L’UTILISATION DES ÉLÉMENTS MINÉRAUX
DE LA RATION PAR LE VEAU
II. - INFLUENCE DU NIVEAU DE L’APPORT PHOSPHO-CAI,CIQU!
L. GUÉGUEN C.-M. MATHIEU Michelle FRASNIER,
Pierrette CAMUS C. MARPILLAT
Laboratoire des Métabolismes et
Station de Recherches sur
l’Élevage
des RuminantsCeratre national de Recherches
zootechniques, Jouy-en-,Josas (Seine-et-Oise)
SOMMAIRE
Des bilans minéraux ont été effectués à
partir
du sevrage(6 e
semaine)jusqu’à
l’âge de 15 se- maines sur trois lots de quatre veaux recevant un mêmerégime
de sevrageprécoce
comprenant de l’aliment concentré sec et du foin mais contenant trois taux différents de calcium et dephosphore.
Les rations totales contenaient en moyenne, par lcg de matière sèche, 16, m et 8 g de Ca et m,5, 7
,
0et 5,5 g de P
respectivement
pour les lots HN(haut
niveau), MN(moyen
niveau) et BN (basniveau).
Lorsque les
quantités
de calciumingérées
augmentent, le coefficient d’utilisationdigestive
ducalcium diminue
(en
moyenne de 60 à 35 p. 100), larégulation
de l’utilisation s’effectuant doncau niveau de
l’absorption
intestinale. Dans le cas duphosphore,
larégulation
s’effectue surtout par l’excrétion urinaire et le coefficient d’utilisationdigestive
variebeaucoup
moins.Le sevrage des veaux est
accompagné
d’une diminution trèsmarquée
de l’excrétion urinaire de P.Cependant,
l’excrétion urinaire de P demeureimportante
chez les veaux sevrés recevantde fortes
quantités
de P, cequi
semble traduire l’existence d’un seuil pour l’excrétion rénale de cet élément.Les coefficients de rétention de Ca et de P varient relativement peu
( 40
à 60p. 100 enmoyenne) ;
en
conséquence,
lesquantités
retenues sur l’ensemble des 9semaines étudiées augmentent avec lesquantités ingérées :
ainsi les veaux du lot HN ont retenu, par kg degain
net, environ 45p. 100plus
de Ca et 60 p. 100plus
de P que les veaux du lot BN,lesquels
avaientingéré
la moitié moins de Ca et de P.Les
quantités
d’éléments minérauxingérées
n’ont pas influé sur la croissancecorporelle
totaledes animaux ni sur la
composition
minérale des cendres de l’os : seul ledegré
de minéralisation dusquelette
a considérablement varié.Le choix de la minéralisation
optimale
dusquelette
semble constituer leprincipal
facteur limi- tant et la cause essentielle desdivergences d’opinion
dans la fixation des besoins alimentaires en Ca et l’ des veaux sevrés. Toutefois, en admettant que l’obtentionprécoce
d’une bonne minéralisation dusquelette
soit souhaitable chez le Veaud’élevage,
des apports de 8 g de Ca et de 5 g de P par kgde matière sèche ont été recommandés pour le Veau sevré de 70-100
kg.
Dans une
première expérience (Gu!GUEv
etM ATHIEU , 19 6 2 ),
nous avions étudié l’influence de la nature durégime
alimentaire sur l’utilisation desprincipaux
élémentsminéraux par le
Veau,
encomparant
deux lots de veaux recevant soit du lait entierseul,
soit unrégime
de sevrageprécoce comprenant
un aliment concentré sec et du foin. Cettepremière
étude nous avait conduits à formuler des recommandationsprovisoires
pour l’alimentationminérale,
et enparticulier phospho-calcique,
desveaux sevrés
précocement. Toutefois,
afin de mieuxpréciser
les limites de variation des coefficients d’utilisation du calcium et duphosphore
de la ration d’unepart,
et du
degré
de minéralisation dusquelette
d’autrepart,
il était nécessaire de comparerplusieurs régimes
alimentaires fournissant desquantités
variables de calcium et dephosphore.
Il est en effet
surprenant
de constater lagrande
variabilité des recommandationsproposées
pourl’apport
de calcium et dephosphore
au Veau.Cependant,
cette varia-bilité est
probablement
liée à la variété desrégimes
alimentaires étudiés et des cri- tères retenus pour définir les besoinsoptimaux
des animaux. I)ans le casparticulier
des veaux sevrés à 6
semaines,
il n’existe pas de données antérieures résultantd’expé-
riences effectuées avec des
apports
variables de calcium et dephosphore, qui
per- mettent d’estimer les besoins alimentaires en ces éléments.Nous avons donc effectué des
expériences
debilans,
del’âge
de 6 semaines àl’âge
de 15semaines,
sur trois lots de veaux recevant desrégimes
de sevrageprécoce identiques
mais avec trois taux différents de calcium et dephosphore,
lerapport
entre les deux éléments demeurant constant. Afin de
pouvoir
estimer ledegré
deminéralisation du
squelette,
les animaux ont été abattus à la fin del’expérience.
MÉTHODES EXPÉRIMENTALES
ETMATÉRIEL UTILISÉ
Animaux
L’expérience a porté sur rz veaux maies de race Normande de même âge, maintenus en cages à métabolismes de leur zeà leur 1 5e semaine. A l’iige de 4semaines, trois lots de 4veaux ont été constitués. 1,e choix des animaux pour la formation de lots aussi
comparables
quepossible
a été faitsuivant les critères suivants :
poids, gain
depoids
antérieur, état sanitaire etquantités journalières
de foin et d’aliment concentré consommées. Tous les animaux ont été
pesés chaque
semaine,pesés
et meusurés le jour de l’abattage, à la fin de
l’expérience,
àl’îige
de y semaines.Alimentation
Les veaux ont reçu du lait entier durant les deux
premières
semaines,puis
de l’aliment concentré sec, du foin, de l’eau et du lait enquantité
limitée àpartir
de la 3esemaine. Le sevrage a eu lieuau début de la 6esemaine, les animaux ne recevant ensuite que l’aliment concentré, le foin et l’eau à volonté
(M AT H IE U
et WLCnT-I,iT!t!,y 6 2 ).
Laquantité
d’aliment concentré offerte a été limitée defaçon
à assurer les deux tiers environ de la matière sèche de la ration totale en aliment concentré et le tiers en foin.l,es tableaux i et 2 rassemblent les
compositions
des aliments concentrés distribués et descomposés minéraux
incorporés
pour constituer trois niveauxd’apport
de Ca et de P : un haut ni-veau (liN), un moyen niveau
(MN)
et un bas niveau (BN). Ces niveaux ont été choisis en fonction des résultats obtenus dansl’expérience précédente,
le régime MN devant assurer le même apport de P et lerégime
HN le même apport de Ca. En effet, la présence de foin de luzerne dans cette pre- mièreexpérience
avait assuré un apport très élevé de calcium et il nous a paru inutiled’expérimenter
un
régime calcique plus
élevé.Le foin offert était un foin de
graminées
contenant en moyenne 2,2 g de P et 4,o g de Ca parkg
de matière sèche. Ce foin était distribué à volonté, la
proportion
des refus étant limitée à 10p. ioo.Les rations totales contenaient donc en moyenne
respectivement
i6,z-m,z et 8,2g de Ca et 11,7-7,1 et 5,6 g de P parkg
de matière sèche.Prélèvements des échantillons
Les mesures de bilans
complets
ont été effectuées de la 6eà la i5! semaine, tes fèces et l’urine étant recueillies séparément etpesées chaque
jour. La teneur en matière sèche des fèces a été déter- minéeaprès séjour
dans un four à circulation d’air à 700C. Pour les aliments, les fèces et l’urine,des échantillons moyens hebdomadaires ont été préparés à
partir
de tous lesprélèvements quoti-
diens. Les aliments et les fèces ont été
broyés après
séchage.Après
l’abattage
des animaux, les contenus des diversesparties
du tube digestif ont étéprélevés
et
analysés. Quelques
oscaractéristiques (fémur,
humérus, 2e vertèbre cervicale, 2e vertèbre lom-baire, demi-maxillaire
inférieur)
ont étéprélevés, placés
dans de l’eau bouillante durant 10 mnpour enlever les tissus adhérents,
puis
séchés à l’air durantplusieurs
semaines. Les oslongs
ont étésciés
longitudinalement
afin d’en retirer la moelle,puis
sciés enpetits fragments.
Les tronçons d’oslongs
et les vertèbres entières ont étéplacés pendant plusieurs jours
dans de l’acidenitrique
à 20p. 100. Les os ainsi ramollis, mais non
dégraissés,
ont ensuite étébroyés
dans un mixer, cequi
a
permis
deprélever
des échantillonsreprésentatifs
des os entiers.Méthodes
d’analyse
Les méthodes utilisées sont celles
précédemment
décrites(G U ÉG UE N
et MATHIEU,19 6 2 ).
Dansle cas des os, une
prise
d’essai d’environ 10ml de la « solutionn nitriqué
de l’os total a été évaporéesur bain de sable
puis
incinérée au four à530 - 550 0 C.
Pour ledosage
deMg
parphotométrie
de flamme, uneséparation préalable
de Ca sous forme de l’oxalate a été effectuée.RÉSULTATS
Dans la
présentation
desrésultats,
seulesfigurent
les moyennes obtenues pourchaque
lot de q. veaux. Les variations individuelles au sein dechaque
lot n’ont pas étéindiquées
pourchaque
résultat hebdomadaire mais seulement pour les valeurs obtenues sur l’ensemble del’expérience (tabl. 6).
I
.
Quantités ingérées et
croissance des veauxLes
quantités
totales moyennes de matière sèche consommées par les animaux(tabl. 3 )
sontcomparables
dans les trois lots durant toutel’expérience,
mises àpart
les deux dernièressemaines,
où les veaux du lot à moyen niveau(MN)
consommentplus
de matière sèche.Dans le tableau 4
figurent
lesquantités
moyennes de Ca et de Pingérées
par les veaux des trois lotspendant l’expérience.
Lesquantités
moyennes,pondérées
sur toute la
période
de 9semaines,
de Ca et de Pingérées
parjour
sontrespective-
ment de
25 ,6
et1 8, 9
g pour le lot à haut niveau(HN),
der8,i
et11 ,8
g pour le lot à moyen niveau(1!TN)
et de 12,5 et8,8
g pour le lot à bas niveau(BN).
Ainsi lesrapports
moyens desquantités
de Ca et de Pingérées
sontrespectivement
pour les 3 lots der, 3 6;
1,53 et 1,42.Dans l’étude
précédente (G U É GUEN
et 3Ta2xmu,rg62),
lesingestions
moyennescorrespondaient
à celles du lot HN pour le calcium et étaientlégèrement supérieures
à celles du lot MN pour le
phosphore.
De la 6e à la r5e
semaine,
soit en 9semaines,
lesgains
depoids
brut moyens par veau sont de 4o,c!kg
pour le lot HN, 40,5kg
pour le lot MN et de3 8,6 kg
pour le lot BN. Lesgains
netscorrespondants (contenus digestifs exclus)
sontrespectivement
de 30,! ;
2 8,5
et29 ,6 kg.
Iqes vitesses de croissance sont donc voisines dans les trois lots etcomparables
à celles obtenues dans lapremière expérience.
En outre, les mensurations effectuées avant
l’abattage (hauteur
augarrot,
hau-teur au sacrum,
longueur
du corps,largeur
auxépaules, largeur
auxpointes
desfesses,
tour de
poitrine, etc.)
n’ont révélé aucune différencesignificative
entre les lots.2
. Utilisation
digestive apparente
et rétention du calcium et duphosphore
Les coefficients d’utilisation
digestive apparente (C.U.D. apparent
=Ingéré-Fécal
)
d C d d&dquo; d d ..Ingéré Ingère X Ioo)
de Ca et de P diminuent au cours des deux premières
semaines
suivant le sevrage et cette diminution est
particulièrement marquée
dans le cas ducalcium
(fig. i). Après
la 8e semaine les C.U.D. varient relativement peu danschaque lot,en particulier
pour lephosphore (fig. 2 ).
-
r !. i , . !-n.
Ingéré-Fécal-Urinaire
, ,Le coefficient de rétention
(C.R.
’ =Ingéré-Fécal-Urinaire - Ingère Ioo) ’ de Ca est
pratiquement égal
à son C.U.D.apparent puisque
l’excrétion urinaire estnégligeable.
Les variations du C. R. de P sont
indiquées
sur lafigure
3.Les
quantités ingérées
influent peu sur l’utilisationdigestive
de P et,quel
que soitl’apport,
le C.U.D. demeurecompris
entre 5o et 70 p. ioo. Enrevanche,
unecertaine
régulation
se fait au niveau de larétention,
le C.R. leplus
élevé correspon-dant au
régime
leplus
pauvre en P. Pour lecalcium,
aucontraire,
lesquantités ingérées
influent sur l’utilisationdigestive,
le C.U.D. étantcompris
entre 50 et65
p. 100pour le lot BN et entre 30 et 45 p. 100 pour le lot HNaprès
la 8e semaine(fig. 1 ).
Toutefois,
parrapport
aux différencesimportantes
entre lesquantités ingérées
par les veaux des trois
lots,
les coefficients de rétention de Ca et de P varient rela- tivement peu( 40
à 60 p. 100 enmoyenne).
3
. Modalités de l’excrétion du calcium et du
phosphore
Le calcium urinaire demeure
négligeable, quel
que soitl’apport
dans la ration etquel
que soitl’âge
du Veau. Aucontraire,
les variations de laproportion
urinairede P total excrété
(fig. 4 )
sont trèssignificatives.
Comme nous l’avionsdéjà souligné (G
U ÉG U E
N
et MATHIEU,19 6 2 ),
l’excrétion urinaire de P est trèsimportante
chez leVeau
monogastrique,
et le sevrage entraîne une diminution trèsmarquée
du pour-centage
urinaire de l’excrétion totale de P(de
60 à 15 p. 100 en moyenne en deuxsemaines).
D’autre
part, l’apport
de P influeraitégalement
sur son excrétionurinaire,
celle-cidemeurant
beaucoup plus importante
chez les veaux du lot HN( 30
p. 100environ)
que chez les autres veaux
( 7
p.1 00).
4
.
Quantités
de calcium et dephosphore
retenuesLes
quantités
moyennes retenues par lot sontindiquées
dans le tableau 5 et leurs variations sont illustrées sur lafigure
5.I,’évolution des
quantités
de Ca et de P retenues est engénéral parallèle
à l’évo-l
ution
desquantités ingérées :
lesquantités
retenuesaugmentent régulièrement,
misà
part
pour Ppendant
les deux dernières semaines dans le lot HN.Les
quantités
totales de Ca et de P retenues durant lapériode
de 9 semaines(tabl. 6) augmentent
avec lesquantités ingérées.
Ainsi les veaux durégime
HN ontretenu
beaucoup plus
de Ca et de P que les veaux durégime
BN(respectivement
45 et 60 p. 100 de
plus).
Les différencesenregistrées
entre lesrégimes
MN et BN ne sont passignificatives (à
P <0 , 05 ),
cequi
estprobablement
dû au faible nombre d’animaux danschaque
lot.5.
Composition
minérale des osLa
composition
minérale des cendres d’os n’est pas influencée par lerégime
alimentaire et les teneurs en Ca et P en
particulier
demeurent très constantes.Cepen-
dant les cendres d’os des veaux du lot HN sont les
plus
pauvres en K(tabl. 7 ).
Les
quantités
totales absolues d’éléments minéraux contenues dans les os étu- diés(tabl. 8)
confirment les différences obtenues entre lots pour les rétentions totales.Ainsi les os des veaux du lot HN contiennent
beaucoup plus
de Ca et de P que lesos des deux autres
lots,
la différence entre ces deux derniers n’étant passignificative
DISCUSSION
1
. Utilisation et mode d’excrétion du calcium et du
!hos!hore
L’influence de l’accroissement des
quantités ingérées
se traduit par une dimi- nution trèsmarquée
du C.U.D.apparent
du calcium. L’excrétion urinaire de Ca demeurantnégligeable,
larégulation
de l’utilisation se fait doncuniquement
parl’intestin,
au niveau del’absorption
et de l’excrétion fécaleendogène (H ARRISON , ig5g).
Aucontraire,
dans le cas duphosphore,
le C.U.D. varie peu et larégulation
de l’utilisation en fonction des
apports
s’effectueprincipalement
au niveau de l’excré- tion urinaire. Desexpériences
de bilans avec dilutionisotopique
effectuées sur d’autresespèces,
enparticulier
sur le Rat(A PFELBAUM
etB RIGANT , 19 6 3 )
et sur le Mouton(P R E
STON
et Pr !ND!R,m!64 ; Gur!GU!E!r, y 6 4 b)
montrent bien que le C.U.D. réel de P est peu influencé par des variationsimportantes
desquantités ingérées.
Les coefficients de rétention de Ca et de P varient relativement peu en fonction des
quantités ingérées.
t1 niveaud’ingestion comparable (lot
HN pour Ca et lot MNpour
I’)
ces résultats sont en accord avec les données fournies parl’expérience
anté-rieure
portant
sur 5 veaux sevrés à 8 semaines.En dehors de la diminution
déjà
constatée(G U É GUEX
et MATHIEU,19 6 2 )
de laproportion
dephosphore urinaire,
liée au passage du stademonogastrique
au staderuminant,
ilapparaît
une influence trèsmarquée
de laquantité
de Pingérée qui,
au-delà d’un certain seuil
(entre
HN etMN),
accroît considérablement l’excrétion urinaire de P(fig. 5 ).
D’autres travaux ontpermis
de constater l’existence de ce seuilrénal,
enparticulier
chez le Porc(ÀiILLE R
et al.,y 54 )
et che! le Mouton adulte(Gu!GU!x, 19 6 4 b)
où l’excrétion urinaire de P, engénéral
trèsfaible,
devientimpor-
tante
lorsque l’apport
est très élevé. Selon STANBURY( 19 6 3 )
et I,.!Mr!!RT et Coxvmam(r 9 6 3
)
l’existence de ce seuils’expliquerait
par unecapacité
limitée du rein pour la réa-sorption
tubulaire de P, laréabsorption
tubulaire de Ca étant au contrairepratique-
ment
complète.
Enfait,
il sembleégalement
que l’onpuisse
provoquer une excrétion urinaire nonnégligeable
de Ca enapportant
au Veau desquantités importantes
deCa très utilisable
(G U ÉG U E N , 19 64 a).
Par
rapport
aux veaux del’expérience précédente (Gu>;GUEa
etl T a 2HWU , rg62)
la diminution de l’excrétion urinaire de P est ici
beaucoup plus rapide
etplus
accen-tuée ;
ceci résulterait du fait que, dans lapremière expérience,
le sevrage avait lieu à 8 semaines et non à 6 semaines.2
.
Quantités
totales de calcium et dephosphore
retenuesa)
Relation entre la rétention du calcium et la rétention duPhosphore.
Les
quantités journalières
de Ca et de P retenues évoluentparallèlement
dans leslots MN et BN. En
revanche,
les veaux <iu lot HN retiennent relativementplus
de Pau milieu de la
période expérimentale
etplus
de Ca à la fin. La diminution de la réten- tion de P à la fin del’expérience
résulterait donc de la nécessité d’unecompensation
pour rétablir
l’équilibre
entre les deux éléments.Sur l’ensemble de la
période
de 9semaines,
Ca et P ont été retenus dans desrapports
voisins de ceux desquantités ingérées,
soitr, 3 6
pour le lotHN,
r,55 pour le lot i1’IN et i,53pour le lot BN. Cequi pourrait
n’être iciqu’une simple
coïncidence est corroboré par les résultats del’expérience précédente
où Ca et P étaient retenusdans un
rapport
de1 ,8 0 , égal
aurapport
desquantités ingérées.
Cette similitude des
rapports
entre Ca et P dans lesquantités ingérées
et dansles
quantités
retenues estsimplement
due au fait que les coefficients de rétention des deux éléments sont engénéral
très voisins : les C.R. moyens de Ca et de Ppendant
toutel’expérience
sontrespectivement
de42 ,f>
et 42,3 dans le lot HN,45,8
et 44,9 dans le lotï!IN, 57,6
et 53,4 dans le lot BN et enfin 47,4et 47,o dans le lot étudié dansl’expérience précédente.
Bienentendu,
cette constatation n’est valable que dans les limites desrapports Ca/P
étudiés( 1 , 3
à1 ,8).
Dans le cas d’unapport
excessif de Ca(rapport phospho-calcique élevé)
les C.R. de Ca et de P ne seraientsans doute
plus identiques.
Il semble que dans les trois
régimes étudiés, l’apport
de Ca ait été relativement insuffisant parrapport
àl’apport
de P, etqu’il
soitnécessaire,
pour obtenir une réten- tion suffisante deCa,
de fournir ces deux éléments dans unrapport supérieur
à1 ,6.
En
effet,
dans la limite desapports
étudiés dans les deuxexpériences,
à niveauégal d’apport
de P, le C.R. de P sembleindépendant
del’apport
de Ca et, à niveauégal d’apport
deCa,
le C.R. de Ca sembleindépendant
del’apport
de P.Ainsi,
lesapports
absolus de Ca et de P semblent influerbeaucoup plus
que lerapport
entre ces deux éléments sur les coefficients de rétention de Ca et de P. Tou-tefois,
ces coefficients de rétention varient relativement peu(C.R. compris
entre40 et 60 p. 100 en
moyenne)
en fonction desapports
de Ca et de P et les réten- tions totales sont donc accrueslorsque
lesquantités ingérées augmentent.
b) Quantités de
calcium et dePhosphore
retenues et minéralisation dusquelette.
Les
quantités
totales de Ca et de P retenues durant les 9 semaines del’expérience augmentent
avec lesquantités ingérées
et les différences obtenues dans la compo- sition minérale du croît sont considérables(tabl. 6).
Comme les animaux des trois lotsont eu des croissances
comparables,
enpoids
et enformat,
il en résulte que les veauxayant reçu le
plus
de Ca et de P ont unsquelette plus
minéralisé que les autres.Cette meilleure minéralisation des os chez les veaux du lot HN est bien confirmée par l’examen des
quantités
totales de Ca et de P trouvées dans les différents os entiers(moelle
exclue pour les oslongs) (tabl. 8).
Nous avonsadopté
ce moded’expression qui
traduit les différences de minéralisationbeaucoup
mieux que le feraitl’expression
des résultats en teneurs en Ca et P de la matière sèche de l’os. En
effet,
les différences deproportions
de cendresrapportées
aupoids
de l’os sont très amorties parrapport
aux différences de
proportions rapportées
au volume de l’os.Ainsi,
ayant deux ossecs de même volume dont l’un contiendrait 40 p. 100de cendres de moins que
l’autre,
lesproportions « volumiques
o seraient parexemple respectivement
de 60et 60p. 100 de matièreorganique,
15 et 25 p. 100 decendres,
25 et 15 p. 100de vide. Lepoids spécifique
des cendres étant trois foisplus
élevé que lepoids spécifique
des autresconstituants de
l’os,
la différence entre lesproportions pondérales
de cendres ne serait que de 22 p. 100. Enfait,
les os des veaux du lot HN sont un peuplus
lourds que les os des veaux des autreslots,
et les différences depoids ( 3 o
à 40g pour un oslong) correspondent approximativement
auxgains
de substanceminérale,
laquantité
dematière
organique
étantsupposée
constante.L’analyse
minérale des cendres(tabl. 7 )
montre que l’accroissement desquantités
de Ca et de P retenues ne se traduit pas par une modification de la
composition
minérale des cendres de l’os. Ces résultats sont en accord avec les données obtenues par BLAIR et al.
( 19 6 3 ) puis
par BLAIR et BNNZIE(m!64)
sur desporcelets
ayant reçudes
apports
variables de Ca et de P.Les valeurs obtenues pour les teneurs en Ca et P des cendres d’os sont en moyenne inférieures aux valeurs citées pour d’autres
espèces (Biaix
etal., i 9 6 3 ;
TAyLOR et!1., ig6o).
Demême,
lerapport Ca /I’
estplus
faible dans notre cas( 2 , 0
à 2,1 au lieude 2,2 à
2 , 3 ).
Cesdivergences
semblent dues au fait que nos résultats serapportent
à des cendres d’os non
dégraissés,
les matières grasses de l’os contenant duphos- phore
et pas de calcium.Les teneurs en K sont
plus
faibles dans le cas du lotHN,
cequi
traduit unemoindre
proportion
de matières minérales liées aux constituantsorganiques
dans lescendres totales de l’os.
Les
quantités
de Ca et de Pingérées
influent donc directement sur la minérali- sation del’os,
maisn’agissent
pas sur la croissancecorporelle
totaleappréciée
par legain
depoids
et par les mensurations. Les résultats de RuT!,EDGE et al.(ig6i)
et de BLAIR et al.
( 19 6 3 , 19 6 4 )
sur le Porc montrentégalement qu’il
estpossible
d’accroître considérablement le
degré
de minéralisation dusquelette
sans que la vitesse de croissance soit affectée.4
. Conclusions sur les besoins alimentaires du Veau
en ealcium ei en
Phosphore
Un
profond
désaccord existe entre auteurs pour la fixation de recommandations pourl’apport
de Ca et de P à des veaux sevrés de 100kg. Ainsi,
les besoins alimen- taires enP, exprimés
en g de P parkg
de matière sècheingérée,
seraient de 2,5 selon YANG et Txonrns( 19 6 4 ), 3 , 0
selon Wis! et al.( 195 8), 4 , 0
selon le National Research Council( 195 8)
et Roy(i 95 8), 4 ,5
selon MORRISON(ig5o) et
enfin 5,0selon nos recom-mandations
provisoires (G U ÉG U E N
etMAT HI E U , 19 6 2 ).
En
fait,
cesdivergences
résultentprincipalement
de la variabilité desrégimes
alimentaires
étudiés,
des vitesses de croissance obtenues et des critères choisis pour définir les besoinsoptimaux. Ainsi,
les chiffres très faiblesadoptés
par certains au- teurs sontpartiellement justifiés,
soit parl’emploi
d’aliments solides contenant de lapoudre
de lait écrémé fournissant Ca et P sous une forme trèsutilisable,
soit par les faibles vitesses de croissancepermises
par lesapports énergétiques
et azotés.Enfin,
il existe un besoin d’entretienimportant
chez les veaux consommant desfourrages grossiers (G U É GUEN , 19 6 3 )
et ceci contribueégalement
à créer des diffé-rences dues à la nature du
régime
alimentaire dans les besoins totaux des animaux.Toutefois,
laplus grande part
du désaccord réside dans la définition même du besoin minéral decroissance,
et laplupart
des auteurs n’ont pas tenucompte
dudegré
de minéralisation dusquelette
pour chiffrer ce besoin. Il estpourtant
manifesteque le niveau
d’apport
de Ca et de P constitue leprincipal
facteur déterminant ledegré
de minéralisation de l’os et que cedegré
deminéralisation, qui peut
être consi- dérablement accru, conditionne la densité de l’os et sa résistance à larupture (RuTr,!vG!
etal., 1 9 61 ; WHEDO N ,
1959; 1 BLAIR et BENZIE,1964).
Les
apports
de Ca et de P nécessaires pour assurer une croissance normale de l’animal etprévenir
une carence visible ne sont pas suffisants pour assurer uneminéralisation satisfaisante de son
squelette. Ainsi,
WENTWORTH et SMITH( 19 6 1 )
font bien la différence entre ces deux échelles de besoins pour le Veau, et BLAIR et B
EN2IE
( 19 6 4 ),
se basantégalement
sur une minéralisationoptimale
dusquelette,
recommandent pour le
porcelet
des taux de C3 et de P trèssupérieurs
aux recom-mandations habituellement admises. Bien
entendu,
leprincipal
obstacle réside dans le choix dudegré
idéal de minéralisation dusquelette.
Il n’est sans doute pas souhai- table d’atteindre la minéralisation maximumqui risque
de conduire à un rétrécisse- ment des cavités médullaires de l’os(FOURNIER
et Dupuis,19 6 4 )
etpeut-êtie
denuire ainsi à ses fonctions
érythropoïétiques.
Étant
ainsi limités par cette définition même du besoin net decroissance,
ilne nous est pas
possible,
même pour unrégime
alimentaire et une vitesse de croissancebien
déterminés,
de fournir des recommandationspratiques rigoureuses.
Nous pouvons seulement affirmer que, dans nos conditionsexpérimentales,
des veaux de 100kg,
consommant 24 g de Ca et 15 g de P par
jour,
n’assurent pas la minéralisation maxi-mum de leur
squelette.
Dans des conditionspratiques d’élevage,
des veaux de 100kg
sevrés
précocement,
recevant deux tiers de leur ration sous forme d’aliment concentré et un tiers sous forme de foin de bonnequalité, peuvent
consommer environ 3kg
de matière sèche par
jour.
Lesapports journaliers précédents correspondent,
dansces
conditions,
à des taux de 8 g de Ca et 5g de P parkg
de matière sèche de la rationtotale. En admettant que l’obtention
rapide
d’une bonne minéralisation dusquelette
soit souhaitable chez le Veau
d’élevage,
nous considéronsprovisoirement
les valeursprécédentes
comme étant des tauxoptimaux
pour des veaux de 70-lookg
sevrésprécocement.
Reçu pour
publication
en mars r965.SUMMARY
UTILIZATION I3Y THE CALF OF MINERALS IN THE FEED
2
. INFLUENCE OF PHOSPHORUS AND CALCIUM INTAKES
r. Mineral balances were carried out from
weaning (at
6 weeks) until c5 weeks of age in 12calvesgiven
anearly-weaning
diet ofdry
concentrate and grasshay.
z. The
calves
werekept
in metabolism crates from 2 weeks of age. At 4weeksthey
were divi-ded into 3 groups of 4,
given
the same diets, except for their contents of Ca and P(tables
r and z).In average, the total rations contained, per kg of
dry
matter, 16, m and 8 g Ca and rr.5, 7.0 and 5.; g P for groups HN(high
level) MN(medium
level) and 13’i (low level).3
.
Average weekly samples
of feeds, faeces and urine wereprepared
from all thedaily
collec-tions. P was estimated
colorimetrically
with vanadate, and Ca, Na, K and Mg were estimated byflame
photometry.
4
. When intake of Ca increased, apparent
availability
decreased from an average of 60downto 35 p. roo, and it seemed that the utilization was
regulated mainly
in the intestine(fig.
i). horP
(fig.
2 and 3) regulation was realizedmainly
by excretion in urine, andavailability
was muchless affected.
5
. When the calves were weaned, excretion of P in urine was
greatly
reduced(fig.
4). Never- theless, in calves on IIN there was still a considerable amount of P excreted in urine, wich suggests that there is a renal threshold for the excretion of 1’.6. On each diet, percentage retentions of Ca and P were in general very close, so that, within
the limits of the amounts studied, the
quantities
of C’a and P retained were in the sameproportion
as were intakes. On the other hand, the retention did not vary
greatly,
on average from 40to 60 p. 100 andconsequently
the total amounts of (’a and P retainedduring
the 9 weeks of thestudy
increa-sed with intake
(tables
4and 5 ;fig.
5). The calves on IIN retained, perkg
netgain
inbody weight
(table 6), about 45P. 100more Ca and 60 p. 100more P than those on I3V, which hadingested
onlyhalf as much Ca and P.
’7. The amounts of minerals
ingested
did not affect overallgrowth
of the calves or mineralcomposition
of bone ash(table
8), but thedegree
of mineralization of the skeleton variedwidely (table
7).8. The