1 ALCANES
Ce sont des carbures d'hydrogène de formule brute CnH2n2, dans lesquels les atomes de carbone, liés entre eux par des liaisons simples σ, forment une chaîne ouverte.
Ils existent à l'état naturel à l'état gazeux (gaz naturel, constitué principalement de méthane) ou à l'état liquide (pétroles: solutions complexes d'alcanes et d'autres hydrocarbures).
1) Propriétés physiques.
a. Etat physique.
Les quatre premiers sont gazeux alcane CH4 C2H6 C3H8 n C4H10 à 20°C sous la pression normale: température d ' ébullition −161,6 −88,6 −42,1 −0,5 A partir de n C5H12θéb=36,1°C ils sont liquides jusqu 'à n C16H34θf =18,1°C.
En général les isomères ramifiés ont des températures de changement d'état inférieures à celles de l'alcane non ramifié: pour le butane θéb=−0,5 ° C alors que pour l 'isobutane θéb= −11,7°C.
b .Solubilité.
Les alcanes sont pratiquement insolubles dans l'eau, solubles dans les solvants organiques usuels et solubles entre eux (pétroles).
2) Propriétés chimiques.
Les alcanes sont peu réactifs (paraffines...) donc stables. Les liaisons C−C et C−H sont solides et peu polarisées.
xC=2,55 et xH=2,20. Si ces liaisons se rompent, la coupure sera homolytique et donnera des radicaux libres, les mécanismes réactionnels seront donc de type radicalaire.
a. Combustion.
•complète : CnH2n2 3n1
2 O2 n CO2 n1H2O ∆rH0≈ −222657 nkJ mol−1.
Les alcanes sont surtout utilisés comme combustibles: méthane, propane, butane, essence C5 à C10, kérosèneC11et C12, fuel ou gazoleC13à C25.
•incomplète: elle peut donner CO ce qui peut être un inconvénient ( réglages des moteurs) et aussi du carbone pulvérulent (noir de carbone) utilisé comme colorant et pour la fabrication des pneus:
CnH2n2 n1
2 O2 n C n1H2O b . Réactions de substitution.
α. Halogénation.
Avec Cl2 et Br2 on obtient des dérivés halogénés (ou halogénoalcanes): X2R−H R−XHX.
La réaction se produit en présence de lumière, de longueur d'onde convenable, selon un mécanisme radicalaire initié par la dissociation de la molécule X2 : X2g 2 X• ∆rH0=
∣
EX−X∣
.L'énergie d'un photon de la lumière utilisée doit être au moins égale à celle d'une liaison X−X, ce qui donne λ491 nm pour le dichlore et λ620 nm pour le dibrome.
La réaction se propage ensuite en deux étapes:
X•R−H H−XR• 1 ou X•R−HH•R−X 1 '
R•X2 R−XX• 2 ou H•X2HXX• 2 '
Comparaison entre halogènes pour un même alcane :
F2 Cl2 Br2 I2
initiation X2g 2 X• 158,0 243,4 192,9 150,2
propagation X•R−Hg HXg R• −129,6 6,5 72,2 140,1 R•X2g R−X g X• −293,0 −106,9 −100,2 −86,7 bilan pour la propagation −422,6 −100,4 −28,0 53,4
(Enthalpies de réaction pour le méthane, exprimés en kJ)
2
Le fluor réagit violemment même à l'obscurité et à basse température, il y a destruction de la molécule d'alcane et non substitution: CnH2n2 n1F2 n C 2 n2HF
L'iode ne se substitue pratiquement pas, la réaction directe I2g R−H R−IHI étant trop endothermique.
Comparaison entre les atomes C d'un alcane pour un même halogène :
La liaison entre un C tertiaire et H EC3−H= −380 kJ mol−1 est plus facile à rompre que la liaison entre un C secondaire et H EC2−H= −395 ou entre un C primaire et H EC1−H= −435.
Expérimentalement on constate que les vitesses de substitution sur ces trois classes de carbone sont v2≈3,25 v1, v3≈4,4 v1pour le chlore et v2≈220 v1, v3≈19000 v1 pour le brome.
La vitesse de formation d'un dérivé halogéné dépend donc de deux facteurs: la classe de l'atome C substitué et le nombre d'atomes H dans la molécule dont la substitution donne ce dérivé.
Par exemple la monochloration du 2-méthyl butane CH3
CH3C−CH−CH2−CH3 donne 4 dérivés chlorés:
CH2−Cl
CH3CH−CH2−CH3 CH3
CH3CCl−CH2−CH3 CH3
CH3CH−CHCl−CH3 CH3
CH3CH−CH2−CH2Cl
A B C D
S'il n'y avait pas sélectivité selon la classe de l'atome de carbone, la vitesse de formation de chaque dérivé serait proportionnelle au nombre d'atomes H remplaçables par Cl pour donner le dérivé considéré.
On aurait donc vB vA= 1
6, vC vA =2
6, vD vA=3
6 d 'où xB= xA
6 , xC= xA
3 , xD= xA 2 .
Or xAxBxCxD=1 d 'où l 'on déduit : xA=50% , xB=8,3% , xC=16,7% , xD=25% . L'analyse du mélange obtenu donne en réalité: xA=34 % , xB=22% , xC=28 % , xD=16 %.
En tenant compte de la sélectivité on aura:
vB vA= 1
6 v3 v1= 4,4
6 , vC vA = 2
6 v2
v1= 3,25 3 , vD
vA=3 6
v1 v1=1
2 d 'où xB= 4,4
6 xA, xC= 3,25
3 xA, xD= xA 2 . La composition du mélange sera xA=30,1% , xB=22,2% , xC=32,6 % et xD=15,0 % , plus proche de la réalité.
Avec le brome la sélectivité est beaucoup plus grande et si la molécule d'alcane possède un C tertiaire, la substitution se fera pratiquement sur ce C seulement.
Avec le 2-méthyl butane on obtiendrait 98% de CH3
CH3CBr−CH2−CH3 et 2% de CH3
CH3CH−CHBr−CH3. β. Nitration.
En phase gazeuse, à partir de 150°C, un H peut être remplacé par le groupe nitro NO2, fourni par HNO3: R−HNO2−OH R−NO2H2O
On obtient un nitroalcane permettant la synthèse d'autres fonctions azotées.
c .Craquage des alcanes.
Les liaisons C−C et C−H commencent à se rompre vers 500°C sans catalyseur ou à température moins élevée en présence de catalyseurs comme AlCl3, Al2O3 (contenu dans les silicates).
On obtient H• et des radicaux R• qui se recombinent pour former de nombreux produits à chaîne plus courte que l'on sépare par distillation fractionnée.
Quelques bilans réactionnels simples:
Coupure de chaîne: CnH2n2CmH2m2
alcane
CpH2p
alcène
avec mp=n.
Déshydrogénation : CnH2n2CnH2n
alcène
H2
Isomérisation : CH3−CH2−CH2−CH3CH3
CH3CH−CH3 Cyclisation avec déshydrogénation : CH3−CH24−CH3 C6H6
benzène
4 H2
A partir d'alcanes lourds on produit ainsi des alcanes plus légers (essences), des alcènes et des carbures cycliques servant à la synthèse d'autres corps (pétrochimie).