J.L.
TROCCON, R. TOULLEC*INRA Station de Recherches
sur la Uache laitière
Saint-Gilles 35590
L’Hermitage
* INRA Laboratoire du
jeune
Ruminant t 65, rue de Saint-Brieuc35042 Rennes Cedex
Aliments
d’allaitement pour
veaux d’élevage
Remplacement de la poudre de lait
écrémé par d’autres
sourcesprotéiques
Un aliment d’allaitement est
unaliment complet, généralement
sousforme
de poudre, qui, par dilution dans l’eau, permet d’obtenir
unlait de
remplacement pouvant
sesubstituer
entotalité
aulait entier. Jusqu’au
début de 1988, les aliments d’allaitement étaient riches
enpoudre de lait
écrémé. En effet,
en1976, devant l’importance des stocks, la CEE avait assujetti l’octroi de la prime de dénaturation à
ceproduit à
uneintroduction minimale de 60 % dans les aliments d’allaitement. En 1988,
avecla
disparition des stocks, les prix de la poudre de lait écrémé et des aliments d’allaitement ont augmenté. La réglementation européenne
acorrigé à la
baisse le taux d’incorporation ouvrant droit à la prime de dénaturation puis
a
supprimé tout taux minimum. Par suite, la recherche de
sourcesprotéiques potentiellement incorporables dans les aliments d’allaitement
est relancée et justifie cette mise
aupoint axée
surl’alimentation des
veauxd’élevage.
Résumé
————————————————————————L’élévation du
prix
de lapoudre
de lait écrémé et des aliments d’allaitement relance l’intérêt d’utiliser des sourcesprotéiques
deremplacement. Cependant,
lesprotéines
de substitution sontincoagulables
dans la caillette et il en résulte uneaccélération de l’évacuation
gastrique
desprotéines
et deslipides.
Ces modifica-tions
s’accompagnent
d’une réduction variable des sécrétionsdigestives
stoma-cales et
(ou) pancréatiques.
Certaines sourcesprotéiques (comme
lesoja) peuvent
provoquer des réactions d’intolérance de nature
allergique
de lapart
des veaux.La
digestibilité
desprotéines
deremplacement
est inférieure à celle du laitécrémé,
enparticulier
chez le veau de moins de 1 mois. L’aliment d’allaitement doit fournir enquantité suffisante,
desprotéines digestibles
bienéquilibrées
enacides aminés.
Les
risques
sanitaires(diarrhées, mortalité)
etzootechniques (réduction
dugain
de
poids vif)
sont accrus par l’utilisation desprotéines
de substitution surtout par lesjeunes
veaux. L’effetdépressif
sur le croît des veaux devientimportant lorsque
le taux de substitution atteint 25 à 50 % suivant la nature des
protéines
et les trai-tements
technologiques.
Desadaptations
destechniques
d’allaitement et de sevrage des veaux sont nécessaires afin de limiter les inconvénients duremplace-
ment des
protéines
du laitqui
demeurent les mieux utilisées.Le lait entier et les laits de
remplacement
vont directement dans la caillette
grâce
au réflexe de fermeture de lagouttière oesopha- gienne.
Ce mécanisme fonctionne efficacement chez les veaux non stressés et en bonne santé ; il estindépendant
de lacomposition
de l’ali-ment lacté à condition que ce dernier soit bien
apprécié
par les animaux(revue
de Toullec et al1973).
Le veaupréruminant
se comportecomme un
monogastrique
et, de cefait,
seuls desproduits
facilementdigérés
selon cette voie peuvent être introduits dans les aliments d’al- laitement et leursprotéines
doivent être bienéquilibrées
en acides aminés ou faciles à sup-plémenter.
Dans la
caillette,
le lait entier et les laits deremplacement
riches enpoudre
de lait écréméde bonne
qualité coagulent
en 3-4 minutessous l’action de la
chymosine
et de lapepsine
du sucgastrique.
La cohésion du caillé formé augmentequand
lepH
du lait diminue etLes
protéines de remplacement
nesont pas
coagulables
dans la caillette ;
il en résulte uneaugmentation de la
vitesse
d’évacuation, variable
selon la naturedes protéines.
quand
sa teneur en matière sèche et satempé-
rature
augmentent (Emmons
et Lister1976).
LepH
des effluents de la caillette diminue de 4,5- 5,5 immédiatementaprès
le repasjusqu’à
envi-ron 2. Cette valeur est atteinte environ 6 heures
(2
repas parjour)
ou 13 heures(1
repas parjour) plus
tard(Leibholz 1975).
La distribution de lait entier à la tétineplutôt qu’au
seau a un effet favorable sur les sécrétions d’acide chlo-rhydrique,
depepsine
et dechymosine
dans lacaillette et de
protéases
totales par lepancréas
’(tableau 1). L’emploi
de lait écrémé ayant subiun traitement
thermique
excessif entraîne uneréduction des sécrétions d’acide
chlorhydrique,
de
pepsine
et deprotéase pancréatique (Ter-
nouth et
Roy 1973). ).
Les substances
hydrosolubles (lactose,
miné-raux et matières azotées non
caséiniques)
sontexpulsées
ducoagulum
etquittent
la cailletteplus rapidement
que les caséines et leslipides.
Chez le veau nourri au lait entier, les
quantités
de
lactose,
de minéraux, deprotéines
et delipides
parvenant dans le duodénum au coursdes 6
premières
heuresaprès
le repasreprésen-
tent
respectivement
80, 80, 55 et 47 % desquantités ingérées (Toullec
et al1971).
Avant dequitter
lacaillette,
les caséines sontdavantage hydrolysées
que l’a-lactalbumine tandis que la(3-lactoglobuline
est peuattaquée (Yvon
et al1984).
1 / Digestion des laits
de remplacement
. -!--T! ’&dquo;-’!!-’;’--._-’-’-,-._&dquo;-!! ! ...
1.
1 / Le transit digestif
Des traitements
thermiques
excessifsappli- qués
au lait écrémé réduisent sonaptitude
àcoaguler.
Ils augmentent la vitesse d’évacuationgastrique
desprotéines
et deslipides
et rédui-sent l’intensité de la
protéolyse
dans la caillette(Ternouth
etRoy 1973).
Il en est de mêmequand
le lait deremplacement
est rendu incoa-gulable
par addition d’oxalate de calcium(Petit
et al
1987a)
ou d’acidechlorhydrique (Toullec
et
al 1974b).
! 1
Influence de la nature des
protéines
surl’évacuation
gastrique
de l’azote total et de l’azoteprotéique (insoluble
dans l’acidetrichloracétique
12
%)
chez le veaupréruminant (d’après
Toullecet al
1975).
Les
protéines
de substitution ne sont pascoagulables
et leur introduction dans l’alimenten
remplacement partiel
ou total desprotéines
du lait entraîne
généralement
des effets simi- laires à ceux décrits ci-dessus(revue
de Toullecet al
1975). Cependant, l’augmentation
de lavitesse d’évacuation
gastrique dépend
de lanature des
protéines
et des traitements techno-logiques (figure 1).
Elle estplus importante
avec les
protéines
delactosérum, d’hydrolysat
de
poisson
et d’isolats de féverole ou desoja qu’avec
celles de levures d’alcanes et de concentrats desoja
ou depoisson
nonhydro- lysé.
La solubilité n’est pas seule en causepuis-
que les
protéines
de lactosérumquittent
la cail- lette aussirapidement qu’elles
soient insolubi-lisées ou non. Les acides aminés et les
lipides
sont absorbés
plus rapidement
dansl’intestin
et s’accumulent dans le sang
(revue
deToullec
et al 1983,
Beynen
et Van Gils 1983, Petit et al1987b,
Nunes Do Prado et al1989b).
Avec lesaliments contenant du tourteau de
soja
cuit,après quelques jours
dedistribution,
il se pro- duit une stasegastrique
dans l’heurequi
suit lerepas,
puis
une accélération du transit intesti- nal(Sissons
et al1987).
Cesperturbations
sontvraisemblablement de nature
allergique (cf 3). ).
1.
2
/ Les sécrétions enzymatiques
Dans la
caillette,
la sécrétion d’acidechlorhy- drique
augmente durant lepremier
mois de vie(tableau 1)
mais varie peu par la suite chez leveau nourri au lait
(revue
de Toullec et al1983).
Exprimée
parkg
depoids vif,
laquantité
depepsine
sécrétée nechange
passignificative-
ment avec
l’âge
tant que le veau reste exclusive-ment
préruminant.
Enrevanche,
lesquantités
de
chymosine
et delysozyme
diminuent(Andren
et al 1980, Guilloteau et al1984).
Néanmoins,
la muqueuse abomasale d’un veaude boucherie de 5 mois contient encore 60 fois
plus
d’activitécoagulante qu’il
n’en faut pourcoaguler rapidement
la totalité du laitingéré quotidiennement (Guilloteau
et al1984).
Les activités des enzymes
pancréatiques
intervenant dans la
digestion
des matières azo-tées
(trypsine, chymotrypsine, élastase,
car-boxypeptidase
A et B etribonucléase)
augmen-tent fortement au cours des 2
premiers
mais(Le
Huerou etal,
résultats nonpubliés).
Demême, la
quantité
deprotéase
sécrétée par litre de laitingéré
estmultipliée
par 2,3 entre lesâges
de 1 et 4 semaines et par 1,4 entre lesâges
de 4 et 10 semaines(tableau 1).
Par contre, les activités dans l’intestingrêle
desaminopepti-
dases A et N diminuent fortement entre lesâges
de 2 et 7jours,
mais n’évoluentplus
par la suite(Le
Huerou etal,
résultats nonpubliés).
Les
protéines
de substitution ont des effetsdépressifs
sur les sécrétionsdigestives
de lacaillette et du
pancréas (tableaux
2 et3).
Ainsi, laquantité
dechymosine présente
dans lamuqueuse et le contenu de la caillette ou sécré- tée par une
poche gastrique
est réduite(revue
de Toullec et al
1983).
Il en est de même pour les activitésprotéasiques présentes
dans le pan- créas et sécrétées dans le sucpancréatique.
Cependant,
ces tendances ne sont passystéma- tiques.
Ainsi, Guilloteau et al(1986)
n’ont pas observé de réduction de la teneur enchymo-
sine de la muqueuse de la caillette avec des
protéines
desoja.
Williams et al(1976)
ontobtenu une
augmentation
de la sécrétion d’acide avec desprotéines
depoisson.
Chez le veau, la
digestibilité des protéines augmente jusqu’à l’âge
de1
mois,
maiselle
esten
général
moinsélevée pour les
sources de
remplacement
que pour lelait
écrémé.1.
3 / Les réactions d’intolérance
aux
protéines alimentaires
Ces réactions ont surtout été étudiées dans le
cas du
soja.
Le tourteau desoja
cuitpeut
cau-ser des réactions
d’hypersensibilité gastrointes-
tinalequi
se traduisent par desperturbations
de la motricité et des altérations de la
paroi intestinale,
caractérisées par del’oedème,
une infiltrationlymphocytaire,
uneatrophie
des vil-losités et une
augmentation
de laprofondeur
des
cryptes (revue
de Toullec 1983,Seegraber
et Morill
1986).
Il en résulte une accélération du transitintestinal,
une diminution de ladigestibilité,
un accroissement de lafréquence
des diarrhées et une
augmentation
de la per- méabilité intestinale aux macromolécules. La détectiond’anticorps (IgG principalement
etplus
rarementIgE) spécifiques
desprincipales globulines
dusoja (glycinine
etf3-conglycinine)
et
l’augmentation
de leurs titres circulantsavant
l’apparition
des troubles sanitaires indi- quent une réactionallergique gastrointestinale.
En
effet,
la dénaturation de laglycinine
et dela
(3-conglycinine
parchauffage
en milieuhydroalcoolique prévient
la formation d’anti- corps et les troubles(Kilshaw
et Sissons1979).
De même, l’administration d’un médicament
anti-allergique
réduit lafréquence
des pertur-bations
(Duvaux
et al1989).
La fermentation dusoja
peutégalement
diminuer son activité aller-gique (Srihara 1984).
Lapersistance
d’une alté- ration de laparoi
intestinale avec certains pro- duits traités à l’alcool(Silva
et al1986b)
indi-que que les conditions de traitement doivent être bien choisies. Une
synthèse inadéquate d’IgA
etd’IgM
sécrétoires seraitresponsable
d’une déficience
possible
des mécanismes locaux de défense immunitaire de l’intestingrêle
du veau contrel’absorption
deprotéines
de
soja
intactes oupartiellement hydrolysées (Barratt
et Porter1979).
La distribution d’unrégime
comportant du tourteau desoja pendant
une
longue période
ne semble pas établir de tolérancepuisque
les titresd’anticorps
ne dimi-nuent pas
(Heppell
et al1987). ).
D’autres
protéines
de substitution sont capa- bles d’induire unehypersensibilisation
du tubedigestif.
Ainsi, legluten
de blé et l’albumined’oeuf entraînent une
atrophie
des villosités intestinales et la formationd’anticorps (Kils-
haw et Slade
1982).
De même, chez des veauxrecevant des aliments comprenant de la farine de
pois
crue et dulait,
desanticorps spécifi-
ques des
protéines
depois apparaissent
dans leplasma
et le tauxplasmatique
de(3-lactoglobu-
line augmente au moins transitoirement
(Nunes
Do Prado et al1989a).
En outre, ladétection de la
légumine (une
desprincipales globulines
dupois)
dans leplasma après
les 3ou 4
premiers
repas, montre que lesprotéines
alimentaires franchissent la
paroi
intestinale enfaibles
quantités,
cequi
favorise la formationd’anticorps
contre cesprotéines étrangères
à l’animal.1.
4 / La digestibilité des aliments
La
digestibilité
desprotéines
varie avecl’âge
du veau, la source de
protéines
et les traite-ments
technologiques.
Ladigestibilité
appa- rente desprotéines
du lait augmente au cours dupremier
mois de vie(tableau 4),
différem-ment selon la race et les individus. Elle n’est pas notablement diminuée par les traitements
thermiques
courants(pasteurisation,
concen-tration et
séchage
paratomisation)
mais ellepeut
l’être par unchauffage
excessif(Ternouth
et
Roy 1973).
Lasuppression
de lacoagulation
des
protéines
du lait entraînegénéralement
une diminution de la
digestibilité apparente
desprotéines
et/ou deslipides (revue
Toullec etal 1975, Strudsholm
1988)
dueprobablement
àl’augmentation
de la vitesse d’évacuation gas-trique
de ces constituants(Guilloteau
et al1981).
Le débit d’évacuation estégalement
pro-portionnel
àl’importance
des repas,laquelle
peut altérer l’activitémyoélectrique
du tubedigestif (Sissons 1983).
La
digestibilité
desprotéines
deremplace-
ment augmente
également
au cours dupremier
mois, mais restegénéralement
inférieure à celle desprotéines
du lait(tableau 4).
Les valeurs lesplus
élevées sont observées pour lesprotéines
delactosérum,
depoissons
blancspartielle-
ment
hydrolysées
et de bactéries cultivées sur méthanol. Unelégère
dénaturationthermique
des
protéines
de lactosérum peut avoir un effet favorable sur leurdigestibilité.
Lesprotéines
dutourteau de
soja
cuit ont une faibledigestibi- lité,
mais celle des concentratsprotéiques
extraits à l’alcool est
beaucoup plus
élevée. Cetraitement élimine des
oligosides
nondégrada-
bles par les enzymes du veau mais
agit proba-
blement
davantage
en dénaturant lesprotéines responsables
des réactionsallergiques.
Dans lecas des concentrats de
poisson
nonhydrolysés,
le traitement à chaud en milieu
liquide
et leséchage
entraînent une dénaturation excessivepuisque
des méthodesplus
doucespermettent
d’obtenir unproduit plus digestible
de 9 à 12points
entre lesâges
de 7 et 21jours (Opstvedt et al 1987).
Par
ailleurs, l’emploi
deprotéines
de substi-tution peu
digestibles
diminueégalement
ladigestibilité
apparente des matières grasses, ducalcium,
dumagnésium
et duphosphore (Raven
1972, Nunes Do Prado1989c)
de lamême
façon
que les traitementsempêchant
lacoagulation
du lait entier dans la caillette(revue
de Toullec et al1975).
Ladigestibilité
dulactose est peu ou pas modifiée.
2 / Besoins
enprotéines
et
enacides aminés
Pour un aliment contenant 4 700 kcal d’éner-
gie
métabolisable(EM)
parkg
de matière sèche(MS),
la teneuroptimale
enprotéines
est d’en-viron 25 % au cours des 7 à 8
premières
semaines de vie, et de 21 % au delà
(revue
deToullec et al
1978).
Les aliments d’allaitement destinés aux veauxd’élevage
sevrés entre 2 et 3 moisd’âge
doivent donc contenir 25 % de pro- téines de lait pour fournir les meilleurs résul- tatstechniques.
S’ils renferment desprotéines
de
substitution,
les apports doivent être tels que l’aliment contienne environ 24 % de pro- téinesdigestibles. Cependant,
des résultatsacceptables
peuvent être obtenus avec des tauxun peu moins élevés.
L’aliment
d’allaitement distribué
au veaud’élevage
devraitcontenir
25% de
protéines équilibrées
en
acides aminés.
Les déficiences
éventuelles des
sources azotées
de remplacement
tpeuvent
êtrecorrigées
parl’addition
deproduits industriels
ou en
procédant
àdes mélanges.
Les besoins en acides aminés ont été déter- minés en étudiant l’effet des niveaux
d’apport
sur l’amino-acidémie libre ou sur la rétention azotée chez des veaux
préruminants
en crois-sance intensive
(tableau 5).
Les écarts entre les deux méthodes sont faibles pour laplupart
desacides aminés et peuvent être dus aux diffé-
rences de vitesses de croissance des veaux et
d’origine
desprotéines
alimentaires. Enrevanche,
pour les acides aminéssoufrés,
l’his- tidine etl’arginine,
les écarts sontimportants
et résulteraient des méthodes utilisées. Enexpri-
mant les valeurs
proposées
par Patureau- Mirand(1980)
en % du besoin enlysine,
lesrapports
sont voisins de ceux recommandés pour le porc. La seuledivergence importante
concerne la somme
phénylalanine
+tyrosine
pour
laquelle
le rapport est de 71 pour le veau au lieu de 100 pour le porc(Henry 1988).
Selon Van Weerden et Huisman
(1985),
unaliment contenant 220 g de
protéines
de lait et4 700 kcal d’EM par
kg
de MS couvre lesbesoins en acides aminés soufrés d’un veau de
5 à 7 semaines.
Cependant,
lasupplémentation
en méthionine des aliments à base de
protéines
laitières améliore les
performances
des veaux(revue
de Toullec etal 1975, Jenkins
etEmmons
1983)
et selon Patureau-Mirand(1980),
l’addition d’au moins 2,5 g de méthio- nine parkg
est nécessaire.Cependant,
dans laplupart
des essais de croissance cités par Toul- lec et al(1975),
les aliments contiennent tou-jours
moins de 220 g deprotéines
ouplus
de4 700 kcal d’EM par
kg
de MS. Hormis leur déficience éventuelle enméthionine,
les pou- dres de lait de bonnequalité
sont bienéquili-
brées en acides aminés. Un
risque
de défi-cience en
lysine
existe dans despoudres
de laitécrémé
ayant
subi un traitementthermique
excessif.
Dans le cas des
protéines
desubstitution,
il faut considérer leurcomposition
en acides ami-nés,
maiségalement
ladigestibilité apparente
de ces derniers à la fin de l’iléon. Parchance,
cette
digestibilité
variegénéralement
dans uneproportion
voisine de celle observée pour ladigestibilité
fécale de l’azote totallorsque
lesprotéines
du lait sontremplacées
par des pro- téines de substitution(Guilloteau
et al 1980,Guilloteau et al 1986, Nunes Do Prado et al
1989c).
Parfoiscependant,
elle le fait moins(cystine
etarginine
dans le cas d’un concentrat desoja
traité àl’alcool)
oudavantage (histidine
avec un
hydrolysat
depoissons blancs).
A même
apport
deprotéines digestibles
que lelait,
seules lesprotéines
de pomme de terre(revue
de Toullec1988)
et d’oeuf(Sauveur 1988)
semblent être,parmi
les sources cou- rantes, suffisamment pourvues en tous les acides aminésindispensables
etsemi-indispen- sables ;
il subsiste toutefois unelégère
défi-cience en
lysine
dans le cas de l’oeuf. La pou- dre de lactosérum est riche en thréonine et entryptophane
mais un peu déficiente en acides aminéssoufrés, histidine, arginine
et valine(revue
de Toullec1988).
Les concentrats de lac- tosérumpréparés
par ultrafiltration sont excep- tionnellement bien pouvus enthréonine,
acides aminéssoufrés, lysine
ettryptophane
maisinsuffisamment en
arginine
et histidine. Lesoja
et le
pois
sont riches enarginine
mais sontlégèrement
déficients enlysine,
acides aminéssoufrés,
thréonine et, dans une moindremesure, en acides aminés ramifiés. Les concen-
trats de
poissons
grasdélipidés
sont suffisam-ment riches en tous les acides aminés
indispen- sables,
sauf en acides aminés ramifiés et enthréonine. En
revanche,
les concentrats depoissons
blancshydrolysés
sont déficients entous les acides aminés
indispensables, excepté
en
arginine
et acides aminésaromatiques.
Legluten
de maïs est très pauvre enlysine
etcontient un
large
excès deleucine,
il n’est bienpourvu
qu’en
acides aminés soufrés et aromati-ques. Le
gluten
de blé est très pauvre enlysine
et en
thréonine,
il n’est suffisamment richequ’en
acides aminésaromatiques, arginine
ettryptophane.
Les levureslactiques présentent
des déficiences dans les mêmes acides
aminés ; toutefois,
celles-ci sont nettement moins pro-noncées,
sauf pour les acides aminéssoufrés,
la leucine et l’histidine. Les déficiences enlysine,
acides aminés soufrés et thréonine peuvent être
corrigées
par l’addition deproduits industriels ;
les autres ne peuvent l’êtrequ’en procédant
àdes
mélanges
et/ou en augmentant le taux pro-téique.
3 / Résultats zootechniques
Les
protéines incorporées
dans les aliments d’allaitement pour les veauxd’élevage
doiventêtre bien
équilibrées
en acides aminés maiségalement appétibles, dépourvues
de consti-tuants indésirables
(facteurs antinutritionnels,
excès de minéraux ou de
glucides indigestibles)
et solubles dans l’eau ou faciles à maintenir en
suspension.
Leur teneur en fer a peud’impor-
tance contrairement aux
exigences
concernantles veaux de boucherie.
3.
1 / Protéines animales
a / Lactosérum
Ses
protéines
sontdisponibles
sous desformes très variées : en
l’état, déminéralisées,
délactosées(riches
enprotéines
et en miné-raux),
ultrafiltrées(riches
enprotéines
et pau-vres en
minéraux), précipitées,... Incorporées
àdes aliments bien
équilibrés
sur leplan
miné-ral,
lesprotéines
de lactosérum permettent auxveaux de boucherie de réaliser des
gains
depoids
viféquivalents
à ceux obtenus avec lapoudre
de lait écrémé(tableau 6).
Chez lesjeunes
veauxd’élevage
sevrés trèsprécocement (10
ou 13,5kg
d’alimentd’allaitement),
lesgains
depoids
vif sontparfois
médiocres lors- que le taux de substitutiondépasse
50 %(Gorill
et Nicholson 1972, Stewart et al 1974, Volcani et Ben Asher 1974,
Shingoethe
1976,Cruywa-
gen et Horn
1985).
La substitution totale peutparfois
entraîner uneaugmentation
de la mor- talité des veaux(Stewart
et al1974). Cepen- dant, l’incorporation
de lactosérumpermet
aussi
d’apporter
dulactose, glucide
très biendigéré
par lejeune
veau.b
/ PoissonLe
remplacement
deplus
de 50 % des pro- téines du lait par celles depoisson -
fourniespar des concentrats
protéiques
solubles ouinsolubles - et de lactosérum dans les aliments d’allaitement réduit le
gain
depoids
vif desveaux
d’élevage
et de boucherie(tableaux
6 et7).
Les solubles depoisson,
très pauvres en acides aminésindispensables, incorporés
enforte
proportion (17 %)
peuvent occasionnerune mortalité élevée
(Campos
et al1982).
Lesrefus de lait de
remplacement
sont accrus(Troccon
et Toullec 1976,Jenkins
et al1982)
ainsi que la
fréquence
des diarrhées(Troccon
et Toullec
1976)
parl’incorporation d’hydroly-
sat de
poisson.
La consommation d’aliments solides est réduitelorsque
le taux derempla-
cemnt est élevé
(Dodsworth
et al1977)
de sortequ’un
allaitementprolongé
augmente le croît des veauxexpérimentaux
à lapériode
desevrage
(figure 2).
Le
gain
depoids
vifdes veaux
diminue
beaucoup quand
le taux de
remplacement
desprotéines
dulait dépasse
25 à 50%
selon
la naturedes
sources
protéiques, 3.
2 / Protéines végétales
a l Soja
Le
remplacement
desprotéines
du laitécrémé par celles de
soja -
fournies par des farines ou des concentratsprotéiques -
et de lactosérum réduit legain
depoids
vif des veauxd’élevage
ou de boucherie(tableaux
6 et8),
sur-tout dans le
jeune âge.
La réduction de la crois-sance
pondérale
est moindrelorsqu’une partie
des
glucides
dusoja
a été éliminée pourconcentrer les
protéines.
Les farines ou concen-trats de
soja
sontgénéralement
traités à la cha-leur humide afin d’éliminer les facteurs anti-
trypsiques.
Lepoids
du tubedigestif
vide etl’épaisseur
de laparoi
de l’intestingrêle
sontplus
élevés avec lesprotéines
desoja (Roy
et al1977).
b /
Organismes unicellulaires
Les
gains
depoids
vif des veaux de bouche-rie recevant des aliments d’allaitement dont 26 et 51 % des
protéines proviennent
de levures d’alcanes sont réduits de 8 et 16 %respective-
ment entre les
âges
de 20 et 48jours (tableau 6).
Des taux deremplacement identiques
par desprotéines
de bactéries cultivées sur métha- nol diminuent lesgains
depoids
vif de 9 et25 % chez des veaux de boucherie entre les
âges
de 4 et 10 semaines(Toullec
nonpublié).
Jusqu’au remplacement
de 20 à 25% des pro- téines dulait,
les levureslactiques
modifientpeu les
performances
des veaux de boucherie(Quillet
nonpublié).
Paruelle et al(1972)
ontobservé un état relâché des fèces chez les veaux
recevant des
protéines
de levures.c / Luzerne
Le
remplacement
de 25 % desprotéines
du lait par celles d’un concentratprotéique
deluzerne réduit de 8 % le
gain
depoids
vif deveaux de boucherie entre les
âges
de 12 à 62jours (Toullec 1981). Cependant,
la colorationjaune
desdépôts adipeux
de la carcasse faitréserver cet aliment aux veaux
d’élevage.
d / Pomme de terre
Le
remplacement
desprotéines
du lait par unmélange
deprotéines
de pomme de terre(68 %)
et de lactosérum(32 %)
réduit peu legain
depoids
vif de veaux de boucherie entre la naissance et 3 ou 8 semaines(Noordevier
etVan
Kempen 1983). Cependant,
les effetsnéga-
tifss’amplifient
avec le taux de substitution etl’âge
des veaux. Des troublesimportants (diar-
rhées, refus,
perte depoids,
chute despoils,...) apparaissent lorsque
le concentratprotéique
depomme de terre est riche en solanine. Celle-ci interfère
plus
nettement avec lesprotéines
depomme de terre
qu’avec
celles du lait écrémé.e /
Protéagineux
etoléagineux
La féverole
(crue,
infranisée oufermentée) incorporée
à raison de 14 % desprotéines digestibles
de l’aliment d’allaitement réduit de 6 à 9 % legain
depoids
vif des veaux de bou-cherie entre les
âges
de 3 et 12 semaines(Toul-
lec et al
1980).
Avecl’incorporation
d’unconcentrat
protéique
deféverole,
l’état sanitaire des veaux est médiocre et lafréquence
desjours
de diarrhées atteint 1 sur 2(Guilloteau
etal
1977). Lorsqu’un
concentratprotéique
de colza pauvre englucosinolates apporte
60 % desprotéines,
legain
depoids
vif diminue de 30 % entre lesâges
de 1 et 4 semaines chez leveau
d’élevage
recevant 10kg
environ d’ali-ment d’allaitement
(Gorill
et al1976).
Enrevanche,
la diminution n’estplus significative
au taux de substitution de 30 %.
Lorsque
de la farine depois hydrolysée
par uneamylase
extraite de Bacillus subtilis
apporte
75 % desprotéines
de l’alimentd’allaitement,
legain
depoids
vif des veauxd’élevage
est réduit de 54 %entre 3 et 35
jours d’âge (Bell
et al1979).
Leseffets ne sont
plus significatifs
à des taux moinsélevés
(25
ou 50%).
_3.s / Modalités de distribution
La distribution en
quantité élevée,
en 1 repas parjour,
d’un aliment d’allaitementdépourvu
de
poudre
de lait écrémé à des veauxd’élevage depuis l’âge
dequelques jours jusqu’au
sevrage à 6 semaines altère la santé et le croît desgénisses d’élevage.
Leremplacement partiel
dela
poudre
de lait écrémé(50
% desprotéines)
etun sevrage
plus
tardif(à
9semaines) permet-
tent d’obtenir des résultats
plus
satisfaisants(Troccon
et Toullec1976).
Enrevanche,
l’intro-duction
plus
tardive(à
2semaines)
de l’aliment d’allaitement sanspoudre
de lait écrémé, la dis-tribution en 2 repas par
jour
enquantité
crois-sante et le sevrage à 12 semaines
permettent
d’élever sans effetdépressif
des veaux mâlesd’élevage (tableau 9). Lorsque
les veauxreçoi-
vent simultanément un aliment concentré
(veaux d’élevage),
la réduction dugain
depoids
vif est moindre
(Nitsan
et al 1971, Huber 1975,Jenkins
et al1982). Après
le sevrage, lesgains
depoids
vif des veauxd’élevage
ne diffèrentpas selon
qu’ils
aient reçu des aliments d’allai- tement avec ou sans lait écrémé(Troccon
etToullec 1976,
Opstvedt
et al1977).
L’additiond’un
produit bactériostatique
aux aliments d’al- laitement sans lait écrémé améliore legain
depoids
vif des veaux de boucherie(Roy
et al1977).
Conclusion
Le
remplacement
du lait écrémé par d’autressources
protéiques
dans les aliments d’allaite-ment entraîne une accélération de l’évacuation
gastrique
desprotéines
et deslipides
due àl’absence de
coagulation.
Ces modificationss’accompagnent
d’une réduction des sécrétionsdigestives
stomacales et(ou) pancréatiques.
Ladigestibilité
des sources azotées deremplace-
ment est inférieure à celle du lait écrémé, en
particulier
chez les veaux de moins d’un mois.Certaines sources azotées
provoquent
des réac-tions d’intolérance de nature
allergique.
Enoutre, leur
équilibre
en acides aminés est sou-vent moins satisfaisant. Par suite, les
risques
sanitaires
(diarrhées, mortalité)
et zootechni-ques
(réduction
dugain
depoids vif)
peuventêtre accrus surtout chez les