COLLÈGE INTERNATIONAL DE PHILOSOPHIE LA DÉCOLONISATION DES SAVOIRS SELOUA LUSTE BOULBINA
LA CRÉOLISATION EST-‐ELLE UNE DÉCOLONISATION ? Ce séminaire se poursuivra au second semestre
18H30-‐20H30 CENTRE PARISIEN D’ÉTUDES CRITIQUES 37 bis rue du Sentier 75002 Métro Sentier 0140750019 JEUDI 21 NOVEMBRE, JEUDI 5 DÉCEMBRE 2013 JEUDI 16 JANVIER, JEUDI 30 JANVIER 2014
21 novembre 2013 : Seloua Luste Boulbina, Introduction
5 décembre 2013 : Edelyn Dorismond, « Créolisation, décolonisation : la promesse avortée de l’indépendantisme en terre antillaise »
16 janvier 2014 : Romuald Fonkoua, « La créolisation comme nouvelle pensée du monde »
30 janvier 2014 : Alexis Nuselovici (Nouss), « Critique du métissage »
http://www.ciph.org/direction.php?idDP=77
« J’appelle créolisation la rencontre, l’interférence, le choc, les harmonies et les dysharmonies entre les cultures. » Par ces mots, Edouard Glissant fait de la « créolisation » une décontinentalisation, qu’il nomme archipélisation, et qu’il corrèle à ce qu’il appelle « tout-‐
monde ». Le monde entier, pour lui, se créolise et s’archipélise.
La proposition est si séduisante qu’elle en est presque devenue parole d’évangile. Ainsi, Hans Ulrich Obrist, un intellectuel nomade de l’art contemporain, suit un rite singulier : il lit tous les matins, depuis quinze ans et pendant quinze minutes, des textes d’Edouard Glissant. Peut-‐être l’art contemporain est-‐il, par son imprévisibilité, la scène de la créolisation par excellence tant il s’affranchit de l’identité. Sur le plan linguistique et littéraire, la créolisation est un (ré)assemblage d’éléments hétérogènes formant langue. « Écrire la parole donnée » : Patrick Chamoiseau, par exemple, qui a commencé par publier en créole, appartient, historiquement, à la révolution esthétique de la créolité, conçue comme un « agrégat interactionnel ou transactionnel ». La littérature, fut-‐elle en pays dominé, s’émancipe ainsi de l’emprise impériale et de la colonisation de l’imaginaire.
On peut soutenir, en pensant par exemple au tournant de la négritude, que la décolonisation commence, pratiquement, avec (ou dans) la culture (poésie notamment) et, théoriquement, avec les noms (« J’appelle créolisation », « J’appelle Tout-‐Monde »).
Si l’art et la littérature apparaissent comme les champs par excellence de créolisation et d’imprédictibilité, cela signifie-‐t-‐il qu’ils se décolonisent et s’émancipent de toute colonialité ? Il faudrait, pour le savoir, clarifier la consistance même de l’idée de créolisation. Elle ne procède pas du métissage ; comment la concevoir, surtout sous l’angle de la décolonisation ?
Edelyn Dorismond, Chercheur associé au LLCP, Université Paris 8 Saint-‐Denis, » Romuald Fonkoua, Professeur de littérature, Université de Paris 1 Sorbonne
Alexis Nuselovici (Nouss), FLSW Chair of Modern Cultural Studies, Cardiff University,