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BIBLIOGRAPHIE COMMENTÉE DES SOURCES D'UNE HISTOIRE DE LA CATHÉDRALE DE TROYES

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BIBLIOGRAPHIE COMMENTÉE DES SOURCES D'UNE HISTOIRE

DE LA

CATHÉDRALE DE TROYES

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f MGR JOSEPH ROSEROT DE MELIN

ARCHIVISTE-PALÉOGRAPHE VICAIRE GÉNÉRAL DE TROYES

BIBLIOGRAPHIE COMMENTEE DES

SOURCES D'UNE HISTOIRE

DE LA

CATHÉDRALE DE TROYES II

DÉCO R A T I O N AMEUBLEMENT

Publié avec le concours

du Centre national de la Recherche scientifique LES IMPRIMERIES PATON 27-29, rue Général-Saussier - TROYES

19 7 0

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AVANT-PROPOS

Lorsqu'il s'éteignit le 5 mai 1968, à quatre-vingt neuf ans, Mgr ROSEROT DE MELIN avait à peu près entièrement terminé ce deuxième volume de sa Bibliographie commentée des sources d'une histoire de la Cathédrale de Troyes. Il avait espéré mener sa tâche jusqu'au bout, mais sachant bien qu'à cet âge la plume pouvait lui tomber des mains, il avait discrètement, comme à son habitude, désigné ceux qu'il souhaitait voir achever l'œuvre qui lui avait coûté tant de minutieuses recherches.

L'affection respectueuse qu'ils portaient à celui qu'ils considéraient comme un maître vénéré leur a fait un devoir de remplir cette mission.

Aussi bien n'eurent-ils qu'à mettre en ordre le manuscrit et les notes, vérifier quelques références, effectuer les corrections qu'il eût faites lui-même en revisant son texte. Et si, quelquefois, ils ont cru bon d'y ajouter quelque complément, la mention « Note des éditeurs » le précise. L'Index analytique des deux tomes est également de leur composition.

Il ne sera pas inutile, semble-t-il, de rappeler le projet que s'était fixé l'auteur : une « études des sources » ou — pour lui conserver son titre original — une « bibliographie commentée » des manuscrits et des ouvrages imprimés qui, d'une manière ou d'une autre, parlent de la cathédrale, ainsi qu'il l'écrivait lui-même dans l'Avant-propos du tome Ier, p. VIII. Il n'avait pas pour but d'écrire une histoire de la cathédrale, de sa construction, de sa décoration — le lecteur non prévenu pourrait s'y méprendre — mais, comme le disait Paul Deschamps dans la Préface, de préparer « les voies de l'historien futur du plus glorieux monument de la Champagne méridionale ».

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La publication de ce volume a été effectuée par : Mgr André MARSAT, vicaire général de Troyes

Ml Je Françoise RIBOLET, archiviste-paléographe, conservateur en chef de la Bibliothèque de Troyes

M. Alfred MORIN, bibliothécaire-adjoint de la Bibliothèque de Troyes

M. Serge MORISSEAU, architecte des Bâtiments de France

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Monseigneur Joseph Roserot de Melin

De père champenois, de mère bourguignonne, Joseph-Marie- Gustave Roserot naissait à Troyes le 27 avril 1879. Sa longue vie, quatre-vingt-neuf ans,. fut toute consacrée à son sacerdoce, qu'il ressentait avec une foi profonde, et à sa vocation d'historien. Il subit en effet la double influence de son oncle, le Père Paul Roserot, et de son père, Alphonse Roserot (1849-1932), archiviste-adjoint de l'Aube et auteur du Dictionnaire topographique de la Haute-Marne, où il fut archiviste. La vénération affectueuse de Mgr Roserot l'avait poussé à compléter et à éditer, de 1941 à 1948, l'œuvre monumentale que son père avait laissée manuscrite : le Dictionnaire historique de la Champagne méridionale des origines à 1790.

Bachelier en 1897, Joseph Roserot entra au Séminaire français de Rome, où il fut ordonné prêtre le 24 mai 1902 : puis toute sa vie, chaque année, à l'Ascension, il ira retrouver ce climat romain.

De retour dans le diocèse de Troyes pendant peu d'années, où il fut successivement vicaire à la cathédrale, professeur au grand Séminaire, curé de Clérey, puis de Gyé-sur-Seine, il obtint, à trente-deux ans, un congé pour entrer à l'Ecole des Chartes, le 11 novembre 1911. En même temps, il termina sa licence ès lettres. Ses condisciples de l'année précédente, comme Pocquet du Haut-Jussé, ou suivantes, comme Jean Porcher et Pierre d'Espezel, lui furent toujours chers.

La guerre interrompit l'abbé Roserot au moment où il venait d'être admis à l'épreuve de la thèse, le 8 juillet 1914.

Comme aumônier et infirmier au 51" régiment territorial d'infanterie, il fut cité à l'ordre du jour du 17 novembre 1916 et reçut la Croix de Guerre.

(1) Deux articles ont été consacrés à Mgr Roserot, l'un par Henri Tarn' et René Vigo, dans le Bulletin mensuel de la Société académique de l'Aube avril 1962, reproduit dans Procès-verbaux des séances de la Société académique de l'Aube, p. 35-43 ; l'autre par M. le chanoine Moreau, dans la Revue catholique du diocèse de Troyes, 9 mai 1968, p. 190-191.

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Sa soutenance de thèse, le 27 janvier 1919, lui permit de recevoir le prix Auguste Molinier et la bourse de voyage Robert-André Michel, pour Antoine Caracciolo, évêque de Troyes (v. 1515-1570) : il sortait second de l'Ecole (arrêté du 5 février 1919).

Aussitôt, en mai et juin,, il se rendit à Rome et envoya un rapport sur sa mission effectuée aux Archives du Vatican et du Saint-Office pour y étudier les sources de l'histoire de France au xvie siècle (B. E. C., 1919, pp.370-374). Puis, membre de l'Ecole française de Rome à partir du 10 novembre 1919, il y prolongea son séjour jusqu'en 1922.

Docteur ès lettres le 14 mai 1923, il publia cette thèse de l'Ecole, remaniée, qui obtint, en 1925, le prix Drouyn de Lhuys de l'Académie des sciences morales et politiques.

Puis, il devint vicaire général à l'armée du Rhin, auprès de son ami Mgr Hélmond, qui le fit nommer prélat de Sa Sainteté en décembre 1924. Mais, en 1930, l'armée étant dissoute, Mgr Roserot revint à Troyes comme secrétaire général de l'évêché, c'est-à-dire chancelier,, auprès de Migr Feltin, puis vicaire général en 1934. Il y montra beaucoup de courage lors des bombardements de juin 1940 : il travailla lui-même à soigner les blessés et à enterrer les morts.

Il prit sa retraite le 25 juillet 1952, mais tout en demeurant aumônier de l'Hospice Saint-Nicolas; et pendant la guerre, tant qu'il était encore valide, il avait tenu à rester le curé d'une petite paroisse près de Troyes, Saint-Germain, où il se rendait à bicyclette.

Depuis son retour à Troyes en 1930, Mgr Roserot avait repris ses recherches historiques et publiait de nombreux articles, tels son Panégyrique de Jeanne d'Arc (1910), La Sainte-Couronne d'Epines et le diocèse de. Troyes (1939), et, pour la Société académique de l'Aube, qu'il présida en même temps que l'Association des amis de la Bibliothèque de Troyes : Un nouveau « Souvenir » des comtes de Champagne (1958), Notes sur la statuaire extérieure... de la cathédrale (1960), Les deux prophètes du Musée de Troyes (1964).

Il a publié dans le t. III de l'Introduction aux études d'histoire ecclésiastique locale de V. Carrière : L'Etablissement du protestantisme en France des origines aux guerres de religion (3 partie, 1939, pp. 131-246). Il a décrit la Cité du Vatican (1937), le Diocèse de Troyes (1957) et l,a Bibliographie commentée, des sources d'une histoire de la cathédrale de Troyes (t. I, Construction, 1967), laissant à ses exécuteurs testamentaires le soin d'en publier le t. II : Décoration et ameublement.

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Les Archives de l'Aube et la Bibliothèque de Troyes ont reçu régulièrement sa visite, pendant toutes ces années, et tout récemment encore, chaque matin en sortant de l'Hospice proche, il entrait quelques instants travailler et reposer ses jambes fatiguées dans la Bibliothèque, à qui M a légué la plus grande partie de ses livres et manuscrits.

Sa maladie, une phlébite, ne dura que quelques jours; il avait la hantise d'une vieillesse diminuée; mais il est resté alerte jusqu'à sa fin, île 5 mai 1968.

Chevalier de 3ia Légion d'honneur en 1962, il a laissé dans la ville de Troyes le souvenir d'un érudit aux réparties spirituelles, mais surtout d'un prêtre simple et bon, d'une foi profonde; son attachement à la liturgie qui lui « a donné le véritable secret de la piété», comme il l'a écrit, apparut le jour de ses obsèques, qu'il avait réglées liui-même, selon les prescriptions du rituel.

Il a été un exemple pour beaucoup de nous, ses jeunes confrères, là qui il a appris à travailler et à ne pas se contenter d'à peu près.

Son scrupule, son goût du « retour aux sources », lui ont permis de créer une œuvre solide, et les chercheurs continue- ront longtemps à se référer en toute sécurité à cette documentation parfaite sur l'histoire champenoise.

Françoise BIBOLET.

(Extr. Bibliothèque Ecole des Chartes, t. CXXVI-2 (année 1968), pp. 565-567).

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Publications

de Mgr Joseph Roserot de Melin

Antonio Caracciolo, évêque de Troyes (extr. Positions des

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thèses Ecole des Chartes, 1919, 9 p.).

Antonio Caracciolo, évêque de Troyes [thèse de Doctorat], 1923, LIII-451 p.

Bibliographie commentée des sources d'une histoire de la cathédrale de Troyes.

T. I. Construction, 1966, XI-279 p.

T. II. Décoration et ameublement, 1970, IX-301 p.

La Cathédrale de Troyes. Histoire et description, 1952, 15 p.

Centenaire de l'Eglise de Jully-sur-Sarce, 1959, 4 p.

La Cité du Vatican (Coll. Les Etats contemporains), 1937, 122 p.

Clairvaux (La Vie en Champagne, n° 4, juillet-août 1953).

Les Deux « Prophètes » du Musée de Troyes (Mém. Soc.

Acad. Aube, t. 104, 1964-1966, pp. 72-117, pl.).

Le Diocèse de Troyes des origines à nos jours, 1957, 515 p.

(et Indépendant de l'Aube, 1-3-1955 et ss.).

Discours prononcé à la cérémonie d'inauguration de l'Expo- sition du Tricentenaire de la Bibliothèque de Troyes, 1951, 12 fol.

L'Etablissement du Protestantisme en France des origines aux guerres de religion (Revue d'histoire de l'Eglise de France, 1931, pp. 27-81, 180-219; id., dans V. CARRIÈRE, Introduction aux études d'histoire ecclésiastique, t. III, 1936, pp. 131-246).

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Etudes sur les relations du Saint-Siège et de l'Eglise de France dans la seconde moitié du XVIe s., I. Rome et Poissy (Mélanges d'archéologie... Ecole fr. de Rome, t. XXXIX, 1921-1922, pp. 47-151).

L'Histoire contre la légende. Jeanne d'Arc. (Alm. Indépen- dant de l'Aube, 1948, pp. 246-250).

Historique sommaire du 51p Régiment d'Infanterie Terri- toriale au cours de la Guerre 1914-1918, 1920 [sans nom d'auteur].

Note sur un prétendu évêque de Troyes en 1560 : Frédéric « Corneille » (Mélanges d'archéologie... Ecole fr. de Rome, t. XXXVII, 1918-1919, pp. 295-307).

Notes sur la statuaire extérieure aujourd'hui disparue de la cathédrale (Jlém. Soc. Acad. Aube, t. 102, 1954-1960, pp. 157-168).

Un Nouveau « souvenir » des comtes de Champagne au Trésor de la cathédrale de Troyes (Mém. Soc. Acad.

Aube, t. 101, 1946-1953, pp. 231-238).

Panégyrique de Jeanne d'Arc. Mussy-sur-Seine, 1910, 24 p.

idem. Troyes, 1944, 16 p.

Le Père Paul Roserot, 1922, XVI-261 p.

Pierre Fabre (1894-1955) (Mélanges d'archéologie... Ecole fr. de Horne, t. LXIX, 1957, pp. 347-352).

Pour un art « chrétien » (Alm. Indépendant de l'Aube, 1952, pp. 49-52).

Quelques dessins anonymes des Archives de l'Aube (Mém. Soc. Acad. de l'Aube, t. 100, 1943-1945, pp. 162-169).

Du Rôle des noms de rues (ibid., pp. 190-200).

La Sainte couronne d'épines et le diocèse d'e Troyes.

1939, 26 p.

repris et complété dans :

La Sainte couronne d'épines et le diocèse de Troyes en 1239 (Mém. Soc. Acad. Aube, t. 99, 1939-1942, pp. 185-205).

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Le Sous-sol de la cathédrale d'après les fouilles de 1844 et 1864, et son état en 1958 (Alm. Indépendant de l'Aube, 1959, pp. 93-96).

Souvenirs inédits : le Padre Pio (Revue catholique dioc.

de Troyes, 3-10-1968).

Urbain IV et le Sacerdoce (Extr. de Le Recrutement sacerdotal, mai 1957, 32 p.).

En collaboration

L'Aube [Histoire religieuse] (dans Richesses de France, n° 61, pp. 47-48.

Congrès Archéologique de France, CXIII" session, 1955, Troyes : Discours au nom des Sociétés savantes, pp. 468-470.

Hommage à Jules Gobé, 1963, 18 p.

Editeur

MOREL-PAYEN (Lucien). Troyes et l'Aube, 4"" éd., t. I : Troyes et Environs. 1961, XL-184 p.

ROSEROT (Alphonse). Dictionnaire historique de la Cham- pagne méridionale des origines à 1790. 1941-1948, 4 vol.

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Mgr Joseph ROSEROT DE MELIN (1879-1968)

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DEUXIÈME PARTIE

DÉCORATION

I. — Avant le XIII s.

1. - Sculpture

La « bibliographie » de la sculpture antique et romane de la cathédrale promet plus qu'elle ne tient. En effet, composée presque tout entière des informations fournies par les fouilles provoquées par les travaux de restauration au xix' s. (de 1836 à 1842, dans les fondations du portail méridional, de 1849 à 1851 sous les chapelles de l'abside, et, en 1864, dans le chœur), elle en donne la preuve dès son premier article.

Celui-ci mentionne un « chapiteau trouvé dans les fondations de la cathédrale lors du rétablissement du portail du midi [1842] (style roman) » (Notice sur les collections dont se compose le Musée de Troyes, 1850, p. 36, n° 15). Rédigée par l'éminent dessinateur Jules SCHITZ, conservateur du Musée « pour les objets d'art » (cf. Albert BABEAU, introduction au Catalogue de 1882, p. 13, et aux suivants), cette mention semble présenter toutes garanties d'exactitude. Mais dans la Notice (2m. édition, 1864)' — où elle est maintenue (p. 129, n° 124)

— la cote « style roman » a disparu et n'est remplacée par aucune autre indication chronologique. On en doit conclure qu'elle était récusée — tout au moins jugée douteuse — par le chanoine Coffinet, conservateur du Musée « pour l'archéologie » et rédacteur de cette partie du catalogue; et, sans doute, avec l'agrément de SCHITZ (t 1871). Quoi qu'il en soit des motifs — et de la portée —

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de cette suppression sur lesquels nous ne possédons aucun renseignement, ce chapiteau ne pourrait être que l'un des deux datés du XIIT s. par le catalogue d'Archéologie monumentale de LE CLERT (1890), dernière forme des Notices de 1850 et 1864. De toute manière, fût-il roman, cette trop vague caractéristique n'apporterait pas grand- chose à notre connaissance de la décoration sculpturale des édifices antérieurs.

Le résultat des fouilles suivantes y contribuera-t-il davantage ? Celles de 1849-1851 suivies avec attention par Ainédée AUFAUVRE1 (cf. Travaux de consolidation et de réparation à la Cathédrale de Troyes, dans VAlmanach de Troyes, 1853, p. 82, complété dans Troyes et ses environs, 1860, p. 47) ne mirent au jour, sous la chapelle du chevet, que « divers fragments de sculpture gallo- romaine, enclavés dans [une] maçonnerie d'apparence antique » et « sous les absidioles, de beaux fragments d'entablement gallo-romain qui, retaillés à l'envers au XIII" siècle, [ont été] placés dans les tambours et les parements de la [même] chapelle ». A quoi Théophile BOUTIOT — qui fait, sans l'indiquer, un amalgame des trouvailles de 1848-1851 avec celles de 1864 — ajoute les « débris d'une corniche (alias : de corniches) en marbre, des fûts de colonnes [dont] un recouvert de feuilles d'eau imbriquées » (Congrès scientifique de France, 31" session tenue à Troyes au mois d'août 1864, 1865, p. 571 : résumé de la séance du 6 août; et Mém. Soc. acad. de Y Aiibe, 1866, p. 6 : communication faite à la séance du 25 août 1864).

Quant aux fouilles pratiquées sous le chœur en 1864 (v. t. I, pp. 270-271), leur apport à notre sujet n'est pas d'un plus grand secours que celui des précédentes. Il se borne à la découverte de « bases et fûts de colonnes »...

Les deux relations qui forment toute la bibliographie de ces fouilles sont concordantes (cf. Chanoine COFFINET, contrôleur délégué par l'évêché, Rapport adressé à l'évêque de Troyes sur les fouilles faites dans le chœur de la cathédrale au mois de juin1 1864, daté du 27 juin; et Théophile BOUTIOT, Notes sur les fouilles de la cathédrale de Troyes, opérées en juin 1864, datées du 25 août;

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publiés dans les Mém. de la Soc. acad. de l'Aube, 1866, le premier travail pp. 13-40, le second pp. 5-11). Mais cet accord est moins complet quand il faut donner un âge à ces « témoins ». Pour Coffinet, « bases et fûts de colonnes remonte [nt] à la plus haute antiquité. Ces morceaux de sculpture ont-ils fait partie de l'édifice élevé en 872 par Ottulphe ? Ou bien sont-ils antérieurs à cette époque ? Des archéologues seraient assez disposés à adopter cette dernière opinion ». Formule hyperbolique que celle de

« la plus haute antiquité » appliquée à un monument éventuel du Ve s. Avec moins d'hésitations, Boutiot décide que « fûts, soubassements de colonnes ou de piliers ont dû appartenir à l'église construite par l'évêque Ottulphe (870-883) ». Mais, cédant lui aussi à la fascination d'une CI plus haute antiquité », il s'aventure à dire que les

« matériaux de remblai » au milieu desquels Coffinet signalait ces « bases et fûts de colonnes > et que lui-même qualifie de « nombreux débris de construction, sans caractère et sans forme », « doivent appartenir à l'église primitive » — laquelle, d'après l'esquisse historique tracée au début de sa relation, serait l'église remplacée par celle (^Ottulphe. Comment des « débris sans caractère et sans forme » peuvent-ils attester cette appartenance ? Boutiot ne le révèle pas.

C'est avec des généralités du même genre que la Revue catholique de la ville et du diocèse de Troyes (n. du 2 juillet 1864, p. 67) présente le résumé de ces fouilles :

< Plusieurs pierres trouvées dans les déblais furent reconnues comme [ayant.] dû entrer jadis dans la construction de l'antique cathédrale qui a précédé celle...

du treizième siècle ». Mais le rédacteur termine par un renseignement concret, le premier qu'il nous soit donné d'enregistrer : « Entre ces pierres, nous avons remarqué deux fragments de colonnes, de ce beau style roman qui devait être celui de l'ancienne basilique. Rien ne nous en reste que ces pierres ». Outre l'intérêt d'être plus précise que la précédente (« bases et fûts »), cette information aurait celui d'attester, parmi ces « fragments de colonnes », la présence de leurs chapiteaux — les bases et fûts ne pouvant, par eux-mêmes, témoigner du « beau style

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roman ». Ce qui lui conférerait une valeur que n'ont pas les autres, et j'aurai tout à l'heure l'occasion de le montrer.

Une dernière « source » devait, semble-t-il, nous renseigner — et avec les meilleures garanties d'exactitude

— sur le résultat des fouilles : le Journal des travaux exécutés sous la direction de l'architecte diocésain (conservé au bureau de l'architecte des Bâtiments de France, à Troyes) complété à l'aide des dossiers 155 bis du MINISTÈRE DES AFFAIRES CULTURELLES, et F19 7905, 7906 des ARCHIVES NATIONALES). Espoir déçu : pas la moindre allusion aux fragments considérés par les fouilles comme ayant pu — ou dû — appartenir à un édifice religieux, alors que sont énumérés en détail les objets trouvés dans les tombes des évêques inhumés sous le chœur et les débris de l'appareil de chauffage d'une habitation romaine, voire « un stile en airain » mais « aucune médaille >

(sic, pour « monnaie »). Le contraste entre cette minutie d'une part et ce silence de l'autre, autorise à penser que ce dernier est voulu. Quel en pouvait être le motif, sinon que l'architecte Millet estimait insignifiants les fragments de pierre et douteuse leur attribution à une église. De sorte que le Journal ne serait muet qu'en apparence mais très explicite en réalité au sujet des vestiges éventuels des précédentes cathédrales. Aussi doit-on l'inscrire dans la bibliographie des fouilles, et d'autant plus nécessai- rement que dans ce débat, il est seul à porter la contradiction.

Quelle que puisse être l'interprétation du silence d'Eugène Millet — j'en assume seul la responsabilité — cette bibliographie des fouilles se réduit, en définitive, à de pures hypothèses. Car faute de toutes indications sur le caractère stylistique des fragments découverts, et vu la présence de ceux-ci au milieu d'autres provenant d'« habitations opulentes des temps gallo-romains » dont la cathédrale et l'évêché occupent l'emplacement (cf. BOUTIOT, op. cit., p. 6), elle ne permet ni de les en distinguer avec certitude, ni d'en fixer l'époque. Et, moins encore, peut-elle donner une idée de la décoration sculpturale des cathédrales d'Ottulphe ou de Milon. Il est

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possible toutefois que je n'aie pas épuisé toutes les, ressources des Archives Nationales, ni même les copieuses liasses précitées, et qu'un autre soit plus heureux.

A cette carence suppléent heureusement, quoique en bien faible mesure, trois informations qui rejoignent — par la bande, pour ainsi dire — cette bibliographie et elles ont sur elle l'avantage, ou d'être munies de documents iconographiques, ou de reposer sur une description

absolument sûre. v

1°) - Charles FICHOT (Statist. mon., III, 1891, p. 293) dit que « parmi ces débris, [mis au jour lors des fouilles de 1864 sous le chœur] ... se trouvaient une frise d'entablement..., des bases de fûts et des chapiteaux de colonnes... dont le caractère et l'extrême simplicité de style rappellent l'architecture de la fin du IXE siècle ».

A vrai dire, il peut paraître surprenant que ces chapiteaux n'aient pas été mentionnés par Coffinet et Boutiot. Et nous savons aussi que les données « historiques » de Fichot sont trop souvent sujettes à caution. Mais, d'une part, le compte-rendu de la Revue Catholique nous a édifiés sur le degré d'exactitude de celui des observateurs précités. D'autre part, frises et chapiteaux, Fichot les dit « conservés dans le musée diocésain de l'évêché », plus exactement le dépôt aménagé au rez-de-chaussée de révêehé peu après les fouilles de 1864, pour recueillir les pièces provenant de la cathédrale. Non seulement Fichot les y a vus, mais il a inséré dans son texte le dessin d'une partie de la frise et celui de l'un des chapiteaux (op. et loco. cit., n°. 114 et 115). Il n'y a donc aucun motif sérieux de mettre en doute les dates et localisation de provenance indiquées par Fichot ni leur

« attribution au IX. siècle », qu'un juge très qualifié consulté par moi estime « très vraisemblable ». Et pas davantage à ne pas voir dans le chapiteau qu'il a reproduit, Pun des deux « exhumés » de 1864 que signale implici- tement le texte de la Revue Catholique. Aussi, les deux dessins de Fichot sont-ils des documents irremplaçables.

D'autant plus que leurs modèles ont disparu. Jacques B*UE& — arrivé à Troyes ea 1914 — ne peut que le constater : « Je ne. les ai jamais vus ni au Musée, ni au

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dépôt de l'ancien évêché, ni à Paris » (note dans les Dossiers Bauer, à la BIBLIOTHÈQUE DE TROYES, ms. 3275).

[Depuis que ces lignes ont été écrites, ces deux pièces, le chapiteau et la frise dessinés par Fichot, ont été retrouvées lors d'aménagements effectués au Musée de Troyes en septembre 1968. Avec eux se trouvaient d'autres éléments de sculpture architecturale (chapiteaux, bases de colonnes, etc.) provenant du dépôt de l'ancien Evêché. Note des éditeurs).

Mais, en compensation, parmi les débris de ce dépôt, il découvrit un fragment de frise, « présumée d'époque caro- lingienne, ...qui a pu faire partie d'un édifice ayant précédé la cathédrale actuelle ...et n'a rien de commun avec le fragment reproduit par Ch. Fichot » (ibid.). Lui aussi est introuvable. [Ce fragment a été retrouvé également dans un dépôt du Musée. Note des éditeurs]. C'est donc un témoignage authentique de la sculpture architecturale des premiers édifices. (Voir planche).

Il y en aurait même une quatrième : une énorme gargouille dont la menaçante « chimère » figure au Musée de Troyes. h'Aube, luxueux volume paru en 1965 dans la collection « Richesses de France », en donne une très belle photographie, p. 119, avec la mention « XII" siècle » qui la classe exactement et à un rang exceptionnel parmi les « témoins » que j'ai tenté de déceler. Celui-ci n'est malheureusement qu'un « faux-témoin » : M"" Marguerite Dubuisson, conservatrice du Musée, l'avait signalée aux éditeurs de Y Aube, en précisant bien, sa date :

« XIII" siècle ». Par scrupule bibliographique, et en raison de la diffusion réservée au volume renfermant cette erreur, je ne pouvais me dispenser de noter le caractère spécial de cette référence.

2°) - Deux autres précisions, relatives à des œuvres plus importantes et fournies par une description absolument sûre, viennent compléter ce supplément bibliographique.

Tout d'abord, cette « Image du Sauveur » — Crucifix de bois recouvert de lames d'argent — qui, dès le temps de l'évêque Prudence (846-861), figurait dans une chapelle collatérale du chœur et y resta jusqu'en 1779-1780, J'en ai

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parlé, avec détails, au tome Ier (pp. 4-5), alors que, je le reconnais, elle eût mieux trouvé sa place ici.

Ensuite — et surtout — puisqu'en rapport plus direct avec l'objet de ce paragraphe - un Christ en majesté (c'est-à-dire siégeant sur son trône, la main droite levée pour bénir, la gauche posée sur un livre) entre les quatre symboles des évangélistes (homme, aigle, lion et bœuf), comme il résulte d'une mention des comptes de la Fabrique en octobre 1381 : « Pour nettoier et blanchir les ymaiges dou portau devent (sic), refaire le dyadime de l'imaige de Dieu, la main destre, la teste de l'aigle, une des elez (ailes) et les II (deux) piez, et croistre (agrandir) les elez dou huef (bœuf), et mectre le dit (sic) portau en premier estat qui fut; par marchié fait (sic) en tache à Denisot le pointre et à Droin de Mante pour leur paine et salaire...

1111 1. II s. VI d.

Pour pierre de Tonneurre (Tonnerre) pour faire le dit (sic) ouvraige achet[ée] V s. ». (BIBL. NAT., lat 9112, f)7 VO (1) ; publié pour la première fois (2) par Jules QUICHERAT, Notice sur plusieurs registres de l'œuvre de la

(1) Qu'il ait été transcrit directement d'après l'original ou par l'intermédiaire d'une copie, le texte de cette mention a subi, au point de vue paléographique, quelques accrocs. QUICHERAT, distrait par la pensée du rôle de ce « portau », écrit « d'entrée - au lieu de « devent » (devant). GADAN supprime toute difficulté en lisant « portau » sans plus; puis trébuche sur c dyadime » qu'il transcrit « dyademe » et

« l'imaige » qui devient « l'ymaige »; « elez » (ailes) se transforme en « clez », ensuite « élez », « mectre » en « mestre », « le dit » en

« led. », « tache » en « tasche », « Mante » en « Mantes »; quant à

« buef », il renonce et le remplace par quelques points. PIGEOTTE est le premier à lire exactement le terme accolé au « portau », quitte à corriger « devent » en « devant »; mais il invente » porteau », préfère indûment « l'ymaige de Dieu » à « l'imaige » et trahit le légitime c qui fut » de l'origine par un « qu'il fut » inopportun. - ASSIER qui, en 1858, avait adopté le mauvais « dyademe » de Gadan, lui restitue, en 1876, grâce à Pigeotte, sa graphie exacte c dyadime » mais le suit dans ses erreurs (« porteau », « ymaige de Dieu », c qu'il fut ») à quoi il ajoute une « main dextre » de son cru. - Enfin, RONDOT réédite le « portau d'entrée » de Quicherat, le

« dyademe » et les « élez » de Gadan.

(2) Cette priorité semblait être, de toute manière, réservée à Arnaud, Gadan lui ayant communiqué les « nombreux extraits - qu'il avait pris de ce registre (et de plusieurs autres), sauvés par lui du saccage des Archives de l'Aube en 1829 et remis ensuite à la Bibliothèque nationale (alors royale). Mais, note Gadan, « M. Arnaud...

(25)

cathédrale de Troyes, 1848, pp. 22-23, extrait des Mémoires de la Société royale des Antiquaires de France, t. XIX; puis par Jean-François GADAN — le Troyen, passionné d'histoire locale, qui sauva du saccage des Archives en 1829, et remit à la Bibliothèque Nationale ces registres étudiés par Quicherat — dans ses Comptes de l'Eglise de Troyes, 1375-1385, 1851, p. 15;

Léon PIGEOTTE, Etude sur les travaux d'achèvement de la cathédrale de Troyes 1450 à 1630, 1870, p. 10; enfin, Natalis RONDOT, Les Peintres de Troyes aux XIIT, XIV"

et XV" siècles, dans Nouv. arcli. de l'Art français, 2e série, t. III, 1882, p. 37, d'après Quicherat et avec renvoi à

« Arch. Aube, comptes de l'église Saint-Pierre » (référence fausse, puisque ce compte en est sorti depuis 1829);

réédité sous le titre Les peintres de Troyes du XIIIe au XVe siècle (sic), pp. 6-7 du tiré à part, extrait de la Revue de l'art français, 1887, où la fâcheuse référence a disparu.

De ce texte — dont il souligne l'importance — Quicherat déduit qu' « on [y] trouve de quoi reconstituer un bas-relief du XII" siècle » tel celui « qui se voit à Chartres » et qu'il est donc « nécessairement antérieur ...aux constructions de l'évêque Hervée ».

Interprétation et date du bas-relief concordent avec ce que nous savons d'une part de la représentation sculpturale de ce thème iconographique (cf. Emile MALE, L'Art religieux du XII" siècle, 5" éd., 1947, pp. 4, 7-9, 378 et ss.;

François SOUCHAL, Histoire de la sculpture monumentale, dans Hist. gén. des églises de France, t. I, 1966, p. 177 et ss.) et d'autre part de la disparition progressive et lente de la vieille église. Faut-il pour autant écarter comme illusoire l'hypothèse d'une origine plus ancienne ? Ne

en a seulement publié quelques-uns dans son Voyage archéologique » (p. VI du préambule). De fait, on y trouve (pp. 125, 158, 159 et 183), sans indication de source, onze des textes relevés par Gadan (pp. 14, 15, 16, 17 et 29 de sa publication), mais non celui du bas-relief réparé en 1381 qui est bien le plus important. Il figurait pourtant parmi les « extraits communiqués » puisque Gadan, déplorant que ceux-ci ne lui soient pas « tous revenus », estime que « ceux [qu'il a]

recouvrés présentent un très-grand intérêt et seront appréciés par les archéologues »(p. VI). Or, la mention du travail de 1381 se trouve parmi ces « recouvrés ». Arnaud en a donc eu connaissance mais ne l'a pas jugée digne d'être signalée.

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voit-on pas à Saint-Genis-des-Fontaines (Pyrénées-Orien- tales), sur un. linteau de 1019-1.020, un « Christ en majesté » dans une gloire soutenue par deux anges (Fr. SOUCHAL, op. cit., p. 170) ? Les comptes de la cathé- drale de Milon (fin XE s.) et ceux des XIe au XIIIe s. faisant défaut, il est aussi aventureux de nier que d'affirmer une ancienneté plus grande que celle déduite par Quicherat de l'analogie avec les œuvres du XIIe s. En tout cas, Jacques Bauer pensait que ce « Christ en gloire » était

« probablement antérieur à celui de Chartres » (cf. Notes sur l'ouvrage de Pigeotte, dans Dossiers Bauer à la BIBLIOTHÈQUE DE TROYES (ms. 3275, t. X, liasse 1). Sur quoi se fondait son opinion et jusqu'à quelle date pouvait, à ses yeux, remonter cette antériorité ? Il ne le dit pas, mais sa réflexion montre que celle-ci n'est pas à exclure.

Quant à la plate occupée par ce « bas-relief », Quicherat estime que le c portau » où il figurait c ne pouvait être [qu']un portail très ancien faisant façade, sur la cathédrale de Troyes au xiv' siècle », celui c d'une vieille nef [qui] reliait cette porte romane aux constructions modernes, conduites à cette époque [1381-1382] jusqu'en deçà de la croisée » (op. cit., pp. 23-24). Cette localisation paraît logique. Néanmoins, trois ans plus tard, GADAN (Comptes de l'Eglise de Troyes, 1851, pp. XII et 15,.

note 3) identifiera ce « portau » avec le « portail nord » qui appartient à la cathédrale d'Hervée ( x n r s.). En quoi il montre qu'il n'avait pas eu connaissance du travail de Quicherat et ignorait, d'autre part, que le thème iconographique décrit par le compte de 1381 avait cessé d'être traité — du moins de la même façon — au .xln. s. (3). Aussi, a-t-il cru que cette mention concernait une œuvre relativement récente, ce qu'il laisse entendre en parlant de réfection des « parties du bas-relief qui déjà ont été brisées » (p. XII). Ce « déjà » serait par trop naïf s'il avait pu penser que le bas-relief comptait, en 1381, quelque deux siècles et demi d'existence. Erreur évidente, par défaut d'information.

(3) Cf. MALI:, L'Art religieux du XII• sikte, 5"* éd., 1947, p. 442;

et L'Art religieux du XIII. siècle, 1" éd., 1888, p. 48, 8." éd., 19481 p. 35.

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ASSIER, qui la commet à son tour, n'a pas cette excuse. Car il a lu Quicherat dont il reprend, à peu de chose près les termes : « Ce bas-relief représentait Jésus nimbé avec les quatre animaux, tel qu'on le voit à Chartres ». Normalement, il aurait dû conclure, comme Quicherat : « c'est donc une œuvre du XIIe s. ». Au contraire, il revient à Gadan et la met au « portail nord >

— quitte à substituer (on se demande pourquoi) la date de 1388 à celle de 1381, et à omettre le « déjà » de ce mauvais guide, dont il pressent l'interprétation fâcheuse en désaccord avec le raisonnement si clair de Quicherat (Comptes de l'œuvre de l'Eglise de Troyes au XIVe siècle, p. 53 de sa plaquette Construction d'une Notre-Dame tlil XIIIe siècle, dans Bibliothèque de l'Amateur Champe- nois). Sans doute, s'est-il rendu compte de ce qu'un pareil mélange avait d'illogique et d'incohérent puisqu'en 1876 (Les arts et les artistes, p. 138), il abandonne Gadan et, se ralliant à Pigeotte (v. ci-après), localise le bas-relief au « porteau devant » — devant la façade, donc à l'ouest —, rend au travail restaurateur la date de 1381-1382 et ajoute que « M. Pigeotte croit reconnaître avec M. Quicherat une œuvre antérieure à la construction commencée sous l'évêque Hervée, un bas-relief du XII" siècle, tel qu'il se voit dans la grande porte de la cathédrale de Chartres ».

Cette fois, il reproduit, par l'intermédiaire de Pigeotte, la phrase même de Quicherat. C'est donc mieux finir qu'il n'a commencé. Imparfaitement toutefois, vu l'ambiguïté de la formule « M. Pigeotte croit avec M. Quicherat ».

Ni celui-ci (on l'a déjà constaté), ni Pigeotte (on va le voir) n'eurent la moindre hésitation quant à la date du bas-relief. Lui seul, Assier, paraît ne pas être fixé. En somme l'exposé de ce très consciencieux travailleur traduit la gêne d'un homme qui « marcherait sur des œufs avec le souci de ne pas les casser ».

Avec Léon PIGEOTTE ( Travaux d'achèvement de la cathédrale de Troyes, p. 11), nous revenons aux conclusions de Quicherat : type du XIIe s. analogue à celui de Chartres.

Ils diffèrent cependant l'un de l'autre quant à la place occupée par le bas-relief. Pour Quicherat, c'est au portail de la vieille cathédrale; et cette localisation paraît justifiée, tant par la nature du sujet que par l'usage

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courant (cf. MALE, L'art religieux du XIIe siècle, pp. 377 et ss.). Et le fait, pour le bas-relief, d'avoir été réparé en 1381 ne peut servir d'argument contre sa présence à la façade de l'ancienne église, celle-ci n'ayant disparu que cent cinquante ans plus tard, après que son portail eut servi jusqu'alors de « grande... entrée » (cf.t. Ier, pp. 161 et 203). Autant de raisons pour souscrire à l'opinion de Quicherat.

Pigeotte, au contraire, « pense, ...bien qu'un doute soit possible » que « la principale porte d'entrée de l'ancienne cathédrale » était celle qui, du côté de la place, donnait accès au « gros clocher ou vieille tour » édifiée à très peu de distance devant l'église pour abriter les

« grosses cloches » et aussi au « rez-de-chaussée... la loge où... les maçons travaillaient en hiver à la taille des pierres » (op. cit., pp. 9 et 10). Et c'est au-dessus de ladite porte qu'à son avis, était le bas-relief. Pour justifier cette identification, il allègue d'abord le texte même de 1381-1382 sur le nettoiement des « ymaiges (c'est-à-dire du bas-relief) dou porteau devant » ; puis, un autre de 1427-1428, concernant l'installation, « à l'entrée de l'église », des statues de s. Pierre et s. Paul, lesquelles, commente-t-il, ne pouvaient être placées qu'à la « principale porte d'entrée » (ibid., pp. 10 et 11). Mais les termes « porteau devant, ... entrée de l'église » conviennent autant — et même davantage — à la porte de la façade qu'à celle du clocher. Ces deux textes ne peuvent donc être invoqués en faveur de ce dernier. Un troisième semble — à première vue - - de meilleure qualité : une mention de 1519-1520 relative à la « dépense pour les deux ymaiges de saint Pierre et de saint Paul estant en la principale porte ancienne de la dite église » (ibid., p. 12).

Postérieur de quelque quarante ans à la disparition de la façade, ce texte montre qu'à cette date la porte du « gros clocher » — démoli seulement en 1531-1532 — restait seule à pouvoir prétendre aux titre et fonction de c princi- pale porte ancienne ». Mais il ne prouve nullement qu'en 1381-1382 il en était déjà ainsi. On a même la preuve du contraire : une mention du compte de 1382-1383 permet d'affirmer que le « gros clocher » ne jouait pas alors le rôle d'entrée de l'église puisqu'elle parle de pierres qui

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ont été mises « en la loige aux maçons (c'est-à-dire dans le gros clocher) et au portal de la dicte église » (lat. 9112, 78 r").

Du plaidoyer de Pigeotte pour la localisation du bas-relief au « gros clocher », il n'y a donc rien à retenir contre celle qu'a préconisée Quicherat (4).

En résumé, de la décoration sculpturale antérieure au XIIIe s., nous ne connaissons, de manière certaine, que le chapiteau dessiné par Fichot, l'Image du Sauveur et le Christ en majesté décrits par des textes; et, de façon conjecturale, que les deux fragments de frises reproduits par Fichot et Bauer.

(4) L'exposé ci-dessus entraîne une mise au point de la note 9 du tome Ier, qui, trop concise, peut prêter à équivoque.

1°) - EHe paraît, en effet, légitimer la localisation du bas-relief à la porte de la « vieille tour », localisation préconisée par Mr de CourceJ mais dont Pigeotte est seul responsable (pp. 10-11).

On vient de voir qu'elle n'est pas vraisemblable et, encore moins, prouvée. Aussi, ma référence à Quicherat ne signifle-t-elle pas que celui-ci partageait la dite opinion — de fait, c'est tout le contraire —, mais que son étude est la seule où ce sujet soit traité.

2°) - La date (x' siècle) attribuée par Pigeotte à la « vieille tour » repose uniquement sur le fait qu'elle était une dépendance de la cathédrale de Milon. Mais, si le texte du xi" siècle atteste

« l'agrandissement - opéré par cet évêque (t 985), on ne saurait en déduire — ce à quoi, je le reconnais, pourrait inciter ma note 5, tome I — que ce travail fut entièrement terminé, façade et vieille tour comprises, dès la fin du xe siècle. Cet achèvement a fort bien pu n'avoir lieu qu'au xia s. et dans les premières années du XII". C'est même à celles-ci qu'il faudrait le fixer si le bas-relief, — autant qu'on peut l'affirmer par analogie avec la plus ancienne figuration connue de son sujet (tympan de Moissac, av. 1115) — est contem- porain de la façade et de la vieille tour. Pour maintenir la construction de celles-ci au xe s., il faudrait supposer que le motif du « Christ en majesté - fut appliqué, deux siècles plus tard, à leur tympan primitif. Cette hypothèse aurait-elle l'assentiment des archéologues ?

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2. - Peinture

Il ne peut être question de ranger sous cette rubrique les « fragments de fresques » (cf. Aufauvre), de

« peintures murales » (cf. Coffinet et Boutiot), exhumés par les fouilles de 1850-1851 et 1864. Le fait d'avoir été découverts « sous la partie méridionale de la cathédrale, vers l'évêché [où] se trouvait l'habitation [gallo-romaine] » (Rapport BOUTIOT, 1864, p. 10) tendrait à prouver qu'ils proviennent plutôt de celle-ci que des premières cathédrales. C'est au même lieu — « dans la cour de l'évêché » — qu'Aufauvre avait signalé la présence d'objets de cuivre et de bronze, divers échantillons de céramique (Troyes, p. 147). Si le chanoine Coffinet localise t sous le chœur » la trouvaille de « beaucoup de fragments de peintures murales » (Rapport 1864, pp. 35-36), il ne les englobe pas dans son évaluation hypothétique des morceaux attribués à des édifices religieux, mais les joint

aux « débris considérables de vases romains, coquilles d'huitres et d'escargots, os de volailles..., une épingle eii ivoire d'une dame romaine..., un style en bronze » qui dénoncent un tout autre gendre de constructions. Et, en définitive, eussent-elles appartenu aux premières cathé- drales, ces « fresques, mosaïques, peintures murales » — sans autres précisions — ne nous renseigneraient que de façon très accessoire sur la décoration picturale de celles-ci.

Nous ne les mentionnons ici que par simple scrupule c bibliographique ».

(31)

3. — Vitraux

La bibliographie des vitraux a, sur les précédentes, un avantage inappréciable, les « témoins » qu'elle produit n'étant pas de simples souvenirs évoqués avec plus ou moins de raison par des textes, mais des réalités encore présentes.

Sur ce sujet, ARNAUD semblait offrir toutes les garanties d'une information exacte et complète. Il avait sous les yeux les plus anciens vitraux, dont se paraient alors les chapelles du pourtour du chœur (notamment celle de la Vierge, au chevet); il les décrit avec minutie; il y souligne une « influence de l'école byzantine » qu' « on ne peut méconnaître » ; il reproduit même l'un d'eux (Voyage archéologique, 1837-1843, pp. 176-179). Mais, ayant affirmé que, de la cathédrale précédente, « détruite » par l'incendie d'1188, il n'était rien resté et que « vingt ans s'écoulèrent avant que l'on put entreprendre de la relever de ses cendres » (ibid., p. 125), il devait logiquement conclure que ces « anciens » vitraux dataient, tous, du XIII" siècle.

Ce qu'il a fait. Affirmation et conclusion qui lui font perdre, dans la bibliographie de la décoration picturale antérieure au XIII" s., le rang — et l'honneur — de premier témoin.

Et par sa faute. Il ne l'eût pas commise s'il n'avait tronqué le texte de Grosley sur lequel il s'appuie ; « ce bâtiment [de Milon], le 23 juillet 1188, ... fut détruit ou très endommagé par un incendie » (Ephémérides, II, p. 263). Une meilleure connaissance des étapes de la construction d'Hervée l'aurait convaincu d'adopter le second terme de l'alternative. Et dès lors, informé de la survivance de l'abside et du sanctuaire jusque dans le premier tiers du XIII" s. (cf. notre t. I, pp. 9-11), il aurait admis comme possible — et même normal — le prélè- vement des vitraux avant la démolition des chapelles et leur remploi dans la nouvelle église.

Il ne reste qu'à savoir si l'on a des preuves de ce remploi.

(32)

M. Jean LAFOND (Les vitraux de la cathédrale... de Troyes, dans le compte-rendu du Congrès archéologique tenu à Troyes en 1955) passe en revue, pour notre plus grand profit, la vitrerie actuelle des chapelles absidiales et, l'ayant confrontée avec son état au temps d'Arnaud, constate des disparitions. Or au cours d'une visite au Victoria and Albert Museum de South Kensington à Londres, en 1909, il a reconnu quatre panneaux dont il avait acheté, l'année précédente, les photographies à Troyes: deux épisodes de la Tentation du Christ:

Satan présentant à Notre-Seigneur des pierres et l'invitant à les changer en pain et Satan portant Jésus dans ses bras jusqu'au pinacle du temple; ...la Multiplication des pains et des poissons et un sujet qui me paraît être Saint Nicolas appelé à l'épiscopat. Arnaud avait publié le dessin de ces vitraux, sauf celui de la Multiplication des pains (pp. 178, 179, 180). Mais il n'indique pas où se trouvaient les deux premiers et ne les décrit pas. Par contre, il situe le dernier, qu'il intitule Election d'un évêque (p. 177), dans la chapelle Saint-Nicolas. En outre, il cite deux autres scènes de la Tentation qu'il dépeint comme appartenant à une fenêtre de la chapelle f Notre-Dame (p. 179) où elles sont encore actuellement.

Se référant à M. Louis Grodecki et à des verrières de Cantorbéry, M. Lafond assigne les vitraux retrouvés à Londres « aux toutes premières années du XIIIe siècle >.

Puis, il pose la question de l'importance qu'il faudrait leur reconnaître « pour la chronologie des vitraux de la cathédrale ». Ayant noté que « si Arnaud a publié... de bonnes gravures des deux épisodes de la Tentation et du panneau . de Saint Nicolas, il n'en a pas dit un mot dans son texte » ; que « la Tentation qu'il décrit... est celle qui a repris sa place dans la baie III (lire II) de la chapelle Notre-Dame; que dès lors l'existence de celle-ci « prouve que les vitraux de Londres ne faisaient pas partie de la décoration de la chapelle » ; que cependant « les gravures d'Arnaud sont placées dans la description de la cathé- drale », il conclut : « Il est donc probable que les originaux se trouvaient — ou s'étaient trouvés — de son temps dans la cathédrale, mais on ne saurait dire s'ils provenaient de l'édifice actuel ou de la construction

(33)

antérieure, ou encore d'une autre église », et (en note) :

« si les panneaux de Londres ont toujours appartenu à la cathédrale ou même simplement à la ville de Troyes, on peut expliquer par leur influence les scènes rarissimes de la vie publique de Notre-Seigneur que nous avons reconnues dans la chapelle Notre-Dame » (op. cit., pp. 40, 44 et 45).

Cette présentation des panneaux de Londres annulerait tout espoir de reconnaître en eux des survivants de la cathédrale du XII" siècle, si elle ne comportait une part d'incertitude quant à leur provenance et leur date (voir notamment les deux dernières phrases). Elle n'exclut donc pas la possibilité d'une interprétation différente. La suite de la « bibliographie » nous fixera à cet égard.

Dès maintenant, elle permet d'apporter à l'exposé très soigné de M. Lafond quelques précisions.

De ce que « la Tentation » décrite par Arnaud « est celle qui a repris sa place dans la baie III (lire II) de la chapelle Notre-Dame », doit-on conclure que « les vitraux de Londres ne faisaient pas partie de la décoration de la chapelle » ? N'est-il pas plus « probable » qu'ils sont « les originaux » dont parle M. Lafond et que ceux-ci, englobés dans les déplacements et réparations entrepris dès 1839, sinon plus tôt, prirent place parmi les

« anciens vitraux byzantins ou autres de l'époque primi- tive » recueillis par « les magasins » de la Fabrique (cf. Registre Il des délibérations du Conseil de la Fabrique, pp. 7, 54-56, 58). Ces opérations eurent lieu, en effet, avant la description d'Arnaud, qui doit se dater entre 1839 et 1843 (v. les faits rapportés aux pp. 170 et 180) et lui permirent de les dessiner, puis à Gustave Lancelot, établi à Troyes dès 1859 (A lmanach Annuaire du commerce de Troyes... Indicateur général des 10.000 adresses... 1859, pp. 57 et 96), de les photographier.

La « carrière » historique de ces panneaux ainsi précisée, il reste à noter que la série des épisodes de la Tentation qui nous reste diffère sensiblement de celle de Londres. Si toutes deux présentent la première tentation, Satan apportant des pierres à Jésus, elles la

(34)

1

Dessin de FICHOT (Stat. monum.. III, p. 293)

Frise d'entablement

Dessin de FICHOT (Stat. monum., III, p. 293)

Chapiteau

Pierres provenant d'édifices antérieurs au XIIIe s.

(voir p. 6)

(35)

2

Photographie prise par Jacques Bauer

Fragment de frise découvert par Jacques Bauer

Grâce à la bienveillance de Mlle Marguerite DUBUISSON, Conservatrice des Musées de Troyes, qui a bien voulu en autoriser le dépôt à la cathédrale et à la présentation qu'en a réalisée M. Serge MORISSEAU; Architecte des Bâtiments de France, ces pierres sont maintenant exposées contre le mur du collatéral sud du chœur.

(36)

L'impression de cet ouvrage a été exécutée sur les presses des Imprimeries PAT ON

(37)

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