• Aucun résultat trouvé

Synthèse du 7e congrès international sur la prévention des TMS liés au travail, PREMUS 2010

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Synthèse du 7e congrès international sur la prévention des TMS liés au travail, PREMUS 2010"

Copied!
80
0
0

Texte intégral

(1)

3 ème Congrès francophone sur les troubles musculosquelettiques

Échanges et pratiques sur la prévention

26 et 27 mai 2011, Grenoble - France

(2)
(3)

3

Introduction au congrès 2011

du Groupe de recherche francophone sur les TMS

Nicole Vézina, Alexis d’Escatha, Sandrine Caroly, Évelyne Escriva

Présidents du GRF-TMS et Co-présidentes du congrès 2011

À

l’occasion de ce troisième congrès du GRF-TMS, il apparaît utile de rappeler l’évolution de ce groupe, ses objectifs et son fonctionnement puisque l’organisation de ce congrès est à son image. Il s’agit en effet d’une organisation particulière qui se distingue et qu’il importe donc de clarifi er. On comprendra mieux aussi pourquoi le Groupe a orienté le congrès autour de ces deux thèmes principaux : les liens entre TMS et risques psychosociaux et les méthodes et outils pour la prévention.

Le GRF-TMS existe depuis 1998, alors que l’un des volets d’un projet fi nancé par l’Inserm (1998-2002, France), visait « la formalisation d’un réseau multidisciplinaire sur les affections péri- articulaires en milieu de travail ». Il s’agissait en fait de la consécration d’un groupe s’étant peu à peu constitué à l’initiative de l’Anact qui avait organisé des rencontres de chercheurs de disciplines variées, tous engagés dans la recherche sur les TMS en milieu de travail1. Dès lors, le groupe s’est élargi à des chercheurs de la Belgique et du Québec et depuis, avec les années, d’autres chercheurs de pays francophones se sont joints au Groupe et proviennent de l’Algérie, du Luxembourg, de la Suisse et de la Tunisie.

Le GRF-TMS ne permet pas seulement le rassemblement de chercheurs de différents pays, mais aussi et peut-être surtout, la réunion de chercheurs de différentes disciplines dont la préoccupation commune est la mise en place d’une prévention effi cace et durable des TMS. Les chercheurs du Groupe proviennent aussi de diverses institutions, mais portent un point de vue collectif sur la nécessité d’une action concertée. Cette caractéristique du Groupe est très importante puisque le fait de poursuivre un but commun permet de rapprocher les disciplines, de montrer l’intérêt tant des approches qualitatives que quantitatives ou mixtes et de créer une réelle proximité favorisant une plus grande cohésion et un enrichissement des questions de recherche et des protocoles.

La nécessité pour le GRF-TMS de rapprocher le développement de nouvelles connaissances par la recherche à l’organisation des actions de prévention dans les milieux de travail, a eu deux effets, d’une part, l’intégration dans le GRF-TMS de praticiens chercheurs et de praticiens collaborateurs à des projets de recherche et d’autre part, l’organisation de congrès ayant comme principal objectif de créer un lieu de rendez-vous entre les chercheurs et les praticiens. L’intention est de permettre un échange réciproque de connaissances issues de la recherche et de la pratique. Le premier congrès a eu lieu à Nancy en 2002, le second à Montréal en 2005 et ce troisième congrès, à Grenoble.

À chaque fois, différentes institutions se sont impliquées dans l’organisation matérielle, tant des instituts de recherche que des organismes de prévention.

L’organisation scientifi que du congrès se fait de façon particulière. Des discussions ont d’abord lieu entre les membres pour identifi er des thèmes d’intérêt, soit d’un point de vue de partage de connaissances, soit pour le développement d’actions effi caces de prévention ou de maintien au travail, soit pour susciter un débat sur des enjeux importants en lien avec la prévention des TMS.

Une équipe se forme ensuite autour de chacun des thèmes. Ces équipes sont formées de deux ou trois membres du Groupe qui deviennent les organisateurs d’un atelier portant sur l’un des thèmes identifi és. Ce sont ces organisateurs qui développent une proposition précisant les objectifs de leur atelier et les intervenants qui pourront être invités à faire une communication. Ces propositions sont ensuite discutées avec l’ensemble des membres du Groupe à l’occasion de conférences télé- phoniques internationales visant la coordination des différents ateliers entre eux et la cohérence de l’ensemble du congrès. Un comité central assure l’animation du Groupe.

*

Introduction au congrès 2011

(4)

4

les communications et l’espace de débat avec les participants au congrès. Ces principes sont de mieux en mieux respectés depuis le premier congrès et en particulier pour ce troisième congrès.

C’est ainsi que dix ateliers ont été organisés, dont cinq au cours d’une première journée qui se consacrera aux liens entre TMS et risques psychosociaux. Comment en effet ignorer l’appel qui est lancé quant aux impacts des risques psychosociaux tant au niveau de la santé physique que mentale ? Les préventeurs sont interpelés dans tous les pays à ce sujet et les membres du GRF- TMS veulent souligner l’importance dans ce débat d’un modèle multidimensionnel de la personne au travail et d’une approche systémique de la prévention.

La deuxième journée regroupe les ateliers dont les thèmes sont en lien avec les méthodes et outils mobilisés par ou pour les acteurs de la prévention. Plusieurs chercheurs ont été impliqués dans le développement d’outils, mais répondent-ils vraiment aux besoins des praticiens et sont-ils adaptés au contexte des entreprises? Comment les outils, méthodes, moyens, normes ou données de surveillance sont-ils utilisés ou peuvent-ils être utilisés dans la pratique pour la prévention? Une particularité du congrès 2011 est le fait d’avoir proposé trois thèmes transversaux afi n de pouvoir réfl échir ensemble à de nouvelles questions pour la recherche et à des préoccupations pour la pratique : l’évaluation des interventions, la diversité des populations au travail et les acteurs en entreprise.

Le GRF-TMS compte aujourd’hui 32 membres dont 22 sont des organisateurs des ateliers du congrès 2011. Ils ont invité à communiquer 56 personnes : des praticiens, des chercheurs, des représentants de différents organismes. Malgré son ouverture aux apports importants des collè- gues de pays non-francophones dont le congrès Premus peut témoigner, le Groupe maintient son qualifi catif de francophone puisqu’il y a intérêt à faciliter l’expression des points de vue propres au monde francophone. Il maintient aussi son caractère informel et, comme le rapportait Michel Aptel, animateur du GRF-TMS à la suite d’Annette Leclerc, de 2002 à 2008, « Le Groupe a un caractère informel qu’il revendique. Ce Groupe est d’abord le moyen d’échanger et son mode de fonctionnement doit rester souple et peu formalisé »1.

Le congrès proposé pour 2011 se veut aussi une occasion de rappeler publiquement que les TMS dans les milieux de travail représentent un phénomène complexe diffi cile à cerner et à étudier, mais que l’organisation effi cace des actions de prévention doit représenter une priorité de la santé publique et de la santé au travail. C’est à se demander si le terme congrès est bien approprié ou faudrait-il parler de rassemblement, de forum ou de manifestation ? *

1 Voir à ce sujet le texte de Michel Aptel (2006), intitulé Groupe de recherche francophone sur les TMS « Une belle histoire de chercheurs ».

(5)

Programme détaillé

Le congrès est structuré autour de deux thèmes principaux :

• Les liens entre troubles musculosquelettiques (TMS) et risques psychosociaux (RPS) abordés en plénière dans l’auditorium et dans 5 ateliers la première journée ;

• Les méthodes et outils mobilisés par les acteurs de la prévention abordés en plénière dans l’auditorium et dans 5 ateliers le deuxième jour.

Une synthèse des ateliers sera proposée avec un regard particulier sur trois thèmes transversaux que sont : l’évaluation des interventions, la diversité des populations au travail et les acteurs en entreprise.

Jeudi 26 mai 2011

9h00 Introduction du Congrès œ AUDITORIUM

• Évolution des recherches et interventions concernant les TMS par les co-présidents du Groupe de recherche francophone sur les troubles musculosquelettiques Alexis Descatha, Laboratoire Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines -UVSQ -Inserm, France

Nicole Vézina, Uqam, Canada

• Présentation de l’organisation du congrès, modalités d’échange et thèmes principaux Sandrine Caroly, Laboratoire Pacte – Université de Grenoble, France

Evelyne Escriva, Anact, France

9h30 Introduction des thèmes transversaux œ AUDITORIUM Fabien Coutarel, Université Clermont-Ferrand 2, France

Titre : Les enjeux de l’évaluation des interventions pour la prévention des TMS : pourquoi et comment apprécier les effets d’une action de prévention ? Karen Messing, Uqam, Canada

Titre : Diversité des populations et TMS : causes, associations ou facteurs de confusion ? Sandrine Caroly, Laboratoire Pacte – Université de Grenoble, France

Titre : Diversité des acteurs, quelles coopérations pour la prévention ?

10h15 Introduction du thème « Les liens entre troubles musculosquelettiques (TMS) et risques psychosociaux (RPS) » œ AUDITORIUM

• Construction sociale et historique du lien TMS - Risques psychosociaux Nicolas Hatzfeld, Université d’Evry, France

Titre : Usure physique, usure psychique : entre convergences et concurrences, quelques repères historiques 10h45 Pause

11h15 Les risques psychosociaux, de quoi s’agit-il ? œ AUDITORIUM Philippe Davezies, Université Claude Bernard Lyon 1, France

Titre : Souffrance sociale, répression psychique et troubles musculosquelettiques Yves Clot, Chaire de psychologie du travail, Cnam, Paris, France

Titre : TMS-RPS : l’hypothèse de l’hypo-sollicitation de l’activité

12h15 Débat avec la salle œ AUDITORIUM 12h30 Déjeuner

14h00 Suite Introduction du thème « Les liens entre troubles musculosquelettiques et risques psychosociaux » œ AUDITORIUM

• La part des risques psychosociaux dans le développement des TMS Annette Leclerc, Inserm, France

Titre : Facteurs de risque psychosociaux et TMS Susan Stock, INSPQ et Université de Montréal, Canada

Titre : Les relations entre les TMS et les risques psychosociaux au travail : un modèle conceptuel 15h00 Pause

*

Programme du congrès 2011

(6)

Organisateurs

Evelyne Escriva (Anact, France) Marie Saint-Vincent (IRSST, Canada)

Georges Toulouse (IRSST, Canada)

Marie Bellemare (Université Laval, Canada)

Corinne Van de Weerdt, (INRS, France)

Susan Stock (INSPQ, et Université de Montréal, Canada) Fabienne Kern, IST, Suisse

Alexis Descatha (Laboratoire Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines UVSQ-Inserm, France) Marie-José Durand (Université de Sherbrooke, Canada)

Pascal Simonet (Chaire de psychologie du travail, Cnam, Paris, France) Sandrine Caroly (Laboratoire Pacte, Université de Grenoble, France) Auteurs, intervenants

Philippe Douillet (Anact, France), Evelyne Escriva (Anact, France) Titre : Organiser la prévention des TMS et des RPS : proximités et différences. Une réfl exion à partir des pratiques d’entreprise

Corinne Van de Weerdt, (INRS, France)

Titre : Introduction sur la prise en compte des émotions et des affects dans la relation de service

Susan Stoc (INSPQ, Université de Montréal, Canada) Titre : Environnement psychosocial du travail : défi nitions et concepts

Marie José Durand (Université de Sherbrooke, Canada) Titre : Quand la recherche s’impose au présent

Gabriel Fernandez (Cnam, AP-HP, France) Titre : Développement du geste et prévention des TMS

Cécile Briec, Yannice Clochard (Alternatives ergonomiques, France) Titre : Une PME s’empare des risques de TMS et de RPS dans une même démarche de prévention

Georges Toulouse (IRSST, Québec), Louise Saint-Arnaud (Université Laval, Canada), Denis Duhalde (Uqam, Canada), Alain- Steve Comtois (Uqam, Canada), Alain Delisle (IRSST, Canada) Titre : Approche ergonomique des risques psychosociaux associés aux TMS : l’étude de la charge émotionnelle des préposés au service d’urgence de la sécurité publique

Dominique Chouanière (INRS, France), Isabelle Niedhammer (Inserm, France) Titre : Revue de la littérature sur les contraintes psychosociales au travail évaluées en épidémiologie comme facteurs de risque des TMS : intérêt et limites.

Bernard Fouquet (Université de Tours, France)

Titre : Point de vue du clinicien hospitalier en France

Edwige Quillerou-Grivot (Cnam, INRS, France) Titre : L’analyse des gestes et de ses dilemmes dans différentes instances au sein de l’entreprise : question de sens et de reconnaissance ?

Micheline Boucher (CSN, Canada)

Titre : Traiter de « surcharge de travail », une intégration des troubles musculosquelettiques et des risques psycho-sociaux

Johann Petit, Bernard Dugué (Université de Bordeaux, France) Titre : La qualité du travail : un enjeu majeur pour le développement de la santé

Fabienne Kern (IST, Suisse) Titre : Intérêt de l’analyse de l’activité comme complément de tout outil d’évaluation de l’environnement psychosocial

Nicole Charpentier (Université de Sherbrooke, Canada) Titre : Les indicateurs de situation de handicap au travail : la perspective du clinicien

Bertrand Poete (Aract Franche Comté, France) Titre : L’examen du geste professionnel en situation de formation à la prévention durable des TMS

Michel Vézina, Carole Chenard (INSPQ, Canada) Titre : Les pratiques de gestion : un incontournable dans la prévention des risques psychosociaux au travail

Pierre Poulin, Julie Bleau (Asstsas, Canada) Titre : L’induction d’émotions positives au cours des soins aux patients désorientés comme facteur de protection des TMS chez les soignants

Marie Bellemare, Geneviève Baril-Gingras (Université Laval, Canada)

Titre : Outils pour apprécier les aspects socio- organisationnels lors d’une intervention de prévention : l’expérience des praticiens

Jacques Lapierre (Smieve, France), Martine Soulatsky (Metrazif, France) Titre : Point de vue de la médecine du travail en France

Karine Chassaing (Université de Bordeaux, France) Titre : Former pour faire de la qualité : quelle reconnaissance pour les gestes professionnels ? Un exemple dans le secteur de l’industrie automobile Discutantes : Martine Milleret (Ethic ergonomie, France), Virginie Josselin (CHU Grenoble, France) Fabien Coutarel (Université de

Clermont-Ferrand, France) Titre : De l’intérêt de lier TMS et RPS : quelles implications pour l’organisation de l’action de prévention ? A1 L’organisation de la prévention des TMS et des RPS œ AUDITORIUM

A2 Relations de service, charge émotionnelle et affects

œ SALLE MONT-BLANC

A3 Environnement psychosocial du travail : défi nitions et outils pour le caractériser

œ AMPHI 303

A4 Les conditions physiques et psychosociales de retour au travail suite aux TMS

œ SALLE KILIMANJARO

A5 La fonction du geste dans la reconquête du sens au travail : une question de reconnaissance œ SALLE MAKALU

(7)

Vendredi 27 mai 2011

9h00 Synthèses œ AUDITORIUM Synthèse du 7e Congrès international sur la prévention des troubles musculosquelettiques liés au travail, Premus 2010

Yves Roquelaure, Centre hospitalier universitaire d’Angers, France

Titre : Seventh International Scientifi c Conference on Prevention of Work-Related Musculoskeletal Disorders (Premus 2010) - Angers, 29 août – 2 septembre 2010 9h15 Synthèse des ateliers et retour sur les thèmes transversaux de la première journée œ AUDITORIUM 10h10 Débat avec la salle œ AUDITORIUM 10h30 Pause

11h00 Introduction du thème « Les outils et méthodes mobilisés par les acteurs de prévention » œ AUDITORIUM

• Normes, législation, outils, valeurs limites, mesures… Pour mieux prévenir les TMS ? Alain Piette, Service public fédéral emploi, travail et concertation sociale, Belgique

Titre : Infl uence de la réglementation, des normes, des valeurs limites, des outils, des chiffres… Pour mieux prévenir les TMS ?

• Doit-on parler d’outil ou de démarche ?

François Daniellou, Institut polytechnique de Bordeaux, France

Titre : Pas de prévention des TMS sans une réinterrogation des hypothèses managériales

12h00 Déjeuner œ AUDITORIUM 13h15-15h15 : 5 ateliers en parallèle

A6 Réglementation et directives sont-elles des leviers de prévention ?

œ SALLE MONT-BLANC

A7 Adaptation et appropriation des outils au service de la prévention des TMS

œ AMPHI 303

A8 Méthodes et outils de mobilisation des entreprises

œ AUDITORIUM

A9 Mise en œuvre de la pluridisciplinarité dans l’analyse des gestes

œ SALLE MAKALU

A10 La surveillance épidémiologique et le suivi des statistiques de santé en entreprise : comment les

« chiffres » peuvent-ils aider à la compréhension des TMS ? œ SALLE KILIMANJARO Organisateurs

Alain Piette (Service public fédéral emploi, travail et concertation sociale, Belgique) Nicolas Hatzfeld (Université d’Evry, France)

Agnès Aublet-Cuvelier (INRS, France)

Sylvie Ouellet, Cinbiose (Uqam, Canada)

Michel Apte (CHRU de Besançon, France)

René Brunet (Leest, France) Ghislaine Tougas (INSPQ, Canada)

Nicole Vézina (Uqam, Canada)

Denys Denis (IRSST, Canada) Adriana Savescu (INRS, France)

Catherine Ha (InVS, France) Susan Stock (INSPQ et Université de Montréal, Canada)

Evelyne Escriva (Anact, France)

Auteurs, intervenants Antonio Cammarota (European commission, Luxembourg) Titre : Vers un nouveau cadre réglementaire au niveau européen – L’initiative de la Commission en matière d’ergonomie et de TMS d’origine professionnelle : état des lieux et discussion

Denis Leclerc, Jean-Pierre Brion (AST Lor’n, France)

Titre : Utilisation de Saltsa, outil de dépistage clinique précoce des TMS en entreprise : comment un service inter- entreprise s’est approprié l’outil au service de la prévention des TMS ?

René Brunet (Leest, France) Titre : Mobilisation et intervention – des relations à élucider

Jean-Claude l’Huillier (INRS, France) ; Yvan Gigert (Eprose, France)

Titre : Démarche pluridisciplinaire pour le développement d’un outil de travail plus approprié

Catherine Ha (INvs, France), Julien Brière (INvs, France), Julie Plaine (InVS, France), Natacha Fouquet (InVS, Leest, France), Yves Roquelaure (Leest, France), Ellen Imbernon (InVS, France) Titre : Construction d’indicateurs synthétiques à partir des données de surveillance épidémiologique des TMS

*

Programme du congrès 2011

(8)

Titre : Regard comparé sur la prévention des TMS dans les pays francophones (France, Belgique, Suisse, Québec, Algérie)

France), Jean-Luc Mochel (Carsat, France)

Titre : Le process « cadre vert » : comment le travail peut aider à rester actif ?

travail Rhône-Alpes, France), Agnès Lebret, Pascal Etienne (DGT, France)

Titre : TMS : de la communication pour initier l’action

Adriana Savescu (INRS, France), Muriel Van Trier (SMPP Paris, France)

Titre : La pluridisciplinarité au service de la prévention des TMS : quand l’association entre psychologie du travail et biomécanique devient, pour les professionnels, support d’analyse des gestes de métier

Paule Pelletier (Direction de santé publique de Montérégie, Canada)

Titre : La surveillance épidémiologique des TMS au Québec et son application pour favoriser la prévention des TMS par le Réseau québécois de santé publique en santé au travail

Roland Gauthy (Etui, Belgique) Titre : Normes et

réglementations, des outils au sein des entreprises ?

Rachel Barbet-Detraye (CCMSA, France), Aurélie Landry (Université Grenoble, France) Titre : Une formation-action comme outil de prévention des TMS dans le secteur viticole : leviers et freins identifi és par le biais de la recherche évaluative.

Jérôme Chardeyron (Carsat Rhône-Alpes, France) Titre : Mobilisation de la fi lière agroalimentaire en Rhône-Alpes

Nelcy Arevalo (ErgoIdeal, Colombie)

Titre : Préparer le Lys des Incas en qualité et en sécurité : une intervention pluridisciplinaire dans le secteur de la fl oriculture colombienne

Othmane Ghomari, Benali Beghdadli, Abdelkrim Kandouci (Université Djilali Liabes Sidi Bel Abbès, Algérie)

Titre : Les enjeux de surveillance des TMS en Algérie

François Becker (Hager, France) Titre : L’entreprise face aux obligations légales en matière de prévention des TMS

Xavier Merlin, Jean-François Thibault (Aract Aquitaine, France), Alain Garrigou (Université Bordeaux 1, France) Titre : De l’outil Muska à la démarche de prévention des TMS, quelles appropriations ?

Ghislaine Tougas (CCPE, Canada) Titre : Comment amener une entreprise à s’intéresser à la prévention des TMS ? Une démarche de mobilisation à la prévention des TMS

Arnaud Désarménien (Service ST Le Mans, France)

Titre : Du mouvement à la représentation du travail, collaboration pluridisciplinaire dans un CAT

Patrick Morisseau (MSA Portes de Bretagne, France), Adeline Pornin (CCMSA, France) Titre : Stivab, une étude pluridisciplinaire sur la santé et les conditions de travail dans la fi lière viande bretonne. Quelles diffi cultés à mettre en débat les résultats et à passer de l’étude à l’action ?

Marie Saint Vincent (IRSST, Canada)

Titre : L’inspection du travail au Québec : parfois un levier pour la prévention des TMS

Michelle Bassargette, (Air France cargo, France), Olivier Decourcelle (Ergos-concept, France), Laurent Guisot (Groupe Servair, France), Sylvie Martin- Boulineau (Air France, France), Sonia Sutter (Air France, France) Titre : Comment un dispositif de formation à la prévention des TMS peut-il contribuer au développement de l’ergonomie dans un groupe aéronautique ?

Joël Maline, Daniel Depincé (Aract Basse-Normandie, France) Titre : Les affections péri- articulaires et les données

« chiffrées » dans l’entreprise

15h15 Synthèse des ateliers et retour sur les thèmes transversaux de la journée

16h05 - 16h30 Conclusion du Congrès – Jack Bernon, Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), France

(9)
(10)
(11)

11

Les enjeux de l’évaluation des interventions pour la prévention des TMS : pourquoi et comment apprécier les effets d’une action de prévention ?

Fabien Coutarel Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, France EA 4281, PAEDI

D

e nombreuses entreprises sont aujourd’hui prêtes à s’engager dans des actions de préven- tions des troubles musculosquelettiques d’origine professionnelle. Cet engagement des directions ne se fait jamais sans craintes. Ces craintes justifi ent le fait que le périmètre de l’action confi ée aux intervenants est très souvent restreint dans un premier temps. Les actions de prévention les plus ambitieuses et les plus effi caces sont toujours celles qui succèdent à des actions préalables plus réduites.

Les connaissances existantes et stabilisées concernant les démarches de prévention des TMS les plus effi caces insistent sur trois caractéristiques essentielles : la transformation de l’organi- sation du travail, la mobilisation des acteurs internes et l’intégration des questions de santé au travail dans les projets de conception. Cependant, il existe un décalage important entre l’état des connaissances concernant les actions de prévention les plus effi caces et ce à quoi sont prêtes, dans un premier temps, les entreprises se lançant dans la prévention.

L’enjeu du développement de la prévention passe donc, selon nous, par le développement de notre capacité à convaincre nos commanditaires de passer d’initiatives réduites dans un premier temps, à des démarches plus ambitieuses ultérieurement. Ainsi la question de l’évaluation des interventions visant la prévention des TMS est convoquée, et surtout, si l’on se place du côté du commanditaire, préoccupé par l’évaluation des effets de ces interventions. Cet enjeu d’évaluation des interventions doit être tenu très tôt dans l’intervention, dès l’analyse de la demande.

Il est donc possible (voire nécessaire ?) de répondre favorablement à des demandes d’interven- tion offrant un champ réduit d’investigation et de transformation, présageant d’effets limités en termes de prévention, à condition de positionner précocement l’évaluation de l’action comme un réel enjeu du projet. La compétence de l’intervenant en matière de prévention des TMS consistera à prévoir et à assurer une cohérence entre ce qui peut être atteint (résultats) compte tenu des ressources proposées (temps, implications des acteurs de l’entreprise, périmètre des transforma- tions possibles…), et de comparer cela aux objectifs formulés par le commanditaire. L’intervenant cherchera aussi à mettre en visibilité les effets non attendus de l’intervention.

Ceci conduira donc souvent à renégocier les objectifs et/ou les moyens, et à accepter d’inter- venir tout en formalisant des objectifs atteignables. C’est à cette condition qu’à la fi n de l’action, lorsque viendra le temps du bilan et que le nombre de TMS n’aura pas diminué, mais que l’inter- venant aura néanmoins démontré son effi cacité compte tenu du périmètre négocié (sur la base d’indicateurs pertinents), que la crédibilité et le positionnement de l’intervenant seraient renfor- cés. En ne le faisant pas, il prend le risque de laisser l’évaluation fi nale de son action libre de tout cadrage pertinent. Et, le premier réfl exe de nos interlocuteurs sera « naturellement » de regarder l’évolution avant-après des plaintes. Nous montrerons que cela ne peut en aucun cas constituer un indicateur pertinent et que d’autres directions semblent plus adaptées, permettant notamment de rapprocher TMS et RPS. *

*

Introduction des thèmes transversaux

(12)

12

causes, associations ou facteurs de confusion ?

Karen Messing Université du Québec à Montréal (Uqam), Canada

L

es rapports de TMS peuvent être induits par différents événements déclencheurs, plusieurs types de facteurs aggravants et des infl uences variées sur le fait de les déclarer. L’apparte- nance à une catégorie de diversité peut avoir différentes intersections avec cette chaîne de causalité. Par exemple, au Québec, la division genrée du travail associe le genre masculin à des emplois à plus grand risque d’événements accidentels, le genre féminin à des emplois à risque de TMS chroniques. La connaissance de la langue française est associée, à Montréal, à la déclaration des lésions professionnelles à la CSST, alors que le fait de faire partie d’une minorité visible est associé à une présence dans des emplois plus susceptibles d’engendrer une lésion. L’âge et la catégorie socio-professionnelle ont aussi leurs associations propres avec différents facteurs de la chaîne de causalité. Ainsi, dans chaque outil de mesure, chaque base de données, chacune de ces caractéristiques correspond à des phénomènes différents. Le traitement statistique et pratique de ces caractéristiques pose problème pour les intervenants-es et les chercheurs-es.*

(13)

13

Diversité des acteurs :

quelles coopérations pour la prévention ?

Sandrine Caroly Laboratoire Pacte, Université de Grenoble, France

N

ombreux sont les acteurs intervenant dans le domaine de la santé au travail et préoccupés par les questions de prévention des TMS : médecins du travail, ergonomes, IPRP, ingénieurs sécurité, DRH, infi rmières du travail, ergothérapeutes, kinésithérapeutes, rhumatologues, psychologues du travail, etc. Autour de ces professionnels gravitent d’autres acteurs qui jouent un rôle important dans les dynamiques de prévention : les salariés, les responsables d’entreprise, les chefs d’atelier, les partenaires institutionnels, etc.

Face à cette diversité des acteurs ayant des statuts différents et des compétences variées se pose la question de comment agir ensemble effi cacement pour la prévention des TMS. Malgré les évolutions de la loi en santé au travail en matière de pluridisciplinarité, le travail collectif ne se décrète pas. Le constat est plutôt celui d’une diffi culté à travailler ensemble, à repérer les zones d’action de chacun avec parfois des situations confl ictuelles. Pourtant la mobilisation collective des acteurs s’avère indispensable aujourd’hui.

Plusieurs méthodologies sont à envisager pour mieux saisir les modes de coopération entre les acteurs favorisant la prévention des TMS. Il est possible d’analyser l’activité en détail d’un des acteurs afi n de comprendre ces pratiques professionnelles, les enjeux du métier et de suivre les interactions possibles ou impossibles qu’il a avec d’autres acteurs. Il est possible aussi de suivre un projet de prévention ou de maintien dans l’emploi et d’observer les actions des différents acteurs au fi l de l’avancée du projet. À partir des traces de leurs activités et de leurs confronta- tions individuelles et collectives, il s’agit de comprendre ce que fait chacun, les zones d’action, les empêchements, les formes de travail collectif, le rapport au travail et les compétences de chacun.

Le postulat est qu’il sera plus facile d’envisager la coopération dans l’action lorsque les domaines de compétences seront identifi és.

Quelles que soient les fonctions, il ne faut pas sous-estimer le poids des effets du contexte et de la législation sur les stratégies des acteurs ainsi que le rôle de la culture de l’entreprise et de la sensibilité du dirigeant vis-à-vis de la santé-sécurité.

Cependant si cela est nécessaire de mieux identifi er les compétences d’intervention, ce n’est certainement pas suffi sant pour mieux travailler ensemble pour la prévention des TMS et des RPS.

Des conditions organisationnelles sont à réunir pour favoriser la pluridisciplinarité (par ex : des interventions communes, des temps d’échange, des retours d’expérience, etc.) et des marges de manœuvre sont à construire pour favoriser l’activité de chacun (avoir du temps, se former, pouvoir choisir avec qui on a envie de travailler, se spécialiser dans un secteur d’activité, etc.).

Pour cela, il ne suffi t pas de situer uniquement la production de connaissances sur les échanges produits par les professionnels sur leurs complémentarités ou leurs différences. Faire l’expérience sur le terrain d’action collective entre les acteurs apparait une voie indispensable pour organiser un débat sur l’activité collective, trouver des formes de réélaborations de règles effi caces pour la prévention, transformer les outils de travail pour les adapter à la situation et inscrire les projets de coopération dans une dimension historique. *

*

Introduction des thèmes transversaux

(14)

14

et concurrences, quelques repères historiques

Nicolas Hatzfeld Université d’Evry, France

V

oici plusieurs décennies que la France du travail connaît le développement des troubles musculosquelettiques et des risques psychosociaux. Chacun de ces deux ensembles, de constitution relativement récente, regroupe des pathologies qui ont longtemps été consi- dérées comme distinctes. Ils semblent converger doublement. D’une part, leur essor est lié à une évolution des opinions à leur sujet et à des progrès dans leur reconnaissance administrative. D’autre part, leur développement apparaît de plus en plus nettement lié à des transformations du travail et de l’emploi et traduit une maladie des organisations. Toutefois, la convergence est mise en cause par les signifi cations parfois discordantes attribuées à la notion de risques psychosociaux, orientés tantôt vers des facteurs internes au travail et tantôt vers des causes extra-professionnelles.

Un regard historien – partiel – apporte quelques repères susceptibles d’éclairer les questions soulevées. On n’insistera pas sur le fait que, dans la longue durée, des pathologies comparables à celles d’aujourd’hui sont survenues, même si elles ont été à maintes périodes moins visibles ou moins nombreuses. Certaines périodes laissent la trace d’attentions particulières. Les pathologies périarticulaires sont repérées et interprétées selon des rythmes divers, même si certaines analyses commencent dès le milieu du XIXe siècle à relier certaines d’entre elles. C’est sous d’autres noms que l’on trouve, à différents moments, l’accent mis sur des pathologies psychiques : énervement, usure, fatigue nerveuse, etc. Des analyses associent parfois les dimensions physiques et psychi- ques, comme à la fi n du XIXe siècle à propos de l’usure, ou lors des années 1950 quand la politique générale de recherche de productivité est mise en cause. Mais à d’autres moments, depuis le début du XIXe siècle, d’autres analyses de l’usure opposent aux facteurs liés au travail ceux qui renvoient aux modes de vie (conditions d’existence, habitudes, caractères personnels, etc.), les seconds servant à nier le poids des premiers.

Ainsi les relations entre formes physiques et psychiques d’usure ont été parfois convergentes et parfois concurrentes. Ces variations passées renvoient à la défi nition des pathologies carac- térisées et aux facteurs mis en avant. Elles renvoient aux acteurs sociaux qui les soutiennent, représentants patronaux ou organisations de travailleurs, et aux intentions qui les sous-tendent.

Elles permettent de mettre en perspective l’importance de ce qui se joue à propos des défi nitions d’aujourd’hui. *

(15)

15

Souffrance sociale, répression psychique et troubles musculosquelettiques

Philippe Davezies Université Lyon 1, France

C

omme dans le cas de l’amiante, les risques psychosociaux ont fait irruption sur la scène médiatique lorsqu’il est apparu que les atteintes à la santé touchaient des couches de salariés traditionnellement privilégiées : ces catégories de salariés qui disposent, dans leur travail, d’espaces d’expression personnelle et de développement et qui voient ces espaces attaqués par la pression à l’intensifi cation et à la standardisation. Les manifestations de souffrance sont alors bruyantes et possèdent une forte visibilité sociale.

Cependant, dès le début des années 1980, Christophe Dejours avait alerté sur une autre forme de souffrance : celle des salariés exposés à des situations de contrainte sévère, sans grande possibilité d’investissement personnel, et surtout sans la perspective d’y échapper. Les OS des processus tay- loriens sont la catégorie emblématique de cette situation. Dans ce cas, la souffrance est silencieuse.

Pour tenir, les salariés développent des stratégies de résistance qui passent par la répression de leur propre subjectivité. Dejours signalait alors qu’en présence de cette souffrance sans expression de détresse psychique, il fallait s’attendre à voir survenir des pathologies du corps.

Cette proposition a été largement validée par l’épidémiologie du stress. Les ouvriers spécialisés ne viennent pas en consultation de souffrance au travail, mais font des maladies physiques au premier rang desquelles fi gurent les maladies cardio-vasculaires et les troubles musculosquelettiques.

Ces constats sont aujourd’hui éclairés par l’évolution des connaissances biologiques. Il a été repéré depuis longtemps qu’en situation de stress chronique, les individus exposés pouvaient mettre en œuvre des stratégies de désengagement psychique qui s’accompagnaient d’une absence de la réponse en cortisol, caractéristiques des réactions au stress. Ces sujets présentaient plus de symptômes physiques, ce qui était troublant dans la mesure où la tradition attribuait les pathologies du stress plutôt à l’excès de cortisol.

Au cours de la dernière décennie, il s’est confi rmé que les taux de cortisol bas observés chez les sujets exposés à des situations de stress chronique étaient responsables d’une quantité de phénomènes pathologiques. Le cortisol est alors apparu comme participant à l’apaisement de la réaction de stress.

Plusieurs découvertes importantes sont venues compléter la compréhension de ces phéno- mènes :

• En cas de stress, la sécrétion de CRH par l’hypothalamus et la mobilisation du système sympa- thique activent les mécanismes de l’infl ammation, en particulier par leur interaction avec une classe de molécules de découverte récente, les cytokines pro-infl ammatoires.

• La situation de stress chronique peut se traduire par une dissociation de la réponse biologique, la CRH et l’activité du système sympathique étant élevées alors que le cortisol reste bas.

Cela signifi e que, chez les sujets exposés durablement à l’adversité, le cortisol bas ne tempère plus l’activation des mécanismes infl ammatoires. De plus, la baisse du cortisol est responsable d’un abaissement du seuil de la douleur qui accroit les phénomènes douloureux.

Les travailleurs voués au travail répétitif sous cadence, qui n’expriment pas de détresse psychi- que alors qu’ils sont exposés au stress professionnel, sont donc dans une situation qui cumule des contraintes biomécaniques locales avec une susceptibilité à l’infl ammation et à la douleur. Mais la baisse du cortisol est aussi observée chez les sujets exposés à un harcèlement chronique.

Ces données contribuent aussi à expliquer un autre pan de la pathologie qui frappe ces caté- gories de travailleurs. Il est en effet démontré que l’athérosclérose responsable des pathologies cardio-vasculaires est liée à une infl ammation au niveau de la paroi des vaisseaux. *

*

Introduction du thème « Les liens entre troubles musculosquelettiques (tms) et risques psychosociaux (rps) »

(16)

16

de l’activité

Yves Clot Chaire de psychologie du travail, Cnam, Paris, France

O

n rattachera la question mal décrite par l’expression « RPS » à des dilemmes fréquents du travail et, en particulier, à l’existence d’une sorte de déliaison qui se fait jour dans l’activité ; une déliaison entre les préoccupations réelles des opérateurs — une certaine idée du travail et d’eux-mêmes dans le travail — et des occupations immédiates qui leur tournent le dos. Le sens même de l’action en cours se perd quand disparaît dans le travail le rapport entre les buts auxquels il faut se plier, les résultats auxquels il faut s’astreindre et ce qui compte vraiment pour soi et pour les collègues de travail dans la situation. Ce qui compte vraiment — et parfois de manière vitale dans les tâches de services — dessine d’autres buts possibles de qualité que la qualité attendue des buts prescrits. Alors, la perte de sens de l’activité la dévitalise, la désaffecte en rendant psy- chologiquement factice la poursuite du travail. Alors on est actif mais sans se sentir actif. Même la performance réalisée et reconnue peut perdre sa fonction psychologique si on ne s’y reconnaît pas. La visée du travail exigé devient alors psychologiquement étrangère à l’activité des sujets dont l’objet est ailleurs. Les actions réalisées rivalisent dans leur activité avec celles qui devraient et surtout pourraient l’être. La réalité psychologique de ces confl its dans l’objet même du travail est la source de puissants affects qui trouvent de moins en moins un destin favorable. Dans ce confl it de buts gît un paradoxe : les buts atteints, désinvestis, perdent leur sens et ceux auxquels on tient et qui restent en jachère, privés de leur réalisation sociale, sont discrédités aux yeux mêmes de beaucoup de travailleurs comme des objectifs encombrants. C’est l’imagination même qui devient alors pour eux un obstacle à surmonter pour travailler « normalement ». Bien des drames humains du travail trouvent là leur origine ou leur matière quand la situation s’installe et interdit de penser, à tort ou à raison, qu’un changement serait possible. Quand la confrontation sur la qualité du tra- vail est devenue impraticable, suractivité et sentiment d’insignifi ance forment alors un mélange

« psychosocial » explosif. C’est une sorte d’activisme désœuvré que la moindre injustice managériale peut transformer en ressentiment durable. Mais ce dernier est la goutte d’eau qui fait déborder le vase d’une vie professionnelle contrariée. Car la passivité n’est jamais qu’une activité « rentrée », un développement incarcéré. De ce point de vue, après avoir rappelé que les TMS peuvent être vus comme une hyper-sollicitation de l’organisme enracinée dans une hypo-sollicitation de l’activité du corps tout entier, on cherchera à montrer que les « RPS » trahissent aussi — à tous les sens du terme — une hypo-sollicitation de l’activité des sujets au travail. *

(17)

17

Facteurs de risque psychosociaux et TMS

Annette Leclerc U1018 Inserm, Villejuif, France

L

a présentation abordera la question des « risques psychosociaux » en lien avec les TMS principalement sous un angle épidémiologique, d’où la préférence pour le terme « facteur de risque » ou « facteur de risque potentiel », qui fait référence à des variables (potentiellement) associées aux TMS, en incluant les associations effectivement observées mais non causales. La première partie portera sur la thématique elle-même et diverses façons de l’aborder, en montrant qu’il y a plusieurs questions plutôt qu’une seule, avec des réponses qui peuvent différer. La seconde partie développera des résultats issus de travaux épidémiologiques.

Facteurs de risque psychosociaux et TMS, des questions multiples

Les questions que l’on se pose diffèrent selon ce qui est mis sous le terme «psychosocial» et selon la dimension de santé retenue. D’autres aspects importants sont les hypothèses sur les liens entre expositions psychosociales et expositions biomécaniques et posturales, et la prise en compte du temps, principalement entre exposition et « effet » sur la santé. Le terme psychosocial fait le plus souvent référence, dans la littérature épidémiologique, aux modèles évaluant la demande et la latitude dans le travail, au niveau individuel ; cependant, les facteurs « en amont » caractérisant l’organisation du travail sont aussi à considérer. Concernant les « effets », si les associations entre

« stress » et activité musculaire sont documentées par des études en laboratoire, ces résultats ne sont pas extrapolables à d’autres types d’effets, en particulier des pathologies avérées. Les effets à court terme peuvent différer des effets à long terme ; de même il est nécessaire de faire une distinction entre les déclarations par les sujets et les pathologies objectivées.

Résultats issus d’études épidémiologiques

Des associations entre TMS et expositions psychosociales mesurées au niveau individuel (demande, latitude..) sont très fréquemment retrouvées, mais sont souvent d’intensité modeste. Pour la plupart des sites de douleur, des revues générales basées sur un grand nombre d’études apportent ici des résultats relativement solides. De façon générale, les liens entre expositions psychosociales et TMS sont de plus faible intensité, et parfois inexistants, quand la dimension de santé est objectivée par un examen médical, quand les expositions biomécaniques sont prises en compte, et quand un protocole d’étude longitudinal permet de garantir la temporalité des relations. On peut regretter que les revues générales issues de la littérature épidémiologique ne discutent pas suffi samment des interrelations entre facteurs psychosociaux et biomécaniques, laissant le plus souvent sans réponse la question de savoir si les expositions psychosociales auraient les mêmes conséquences selon que les expositions biomécaniques sont présentes ou absentes. Il manque aussi d’études portant sur les liens entre les TMS et les caractéristiques de l’organisation du travail, qui détermi- nent à la fois l’intensité des expositions biomécaniques et l’existence ou l’intensité d’expositions psychosociales au niveau individuel. *

*

Introduction du thème « Les liens entre troubles musculosquelettiques (tms) et risques psychosociaux (rps) »

(18)

18

sociaux au travail : un modèle conceptuel

Susan Stock Institut national de santé publique au Québec et Université de Montréal, Canada

L

es relations entre les TMS et les contraintes organisationnelles et psychosociales sont probablement plus complexes que la plupart des études épidémiologiques ont réussi à montrer jusqu’à maintenant. Malgré l’existence de données probantes sur les liens entre les TMS et plusieurs contraintes psychosociales, les interrelations entre les contraintes physiques, les différentes contraintes organisationnelles et psychosociales et les TMS sont encore méconnues. Le rôle de la détresse psychologique dans ces interrelations est également mal connu. La nature des interrelations complexes entre les TMS, les contraintes physiques, les divers risques psychosociaux et la détresse psychologique doit être mieux explicitée. Presque toutes les études qui en tiennent compte montrent une forte relation entre la détresse psychologique et les TMS. Il apparaît probable que dans certains cas, la détresse psychologique est un médiateur de la relation entre certaines contraintes psychosociales du travail et les TMS alors que dans d’autres cas, les relations sont plus directes ou passent par un autre mécanisme. Par exemple, certaines exigences quantitatives (ex : quantité de travail, contraintes temporelles) ou cognitives, peuvent infl uencer les contraintes physiques directement et ainsi contribuer aux TMS. Dans d’autres cas, il y a une interaction entre une contrainte physique et une contrainte psychologique ou relationnelle et cette interaction infl uence ainsi les TMS. La marge de manœuvre ou le soutien social au travail (ou d’autres facteurs relationnels) peuvent également modérer la relation entre les contraintes physiques et les TMS.

Même chose pour certains facteurs personnels. Cette conférence vous proposera un modèle conceptuel et des nouvelles hypothèses à tester pour concevoir des études qui nous aideront à mieux évaluer ces interrelations et permettre une compréhension plus complète des relations entre le travail et les TMS.

Une bonne proportion des études épidémiologiques qui étudient la relation entre des TMS et des facteurs psychosociaux, se limite à l’étude de la demande psychologique, la latitude décisionnelle et le soutien social au travail tels que proposés par Karasek ou les mesures de reconnaissance et d’effort du modèle de Siegrist. Cependant ces relations semblent plutôt modestes. La considération de ces seules variables est probablement trop simpliste pour bien caractériser l’environnement de travail et sa relation avec les TMS.

L’Enquête québécoise sur des conditions de travail, d’emploi, de santé et de sécurité du travail, réalisée en 2007-2008 auprès de 5 000 travailleurs a étudié les relations entre les TMS et un grand nombre de contraintes physiques et psychosociales incluant des exigences quantitatives, des contraintes psychologiques et relationnelles, le manque d’autonomie ainsi que l’insécurité et la précarité du travail. Elle montre que la prévalence des TMS augmente considérablement chez les travailleurs exposés à une combinaison de contraintes physiques et psychosociales du travail. Des analyses multivariées des données de cette enquête concernant les TMS au dos et aux membres supérieurs confi rment la contribution des risques associés d’une part, au cumul de contraintes physiques et d’autre part, à la demande psychologique élevée, à la faible reconnaissance et au faible soutien social au travail. De plus, ces analyses montrent la contribution du travail émotionnellement exigeant, des situations de tension avec le public, du harcèlement sexuel, de la précarité du travail ainsi que de l’impossibilité de modifi er la cadence du travail.

L’évaluation des hypothèses associées au modèle proposé permettra de mieux comprendre les mécanismes par lesquels certaines contraintes du travail peuvent infl uencer les TMS, de mieux préciser la contribution de chacune et de mieux orienter les interventions de prévention des TMS. *

(19)

A

1

19

L’organisation de la prévention des TMS et des RPS

Organisateurs : Évelyne Escriva Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), France Marie Saint-Vincent Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST), Canada

L

a prévention des risques professionnels, quels qu’ils soient, repose selon nous sur plusieurs principes d’analyse et d’action génériques :

• comprendre l’entreprise et le milieu de travail, situer l’activité de travail dans un fonction- nement collectif ;

• identifi er ce qui infl uence la santé au travail (les exigences du travail et son organisation, la qualité des relations de travail notamment avec l’encadrement, les changements du travail, les valeurs et attentes des travailleurs) ;

• tenir compte des dimensions physiques, mentales et sociales comme le propose le modèle de la situation de travail centré sur la personne en activité de Vézina (2001) ;

• mener des actions de prévention qui ne relèvent pas exclusivement des acteurs de Santé au travail mais qui soient intégrées plus largement dans le fonctionnement de l’entreprise.

Par ailleurs, nous savons que la façon de structurer la prévention, de mobiliser les acteurs et les modalités d’action retenues sont autant d’éléments qui vont infl uencer l’effi cacité de la prévention en santé au travail. Dans les faits, cette structuration dépend certainement de l’histoire et du contexte de l’entreprise, de l’état de santé du personnel, de la maturité sur les sujets de prévention.

Les entreprises, les branches professionnelles quant à elles, se mobilisent sur la prévention des TMS, et plus récemment au sujet des risques dits psychosociaux (RPS), notamment en lien avec la transposition de l’accord interprofessionnel sur le « stress » au travail en Europe. Ce développement des approches RPS présente certainement des opportunités, mais aussi des risques, dans la façon de traiter de la santé au travail.

Si l’approche des RPS valorise une dimension plus subjective et qualitative mobilisée par les hommes et les femmes en situation de travail, nous identifi ons alors plusieurs opportunités : l’en- richissement du modèle de compréhension et l’élargissement des registres d’action (applicables à toute question de santé au travail et aux TMS en particulier), la possibilité de mieux traiter les situations de cumul d’exposition (par exemple pour les métiers de caissières, de services aux personnes…) et la consolidation des préventeurs et de la fonction Ressources humaines…

À l’inverse, la tentation de découper la santé au travail par les symptômes (dans l’organisation et les approches), en distinguant des questions d’ordre physique d’une part et des questions d’or- dre mental d’autre part, nous semble présenter certains risques. Il peut s’agir de survaloriser les facteurs personnels et de soutenir une approche comportementaliste, de se concentrer sur les RPS tandis que les contraintes physiques restent très présentes, de limiter les actions de prévention des TMS par une approche trop mécanique de l’investissement d’une personne au travail, alors que la mobilisation physique est toujours sous-tendue par des mécanismes cognitifs et psychiques…

Nous en débattrons à partir de pratiques variées - points de vue de préventeurs institutionnels, consultants, conseillers syndicaux, chercheurs intervenants - traitant des TMS et/ou des RPS afi n d’en tirer des enseignements en terme d’organisation et de mise en œuvre de la prévention. *

(20)

20

Organiser la prévention des TMS et RPS : proximités et différences, une réfl exion à partir des pratiques d’entreprises

Évelyne Escriva, Philippe Douillet Anact, Département santé et travail, Lyon, France

E

n France, si la question des risques psychosociaux (RPS) a émergé avec retard par rapport à d’autres pays européens, elle a surgi brutalement dans l’actualité à l’occasion d’évènements dramatiques survenus en entreprise, tels que des suicides. Poussés par les pouvoirs publics, les partenaires sociaux et les acteurs d’entreprise en ont fait rapidement un sujet prioritaire, en s’appuyant notamment sur l’accord européen sur le stress traduit, en juillet 2008, par un accord national. Dans un premier temps, cet « engouement » pour les RPS a paru occulter toutes les autres préoccupations de santé au travail, en particulier les TMS représentant pourtant la majorité des maladies professionnelles. Nous avons globalement constaté, dans les demandes d’entreprises, une approche scindée des questions de santé au travail, entre celles relatives à la santé physique et celles relatives à la santé mentale. Ainsi, peu de liens étaient faits entre les pathologies ou les modes d’actions en prévention alors que les éléments de proximité sont nombreux entre les TMS et les RPS.

Les demandes d’accompagnement des entreprises faites au réseau Anact sur les RPS présen- taient beaucoup de similitudes avec celles qui étaient régulièrement faites sur les TMS :

• Des conditions d’émergence tardives : situations de crise, pathologies en grand nombre… qui rendent souvent démunis les acteurs,

• Des représentations partielles de la santé du personnel : dominante de causes perçues dans la sphère individuelle et hors travail…

• Un souci d’objectivation : causes et effets multiples, sans lien univoque, et souvent à effet différé ; diffi cultés d’objectivation des pathologies...

• Une approche de la prévention restreinte : tentation de gérer la prévention en ciblant des actions sur les individus, liens avec l’organisation peu appréhendés, diffi cultés d’évaluer les effets des actions, précarité des résultats…

Pour autant, le sujet des RPS a présenté d’emblée, dans les stratégies des entreprises, des spécifi cités qui peuvent expliquer pourquoi la préoccupation RPS a pu être longtemps exclusive de la préoccupation TMS :

• Une mobilisation majoritaire des activités de service sur les RPS, pour lesquelles les TMS semblent moins prioritaires,

• Une reprise en main du sujet RPS par des acteurs des Ressources Humaines, au détriment des acteurs habituels de la santé au travail,

• La dimension « psychosociale » en elle-même qui exacerbe la complexité de la prévention.

Aujourd’hui, avec la montée de la préoccupation RPS dans tous les secteurs d’activités, notam- ment industriels, avec la réglementation de l’évaluation des risques ainsi qu’à travers l’actualité sur la « pénibilité », cette dichotomie « TMS-RPS » commence à s’effacer. Des pratiques d’entreprises semblent évoluer vers une vue enfi n cohérente de la santé au travail, interrogeant, quel que soit le sujet, les formes d’organisation du travail qui permettent de dégager ou non des marges de manœuvre dans l’activité et de construire du sens dans les gestes professionnels. *

(21)

21

A

1

L’organisation de la prévention des tms et des rps

Une PME s’empare des risques de TMS et de RPS dans une démarche globale de prévention

Cécile Briec, Yannice Clochard Alternatives ergonomiques, Massy, France

L

es demandes adressées par les entreprises aux consultants sont souvent marquées par la volonté de traiter chaque risque de manière cloisonnée, suivant en tendance l’actualité et la médiatisation des questions de santé. Ainsi, après la vague des TMS, est venue celle des RPS ou de la pénibilité en lien avec le vieillissement des salariés. Les approches centrées sur le travail s’accordent pour porter un regard plus global sur les questions de santé au travail en essayant de reconstituer les liens entre les déterminants des situations et leurs multiples effets sur l’effi cacité et la santé. Cependant, si le bienfondé théorique de l’approche globale est acquis, sa mise en œuvre concrète et durable dans les entreprises reste un obstacle sur lequel butte la prévention des risques. Cette intervention dans une PME de 100 salariés donne l’occasion d’identifi er quelques conditions pour tenter de le dépasser.

Fin 2009, le responsable de production demande une étude ergonomique dans un atelier de fabrication de petites pièces métalliques de précision. Dès le départ, la formulation de la demande insiste sur l’aspect « global » du diagnostic attendu. Le cahier des charges élaboré avec le soutien de l’Aract dresse une liste de diffi cultés multiformes : des fl ux de production complexes et parfois incohérents, des aménagements de postes jugés insatisfaisants, des atteintes à la santé de type TMS qui débouchent sur des restrictions médicales, une dégradation de l’ambiance sociale…

Cette demande résulte de la convergence des alertes formulées par différents interlocuteurs à propos de la situation dans l’atelier : les salariés, leurs représentants (notamment le CHSCT), le médecin du travail, la DRH, le responsable de production... Le recours à l’analyse ergonomique apparaît comme un moyen de dépasser l’énigme qui se présente à l’entreprise : malgré toutes les tentatives d’amélioration mises en œuvre pour réduire les contraintes sur les postes de travail et les outils, pour défi nir une organisation du travail qui donne quelques marges de manœuvre aux équipes, pour initier une démarche participative dans le cadre du Lean… l’ambiance au sein de l’atelier se dégrade.

Ce besoin de comprendre globalement le problème a constitué le fi l conducteur et la dynamique de toute l’intervention. Le diagnostic a effectivement permis d’établir des liens entre les multiples diffi cultés rencontrées, l’aménagement des postes, l’organisation du travail, les TMS, les RPS…

Le cadre de l’intervention, en offrant des espaces collectifs de discussion, a permis aux différents acteurs de l’entreprise de réaliser progressivement ce qui les avait intuitivement conduits vers une approche globale : le cloisonnement des différents projets menés jusqu’alors est la source des diffi cultés vécues aujourd’hui au sein de l’atelier. Depuis, l’entreprise a décidé de prolonger le diagnostic par la mise en place de groupes de travail pour élaborer des transformations. Elle a souhaité être accompagnée pour acquérir des méthodes qui favorisent une réfl exion collective sur le travail. Mais la mise en œuvre se heurte à nouveau à la résistance du réel : les débats mettent en lumière les contraintes et les limitations de marges de manœuvre des différents acteurs, lesquelles deviennent un nouveau champ de transformation.

Au fi nal, ce qui apparaît comme une des clefs de réussite de l’approche globale, c’est moins la structuration d’un projet de prévention des risques, que l’espace de débat proposé aux acteurs autour d’un objet commun, au sein duquel le travail de chacun dans toute sa complexité et son épaisseur a sa place. La santé devient un bénéfi ce de cette nouvelle manière d’aborder collective- ment les problématiques de travail, elle n’en est plus l’objet central. *

(22)

22

Traiter de « surcharge de travail », une intégration des troubles musculosquelettiques et des risques psychosociaux

Micheline Boucher Confédération des syndicats nationaux (CSN), Montréal, Canada

D

epuis quelques années, des syndicats acheminent des demandes sur la question de la surcharge de travail et de ses effets sur la santé physique et mentale des salariés (es) à divers paliers de la structure de la CSN. Un mandat explicite est confi é à une équipe de trois professionnels en prévention de la santé et de la sécurité du travail. Cette équipe, dont je fais partie, doit produire des outils pour aider les syndicats locaux et leurs conseillers à ouvrir un espace de discussion et de négociation avec les employeurs sur la question de la surcharge de travail.

L’équipe se compose d’un ingénieur industriel junior, d’une spécialiste des questions de santé psychologique au travail et d’une ergonome. Depuis 2009, nous sommes en contact avec M. Pierre- Sébastien Fournier, professeur en management à l’Université Laval de Québec et chercheur principal d’une recherche-action sur la question de la surcharge de travail. Une entente de collaboration nous permet d’utiliser le modèle développé par cette équipe et de partager les questions et les résultats de nos travaux respectifs.

L’approche privilégiée veut :

• tenir compte des aspects physiques, cognitifs et émotionnels de la charge de travail ;

• documenter la charge prescrite, la charge réelle et la charge subjective de travail et les ressources de l’entreprise ;

• documenter le contexte organisationnel dans lequel l’entreprise et les travailleurs se situent ;

• utiliser les impacts et conséquences sur la santé des salariés-es et sur la production de l’entre- prise comme déclencheurs d’une démarche de redéfi nition de la charge de travail.

Plusieurs outils sont élaborés. Présentement, ils sont utilisés sur le terrain dans au moins un milieu de travail : une grande entreprise de communication. Les questions suivantes seront discutées.

Aborder de façon intégrée les impacts physiques et psychologiques du travail sur les individus induit un changement de paradigme dans notre compréhension de la prévention. Soit celui de passer d’une conception linéaire et uni-causale de la SST (dose x toxicité = effets sur la santé) à une conception holistique de la santé au travail infl uencée par de multiples facteurs de risque autant physiques, physiologiques que psychologiques, sociaux ou organisationnels. Ce passage est très diffi cile à faire car la conception de la santé et de la sécurité du travail au Québec est encore campée sur l’approche traditionnelle.

Dans le même sens, au Québec, la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) n’intervient pas sur l’organisation du travail. Cela relève du droit de gérance et des relations de travail. Notre approche sur la surcharge de travail interpellant directement l’organisation du travail revendique par le fait même le droit pour les salariés (es) et leurs représentants syndicaux de prendre part à la défi nition du travail, et ce, au nom de la protection de leur santé, de leur sécurité et de leur intégrité physique et mentale.

Finalement, le fait que la proposition d’analyser et de discuter de surcharge de travail vienne d’une organisation syndicale et non de l’intervention d’un tiers (consultants, Association sectorielle paritaire, Inspection du travail) impose d’avoir ou de créer des conditions favorables (ouverture de l’employeur, perception du rôle d’un syndicat, etc.) et force la vigilance afi n d’éviter une série d’écueils relatifs à notre position dans l’entreprise (rapport de force, chevauchement d’enjeux syndicaux, réactions à la conjoncture économique, etc.). *

(23)

23

A

1

L’organisation de la prévention des tms et des rps

Les pratiques de gestion : un incontournable dans la prévention des risques psychosociaux au travail

Michel Vézina, Carole Chenard Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), Québec, Canada

L

es résultats de l’enquête québécoise sur des conditions de travail, d’emploi et de santé et sécurité du travail (Eqcotesst) montrent bien que la prévalence des TMS est beaucoup plus importante chez les travailleurs exposés à plusieurs contraintes organisationnelles et psychosociales du travail (ex : tension au travail (job strain), tension au travail avec faible soutien (iso-strain), déséquilibre effort-reconnaissance, travail émotionnellement exigeant, situations de tension avec le public, harcèlement psychologique, harcèlement sexuel, etc.) que chez ceux qui ne sont pas exposés à ces contraintes. Des modèles ont d’ailleurs déjà été proposés pour décrire les liens importants et bidirectionnels entre les problèmes de santé mentale, les douleurs muscu- losquelettiques et les contraintes organisationnelles du travail.

Dans ce contexte, la réduction des facteurs de risque psychosociaux en intervenant au niveau des pratiques de gestion apparaît comme une priorité en santé publique. C’est dans cette perspective que l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a développé un outil permettant d’identifi er les risques psychosociaux en entreprise. [http://www.inspq.qc.ca/pdf/publications/930_Grille- RisquePsychoTravail.pdf]

Le développement de l’outil vise à offrir aux différents acteurs du milieu des repères pour la compréhension, l’identifi cation et la réduction de risques organisationnels ayant un impact sur la santé des travailleurs. L’objectif de cette grille est d’évaluer certains facteurs de risque psycho- sociaux à partir de renseignements recueillis auprès d’informateurs-clés représentant la direction et les travailleurs. Ces informations visent à caractériser le milieu de travail et certains aspects liés aux pratiques de gestion. Il s’agit d’un outil simple de mesure qui comporte également une dimension pédagogique pour aider le milieu à identifi er les actions à mettre en place ou les cibles à atteindre dans l´entreprise. En effet, l’utilisation de cette grille au Québec et en France, dans plus de cinquante entreprises, a permis de créer un momentum, un espace de parole, pour favoriser le dialogue et l’action concertée des partenaires du milieu sur le sujet particulièrement sensible que constituent les pratiques de gestion.

La grille comprend douze items : six données de base et six composantes-clés de l’organisation du travail. Les données de base fournissent des renseignements sur le contexte de travail et d’emploi ; l’absentéisme pour cause de maladie ; la politique de santé au travail ; la politique contre la violence et le harcèlement psychologique ; les activités ou programme de retour au travail ; les activités ou programme de conciliation travail et vie personnelle. Les composantes-clés de l’organisation du travail réfèrent à des pratiques de gestion reconnues pour être des sources importantes de problèmes de santé psychologique (demande psychologique élevée, faible reconnaissance, faible soutien social, faible latitude décisionnelle, prévisibilité et justice organisationnelle). Pour chacun des items, un score variant de 0 à 3 est attribué en fonction d’énoncés caractérisant le mieux l’environnement de travail. Plus le total obtenu est élevé, plus la situation est défavorable à la santé psychologique des travailleurs.

La présentation fera état d’exemples d’entreprises pour lesquelles l’utilisation de la grille a conduit à une prise de conscience de l’importance de mettre en place des activités visant l’amé- lioration de certains indicateurs dans le milieu de travail. L’outil développé représente donc une aide pour activer des actions de prévention de la part des acteurs concernés par les risques à la santé au travail. *

Références

Documents relatifs

Physical activity, diet and cognitive behavioral training as a combined worksite-based lifestyle intervention to reduce weight and musculoskeletal disorders in health care

• Conception and assessment of interventions for the prevention of MSDs including research on the rehabilitation and return to work strategies for workers suffering

En définitive, le collectif est simultanément à l’extérieur du sujet dans les échanges dont est fait le travail collectif et à l'intérieur de l'individu

La hauteur de réglage de l’assise du siège du client doit se situer au moins à 45cm, par rapport au sol, pour la position la plus basse (pour les coiffeurs les plus petits debout)

• Préparer, promouvoir et exécuter la politique en matière de relations collectives de travail, l’accompagnement de la concertation sociale, la prévention et la conciliation

• Préparer, promouvoir et exécuter la politique en matière de relations collectives de travail, l’accompagnement de la concertation sociale, la prévention et la conciliation

Réglage de l’assise vers l’avant (pour maintenir plus facilement la lordose lombaire), en position horizontale ou vers l’arrière pour les moments d’attente. • De l’accès

• Préparer, promouvoir et exécuter la politique en matière de relations collectives de travail, l’accompagnement de la concertation sociale, la prévention et la conciliation