionnellement
à la concentration del’enzyme lorsque
celle-ci nedépasse
pas0,04 mgiml).
b)
A concentrations constante del’enzyme
et variable du substrat(fig. 2).
Azote soluble dans l’acide
trichloracétique.
- Pour lacaséine, quand
la concentra-tion du substrat
augmente,
la libération de l’azote soluble dans l’acidetrichloracétique
augmente
auxtemps
15 et 30 min(P ! 0,01),
et les courbes deprotéolyse
deviennentsigmoïdales.
Pour le
gluten,
elle nedépend
pas de la concentration du substrat(P
>0,05)
etdemeure inférieure à celle observée pour la caséine
(P ! 0,01).
Azote soluble dans l’acide
phosphotungstique.
- La libération de l’azote soluble dans l’acidephosphotungstique
est inférieure à laprécédente,
de l’ordre de 2 à 10 fois selon les cas. Elle est presquetoujours
moindre pour legluten
que pour la caséine, sauf auxtemps
5 et 10 min, pourlesquels,
aux fortes concentrations dusubstrat,
unrésultat inverse est observé. ’
Pour la caséine, la libération de cet azote est moindre aux fortes
qu’aux
faiblesconcentrations du
substrat,
surtout en début de réaction(P < 0,01)
et l’on observe làencore une
sigmoïdicité
des courbes deprotéolyse.
Pour le
gluten,
les résultats sontanalogues
à ceux obtenus pour l’azote solubledctns l’acide
trichloracétique.
’2) Protéolyse
par du sucpancréatique,
de latrypsine
ou de lachymotrypsine .4e même
cancentration que dans le suc, à concentrations constantes de
l’enzyme
etdu ;substrat
.
(fig. 3 ) .
1 !, ! 1Azote soluble dans l’acide
trichloracétique.
- La libération de l’azote solubledans
l’acidetrichloracétique
estplus grande
pour lacaséine
que pour legluten (P ! 0,01),
de l’ordre de 15 fois ou
plus
avec lachymotrypsine et
de 5 fois ouplus avec les
autres enzymes. Pour le suc
pancréatique,
les différences entreles deux substrats
diminuent
quand
la durée de la réactionaugmente.
Les résultats obtenus avec le suc
pancréatique
ou lemélange trypsine -! chymo-
trypsine
sontanalogues
pour la caséine(P
>0,05)
mais non pour legluten
dont laprotéolyse
est nettementplus importante
dans lepremier
cas(P < 0,01).
&dquo;
. 1
Azote soluble dans l’acide
phosphotungstique.
- La libération de l’azote soluble dans l’acidephosphotungstique
est faible : environ 20 p. 100 de l’azote total sont solubilisés dans cet acide par le sucpancréatique après
6 h de réaction et seulement 1 p. 100 par latrypsine,
lachymotrypsine
ou leurmélange.
Là encore, commeprécédemment,
elle est
plus grande
pour la caséine que pour legluten (P < 0,01).
Pour ces deux sub-strats, elle est
plus importante
avec le sucpancréatique qu’avec
lemélange trypsine
!-chymotrypsine (P < 0,01).
3) Protéolyse
par de latrypsine,
à concentrations variable del’enzyme
et constante du substrat(fig. 4).
Azote soluble dans l’acide
trichloracétique.
- La libération de l’azote soluble dans l’acidetrichloracétique
est environ 2 à 3 foisplus grande
pour la caséine que pour legluten (P < 0,01)
sauf aux fortes concentrations del’enzyme (0,16, 0,64 mg/mi)
où enfin de réaction les différences sont moindres et tendent à
disparaître.
Pour le
gluten,
elleaugmente
en fonction de la concentration del’enzyme (P < 0,01)
et, pour lacaséine,
seulement aux faibles concentrations(0,01, 0,04 mg/ml).
4) Protéolyse par
de lachymotrypsine,
à concentrations variable del’enzyme
et constantedu substrat
(fig. 5).
Azote soluble dans l’acide
trichloracétique.
- Aux faibles concentrations del’enzyme (0,005, 0,02 mg/ml)
la libération de l’azote soluble dans l’acidetrichloracétique
estenviron 15 à 20 fois
plus grande
pour la caséine que pour legluten (P < 0,01).
Aux fortes concentrations de
l’enzyme (0,08, 0,32 mgiml),
les différences entre cesdeux substrats
diminuent,
voire mêmedisparaissent.
La
libération
de cet azoteaugmente
en fonction de la concentration del’enzyme
(P ! 0,01),
surtout pour legluten.
5) Protéolyse par
de latrypsine
à concentrations constante del’enzyme
et variable dusubstrat (fig. 6).
Azote soluble dans l’acide
trichloracétique.
- La libération de l’azote soluble dans l’acidetrichloracétique augmente
en fonction de la concentrationdu
substrat(P < 0,01). Cependant
pour legluten,
à une concentration de 4mg/ml
en azote, elle est environ1,5
foisplus faible qu’à
une concentration 2 fois moindre(P < 0,01).
Elleest
plus grande
aussi pour la caséine que pour legluten (P < 0,01)
de l’ordre de 3 à 4 fois et mêmedavantage lorsque
la concentration du substrat est de 4mg/ml
enazote.
6) Protéolyse par
de lachymotrypsine,
à concentrations constante del’enzyme
et variable dusubstrat
(fig. 7).
Azote soluble dans l’acide
trichloracétique.
- Pour lacaséine,
la libération de l’azote soluble dans l’acidetrichloracétique augmente
en fonction de la concentration du substrat mais moins nettementqu’avec
latrypsine.
Par contre, pour legluten,
elle est
plus grande
aux faiblesqu’aux
fortes concentrations.7) Protéolyse par
du sucpancréatique,
seule ouaprès
uneprotéolyse pepsique
en absence ouen
présence
dephytate
desodium,
à concentrations constantes del’enzyme
et dusubstrat
(fig. 8).
Azote soluble dans l’acide
trichloracétique.
- Avec ou sansphytate
desodium,
lepourcentage
de l’azote solubilisé dans l’acidetrichloracétique
par lapepsine
est lemême pour la caséine et le
gluten (P
>0,05),
de l’ordre de 45 p. 100. Sansprotéolyse pepsique préalable,
la libération de cet azote par le sucpancréatique
est de 2 à 5 foisplus grande
pour la caséine que pour legluten (P < 0,01),
les différences entre cesdeux substrats diminuant avec la durée de la réaction.
Avec
protéolyse pepsique préalable
et sansphytate,
cette libération estaugmentée,
surtout pour le
gluten (P < 0,01)
et les différences entre ces deux substratsdispa-
raissent
(P
>0,05).
Avecphytate,
elle est du même ordre pour la caséine mais non pour legluten
pourlequel
elle devientplus
faible que sansphytate (P < 0,01)
etcomparable
à celle observée sansprotéolyse pepsique préalable (P
>0,05).
Azote soluble dans l’acide
phosphotungstique.
Pour la caséine et legluten,
les pour-centages
de l’azote solubilisé dans l’acidephosphotungstique
par lapepsine
sontrespectivement
de 2 et 1 p. 100 en absence et enprésence
dephytate
de sodium.Sans
protéolyse pepsique préalable,
la libération de cet azote par le sucpancréa- tique
est environ 3 à 5 foisplus grande
pour la caséine que pour legluten (P < 0,01),
les différences diminuent là encore avec la durée de la réaction.
Avec
protéolyse pepsique préalable
et sansphytate,
cette libération estaugmentée,
surtout pour le
gluten (P < 0,01).
Si elle demeureplus grande
pour la caséine que pour legluten,
les différences sontcependant
moindres que sansprotéolyse pepsique.
Avec
phytate,
elle estplus
faible pour les deux substrats(P < 0,01)
surtout pour la caséine pourlaquelle
elle devient inférieure(P < 0,01)
à celle observée sansprotéo- lyse pepsique préalable.
Discussion.
Pour évaluer la
protéolyse,
nous avons dosé l’azote desproduits
de la réactionsolubles dans les acides
trichloracétique
etphosphotungstique.
D’après
Cristol et Puech(1926),
Puech et Cristol(1926),
l’acidetrichloracétique
neprécipite
que lesprotéines
et l’acidephosphotungstique,
lesprotéines
et lespolypep-
tides.
Cependant,
l’action de ces acidespeut
ne pas être aussi sélective. Si l’acidetrichloracétique,
à une concentration de 10 p.100, équivalente
à celle utilisée dans nosexpériences,
neprécipite
presque exclusivement que lesprotéines
et despolypeptides
de haut
poids
moléculaire(Yon, 1963),
l’acidephosphotungstique peut
avoir uneaction
beaucoup plus
forte que celle lui étant attribuée par Cristol et Puech. Eneffet,
Van
Slyke
et al.(1942)
montrent que, dans certainesconditions,
cet acideprécipite
lesacides diaminés
(lysine, arginine, histidine) basiques,
les acides monoaminés étantplus
solubles.Néanmoins,
cetteprécipitation
d’acidesdiaminés,
même avec un rap-port optimum
acideaminé/acide phosphotungstique, requiert plusieurs
heures pour êtrecomplète. Or,
dans nosexpériences,
letemps
de contact entre l’acidephospho-
tungstique
et leprotéolysat
est seulement de l’ordre de 10 min. Il est doncprobable
qu’une part importante
des acides diaminésbasiques
et, afortiori,
des autres acidesaminés,
reste alors en solution. Ces réservesfaites,
nous assimilerons l’azote soluble dans l’acidetrichloracétique
à celui despeptides
et des acidesaminés,
et l’azote soluble dans l’acidephosphotungstique,
à celui des acides aminés.Nos résultats montrent que si les concentrations de
trypsine
et dechymotrypsine,
pures ou incluses dans le suc
pancréatique
ouplus précisément,
si lesrapports enzyme/
substrat sont faibles
(< 1/100),
la libération depeptides
par ces enzymes est moindre pour legluten
que pour la caséine.De
plus,
avec latrypsine
et lachymotrypsine
pures, utilisées à de très faibles concentrations, les valeurs obtenues pour legluten
diminuentquand
sa concentrationaugmente,
cequi pourrait
être dû à une inhibition par excès de substrat.Avec un
rapport enzyme/substrat plus
fort(! 1/40)
et une durée de réaction suffisammentlongue (60 min),
la libération despeptides peut
être du même ordrepour la caséine et le
gluten,
avec le sucpancréatique
et Icichymotrypsine,
mais nonavec la
trypsine
aveclaquelle
les différences subsistent. Demême,
Zimmermann- Nielsen et Schonheider(1962) utilisant,
pour latrypsine,
unrapport enzyme/substrat
élevé
(1/20)
observent uneprotéolyse
moindre pour legluten
que pour la caséine.Pour le suc
pancréatique,
avec un faiblerapport enzyme-substrat (1/1000),
nousobtenons un résultat
analogue
auprécédent,
si son action estprécédée
d’uneprotéo- lyse pepsique
relativementimportante (45
p. 100 de l’azote total solubilisé dans l’acidetrichloracétique).
Par contre, la libération d’acides aminés par le sucpancréa- tique
utilisé soit avec un fortrapport enzyme/substrat,
soitaprès
laprotéolyse pepsique précédente,
etquelle
que soit la durée de laréaction,
reste inférieure pour legluten.
ln vitro, Moutonnet
(1967)
et Suschetet(1969),
utilisant unrapport enzyme/
substrat de
1/20,
constatent que lesquantités
d’azote a-aminé libéré lors de laprotéo- lyse pepsique puis
lors de celle par unmélange trypsine
-!peptidases,
sont, soitégales
pour la caséine et le
gluten,
soitsupérieures
pour ce dernier.Or,
dans nosexpériences,
si nous
adoptons,
pour lapepsine,
unrapport enzyme/substrat
très voisin(1/25),
lesdifférences de
protéolyse
entre les deux substratsprécédents disparaissent
aussi bienpour cette enzyme que pour le suc
pancréatique
lui succédant.La libération d’azote «-aminé
plus importante
pour legluten,
obtenue par Mou- tonnet et Suschetet avec unmélange trypsine
-+-peptidases, peut
être enrapport
avecla
protéolyse pepsique préalable,
aussiplus importante
dans ce cas. Eneffet,
on remar-que
qu’après
soustraction des valeurs deprotéolyse pepsique,
celles dues aumélange trypsine
!-peptidases
sont voisines pour les deux substrats.Des résultats
analogues
in vivo sont observés par Rolls et al.(1972)
chez le rat,puisque
la teneur en azote soluble des contenus intestinaux est un peuplus
faible pour la caséine que pour legluten,
alors que celle des contenus stomacaux est très nettementsupérieure
pour ce dernier. En outre, lesquantités
d’acidesaminés,
mesurées dans le sang de la veineporte
par ces auteurs sont environ 2 fois moindres pour legluten
que pour lacaséine,
cequi indique probablement
pour cette dernière unedégradation plus complète
par les enzymespancréatiques. Or,
c’est effectivement ce que montrent nosexpériences
in vitro où l’action despeptidases
n’intervient pas. Ces résultats mettent enévidence,
notamment pour legluten, l’importance
du niveau deprotéolyse pepsique préalable,
lors de sonattaque
par les enzymespancréatiques.
L’utilisation d’un faiblerapport enzyme/substrat
de l’ordre de1/100
avec lapepsine puis
avec unmélange
trypsine
-I-chymotrypsine
par Blanc(1977) pourrait expliquer
les valeurs deprotéo- lyse
moindres pour legluten
que pour la caséine.Il
apparaît
donc que legluten
estintrinsèquement
moins facilementattaquable
que la caséine par les enzymes
pancréatiques,
cecipouvant
êtremasqué
par un excèsd’enzyme
ou une actionpréalable importante
de lapepsine
conduisant à une même libération depeptides.
Cette différence entre la caséine et le
gluten peut provenir
de leurs différences de teneur en acides aminésspécifiquement impliqués
dans les liaisons sécables par les enzymespancréatiques. Ainsi,
la teneur dugluten
enlysine,
5 fois moindre que celle de la caséine, et enarginine,
un peu inférieure(Altman
etDittmer, 1968), peut
rendrecompte
des valeurs deprotéolyse
pour latrypsine
et lacarboxypeptidase
B dont lesspécificités
d’action sont très étroites. Peuvent aussi intervenir certains acides aminésadjacents
à ceuximpliqués
dans les liaisons sécables par latrypsine (proline,
acideglutamique, cystéine),
lachymotrypsine (acide glutamique, cystéine),
lacarboxypep-
tidase A
(proline,
acideglutamique),
lacarboxypeptidase
B(proline, alanine)
enréduisant ou en
bloquant
l’action de ces enzymes.Ainsi,
lesprotéolysats
degliadine,
obtenus par actions successives depepsine, d’enzymes pancréatiques (trypsine
+chymotrypsine
+carboxypeptidases)
et depeptidases intestinales, comportent
despeptides
detype pyroglutamyl-x-x n
où xest de la
proline
ou de l’acideglutamique (Biserte
etHan, 1965).
Demême,
desprotéo- lysats
degliadine
ou degluténine,
obtenus par action de lapepsine,
de la pronase ou par actions successives de lapepsine
et de la pronase,comportent
despeptides
pyro-glutamiques
constitués surtout deproline
pour lagliadine
et deglycine
pour lagluté-
nine
(Bietz
etRothfus, 1971).
Dans ce
travail,
laprotéolyse préalable
par lapepsine
a été faite avec unrapport enzyme/substrat
de1/25 identique
à celui utilisé dans un travail antérieur(Camus
etal., 1973),
mettant en évidence une diminution des différences entre la caséine et legluten
lors d’une
protéolyse trypsique
ultérieure. Cerapport
estsupérieur
à ceux utilisésdans un autre travail
(Camus
etLaporte, 1976)
mettant en évidence une inhibitionde la
protéolyse pepsique
de la caséine et dugluten
par l’acidephytique.
Ceciexplique,
sans
doute, qu’ici,
l’inhibition de laprotéolyse pepsique
de la caséine et dugluten n’apparaît
que pour la libération d’acides aminés et non depeptides.
Demême,
l’action du suc
pancréatique
sur la caséine et legluten,
venantaprès
celle de lapepsine
est moindre en
présence
dephytate,
surtout pour la libération des acides aminés.Ceci
peut provenir
d’une action moindre descarboxy-
etamino-peptidases,
liée à uneaction
préalable
de lapepsine
et à une fixation par lephytate
d’ions bivalents(Mg ++ ,
Mn ++
, Zn ++ )
nécessaires à leur activité.Conclusion.
La
protéolyse
de la caséine et dugluten
par des enzymespancréatiques
isolées(trypsine, chymotrypsine)
ou enmélange (suc pancréatique) dépend
d’une éventuelle actionpréalable
de lapepsine
et durapport enzyme/substrat.
Sans action
préalable
de lapepsine,
pour de faibles valeurs de cerapport ( S 1/ /
100),
la libération depeptides
et d’acides aminés estplus petite
pour legluten
que pourla caséine. Pour de fortes valeurs de ce
rapport (> 1/40),
la libération depeptides
par du sucpancréatique
ou de lachymotrypsine
devient la même dans les deux cas mais non celle par latrypsine qui
resteplus petite
pour legluten,
avec toutefois des diffé-rences moindres.
Toujours
pour de fortes valeurs de cerapport,
la libération d’acides aminés, due essentiellement à l’action du sucpancréatique,
est inférieure pour legluten
mais là aussi avec des différences moindres.Après
uneprotéolyse pepsique importante
etidentique
pour les deuxsubstrats,
les résultats relatifs au sucpancréatique,
pour de faibles valeurs durapport enzyme/
substrat,
deviennentanalogues
à ceux obtenus sans actionpréalable
de lapepsine,
pour de fortes valeurs de ce
rapport. L’adjonction
dephytate
de sodium lors de laprotéolyse pepsique
est sans effet sur la libération depeptides
alorsqu’elle
diminuecelle des acides aminés. Lors de l’action ultérieure du suc
pancréatique,
c’est surtout lalibération des acides aminés
qui
se trouve diminuée.Il ressort que le
gluten
est donc moins facilementattaquable
que la caséine par les enzymespancréatiques.
Cecipeut
êtremasqué
par un excèsd’enzyme
ou une actionpréalable importante
de lapepsine,
du moins si l’on ne considère que la libération despeptides.
Pour comparer la
protéolyse
de diversaliments,
ilapparaît
doncimportant
defaire varier les conditions
expérimentales. Ainsi,
en déterminant la nature desproduits
de la réaction libérés à divers
temps
par les enzymespancréatiques,
pour diverses valeurs durapport enzyme/substrat,
il estpossible d’expliquer
les résultatsparfois divergents
obtenus in vitro et in vivo lors de laprotéolyse
de la caséine et dugluten
par ces enzymes.
Reçu en juin 1979 Accepté en février 1980.
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