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n.r
ANI,IEXE IV-I
CONTROLE DE L'ONCHOCERCOSE
DANS LA
REGION DU BASSIN DE LA VOLîA
RaPPort
préparé pour les Gouvernements de
Côte d'Ivoire, Dahomey, Ghana, Haute-Vo1ta,
MaIi, Niger et Togo
ANNEXE IV-l : ASPECTS EPIDEMIOLOGIQUES DE L'ONCHOCERCOSE DANS LA REGION DU BASSIN DE T,A VOLTA
Genève 1973
Programme des Nations Unies pour Ie Développement
Organisation pour I'Alimentation et I'Agriculture des Nations Unies Banque Internationale pour la Reconstruction et Ie Développement
Organisation Mondiale de la Santé
Annexe IV-l
Page I
ASPECTS EPIDEMIOLOGIQUES DE L'ONCHOCERCOSE DÆ'IS LE BASSIN DE LA VOLTA
1. INÎRODUCTION
1. Les caractéristiques épidémiologiques de I'onchocercose dans les foyersd'endénie de la savane et des zones de forêt de l',Afrique occidentale présentent des dissen- blances reconnues. Ces dissemblances peuvent être rapportées à certaines différences que l,on relève dans Ie complexe hôte-parasite-vecteur (Duke, L972)' Des expériences
faites sur des volontaires porteurs de microfi laires d'Onchocerca volvulus (Duke,
Iæwis & Moore, 1966) ont montré que les microfilaires trouvées sur des personnes infectées dans Ia zone de forêt, qui d'ordinaire se développent bien lorsqu'elles sont ingérées par Simulium damnosum des forêts, ne parviennent pratiquement pas au stade de larve infectante lorsqu'elles sont ingérées par S' damnosum de la-savane soudanienne. L'inverse est non moins vrai : les nicrofilaires des porteurs venant de la savane soudanienne ne parviennent pas au stade de larve infectante chez S. damnosum des forêts. [.ês variations du comportement parâsite-vecteur coincident avec d'impor- tantes différences géographiques dans ta pathologie humaine. Si les résultats des biopsies cutanées montrent que les infections intenses sont égaleurent fréquentes dans Ia forêt et dans la savane, Ies lésions cutanées graves, "l'aine pendante"
avec hernie associée et même 1'éléphantiasis sont beaucoup plus répandus dans le premier type de milieu que dans Ie second, tandis que les lésions oculaires,
courantes dans les zones d'endémie de savane, sont relativement rares dans laforêt.
Comme le progranrme du bassin de la Volta couvre une zone de savane, les caraeté- ristiques épidémiotogiques de I'onchocercose y seront essentiellement du type des
savanes.
2. ImT}IODES
Echantillons de population
2. La plupart des données épidémiologiques concernant le bassin de la volta proviennent d'enquêtes de prévalence qui ont été menées entre 1968 et L972 et pour lesquelles iI n,a pas été fait appel aux méthodes de sondage statistique. En Haute- Volta, ces enquêtes se sont efforcées de couvrir une superficie aussi vaste que possible du pays; et, dans les sept pays intéressés, elles ont été généralement conduites dans des régions que I'on savait ou du moins que 1'on soupçonnait être des régions d'endémie. En revanche, ces données de base sont encore très inconptètes pour le Togo et pour la région septentrionale du Chana.
3. A ces différentes lacunes s'ajoute I'absence d'informations sur la composition par âge et par sexe des échantiltons de population. Ces paramètres épidémiologiques essentiels ne sont connus que pour 64 des 24O? collectivltés (2,6 %) dans lesquelles
Annexe IV-I
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les enquêtes ont été menées. I1 est vrai, cependant, qu'on s'est généralement
efforcé d'examiner la totalité des habitants des collectivités présents au moment de
1'enquête, couvrant ainsi tous les groupes d'âges des deux sexes. On a estimé ensuite les taux de participation réelIe à I'aide des chiffres de recensement et desregistres de population.
Critères de diagnostic de l'onchocercose
4, La recherche des microfilaires dans des biopsies cutanées pratiquées systéma- tiquement constitue Ia meilleure méthode dont on dispose actuellement pour diagnos- tiquer les infections à O volvulus dans les examens de masse (OMS, 1966; Duke, 1962;
Picq et al., I97I). Cette méthode a été utilisée dans 42O des 2407 collectivités examinées. Malheureusement, elle n'est normalisée que depuis peu et, à 1'époque où
la plupart des enquêtes dont iI est ici question ont été faites, on préférait
procéder par dépistage des porteurs de nodules. Ces nodules contenant des O. volvulus adultes sont évidemment une manifestation ctinique caractéristique de Ia maladie, mais bien souvent ils ne sont pas décelables. Une étude à I'aveugle entreprise pour déterminer te degré de concordance entre les biopsies cutanées et la recherche des
nodules dans le diagnostic de I'onchocercose a montré que 30 % des personnesfortement infectées pouvaient ne pas être dépistées par la seconde méthode (Buck et aI., I969).
Le manque relatif de sensibilité des enquêtes par dépistage des nodules pour I'esti- mation de la prévalence réelle de I'onchocercose dans une population a obligé à procéder à des ajustements afin d'aligner les chiffres obtenus par I'observation des nodules sur ceux qui auraient normalement été enregistrés si I'on avait procédé par prélèvements cutanés.
Méthodes d'a tement
5. Pour calculer le taux probable de biopsies positives correspondant à une prévalence donnée des nodules, on a utilisé des études dans lesquelles des échantillons de population avaient été examinés systématiquement et indépendamment par les deux méthodes de diagnostic. On possède les résultats de ces études pour 44 villages et agglomérations (13 113 habitants) de Ia région couverte par Ie programme. La figure
IV-l.I montre les relations existant entre la fréquence des nodules et ceIle des biopsies cutanées positives pour les mêmes collectivités. La puissance carrée a été calcu1ée par la méthode des moindrescarrés. Les tableaux IV-I.I à 3 montrent dans quelles proportions les pourcentages de biopsies positives dépassent la prévalence des nodules dans les différents groupes d'âge. Les écarts considérables observés d'un groupe d'âge à I'autre viennent de ce que f infection atteint le seuil auquel elle est décetable au bout de périodes très variables selon qu'on emploie 1'une ou
l'autre méthode de diagnostic.
Annexe IV-l
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6. La courbe de Ia figure IV-1.1 révèIe que la meilleure concordance des deux méthodes s'observe dans les collectivités d'hyperendémie où les nodules sont plus
nombreux et de ce fait ont le maximum de chances d'être dépistés.
7. L,es données de prévalence reportées sur les cartes de I'Annexe IV-3 corrês- pondent soit aux pourcentaBes de biopsies cutanées trouvées positives, soit aux pourcentages de nodules après application du coefficient de correction approprié.
8. En Côte d'Ivoire, certaines données ont été obtenues par une troisième méthode, qui n'a pas permis I'application du coefficient de correction dont it vient d'être question. Dans certaines régions du pays, on a procédé à un premier dépistage des nodules; les sujets négatifs ont ensuite été soumis à un examen de dépistage des
microfilaires par biopsie cutanée; Iorsque les deux examens ont été négatifs, on a eu recours à 1'épreuve de Mazzotti pour dépister les infections cliniquement inap- parentes. On a ensuite calculé la prévalence de 1'onchocercose en combinant les pourcentages de sujets trouvés positifs par 1'une ou I'autre des trois épreuves
diagnostiques. Comme Ie montre la figure IV-L.2, cette combinaison de méthodes permet de dépister de 5 à 15 % d'infections qui passeraient inaperçues avec Ia seule
application d'un facteur de correction aux résultats obtenus par Ia recherche des nodules pour tenir compte des résultats des biopsies. Les données recueillies en Côte d'Ivoire par la technique du triple examen sont présentées sous leur forme
originale. Elles couvrent seulement 49?8 personnes sur quelque trois millions de sujets examinés au total (O,L6 %). Leur utilisation srest traduite par une suresti- mation négligeable des données générates qui ont servi à établir les cartes de fréquence et de distribution géographique de I'gnchocercose dans la région du
programme.
Critères diagnostiques de ta cécité
g. A quelques exceptions près, le diagnostic de cécité et de perte de vision a été posé par une petit nombre d'ophtalmologistes expérimentés. La faible partici- pation de ces spécialistes aux examens de routine menés dans la région du programme apparaît dans la proportion considérablement plus modeste de la population soumise à des examens ophtalnologiques (963 unités de population sur 2407, soit un taux de 40 %); toutefois, cette lacune est souvent compensée par des études en profondeur
portant, par exemple, sur les relations entre la prévalence et f intensité des infectlons à Onchocerca volvulus d'une part, et la cécité, d'autre part, sur I,histoire naturelle des lésions oculaires et sur les différentes étiologies de Ia perte de vision qui coexistent dans les régions d'endémie et peuvent affecter le
même groupe de personnes.
Annexe IV-1 Page 4
tO. Si les enquêtes de prévalence ont fourni des données assez complètes sur la majeure partie de Ia région du programme, iI reste néanmoins un grand nombre de
sous-secteurs sur lesquels on est insuffisamment renseigné. C'est le cas notamment de la partie togolaise du programme et de la région septentrionale du Ghana pour lesquelles on sait peu de choses sur la prévalence de I'onchocercose.
Il. On estime à quelque 85O OOO le nombre total des cas d'onchocercose dans les secteurs où ont été menées des enquêtes. Ce chiffre dépasserait vraisemblablement le million si I'on parvenait à combler les lacunes de nos connaissances actuelles-
l-,2. Læ manque d'information sur la cécité pose un problème beaucoup plus sérieux.
l,es régions sur lesquelles on ne sait rien incluent la plus grande partie de Ia Haute-Volta, à l'exception des cercles de Banfora, Diébougou, Gaoua, Manga, Po,
Tiébélé et Zabré, ainsi que la presque totalité du Togo septentrional. Drautre part, on ne possède que des données de prévalence brutes et, à quelques exceptions près, on ignore Ia composition par âge et par sexe des échantillons de population' EtabI issement de cartes par ordinateur
13. Toutes les données disponibles sur la prévalence de l'onchocercose et sur la fréquence de la cécité, ainsi que sur la situation géographique exacte (Iongitude et latitude) des vitlages et agglomérations où ces données ont été obtenues, ont été codées et mises sur ordinateur IBM 37tf55 pour stockage et analyse. Au moyen du
traceur de courbes Calcomp,lo.," pu imprimer des cartes à 1'échelle du millionième et du cinq millionième, sur lesquelles on a reporté I'emplacement exact de chaque
collectivité ayant fait I'objet d'une enquête, en même temps que la prévalence de
I'infection et, si possible, la fréquence de la cécité. Sur les cartes aumillionième, tes viltages doivent être distants d'au moins trois kilomètres pour être représentés séparément, et sur les cartes au cinq mitlionième de 20 km environ. Pour cette deuxième série de cartes, on a, dans chaque cas, choisi, parmi les villages situés
dans un secteur de 6 minutes d'arc, celui qui avait la prévalence la ptus étevée et I'on a mentionné cette prévalence au centre de chaque carré correspondant de 6 minutes d'arc. Le programme est souple et peut être mis à jour au fur et à mesure qu'arrivent de nouvelles informations.
3. CARAC1ERISTIQUES DE LA MALADIE SELON LE SEXE Eî L'AGE
L4. Dans les régions d'endémie, les caractéristiques de I'onchocercose en rapport avec le sexe et avec 1'âge reflètent quatre facteurs qui iouent un rôIe déterminant dans l,infection, à savoir : 1) Ie niveau de transmission, ou la probabilité géné- rale qu,une personne résidant dans Ia région soit infectée ou surinfectée; 2) la durée de I'exposition aux piqûres des simulies infectantes ou le laps de temps
I California Computer Products, Inc.
Annexe IV-I
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durant lequel une personne a été exposée dans un village d'endémie; 3) les risques professionnels, qui sont d'ordinaire fonction de 1'âge et du sexe; et 4) La chroni- clté de l'onchocercose en relation avec la longévité des femelles d'Onchocerca
volvulus adultes et fécondes. Une fois qu'une personne a été infectée, les surin- fections amènent une charge cumulative de vers qui augmente avec 1'âge. Il semble que
I'intensité de I'infection (mesurée par le nombre de microfilaires dans une unité de poids de tissu cutané) soit en relations étroites avec la prévalence des manifes- tations cliniques graves. Partoutoù tes activités professionnelles en rapport avec le sexe amènent un risque accru d'exposition aux simulies infectantes, on constate que la maladie est plus répandue et plus intense chez les hommes que chez les femmes.
Dans les régions d'hyperendénie, cependant, la prévalence de I'onchocercose est souvent semblable dans les deux sexes, surtout quand les femmes vont chercher I'eau
nécessaj.re aux besoins domestiques dans les cours d'eau où pondent les simulies. Le tableau IV-1.4 indique la prévalence et f intensité de f infection par sexe et par
âge dans un groupe de villages de la région couverte par le programme. Il s'agit d'une région d'hyperendémie et 1'on constate que, si la prévalence est Ia même dans
les deux sexes, f intensité de f infection est supérieure chez les hommes. Les
infections intenses sont d'ordinaire associées à des taux de cécité élevés. En règle générale, les manifestations cliniques graves de 1'onchocercose se produisent plus
fréquemment chez les hommes résidant dans les régions d'endémie.
4. DEGRES D'ENDEMICIlE
15. On observe souvent des degrés d'endémicité assez différents entre villages séparés par quelques kilomètres seulement. La stratification de 1'endémicité de I'onchocercose est caractéristique de Ia maladie et a amené à classer les villages d'après leur proximité des gîtes larvaires de simulies vectrices.
16. Rolland et Balay (1969) ont créé les termes de villaBes de première, de
deuxième, et de troisième ligne pour décrire les relations existant entre la distance des habitats humains par rapport aux rivières à courant rapide et les variations correspondantes enregistrées dans les degrés d'endémicité et dans la gravité de I'onchocercose du fait de I'exposition plus ou moins importante des populations aux
piqûres des essaims affamés de simulies femelles adultes. On trouvera au tableau IV-1.5 les taux de prévalence par âge dans deux groupes de villages de première et de deuxième ligne. Les différences entre ces deux groupes de collectivités résultent du taux d'infections nouvelles et de surinfections par unité de temps, c'est-à-dire de la "force d'infection". Pour exprimer la force en question, Knuttgen (1967, 1969)
a étab1i un indice assez sensible, à savoir I'âge auquel 50 % de la population totale d'un vlllage présentent des infections cliniques. Dans le cas ici présenté, cet âge est de 11,5 ans pour les villages de première ligne et de 20,6 ans seulement
pour les collectivités de deuxième ligne.
Annexe IV-l
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5. CECITE ET PERTE DE VISION
1?. Les résultats donnés dans la figure IV-l.3 montrent bien les répercussions importantes des infections des jeunes enfants sur Ie tableau de la morbidité oncho- cerquienne. Cent quatre-vingt-quatorze villages de la savane guinéenne, en Gui.née,
ont été divisés en trois groupes d'après les taux d'infection relevés chez les enfants de moins de 10 ans. On a ensuite établi, séparément pour chacun de ces trois groupes, des courbes de distribution de fréquence d'après les taux de cécité totale constatés dans les villages en question, qui oscillaient entre O et plus de LO %.
Si I'on prend comme indice de cécité de base (1,O) celui des villages qui ont Ia plus faible prévalence, soit moins de 25 % des enfants infectés, on constate que, dans les vitlages où la prévalence de l'infection chez les enfants est moyenne, le
taux de cécité est 2,4 fois ptus éIevé et que, dans les villages où la prévalence
dépasse 50 %, ce taux est 3,? fois supérieur à I'indice de base (il est à noter qu'un taux de prévalence de 25 7o dnez les enfants de moins de 10 ans correspond à une
forte endémicité).
18. Le risque relatif de perte de vision ou de cécité d'origine onchocerquienne
a été calculé pour Ie village de Loumana en Haute-Volta. Les résultats, qui figurent au tableau IV-1.6, montrent qu'indépendamment de l'âge, ce risque est 10,6 fois plus éIevé chez 1es suJets onchocerquiens que chez ceux qui ne présentent aucun signe
parasitologique d' infection.
Ig. Une nouvelle définition de la perte de vision et de la cécité fondée sur la
mesure de I'acuité visuelle a été recommandée par un groupe d'études de I'OMS sur
la prévention de Ia cécité (oMs, t9?3 : Tableau IV-I.?) comme première mesure en vue d'assurer la comparabilité des données recueillies. Des études épidémiologiques
utilisant cette définition ont été menées dans Ie Ghana septentrional; les résultats obtenus dans trois villages par la mesure systématique de I'acuité visuelle sont
donnés à Ia figure IV-l.4 (Ganley & Biles, I9?3) et soutignent I'ampleur des réper- cussions de I,onchocercose sur la vie des collectivités. Les chiffres, en effet, dépassent Iargement les estimations présentées dans des rapports antérieurs où i1 n'était tenu compte que des cas de cécité et ils montrent que des pertes de vision n'allant pas jusqu'à la cécité totale affectent près de 20 % des habitants installés de longue date, ce qui donne un total de 60 % de sujets atteints d'incapacité
visuelle après 1'âge de 50 ans. L'étroite association existant entre les taux de prévalence de 1'onchocercose, d'une part, et Ia fréquence de la cécité et de Ia perte de vision, d'autre part, est solidement étayée dans de nombreux rapports' I-ês résultats d,une étude faite par Rolland et Batay (1969) sont ici donnés à titre d'exemple (Tableau Iv-1.8).
Annexe IV-I
Page ?
2g^. I-es effets dévastateurs de l'onchocercose sur la vie des collectivités et sur
le développement économique dans une zone d'endémie de la Région supérieure du Ghana
sont bien mis en évidence par les études de Hunter (1972). La figure IV-l.5 présente
les isoplèthes de Ia fréquence de la cécité dans une région bordée à I'ouest par Ia Volta Rouge et à I'est par la Vo1ta Blanche. Dans un petit périmètre situé au centre de la région, les taux sont relativement faibles; puis its augmentent rapidement à
mesure qu'on approche des deux rivières, jusqu'à ce qu'on atteigne finalement un
point où l'intensité de la maladie est incompatible avec 1'établissenent d'habitats
humains permanents. La carte de la prévalence de la cécité (Fig. IV-1.5) et Ia
carte de la distribution géographique de la prévalence de l'onchocercose (Fig. IV-I.6) colncident presque.
2I, L'association entre les taux de cécité et Ia prévalence de f infection à O. volvulus est présentée à la figure IV-I.7. La courbe a été établie d'après les données provenant de la totalité des 291 villages de la région du programme pour
lesquels on a pu obtenir des informations. On y remarque que les taux de cécité
augmentent de manière presque linéaire dans les villages où les fréquencesd'infection vont de 10 à 50 % et que la progression est beaucoup plus brutale dès que Ia préva- lence atteint les niveaux d'hyperendémie.
22. Si t'on a pu établir une relation statistique entre f intensité des infections à O. volvulus et 1'éIévation des taux de cécité, beaucoup de questions concernant
1'étiologie complexe des lésions oculaires onchocerquiennes et leur pathogénie n'ont pas encore reçu de réponse. I1 est généralement admis que la probabilité d'une
pénétration des microfilaires dans 1'oeil est directement liée au nombre de micro- filalres circulant dans les tissus cutanés. Læs résultats d'une étude récente de Ganley et Biles (19?3) viennent appuyer cette nypLtnèse, puisqu'iIs nontrent une
corréIation étroite entre les densités de microfilaires trouvées dans les biopsies cutanées et conjonctivales (Fig. IV-I.8) : aucune microfilaire n'a pu être trouvée dans la conjonctive des sujets dont les biopsies cutanées étaient négatives; par contre, leur nombre augmentait avec I'intensité de I'infection cutanée. I1 existe également, comme le montre le tableau IV-l.9, une relation statistiquement signi- ficative entre la présence de nodules et la découverte de microfilaires dans les biopsies conjonctivales; en effet, les examens oculaires positifs ont été deux fois plus nombreux chez les suiets présentant des nodules palpables.
23. Il y a lieu de penser que les microfilaires pénètrent dans l'oeil à partir des
tissus cutanés adjacents et de Ia conjonctive, mais on ne sait pas encore exactement
par queL mécanisme. Selon des études récentes (Anderson & Fuglsang, 1973), la
présence de microfilaires dans I'oeil ne serait pas nécessairement liée à leur concentration dans les tissus cutanés de la partie supérieure du corps. Un examen
Annexe IV-l
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attentif au biomicroscope oculaire permet souvent de déceler des microfilaires dans
1a chambre antérieure et dans Ia cornée. Le tableau IV-l.1O présente les résultats non publiés d'une enquête systématique détaillée sur les manifestations oculaires de I'onchocercose qui a été exécutée par Anderson et Fuglsang (19?3) dans un village de
savane du Cameroun au moyen de la tampe à fente. La forte fréquence des microfilaires dans les parties antérieures de I'oeil est remarquable. Leur présence chez des
enfants de moins de 10 ans, chez lesquels d'ordinaire les lésions oculaires dues à I'onchocercose ne sont pas encore visibles, souligne la nécessité de conduire des études plus intensives sur la pathogénie de l'onchocercose oculaire. Il ressort de cette étude que la fréquence des microfilaires dans les yeux des écoliers pourrait constituer un indicateur valable de la gravité de I'onchocercose dans les régions d'endémie.
24, II existe trois types de Iésions oculaires qui, bien qu'elles ne soient pas
absolument pathognomiques de 1'onchocercose, sont très fréquemment considérées
comme des manifestations typiques de la maladie. Ce sont la kératrte sclérosante, f irido-cyctite et les lésions postérieures dues à la chorio-rétinite. On a, dans le passé, avancé différents arguments tendant à minimiser I'importance étiologique de l'onchocercose dans ces atteintes oculaires lorsque coexistaient un grand nombre d'autres affections endérniques pouvant produire, seules ou par association, une
pathologie oculaire analogue, mais les preuves directes et indirectes de la nature
onchocerquienne de ces lésions se sont depuis lors accumulées. Des études comparées
sur les types caractéristiques d'onchocercose oculaire ont été faites par Budden (1955) dans des collectivités présentant des degrés d'endémicité différents et dans un village témoin comparable sur le plan anthropo-sociologique, mais indemne d'oncho- cercose. Læs résultats sont reproduits dans le tableau IV-l.1I et confirment I'ori- gine onchocerquienne de la majorité des cas d'affections oculaires des trois types indiqués ci-dessus.
25. En résumé, on peut dire que pratiquement tous les ophtalmologistes qui se
sont penchés sur le problème de I'onchocercose sont convaincus que Ia pathogénie des lésions antérieures et postérieures relève d'un même processus morbide.
6. ANîICORPS
26. Très rares sont les examens de masse qui ont été exécutés pour rechercher les anticorps vis-à-vis d'antigènes préparés à partir d'O. volvulus au stade adulte ou Iarvaire. Les quelques études qui ont été faites montrent que les titres d'ânti- corps augmentent avec 1'âge, en même temps que f infection gagne en intensité
(Buck et al.,1969: Tableau lv-l.12).
Annexe IV-l
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7. PERIE DE POIDS
27. Récenment, on â étudié de plus près les effets généraux de I'onchocercose chronique. Rolland et Balay (1969) ont constaté, chlez des adultes des deux sexes, des différences pondérates importantes associées à f intensité de I'infection. Comparant les vlllages de première ligne avec ceux de seconde et de troisième ligne , ils ont noté
une différence moyenne de 4 kilos pour les hommes, et de 3 kilos pour les femmes.
D'autre part, Buck et al. (19?1), qui ont suivi pendant trois ans des suiets oncho- cerquiens chez lesquels les charges de mtcrofilaires avaient été déterminées par des prélèvements cutanés normalisés, ont observé des pertes pondérales importantes dans les cas de forte infection (Tableau IV-1.13). Il ressort enfin d'études préliminaires de Rolland et Ba1ay (1969) que I'onchocercose à un stade sévère peut provoquer une surmortalité chez les adultes.
8. MICROFILARURIE
28. Depuis cinq ans, I'étude d'une particularité clinique de 1'onchocercose qui, jusque-Ià était méconnue, donne des résultats qui soulignent une fois de plus la nature énigmatique de cette maladie et du problème de santé publique longtemps
négligé qu'elle pose. Des examens systématiques d'urine, pratiqués dans les régions d'hyperendémie, ontmontré que de 2 à 30 7o des habitants fortement infectés par O. volvutus excrètent des microfilaires du parasite dans leurs urines (Buck et al.,
19?1; Buck 19?3). Un bref résumé des constatations fâites à ce sujet figure dans le tableau IV-I.14. L€s sujets présentant la complication urinaire sont fortement
infectés, souffrent d'insuffisance pondérale et peuvent avoir des lésions rénales et des taux de transaminases sériques anormalement élevés (Buck et al., 1971). Les études préliminaires de Picq et Roux (19?2) ont indiqué que, chez ces malades, Ie
risque de complications rénales est considérable si I'on prescrit un traitement macrofilaricide à base de suramine.
9. ETI'DES FUTURES
29. On s'aperçoit depuis peu que la morbidité sévère causée par I'onchocercosen'est pas limitée aux lésions invalidantes au niveau des yeux, de l'aine et de la peau, mais peut également aboutir à un dépérissement progressif; c'est dire conbien notre connaissance des maladies parasitaires chroniques dans les pays en voie de
dévetoppement est déficiente.
30. L'épidérniologie intervient de bien des façons dans Ia lutte contre I'onchocer- cose. Elle est essentielle pour l'évaluation de I'importance de la maladie avant que
les opérations de lutte ne commencent et ensuite pour 1'évaluation des programmes.
I1 faudra recourir à eIIe pour conduire des essâis à la fois indispensables et urgents de médicaments connus'et de médicaments nouveaux. Enfin, et ce n'est pas Ià le moins important, des études épidémiologiques seront nécessaires pour élucider certaines des énigmes qui nous empêchent encore de comprendre la pathogénie de Ia maladie.
Annexe IV-I
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3I. Une description détai1lée de Ia distribution géographique de I'onchocercose dans la région du programme figure dans I'Annexe IV-3, qui contient une série de cartes indiquânt t'emplacement exact des viltaBes et des agglomérations classés en
fonction de la prévalence de I'infection et de Ia cécité.
32. tæ plan proposé pour 1'évaluation épidémiologique du programme de lutte contre I'onchocercose dans le bassin de la Volta est décrit à I'Annexe V-4.
33. On trouvera également ci-après quelques considérations théoriques destinées à
faciliter 1'évaluation du Programme de Lutte contre 1'Onchocercose par I'utilisation d'un modèle mathématique. l,e modèle sera mis à 1'essai et modifié lorsque desdonnées plus détaillées recueilties sur Ie terrain auront été fournies par les études inter- disciplinaires coordonnées menées en différentes parties de la région du programme.
On pense que ces études pourraient commencer au début de I'automne de 1973.
34. Le modèle mathématique a pour but de décrire les relations existant entre la densité des microfilaires et la densité des vecteurs. I1 devrait servir essentiel- lement à I'interprétation des données épidémiologiques et à 1'évaluation des plans de tutte antivectorielle. Il est prévu d'y introduire, à un stade ultérieur, des
données concernant les effets de différentes stratégies chimiothérapeutiques.
D,autres interrelations (indiquées par des traits discontinus dans 1a figure IV-I.9) pourront également être envisagées par Ia suite.
Paramètres nécessaires A Interval le d' i térat i.on
En raison de Ia chronicrté de f infection, il y a lieu de penser qu'un intervalle d'itération d'un mois conviendrait. Cependant, pour plus de souplesse, A sera un
paramètre variable dans le programme établi pour I'ordinateur.
I ff de villages avec des taux d'agressivité (nombre de piqûres reçues par habitant et par unité de temps) différents.
Il est prévu de faire porter 1'étude sur une unité épidémiologique de transmission' c'est-à-dire sur une population vectrice (associée à un gîte larvaire) et sur les . populations humaines en contact avec cette population vectrice. Etant donné que le
degré d,endénicité varie considérablement selon la distance du gîte larvaire, le modèle prévoit I viltages différents avec des taux d'agressivité à 1'égard de I'homme différents. D'autres variables pourront également intervenir. Une valeur maximum de 3 pour I semble suffisante.
J #de sous-populations d'un même village différemment exposées. Dans un village, l,exposition aux piqûres peut varier en fonction du sexe et/ou du métier. Le modèIe prévoit J sous-populations différemment exposées dans un même viIlage. D'ordinaire, J sera égal à 2 pour les deux sexes, et atteindra la valeur maximale de 4'
A
Annexe IV-l
Page 11 Age maximum (en unités de I'intervalle d'itérdtion).
Ce paramètre détermine les limites entre lesquelles joueront les variables liées à l'âge. Si 1'on choisit pour A 60 ans et si
^
est égal à un mois, A sera égal- à 72O.
On appelleragrouped'exposition (i,j,a) /6r: i = 1,,.. I, i = 1,..., J et a = L,"' ÿ Ies habitants du village i faisant partie de La sous-populatiorr j eL compris dans
f
intervalte d'âge L-t<"- t),
L 9Jdimension relative du groupe d'exposition (i, i,a).
Si I,on adopte une distribution par âge exponentielle, seuls les paramètres suivants seront nécessaires :
Iongévité moyenne des individus (en unités de À ).
dimension relative de Ia sous-population i dans le village i.
Avec ces données, les paramètres *i;(") peuvent se calculer de Ia manière suivante :
0.. I.a
x..(a)=+(r-1)
r.J L-Itaux d'agressivité par individu pleinement exposé dans le village i, i = 1r..., I, au moment : trt = 112).,.
pour esti.mer b. (t) on peut utiliser les résultats de captures sur appâts humains.
proportion de temps pendant laquetle un individu de (i,i,a) est exposé aux piqtres.
Nombre de repas pris sur homme par vecteur femelle (par iour).
Taux de mortalité des vecteurs femelles adultes (par iour).
Nombre maximum de microfilaires produits par ver femelle adulte par unité de tissu cutané par tenps A .
Capacité maximum de la peau pour ce qui est de la charge de microfilaires.
Nombre moyen de larves infectantes transmises par insecte infecté.
Taux de mortalité des vers adultes (par intervalle d'itération).
Taux de mortalité des microfilaires (par intervalle d'itération).
Taux d'apparition de lésions oculaires par individu et par unité de densité de microfilaires (par intervalle d'itération).
Nous aurons également besoin des valeurs initiales des variables suivantes du
modèIe :
nourbre de vers adultes densité de microfilaires
importance des lésions oculaires
chez un indlvidu de (i,j,a) au moment t
x (a)
ij
L
4..1J
b (t)
1
ej.j (a) o
1 0
Yij(a't)
M ü
p
À
m.LJ(a, t)
(a, t)
1j I
Annexe IV-l
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Equations du modèle
vrr(a+t, t+1) = y';(a,t) + hij(a,u) - uyij(êrt)
nrr(a+l, s+I) - rn.r(a,t)+v b,t(r-"rp' t-Orrr(a,t)/Mv)-nrr(art)]
1..(a+lrt+l, = l'j(art) + Àm..(art),
où te taux d'inoculatron hij (a,t) est calculé comme suit nt, (a) _ uij (a)x. . (a)
il""i(a)x'
'(a)probabilité qu'un insecte pique un individu du groupe J de I'intervalle d'âge [A(a-f)rAa), si l'on admet que f insecte pique
le village i i.i(u)
ueIq n dans
q u'u
i.I
r. (t) axi.1(a)e
I
I
-rr.lrJu.(t) f
*.,(a)e,,(a) i=1 J raprobabilité qu'un insecte pique quelqu'un dans le village i si I'on admet que I'insecte pique l'homme
o Iv.(t)
r=I.--
I r J,êI
ni, (a)
(r-
u*i5 ("'t ) ,a
R(r )
r(t )
tr., ( a,t )
taux d'acquisition d'une infection
. n(t)
R(t )+t
proportion d' insectes infectés rtbr(t)e.r(a)r(t)
nombre de larves infectantes inoculées à un individu du groupe (irjra) et intervalle de temps [Â(t-l)!Ât).
Annexe IV-l
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Calculs possibles à 1'aide du modèle
I-ês options suivantes sont indiquées à titre d'exemple et peuvent être remplacées
par d'autres :
1. Calculer la valeur des variables correspondant à des multiples entiers d'un intervalle d'âge donné et à des multiples entiers d'un intervalle de temps déterminé.
2. En partant de 1'hypothèse d'une distribution déterminée des variables, par exemple Ia distribution de Poisson, le modèle pourra calculer la prévalence; ainsi, la prévalence des lésions oculaires à 1'âge maximal et au temps t serait donnée par 1a formule suivante :
I -exp(-1..(A,t)).
Annexe IV-I
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ANTESON, R. K. (19?2)
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Hvs