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AIM Youth. Épargner ensemble : Des approches de groupe pour promouvoir l épargne des jeunes

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AIM Youth

Advancing Integrated Microfinance for Youth

Épargner ensemble : Des approches de groupe pour promouvoir l’épargne des jeunes

Par Rossana M. Ramírez et Laura Fleischer-Proaño DÉCEMBRE 2013

Introduction

Cet article examine le potentiel des jeunes qui vivent dans la pauvreté à tirer profit de la capacité des groupes pour développer des habitudes et des comportements d’épargne positifs sur le long terme. Comme les jeunes en sont à une période de leur vie où ils sont particulièrement sensibles à l’influence de leurs pairs, les groupes peuvent avoir un impact positif sur leurs comportements financiers grâce à une structure de groupe, une éducation financière intégrée et une dynamique de pression

« J’aime pouvoir épargner de l’argent et rencontrer les autres dans un groupe chaque semaine. »

C’est ce qu’a répondu Nianama Traoré, 17 ans, quand on l’a interrogée sur l’expérience qu’elle a acquise dans un projet de groupes d’épargne . Nianama habite dans une zone rurale et pauvre dans un village situé au Sud-Ouest du Mali, et elle va se marier prochainement. Nianama explique qu’elle ne pouvait pas épargner avant de rejoindre un groupe d’épargne de jeunes, mais qu’elle peut maintenant s’acheter des chaussures et envisage d’avoir sa propre entreprise à l’avenir.

« J’aime pouvoir épargner de l’argent et rencontrer les autres dans un groupe chaque semaine. »

C’est ce qu’a répondu Nianama Traoré, 17 ans, quand on l’a interrogée sur l’expérience qu’elle a acquise dans un projet de groupes d’épargne . Nianama habite dans une zone rurale et pauvre dans un village situé au Sud-Ouest du Mali, et elle va se marier prochainement. Nianama explique qu’elle ne pouvait pas épargner avant de rejoindre un groupe d’épargne de jeunes, mais qu’elle peut maintenant s’acheter des chaussures et envisage d’avoir sa propre entreprise à l’avenir.

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Groupes d’épargne de jeunes : Un exemple classique d’approche d’épargne de groupe

Des groupes d’épargne de jeunes sont actuellement mis en place dans de nombreux pays d’Afrique, sous l’impulsion de diverses organisations de développement internationales, parmi lesquelles Freedom from Hunger, Plan International, CARE et Catholic Relief Services. Au Mali, Freedrom from Hunger et ses partenaires de mise en œuvre, le CAEB ( Conseils et Appui pour l’Éducation à la Base) et Le Tonus, ont mis en place des Groupes d’épargne de jeunes en suivant la méthodologie Épargner pour le changement. Avec cette approche, un groupe d’environ 10 à 15 jeunes (jeunes femmes et/ou jeunes hommes) se réunissent chaque semaine et se prêtent de l’argent mutuellement. Avec le soutien initial d’un animateur qualifié, un Comité de gestion élu ,anime les réunions du groupe et aide à l’application des règles du groupe. Le groupe décide collectivement du montant que chaque membre va épargner à chaque réunion et qui est versé dans une caisse. À mesure que les fonds du groupe augmentent, les membres conviennent de les utiliser pour s’octroyer des prêts . Les membres se mettent aussi d’accord sur un objectif social qu’ils vont chercher à réaliser collectivement, par exemple un projet d’assainissement dans le village ou de promotion de stratégies de prévention du paludisme. Les membres continuent de se réunir régulièrement pendant environ un an, puis ils organisent la distribution des fonds du groupe. Cette approche fonctionne particulièrement bien dans les zones rurales du Mali, qui n’ont traditionnellement pas bénéficié des services des prestataires de services financiers formels et, par conséquent, n’ont pas d’autres options fiables pour épargner.

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sociale et de capital social. Quand les jeunes commencent à épargner tôt, ils sont plus susceptibles de développer une habitude d’épargne qui pourra se poursuivre pendant leur vie adulte, et ils renforcent ainsi leurs capacités financières au moment où ils commencent à faire face à des responsabilités sociales et financières accrues.

L’importance de cette approche est devenue évidente quand Freedom from Hunger a cherché à tester et tirer des leçons de trois différents modèles de groupes de services financiers intégrés avec une éducation financière dans le cadre de l’initiative Advancing Integrated Microfinance for Youth (AIM Youth) développée en

partenariat avec The MasterCard Foundation. Nous avons exploré les perspectives offertes par les groupes en tant que plates- formes permettant de développer une habitude de l’épargne chez les jeunes, en fournissant un mécanisme permettant d’épargner régulièrement et de promouvoir de bonnes aptitudes de gestion de l’argent grâce à l’éducation financière. Au cours des trois années de mise en œuvre, de suivi et d’évaluation, nous avons observé de meilleurs résultats pour la promotion des pratiques d’épargne chez les jeunes quand ils peuvent épargner en groupe et recevoir une éducation financière que lorsqu’ils épargnent individuellement. Une étude sur des modèles de groupes similaires réalisée par diverses organisations dans le monde entier apporte en outre des éléments probants complémentaires sur l’intérêt des groupes, en particulier pour les jeunes.

Une approche d’épargne basée sur les groupes est définie comme une approche dans laquelle les jeunes se réunissent et conviennent d’épargner régulièrement de façon volontaire tout en suivant un ensemble de règles définies par le groupe. L’accent est mis sur les groupes de jeunes car ces derniers en sont

souvent à une étape de leur vie où ils se réunissent peut-être déjà régulièrement en groupes (par exemple, dans leurs villages ou à l’école) et n’ont peut être pas les mêmes contraintes de temps et les mêmes responsabilités que de nombreux adultes. Un groupe peut être créé par le biais d’une organisation communautaire, en suivant le modèle d’un groupe d’épargne ou d’une association d’épargne et de crédit, ou bien il peut être créé par une

institution financière formelle qui associe les jeunes à un compte

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d’épargne. Pour les jeunes vivant dans des zones rurales isolées, une approche de groupe d’épargne peut être le seul mécanisme d’épargne qui leur soit accessible.

Après avoir donné quelques informations de base sur les jeunes et l’épargne, ce document examine les obstacles auxquels sont confrontés les jeunes qui vivent dans la pauvreté pour épargner. Une analyse approfondie sera ensuite faite de la façon dont ces obstacles peuvent être surmontés par une approche d’épargne de groupe. Nous concluons en explorant les limites et opportunités qui doivent être prises en compte lorsqu’on envisage de mettre en œuvre un système d’épargne de groupe pour les jeunes.

Priorité aux jeunes et à l’épargne

Les Nations Unies définissent les jeunes comme la population âgée de 15 à 24 ans.1 Pour les besoins de ce document, la définition a été élargie pour couvrir principalement les jeunes âgés de 13 à 24 ans.

L’attention prioritaire accordée aux jeunes dans le domaine du développement peut s’expliquer par la convergence de l’explosion démographique des jeunes (« youth bulge », une situation démographique dans laquelle la proportion de jeunes dans la population atteint un pic) et un niveau élevé de chômage des jeunes, ce qui exacerbe le niveau de pauvreté.2 Ceci est particulièrement préoccupant dans un grand nombre des pays en développement qui ont une plus grande proportion de jeunes et un niveau inférieur de pauvreté, et où la pauvreté peut plus facilement se perpétuer de génération en génération. En Afrique subsaharienne, par exemple, les jeunes représentent la majorité de la population.3 C’est la seule région du monde qui va continuer à enregistrer une croissance importante de la part des jeunes dans la population. Mais cette population de jeunes en expansion se retrouve confrontée à des perspectives économiques limitées. En effet, les taux de chômage des

jeunes en Afrique subsaharienne s’élèvent à 11,6 %, et les jeunes ont donc deux fois plus de chances que les adultes de se trouver au chômage.4

Si l’amélioration des perspectives économiques et la transition vers une sortie de la pauvreté chronique exigent une stratégie pluridimensionnelle et intersectorielle, l’accumulation d’épargne et d’actifs au fil du temps est une approche qui bénéficie d’une attention croissante en raison de sa capacité à améliorer le bien-être économique des personnes vivant dans la pauvreté. L’épargne est aussi fondamentale pour les jeunes qui démarrent leur propre entreprise et ont besoin d’investir dans du matériel et/ou des équipements. Bien que l’épargne ne suffit pas à elle seule à sortir les jeunes de la pauvreté, elle peut renforcer leur résilience pour faire face à de graves problèmes financiers, en les aidant à constituer des actifs (même sous la forme d’une petite épargne), assez tôt dans leur vie, avant qu’ils soient confrontés à des responsabilités financières et sociales plus importantes à l’âge adulte.

Les jeunes peuvent épargner

Cependant, la question se pose souvent de savoir si les jeunes peuvent constituer une épargne s’ils vivent dans la pauvreté, ou sont au chômage et n’ont aucune source de revenus, ou si en favorisant l’épargne on peut amener les jeunes à abandonner leurs études pour participer à des activités génératrices de revenus. Diverses études menées à travers le monde nous permettent de savoir que les jeunes pauvres ont accès à l’argent (toutefois de très petites sommes) et qu’ils ont recours à diverses formes d’épargne non formelles et à court terme.5

Les jeunes, en particulier les adolescents, reçoivent de l’argent de leurs parents, qui leur donnent de l’argent pour l’école, les transports et les repas.6 Surtout, en réalité de nombreux jeunes pauvres prennent déjà part

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à des activités génératrices de revenus sous une forme ou une autre, même si c’est souvent à petite échelle, comme des travaux agricoles ou la vente de fruits et légumes sur le marché pour les jeunes vivant dans les zones rurales ; ou la cuisine, les travaux de construction ou le ménage pour les jeunes dans des zones urbaines. Les jeunes indiquent qu’ils participent à ces activités précisément pour être sûrs d’avoir de l’argent pour leurs propres dépenses et pour aider à répondre aux besoins de leur foyer. Ces études montrent également que les jeunes épargnent de façons informelles, en cachant de l’argent dans une boîte ou un trou dans le sol, ou parfois en le confiant à leurs parents, même s’ils déclarent qu’aucune de ces méthodes n’est sûre.7 Ces résultats et de nombreux programmes d’épargne pour les jeunes dans le monde entier ont détruit le mythe selon lequel les jeunes qui vivent dans la pauvreté ne peuvent épargner, et cette conclusion est cohérente avec les éléments qui confirment la capacité des adultes qui vivent dans la pauvreté à épargner.8

Les jeunes qui épargnent maintenant épargneront plus tard Bien que la recherche sur ce thème soit limitée et concerne surtout les pays développées, quelques études laissent penser que l’épargne pendant l’enfance aboutit à une poursuite de l’épargne plus tard dans la vie et à une amélioration du bien-être financier à l’âge adulte. Selon une étude longitudinale menée aux États- Unis par Friedline, « les enfants sont susceptibles de continuer à épargner plus tard dans la vie au-delà des ressources financières de leurs parents, si on leur offre des comptes d’épargne quand ils sont jeunes. Autrement dit, quand les enfants ont des comptes d’épargne tôt dans la vie, ils continuent à en avoir par la suite, ce qui leur permet éventuellement de développer des relations avec les principales institutions financières et de continuer à accéder aux services financiers de base. »9 En outre, une étude longitudinale britannique menée sur 18 ans estime également que l’épargne pendant l’adolescence est associée à une épargne à l’âge adulte.10 Les auteurs de cette étude remarquent que ces résultats sont importants pour les décideurs politiques, les éducateurs et les parents, car ils « supposent qu’encourager les adolescents à épargner pourrait aider à façonner leur comportement dans leur vie ultérieure. »

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Bien que ces études portent sur des adolescents vivant dans des pays riches avec un niveau de vie plus élevé et un meilleur accès à des institutions financières formelles, toutes deux se basent sur des données d’études longitudinales, représentatives sur le plan national, ce qui implique que les participants proviennent d’un large éventail de milieux socio-économiques. En outre, si les auteurs de l’étude britannique notent que les jeunes « dont les parents ont une épargne au nom de leurs enfants et ont un patrimoine plus important ont plus de chances d’avoir un niveau d’épargne plus important en tant que jeunes adultes », ils concluent aussi que des facteurs psychologiques individuels, comme les attitudes par rapport à la gestion de l’argent, jouent un rôle clé dans cette équation.11 Ces études suggèrent que l’épargne quand on est jeune peut aider à développer une habitude

d’épargne qui se poursuit à l’âge adulte. L’importance d’inculquer cette habitude aux jeunes, en particulier les adolescents qui vivent dans la pauvreté, tient au fait qu’ils en sont à un stade dans leur vie où ils ne sont généralement pas confrontés à autant de responsabilités financières qu’à l’âge adulte (comme avoir des enfants, gérer un ménage, payer les dépenses de santé). Il est donc possible d’aider les jeunes à réunir des actifs et à rompre le cercle vicieux de la pauvreté intergénérationnelle.

Les obstacles à l’épargne

Bien qu’il semble y avoir un consensus croissant sur l’importance de renforcer la capacité des jeunes vivant dans la pauvreté à épargner, les jeunes sont confrontés à de nombreuses difficultés pour réunir assez d’argent pour répondre à leurs besoins les plus élémentaires ou parvenir à la constitution future d’actifs : montants d’épargne petits ou irréguliers, manque d’accès à des lieux

d’épargne sûrs, lourdeur des conditions d’ouverture d’un compte d’épargne, préjugés psychologiques et comportements financiers inadéquats.12

Des montants d’épargne petits et irréguliers

Quand les jeunes qui vivent dans la pauvreté épargnent, ils le font en général de façon irrégulière et informelle, étant donné leurs sources de revenus. Dans une étude de marché réalisée au Mali, ces jeunes ont déclaré pouvoir épargner entre 25 et 500 FCFA

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(0,05 à 1,10 USD) par semaine.13 Avec des fonds aussi limités, ils auront du mal à déposer leur argent dans un compte d’épargne formel en raison des montants de dépôt minimum et des frais de gestion de compte qui engloutiront leurs maigres économies. Par exemple, au Mali, l’ouverture d’un compte d’épargne auprès de Nyèsigiso, une coopérative d’épargne et de crédit, nécessite un montant minimum de 9 000 FCFA (18 USD), y compris un montant de dépôt de 2 000 FCFA (4 USD) pour l’ouverture du compte.

Tout comme Rutherford l’a conclu pour les adultes pauvres dans The Poor and Their Money, les jeunes qui vivent dans la pauvreté peuvent épargner et le font dans la pratique, mais les montants peuvent être encore plus petits et plus irréguliers que ceux des adultes.14 Les rapports rédigés suite aux visites de suivi des Groupes d’épargne de jeunes au Mali indiquent que les jeunes épargnent parfois seulement 50 FCFA,15 à comparer à une épargne supérieure à 100 FCFA observée avec les groupes d’adultes. Par conséquent, il est encore plus difficile de développer des produits financiers appropriés et une éducation financière pertinente qui répondent aux capacités d’épargne des jeunes.

Limites concernant l’accès physique à des lieux sûrs Les jeunes vivant dans les zones rurales, où le niveau de pauvreté est souvent plus élevé, n’ont qu’un accès limité aux services financiers formels car les agences sont situées dans les centres urbains plus peuplés. Comme ils ne disposent pas de lieux sûrs où épargner, les jeunes cachent leur argent ou le confient à leurs parents. Les jeunes disent qu’ils savent que ces méthodes d’épargne ne sont pas adaptées, mais qu’ils n’ont pas d’autres options fiables.16

Conditions d’’ouverture d’un compte d’épargne Les jeunes sont aussi confrontés à des difficultés à un niveau macro-social et institutionnel. Dans le cadre des conditions

« connaître votre client » (« Know your customer » ou KYC), visant à prévenir la fraude et le blanchiment d’argent, les

institutions financières exigent un document d’identification ainsi qu’un autre document difficile à obtenir comme un justificatif de domicile, dont la plupart des jeunes ne disposent pas.17 Au

Advancing Integrated Microfinance for Youth (AIM Youth)

Pour la mise en œuvre de son initiative AIM Youth, Freedom from Hunger a choisi de travailler en Équateur et au Mali en raison de leurs taux élevés de pauvreté, en particulier dans les zones rurales (Tableau 1). Dans le cadre de sa mission consistant à trouver des solutions d’auto-assistance pour lutter contre la faim chronique et la pauvreté, Freedom from Hunger concentre une grande partie de son travail dans les zones rurales, où le niveau de pauvreté est supérieur. Selon le Rapport sur le développement mondial, trois personnes pauvres sur quatre vivent dans les zones rurales.21 Le choix de l’Équateur et du Mali pour l’initiative AIM Youth s’est imposé en raison de l’identification dans ces pays de plusieurs institutions financières et ONG qui ont exprimé un fort désir d’offrir des services aux jeunes et du fait de la disponibilité de bureaux locaux de Freedom from Hunger.

Tableau 1. Niveau de pauvreté (ensemble de la population)

Zones rurales

Zones urbaines

Ecuador 47 % 25 %

Mali 75,9 % 30,1 %

Source : Banque mondiale, Indicateurs du développement mondial, 2005 (Seuil national de pauvreté)

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Mali, par exemple, le coût de l’obtention d’un document officiel d’identification officiel est de 3 200 CFA (soit 6,40 USD). Pour un jeune qui ne peut épargner que 100 FCFA (0,25 USD) par semaine, il faudrait plus de six mois pour épargner un tel montant. L’accès des jeunes vivant dans les zones rurales, avec peu ou pas d’accès à des institutions financières, à des services financiers est encore limité par le coût et les délais nécessaires pour se rendre dans une agence bancaire.18 En outre, les jeunes qui sont mineurs (définis comme âgés de moins de 18 ans dans de nombreux pays, comme le Burkina Faso, l’Équateur, le Ghana, le Malawi, le Mali, le Sénégal et l’Ouganda), ne sont pas légalement autorisés à ouvrir un compte d’épargne de manière autonome et ont besoin de l’approbation d’un parent ou d’un tuteur, ce qui ajoute de la lourdeur et de la complexité pour accéder à des services d’épargne formels.19

Les préjugés psychologiques et des comportements financiers inadéquats

Les jeunes considèrent souvent qu’il n’est pas urgent de mettre de l’argent de côté. Dans « Accelerating Financial Capability », Pathak, Zimmerman et Holmes résument la théorie économique comportementale pour expliquer les biais psychologiques qui empêchent aux gens de faire « des choix d’épargne rationnels ».20 Parmi les biais, on peut citer la tendance à prendre des décisions financières basées sur ce que les gens voient faire par les autres, par exemple épargner sous leur matelas (biais de disponibilité), la tendance à continuer à faire ce qui est confortable et habituel, par exemple ne pas mettre de côté de l’argent régulièrement (biais du statu quo), et la tendance de préférer des petites récompenses quotidiennes comme acheter quelque chose tout de suite,

plutôt qu’une récompense plus importante sur le long terme, comme épargner pour l’avenir (actualisation hyperbolique). Bien que ces biais s’appliquent à la plupart des gens, ils peuvent être particulièrement importants chez les jeunes qui manquent d’expérience et d’habitude des services financiers. Pendant les visites de suivi des activités AIM Youth en Équateur, les jeunes déclarent ne pas ressentir un sentiment d’urgence à ouvrir un compte d’épargne, même quand ils indiquent qu’ils peuvent remplir les conditions requises pour l’ouverture du compte. En raison de biais psychologiques, de nombreux jeunes présentent des comportements financiers inadéquats.

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Les approches de groupe de Freedom from Hunger pour l’épargne des jeunes

Le cadre pour les approches de groupe se base principalement sur l’expérience acquise par Freedom from Hunger dans la mise en œuvre et l’évaluation de trois modèles de services intégrés différents. Le Tableau 2 présente les modèles et les lieux où ils ont été mis en œuvre.

Tableau 2. Modèles AIM Youth Type

d’institution Pays (lieu) Service

financier Intégration de l’éducation

financière Principales

caractéristiques Coopératives Équateur

(principalement zones rurales)

Comptes d’épargne individuels

(service financier formel)

Les séances d’éducation financière sont d’abord fournies dans un contexte de groupe, principalement dans les écoles. Les participants reçoivent des informations et sont encouragés à ouvrir un compte d’épargne individuel. Les jeunes épargnent individuellement.

Pas de frais d’ouverture ou de gestion de compte et un versement de dépôt minimum abordable.

Coopératives Mali

(zones urbaines)

Comptes d’épargne collectifs

(service financier formel)

Le groupe est créé d’abord, les jeunes décident d’épargner et d’ouvrir un compte d’épargne collectif, en général sous une période de 8 semaines. L’éducation financière est fournie après la création du groupe.

L’approche collective permet aux jeunes de respecter plus facilement les conditions d’ouverture du compte (montant minimum de dépôt pour l’ouverture et documents d’identification).

Organisations non gouvernementales

Mali

(zones rurales)

Groupes d’épargne de jeunes (service financier à base communautaire)

Le groupe est créé d’abord, les jeunes décident des règles du groupe et commencent à épargner au bout d’un mois, en plaçant en général l’épargne dans une caisse. L’éducation financière est fournie après la création du groupe.

Basés sur la méthodologie des groupes d’épargne, dans laquelle des jeunes se réunissent chaque semaine dans un groupe pour épargner et s’accorder des prêts mutuellement.

Bien que tous les jeunes participants reçoivent l’éducation financière dans le cadre d’un groupe, seuls les deux modèles testés au Mali ont été structurés pour permettre une épargne collective. Les groupes d’épargne de jeunes et les comptes d’épargne collectifs sont basés sur la même méthodologie, dans laquelle les jeunes se réunissent régulièrement (en général chaque semaine), se mettent d’accord sur le montant à épargner chaque semaine sur une certaine période (en général 9 à 12 mois), et distribuent les fonds accumulés à la fin de la période. Les principales différences entre les deux approches sont les suivantes :

1. Les jeunes qui ont un compte d’épargne de groupe déposent l’argent sur un compte d’épargne formel auprès de la coopérative d’épargne et de crédit, et les fonds ne sont pas disponibles pour des prêts internes.

2. Les jeunes ayant un compte d’épargne de groupe doivent épargner assez pour respecter les conditions d’ouverture du compte, à savoir le montant minimum de dépôt et les documents d’identification.

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Tout au long des trois années de mise en œuvre, il est apparu clairement que le format d’épargne de groupe entraînait les comportements d’épargne les plus dynamiques. Le Tableau 3 présente les chiffres sur l’impact et l’épargne associés à chaque modèle. Au Mali, comme les groupes ont été créés spécifiquement pour l’épargne, tous les jeunes participants avaient une épargne avec un système financier institutionnel ou à base communautaire et la majorité (plus de 70 %) avaient reçu une éducation financière. En revanche, si plus de 11 000 jeunes ont participé aux séances d’éducation financière, seul un petit nombre ont accédé au service d’épargne mis à leur disposition.

Tableau 3. Chiffres sur l’impact de l’initiative AIM Youth au 30 Juin 2013

Indicateurs

Mali

Groupes d’épargne et éducation financière

Zones rurales

Mali Comptes d’épargne collectifs et éducation

financière Zones urbaines

Équateur Comptes d’épargne individuels et/ou éducation

financière Zones rurales/urbaines

Nombre total de jeunes 24 070 2 540 11 139

Nombre total de jeunes

ayant une épargne 24 070 2 540 4 820

Nombre de jeunes ayant reçu une éducation

financière 19 391 2 337 11 139

Les données de l’étude d’impact réalisée à la fois en Équateur et au Mali présentent des résultats similaires. Les enquêtes sur les jeunes en Équateur indiquent que seuls 27 % affirment avoir ouvert un compte d’épargne, mais 76 % signalent avoir une épargne au travers de mécanismes institutionnels et communautaires. Cependant, lorsqu’on les interroge sur leur fréquence d’épargne, 65 % des participants au Mali affirment épargner presque chaque

semaine, alors que seulement 9 % des jeunes participants en Équateur indiquent épargner chaque jour ou chaque semaine.22

Les résultats du suivi et de l’évaluation ne sont pas surprenants. Avec le groupe, les jeunes s’engagent à épargner chaque semaine. Avec les comptes individuels, même si le personnel de la coopérative fait la promotion de l’épargne régulièrement en rendant visite aux jeunes dans leurs écoles et leurs foyers, les visites ne sont pas quotidiennes, et il n’y a pas de mécanisme intégré pour permettre aux jeunes d’épargner de façon régulière.

Nous supposons que les structures de groupe, le capital social, la pression sociale et l’intégration de l’éducation financière dans les réunions des groupes (qui font partie intégrante des approches de groupe au Mali) sont des facteurs clés qui expliquent les différents résultats enregistrés au Mali et en Équateur car ils permettent de surmonter un grand nombre des obstacles de l’épargne pour les jeunes.

Le reste de ce document analysera comment chacun de ces mécanismes contribue à surmonter les difficultés et à encourager les jeunes à épargner.

Structure du groupe

L’étude suggère que les groupes de pairs peuvent avoir de multiples facettes et peuvent aboutir à la fois à des changements positifs et négatifs.23 C’est la structure du groupe, dans lequel la participation est volontaire, et son

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format spécifique axé sur un objectif particulier, l’épargne convenu par tous les participants, qui permet aux approches d’épargne de groupe d’aboutir aux comportements d’épargne souhaités. Dans une étude réalisée par Hansen, les jeunes participant à des activités volontaires structurées, comme des organisations communautaires ou des clubs professionnels, affirment avoir eu plus d’expériences en établissant des objectifs et des initiatives qu’avec des sorties entre amis ou des formations scolaires obligatoires.24 Selon Larson, ces comportements sont le résultat d’un environnement dans lequel les jeunes « orientent et régulent leurs actions dans la poursuite d’un objectif. »25 En substance, une structure de groupe centrée sur l’épargne contribue à motiver les jeunes à réaliser leur objectif d’épargne, surmontant ainsi certains des obstacles psychologiques, comme le manque de motivation à épargner.

Les approches de groupe, qu’il s’agisse des groupes d’épargne ou des comptes d’épargne de groupe de jeunes, offrent aussi aux jeunes un lieu sûr pour épargner. Dans un groupe d’épargne, la caisse dans laquelle l’argent est placé est détenue par une personne, tandis que la clé de la caisse est détenue par une autre, ce qui assure un mécanisme de protection des fonds. Comme l’argent est compté devant tous les membres, chacun sait combien il y a dans la caisse à tout moment. En outre, comme il est plus difficile d’accéder à l’épargne placée sur le compte bancaire collectif du groupe auprès d’une institution formelle ou dans la caisse d’un Groupe d’épargne de jeunes de la microfinance communautaire, il est plus facile pour les jeunes qui vivent dans la pauvreté de résister à la tentation d’utiliser leur épargne pour des dépenses superflues. Le groupe représente également un lieu sûr où les jeunes peuvent se réunir et tisser des liens entre eux.

La structure du groupe permet également de réduire la difficulté des conditions d’ouverture de compte car les jeunes peuvent épargner collectivement pour réunir le montant de dépôt minimum pour l’ouverture du compte. De même, si un document d’identification est nécessaire pour ouvrir un compte, les membres ne sont pas tous obligés d’en obtenir un. En effet, deux membres du groupe de jeunes peuvent ouvrir le compte au nom des autres.

La structure d’une approche de groupe peut avoir une influence particulièrement forte sur les jeunes car elle peut entraîner une habitude d’épargne à vie. Une habitude d’épargne peut être acquise en développant un cycle continu :

Comptes d’épargne de groupes Freedom from Hunger et Nyèsigiso, une fédération de coopératives d’épargne et de crédit, ont développé un compte d’épargne collectif, suivant le modèle de la méthodologie des Groupes d’épargne de jeunes. Comme le groupe ne détient dans les faits qu’un seul compte d’épargne, Nyèsigiso n’exige l’identification que des trois membres du Comité de gestion. Dans un pays où il est souvent difficile d’avoir un document d’identité personnel à cause des lourdeurs administratives et du coût associé, cette structure permet de respecter plus facilement cette condition. En outre, comme le compte d’épargne exige un montant minimum d’ouverture de 18 USD, la structure du groupe permet aux jeunes de respecter l’exigence d’ouverture du compte en contribuant collectivement à ce montant, ce qui est particulièrement important quand on sait que les jeunes au Mali affirment ne pouvoir épargner qu’entre 0,05 et 1,10 USD par semaine. Le montant total des frais est réparti entre les 15 membres, et le montant individuel n’est par conséquent que d’environ 1,20 USD. En outre, les membres du groupe peuvent épargner le montant minimum sur une période de huit semaines, ce qui réduit à 0,15 USD le montant d’épargne hebdomadaire nécessaire, un chiffre compatible avec les capacités d’épargne déclarées par les jeunes.

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Services financiers à l’école Un autre modèle de groupe actuellement mis en œuvre dans de nombreux pays est celui des Services financiers à l’école, ou

« School Banking », dans lequel on utilise les écoles comme porte d’entrée pour atteindre les jeunes (et les enfants) et faciliter l’accès à l’épargne. Dans ce modèle, les classes d’élèves sont déjà constituées en groupes. En Équateur, Freedom from Hunger a mis en place un partenariat avec des coopératives financières pour atteindre les jeunes par le biais de cette porte d’entrée stratégique. Le personnel de terrain des coopératives rend visite aux écoles pour animer une série de séances d’éducation financière dynamiques et stimulantes, et fournir des informations sur les comptes d’épargne individuels proposés par la coopérative. Certaines coopératives sont en mesure de recevoir des dépôts d’épargne dans les écoles en utilisant des smartphones et des mini-imprimantes portables. Même si les comptes sont individuels, l’approche de l’offre des services est collective, et les jeunes s’engagent devant les autres à respecter leurs objectifs d’épargne. Toutefois, pour que les services financiers à l’école soient faisables, les banques doivent fonctionner dans un environnement réglementaire qui autorise les agents bancaires ou les services bancaires à distance ce qui permet de faciliter les transactions électroniques ou à l’extérieur d’une agence. Pour être efficaces, les services financiers à l’école exigent aussi un soutien fort de la part du ministère de l’Éducation et une coordination locale ainsi que l’adhésion des enseignants et de l’administration des écoles.

Child and Youth Finance International, une ONG basée à Amsterdam, est en train de développer un mouvement basé sur son propre concept de SchoolBank.28 Avec cette approche, Child and Youth Finance International encourage les écoles à devenir des intermédiaires, et donne la possibilité aux enseignants de collecter les dossiers pour l’ouverture des comptes et également de recevoir l’épargne qui est alors déposée auprès de l’institution financière.

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une boucle de l’habitude (« habit loop »), un concept développé par Charles Duhigg, évoquée par Pathak dans « Creating Creatures of Habit », qui résulte de la mise en place de « signaux, routines et récompenses. »26 Pathak explique que la boucle de l’habitude est créée quand les gens participent à un type de routine dans laquelles ils sont amenés, par des signaux, à suivre un comportement

particulier et sont récompensés pour ce comportement. La récompense contribue à renforcer le comportement la prochaine fois que la personne reçoit le « signal ».

Dans une approche classique de Groupes d’épargne, les jeunes se réunissent pour épargner chaque semaine sur une période d’un an. L’approche des groupes d’épargne de jeunes crée une boucle continue qui conditionne le développement d’une habitude d’épargne. Les membres s’engagent dans une « routine » (des réunions hebdomadaires qui suivent le même ordre du jour), reçoivent un signal (les membres sont appelés un par un à épargner devant le groupe) et sont récompensés (par l’accès aux prêts internes et à une somme d’argent à la fin du cycle).

Nous voyons maintenant des signes précoces de la façon dont cette habitude est créée. Bien qu’une étude d’impact soit en cours avec les groupes d’épargne de jeunes, les conclusions préliminaires de l’étude de Freedom from Hunger font état de résultats positifs avec les jeunes, avec une épargne plus importante pour les participants aux Groupes d’épargne de jeunes que pour les non- participants dans les groupes témoins.27

Éducation financière

Au-delà des services d’épargne et d’emprunt dans un groupe, l’éducation financière peut aider à surmonter les obstacles à l’épargne pour les jeunes grâce à une approche d’épargne collective. Les groupes représentent une voie prometteuse pour renforcer les capacités financières des jeunes qui vivent dans la pauvreté quand l’accès à des services d’épargne (formels et communautaires) et l’utilisation de ces services sont intégrés à une éducation financière. La combinaison de ces deux éléments est essentielle car l’éducation renforce les connaissances financières, les compétences et les changements d’attitudes, alors que le service d’épargne permet d’appliquer immédiatement les

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nouvelles connaissances, ce qui entraîne le changement comportemental visé. Comme la capacité financière des jeunes se construit dans le contexte social d’un groupe, des services intégrés peuvent permettre d’atteindre une inclusion financière complète des jeunes, ce qui est un objectif important étant donné leur accès limité aux services financiers.29

L’inclusion financière est définie comme « un état dans lequel toutes les personnes qui peuvent les utiliser ont accès à une gamme complète de services financiers de qualité, offerts à des prix abordables, d’une manière pratique et dans le respect de la dignité des clients. »30 Par conséquent, l’éducation financière fournit aux

jeunes les connaissances nécessaires pour savoir comment accéder aux services financiers et les utiliser efficacement. Par exemple, les séances d’éducation financière de Freedom from Hunger guident et forment les jeunes à

ƒ fixer des objectifs d’épargne et un plan pour réaliser leurs objectifs ;

ƒ prendre des décisions avisées sur l’épargne et l’emprunt ;

ƒ identifier des lieux sûrs pour épargner ;

ƒ prendre de bonnes décisions de gestion de l’argent en faisant la distinction entre besoins et désirs, et

ƒ planifier en prévision des périodes difficiles.

Quand les jeunes commencent à épargner tôt, ils sont plus susceptibles de développer une habitude d’épargne qui pourra se poursuivre pendant leur vie adulte, et ils renforcent ainsi leurs capacités financières au moment où ils commencent à faire face à des responsabilités sociales et financières accrues.

Les jeunes ayant accès à des comptes d’épargne formels apprennent aussi à respecter les exigences d’ouverture de compte, à remplir les formulaires de dépôt et de retrait et à accéder aux services financiers.

L’éducation financière peut être facilement intégrée dans les approches de groupe car elle peut être dispensée à l’occasion des réunions régulières du groupe. Les séances peuvent être assurées aussi par le même personnel qui anime les séances sur l’accès au service d’épargne (par exemple, le personnel d’une institution financière dans le cas des comptes d’épargne, ou le personnel d’une ONG qui crée des groupes d’épargne de jeunes). Pour faire participer les jeunes, les séances d’éducation financière doivent suivre les principes clés de l’apprentissage des jeunes :

ƒ Pertinentes et pratiques pour répondre aux besoins financiers réels des jeunes.

ƒ Dynamiques, participatives et amusantes pour inciter les jeunes à participer, mais sans se détourner des objectifs d’apprentissage.

ƒ Respectueuses et sécurisantes pour que les participants aient l’impression que leurs idées sont appréciées.

ƒ Ouvertes à leur famille, en particulier pour les mineurs, qui ont besoin d’aide et parfois de l’accord de leurs parents pour participer à certaines activités d’épargne.

ƒ Le principe « Do No Harm » (ne pas nuire) qui encourage et protège la sécurité, la dignité et les droits humains des jeunes.

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L’éducation financière vise à doter les participants de connaissances et compétences clés pour prendre les bonnes décisions concernant leur argent. Cela englobe les décisions relatives à l’utilisation d’un large éventail de services financiers, notamment l’épargne et le crédit. L’éducation peut aussi aider les jeunes à établir des objectifs d’épargne et un plan pour réaliser leurs objectifs, afin qu’ils deviennent proactifs dans la réponse à leurs besoins, au lieu de se retrouver dans une situation difficile une fois qu’ils sont confrontés à des besoins financiers urgents.

Bien qu’il y ait un débat sur l’efficacité de l’éducation financière au sein de la population adulte, de nombreuses études récentes s’intéressent à l’impact de l’éducation financière combinée à des mécanismes d’épargne pour les jeunes. Les conclusions d’un récent essai contrôlé randomisé (ECR) semblent indiquer des résultats prometteurs dans une approche d’épargne de groupe associée à une éducation financière. L’IPA a créé un partenariat avec l’Église de l’Ouganda, FINCA-Ouganda et la Straight Talk Foundation pour évaluer deux interventions : un programme de formation sur l’éducation financière et un compte d’épargne pour les groupes de jeunes.31 Les séances d’éducation financière ont été adaptées à partir du programme de formation du Programme mondial d’éducation financière, qui a été initialement élaboré par Freedom from Hunger et Microfinance Opportunities.32

Les résultats préliminaires de cette évaluation indiquent que les deux groupes recevant l’éducation financière, le premier avec le compte d’épargne collectif et le deuxième sans compte, ont amélioré leurs connaissances financières. Les groupes qui ont seulement un compte d’épargne mais ne reçoivent pas l’éducation financière n’ont pas présenté d’amélioration significative, ce qui souligne l’importance de l’intégration d’une éducation financière pour renforcer les capacités financières des jeunes. Selon l’IPA,

« les trois traitements ont légèrement permis d’augmenter l’épargne auto déclarée, mais les augmentations n’étaient

statistiquement significatives que pour les deux groupes ayant reçu l’éducation financière. »33 Karlan conclut que « l’accès à l’épargne et l’éducation financière entraînent tous les deux une amélioration des comportements d’épargne. »34

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Capital social

Le capital social joue un rôle essentiel dans la promotion de comportements d’épargne positifs dans un contexte de groupe. Les membres du groupe développent un capital social dans leurs groupes à mesure qu’ils participent aux réunions hebdomadaires et se conforment aux règles du groupe, ce qui renforce leur crédibilité entre membres du groupe.35 Parmi les effets potentiels de la participation à des modèles de services financiers communautaires, le renforcement du capital social a été fréquemment cité. Des recherches menées à l’échelle mondiale indiquent que le capital social a amélioré les taux de remboursement et a entraîné un accroissement de l’épargne et une plus forte autonomisation des femmes.36, 37 Si le capital social peut entraîner des résultats sociaux et financiers positifs, il est également un facteur important de succès pour les

groupes. Comme le résume Dunford, le « capital social permet de construire des groupes performants, et les groupes performants aident à renforcer le capital social. »38

Woolcock et Narayan définissent le capital social comme « les normes et les réseaux qui permettent aux personnes d’agir collectivement », ce qui nécessite de tirer profit des liens sociaux à l’intérieur et à l’extérieur de leurs communautés.39 Les approches d’épargne de jeunes basées sur les groupes peuvent renforcer les liens sociaux internes en obligeant les jeunes à accepter et respecter un ensemble de normes dont l’application est surveillée par le groupe complet. L’objectif social convenu, que les membres cherchent collectivement à réaliser, continue de renforcer leur cohésion sociale interne. À leur tour, ces liens sociaux internes aboutissent à d’autres effets positifs. Par exemple, des études menées en Afrique du Sud par le Population Council ont conclu que les filles adolescentes ayant plus de liens sociaux étaient moins vulnérables à des comportements sexuels à risque.40

Des liens sociaux externes sont développés à travers le

partenariat entre les jeunes participants et l’organisation qui leur apporte le service d’épargne de groupe et aide les jeunes à établir et réaliser des objectifs d’épargne. Pour les jeunes qui deviennent plus productifs économiquement en utilisant leur épargne pour des activités productives, cela peut entraîner une amélioration de

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leur position sociale au sein de la communauté, et ainsi renforcer leurs liens sociaux externes. Ces liens internes et externes permettent au groupe et à l’organisation de travailler ensemble vers un objectif commun, ce qui entraîne un renforcement du capital social des membres, qui pourra être exploité pour permettre une entraide mutuelle, pour accroître l’épargne des membres et réaliser leurs objectifs d’épargne individuels.

Le Population Council a piloté une approche de groupe au Kenya et en Ouganda, dans laquelle des groupes de 20 à 25 jeunes femmes se réunissent chaque semaine. Bien que chaque jeune femme du groupe ouvre son propre compte d’épargne, l’objectif de l’approche de groupe est que les membres puissent s’entraider et participer à une éducation financière et sur la santé. L’étude sur l’évaluation du projet pilote en Ouganda a comparé les jeunes filles qui ont participé au groupe et avaient un groupe d’épargne à des jeunes filles qui disposaient seulement du compte d’épargne mais ne savaient pas qu’elles pouvaient joindre un groupe.41 Bien que les résultats de l’évaluation n’aient pas fait apparaître de différence significative entre le niveau d’épargne des jeunes femmes qui avaient un compte d’épargne et participaient à un groupe et celles qui avaient seulement un compte d’épargne, l’évaluation a bien constaté que les jeunes femmes qui avaient un compte disposaient d’un capital social plus élevé et de réseaux sociaux plus solides, et sont plus susceptibles de faire l’objet d’un harcèlement ou d’une exploitation sexuelle.42

La pression sociale

Tandis que la structure de groupe et l’éducation financière aident à surmonter un grand nombre des obstacles à l’épargne des jeunes, les groupes de pairs peuvent aussi être utilisés pour promouvoir les comportements souhaités en s’attaquant à certains obstacles psychologiques. Pathak, Holmes et Zimmerman soulignent que la dynamique des

pairs peut aider les jeunes à surmonter le statu quo et la tendance à préférer une satisfaction immédiate à des récompenses à plus long terme (actualisation hyperbolique) grâce à l’effet de « la pression sociale exercée par les membres de la communauté ». Les approches d’épargne basées sur des groupes de jeunes disposent d’un mécanisme intégré d’engagement qui se sert de la pression sociale pour inciter les jeunes à épargner. À mesure que les participants s’engagent devant leurs pairs à respecter les règles du groupe, notamment à épargner chaque semaine, ils sont incités par les autres membres à respecter leurs objectifs d’épargne.

Les éléments obtenus par un ECR mené au Chili ont conclu que « les groupes d’auto-assistance de pairs sont beaucoup plus efficaces pour accroître l’épargne qu’une augmentation importante du taux d’intérêt.43 Dans l’étude, les participants prenaient part à des réunions hebdomadaires pendant lesquelles ils annonçaient volontairement leurs progrès en vue de leurs objectifs d’épargne, en montrant un reçu de dépôt au groupe. Même si les auteurs n’ont pas examiné en détail les facteurs psychologiques sous-jacents en jeu, l’étude laisse entendre que la dynamique du groupe de pairs a créé un mécanisme d’engagement qui a amené les participants à épargner plus que ce qu’ils auraient fait s’ils n’avaient pas participé au groupe.

Il est largement reconnu que la sensibilité à l’influence des pairs augmente pendant l’adolescence.44 Bien que la pression sociale chez les jeunes s’accompagne souvent de connotations négatives, comme l’activité de gangs ou des comportements à risque, de solides relations sociales positives, en particulier lorsqu’elles sont correctement soutenues et guidées, peuvent être très importantes pour le développement de comportements positifs des jeunes en termes de résultats scolaires et de bien-être.45 Par exemple, comme les groupes d’épargne de jeunes décident

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collectivement des montants à épargner, et comme les jeunes peuvent quitter le groupe à tout moment, la pression des pairs qui s’exerce ne devrait pas avoir d’impact négatif. Si les jeunes ne peuvent pas apporter leur épargne au cours d’une semaine donnée, ils reçoivent une amende, dont le montant fait aussi l’objet d’un accord collectif. Les jeunes au Mali qui participent à des groupes d’épargne disent qu’ils sont soutenus et encouragés à participer aux groupes par leurs parents, qui les aident souvent à respecter leur engagement d’épargne hebdomadaire. Comme la pression des pairs est combinée à un soutien des parents dans les approches d’épargne de groupe pour les adolescents, il se pourrait qu’elle joue un rôle encore plus important et durable que pour les autres populations.

Les données présentées ici et résumées dans le Tableau 1 indiquent que les approches de groupes permettent de surmonter un grand nombre des obstacles auxquels sont confrontés les jeunes pauvres pour accéder à des services d’épargne et épargner.

Tableau 4. Comment les approches d’épargne de groupe contribuent à surmonter les obstacles à l’épargne des jeunes

Obstacle Opportunité offerte par l’épargne de groupe Montants d’épargne petits

et irréguliers

La structure de groupe qui consiste à avoir des réunions régulières consacrées à l’épargne motive les jeunes à épargner régulièrement et à accumuler des sommes plus importantes au fil du temps, ce qui crée une boucle de l’habitude d’épargne.

Limites concernant l’accès physique à des lieux sûrs

En milieu rural, les groupes d’épargne des jeunes offrent un mécanisme financier sûr qui ne serait autrement pas accessible.

Dans le contexte des écoles, les enseignants ou le personnel d’institutions financières peuvent recevoir les dépôts à l’école, ce qui élimine les limites d’accès physique.

Conditions pour l’ouverture de comptes d’épargne

Avec la structure de groupe, seuls quelques jeunes doivent fournir des documents d’identification pour répondre aux conditions d’ouverture de comptes d’épargne formels.

Les jeunes peuvent collectivement rassembler le montant de dépôt minimum et les frais pour l’ouverture du compte, alors qu’ils auraient eu du mal à rassembler ces sommes individuellement.

Biais psychologiques

Statu quo Le capital social et la pression sociale incitent les jeunes à épargner chaque semaine pour réaliser leurs objectifs d’épargne.

Biais de disponibilité Les réunions régulières servent de rappel et de mécanisme d’engagement pour inciter les jeunes qui vivent dans la pauvreté à épargner.

Actualisation hyperbolique Les jeunes reçoivent des récompenses immédiates quand ils voient que leur épargne augmente et qu’ils accèdent à des prêts.

Comportements financiers inadéquats

L’éducation financière renforce les connaissances et compétences nécessaires pour prendre de bonnes décisions de gestion de l’argent et établir des objectifs d’épargne.

Le mécanisme de groupe bloque les fonds pendant une période, ce qui empêche les membres d’utiliser leur épargne pour des dépenses inutiles.

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Limites et opportunités

Quelques questions fondées restent sans réponse concernant les approches d’épargne de groupe, et certaines limites claires qui doivent faire l’objet d’une réflexion supplémentaire. Toutefois, étant donné les progrès technologiques et dans le domaine des services financiers pour les jeunes, on observe que des opportunités significatives émergent aussi actuellement.

Les jeunes sont très mobiles. Que se passe-t-il quand un jeune décide de quitter le groupe ?

Dans les pays d’Afrique occidentale où l’émigration est très courante chez les jeunes, en particulier les hommes, c’est une possibilité réelle. Dans les groupes d’épargne de jeunes au Mali, les frères et sœurs se remplacent dans les groupes, mais cela a eu lieu dans un village, où tout le monde se connaît très bien et tous interviennent souvent pour s’entraider en cas de besoin. Comme les Groupes d’épargne de jeunes sont toujours en cours d’évaluation, on ne sait pas très bien combien de temps ils pourront continuer à fonctionner en tant que groupe en cas de départs multiples. Comme l’a fait remarquer Pathak, il est possible que la boucle de l’habitude soit rompue si l’on retire le signal ou la récompense ; il y a donc une incertitude sur la poursuite de l’épargne par les jeunes qui participent aux Groupes d’épargne si leurs groupes arrêtent de se réunir.46

Toutefois, les données collectées auprès de Groupes d’épargne d’adultes au Mali indiquent que 95 % des groupes observés sur une période de six ans continuent de se réunir, d’épargner et d’emprunter.47 On peut s’attendre à une tendance similaire avec les Groupes d’épargne de jeunes, même si un nombre potentiellement inférieur de groupes continuera si de nombreux membres s’en vont. D’autre part, les groupes d’épargne se sont avérés assez fluides et ont évolué au fil du temps, par exemple quand des membres d’un groupe rejoignent un nouveau groupe lorsqu’ils déménagent ou quand un nouveau groupe est créé plus près de leur domicile.48 On pourra peut-être voir des jeunes répliquer des groupes à mesure qu’ils deviennent plus mobiles et font la transition vers d’autres phases de leurs vies.

Avec les comptes d’épargne de groupes formels, la procédure pour un membre qui quitte le groupe est clairement stipulée par l’institution financière et les membres du groupe eux-mêmes. Toutefois, le départ de membres pourrait déstabiliser la dynamique et la cohésion du groupe. En outre, les jeunes participants qui vivent dans les zones urbaines et n’ont pas encore fondé de familles peuvent être plus mobiles, avoir moins de liens sociaux avec un groupe particulier de jeunes, et leurs besoins financiers peuvent être différents, cela peut aboutir à un manque de cohésion sociale et potentiellement à moins de comportements d’épargne positifs.

L’épargne basée sur les groupes pour les jeunes qui vivent dans la pauvreté peut-elle répondre à tous leurs besoins financiers ?

Comme l’a confirmé Portfolios of the Poor, les pauvres utilisent toutes sortes d’instruments financiers (comme le font les gens plus aisés), et il est donc improbable qu’une institution financière ou qu’un programme parvienne à répondre à tous les besoins financiers des jeunes pauvres.49 Les groupes d’épargne offrent des services d’épargne et de crédit d’une manière pratique, souple, fiable et structurée. Même si les groupes d’épargne de jeunes à base communautaire peuvent répondre à un grand nombre des besoins financiers des jeunes vivant dans les zones rurales, ils ne bénéficient pas directement d’une relation avec une institution financière à partir de laquelle

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ils pourraient à terme accéder à d’autres produits et services financiers. Toutefois, les comptes d’épargne de groupe peuvent répondre à ces besoins pour les jeunes qui vivent dans des zones urbaines ou s’y installent. Il est également possible pour les groupes d’épargne de jeunes de créer des liens avec des institutions financières, en particulier grâce à l’amélioration de l’accès aux services bancaires à distance et de mobile banking.

Un besoin financier dont les jeunesqui vivent dans la pauvreté peuvent être confrontés est d’accéder à leur épargne en cas d’urgence. Un inconvénient potentiel de l’épargne de groupe par rapport à un compte formel est que l’épargne individuelle d’un membre du groupe est difficilement accessible en cas d’urgence ; cette situation nécessiterait de passer un accord avec le Comité de gestion et un accès à l’institution financière pour effectuer un retrait. En outre, il est possible que seuls les deux à trois jeunes chargés de gérer le compte au nom du groupe acquièrent les compétences nécessaires pour faire des opérations auprès d’une institution financière, ce qui limite la possibilité de renforcer les capacités de tous les membres du groupe.

N’y a-t-il des risques avec l’approche de groupe ?

Même si un groupe correctement structuré et supervisé dispose de nombreux mécanismes régulateurs pour protéger l’épargne des jeunes, il faut prendre en compte de nombreux autres risques.

Quand l’épargne est collectée dans les écoles, il y a le risque encouru par le personnel de l’institution financière ou même les enseignants facilitateurs pendant le transport des fonds entre l’école et l’institution financière. En Équateur, le personnel de la coopérative partenaire de l’initiative AIM Youth est assuré pour ce genre de situation, mais il reste quand même un risque de perte ou de vol. Les jeunes sont également confrontés à des risques quand ils apportent l’argent liquide à l’école, à une réunion de groupe ou à une institution financière car ils ne peuvent pas être couverts par une assurance.

Il y a aussi un risque de fraude par des intermédiaires peu scrupuleux qui collectent l’épargne sur le terrain. Toutefois ce risque peut être réduit par les contrôles permis par la technologie, comme c’est le cas avec l’utilisation des smartphones en

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Équateur, à la fois pour les jeunes (qui reçoivent un reçu au moment de leur dépôt à l’aide d’une mini-imprimante portable) et pour l’institution (qui enregistre le dépôt d’épargne dans son système au moment du dépôt via le smartphone). Dans un cadre de compte d’épargne de groupe, même si les jeunes se connaissent tous et que plusieurs signataires sont nécessaires pour accéder au compte, deux titulaires de comptes pourraient commettre une fraude en effectuant un retrait de fonds non approuvé par l’ensemble du groupe. Les groupes supervisés par le personnel de terrain pourraient éviter ce risque en s’assurant que le personnel tient à jour un système d’enregistrement des transactions du compte. Mais l’utilisation de ce type d’approche pourrait s’avérer coûteuse à long terme.

Bien que l’influence des pairs, une fois canalisée correctement, puisse aboutir à la promotion de comportements positifs, il est possible que la pression des pairs entraîne des comportements négatifs et à risque. Par exemple, il y a un risque que les jeunes, en particulier les filles adolescentes, se livrent à des comportements sexuels à risque si elles sentent une pression pour tenir leurs engagements d’épargne.50 Des outils d’évaluation appropriés doivent être en place pour surveiller ces risques et des mesures de protection adéquates doivent être mises en place pour les prévenir. Il est important de renforcer les capacités du personnel de terrain pour permettre un transfert efficace de nouvelles connaissances, soutenir le groupe et lui permettre d’améliorer son capital social et s’assurer que les jeunes participant sont protégés contre les effets potentiellement négatifs de la pression sociale.

Les approches basées sur les approches de groupe fonctionnent-elles mieux pour certains jeunes que pour d’autres ?

Les approches de groupe fonctionnent idéalement lorsque les jeunes ont plus de liens sociaux et que leurs besoins financiers sont similaires, ce qui est souvent le cas pour les jeunes moins âgés ou ceux qui sont mariés et ont fondé des familles. Par exemple, les approches de groupe fonctionnent bien dans les villages et les écoles parce que les jeunes ont beaucoup de liens sociaux grâce aux activités du village et de l’école, et en sont à des stades très similaires dans leurs vies au niveau financier, ce qui aboutit à des besoins financiers comparables. Les groupes qui sont composés à la fois de jeunes filles et de jeunes garçons et qui encouragent la participation féminine au comité de gestion peuvent encourager les jeunes filles à assumer des postes à responsabilité. C’est le cas des groupes d’épargne de jeunes mis en place par Plan International. Mais les groupes mixtes ont aussi besoin de systèmes de surveillance adaptés pour s’assurer que les jeunes filles ne sont pas dominées par les jeunes garçons du groupe.

En outre, les services financiers institutionnels, tels que les comptes d’épargne de groupe, peuvent ne pas répondre de façon équitable aux besoins des garçons et des filles, en particulier dans les zones urbaines. Bien qu’il existe plus de filles que de garçons dans les groupes d’épargne à base communautaire de jeunes des zones rurales au Mali, il y a un pourcentage significativement plus élevé de garçons (83 %) titulaires de comptes d’épargne de groupe offerts par Nyèsigiso, l’un des réseaux de coopératives d’épargne et de crédit au Mali. D’après les discussions avec le personnel de la coopérative d’épargne et de crédit, ceci pourrait venir de la stratégie d’information sur le projet, car il est plus facile de trouver et d’encourager les jeunes à rejoindre un compte d’épargne de groupe dans les centres de formation professionnelle (par ex. menuiserie), où l’on trouve généralement plus de jeunes hommes que de jeunes femmes.

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Dans les groupes mixtes, il y a aussi le risque que les groupes pourraient être dominés par les jeunes garçons , entraînant la marginalisation des jeunes filles . Les données sur les groupes d’épargne de jeunes mixtes et une évaluation interne des activités d’AIM Youth à la fois en Équateur et au Mali n’ont révélé aucun impact négatif lié à la présence à la fois d’hommes et de femmes dans les groupes. C’est peut-être dû en partie au fait que les groupes d’épargne de jeunes sont soutenus par une femme adulte au Mali, et à la l’offre des services par le biais des écoles en Équateur. Cependant, il est nécessaire de mener une étude plus systématique sur les effets des groupes mixtes sur les jeunes filles participantes.

Quel rôle la technologie peut-elle jouer ?

En raison de l’évolution des besoins des jeunes, il est important de réfléchir à la manière de renforcer leurs capacités financières pour leur permettre d’utiliser une large gamme de services financiers, parmi lesquels les institutions financières , pour répondre à la diversité de leurs besoins pour faire la transition entre différentes étapes de leurs vies. Des services bancaires mobiles adaptés peuvent aider à répondre à l’évolution des besoins des jeunes et les aider à rester en lien avec un service financier même en cas de déménagement. En outre, comme cela a été mentionné plus haut, il est essentiel de renforcer les capacités financières de tous les jeunes membres du groupe, et pas seulement ceux qui gèrent le compte au nom de tous les membres du groupe. La mise en place de partenariats entre opérateurs mobiles, prestataires de services financiers et organisations qui offrent des services pour les jeunes peut aider à apporter des services financiers adaptés aux populations de jeunes mal desservies.

Bien que les services bancaires mobiles ne soient actuellement qu’un secteur émergent, une récente étude de marché menée au Bénin et au Burkina Faso indique que 44,6 % des 139 jeunes qui ont été interrogés possèdent un téléphone portable, et que 35,2 % n’en possèdent pas mais ont accès à un téléphone portable.51 Compte tenu du rythme rapide des avancées technologiques, ces pourcentages pourraient augmenter considérablement au cours des prochaines années, et offrir ainsi une opportunité significative aux institutions financières de tirer profit de ces technologies et d’accroître l’accès des jeunes aux services financiers. Un autre aspect prometteur de la technologie est la messagerie texte (SMS), dont il a été montré qu’elle a un effet similaire à celui de la pression des pairs.52 Pour les jeunes qui émigrent, la réception de SMS qui soutiennent leurs objectifs d’épargne clés, associée à un accès à des services bancaires mobiles, est susceptible de transformer complètement les services financiers pour les jeunes. Il est nécessaire d’envisager des approches créatives pour créer des liens entre groupes de jeunes (mineurs ainsi que jeunes âgés de 18 ans), et les services bancaires mobiles, pour aider à surmonter les obstacles liés à l’âge comme nous l’avons vu avec le compte d’épargne de groupes de Nyèsigiso.

Conclusions

Nous avons supposé que les approches d’épargne basées sur les groupes peuvent catalyser des comportements d’épargne positifs qui se poursuivent à l’âge adulte. Des études longitudinales supplémentaires doivent être menées sur les services d’épargne pour les jeunes, car ces approches sont relativement récentes et les données probantes sur l’impact à long terme et la durabilité sont limitées. Toutefois, les conclusions de Freedom from Hunger ainsi que les données collectées par d’autres organisations indiquent que les groupes d’épargne sont une approche très prometteuse pour renforcer les capacités financières des jeunes, en particulier ceux qui sont économiquement vulnérables et ont accès à des ressources limitées. Les approches fondées sur les groupes s’appuient sur la

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