COMPOSITION DES LAITS REÇUS
PAR LES VEAUX MYOPATHIQUES
M. LAMAND
P. CHAGNAUD J. OVERWATER Laboratoire de
Physiopathologie
de la Nutrition,Centre de Recherches
zootechniques et
vétérinaires,63 - l’heix, par
Saint-Genès-Charrc!anelle
SOMMAIRE
Les indices d’iode des laits reçus par r2
couples
de veaux(malades
ettémoins), chaque couple
provenant d’uneexploitation
différente, ont été examinés.Les veaux malades recevaient de leur mère, à
l’apparition
de laMyopathie,
un laitsignifica-
tivement
plus
insaturé que celui reçu par les témoins.INTRODUCTION
La
Myopathie
chez le veau est maintenant associée par laplupart
deschercheurs,
à la carence en
sélénium,
d’unepart,
et à larupture
del’équilibre antioxydants/acides
gras insaturés de la
ration,
d’autrepart (Br,AxT!x, z 957 ).
Eneffet,
on sait mainte- nant quel’augmentation
du taux d’acides gras insaturés dans la ration d’un veau provoque unemyopathie qui peut
êtreprévenue
par uneaugmentation parallèle
du taux
d’antioxydants
de cetteration,
la vitamine E notamment.Après
avoirétudié,
dans un travailprécédent,
l’incidence de l’administration de sélénium(L AMAND , z 9 6 5 ),
nous avons examiné ledegré
d’insaturation de la matière grasse des laits reçus par les animaux. Eneffet,
les animaux habituellement atteints deMyopathie
sont essentiellement des veaux de race Limousine ou Chavollaise en-graissés
à la mamelle sans aucune autre nourriture.Le
degré
d’insaturation des laits consommés par les malades et les témoinsa été suivi par l’indice
d’iode, qui
en fournit un bon reflet d’ensemble.MATÉRIEL
ETMÉTHODES
,
1
. Prélèvements
Les
prélèvements
ont été effectués auprintemps
dans 12exploitations
ne pra-tiquant
pas laprophylaxie
par lesélénium,
5 en19 6 4
et 7 en19 65.
Le lait a été
prélevé
chez la mère ou la nourrice du veau malade lejour
del’apparition
dessymptômes ; parallèlement,
un lait témoin a étéprélevé
au mêmemoment chez la mère ou la nourrice d’un veau de la même
exploitation pris
commetémoin
(cliniquement sain).
Le lait
prélevé
a étécongelé
aussitôt à -20 0 C, transporté
et conservé à cettetempérature jusqu’à l’analyse.
2
. Extraction des
graisses
Après décongélation
lagraisse
a été obtenue àpartir
dulait,
par la méthode d’extraction éthéro-ammoniacale de RosE-GOTTLIEB( 1954 ).
La
phase éthérée, reprise
parpipetage
pour éviter toute contamination par des traces dephase
aqueuse est versée dans unrécipient taré ;
l’éther a étéévaporé
sous vide. Les dernières traces d’éther ont été éliminées par passage à l’étuve à 6ooC
pendant
une nuit.3. Cayactéyisation et
composition
desgraisses
L’indice d’iode a été mesuré par la microméthode de CH9xGa!! utilisant le réactif de RANUS
(L OISEL E UR , 1947 ).
4.
Inter!rétation statistiq-ue
Les laits
ayant
étéprélevés
à des dates différentes dans desexploitations
diffé-rentes, les valeurs de l’indice d’iode ont été soumises à une
analyse
de varianceen fonction du
couple malade-sain,
del’exploitation,
et de l’année. Les vaches d’un mêmecouple (mère
de malade-mère detémoin)
étaient alors dans des conditions d’alimentation et d’environnementidentiques.
RÉSULTATS
Le tableau i
indique
les indices d’iode desgraisses
des laits des mères de ma-lades et les indices d’iode des
graisses
des laits reçus par les témoins.Les valeurs de ces indices d’iode varient
beaucoup
d’uneexploitation
àl’autre ;
en
effet,
dans certainesexploitations,
les animaux étaient en stabulation tandis que dans d’autres ils étaient àl’herbage.
Le tableau 2 donnant les résultats de
l’analyse statistique
montre que la diffé-rence d’indices d’iode entre les laits reçus par les malades
(moyenne : 3 6, 3 )
et ceuxreçus par les témoins
(moyenne : 32 , 3 )
est hautementsignificative.
L’année a euaussi une influence hautement
significative.
L’interaction année-étatclinique
a unevariance très
faible,
cequi paraît indiquer
une certaine constance duphénomène
observé d’une année sur l’autre.
Enfin,
onpouvait
s’attendre à une différence hautementsignificative
des indicesd’iode entre les
exploitations,
les conditions d’alimentation n’étant pas lesmêmes,
ce
qui
estclassique.
DISCUSSION
Il semble bien due l’insaturation des
graisses
de la ration entre dans l’ensemblecomplexe
del’étiologie
dusyndrome 313.opathie-1>yspnée
chez le veau.Cependant,
onpeut
penser que cettepart
est restreinte. En effet lelait,
seul aliment reçu par cesanimaux,
est relativement constant dans sacomposition
etles variations d’indice d’iode
qui
existent entre les différents laits sont faibles. Les indices d’iode ne serapprochent
pas, en tout cas, de ceux rencontrés dans lesgraisses qui
induisentclassiquement
laMyopathie (huile
de foie <ie morue parexemple), qui
ont couramment un indice d’iodesupérieur
à 50.On constate une
divergence apparente
entre les résultats que nous venons de décrire et ceuxpubliés
par GARTON(r 95 6) qui
ne lie pasl’apparition
de ladystrophie
musculaire à l’insaturation du
lait,
maisplutôt
à la teneur durégime
en vitamine E.Dans ce travail cet auteur compare deux
types d’exploitation :
avec ou sansMyo- pathie
et utilisant des alimentations différentes notamment en vitamine E.Les résultats
présentés
ici reflètent au contraire les variations individuelles d’insa- turation des laits au sein d’une mêmeexploitation
et chez des animaux recevant le mêmerégime.
Dans ces conditions d’alimentation
qualitativement
constantes, GaR2ow(com-
munication
personnelle)
avait observé des variations de l’indice d’iode deplus
oumoins 5 unités. Nous avons pu confirmer ce résultat. Il
peut paraître surprenant qu’une
différence entre groupe sain et groupe malade soit hautementsignificative
alors
qu’elle
n’est quede 4
unités en moyenne. Il n’en est pas moins certain que leveau malade recevait au momezat de
l’apparition
dessymptômes cliniques
un laitplus
insaturé que le lait reçu par les témoins.
Peut-être
pourrait-on interpréter
cephénomène
comme uneprésomption
durôle des
graisses
insaturées du lait en tant que facteur déclenchant du stadeclinique
chez des animaux dont le taux de transaminase
glutamique oxalacétique
estdéjà
àélevé,
etqui peuvent
être considérés comme « maladessubcliniques
», ainsi que nous l’avionsdéjà
mentionné lors d’un travailprécédent (1,AMA!ND, y 65).
CONCLUSION
Au moment de
l’apparition
de laMyopathie
chez le veau, les laits que les maladesreçoivent
sontplus
insaturés que ceux reçus par les témoins.Il semble
possible
que cette insaturation du lait entre dans le mécanisme de déclenchement de la maladie à son stadeclinique.
Reçu pour
publication
en décembre 1966.REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier le C. E. T. A. de Saint-Étienne-de-Fursac
(Creuse)
ainsi que les vété- rinairespraticiens
de cetterégion
(Dis CHANCEL, LANSADE, SOTTIER,DunzAS)
et de larégion
deMontluçon (D T P RAT )
pour l’aidequ’ils
nous ontapportée
dans la réalisation de ce travail.SUMMARY
COMPOSITION OF MILK RECEIVED I3Y CALVES wITLL ,IYOPATHY
1’he iodine value of milk received
by
12pairs of calves(sick
andcontrols),
eachpair
from adifferent establishment, was studied. Iodine value of the fat of the milk received
by
the sick calveswas
significantly
higher than that of the milk receivedby
the controls (tables i and 2).It is
possible
that the degree of unsaturat ion of the milkplays
a part in the mechanisms of the onset of the clinical stage of the disorder.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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