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GOUVERNEMENT DU QUÉBEC4.1, Ani. MINISTÈRE DU TOURISME, rit E. DE LA CHASSE ET DE LA PÊCHE
cuir SERVICE DE LA RECHERCHE BIOLOGIQUE
Projet d'exploitation contrôlée du castor dans la réserve Fortneuf
Service de la Recherche Biologique
Projet d'exploitation contrBlée du castor dans la réserve de Portneuf
par
Normand Traversy et Magella Morasse
Ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pèche Québec, Canada
Janvier 1976
Table des matiéres
Page
Liste des figures et tableaux ii
1. Introduction 1
2. Buts 1
3. Travaux antérieurs 1
4. Zone d'étude 2
5. Méthode 4
6. Résultats et discussion 6
7. Exploitation 9
8. Recommandations 12
Remerciements 15
Bibliographie 16
Liste des figures et tableaux
Page
Figure
1 Localisation de la réserve de Portneuf 3 2 Localisation des colonies de castors - octobre 1975 7
3 Distribution des zones de densité 8
4 Délimitation des terrains de trappe 10
Tableau
1 Nombre de lacs par classe de superficies' 4 2 Résultat des observations faites en hélicoptère 6 3 Caractéristiques générales des terrains de trappe 12
ii
'1.
introduction
Au Québec, le trappage des animaux à fourrure prend de plus en plus d'importance autant sur le plan humain que sur le plan économi- que» Par contre, le nombre de terrains sur lesquels on peut pratiquer cette activité diminue principalement près des agglomérations urbaines.
Actuellement, dans la majorité de nos réserves et parcs, on pratique une chasse contedée au gros gibier ainsi qu'au petit gibier.
De plus, on y retrouve une activité soutenue de pèche et une exploita- tion forestière importante. Comme toute autre ressource, le castor est un animal qu'il est possible d'exploiter. A la demande du Service des Parcs, et afin de justifier la présence d'une telle activité, nous avons procédé, au mois d'octobre, à un inventaire des populations de castors
de la réserve de Portneuf.
2. Buts
- Déterminer la population de castors de la réserve de Portneuf
- Etablir sa distribution par zone de densité
• Evaluer les possibilités d'exploitation de cette population
3. Travaux antérieurs
Depuis la création de la réserve de Portneuf en 1969, toute activité de trappe dans cette région a cessé mème si auparavant elle occupait une place importante pour les gens de Rivière--Pierre. En effet, seul le Service de l'Aménagement de la Faune est autorisé à
'2.
exercer un contrôle dans les zones où le castor cause des dommages. De plus, aucune donnée concernant cette ressource n'est disponible si ce n'est l'information verbale du personnel de la réserve qui admet une abondance élevée du castor sur ce territoire.
4. Zone à l'étude*
La réserve de Portneuf couvre 771 km2
, elle est située à environ 80 km au nord-ouest de Québec tout près du village de Rivière-à- Pierre (Figure 1).
Le relief de la réserve se divise grossièrement en deux parties: la moitié sud-est est très morcelée, on y rencontre des monta- gnes de plus de 650 in entrecoupées de vallées profondes; la partie nord.
ouest,par contre, est beaucoup plus uniforme avec une surface ondulée ou plane.
Le réseau hydrographique comprend une rivière importante par son débit, la Batiscan ainsi que quatre autres de moindre importance:
Blanche, rivière à Pierre, Migwick et Jeanotte; la longueur totale de ces rivières est de 85,5 km2. Ce réseau est complété par une multitude de ruisseaux plus ou moins importants totalisant 720 km2
La dénivella- tion des rivières et ruisseaux de la partie nord-ouest est beaucoup plus faible que dans la partie sud-est. La réserve comprend plus de 380 lacs dont la superficie peut aller jusqu'à 4 km2
, cependant la plupart ont moins de 1 km2
(Tableau 1).
* (Tiré de Gauthier, Poulin, .Thériault et ass., 1968).
47° 15' N
46° 45' N
72°30'W
71°30'W
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Fig. 1. Localisation de la réserve de Portneuf
•4.
Tableau 1. Nombre de lacs par classe de superficies*
Nombre de lacs Superficie totale en km2
300 10,36
49 8,42
16 6,48
13 10,72
2 8,70
380 44,68
Superficie en km2
moins de 0,13 de 0,13 à 0,26 de 0,26 à 0,52 de 0,52 à 1,0 plus de 1,0 Total
* (Tiré de ,Gauthier Poulin, lUériault et ass., 1968).
La composition forestière se divise principalement en deux types: dans la partie sud et en basse altitude, on rencontre du bouleau jaune associé à l'épinette rouge et au sapin, ainsi qu'un peu de bouleau blanc; plus au nord et aux altitudes supérieures, on retrouve surtout du bouleau blanc associé à l'épinette blanche et au sapin. Enfin, la par- tie sud fait l'objet de coupe forestière par la Compagnie Consolidated Bathurst.
5. Méthode
La technique d'inventaire consistait à survoler tous les lacs et cours d'eau à l'aide de l'hélicoptère à une altitude d'environ 100 m. L'équipe d'inventaire était constituée d'un navigateur et de
deux observateurs, le navigateur, en plus d'indiquer le parcours au pilote,
'5.
notait précisément toutes les informations des observateurs sur carte topographique au 1:50,000.
Les signes dtactivité du castor étaient différenciés en trois catégories:
1- cabane active (avec présence d'un amas de nourriture) 2- Amas de nourriture seul
3- Présence (signes évidents d'activité récente: animal vu, bois rongés, arbres abattus, etc.)
Le personnel qui a participé à ce travail était expérimenté et comprenait:
A. Beaumont, technicien
G. Gauvin, ingénieur forestier R. McNicoll. technicien
M. Morasse, ingénieur forestier N. Traversy, biologiste
'6.
6. Résultats et discussion
Nous avons dénombré en hélicoptère 144 colonies actives de castors (Tableau 2). C'est ainsi que pour une superficie inventoriée de 771 kilomètres carrés, nous obtenons une densité moyenne de 1,9 colonies par 10 kilomètres carrés.
Tableau 2. Résultat des observations faites en hélicoptère
Cabanes actives Amas de nourriture Présences* Nombre total de colonies actives
120 4 20 144
* Présence considérée comme colonie active étant donné le fait que l'in- ventaire n'a révélé aucun autre signe dans les environs.
Nous remarquons que les colonies ne sont pas distribuées uniformément sur le terrain inventorié (Figure 2). Ainsi, avec un qua- drillage du territoire en secteurs de 1 km2
puis de 2 km2
, nous avons pu délimiter grossièrement des zones de densité (Figure 3).
De plus, afin de quantifier ces mêmes zones, nous avons con- verti nos observations en figures numériques. Considérant l'abondance du castor dans cette régior, nous avons fixé les indices d'abondance suivants: de 5,8 colonies par 10 km2
et plus comme une zone de densité
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_ LIMITE DE LA RÉSERVE
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• AMAS DE NOURRITURE
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72° 25' W 72°05' W
Fig. 2. Localisation des colonies de castors — octobre 1975
8.
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72° 25' W 72' 05' W
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3.8 a 5.8 10 a 15
>5-8 >15
720 25.W 72°05' W
Fig.
3.
Distribution des zones de densité.9.
élevée, de 3,8 colonies par 10 km2
à 5,8 colonies par 10 km2
comme zone de densité moyenne et un indice inférieur à 3,8 colonies par 10 km2
une zone de densité faible.
Les zones de densité moyenne et forte sont concentrées dans la partie ouest de la réserve, alors que la partie est ne supporte, en général, que très peu de colonies. Cette différence dans la distribution des zones de densité est certainement liée à une différence dans la qua- lité de l'habitat. Ainsi, la zone située à l'est du chemin de fer est considérée comme très peu productive pour le castor à cause d'un relief très accidenté (montagneux) et d'un système aquatique inadéquat. En
effet, on a dénombré seulement 39 colonies de castors pour une densité moyenne de 1,2 colonies par 10 km2
. Par contre, la partie située à l'ouest possède une multitude de petits lacs et ruisseaux avec une végé- tation arbustive importante qui favorise l'établissement du castor.
C'est ainsi que l'on y retrouve 73% du nombre total de colonies avec une densité moyenne de 2,2 colonies par 10 km2
Seuls les grands plans d'eau comme les lacs Lapeyrére et de Travers ne sont pas fréquentés par le castor.
7. Exploitation
Tenant compte de sa superficie totale, la réserve de Port- neuf supporte une population moyenne de castors comparativement à cer- taines autres régions connues' de la province. Par contre, comme nous l'avons vu précédemment, certaines zones sont très densément peuplées.
C'est ainsi qu'en tenant compte de ces zones et des facilités d'accès, nous pourrions diviser la réserve en cinq terrains de trappe (Figure 4).
1 0.
47°
15' N
47°
05.
N
72° 25' W 72°05' W
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0 5.
72°25'W 72°05'W
Fig. 4.
Délimitation des terrains de trappe'11.
Chaque terrain serait exploité par deux personnes, soit un trappeur et un aide-trappeur. La première année, un quota de 1,5 castors par cabane serait fixé pour un nombre total de captures de 215 castors (Tableau 3).
Considérant que la valeur monétaire moyenne du castor en 1975 était de
$22.50, nous aurions un revenu moyen de $967.50 par terrain de trappe.
Certes, nous devons admettre que ces chiffres sont un minimum puisqu'un trappeur d'expérience capturera des individus adultes ayant une valeur marchande beaucoup plus élevée. La durée de la saison de trappage à cet endroit serait de deux mois, soit du ler novembre au 25 décembre.
A la fin de cette période, le trappeur devrait fournir une carte de son territoire en y indiquant toutes les cabanes actives et le nombre de castors capturés par cabane. De plus, il serait possible de recueillir des données biologiques tels le sexe, le poids, la grandeur de la peau, l'âge, etc.
Normalement, si le terrain est bien exploité, .on devrait noter une augmentation de la récolte au fil des ans pouvant aller
jusqu'à 259. (Flemming, 1974; Fuller, 1952). Enfin, un contrôle sélectif le long des routes et sentiers et sur certains cours d'eau est effectué par le Service de l'Aménagement de la Faune. Dans la majorité des cas, on doit recommencer annuellement ce contrôle pour une capture annuelle moyenne de 40 castors. Ceci est normal si l'on considère que les niches laissées vacantes sont occupées l'année suivante par des castors à la recherche d'un nouveau site, ce qu'une saison normale de trappe éviterait.
• • 12.
Tableau 3. Caractéristiques générales des terrains de trappe
Numéro de terrain Nombre de colonies Quotas* Revenu monétaire**
1 39 58 $1,305.00
2 27 40 $900.00
3 27 40 $900.00
4 26 39 $877.50
5 25 38 $855.50
Total 144 215 $4,837450
* 1,5 castors/colonie active
** $22.50/castor
8. Recommandations
1. Le choix des cinq trappeurs devrait ètre la responsabilité de la Division des Fourrures du Ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pèche. Le critère de base pour la sélection de ces personnes serait leur compétence dans le domaine du trappage telle que révélée par les données de la Division des Fourrures et par les renseignements obte- nus des agents de Conservation.
2. Le choix de l'aide-trappeur serait fait par le trappeur lui -mème.
'13.
3. Priorité devrait être donnée aux gens de Rivière-à-Pierre dû à leur situation géographique et à l'intérêt que la réserve de Portneuf représente pour eux.
4. Un permis spécial au coût de $2.10 devrait être émis annuellement avec toutes les conditions relatives à l'ex- ploitation de ce territoire. C'est ainsi que la Division des Fourrures aurait la possibilité de renouveler ou an- nuler le permis si une infraction survenait durant la saison de trappage.
5. On devrait permettre au trappeur de capturer les autres animaux à fourrure tels le renard, le lynx, la loutre, la martre, le pékan, le vison et le rat musqué durant leur saison de trappage. Ceci aiderait le trappeur à défrayer les dépenses encourues par les déplacements, l'aehat de matériel et l'aide obtenue de son assistant tout en sti- mulant chez-lui l'intérêt du trappage.
6. Chaque trappeur devrait fournir aux biologistes les don- nées que ces derniers jugeront bon de récolter sur chaque animal capturé dahs la réserve.
7. Tous les castors ou autres animaux à fourrure capturés.
devraient être enregistrés à la barrière de la réserve.
Toute infraction à ce point pourra être passible d'annu- lation du permis.
'14.
8. Le trappeur n'aurait pas le droit de posséder une arme à feu sur les limites de la réserve,
9. Un inventaire annuel d'une certain nombre de place-échan- tillons devrait être fait afin de vérifier les données fournies par le trappeur et réajuster au besoin les quotas.
Cet inventaire devrait être d'une durée maximum d'un jour en hélicoptère.
Remerciements
Nous sommes reconnaissants envers monsieur Marcel Beaudet, chef de la Division des. Fourrures$ pour ses précieux conseils ainsi que monsieur Raymond McNicoll, technicien de la Faune, pour la compilation des données.
'15.
16.
Bibliographie
Flemming, 1974. Aerial beaver surveys in the Temagami District.
Techniques used to carry them out and their value. Ontario Ministry of Natural Ressources, 10 pp.
Fuller, 1952. Aerial beaver surveys in the Mackenzie District, Northwest Territories. Eighteenth North American Wildlife Conference:
329-335.
Gauthier, Poulin, Thériault et ass., 1968. Esquisse d'aménagement de la réserve de Portneuf. Rapport préparé pour le M.T.C.P., 17 pp.