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L’ATOVLÊ, RITE DE CÉLÉBRATION DES PREMIÈRES RÈGLES : CAS DES BAOULÉ- AGBA DE BENGASSOU (CÔTE D’IVOIRE)pp. 95-119.

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RESUME

Cette étude porte sur l’Atovlê, rite de célébration des premières règles chez les Baoulé-Agba de Bengassou. Elle tente de comprendre les représentations socio-culturelles de l’Atovlê et son impact sur la population féminine.

A travers l’échantillonnage par consentement (N’da, 2006) et à l’aide des techniques d’observation et d’entretien, des données qualitatives ont été recueillies auprès de 13 jeunes filles âgées de 14 à 17 ans et 13 femmes âgées de 74 à 87 ans, du jeudi 02 au samedi 18 avril 2015.

Il ressort des analyses que d’abord, l’Atovlê obéit à un processus.

La description de ce processus renvoie aux principaux acteurs et au matériel utilisé. Les acteurs regroupent la jeune fille qui a eu ses premières menstrues et qui est au centre de cette célébration, ses géniteurs, les femmes âgées ménopausées, les doyens d’âge, les générationnelles et les cadettes sociales. Chaque acteur social joue un rôle primordial et la réussite de ce rite est le résultat des interactions sociales. Le matériel utilisé qui constitue la dimension symbolique de ce rite regroupe des objets de toilette, de décoration et d’accoutrement.

Ensuite, l’Atovlê est structuré en quatre étapes essentielles : le baptême, le lavage, le jeu ou N’dolo, le repas/ les présents. De par son caractère contraignant, chaque étape constitue une véritable épreuve pour la jeune fille.

Ahou Clémentine TANOH épouse SAY Enseignante-Chercheur

Université Lorougnon de Daloa Institut d’Ethno-Sociologie (I.E.S)/

Laboratoire d’Etude et de Recherche Interdisciplinaires En Sciences Sociales (LERISS)

Blasomy2007@yahoo.fr

Revue Africaine d’Anthropologie, Nyansa-Pô, n° 24 - 2017

L’ATOVLÊ, RITE DE CÉLÉBRATION DES PREMIÈRES RÈGLES : CAS DES BAOULÉ- AGBA DE BENGASSOU (CÔTE D’IVOIRE)

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Enfin, l’Atovlê a une portée socioculturelle car il constitue un cadre de régulation des pratiques sexuelles chez les jeunes filles, une concurrence implicite et le jeu des pouvoirs au niveau des différentes familles. Il est aussi un cadre d’information et de communication des parents de la jeune fille envers la communauté villageoise. Cette pratique engendre assez de stress et de traumatisme au niveau de la jeune fille, d’où la portée sanitaire de l’Atovlê.

Toutefois, d’hier à aujourd’hui, un regard critique sur l’Atovlê laisse entrevoir un relâchement au niveau de cette pratique qui, pourtant, confère à la femme une identité culturelle. Cette étude s’attèle à proposer la relecture de cette institution traditionnelle qui peut contribuer à l’enculturation des jeunes générations.

Mots-clés : Atovlê, Premières règles, Baoulé, Côte d’Ivoire.

ABSTRACT

This study deals with Atovlê, the rite of celebration of the first menses among the Baoulé-Agba of Bengassou. It attempts to understand the socio-cultural representations of Atovlê and its impact on the female population.

Through sampling consent (N’da, 2006) and using observation and interview techniques, qualitative data was collected from 13 girls aged from14 to 17 years and 13 older women from 74 to 87 years. Firstly, the analysis shows that the Atovlê follows a process.

The description of this process refers to the main characters and the material used.

The characters include the young girl who had her first menstrual periods and who is at the center of this celebration, her parents, parents, postmenopausal older women, deans (in terms of age), generational and social younger.

Each social actor plays a primordial role and the success of this ritual is the result of social interactions. The material used, which is the symbolic dimension of this ritual includes toilet articles, decoration and clothing.

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Secondly, the Atovlê is structured in four essential steps: baptism, washing, play or N’dolo, meal / presents. Because of its binding nature, each step constitutes a real test for the girl.

Finally, the Atovlê has a socio-cultural significance because it provides a framework for regulating sexual practices among young girls, an implicit competition and the game of power in different families. It is also a framework of information and communication of the parents of the girl to the village community. All this creates enough stress and trauma to the girl; Hence the health significance of Atovlê.

However, from yesterday to today, a critical view of the Atovlê suggests a relaxation at the level of this practice which, nevertheless, confers on the woman a cultural identity.

This study is striving to provide review of this traditional institution which can contribute to the transmission to the younger generations.

Keywords: Atovlê, first menses, Baoulé, Côte d’Ivoire.

INTRODUCTION

Dans les sociétés traditionnelles africaines, la vie des individus est une succession d’initiations et de célébrations (Padonou, 2007).

« Elle est parsemée d’apprentissages, c’est-à-dire de passages d’un état à un autre avec les nécessaires phases d’adaptations ou de mutations où le commencement, où le recommencement, sont la règle naturelle : Naissance, adolescence, phases de la vie, vieillesse et mort sont autant de points de passage de la vie justiciable de nouveau démarrage total ou partiel (idem, 2007, p.43).

Le rite est « un ensemble de conduites individuelles ou collectives relativement codifiées, ayant un support corporel (verbal, gestuel, de posture), à caractère répétitif, à forte charge symbolique pour les acteurs et les témoins » (Segalen, 2009, p.26).

Dans le contexte actuel, le rite de célébration des premières règles renvoie à une manifestation solennelle. Celle-ci n’est pas sans processus, mais elle implique nécessairement des normes

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et pratiques spécifiques propres à la communauté. Les premières règles ou menstruations sont l’initiation de vie d’une jeune fille, l’amenant au portail de la Féminité, et à vivre avec les cycles lunaires (Labyris, 2013). Chez les peuples de Côte d’Ivoire également, des rites initiatiques ou de célébration déterminés en fonction du sexe biologique permettent aux acteurs sociaux de se construire une identité, de passer d’une étape de la vie à une autre, d’un champ social à un autre. En effet, à l’intérieur des quatre grands groupes ethniques (Akan, Krou, Gour, Mandé), les pratiques culturelles diffèrent. La culture, c’est la vie dit-on ; et le milieu de vie influence généralement les habitudes. Chez les Baoulé-Agba de Côte d’Ivoire, singulièrement chez ceux de Bengassou qui font l’objet de cette étude, l’Atovlê, culturellement et socialement construit, se présente comme un rite de célébration des premières règles des adolescentes.

L’Atovlê est également un rite de passage du stade d’enfant à celui de la femme, et donc d’immaturité à celui de la maturité chez la femme (Nirmala, 2011). Ce sous-groupe baoulé qui appartient au grand groupe Akan habite le centre de la Côte d’Ivoire (Chauveau α Dozon :1988), précisément dans la région de N’Zi. Etymologiquement, ato signifie « achat » et n’vlê « nouveau » en langues Baoulé et Agni.

Le concept est donc littéralement traduit par « nouvel achat ». De plus près, il s’agit d’une nouvelle acquisition. En d’autres termes, on parlerait d’une « nouvelle femme » du fait des transformations biophysiologiques qui se sont opérées en la jeune fille dont l’un des indicateurs est les menstrues. Le choix de ce sujet se justifie par le fait que cette institution qu’est l’Atovlê survit encore dans un contexte de mutations culturelles, socioéconomiques, politiques et symboliques.

Cette célébration, à vue d’œil, laisse entrevoir des honneurs pour les différents acteurs. Cependant, une analyse profonde de la portée et des différentes répercussions sur l’adolescente et dans le jeu des pouvoirs familiaux suscitent que l’on l’appréhende avec une certaine prudence. Cette étude vise à comprendre les représentations socio- culturelles de l’Atovlê dans la société Baoulé-Agba.

Les données collectées nous permettent de subdiviser les résultats en trois grands points. Le premier point sera consacré à la description du processus de célébration de l’Atovlê depuis les acteurs jusqu’au matériel. Le second point sera réservé aux différentes étapes de la célébration. Le troisième point abordera la portée socioculturelle et sanitaire de l’Atovlê.

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1. DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE

Le cadre méthodologique se décline en 4 points notamment : le site et la population, l’échantillon, les outils de collectes et les techniques d’analyse des données.

1.1. Site et population

La présente étude a été réalisée à Bengassou, une sous-préfecture du département de Bocanda, dans la région du N’Zi (INS, 2015)1. Avec une population de 22 891 habitants (RGPH, 2014), elle est peuplée par les Baoulé-Agba. Bengassou comprend quatre grandes familles qui sont Abo Ya Awlô, Abo Essé Awlô, Abo Kpangban Awlô, Abo Gnanguia Awlô, fondées par trois frères (Abo Ya, Abo Essé et Abo Kpangban) et leur sœur (Abo Gnanguia) tous devenus ancêtres du village. Les autochtones de cette sous-préfecture sont répartis dans ces grandes familles. Celles-ci font office de grands quartiers et regroupent les descendants de ces ancêtres. Les répondantes ont été identifiées en 2015 pendant la période de Pâque appelée communément Paquinou2. Les raisons qui ont motivé le choix de cet espace social sont les journées socioculturelles organisées pendant cette période. Ces journées, précédées d’une campagne de sensibilisation médiatisée, ont vu la participation des filles et fils de cette sous-préfecture venus de divers horizons de la Côte d’Ivoire et même de l’extérieur du pays. Au nombre des activités socioculturelles organisées, l’on comptait l’Atovlê.

En effet, 13 jeunes filles âgées de 14 à 17 ans, venues de certaines villes du pays, ont subi le rite de célébration de leurs premières règles, à l’initiative de leurs familles respectives. Profitant de ces journées, nous nous sommes intéressée à cette institution qu’est l’Atovlê.

1.2- L’échantillonnage

L’approche qualitative a été mobilisée et l’utilisation de l’échantillonnage par consentement (N’da, 2006) a permis d’interroger les 13 jeunes filles âgées de 14 à 17 ans, toutes élèves (8 au second cycle, 5 au premier cycle) et 13 doyennes d’âge, membres de leurs familles respectives qui avaient subi aussi ce rite de célébration. Ces femmes âgées de 74 à 87 ans ont une expérience à l’Atovlê. Ce sont elles qui sont chargées de ce rite en leur qualité de doyennes d’âge.

1 Institut National de la Statistique.

2 Paquinou signifie « pendant la période de Pâque », en langue Baoulé.

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Tableau I : Quelques caractéristiques sociales des répondantes.

Ordre Initiales du nom

Genre Age (an)

Niveau D’étude

Situation professionnelle

Lieu de résidence

1 K.T. Féminin 14 4ème Elève Bouaké

2 Y.H. Féminin 15 4ème Elève Dimbokro

3 T.A Féminin 15 3ème Elève Bocanda

4 O.R. Féminin 16 3ème Elève Toumodi

5 Y.P. Féminin 16 3ème Elève Dimbokro

6 A.H. Féminin 16 2nd Elève Yamoussoukro

7 K.A. Féminin 16 2nd Elève Toumodi

8 K.B. Féminin 16 2nd Elève Abidjan

9 G.A. Féminin 16 1ère Elève Yamoussoukro

10 A.N. Féminin 17 1ère Elève Katiola

11 A.K. Féminin 17 1ère Elève Gagnoa

12 T.B. Féminin 17 Terminal Elève Abidjan

13 K.A. Féminin 17 Terminal Elève Daloa

Source : données d’enquête réalisée du 2 au 18Avril 2015.

1.3-Outils et processus de collecte de données

Les techniques d’observation directe et d’entretien ont permis de comprendre les représentations sociales de l’Atovlê dans la société Baoulé-Agba. De façon précise, l’observation directe a porté sur les acteurs sociaux, le matériel et les étapes du déroulement de la célébration. L’entretien semi-directif a été utilisé avec les jeunes filles et les femmes âgées ménopausées. Les thématiques abordées sont : le processus et les étapes de la célébration de l’Atovlê et, la portée socioculturelle et sanitaire de l’Atovlê.

La collecte de données a couvert la période du jeudi 02 au samedi 18 avril 2015. Les entrevues se sont déroulées dans la famille des répondantes. Dans l’ambiance de Paquinou et des journées socioculturelles faites de festivité et de joie relatives aux retrouvailles, les participantes se sont empressées de nous accueillir à leur domicile. Avec un intérêt particulier, elles ont répondu à nos questions. Celles-ci ont été reprises et approfondies après que

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les réjouissances populaires aient cessé. Par ailleurs, nous avons bénéficié de l’appui de leaders communautaires dans le cadre de l’accès aux enquêtées afin de réaliser ce travail scientifique. Ils ont aussi servi d’intermédiaire entre les chefs de famille et nous. Leur apport a facilité l’étude sur cette période. Avant chaque entretien, nous avons expliqué les objectifs de l’étude et avons obtenu un consentement verbal pour l’interview et l’enregistrement. La durée moyenne des interviews avec les femmes âgées a été de 55 minutes.

Quant avec les jeunes filles, les interviews ont eu une durée moyenne de 35 minutes du fait de leur promptitude à répondre aux questions.

En récapitulatif, sur une période de 17 jours, 26 interviews ont été réalisées dans le cadre de la collecte des données.

1.4 Techniques d’analyse des données

Dans cette étude, les entretiens enregistrés à l’aide d’un dictaphone numérique (ICD-PX333) ont fait l’objet de retranscription.

À la suite, 13 fiches femmes âgées (FFA) et 13 fiches jeunes filles (FJF) ont été constituées. Une fois élaborées, ces fiches ont fait l’objet d’une analyse transversale et les entretiens ont été regroupés par thématique. Une fois ce travail achevé, l’analyse thématique a été retenue comme technique et les catégories analytiques construites.

Les unités de significations et enfin les idées maîtresses ont été la dernière étape du processus.

2. ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS

Les informations collectées dans le cadre de cette étude ont permis de dégager trois principaux axes : le processus de célébration de l’Atovlê, le déroulement du rite et la portée socioculturelle et sanitaire de la célébration de l’Atovlê.

2.1 La description du processus de célébration Ce chapitre prend en compte les acteurs et le matériel.

2.1.1 Les acteurs

À l’instar de toute autre cérémonie, plusieurs acteurs interviennent dans l’Atovlê, chacun jouant bien un rôle précis.

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2.1.1.1 La jeune fille

Au nombre des acteurs, vient en premier rang la jeune fille qui a eu ses premières règles ou Menza. C’est elle qui subit ce rite de célébration. La date de la survenue des premières menstrues varie d’une personne à une autre et ceci en fonction de plusieurs facteurs.

« la date des premières règles est influencée par de nombreux facteurs comme la génétique, l’évolution de la corpulence durant l’enfance et les facteurs nutritionnels, l’activité physique ou le stress » (Alvin et Marcelli, 2005, p. 44).

C’est la jeune fille qui est originaire de la région du N’Zi, qui est de père et/ou de mère Baoulé-Agba. C’est ce que A.N. (17 ans) exprime en ces propos : « Je vis avec maman à Katiola d’où elle est originaire, mes deux parents étant séparés depuis que j’avais 5 ans. Mais c’est papa qui s’occupe de mes études, donc je vais le voir à Abidjan pendant les vacances scolaires. Je ne connaissais pas son village. Cette année, il m’a proposé de venir avec lui au village pendant les congés de Pâque, pour connaître mon village paternel et toute la grande famille. Je ne savais pas que c’était pour me laver. On dirait que maman était au courant car cela fait trois ans qu’il presse maman de me laisser venir chez lui au village… » Cela apparait comme une spécificité pour ce sous-groupe Baoulé. Cette étape recouvre un caractère coercitif pour toute jeune fille dans la société traditionnelle.

2.1.1.2 Les parents géniteurs

La mère de la jeune fille joue un rôle capital dans tout ce processus de célébration. En effet, les premières menstruations d’une jeune fille sont un grand pas pour la mère qui en sait davantage l’importance et les conséquences, surtout qu’elle était elle-même petite fille (Nirmala, 2011). Dès la puberté caractérisée par l’apparition des caractères sexuels secondaires et la transformation des caractères sexuels primaires, la mère épie quotidiennement sa fille pendant sa toilette à l’effet de la surprendre avec ses menstrues.

Cette surveillance est utile en ce sens que « La jeune fille n’a généralement pas encore de rapports sexuels. Mais, au moment où cela est nécessaire, il apparaît que la fille ne s’adresse jamais à sa mère » (Pourette, 2006, p.132). On constate donc, souvent, un problème de communication entre l’adolescente et sa mère génitrice. Cet aspect

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apparaît parfois comme un facteur de retardement de la célébration de l’Atovlê. Selon les normes traditionnelles, la cérémonie devrait avoir lieu dès l’apparition des premières menstrues. Une fois ce constat fait, la mère a le devoir d’informer le père de la jeune fille. Le manque de communication sur le nouvel état de la jeune fille retarde souvent cette célébration. Aussi, une mère complice de sa fille peut- elle volontairement garder le silence pendant plusieurs mois ou même des années. Il peut arriver des cas où le père devient aussi complice de sa fille et de son épouse, en gardant le silence, un temps soit peu.

Le but visé par ceux qui se taisent, c’est de poursuivre l’éducation de leur enfant jusqu’à ce qu’elle atteigne une certaine maturité avant de lui permettre de fonder un foyer, car « l’éducation de la jeune fille doit être intégrale » (Tese α col, P.100). Les Baoulé-Agba évoluent dans le système matrilinéaire3. Le père est certes le géniteur de la jeune fille, mais elle appartient aussi à sa famille maternelle. En tant que père, il est chargé d’informer sa famille et sa belle-famille de la survenue des premières menstrues chez sa fille.

2.1.1.3 Les femmes âgées ménopausées

Ce sont les personnes culturellement indiquées pour le lavage des jeunes filles. Dans certaines religions, les femmes ménopausées ont le droit d’occuper des offices contrairement aux femmes menstruelles (Falk et Gross, 1993). Cette catégorie, considérée généralement comme les grandes mères des jeunes filles, occupe une place importante dans la société traditionnelle. La littérature orale a souvent largement évoqué leur contribution dans l’éducation. Koita Samba Fodé (2012) affirme que « la grand-mère africaine était, de par son rôle inestimable dans la transmission des enseignements et sa sagesse irréductible, de loin l’une des meilleures personnes au monde pour un jeune enfant. Aussi, loin que l’on remonte dans le temps, elle est le grand livre d’Afrique dans lequel les enfants africains puisaient le savoir. » Allant dans le même sens, MBATHIO (2000) fait plus de précisions en ces termes :

« C’est la grand-mère qui est la plus compétente dans la transmission orale des connaissances. En effet, dans toutes les sociétés, la grand-mère est ce personnage caractérisé par

3 L’organisation sociale des Baoulé - Horizon documentation-IRD Etude régionale de Bouake 1962-1964.

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une grande tolérance, une expérience humaine qui en fait la

«bibliothèque humaine». Elle occupe une place de choix dans la conservation des valeurs traditionnelles. Dans l’Afrique traditionnelle, la grand-mère était la seule habilitée à parler ouvertement de sexe aux enfants, qui en profitaient pour poser toutes sortes de questions. »

Mais, dans le même temps, les femmes âgées dans les sociétés traditionnelles deviennent aussi souvent actrices de la transmission des normes de genre qui défavorisent le sexe féminin (Caselli, Vallin et Wunsch, 2004). Avec fierté M.N. (82 ans) confie ceci : « ça fait plus de 20 ans que je lave les jeunes filles de la famille. Elles se sont toutes mariées et ont fait beaucoup d’enfants. Elles ont honoré la famille et les ancêtres les ont bénies. »

Ces propos permettent de comprendre le choix porté sur les femmes ménopausées pour le lavage des jeunes filles dans le processus de célébration de l’Atovlê. Mais dans le cadre spécifique de ce processus, une seule est désignée comme maitresse de cérémonie.

2.1.1.4. Les doyens d’âge Le doyen d’âge est la personne la plus âgée de la famille. « Du point de vue social, les caractéristiques des membres de la société qui sont considérés comme âgés, varient selon le contexte culturel et d’une génération à une autre » (Tanoh, 2007, p. 34). On les considère comme les détenteurs des biens patrimoniaux et des capitaux des grandes familles (paternelle et maternelle de la jeune fille). Ce sont eux qui officient la cérémonie d’Atovlê par la libation des poulets offerts aux ancêtres. Dans le contexte général africain, le vieillard a une fonction de production, une fonction éducative (il est savant et maître), une fonction d’arbitre et de médiateur (il tranche les conflits). Cette dernière fonction lui revient à cause de sa capacité à discerner et à garder son sang-froid devant les situations compliquées et difficiles. « Son rôle dans la société traditionnelle est avant tout lié à son statut de vieillard » (idem, p.60).

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2.1.1.5 Les générationnelles

Ce sont les promotionnelles de la jeune fille qui ont déjà été célébrées. Elles accompagnent l’Atovlê4 dans tout le processus du rite. Ce sont elles qui conduisent le N’dolo5 et accueillent l’Atovlê sur la place du village. Leur expérience représente une sorte de soutien moral et psychologique à celle qui est en train de faire son entrée dans leur milieu.

2.1.1.6 Les cadettes sociales ou Atovlê-Bâ

La tradition est une continuité. Passer d’un rite à un autre, d’une initiation à une autre, c’est donner la place à la génération suivante. Les cadettes sociales sont exactement les prochaines Atovlê à célébrer. C’est à elles que le flambeau doit être passé. Lors de la cérémonie, elles ont pour tâche d’escorter l’Atovlê dans tous ses gestes et mouvements. À cet effet, l’on pourrait assimiler les Atovlê-Bâ à des demoiselles d’honneur lors du mariage dans la société moderne.

2.1.2 Le matériel

Le matériel indispensable à la célébration de l’Atovlê comporte trois types d’objets. On a d’abord des objets de toilette composés de pommade, poudre, parfum, serviette, éponge. Ensuite, il y a les objets de décoration dont le beurre de karité, le kaolin ou Lokpo, la coque de l’œuf, l’huile de palme, la plume d’oiseau, les perles, les bijoux et les pierres précieuses. Enfin, pour l’habillement, l’on utilise le Kodjo6 rouge, le tissu blanc, la paire de sandale, les pagnes traditionnels baoulés7 et modernes, les foulards.

Les objets de toilette servent à laver la jeune fille. Le beurre de karité sert à oindre son corps. Le kaolin ou Lokpo, une argile de couleur blanche et la coque de l’œuf blanc mélangés à l’huile de palme sont écrasés sur une pierre. La pâte onctueuse obtenue sert à orner tout le corps de la jeune fille à l’aide d’une plume d’oiseau.

Les perles, le Kodjo rouge, le tissu blanc, la paire de sandale lui sont immédiatement portés après l’enjolivure de son corps. Les pagnes,

4 La jeune fille lavée devient à présent l’Atovlê.

5 Jeu pratiqué par les femmes chez les Akan, lors de certains évènements (fête, funérailles, …)

6 Espèce de cache-sexe porté par les femmes dans la société traditionnelle.

7 Pagne tissé par les tisserands baoulés.

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les foulards, les bijoux et pierres précieuses, la paire de sandale servent à habiller l’Atovlê, une semaine durant.

2.2 Les étapes de la célébration La cérémonie se déroule en plusieurs étapes.

2.2.1 L’étape du baptême

Très tôt le matin d’un samedi, une doyenne d’âge ménopausée s’introduit dans la chambre à coucher de l’adolescente, chambre préalablement repérée à la veille. Et, pendant qu’elle est encore endormie, l’adolescente reçoit un jet d’eau en plein visage de la part de l’aînée sociale qui est la maîtresse de cérémonie. C’est en fait, un baptême d’eau. Les membres de la famille et tous ceux de la communauté qui ont été informés de ce baptême sont contraints à la discrétion. Toutes les réactions peuvent être enregistrées.

Mais la réaction la plus attendue est les pleurs systématiques de l’adolescente. Plusieurs cas de figure peuvent se présenter. Soit l’adolescente, imprégnée de la culture de son groupe social se met aussitôt à pleurer. Ces pleurs liés au baptême sont accompagnés de plaintes dues au réveil matinal brutal par l’eau fraiche. L’autre cas de figure serait le refus volontaire de pleurer ; refus accompagné ou pas de plaintes. Si la jeune fille refuse de pleurer après avoir reçu le jet d’eau sur son visage, elle est rouée de coups de poings ou de chicotte en vue de la forcer à pleurer. Dans ce cas, le résultat ne se fait plus attendre. L’adolescente réalise la gravité de la situation qui prévaut et se met à pleurer de toutes ses forces. Lorsque celle-ci est orpheline de mère et/ou de père, cette première étape de ladite cérémonie est l’occasion pour toute la famille de renouveler le deuil du défunt parent en accompagnant la jeune fille dans les pleurs.

2.2.2 L’étape du lavage

Après les pleurs et consolations, l’adolescente est conduite dans la douche où elle est entièrement lavée et essuyée par l’aînée sociale qui se met totalement à sa disposition. D’où l’expression le lavage des jeunes filles. Elle lui met des perles spécialement confectionnées pour la circonstance autour de sa taille et un Kodjo de couleur rouge- vive. Le rouge est la couleur de la vie et de la joie, du sang donc des menstrues. Toute son enveloppe corporelle est frictionnée et massée

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par le beurre de karité8 jusqu’à ce qu’elle se mette à briller. La jeune fille est amenée ainsi à prendre conscience de son corps, à l’honorer dans ses différentes phases de transformation. Ses cheveux sont soigneusement tressés9 et ornés d’or. A l’aide de la plume d’oiseau, l’Atovlê est minutieusement maquillée, du visage jusqu’aux extrémités des pieds. Il s’agit de différentes figures géométriques (cercles, triangles, rectangles…) qui sont dessinées sur son corps, selon son goût. À volonté, un tissu blanc symbole de la pureté lui est ensuite attaché à la taille. Des sandales esthétiquement confectionnées lui sont portées aux pieds. Confortablement installée dans un salon sur une chaise décorée en pagne baoulé pour la circonstance, l’Atovlê , à moitié ou totalement découverte, peut recevoir la visite et les hommages de toute la communauté villageoise. K.T. (14 ans) s’exprime en ces propos : « Mes deux parents sont originaires de Bengassou.

Ils m’ont dit qu’en Pâque, il y’a une fête au village qu’on a qu’à venir.

Je ne savais pas que c’était ma fête à moi. Je ne suis pas habituée à ces gros pagnes baoulés et ces bijoux en or qui pèsent sur moi. Et puis, je n’aime pas que les garçons du village me regardent comme ça.

Ma grand-mère me dit que c’est la tradition et que toutes les femmes doivent passer par là.» Au nombre des visiteurs figurent les futurs prétendants et leurs parents respectifs. La grand-mère de A.H. (75 ans), nostalgique, renchérit en ces termes : « l’Atovlê de ma petite-fille me rappelle mon propre Atovlê. C’est avec beaucoup de souvenir et de nostalgie que je la regarde aujourd’hui. C’est pendant cette phase de ma vie que mon mari actuel m’a remarquée et plus tard, est venu me demander la main. »

Les cadettes sociales ou Atovlê-Bâ, faisant office de demoiselles d’honneur, s’installent aux côtés de l’Atovlê, dans la même présentation physique (maquillage, tresse, tissu blanc attaché à la taille ou torse nu, …).

2.2.3 L’étape du jeu ou N’dolo

Cette étape caractérise la sortie officielle de l’Atovlê. Ce samedi de la célébration est considéré comme un jour spécial pour la communauté où l’on sursoit à toute activité champêtre. Accompagnée d’une délégation composée de l’aînée sociale, de sa mère biologique, de ses

8 Un beurre fabriqué à partir de l’arbre appelé karité.

9 Tresses spéciales pour les Atovlê.

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tantes et des Atovlê-Bâ, l’Atovlê doit rejoindre les générationnelles qui, pour la circonstance, jouent le N’dolo sur la place publique du village afin d’y prendre part. C’est une sortie officielle qui attire la foule venue pour saluer et contempler la beauté de la nouvelle femme qui vient de « naître », culturellement parlant. D.K. (70 ans) s’en souvient encore : « A notre temps, nous étions toutes au village et souvent, nos parents se concertaient pour laver ensemble les filles d’une même génération. Donc, nous étions une génération de dix filles âgées de 18 à 20 ans à être lavées le même jour. Avant, nos parents nous laissaient bien grandir avant de nous laver parce que les jeunes respectaient la coutume et nos parents avaient confiance en nous.

Nous nous préservions jusqu’au mariage. C’était beau à voir sur la place du village lors du N’dolo. » C’est ce qui s’est passé pour les 13 jeunes filles qui ont été lavées le même jour. A l’effet de donner une connotation particulière à ces journées culturelles, les 13 Atovlê ont été invitées sur la place publique du village pour le N’dolo, escortées par leurs parents respectifs. C’est donc l’étape de la réjouissance populaire que tout le village attendait.

2.2.4 L’étape du repas et des présents

Le repas familial est une étape importante dans ce rite de célébration. En effet, dès la cessation des pleurs après le baptême d’eau de la jeune fille, des poulets sont sacrifiés aux ancêtres des familles paternelles et maternelles de la concernée. Ces sacrifices ont pour but d’obtenir leurs bénédictions pour la cérémonie. Dès lors, le père biologique offre les premiers cadeaux composés de : pommade, poudre, parfum, serviette, éponge, drap de lit, paire de sandale. Il est suivi de la mère qui offre à sa fille des perles, le Kodjo, des pagnes, des bijoux et autres objets de valeur. L’une après l’autre, les femmes issues des deux familles (paternelle et maternelle) défilent fièrement devant l’Atowlê avec des cuvettes de présents. Ils sont composés de pagnes traditionnels baoulés, de pagnes modernes, de foulards, de bijoux en or, de perles et de divers autres objets précieux qui sont déposés à ses pieds. Après la sortie officielle de l’Atovlê, un repas de fête rassemble les invités, les parents et la jeune fille. En effet, une nourriture à visée fortifiante (le foutou d’igname accompagné de la sauce pistache au poulet) lui est offerte afin de soutenir ses organes en transformation. Après le repas, la maîtresse de cérémonie, la mère et les tantes sélectionnent les tenues assorties de bijoux que

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l’Atovlê doit porter après sa sortie officielle et ce, durant toute une semaine, à savoir, jusqu’au samedi suivant. Ces tenues marquent la rupture avec l’enfance et l’entrée dans la vie adulte. En effet, la fille quitte l’enfance et ses modes vestimentaires de petite fille, faits de jupes et de corsages, pour entrer dans le monde des adultes avec cette diversité de tenues de femmes (deux pagnes et corsage) qu’elle apprendra à envelopper autour de son corps. Ce rite a donc pour fonction symbolique de rompre avec ce qui est ancien (état, identité, personne, statut, …) pour entrer dans ce qui est nouveau, c’est-à-dire, l’Atowlê ou la nouvelle femme. Il permet à la femme de se construire une personnalité, une identité et d’imposer le respect autour d’elle. Pour matérialiser cette « nouvelle naissance », elle doit changer de vêtements et de bijoux au moins deux fois par jour.

C’est une manière d’exhiber non seulement sa beauté, mais aussi, les biens patrimoniaux et les capitaux de sa famille. T.A. (15 ans) s’est exclamé ainsi : « C’est la partie que j’ai le plus aimée dans la cérémonie. Chaque jour, les mémés m’habillent comme une princesse.

Je porte les plus beaux pagnes de la grande famille, des bijoux de valeur. J’ai beaucoup de jolies photos que je vais conserver pour montrer non seulement à mes amis, mais plus tard à mes enfants… » A la fin de la semaine, ces biens sont soigneusement rangés et remis aux détenteurs pour une prochaine célébration au sein de la famille. Cette étape de reconstruction identitaire représente un facteur fondamental pour un nouveau mode de vie pour la jeune fille.

Celle-ci est redéfinie désormais avec un nouveau statut de femme dans la communauté. Cette mutation implique nécessairement de nouvelles responsabilités dans la structure sociale.

2.3. La portée socioculturelle et sanitaire de la célébration de l’Atovlê

2.3.1. La portée socioculturelle

2.3.1.1. L’Atovlê, cadre de régulation des pratiques sexuelles Avant le rite de célébration des premières menstrues, toute pratique sexuelle chez la jeune fille était interdite, voire condamnée.

Contracter une grossesse dans une telle condition constituait un déshonneur pour la famille de la jeune fille et singulièrement pour

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sa mère. Tout enfant né était purement éliminé dans cette société traditionnelle. Ecoutons les propos de K.A.T., une septuagénaire :

« L’Atovlê est très importante dans la société. Elle permet aux jeunes filles de rester tranquille jusqu’à leur mariage.» N.A.G., une octogénaire a témoigné ceci : « Une fille qui ne peut pas attendre d’être lavée d’abord avant de chercher les garçons, jette la honte sur sa famille, si elle tombe enceinte. Avant, avant, à notre temps, on tuait ces genres d’enfants, et on chassait ces filles-là du village car elles apportent malheur à la société. »

La sanction encourue pouvait aller jusqu’à l’expulsion de la mère et de sa fille de la famille. C’est pour prévenir de telles situations que dans la société Baoulé-Agba, les filles bénéficient d’une formation beaucoup plus approfondie en matière d’éducation sexuelle. Elle est fondée sur le principe de la sexualité-procréation par opposition à la sexualité « libidinale » ou autonome, c’est-à-dire non autorisée par le groupe social (Dédy et Tapé, 1995). Ce rite de célébration est, en fait, une licence que la grande famille délivre officiellement à sa fille afin de lui permettre de pratiquer sa sexualité dans les normes définies par la société. Cette fête, à valeur socialisante, indiquait à la société que la jeune fille était bientôt en âge de se marier. On peut la comparer au premier bal autrefois en Europe qui était l’occasion de présenter la jeune fille à marier. Actuellement, l’Atovlê est perpétué comme une coutume traditionnelle. Toutefois, le rite est comme un phénomène qui se modifie et subit des changements au fil du temps au sein des sociétés dites traditionnelles (Turner, 1990).

2.3.1.2 La concurrence implicite et le jeu des pouvoirs Dans la société Baoulé-Agba, l’Atovlê se présente pour chaque famille comme un cadre d’exhibition de ses capitaux (culturel, économique symbolique et social). L’or, les pagnes traditionnels, les perles et divers autres objets de valeur sont autant de capitaux qui sont transmis de génération en génération. En permettant à la jeune fille lavée de les porter pendant une semaine, ce sont les richesses et l’honneur de la famille qui sont exposés. T.K.T. (87 ans), muette jusque-là, rompt le silence et confie ceci : « Je suis la doyenne d’âge de ma famille. A ce titre, je détiens tout l’héritage de ma famille. C’est une immense fortune dont la gestion m’est revenue à la mort de mon oncle maternel, il y’a cinq ans en arrière. A l’occasion de

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l’Atovlê d’une de ses arrières petites filles, j’ai fait sortir un chapeau et des bijoux en or, des pagnes baoulés de qualité supérieure à celle des pagnes vendus sur le marché. Il y’avait un de mes oncles qui était tisserand de pagnes baoulés. C’est avec une grande nostalgie chargée d’émotions que j’ai fait sortir tout cela pour l’honneur de ma famille. »

À l’opposé, les familles qui appartiennent à la classe défavorisée sont faiblement pourvues en capitaux. Ce qui se ressent au niveau des tenues vestimentaires de l’Atovlê et des cadeaux à lui offrir. « Quand nous sommes sorties pour jouer au N’dolo sur la place du village, je me suis rendue compte que je n’ai pas ce que les autres filles ont porté.

J’ai été simplement habillée alors que les autres filles avaient beaucoup de bijoux en or sur elles. Certaines avaient même des couronnes en or sur leur belle coiffure. J’étais un peu gênée, j’avais même honte de moi et de ma famille. Peut-être que si maman vivait encore, ce serait autrement… », a exprimé avec amertume O.R. (16 ans). Dans un tel contexte, cette dernière et sa famille peuvent devenir des objets de calomnies et de critiques de la part de la communauté. En effet, ce qui fait qu’un homme est honoré n’est rien d’autre que son pouvoir, ou plus exactement, l’opinion que les autres ont de son pouvoir (Viroli,1988).

Les pouvoirs d’un homme sont les moyens qu’il a, à un moment donné.

Tous ces pouvoirs confèrent de l’honneur à celui qui les possède (Viroli, 1988). Les qualités qui procurent de l’honneur, assurent en même temps une supériorité par rapport aux autres hommes (idem, 1988). Les familles aussi sont dotées de moyens ou de capitaux.

Toutefois, elles ne sont pas identiques et interchangeables. Elles se distinguent par leur dotation globale en capitaux (Montoussé et al, 2007). Or cette dotation n’est pas aléatoire : ceux qui appartiennent à la classe favorisée en sont richement dotés alors que les membres des classes populaires en sont faiblement pourvus (Montoussé et al, 2007). Les familles se distinguent aussi par la structure du capital. Il s’agit, par exemple, du capital social qui est l’ensemble des relations que la famille peut utiliser. A Bengassou, ce sont les grandes familles paternelles et maternelles de la jeune fille lavée, les familles alliées et les cercles d’amis qui peuvent venir même des villages voisins ou d’autres villes pour prendre une part active à cette célébration. Ces personnes arrivent souvent avec les mains chargées de présents composés d’objets de valeur (bijoux en or, pagnes baoulés, etc.).

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Toutes choses qui concourent à accroître le capital économique de cette famille (argent, biens matériels) et partant, à conférer à la jeune fille et à sa famille, un certain prestige social. Le capital symbolique assimilable à ce prestige social est ici officialisé par le titre d’Atovlê que la jeune fille vient d’acquérir. Le capital symbolique a aussi pour objet de légitimer la détention et l’accumulation des autres capitaux, en particulier celles du capital économique qui prend en compte la richesse et le revenu (Montoussé et al, 2007). Les capitaux détenus par les familles en proportion inégale à Bengassou constituent des atouts pour chacune d’elle pour se valoriser dans la société (idem, 2007).

2.3.1.3 L’Atovlê, un cadre d’information et de communication De façon implicite, ce rite est l’occasion pour la famille d’informer la communauté villageoise que sa fille est passée du stade d’enfant à celui de la femme. En effet, pour la communauté en général et pour les prétendants et leurs parents en particulier, l’Atovlê est un signe.

Il se définit donc par un rapport entre un signifiant (l’Atovlê) et un signifié (la maturité). L’Atovlê est représentatif de la maturité de la femme. Ce rite de célébration est donc un langage, un message codé.

Il constitue une parole déclarative. « A mon temps, j’étais tellement belle ! Mes parents avaient reçu beaucoup de prétendants parmi lesquels, mon défunt mari. Ah ! Les bons vieux temps ! », a déclaré avec soupir D.B. (79 ans). La grand-mère (85 ans) de A.K. (17 ans) lui a emboité le pas en disant : « En principe, après cette cérémonie, quelqu’un peut venir demander la main de ma petite fille si elle était libre. Mais, à cause de l’école, nous sommes obligés d’attendre. C’est tout ça qui fait que les femmes ne trouvent plus de maris. Au moment où les hommes sont prêts pour les marier elles sont à l’école. Quand elles finissent l’école, il n’y’a plus personnes. Et elles travaillent mais elles n’ont pas de maris. »

On se sert d’un rite, du corps de la jeune fille et non de mots et de parole pour rendre compte de ce qui se passe (Nirmala, 2011).

Dans toutes les sociétés, le corps reflète des modèles, qu’ils soient sociaux, religieux, esthétiques, … (idem, 2011). Les vêtements, le maquillage, les tatouages sont liés au statut, au système de valeurs, à l’appartenance à un groupe social, à l’intériorisation des normes d’une culture (Doussy, 2005). Ce rite de célébration fonctionne comme un discours qui a cette particularité de n’être pas verbal. La

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communauté assimile l’Atovlê à une parole. Ce rite a pour fonction de faire savoir, de faire connaître. Par conséquent, c’est un message transmis par la famille de la jeune fille à toute la communauté, voire à toute la société qui va au-delà des frontières villageoises.

Ce message est celui de la naissance d’une nouvelle femme au sein de la famille. C’est un message transmis à la conscience et qui est perçu par chacun. Il s’agit d’un acte de communication au sens de l’information. C’est ce qu’exprime Meslin (1996, p.45) pour qui « la communication et l’expression sont une nécessité pour l’homme de tout temps et de tout lieu. Notre espèce porte en elle, comme une nécessité, que nous exposions, que nous produisions, que nous sortions de nous- mêmes des symboles d’une extrême complexité… ».

Dans le cadre de l’Atovlê, à la suite de cette communication, les prétendants et/ou leurs parents peuvent faire valoir leur candidature qui sera minutieusement étudiée par la famille, en tenant compte de l’avis de la jeune fille.

2.3.2 La portée sanitaire de l’Atovlê

L’adolescence est la période où se conjuguent le biologique de la puberté et la dimension sociale et celle de la sexualité qui touchent au vif de l’intimité individuelle (Saurel-Cubizolles et Blondel, 2015).

L’Atovlê, par ses pratiques et ses sanctions encourues, engendre des stress et une souffrance psychique chez les jeunes filles et leurs parents. En effet, dès l’apparition des premières menstruations souvent traumatisantes pour plusieurs adolescentes (Nirmala, 2011), certaines font des fugues pour échapper au rite de célébration des premières menstrues. Ceci oblige les parents à effectuer des recherches qui peuvent s’étendre sur plusieurs jours, voire des mois avant de retrouver leurs filles. « J’ai eu mes premières règles à 15 ans. Comme je savais qu’on allait me laver, j’ai fui le village. J’avais beaucoup peur de cette chose-là et j’étais stressée à l’idée qu’on allait me laver. Je suis allée du côté de ma mère à Yamoussoukro où on ne lave pas les filles. Je suis revenue quatre ans après. Je pensais que c’était fini. Or, on m’attendait toujours pour me laver… », selon E.G.

(71 ans). Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces fugues.

D’abord, la dimension éthique de l’exhibition du corps de la jeune fille. Certaines personnes ont des handicaps physiques qui sont dissimulés sous leurs vêtements. Le rite de célébration des

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premières menstrues se présente comme l’occasion pour dévoiler et révéler les infirmités cachées. Il devient alors une source de disqualification pour le mariage. À cette catégorie s’ajoutent le plus souvent, les adolescentes qui souffrent d’un sentiment d’infériorité en rapport à certaines parties de leur corps et celles qui ont honte de se dénuder. Ces résultats sont analogues à ceux de Marcotte (2013, p.32) qui dit que « les différents changements physiques du développement pubertaire (comme le développement de la poitrine) réorganisent l’image corporelle des filles, ce qui en soi est un stresseur et peut augmenter la conscience du corps ». Ensuite, la dimension psychologique du rite : comme mentionné en d’autres endroits, les parents géniteurs jouent un rôle primordial dans tout le processus.

Quand la jeune fille est orpheline de père et/ou de mère, ce sont des substituts parentaux qui les remplacent. Dans ce cas, il peut ne pas exister de complicité entre elle et ces substituts parentaux. Mieux, ceux-ci peuvent publier son nouvel état dès l’apparition des premières règles. Les propos de D.K.H. (73 ans) le confirment : « J’ai perdu ma mère à ma naissance. Je vivais avec mon père et sa femme qui me maltraitait. J’ai eu mes premières règles à 14 ans et elle a informé tout le monde. Si ma mère vivait, elle allait me protéger. J’avais honte, je vivais dans la peur et l’angoisse. Mon cœur battait fort quand je devais aller me coucher. Je quittais la chambre très tôt le matin pour ne pas que quelqu’un vienne verser l’eau sur moi. Mais un matin, en plein harmattan, ils m’ont trouvée dans le lit et ont versé l’eau glacée sur moi. J’ai beaucoup pleuré ma mère défunte mère… »

Quand la jeune fille ne sait sur qui compter et à l’idée d’affronter seule (sans ses parents géniteurs) ce rite, elle peut sombrer dans une angoisse permanente. C’est ce que Marcotte (2013, p.32) a relevé également dans son étude lorsqu’il atteste que : « avec le développement pubertaire, les jeunes doivent non seulement affronter beaucoup de situations nouvelles qui requièrent de négocier avec leurs pairs, mais ils sont aussi exposés à des contextes sociaux accrus… ». Une telle situation peut justifier les pleurs incessants lorsqu’elle reçoit le baptême d’eau.

Enfin, l’état caractériel de la jeune fille qui est en conflit avec les normes sociales : c’est le cas des jeunes filles qui fuguent pour s’opposer à cette pratique culturelle. Lorsqu’elles sont retrouvées après les recherches, elles subissent des sanctions dues à leur rébellion. Elles peuvent être réprimandées ou battues publiquement.

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Pour prévenir une telle attitude qui jette un déshonneur sur la famille, l’éducation de base est de rigueur dès le bas âge à l’effet d’amener tout enfant à être imprégné des normes socioculturelles.

Au regard du caractère coercitif de cette pratique culturelle, aucune jeune fille ne peut échapper à ce rite, au risque d’être marginalisée.

En effet, dans la société traditionnelle, une fille non lavée ne peut ni se marier, ni avoir des enfants. Les enfants nés dans un tel contexte sont purement et simplement éliminés pour ne pas qu’ils soient une source de malheur dans la famille et dans la société. Tous ces cas de figure génèrent souvent assez de stress chez les jeunes filles et leurs parents. Dans ce sens, nos résultats rejoignent ceux de Saurel-Cubizolles et Blondel (2015, p.2) quand ils affirment que

« des recherches ont établi que le stress généré par des situations sociales hostiles entraînait des effets pathogènes, mettant à jour le lien entre le stress et des mécanismes neuro-immunitaires et neuroendocriniens ou à des effets sur le système cardiovasculaire.

Si, la santé est classiquement définie par l’OMS depuis 1946 comme un état de total bien-être physique, psychologique et social et non pas seulement l’absence de maladie ou d’infirmité, il est également reconnu, que le bien-être affectif, social et physique est déterminé aussi bien par le contexte social, politique et économique que par la biologie (idem, 2015).

2.4 L’Atovlê d’hier à aujourd’hui

Avec la scolarisation des jeunes filles et la présence des religions dites révélées, l’Atovlê, rite de célébration des premières règles est pratiqué, aujourd’hui, à volonté par certaines familles et de façon symbolique par d’autres. En effet, le brassage culturel couplé aux principes religieux opposés à ce rite, ont souvent provoqué cette mutation culturelle. C’est un « sentiment de profonde désorientation qu’éprouvent les personnes et les groupes mis soudainement en contact avec un milieu culturel dont les traits se révèlent inconnus, incompréhensibles, menaçants » (Carrier,1992, p.70). Il en résulte alors la marginalisation progressive de ces systèmes de valeurs qui tendent à disparaître de nos jours, au profit d’une autre culture dite occidentale ou moderne. Cette situation a engendré, par la même occasion, une perte de l’identité culturelle voire, une acculturation constatée au niveau des jeunes générations. « Aujourd’hui, chacun fait ce qu’il veut. Toutes les petites filles de 14 ans, 15 ans du

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village ont fait enfants sans être lavées. Notre société est gâtée. Les gens ne respectent plus nos coutumes et les vieux. Tout ça attire le malheur sur nous.» s’est exprimée avec regret K.K.T. (74 ans).

En prenant le contrepied, Y.P. (16 ans) a soutenu ceci : « Ils ont eu la chance qu’ils ne m’ont pas informée qu’ils venaient me laver. Je ne serais pas venue. Ils m’ont perdu tout le temps ici avec leur coutume bizarre, alors que j’ai beaucoup de devoirs à rendre à la rentrée. C’est n’importe quoi ! Je suis déçue de papa qui est intellectuel, mais qui fait des choses comme ça. »

Ainsi, avec le relâchement au niveau de l’Atovlê et partant du contrôle social, l’on assiste, de plus en plus, à une déviance comportementale avec son corollaire de précocité sexuelle et de grossesses non désirées chez les jeunes adolescentes. En effet, les jeunes se sentent plus libres de vivre leur sexualité, sans crainte de se faire réprimander par les aînés sociaux. Par ailleurs, l’on constate que le passage à l’âge adulte dans la société moderne semble être de moins en moins régi par la société mais par l’individu lui-même.

Le passage de l’enfance à l’âge adulte ne semble plus être marqué par un stade, mais par un mode de passage continu à l’inverse des sociétés traditionnelles (Balland, 2015). A l’adolescent de trouver des équivalents, des rites intimes de passage et de fabrication du sens (Le Breton, 2005). Et à ce titre, les conduites à risques constituent une réponse possible, comme un chemin de contrebande pour se construire une identité en se confrontant aux limites, qu’elles soient sociales ou individuelles (Balland, 2015). Ainsi, la consommation d’alcool chez les adolescents peut, dans une certaine mesure, avoir valeur de rite, parfois initiatique dans un contexte particulier (fêtes de famille, examen, mariage, ...) mais également perverti lorsqu’il n’a aucune valeur socialisante (Idem, 2015).

CONCLUSION

Cette étude se veut une contribution à la recherche sur les pratiques socioculturelles comme l’Atovlê qui survit encore dans un contexte de mutations sociales, culturelles, économiques, politiques et symboliques. L’Atovlê, une institution socioculturelle dans la société Baoulé-Agba, trouve son ancrage dans les différentes fonctions qu’elle remplit. Sa première fonction est la régulation des pratiques sexuelles des jeunes filles et leur intégration dans

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la catégorie des femmes. La seconde est relative à l’exhibition des capitaux et des biens patrimoniaux de la famille. La troisième est la fonction communicative.

Certes, l’Atovlê a des répercussions négatives sur l’état de santé des jeunes adolescentes au plan psychologique, de par l’angoisse et les stress qu’il génère. Toutefois, par ce rite, la jeune fille se reconstruit une nouvelle identité sociale et s’acquiert un nouveau statut social qui lui permettent de s’intégrer dans la catégorie des femmes. Aussi, les dynamiques éducationnelles au plan socioculturelles sont-elles perceptibles. En effet, l’Atovlê a subi une évolution et un changement avec le temps (Segalen, 2009). Le rite de célébration des premières menstruations ne se fait plus de façon mécanique car son caractère coercitif tend à disparaître. Cette étude a tenté de montrer comment des institutions traditionnelles comme l’Atovlê peuvent être capitalisées au niveau macro social (Etat), méso social (communes, structures éducatives, …) et microsocial (villages, familles), à l’effet de contribuer à la lutte contre les rapports sexuels précoces et les grossesses non désirées chez les adolescentes, surtout en milieu scolaire. Certes, les menstrues peuvent survenir précocement chez une jeune fille de 11, 12 ou 13 ans, voire, un peu plus tôt. Une telle situation peut paraître, à première vue, comme un encouragement aux rapports sexuels précoces chez cette dernière au cas où son lavage intervenait aussitôt. Cependant, les jeunes filles elles-mêmes, leurs parents et la communauté villageoise, conscients des risques encourus, développent des stratégies pour se mettre à l’abri de telles situations.

D’abord au niveau des jeunes filles : Le caractère éprouvant et contraignant de ce rite de célébration fait qu’elles réprouvent cette étape de leur parcours de vie. C’est ce qui justifie, en partie, les nombreux cas de fugue. Pour se mettre à l’abri, elles se réfugient dans un silence tout en observant une grande discrétion, quand les premières menstrues surviennent. Elles continuent de vaquer à leurs occupations, d’aller puiser l’eau dans la rivière interdite au femmes menstruelles comme si de rien n’était. Et même quand les règles douloureuses ont tendance à les dévoiler, parfois avec la complicité de leurs mamans, elles attribuent la douleur à d’autres pathologies.

Elles peuvent jouer à ce jeu de cache-cache pendant des années, le temps pour elles de se sentir véritablement « femmes ».

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Ensuite, au niveau des parents géniteurs : Pour ne pas exposer leur fille qui a eu ses premières menstrues, la mère et le père restent aussi généralement muets. Ils font semblant de ne rien voir, de ne rien entendre. Mais, c’est surtout à la mère que revient le devoir d’aider sa fille à gérer son nouvel état, dans la plus grande discrétion.

Dans tous les cas, il appartient aux parents géniteurs de décider, en premier lieu, du sort de leur fille. Ils peuvent, soit garder le silence pour un temps déterminé, soit informer leurs proches. Dans la plupart des cas, les géniteurs se taisent dans le but de toujours poursuivre l’éducation de leur fille jusqu’à sa majorité civile (18 ans) avant de célébrer ses premières menstrues et de penser à un quelconque mariage, du moins, pour celles qui ne vont pas à l’école.

Pour les filles scolarisées, le problème ne se pose pas en ce sens que les parents, soucieux de l’avenir de leurs enfants, mettent tout en œuvre pour qu’elles poursuivent leurs études.

Enfin, au niveau de la communauté villageoise : Dans la société traditionnelle, le contrôle social étant très fort, les hommes ne sollicitent en mariage que les filles lavées et majeures ; les plus jeunes étant considérées comme des mineures.

Au regard de ce qui précède, une relecture de cette institution traditionnelle ne peut-elle pas contribuer à l’enculturation des jeunes générations dans le domaine de la lutte contre les rapports sexuels précoces et les grossesses non désirées ?

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