Les infections urinaires
Dr Capucine Martins
CCA Maladies infectieuses IFSI 2018
Généralités
Infections très fréquentes++
• Communautaires
• Nosocomiales
Ensemble de situations très variables allant:
-> de la bactériurie asymptomatique ->à la pyélonéphrite compliquée .
Pyélonéphrite
Cystite
Epidémiologie
1) Plus fréquente chez la femme (anatomie)
• La fréquence augmente avec l’âge avec 2 pics
• Le 1er lors du début de l’activité sexuelle
• Le 2ème lors de la période post-ménopausique.
• La grossesse est un facteur favorisant
2) Chez l’homme une infection urinaire doit faire rechercher une uropathie sous- jacente.
• La fréquence ↗ après 50 ans avec la pathologie prostatique.
3) Chez l’enfant une infection urinaire est souvent le témoin d’une malformation de l’appareil excréteur (surtout le garçon).
• C’est la 1ère cause d’infection nosocomiale.
Physiopathologie
Physiopathologie (2)
D’où provient les bactéries responsables des IU?
◦ Le tube digestif
◦ Migration à travers le Périnée -> Méat urinaire -> Urètre -
> urines de la vessie (Cystite)
En cas de facteurs favorisants:
◦ Extension aux uretères et aux reins = Pyélonéphrite
2 mode de transmission
◦ Voie ascendante (Bactéries du tube digestif)
◦ Voie hématogène (Streptocoque, Staphylocoque, Salmonelle)
Facteurs favorisants
1) Anomalie de l’appareil excréteur
= Anomalie favorisant la stase urinaire
Lithiase (calcul)
Sténose urétérale ou urétrale (Tumeur, Bilharziose, Tuberculose)
Compression extrinsèque des voies urinaires (adénome prostatique)
Reflux vésico-urétéral
Vidange incomplète de la vessie (vessie neurologique)
Iatrogène: Sonde urinaire, Endoscopie urinaire
Facteurs favorisants (2)
2) Hormonal
Ménopause
Grossesse
3) Hygiène
toilette périnéale,
bains moussants,
vêtements moulants
rapports sexuels : bien vidé la vessie après
constipation,
infections génitales : vaginite, infections génitale, prolapsus
4) Comorbidités
Immunodépression (corticoides, IS…)
Diabète par le glycosurie et trouble à la miction ( ! Pas un facteur d’IU à risque de complication)
Quelles bactéries?
Bactérie à Gram négatif du tube digestif :
◦ ENTEROBACTERIES 95%
E. coli (90%), Proteus mirabilis, Klebsielle…
!!! Résistance croissante aux antibiotiques
Bactérie à gram positif :
◦ Staphylocoques (saprophyticus)
◦ Streptocoques (1%)
En cas d’infections Nosocomiales?
◦ BGN +++: Pseudomonas aeruginosa, Enterobacter
◦ Levures
Emergence des résistances
Une
E Coli Résistants aux C3G
2003 2013
LES DIFFERENTES FORMES
CLINIQUES
CYSTITE simple = Inflammation de la vessie
Symptômes:
◦ Pollakiurie (PK) : urines plusieurs fois par jour/nuit,
◦ Mictions impérieuses
◦ Brulures mictionnelles (BM)
◦ Dysurie : difficultés à uriner, spasmes rétropubiens
◦ Douleurs hypogastriques
◦ Urines troubles, nauséabondes, hématuriques
+ Absence de signe d’atteinte parenchymateuse
◦ Pyélonéphrite
◦ Prostatite
+ Absence de syndrome infectieux (Fièvre, frissons)
PYELONEPHRITE
Syndrome infectieux
◦ Fièvre élevée
◦ Frissons
Signe d’atteinte rénale
◦ Douleur abdominale ou lombaire uni ou bilatérale
Signes mictionnels souvent discrets voire absents
Complications:
◦ Bactériémie, septicémie, choc septique
Chez la personne âgée
-> symptômes frustres ou atypiques
IU masculine
Remplace l’entité PROSTATITE
20 à 50 % des hommes
Associé ou non à des signes d’irritation de la prostate
Toujours à risque de complication :
◦ une pathologie préexistante du bas appareil urinaire (sténose urétrale, adénome prosatique...),
◦ ou des gestes invasifs (chirurgie, cathétérisme endo-urétral).
Peu d’antibiotiques diffusent bien dans le tissu prostatique
◦ fluoroquinolones ou cotrimoxazole
◦ Difficulté augmentée avec la chronicité (nodule, calcification)
Syndrome infectieux
◦ Fièvre élevée
◦ Frissons
Signes mictionnels
◦ Dysurie, PK, BM
◦ Les urines peuvent rester claires
+/- Signe d’atteinte prostatique
◦ Toucher rectal douloureux, prostate turgescente
◦ Rétention aigue d’urine
Complication
◦ Abcès prostate, orchiépididymite, septicémie
◦ Prostatite chronique
IU à risque de complication
1) Anomalie de l’arbre urinaire
Uropathie obstructive Vessie neurologique Reflux vésico-urétéral
2) Terrain à risque de complication
Homme Grossesse
Age > 65 ans avec critères de fragilité Insuffisance rénale chronique
Immunodépression
Le diabète n’est plus un FdR d’infection à
risque de complication
reconnue !!
DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE
La bandelette urinaire
Comment bien la réaliser?
Sur urines du 2ème jet
Diagnostic si positif pour:
◦ Leucocytes
◦ Nitrites
Attention, bactéries ne produisant pas de nitrites
(Staphylocoques saprophyticus, Pseudomonas, autres BGN)
Comment bien l’interpréter?
• Chez la femme symptomatique
• BU négative (leuco, nitrite)
= absence d’infection urinaire
• Sauf si leucopénie
• Chez l’homme
• BU+ conforte le diagnostic
• Mais BU- n’élimine pas
• Donc ECBU systématique
ECBU = Confirmation diagnostique
Pas un examen systématique!!!!
Oui si:
◦ Suspicion d’infection urinaire
sauf cystite de la femme sans facteur de risque de complication : la BU suffit !!!
◦ Fièvre sans cause évidente retrouvée
Avant toute antibiothérapie
Après désinfection du méat ++++ (risque de contamination) Sur urines fraiches
Milieu de jet
Transport rapide au laboratoire Sinon frigo à 4°C < 12h
ECBU sur sonde : éviter toute contamination liée à la manipulation
Comment prélever un ECBU sur sonde?
Où prélever l’urine pour l’ECBU?
◦ A
◦ B
◦ C
◦ D
◦ E
A B
C D E
Comment prélever un ECBU sur sonde?
1)
Clamper la sonde 15 min avant le prélèvement en dessous avec une
compresse
2)
Désinfecter l’opercule
3)
Ponctionner l’opercule
ECBU: interprétation
En l’absence de sonde:
Leucocyturie ≥ 10
4/ml + Bactériurie:
◦ >10
3UFC/ml chez l’homme
◦ >10
4chez la femme (sauf E coli >10
3)
Recommandations AFFSAPS 2015
En présence d’une sonde:
• Ne pas tenir compte de la leucocyturie
• Bactériurie>10
5UFC/ml
• Réalisation d’un antibiogramme : permet d’adapter le traitement
Autres examens
Biologiques sanguins
-> si suspicion d’atteinte parenchymateuse
◦ CRP
◦ NFS
◦ Urée, Créatinine
Hémocultures
◦ Pas nécessaire pour les PNA non graves
Imagerie des voies urinaires
◦ Si suspicion d’atteinte parenchymateuse ou de gravité
Quelle imagerie et pour quelles questions?
Echographie des voies Urinaires
◦ Recherche d’un obstacle
◦ Pyélonéphrite sur obstacle = URGENCE thérapeutique
◦ Recherche d’abcès = Drainage?
◦ Recherche d’anomalie anatomiques favorisant l’IU
Uroscanner
◦ Idem
◦ Plus sensible pour rechercher des anomalies de l’appareil excréteur (calcul, uropathie…)
◦ Mais injection d’Iode !!!
IRM Prostatique
QUELLE PRISE EN CHARGE?
Cystite de la Femme jeune
SFU sans signe systémique
◦ Bandelette urinaire = Leuco et Nitrite +
◦ Pas d’ECBU, Pas de biologie standard
Traitement?
◦ Hydratation
◦ Antibiothérapie minute: Fosfomycine-Trométamol dose unique
◦ Traitement des facteurs favorisants
Miction post coïtale, vêtements en coton, non serrés...
◦ ECBU uniquement si évolution défavorable
Guérison dans 25 à 45 % des
cas sans traitement
ATB
Récidive dans 20 à30
% des cas
Cystite à risque de complication
SFU sans signe systémique avec des ATCD faisant craindre une complication
◦ BU = Leuco +++ Nitrites +++ Protéines ++ Sang ++
◦ ECBU car IU à risque de complications
◦ Biologie
Traitement:
◦ Hydratation+++
◦ Traitement antibiotique
Traitement peut être différé en l’absence de risque de complication
Probabiliste, puis adapté à l’antibiogramme
Recherche et traitement des facteurs favorisants:
◦ imagerie, médicaments…
Cystites récidivantes
Au moins 4 / an sur un an consécutif
Bilan à la recherche de la cause
◦ Uropathie…
Chez la femme jeune
◦ Correction des facteurs favorisants
◦ Boisson et miction post coït
◦ Hygiène
◦ Antibiothérapie post coïtale? Non systématique
◦ Canneberge?
Chez la femme ménopausée
◦ Sécheresse vaginale = hormonothérapie locale
◦ Hydratation
◦ Prolapsus
Antibioprophylaxie uniquement si > 1/mois
◦ Et correction des facteurs favorisants non suffisant ou impossible
◦ Et retentissement important dans le quotidien
◦ Et traitement coup par coup compliqué
◦ Adapté aux germes et sensibilités des ATB
◦ Diminue la fréquence mais non suspensif
Pyélonéphrite aigue
Syndrome infectieux
◦ + douleurs lombaires
◦ + Signes fonctionnels urinaires frustres
◦ +/- S. digestifs
◦ ECBU + Hémocultures + Imagerie des voies urinaires
Traitement
◦ Antibiothérapie
Céphalosporine 3ème génération (Ceftriaxone ou Cefotaxime)
Ou Fluoroquinolone urinaire
◦ Mesures associées (hydratation, antalgique, antipyrétique…)
Recherche de signes de sévérité du sepsis
◦ Hypotension artérielle, marbrures
◦ Troubles de conscience...
◦ Oligurie
Traitement des complications
◦ Choc septique => Remplissage,
◦ Obstacles => drainage en urgence des urines
Sonde JJ, néphrostomie…
Infection urinaire masculine
Différentes formes cliniques (cystite -> pyélo)
◦ +/- prostatite associée
ECBU, +/- hémoc, imagerie en fonction du terrain
Thérapeutiques:
◦ ATB bonne diffusion prostatique
◦ Traitement des facteurs favorisants
◦ Traitement des complications:
alpha bloquant si RAU
CAS PARTICULIER
IU sur sonde
1
èrecause d’infections nosocomiales
Mortalité faible mais à l’origine d’hospitalisations prolongées
Conséquence d’un dysfonctionnement de la sonde, avec obstruction :
◦ sonde bouchée par des dépôts ou des caillots,
◦ sonde arrachée ou enlevée avec comme conséquence une rétention d’urines..
◦ IU sur sonde = retrait si possible sinon changement de la sonde !!!!
Bactéries multi-résistantes
Pas de BU = toujours positive !!
Quels facteurs de risques IU nosocomiale ?
Facteurs de risques extrinsèques
◦ SONDAGE++++
Contamination par voie endoluminale (lors des manipulations)
Contamination par voie exoluminale
Sonde colonisée dans 100% des cas à 4 semaines
-> réduire les indications et les durées de sondage
◦ Endoscopies
Facteurs de risque intrinsèques
◦ Age
◦ Diabète,
◦ Immunodépression
◦ Vessie neurologique
◦ Uropathie
◦ Alitement….
Comment limiter les infections sur sonde
Limiter les sondages et leur durée +++++
Nécessité d’une hygiène parfaite lors de la pose
Protocole
◦ Toilette périnéale avec antiseptique
◦ Lavage antiseptique des mains (SHA)
◦ Gants stériles
◦ Asepsie rigoureuse
◦ Respect du système clos
◦ Vider le sac vers le bas
◦ Prélèvement au niveau de la bague après l’avoir désinfectée
◦ Ne pas laisser le sac au sol
Bactériuries asymptomatiques
= ECBU positif (bactériurie) mais sans symptômes
= Colonisation !!
Ne pas introduire de traitement
◦ Ne prévient pas la survenue d’une infection urinaire ultérieure
◦ Entraine des résistances !!!
2 exceptions : avant un geste urologique et la femme enceinte
Très fréquent
◦ en cas de sonde à demeure
◦ personnes âgées
La colonisation = pas de traitement
En absence de sonde:
rôle protecteur vis-à-vis de souches invasives.
les femmes présentant des IU récidivantes que le traitement des colonisations urinaires augmentait le nombre de récidives d’IU.
évoluent que rarement vers des IU
pas d’impact à long terme sur la fonction rénale.
Porteur de sonde :
sonde = corps étranger = inflammation
les bactéries se déposent et se multiplient sur la sonde > Colonisation >
Création d’un biofilm
Si traitement antibiotique = n’éradique pas les bactéries
une bactériurie sur sonde sans symptôme ne se traite pas
IU de la Femme Enceinte
Femme Enceinte
= traitement systématique des bactériuries asymptomatiques
FdR:
◦ une uropathie fonctionnelle ou organique sous-jacentees
◦ antécédents d’IU
◦ un diabète sucré
Colonisation
◦ = persiste toute la grossesse
◦ = à risque de pyélonéphrite (20 à 40%)
BU systématique tous les mois pour dépistage
Si à haut risque d’IU
◦ un ECBU est directement recommandé dès le début
◦ puis de manière mensuelle à partir du 4e mois.
La présence d’un streptocoque du groupe B
◦ = à une colonisation vaginale, et nécessite, outre le traitement en cours de grossesse, une prophylaxie en per-partum
TTT:
◦ Cystite, adapté aux germes et ATBgramme
◦ Pyélo = ATB, avis obstétrical, +/- PEC chirurgical
IU personnes âgées
!! Colonisation
◦ EHPAD ou vie en collectivité
Difficulté de réaliser les ECBU
◦ En cas d’incontinence totale,
sondage “aller-retour” chez la femme,
pose d’un collecteur pénien chez l’homme
Différentes formes cliniques
◦ = diagnostic d’exclusion
Chez les enfants
ECBU uniquement si BU + (leuco et/ou nitrites)
Mode de prélèvement = éviter la poche à urines
◦ Prélèvement au jet
◦ Cathétérisme urétral
◦ Ponction sus-pubienne
Antibiothérapie qu’après les prélèvements bactériologiques
Hémocultures si forme sévère ou si sujet à risque
◦ (< 3 mois, uropathie)
Hospitalisation systématique si < 3 mois
PRÉVENTION DES IU
Boissons abondantes
Miction post coït
Mictions fréquentes, non retenues
Hygiène périnéale adaptée
Régularisation du transit
Eviter les vêtements
serrés
TAKE HOME MESSAGES
FREQUENT ++++
Femme
1ère étiologie des infections nosocomiales
IU simples
= souches bactériennes virulentes, dites uropathogènes = E. coli ++◦ Cystite simple = seulement BU !
IU à risque de complication
= Souche moins virulentes, qui profitent d’un terrain fragile
ECBU : !!! Contamination (surtout sur sonde)
En absence de gravité = attendre pour ATB adapté
Bactériurie asymptomatique = colonisation = pas de ttt
◦ Femme enceinte = traitement
! Personnes âgées tableau parfois compliqués
CI des AINS
EBLSE = hygiène et mesure de précaution