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Le paradoxe de la productivité

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HAL Id: halshs-00918037

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Submitted on 12 Dec 2013

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Le paradoxe de la productivité

Nathalie Greenan, Yannick l’Horty

To cite this version:

Nathalie Greenan, Yannick l’Horty. Le paradoxe de la productivité. Travail et Emploi, DARES, 2002,

pp.31-42. �halshs-00918037�

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Le paradoxe de la productivite´

Nathalie Greenan (*) et Yannick L’Horty (**)

« On peut voir les ordinateurs partout sauf dans les statistiques de productivite´ » e´crivait Robert Solow en juillet 1987 dans un article du New York Times (1).

Avec ce simple constat, le prix Nobel d’e´conomie donnait naissance au paradoxe de la productivite´ qui a suscite´ depuis quinze ans d’innombrables travaux e´conomiques applique´s aux Etats-Unis comme en Europe. Le paradoxe peut se de´cliner dans plusieurs dimensions :

— d’un point de vue historique, tout d’abord, les gains de productivite´ (2) ont ralenti dans la plupart des pays industrialise´s au milieu des anne´es soixante-dix et sont demeure´s a` des niveaux faibles par la suite alors que les technologies de l’information et des communications (TIC) se diffusaient de plus en plus ;

— d’un point de vue spatial, ensuite, les pays qui sont les premiers producteurs des TIC ne sont pas ceux ou` les niveaux de productivite´ et de croissance sont toujours les plus e´leve´s : si les Etats-Unis ont connu une croissance tre`s forte dans la seconde moi- tie´ des anne´es quatre-vingt-dix, ce n’est pas le cas du Japon qui traverse une re´cession profonde ;

— d’un point de vue sectoriel, enfin, les secteurs d’activite´ ou` ces technologies sont les plus utilise´es, tels les services aux entreprises qui ont un recours massif a` la bureautique, ont, dans la plupart des pays, des gains de productivite´ plus faibles que les autres secteurs.

Certes, les progre`s re´alise´s dans les technologies de l’information sont incontestables. Mais il y a loin de l’efficacite´ de la machine a` celle de l’utilisateur.

De meˆme, il y a loin des progre`s re´alise´s dans les secteurs qui produisent ces technologies a` ceux ob- serve´s dans les secteurs qui les utilisent. Or ces der- niers sont ne´cessaires pour constater un impact signi- ficatif sur la productivite´ au niveau d’une e´conomie toute entie`re. En outre, l’ordinateur n’est pas seule- ment un facteur de production, c’est aussi un objet de consommation. La diffusion des technologies de l’in- formation et des communications constitue a` la fois un choc d’offre, comme celle de la dynamo ou du moteur a` explosion, et un choc de demande, comme celle de l’automobile. Les analyses du paradoxe de la productivite´ se focalisent sur l’ampleur du choc d’of- fre et ne´gligent l’aspect demande. Elles ne cherchent

donc pas a` e´valuer si le secteur producteur des TIC peut jouer un roˆle de moteur de la croissance compa- rable a` celui joue´ par certains secteurs industriels de biens d’e´quipement des me´nages comme l’automo- bile dans l’apre`s-guerre.

La question pose´e par ce paradoxe est celle de l’im- pact des nouvelles technologies de l’information et des communications sur l’ensemble des agre´gats e´co- nomiques. L’enjeu est de taille : si ces technologies n’ont pas d’effets sur la productivite´, elle ne peuvent the´oriquement pas en avoir sur la croissance, l’emploi ou les ine´galite´s. Le paradoxe de la productivite´ pose ainsi un redoutable de´fi aux tenants de la « nouvelle e´conomie », pour qui la diffusion des nouvelles tech- nologies aurait un effet positif sur la croissance et ne´- gatif sur l’inflation et le choˆmage structurel. Ce para- doxe met en doute e´galement la the`se du « biais tech- nologique », selon laquelle la diffusion des technolo- gies de l’information et des communications expliquerait la croissance des ine´galite´s salariales aux Etats-Unis et des ine´galite´s d’emploi en Europe. Si les nouvelles technologies n’ont pas d’effet sur la pro- ductivite´, par quels relais pourraient-elles en avoir sur la croissance et l’emploi ? Comment rendre compte autrement des performances exceptionnelles des Etats-Unis dans la deuxie`me moitie´ des anne´es qua- tre-vingt-dix ? Pourquoi tous ces effets seraient-ils aussi diffe´rents des deux coˆte´s de l’Atlantique ?

On ne peut qu’eˆtre impressionne´ par la diversite´

des re´ponses qui ont e´te´ apporte´es a` toutes ces ques- tions dans les quinze dernie`res anne´es. Pour expli- quer le paradoxe de la productivite´, on s’est tout d’abord interroge´ sur l’existence meˆme d’un effet des technologies de l’information et des communications sur la productivite´ des entreprises qui les utilisaient.

Puis, on a montre´ que les de´lais dans lesquels cet ef- fet pouvait se diffuser au niveau de l’ensemble d’une e´conomie devaient sans doute eˆtre tre`s longs. On a ensuite mis en question l’ampleur de la diffusion ef- fective des technologies de l’information et des com- munications. On a aussi montre´ qu’en re´alite´ l’im- pact e´tait d’ores et de´ja` bien re´el mais qu’il e´tait tre`s mal mesure´. On a finalement cru de´celer un effet im- portant sur la productivite´ agre´ge´e et l’on a tente´

d’expliquer ainsi les performances ame´ricaines de la

1. « You can see the computer age everywhere, but in the productivity statistics », New York Times Book Review.

2. On constate ce ralentissement des gains de productivite´ sur la plu-

part des indicateurs couramment utilise´s : indicateurs de productivite´

apparente du travail et du capital, mais aussi indicateurs de productivite´

totale des facteurs.

(*) Centre d’Etudes de l’Emploi, 29 Promenade Michel Simon, 93166 NOISY LE GRAND CEDEX. greenan@cee.enpc.fr.

(**) EPEE-Universite´ d’Evry-Val d’Essonne, 3 bd F. Mitterrand, 91025 EVRY CEDEX, lhorty@univ-evry.fr.

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deuxie`me moitie´ des anne´es quatre-vingt-dix, jus- qu’au retournement conjoncturel de 2001.

Au terme de toutes ces tentatives d’explication, aucune re´ponse n’est pleinement convaincante. Pour certains, la nouvelle e´conomie aurait e´limine´ le para- doxe. Pour d’autres, le paradoxe de la productivite´

reste entier, ou presque, d’autant plus qu’il se double d’un paradoxe des ine´galite´s. La diffusion des TIC est en effet tenue pour responsable du de´veloppement des ine´galite´s dans l’acce`s a` l’emploi et du choˆmage des travailleurs peu qualifie´s en Europe, ainsi que du de´veloppement des ine´galite´s de re´mune´rations aux Etats-Unis. Si les TIC sont sans effet sur le niveau global de l’emploi ou sur les gains agre´ge´s de pro- ductivite´, comment expliquer qu’elles en aient sur celui des travailleurs peu qualifie´s ? Apre`s avoir passe´ en revue chacune des re´ponses donne´es au pa- radoxe de la productivite´, nous aborderons celui des ine´galite´s (3).

« L es TIC n’augmentent pas du tout la productivite´ »

La premie`re re´ponse au paradoxe de la producti- vite´ est d’une extreˆme simplicite´ : on ne verra jamais l’impact de l’ordinateur sur la productivite´, car il est improductif. Le constat repose sur une accumulation d’anecdotes ou` l’on e´voque les bugs informatiques, les temps d’attente et de re´ponse, le couˆt des de´ve- loppements spe´cifiques et de l’administration des syste`mes, les couˆts de formation et d’apprentissage de l’environnement de travail, et e´galement l’usage prive´, voire ludique, des ordinateurs sur le terrain professionnel.

Cette re´ponse ne re´siste gue`re a` l’analyse. Les e´tu- des micro-e´conome´triques montrent en effet que les entreprises qui sont plus fortement utilisatrices de TIC que les autres ont des performances supe´rieures en terme de croissance, de productivite´ et de cre´a- tions d’emplois.

Deux e´tudes franc¸aises mene´es sur des e´chan- tillons d’entreprise des secteurs industriels et tertiai- res testent ainsi l’effet de diffe´rentes mesures des TIC sur la productivite´ au moyen de l’estimation de fonc- tions de production traditionnelles de type Cobb- Douglas. La premie`re e´tude utilise les informations en coupe d’enqueˆtes aupre`s des salarie´s sur l’utilisa- tion d’un ordinateur ou d’un terminal (Greenan, Mairesse, 2000). On y observe que les entreprises ayant un taux d’e´quipement informatique supe´rieur ont une productivite´ apparente du travail supe´rieure.

Lorsque l’on controˆle l’intensite´ capitalistique, l’effet du taux d’e´quipement est toujours positif et significa- tif, mais il est plus faible. L’usage plus intensif de l’informatique apparaıˆt en effet fortement corre´le´ a`

l’intensite´ capitalistique. Lorsque l’on tient compte de la qualite´ de la main-d’œuvre, l’effet positif de l’intensite´ de l’usage de l’informatique devient non significatif : selon cette mesure de la productivite´ to- tale des facteurs, l’informatique est un e´quipement qui n’apparaıˆt pas plus productif que les autres for- mes d’e´quipement. Il n’y aurait donc pas de sur- rendement (« d’excess return ») associe´ aux investis- sements en TIC.

D’autres tests ont e´te´ conduits a` partir de donne´es issues du Syste`me Unifie´ de Statistiques d’Entrepri- ses (SUSE) et de l’Enqueˆte sur la Structure des Em- plois (Bensaid, Greenan, Mairesse, 1997, 2001).

En coupe, les entreprises des secteurs industriels et tertiaires les plus intense´ment utilisatrices d’informa- tique be´ne´ficient d’un gain en termes de productivite´

totale des facteurs, mais ce re´sultat ne persiste pas dans la dimension temporelle.

Ces re´sultats obtenus en coupe concordent avec les re´sultat d’e´tudes conduites sur donne´es indivi- duelles d’entreprises ame´ricaines (Brynjolfsson et Hitt, 1995 ; Lichtenberg, 1995). Mais a` la diffe´- rence des e´tudes franc¸aises, ces auteurs concluent a`

l’existence d’un « excess return » associe´ a` l’usage des technologies de l’information et ils obtiennent des re´sultats qui persistent dans la dimension tempo- relle. Il est difficile pour autant d’en de´duire un usage plus efficient des technologies de l’information par les entreprises ame´ricaines compare´es aux entreprises franc¸aises. De nombreuses diffe´rences de me´thode subsistent dans ces travaux. Notamment, les e´tudes franc¸aises sont re´alise´s sur de grands e´chantillons d’entreprises se´lectionne´es de manie`re ale´atoire. Les e´chantillons ame´ricains sont plus petits et sont sur- tout compose´s de grandes entreprises ayant re´pondu aux enqueˆtes selon un principe de volontariat. Les bases de donne´es franc¸aises sont aussi plus riches en variables de controˆles, notamment concernant la qua- lite´ de la main-d’œuvre.

Quoi qu’il en soit, en France, comme aux Etats- Unis, l’effet obtenu en coupe est robuste. Il n’y a donc pas de paradoxe de la productivite´ au niveau de la firme au sens ou` l’on mesure un effet de l’usage des TIC sur la productivite´.

Le proble`me est celui de la diffusion des gains de productivite´ a` l’e´conomie toute entie`re. Les e´tudes sur donne´es sectorielles ou macro-e´conomiques

3. Cet article s’appuie sur les re´sultats de travaux publie´s dans le cadre d’un ouvrage collectif (Greenan, L’Horty etMairesse(Dir.), 2002), sur un article de synthe`se sur le meˆme the`me (Greenan, L’Horty, 2000) ainsi que sur le rapport « Technologies de l’information et de la

communication, productivite´ et emploi : deux paradoxes », (Greenan, 1999) re´alise´ dans le cadre du groupe de travail « Technologies de l’in- formation, organisation et performances e´conomiques » pre´side´ par AlainRalletet EricBrousseau(Brousseauet Rallet(Dir.), 1999).

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contrairement aux approches micro-e´conomiques, concluent en ge´ne´ral a` l’absence d’effet des TIC sur la productivite´, et mettent parfois en e´vidence un ef- fet ne´gatif (Greenan, Mangematin, 1999). Il se peut que les entreprises de´ja` plus performantes aient investi davantage que les autres en TIC, ge´ne´rant un biais d’endoge´ne´ite´ dans les e´tudes en coupe sur don- ne´es individuelles. Il est possible e´galement que les gains de productivite´ des uns se fassent au de´triment des autres. Dans tous les cas, le contraste entre les e´tudes micro-e´conomiques et macro-e´conomiques ne pose qu’avec plus d’acuite´ la question du paradoxe de la productivite´.

« L es TIC mettent beaucoup de temps avant d’augmenter la productivite´ »

Une deuxie`me re´ponse au paradoxe de la produc- tivite´ permet de concilier les re´sultats des e´tudes mi- cro-e´conomiques et macro-e´conomiques. Elle est d’ailleurs nettement plus optimiste : on ne voit pas encore les effets de l’ordinateur sur la productivite´, car ils mettent beaucoup de temps pour se manifester.

L’ide´e s’appuie sur un travail d’e´conomie historique qui a eu un grand succe`s aux Etats-Unis (P. David, 1990). Cet auteur met en avant les de´lais importants qui ont e´te´ ne´cessaires pour que l’apparition de la dy- namo et plus ge´ne´ralement des progre`s re´alise´s avec le de´veloppement de l’e´nergie e´lectrique se transfor- ment en gains de productivite´. Il aurait fallu pre`s d’une quinzaine d’anne´e pour que ces innovations technologiques se traduisent par un infle´chissement durable du rythme de la productivite´ au niveau macro-e´conomique. Les re´sultats de cette e´tude ont e´te´ accueillis comme une sorte de loi du progre`s technique. Il est vrai que si le progre`s technique in- corpore´ aux e´quipements informatiques a effective- ment augmente´ tre`s rapidement, les innovations asso- cie´es aux usages de ces e´quipements progressent beaucoup plus lentement : la miniaturisation a aug- mente´ les ressources informatiques, mais les logiciels sont de plus en plus gourmands ; les capacite´s des or- dinateurs et des logiciels sont sous-exploite´es par les utilisateurs dont le rythme de formation ne suit pas le rythme de renouvellement des produits ; on com- mence tout juste a` percevoir comment le « multime´- dia » peut re´volutionner les circuits de distribution des biens culturels... D’autre part, si l’usage efficace de l’informatique se fait dans la dure´e, ce sont les e´quipements les plus re´cents qui sont les plus perfor- mants.

Il faudrait donc attendre pour voir s’invalider le paradoxe de Solow. L’attente peut paraıˆtre longue lorsque l’on prend en compte le fait que les premie`- res ge´ne´rations d’ordinateurs sont apparus mainte- nant il y a une cinquantaine d’anne´es. Il est vrai ce- pendant qu’il y a loin des progre`s des machines, qui

se font a` un rythme exponentiel selon la loi de Moore, et ceux des utilisateurs, qui sont les seuls a`

avoir un re´el impact sur la productivite´ au niveau d’une entreprise, d’un secteur ou d’une e´conomie toute entie`re. Les progre`s re´alise´s dans l’usage des TIC ne sont pas aussi spectaculaires que ceux des technologies elles-meˆmes ; ils sont beaucoup plus lents et plus complexes. Il n’est pas question de nier les progre`s technologiques, mais d’insister sur la dif- fe´rence entre ce type de progre`s et ceux re´alise´s par les utilisateurs.

« O n ne voit pas les ordinateurs partout »

Une troisie`me explication donne´e au paradoxe de Solowre´side dans la faible diffusion des TIC : on ne voit pas les ordinateurs partout. La part des e´quipe- ments informatiques dans l’ensemble du capital pro- ductif est encore trop faible pour contribuer signifi- cativement a` la productivite´ ou a` la croissance au niveau agre´ge´. Conforme´ment aux the´ories ne´o- classiques de la croissance, la contribution d’un fac- teur est en effet donne´e par le produit de son taux de croissance par sa part dans le revenu total. Les TIC ont un taux de croissance tre`s e´leve´, mais une part dans le produit national encore trop faible pour avoir un impact agre´ge´ important. A la suite des travaux de Stephen Oliner et Daniel Sichel (Oliner et Si- chel, 1994, 2000 ; Sichel, 1997,) re´sume´s dans l’encadre´ 1 (cf. p. 34), de nombreuses e´tudes ont eu recours a` ce type de me´thodologie pour mesurer l’impact des TIC sur la croissance aux Etats-Unis, mais aussi en France et dans d’autres pays de l’OCDE.

Sur donne´es ame´ricaines, les re´sultats des e´tudes les plus re´centes sont re´sume´s dans le tableau 1 (cf.

p. 34). Elles remettent en cause les premiers re´sultats de StephenOlineret DanielSichelqui concluaient a` un impact tre`s faible des TIC sur la croissance.

Globalement, les contributions n’apparaissent pas ne´- gligeables et elles augmentent au cours du temps (el- les sont multiplie´es par 2,5 dans les quatre e´tudes en- tre la premie`re et la seconde moitie´ de la de´cennie).

Elles expliquent entre un dixie`me et un cinquie`me de la croissance ame´ricaine dans la deuxie`me partie du cycle des anne´es quatre-vingt-dix et entre un quart et un tiers environ de l’acce´le´ration de la croissance en- tre les deux moitie´s de la de´cennie.

La contribution est cependant beaucoup plus faible dans le cas de la France (tableau 2, p. 34). Pour Mai- resse, Cette et Kocoglu (2000), malgre´ une forte croissance annuelle moyenne du stock de capital en technologie de l’information et des communications, de l’ordre de 30 % depuis 30 ans, la contribution a` la croissance est de moins de 0,2 points de PIB chaque anne´e dans la de´cennie quatre-vingt-dix. Avec une

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me´thodologie un peu diffe´rente, Gilleset L’Horty (2001) trouvent une contribution encore plus faible, de moins de 0,1 point de PIB dans les anne´es quatre- vingt-dix. Toutefois, comme aux Etats-Unis, cette contribution augmente entre les deux moitie´s du cycle.

Ces re´sultats suscitent une nouvelle interrogation : comment expliquer de tels e´carts entre les Etats-Unis et la France, ou plus ge´ne´ralement l’Europe ? Une premie`re re´ponse re´side dans la diffusion des TIC qui serait beaucoup plus forte aux Etats-Unis. C’est la the`se du retard franc¸ais, et plus ge´ne´ralement euro- pe´en, en matie`re de diffusion de ces technologies.

Encadre´ 1

Contributions des TIC a` la croissance : l’approche de OLINER et SICHEL

Selon les calculs de Stephen OLINERet Daniel SICHEL(1994), entre 1987 et 1993, le stock d’ordinateurs en volume a cru de 17,2 % par an. Cette croissance du stock re´el re´sulte d’une hausse annuelle du stock no- minal de 3,7 % et d’une baisse annuelle forte et re´gulie`re du prix des ordinateurs (1), e´value´e a` 13,5 % . Quant a` la part de revenu ge´ne´re´e par les ordinateurs, elle s’e´le`ve, en moyenne sur la pe´riode, a` 0,9 % . Cette part est obtenue en faisant l’hypothe`se que le rendement net d’un ordinateur est e´quivalent a` celui de n’importe quel autre e´quipement, soit 12 % . Par ailleurs, le taux de de´pre´ciation des e´quipements informa- tiques est particulie`rement e´leve´ car ces technologies se renouvellent tre`s rapidement. Si on suppose que les ordinateurs s’amortissent en quatre ans, le taux de de´pre´ciation s’e´le`ve a` 25 % . Pour qu’il soit rentable d’acheter un ordinateur, son rendement brut doit donc au moins atteindre 37 % . Il faut multiplier ce rende- ment par la part du revenu ge´ne´re´ par les ordinateurs. Or comme le capital informatique repre´sente un peu moins de 2 % du stock nominal d’e´quipements productifs, sa part dans le produit est infime. De`s lors, la con- tribution des ordinateurs a` la croissance du secteur marchand s’e´le`ve a` 0,15 points de pourcentage (0,009 x 17,2) pour une croissance totale s’e´levant a` 2 % par an. Une de´finition plus e´tendue de l’informati- que, tenant compte des services et des logiciels, conduit e´galement a` une e´valuation tre`s modeste de l’im- pact de l’informatique sur la croissance, de l’ordre de 0,3 point de pourcentage en donne´es brutes et de la moitie´ en donne´es nettes. L’impact de l’informatique sur la croissance est donc borne´ par la petite place qu’elle occupe dans le capital productif et dans la main-d’œuvre. Pour obtenir un effet d’entraıˆnement con- se´quent sur la croissance par l’interme´diaire de la croissance du volume de capital informatique utilise´ dans l’e´conomie, il ne suffit pas que le stock d’e´quipements croisse a` un rythme rapide (par exemple 25 % plutoˆt que 17 % ), il faut aussi que l’informatique ge´ne`re un rendement net largement supe´rieur a` celui du marche´

(« excess return »). Un autre canal possible d’effet sur la croissance est celui de la productivite´ totale des facteurs. Dans ce cas, il faudrait que l’informatique ame´liore l’efficacite´ de l’ensemble des facteurs de pro- duction. Mais la part de la croissance non explique´e par la croissance du volume des facteurs ne connaıˆt pas l’e´volution a` la hausse qui viendrait corroborer cette hypothe`se. En fin de pe´riode, cependant, on a con- state´ une ame´lioration des gains de productivite´ globale des facteurs qui pourrait eˆtre la conse´quence atten- due de la diffusion des TIC.

1. L’e´volution des prix est ici mesure´e a` qualite´ constante graˆce a` un indice dit he´donique qui tient compte de l’e´volution d’un certain nombre de caracte´ristiques des e´quipements (me´moire, puissance etc.).

Tableau 1

Contribution des ordinateurs et e´ quipements pe´ riphe´ riques

a` la croissance ame´ ricaine

1991-1995 1996-1999 Taux de croissance

annuel du PIB*

2,7 4,8

Jorgenson et Stiroh(2000)

0,19 0,49

Oliner et Sichel (2000)

0,25 0,63

Whelan (2000) 0,33 0,82

Gilleset L’Horty (2001)

0,22 0,69

* secteurs marchands non agricoles.

Tableau 2

Contribution des mate´ riels de traitement de l’information a` la croissance franc¸ aise

1993-1995 1996-1999 Taux de croissance

annuel du PIB*

1,3 2,6

Mairesse,Cetteet Kocoglu(2000)**

0,09 0,13

Gilleset L’Horty (2001)

0,06 0,08

* secteurs marchands non agricoles.

** contributions des mate´riels informatiques sur les pe´riodes 1989-1995 et 1995-1999 et pour l’ensemble de l’e´conomie. Pour l’ensemble des TIC, les contributions sont respectivement de 0,16 et 0,27.

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Coˆte´ demande, il y a une diffe´rence encore impor- tante de diffusion des e´quipements domestiques entre la France et les Etats-Unis, meˆme si l’e´cart se re´duit.

Mais l’aspect demande n’est pas celui conside´re´ par ces calculs de contribution a` la croissance. Du coˆte´

de l’offre qui est le seul qui importe ici, les taux d’e´- quipement en mate´riel informatique ne sont gue`re diffe´rents des deux coˆte´s de l’Atlantique pour les e´quipements professionnels. La part des salarie´s qui de´clarent utiliser un ordinateur dans leur travail est aujourd’hui comparable en France et aux Etats-Unis (graphique 1). Ces constats ne paraissent gue`re com- patibles avec la the`se d’un retard franc¸ais dans la dif- fusion des TIC.

Une autre explication a` l’e´cart entre la France et les Etats-Unis doit donc eˆtre recherche´e. Elle pourrait re´sider dans un « biais de comparabilite´ » entre les statistiques ame´ricaines et europe´ennes (Lequiller, 2000). Les comptables nationaux europe´ens recen- sent fre´quemment les achats de logiciels en consom- mations interme´diaires, comme les comptables pri- ve´s, alors que les comptables nationaux ame´ricains les imputent syste´matiquement en investissement. Si les Ame´ricains appliquaient les conventions franc¸ai- ses, proches de celles du Royaume-Uni, des Pays- Bas ou de l’Italie, le niveau de l’investissement en logiciels serait divise´ par 2,5 aux Etats-Unis et la croissance du PIB s’en trouverait diminue´ de 0,2

point en 1998. En ajoutant la meˆme correction a` l’en- semble du mate´riel informatique, la baisse serait de 0,3 point. A l’inverse, si les comptables nationaux franc¸ais appliquaient la convention ame´ricaine, la croissance franc¸aise devrait eˆtre re´e´value´e de 0,3 point en 1998 (Lequiller, 2000). Ces e´carts de conventions comptables sont donc susceptibles d’ex- pliquer une part importante des diffe´rences dans la contribution des TIC a` la croissance des deux coˆte´s de l’Atlantique.

« O n mesure mal l’effet des TIC sur la productivite´ »

Ces proble`mes comptables fournissent d’ailleurs une autre re´ponse au paradoxe de la productivite´ : on mesure mal les effets de l’ordinateur sur la producti- vite´. Les TIC posent en effet de tre`s importants pro- ble`mes de mesures aux statisticiens et aux compta- bles nationaux. La principale difficulte´ re´side dans la mesure du partage volume / prix associe´e a` ces nou- velles technologies dont les prix ont ge´ne´ralement baisse´ de fac¸on inversement proportionnelle a` l’ame´- lioration de leurs performances. Si l’on sous-estime ces baisses de prix en tenant insuffisamment compte de l’ame´lioration de la qualite´ de ces e´quipements, on surestime l’inflation. On sous-estime alors la

Graphique 1

Utilisation de l’ordinateur au travail : le rattrapage franc¸ ais

Source des donne´es : US Census Bureau (usage d’un ordinateur au travail par les personnes aˆge´s de 18 ans et plus dans les secteurs prive´s en 1984, 1989, 1993 et 1997), enqueˆte Techniques et organisation du travail (utilisation d’un ordinateur au travail en 1987 et 1991), et enqueˆte condition de travail (donne´es comparables en 1993 et 1997), INSEE et DARES. Nous avons utilise´ une courbe de tendance pour rejoindre les observations.

20 25 30 35 40 45 50 55

1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998

Taux d'utilisation des ordinateurs sur le lieu de travail (%)

France Etats-Unis

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croissance en volume du produit agre´ge´ et il en est de meˆme des gains de productivite´. Aux Etats-Unis, une commission du Se´nat a ainsi publie´ en 1996 un rap- port affirmant que l’indice des prix a` la consomma- tion surestimait l’inflation de 1,1 % par an. Selon ce document, le fameux rapport Boskin, la moitie´ de cette surestimation (0,6 %) serait due a` une mauvaise prise en compte par l’indice de l’ame´lioration de la qualite´, c’est-a`-dire de l’introduction de nouveaux produits sur le marche´, et de l’ame´lioration des pro- duits existants (Boskin et alii, 1996).

En outre, ces proble`mes comptables faussent la comparaison internationale. Au-dela` du partage entre utilisation finale et interme´diaire des TIC, de´ja` e´vo- que´, les comptables ame´ricains utilisent beaucoup plus intensivement que les franc¸ais la me´thode he´do- nique pour calculer les indices de prix (Lequiller, 2000) ce qui les conduit a` relever des baisses de prix plus importantes et des croissances des volumes plus fortes e´galement. Le partage volume-prix est donc plus favorable aux volumes aux Etats-Unis qu’il ne l’est en France.

Il y a certainement ici une part de l’explication, ces proble`mes de mesure e´tant bien re´els ; il n’y a certainement pas toute l’explication puisque le para- doxe se de´cline en comparaison internationale, dans des pays dont l’appareil statistique est de qualite´ va- riable, ainsi qu’en comparaison historique, alors que l’on imagine mal que les erreurs de mesure augmen- tent avec un taux de croissance constant (Triplett, 2002). Ces proble`mes de mesure peuvent cependant expliquer les e´carts constate´s entre les re´sultats des e´tudes en coupe et sur donne´es temporelles. La prise en compte des e´volutions de prix est le proble`me central des e´tudes mene´es sur donne´es longitudinales issues de la Comptabilite´ Nationale alors que la sous-estimation des investissements en TIC affecte les donne´es individuelles d’entreprise utilise´es dans les e´tudes en coupe. Dans le second cas, la sous- estimation des inputs informatiques surestime leur effet sur la productivite´. Dans le premier cas, il est plus difficile de dire dans quel sens jouent les erreurs de mesure. Une e´tude re´alise´e sur donne´es sectoriel- les ame´ricaines concernant l’industrie manufacturie`re sur la pe´riode 1972-1987 (Sichel, 1997) cherche a`

controˆler l’effet de l’ame´lioration de la qualite´ des produits sur la mesure de la productivite´. Elle de´bou- che sur des re´sultats plus optimistes que les e´tudes pre´ce´dentes sur donne´es sectorielles : l’investisse- ment informatique serait corre´le´ positivement a` la croissance de la productivite´.

« L es TIC ont finalement un impact sur la productivite´ »

La dernie`re re´ponse au paradoxe de la producti- vite´, et la plus re´cente, est tre`s positive : c¸a y est, on

le voit enfin ! Apre`s huit anne´es de croissance ininter- rompue, dont les trois dernie`res a` un rythme annuel de plus de 4 %, vingt millions d’emplois ont e´te´

cre´e´s aux Etats-Unis, ramenant le taux de choˆmage a`

4,2 %, un niveau historiquement faible. Cette re´ussite ne serait que la premie`re e´tape d’une « nouvelle e´co- nomie » avec une croissance durablement forte en- traıˆne´e par les progre`s impressionnants des TIC. Les nouvelles technologies expliqueraient ainsi une bonne part de la re´ussite ame´ricaine, au sein d’un cocktail de politiques macro-e´conomiques actives, en particulier sur le plan mone´taire, de globalisation des e´changes et de mondialisation. La the`se est relaye´e par de nombreux observateurs outre-atlantique et l’est de plus en plus en Europe. Pour endiguer sa fai- ble croissance, le vieux continent doit aller de l’avant dans une « politique de la prise », ou` l’e´quipement informatique serait le gage du retour a` une croissance forte et durable.

D’autres explications aux performances ame´ricai- nes de la deuxie`me moitie´ des anne´es quatre-vingt- dix, plus e´conomes en hypothe`ses, peuvent cepen- dant eˆtre propose´es. Cette croissance rele`verait par exemple moins d’une rupture de tendance que d’un cycle re´el tre`s amplifie´ par des facteurs financiers, la croissance ame´ricaine allant de pair avec une expan- sion soutenue des capitalisations boursie`res et un de´- veloppement impressionnant des flux de cre´dits ac- corde´s aux entreprises et aux me´nages dont les ratios d’endettement deviennent excessifs.

Mais au service de la the`se de la nouvelle e´cono- mie, les statistiques fe´de´rales ame´ricaines mettent ef- fectivement en e´vidence une monte´e des gains de productivite´ depuis fin 1995. Dans l’ensemble des secteurs marchands non agricoles, le taux de crois- sance annuel de la productivite´ horaire du travail se- rait en moyenne de 2,15 % entre 1995 et 1999, contre 1,1 % entre 1972 et 1995 et 2,6 % durant les trente glorieuses. La productivite´ globale des facteurs connaıˆt elle aussi une acce´le´ration sensible, d’envi- ron 0,6 point des deux coˆte´s de l’Atlantique dans la deuxie`me moitie´ des anne´es quatre-vingt-dix. Une part de cette acce´le´ration renvoie sans doute a` la dif- fusion des TIC. Ces statistiques paraissent donc met- tre fin au de´bat sur le paradoxe sur la productivite´ en donnant raison a` la the`se du de´calage temporel qui s’appuyait sur les travaux de PaulDavid.

L’e´tude de Gordon(1999) a mis en question cette conclusion. Selon cette e´tude, les gains re´cents de productivite´ du travail s’expliqueraient entie`rement, dans les secteurs des biens durables, par les perfor- mances des seuls secteurs informatiques et, dans les secteurs des biens non durables, par un proble`me de mesure des prix et par le comportement conjoncturel habituel de la productivite´ qui augmente avec l’acti- vite´. Mais ces conclusions ne sont plus partage´es par les e´tudes applique´es plus re´centes. Jorgenson et

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Stiroh (2000) ainsi que Oliner et Sichel (2000) expliquent la moitie´ de la progression de la producti- vite´ du travail entre les deux moitie´s des anne´es qua- tre-vingt-dix par la diffusion des TIC. L’e´valuation de Jorgenson (2001) montre par ailleurs que l’aug- mentation de la productivite´ globale des facteurs (PGF) est du meˆme ordre de grandeur dans les sec- teurs producteurs des TIC et dans les secteurs utilisa- teurs entre les deux moitie´s des anne´es quatre-vingt- dix, ce qui plaide pour une diffusion du progre`s tech- nique a` l’ensemble de l’e´conomie. Au total, les TIC seraient directement (PGF) ou indirectement (accu- mulation de capital) responsables des trois quarts de l’acce´le´ration de la productivite´ du travail dans la deuxie`me moitie´ des anne´es quatre-vingt-dix aux Etats-Unis (Duval, 2000).

Qu’en est-il dans le cas de la France ? L’explica- tion paraıˆt plus difficilement compatible avec les faits puisque la productivite´ apparente du travail ralentit a`

partir de 1992-1993 alors que la diffusion des TIC se poursuit. Cet enrichissement de la croissance en em- ploi semble plutoˆt renforcer le paradoxe de la pro- ductivite´. La diffusion des TIC n’est toutefois pas le seul de´terminant potentiel de la productivite´, en France comme ailleurs. Un effet favorable des TIC peut eˆtre masque´ par les effets de´favorables d’autres de´terminants et en particulier ceux des inflexions de la conjoncture et des politiques de l’emploi avec la monte´e en charge des dispositifs d’alle`gement de co- tisations employeurs sur les bas salaires. La reprise de l’activite´ dans la deuxie`me moitie´ de la de´cennie induit une hausse conjoncturelle de la productivite´, si bien que la baisse structurelle de la productivite´ est plus forte encore que la baisse effective. Selon une e´valuation de Cette, Mairesse et Kocoglu, 2002, le ralentissement structurel est de 1 point et le ralen- tissement effectif de 0,5 point. Malgre´ cela, il y aurait bien eu une augmentation des gains de productivite´

globale des facteurs. Elle est e´value´e a` 0,6 point par ces auteurs, dont les deux tiers seraient localise´s dans les secteurs producteurs des TIC.

Tous ces travaux conduisent finalement les cher- cheurs a` un grand optimisme. C’est le cas pour la France et l’Europe ou` « la contribution des TIC a` la croissance pourrait largement s’amplifier dans les prochaines anne´es » (Cette, Mairesseet Kocoglu, 2002). C’est le cas aussi aux Etats-Unis ou` « l’essen- tiel des effets des TIC reste peut-eˆtre a` venir » (Du- val, 2000). Mais il convient ne´anmoins de rester prudent dans la mesure ou` ce sont les informations conjoncturelles les plus re´centes qui ont modifie´ les diagnostics des e´conomistes sur une question d’ordre essentiellement structurel. Ces diagnostics ne sont donc ni a` l’abri de nouvelles re´visions des comptes

nationaux, ni a` l’abri des retournements futurs de conjoncture. D’autre part, les proble`mes persistants de comparabilite´ internationale des donne´es de comptabilite´ nationale devraient e´galement inciter a`

la prudence. Il est encore trop toˆt pour savoir si la nouvelle e´conomie a de´finitivement mis fin au para- doxe de Solow.

L’ autre paradoxe : l’effet sur les ine´galite´s

Si le de´bat sur les effets des TIC sur la productivite´

au niveau macro-e´conomique persiste, un consensus s’est forme´ assez rapidement au sein de la commu- naute´ des e´conomistes sur l’existence d’un « biais technologique » (4). Selon cette the`se, les TIC ge´ne`- rent un choc asyme´trique sur la productivite´ des tra- vailleurs qui favoriserait la main-d’œuvre qualifie´e, tant en terme d’opportunite´s d’emploi que de salaire.

Comme le retrace l’encadre´ 2 (p. 38), les e´conomis- tes de´battent depuis les anne´es trente de l’existence d’un « biais technologique » mais ce de´bat e´tait ini- tialement focalise´ sur la substitution entre capital et travail qui semblait accompagner la croissance des e´conomies occidentales. Depuis le milieu des anne´es quatre-vingt-dix et dans le prolongement d’une re´- flexion entame´e dans les anne´es soixante-dix sur la comple´mentarite´ entre le capital et la main-d’œuvre qualifie´e, les e´conomistes ont cherche´ a` saisir l’am- pleur des substitutions entre main-d’œuvre qualifie´e et non qualifie´e. La plupart des travaux empiriques qui ont e´te´ mene´s dans cette perspective ignorent d’ailleurs les possibles substitutions entre capital et main-d’œuvre pour se concentrer sur les seules subs- titutions entre types de main-d’œuvre dans un contexte ou la capital est suppose´ quasi fixe alors meˆme que l’on affirme qu’il se renouvelle en incor- porant des technologies de l’information et de la communication.

Ceci peut sembler paradoxal, tout comme l’est e´galement le fait de mettre en doute les effets des TIC sur la productivite´ au niveau macro-e´conomique tout en acceptant de conside´rer que les TIC sont source d’un choc asyme´trique sur la productivite´ des diffe´rentes cate´gories de travailleurs. En fait, le de´bat renouvele´ sur le biais technologique s’est de´veloppe´

plus tardivement que celui du paradoxe de la produc- tivite´ : le ralentissement de la croissance a aussi pre´- ce´de´ dans le temps le de´veloppement des ine´galite´s d’emploi et de salaire. D’autre part, la question du paradoxe de la productivite´ a e´te´ porte´e par les spe´- cialistes de la croissance alors que ce sont les e´cono- mistes du travail qui se sont re´approprie´ le the`me du biais technologique.

4. Pour une pre´sentation approfondie de cette hypothe`se, voir Bouad- dallah, Greenanet Villeval(1999).

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L’hypothe`se d’un « biais technologique » a e´te´ tre`s se´rieusement examine´e par toute une se´rie d’e´tudes empiriques mobilisant des donne´es macro-e´conomi- ques ou macro-sectorielles et des donne´es individuel- les d’entreprises et de salarie´s. L’analyse des don- ne´es macro-e´conomiques montre un de´clin re´gulier de la part des emplois peu qualifie´s dans l’emploi ou dans les couˆts totaux et/ou une ouverture de l’e´ven- tail des re´mune´rations dans la plupart des pays indus- trialise´s. Ce profil d’e´volution se retrouve au sein de la plupart des secteurs. Un facteur structurel et com- mun a` l’ensemble des secteurs semble donc a` eˆtre l’œuvre. La diffusion des TIC remplit mieux ce ca- hier des charges que la concurrence des pays a` bas salaires qui est spe´cifique a` certains secteurs d’acti- vite´ (Katzet Krueger, 1997).

Les e´tudes sur donne´es individuelles d’entreprises et de salarie´s testent plus directement la corre´lation entre l’usage des TIC et la structure des emplois et des salaires. Elles conduisent a` deux conclusions im- portantes (Bouabdallah, Greenan et Villeval, 1999, Chennelset Van Reenen, 2002) :

− on observe une corre´lation assez e´troite entre diffe´rentes mesures des TIC et la structure des em- plois par qualifications dans les entreprises. Cette mesure du biais technologique est robuste au controˆle de l’he´te´roge´ne´ite´ inobserve´e par des effets fixes et au traitement des proble`mes d’endoge´ne´ite´ (5) ;

− il y aurait e´galement une corre´lation e´troite en- tre le niveau des salaires et l’usage des TIC. Mais

la causalite´ ne va pas dans le sens attendu : c’est parce que l’on a un haut salaire que l’on utilise da- vantage de TIC et non l’inverse. La prime salariale associe´e a` l’usage de ces technologies s’expliquerait donc davantage par un processus de se´lection des salarie´s travaillant sur ordinateur que par une pro- ductivite´ plus grande associe´e a` l’usage des TIC (cf.

encadre´ 3).

Les e´tudes de cas et les enqueˆtes statistiques plus fines permettant de distinguer entre les technologies et d’identifier les caracte´ristiques des organisations au sein desquelles elles s’inse`rent re´ve`lent cependant des ambiguı¨te´s dans les effets des TIC sur le travail et l’emploi. Certains cadres et professions interme´- diaires ressentent une de´qualification associe´e a` l’in- formatique qui re´duit leur marge d’initiative en ren- forc¸ant le coˆte´ bureaucratique et proce´dural de leur travail, tandis que certains employe´s et ouvriers res- sentent un gain d’autonomie et une intensification de leur travail car on leur laisse la possibilite´ de prendre des de´cisions ope´rationnelles dans un cadre que l’in- formatique contribue a` formaliser (Gollac, 1996 ; GollacetKramarz, 2000).

Les TIC ne semblent pas non plus imposer de so- lution unique en terme d’organisation du travail. Les entreprises peuvent tout aussi bien mobiliser les TIC dans le cadre de structures organisationnelles plus horizontales, que tenter graˆce a` ces technologies de maintenir une logique hie´rarchique en renforc¸ant les

5. Sur donne´es franc¸aises, voirBensaid,GreenanetMairesse(1997, 2001).

Encadre´ 2

Petite histoire du biais technologique

L’hypothe`se du biais technologique e´tait de´ja` utilise´e dans les anne´es cinquante et soixante, ou` la question de la neutralite´ du progre`s technique e´tait de´battue dans le cadre de la the´orie de la croissance et de ses effets sur la re´partition. Selon cette hypothe`se, le progre`s technique est biaise´ en faveur d’un facteur si la part de ce facteur dans la valeur ajoute´e augmente re´gulie`rement au cours du temps. L’existence d’un e´ventuel biais technologique est alors pense´e par rapport aux utilisations relatives du capital et du travail.

Dans les anne´es soixante et soixante-dix, la proble´matique se de´place : on cherche a` expliquer pourquoi on observe un maintien de la croissance du salaire relatif des qualifie´s en de´pit de la croissance de l’offre de cette cate´gorie de main-d’œuvre. GRILICHES(1969) de´veloppe, dans ce cadre, le concept ainsi que la mesure de la comple´mentarite´ entre le capital et la main-d’œuvre qualifie´e. C’est aussi l’e´poque du de´bat, en socio- logie, entre les tenants d’un progre`s technique destructeur de qualifications (BRAVERMAN, 1974) et ceux qui soutiennent l’ide´e d’un progre`s technique favorisant la qualification de la main-d’œuvre (BELL, 1963 ; MU-

MFORDet BANKS, 1967). Ces discussions ont lieu dans le cadre d’une vision « de´terministe » des technologies permettant l’automatisation (la technologie de´termine l’organisation du travail).

Depuis le de´but des anne´es quatre-vingt-dix, l’hypothe`se d’un biais technologique surgit a` nouveau pour re´pondre a` d’autres pre´occupations. Elle a e´te´ mise au gouˆt du jour par des e´conomistes anglo-saxons s’in- terrogeant sur le de´veloppement des ine´galite´s de salaire aux E´ tats-Unis et au Royaume-Uni. Alors qu’en sociologie, le de´bat « de´qualification » versus « requalification » se poursuit dans des proble´matiques renou- vele´es et non « de´terministes », en e´conomie, on cherche a` expliquer la de´gradation de la situation des tra- vailleurs non qualifie´s sur le marche´ du travail en confrontant plusieurs hypothe`ses dont celle des TIC biai- se´es en faveur de la main-d’œuvre qualifie´e.

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compe´tences de l’encadrement (Greenan, 1996a).

Ces choix ne s’accompagnent pas force´ment d’une de´formation univoque de la structure des qualifica- tions, ce qui fait e´cho a` un re´sultat obtenu par Du- guetet Greenan (1997)a` partir de donne´es sur dif- fe´rentes formes d’innovation.

Au niveau micro-e´conomique, les travaux les plus re´cents montrent que les effets des TIC sur la produc- tivite´ passent par un ensemble de recompositions qui relient l’usage d’e´quipements nouveaux, l’organisa- tion et les qualifications. Ces effets indirects des TIC via des changements dans les produits, les proce´de´s, les manie`res de travailler, la mobilisation du capital humain seraient d’une ampleur largement supe´rieure aux effets directs des TIC, conside´re´s isole´ment, sur la productivite´, la structure des emplois ou la struc- ture des salaires.

La litte´rature e´conomique aussi bien the´orique qu’empirique de´veloppe l’ide´e d’une comple´menta- rite´ des choix de l’entreprise dans tous ces domaines.

D’un point de vue the´orique, Milgrom et Roberts (1990) de´finissent une fonction de production e´largie a` un ensemble de choix discrets de types d’e´quipe- ments ou de dispositifs organisationnels. La comple´- mentarite´ des diffe´rents choix technologiques et orga- nisationnels de l’entreprise se traduit par le fait que le rendement marginal de l’un croıˆt avec la mise en œuvre des autres (proprie´te´ de supermodularite´ de la fonction de production). Il ne suffit pas de mesurer une corre´lation entre pratiques organisationnelles et usages de la technologie pour mesurer une comple´- mentarite´. L’identification de telles comple´mentarite´s dans les e´tudes empiriques posent des proble`mes me´thodologiques non re´solus a` ce jour (Athey et Encadre´ 3

L’ordinateur augmente t-il les salaires ?

KRUEGER(1993) est le premier a` avoir tente´ d’e´valuer le lien entre l’utilisation de l’informatique et les sa- laires. Il montre qu’a` la fin des anne´es quatre-vingt, le fait d’utiliser un ordinateur conduit a` une prime sala- riale de 10 a` 15 %. Ce re´sultat est simple et frappant. Mais il est fortement de´pendant de la me´thode utilise´e.

L’estimation est conduite sur une coupe et le nombre de variables de controˆle est limite´ : expe´rience, dure´e de formation, sexe, race, appartenance au secteur syndique´.

GOLLAC et KRAMARZ (1997) ont re´alise´ des tests analogues sur donne´es franc¸aises graˆce a` l’enqueˆte TOTTO 1993. En utilisant des variables de controˆle similaires a` celles de KRUEGER, ont trouve en France un effet « informatique » de 20 %, supe´rieur a` l’effet ame´ricain. En ajoutant des variables de´crivant la place de l’individu dans la division du travail (pre´sence de subordonne´s, autonomie, etc.), l’effet baisse fortement. La prise en compte du secteur d’appartenance et de la taille de l’employeur le rame`ne a` 5 %, et celle du groupe socioprofessionnel a` 1 %.

De plus, si l’on re´alise les meˆmes tests que KRUEGERavec l’usage du Minitel et du fax en France (GOLLAC

et KRAMARZ1997), avec celui de la calculette, du te´le´phone, de crayons ou encore avec un indicateur de po- sition assise au travail en Allemagne (DINARDOet PISCHKE, 1997), on trouve aussi une prime salariale d’un montant compris entre 10 et 15 %. Il semble donc que l’usage d’un ordinateur rapporte une prime salariale pour des raisons qui ne sont pas lie´es spe´cifiquement a` ses caracte´ristiques techniques, mais a` des caracte´- ristiques individuelles plus rarement mesure´es comme l’acce`s a` l’e´crit dans l’univers professionnel ou la communication avec des personnes ou des services distants (GOLLAC, 1996).

L’e´tude d’ENTORF, GOLLACet KRAMARZ(1999) va dans le meˆme sens puisqu’elle montre, que si les utilisa- teurs d’ordinateurs sont mieux paye´s en 1987, ils e´taient de´ja` mieux paye´s auparavant. On retrouve l’ide´e d’un biais d’endoge´ne´ite´, sugge´re´e par l’examen des re´sultats de DOMS, DUNNEet TROSKE(1997) obtenus sur un e´chantillon d’e´tablissements industriels ame´ricains. L’e´tude britannique de CHENNELSet VANREENEN(1995) s’appuyant sur des donne´es d’entreprise de´bouche, elle aussi, sur le constat d’un biais d’endoge´ne´ite´ : ce n’est pas l’adoption de technologies qui ge´ne`re des salaires moyens plus e´leve´s, ce sont des salaires plus e´leve´s, corre´le´s a` une qualification plus grande de la main-d’œuvre, qui incitent a` l’introduction ou a` la mise au point de technologies innovantes.

La prime salariale associe´e a` l’usage de ces technologies s’expliquerait donc par un processus de se´lec- tion des salarie´s travaillant sur ordinateur, davantage que par une productivite´ plus grande de ces travail- leurs du fait de leur utilisation des technologies de l’information et des communications. Les entreprises qui utilisent plus intense´ment l’informatique e´taient, avant l’introduction des nouveaux e´quipements, plus perfor- mantes et plus capitalistiques, et pour certains types de technologie, elles avaient une main-d’œuvre plus qualifie´e ; les salarie´s utilisateurs sont plus qualifie´s, occupent une position interme´diaire dans la hie´rarchie et e´taient mieux paye´s avant de se servir d’un ordinateur.

Si l’on cherche a` de´montrer un effet propre de l’ordinateur sur les salaires, il est donc important de tra- vailler d’une part sur des donne´es longitudinales, et d’autre part d’introduire des variables de contexte, no- tamment organisationnelles.

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Stern, 1998). Des premiers re´sultats dans ce sens ont e´te´ obtenus sur donne´es individuelles par Bres- nahan, Brynjolfsson et Hitt 2002 (Etats-Unis), Caroli etVan Reenen 2001 (France et Royaume- Uni) et Greenan 1996b (France), et sur donne´es sectorielles ame´ricaines parAskenazy etGianella (2000).

Enfin, Gollac, Greenan et Hamon-Cholet (2000) montrent, a` partir d’une enqueˆte aupre`s d’en- treprises industrielles franc¸aises, que l’intensite´ de l’informatisation est e´troitement lie´e aux dispositifs organisationnels utilise´s et que les changements a`

moyen terme de l’une et de l’autre sont fortement corre´le´s. Mais il est possible d’identifier deux temps dans l’informatisation des entreprises. Dans la pre- mie`re moitie´ des anne´es quatre-vingt-dix, les ordina- teurs ont accompagne´ la tendance a` la formalisation avec l’adoption de certains outils de gestion comme les normes de qualite´. Dans la seconde moitie´ de la de´cennie, ce sont les entreprises qui de´veloppent le juste-a`-temps, la sous-traitance et l’externalisation qui semblent investir en TIC pour s’approprier la fa- cilite´ accrue d’interconnexion des ordinateurs. Il reste a` tester si les effets en terme de productivite´, de qualifications et de salaires sont homoge`nes d’une sous-pe´riode a` l’autre.

*

* *

Lorsqu’ils tentent d’e´tudier les effets des TIC sur le niveau de l’emploi, autour du paradoxe de la pro- ductivite´, ou sur la structure des emplois, avec les de´- terminants du biais technologique, les e´conomistes se

heurtent peut-eˆtre a` la meˆme difficulte´. Dans les deux cas en effet, il paraıˆt essentiel de conside´rer la dimen- sion organisationnelle du changement technologique.

S’interroger sur les effets des technologies de l’infor- mation sur la croissance et l’emploi implique de conside´rer les effets indirects de ces technologies. Il ne faut plus focaliser son regard sur l’ordinateur et ses de´rive´s, mais e´largir le point de vue a` ce sur quoi l’ordinateur se greffe : l’organisation de l’entreprise, la structuration de son syste`me d’information, l’or- donnancement et le suivi de ses flux productifs, les relations entre les entreprises... La gestion de l’infor- mation est au cœur du fonctionnement des e´conomies de´veloppe´es, qui sont aujourd’hui fonde´es sur le sa- voir. Confronte´es a` des proble`mes de plus en plus complexes, les organisations ont besoin d’outils pour calculer, mode´liser, stocker les informations, suivre les de´cisions... Si l’ordinateur est un outil de ce type, c’est aussi une coquille vide, une me´moire destine´e a`

eˆtre remplie. Il joue un roˆle dans la refonte des orga- nisations productives, mais ce roˆle n’est ni pre´de´ter- mine´, ni ne´cessairement central.

Les effets indirects se construisent dans ce jeu en- tre l’outil et l’organisation. Et il n’y a pas de raison a priori de penser qu’ils iront force´ment dans le sens d’un rythme plus e´leve´ de la croissance des richesses, d’une efficacite´ renforce´e de la combinaison produc- tive ou encore d’une prime a` la main-d’œuvre quali- fie´e. La technologie seule n’est pas susceptible de modifier ces e´le´ments. L’essentiel est ailleurs, dans les relations de comple´mentarite´ qu’elle entretient avec l’organisation interne et externe des entreprises et dans les nouvelles configurations de rapports de force qui s’y jouent.

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