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Nicolas de Crécy NEW YORK-SUR-LOIRE

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Nicolas de Crécy

NEW YORK - SUR - LOIRE

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Nicolas de Crécy

NEW YORK - SUR - LOIRE

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Bien que son nom sonne à l’oreille comme une évidence, New York- sur-Loire n’est pas identifi able sur une carte. Inutile de chercher du côté de la Loire ou au-delà de l’Atlantique, ce serait une errance infructueuse. En revanche, une piste est possible là où l’eau douce se mélange au sel de l’océan, même si ces zones sont nombreuses sur la planète et diffi ciles à défi nir sans instruments appropriés.

La particularité de cette métropole mythique réside dans son absence d’existence géographique, paradoxe étonnant au vu de son rayonnement culturel. Mystère géopolitique

donc, et mystère de taille : plusieurs milliers de kilomètres carrés selon les estimations, jusqu’à 4 000 mètres d’altitude selon les experts, l’équivalent de la surface et de la hauteur des Alpes.

Les images présentées dans cet ouvrage sont issues du voyage de notre envoyé spécial qui, mal à l’aise avec les aléas de l’aéronautique, s’est résolu à atteindre New York-sur-Loire sans sortir de son atelier, par une suite de

siestes profondes, de rêves documentés retranscrits de manière picturale. De fait, ce reportage pourra paraître aussi fl ou que son objet, mais il faut savoir qu’il y a autant d’interprétations que de visiteurs et que ces représentations ne sont qu’un fragment des possibles.

Le défaut géographique n’empêche pas les suppositions historiques.

C’est pourquoi nous allons, en guise d’introduction, relater la version la plus communément admise, qui s’est imposée par la voix d’une équipe réunissant historiens, éthologues, architectes et dormeurs invétérés, voire invertébrés pour ceux qui ont abusé des notions abstraites.

Il y a de cela cinq siècles, Orange-Nassau, prince des Pays-Bas, s’inquiétait que ses terres se trouvent pour l’essentiel en dessous du niveau de la mer. Il supportait mal que ses voisins le regardent de haut et tremblait au moment des fortes marées à l’idée de voir les digues se rompre pour engloutir son royaume. Il fi t construire une fl otte impressionnante en prévision de cette catastrophe éventuelle, une armée de vaisseaux et de galiotes qui, au moment voulu, viendraient actualiser le principe de l’arche de Noé. Bernard d’Orange, le dauphin, arrivé jeune au pouvoir, s’indigna du sort de cette fl otte pourrissant à quai. À la mort de son père, il s’engagea dans un programme de découverte des océans et des terres fertiles.

Il envoya sa fl otte vers le Brésil pour y ouvrir des comptoirs et y couper des têtes.

L’une de ces frégates, conduite par Peter Minuit, se perdit dans la brume bien avant le Brésil. Deux semaines de déroute et d’angoisse, de silence terrible entrecoupé de plaintes langoureuses qui venaient aliéner les esprits. Certains devinrent fous, d’autres sévèrement myopes, d’autres encore se convertirent à des religions douteuses. Au matin de la troisième semaine, une imposante falaise de granit rose leur apparut : comme un iceberg minéralisé, une montagne escarpée qui plongeait ses fl ancs dans l’océan. New York-sur-Loire était née.

Cette montagne était une île. Des phoques y pratiquaient le ski ventral pour amerrir gueule ouverte dans une eau poissonneuse. Ils se présentaient comme des interlocuteurs privilégiés, étant les seuls résidents du lieu dotés de bras pour recevoir les off randes.

NEW YORK-SUR-LOIRE

Précis géographique, historique et architectural

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- 4 - Peter Minuit leur proposa de racheter leur terre pour 60 fl orins, équivalant à 25 dollars actuels. Contre toute attente, les phoques acceptèrent, ils n’avaient jamais vu de pièces d’or et la douceur de leur caractère ne leur permettait pas de refuser.

Peter Minuit baptisa sa nouvelle acquisition du nom de ceux qu’il avait fl oués, les phoques Manhattan, se proclama gouverneur et, avec l’aide de sa fi ne équipe d’éclopés, ouvrit un comptoir. En explorant les richesses potentielles des lieux, ils découvrirent de la nourriture sur pattes, une sorte de grand poulet naïf qu’ils surnommèrent le dodo.

Les bases alimentaires étaient jetées, les fondations prenaient forme.

L’esprit acéré du nouveau gouverneur lui permit de mettre au point un mode de construction original, qui allait révolution- ner les principes de l’architecture inter- nationale : l’île regorgeait de reliefs, de pics et de dômes rocheux. L’évidence était là, devant lui ; les constructions préexistaient, il suffi sait de les affi ner, de les sculpter, de les évider. Et de s’y installer. Ainsi naquit l’idée du gratte-ciel tel que nous le connaissons aujourd’hui, au détail près que fondations et armatures métalliques étaient inutiles, la

matière brute des montagnes en faisant offi ce. Il est intéressant de noter que Monsieur Minuit père était équarrisseur de bœufs : il taillait dans les chairs sous l’œil fasciné de son fi ls. De là vient sans doute la passion de ce dernier pour l’évidement, qu’il pratiquait avec bonheur sur les dodos autant que sur les reliefs. Aidé de chiens aux crocs effi lés et d’otaries en gants de métal, il s’inspira, pour son premier building, des formes élégantes du palais Garignano de Turin. Le résultat trahissait les faiblesses d’une première réalisation, maladroite et grossière, mais empreinte de cet optimisme naïf qui caractérise les grandes avancées

humaines. S’ensuivirent quelques ouvrages remarquables par leurs qualités techniques mais qui, malheureusement, restèrent inhabités par défaut de population. En eff et, les femmes manquaient pour renouveler les générations et c’est par ce déséquilibre que la langue néerlandaise périclita. La descendance des premiers marins se fi t par accouplement avec la faune de l’île, donnant pour résultat des êtres étranges et sympathiques, mais peu nombreux.

Peter Minuit mourut avec le titre de prince de New Amsterdam, entouré de ses petits-enfants, mi-phoques mi-porcelets des monta- gnes, peu de temps avant que vienne s’échouer, par hasard, une

troupe d’Anglais solides accompagnés d’une armada de prostituées. L’aff rontement fut défavorable à la petite communauté qui dut se soumettre à l’envahisseur.

Un nouvel essor sous tutelle Anglaise

Les Anglais s’installèrent en optimisant les principes que Peter Minuit avait mis en place. L’abattoir à dodos devint une véritable institution, pensée à grande échelle autour de l’élevage du cheptel autant que de l’abattage et du conditionnement de la viande. La démographie galopante de la population se mesurait au nombre de dodos consommés.

Des émigrants (naufragés arrivés au hasard des courants marins) vinrent grossir les rangs des habitants de l’île, rebaptisée New York en hommage au duc que les Anglais chérissaient, sur Loire en référence aux chefs-d’œuvre qui longent le fameux fl euve. Pour exemple, le Anderson Meet Building, l’une des constructions les plus marquantes de la nouvelle capitale, fut inspiré par la folie Renaissance de Chambord (notamment par son escalier à double révolution, projeté

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La présente édition est une version revue et augmentée de l’édition originale de New York-sur-Loire, parue en 2005.

Une quarantaine de dessins y ont été rajoutés.

Ces nouveaux dessins ont fait l’objet d’une exposition chez Artcurial, à Paris, à l’automne 2013.

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