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Texte intégral

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PRO Septembre 1981 CENTRE FRIBOURGEOISDE DOCUMENTATION PEDAGOGIQUE, OURG ONS Trimestriel N° 50

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7 Introduction Pro Fribourg 9 1. La maison bourgeoisiale Dr Jean Dubas 18 2. Les anciens abattoirs Michel Waeber 26 3. Les édifices religieux Alfred A. Schmid 32 4. Les espaces publics J.-M. Schaller 35 5. Les fouilles archéologiques Hanni Schwab

38 6. L'habitat, secteur public Marcel Von der Weid 43 Des problèmes de main d'oeuvre

45 Bilan d'action des pouvoirs pu¬

blics et perspectives d'avenir Etienne Chatton 47 Architecture moderne et

protection du patrimoine J.-C. Mori sod 48 7. Le secteur privé Pro Fribourg

55 Comment continuer ? Syndic de Fribourg 56 Il ne peut y avoir de

conclusion... Pro Fribourg

Photographies : Léo Hilber, Fribourg, sauf p. 31 : Architectes associés, Fribourg; p. 38-40 : J. Mulhauser, Fribourg; p. 57 : Wildanger, Murten; p. 58 : Lorson, Fribourg (Arch. Pro Fribourg)

Illustrations : La page de couverture et les lithographies re¬ produites en p. 4, 9 et 60 sont dues à Roland Ansermet, artiste fribourgeois établi en France et dont les oeuvres sont exposées du 2 octobre au 8 novembre à la Maison bourgeoisiale de Fribourg

Tirage : 6500 exemplaires - Imprimerie Saint-Paul, Fribourg PRO FRIBOURG

Secrétariat : Stalden 14, 1700 Fribourg Cotisation :

donnant droit: l'envoi du bulletin Ordinaire : 18 fr. ; de soutien 30 fr. Tarif réduit: 12 fr. (étudiants, apprentis, 3e âge) CCP 17-6883 1700 Fribourg

PRO FRIBOURG informe sur le centre historique ainsi que sur les problèmes d'urbanisme de la ville et soutient les mouvements par¬ ticipatifs locaux. PRO FRIBOURG fait partie de la fédération in¬

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Le passé et le présent rejoints,

la vie des hommes, la vie des choses, rien d'archéologique, rien d'un musée, tout ce qui a servi sert encore

et servira sans doute encore : il n'y a pas opposition, c'est une parfaite continuité,

C.F. Ramuz

Fribourg restaure sa vieille ville : ces paroles peuvent-elles s'appliquer à notre ville ?

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Message du Syndic de Fribourg

Fribourg se réjouit d'accueillir, après Split, Strasbourg et Munich, la quatrième confrontation européenne des villes histo¬ riques. Par sa situation au confluent des cultures germanique et latine et à la frontière des langues française et allemande, Fribourg, ville de ponts et de congrès, avec son université ca¬ tholique et internationale, qui a formé des étudiants de presque tous les pays du monde, se sent prédestinée à de telles rencon¬ tres .

Fribourg sait aussi qu'elle est une ville médiévale, aux quar¬ tiers anciens bien conservés, au charme prenant puisque Ruskin a dit d'elle, qu'elle était la ville la plus pittoresque de la Suisse. Fribourg est dans toute la plénitude du terme une ville historique qui recevra avec joie et avec un brin de fierté ses soeurs des 21 pays membres du Conseil de l'Europe.

Fribourg a vécu, aussi, depuis près d'une vingtaine d'années, une expérience passionnante de sauvegarde. Ses habitants ont pris conscience de la nécessité absolue du maintien des témoins du passé. Il a fallu une volonté politique ferme qui s'est tra¬ duite par l'élaboration d'un règlement rigoureux et par une ac¬ tion concertée de restauration voulue par les autorités, trou¬ vant le consentement profond de la population et aboutissant à des rénovations nombreuses et de nature très diverse.

La présente brochure n'en donnera qu'un aperçu. Mais comment ne pas citer ces réalisations majeures que sont l'ensemble de la rue des Bouchers, la Maison bourgeoisiale, l'abattoir transfor¬ mé en musée, les opérations multiples de la Société "Les loge¬ ments populaires Fribourg" ? Notre ville a fait là, non pas oeuvre de pionnier, puisqu'ailleurs les réussites sont aussi nombreuses, mais a montré comment une collaboration durable, in¬ telligente et concrète entre autorités et particuliers peut dé¬ boucher sur des résultats intéressants.

Et puis Fribourg, par ses nombreuses restaurations, et en parti¬ culier par celle de la Maison bourgeoisiale, a, sans qu'on s'en rende encore suffisamment compte, redonné à bien des entrepre¬ neurs le goût du travail artisanal bien fait et des solutions

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spécifiques. Un congrès, consacré en bonne partie au maintien et au développement de l'artisanat dans la rénovation, se réjouira de voir des réalisations où l'artisanat, qu'il s'agisse de menui¬ serie, de ferronnerie, de catelles, de stucature, de peinture ou de serrurerie, a pris une place essentielle.

Voilà pourquoi nous sommes heureux de la venue à Fribourg de ces nombreux connaisseurs et amoureux des vieilles choses. Nous croyons avoir beaucoup à leur montrer dans une ville qui, par son caractère et sa dimension, demeure à la mesure de l'homme. Enfin, cette brochure témoigne que nous ne redoutons pas le ris¬ que et que nous ne cultivons pas l'autosatisfaction. Connaissant

la valeur, mais aussi les limites de la critique, nous avons choisi librement la voie de la discussion et de la remise en question au sein même de la confrontation.

Vous trouverez dans ces pages la présentation par les responsa¬ bles de leurs ouvrages dans lesquels ils ont mis beaucoup de temps, d'argent et d'engagement personnel, mais aussi beaucoup de foi et d'amour du beau, et en général tout leur coeur. Et puis vous lirez l'opinion des critiques, ceux qui ont choisi de demeu¬ rer au niveau de l'écrit, sans jamais s'engager par des oeuvres. Ils disent sans ménagement ce qu'ils pensent de notre action de sauvegarde et pourquoi et comment il aurait fallu faire autrement. La critique est aisée, l'art est difficile. Nous avons choisi l'art, parce que nous pensons que l'homme sera mieux servi par des réalisations, forcément imparfaites, que par de belles théo¬ ries qui finalement ne lui apportent rien, parce qu'elles débou¬ chent, en général, non pas sur du concret, mais sur des écrits ou des discussions sans fin. Nous connaissons les limites du pos¬ sible et nous croyons, à Fribourg, en matière de sauvegarde, les avoir au moins atteintes.

Amis congressistes, il vous appartient de juger en lisant cette brochure et aussi en ouvrant tout grands les yeux, lorsque vous parcourerez en esthètes avertis et en hommes de bon sens, les rues de notre ville que nous aimons tant et que nous trouvons si belle.

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Introduction

Pour ce 50e numéro de notre revue, Pro Fribourg revient tout naturellement à son premier objectif : la mise en valeur de la Vieille Ville. Ce cahier, réalisé en collaboration avec la Com¬ mune et avec sa participation financière, traite avant tout des restaurations entreprises récemment à l'initiative des pouvoirs publics : étant l'oeuvre de la collectivité, elles sont, à ce titre, mises au premier plan.

Nous reviendrons, dans un prochain cahier, sur les restaurations privées dont le nombre va croissant. Mais, pour l'heure, c'est le secteur public qui nous intéresse avant tout, car c'est de son orientation, de sa politique, que dépend le sort de notre centre historique, l'un des plus significatifs de la Suisse, et qui forme encore pour longtemps l'image de la ville pour ses habitants.

A dire vrai, la préoccupation majeure de nos édiles a été, pen¬ dant des décennies, les réalisations nouvelles. Elles s'accor¬ daient avec la croissance de la ville. On ne se souvenait de la Vieille Ville que de temps en temps, lors de grandes manifesta¬ tions extérieures, pour hâtivement procéder à de rares aménage¬ ments et à la pose de quelques bacs à fleurs supplémentaires. La Municipalité actuelle, malgré la stagnation démographique de la ville, a affectionné, tout autant si ce n'est plus que ses devancières, les grands projets. Mais elle s'est aussi engagée, pour la première fois, dans d'importantes restaurations, moti¬ vée en cela par la perspective de notables commémorations histo¬ riques .

Aussi, à l'heure du bilan, en fin de législature, l'élément mar¬ quant est cette redécouverte d'une Vieille Ville qui renaît de l'oubli et de l'abandon et qui, dans quelques-uns de ses plus beaux bâtiments, retrouve une nouvelle jeunesse.

Cette réussite incontestable relègue au second plan de grands projets contestés et nous participons, le coeur plus léger, à la joie commune.

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Cette euphorie ne nous fait cependant pas abandonner tout esprit critique : quelques restaurations éclatantes ne peuvent suppléer à l'absence d'une politique suivie, persévérante et tenace qui, seule, pourrait, après bien des efforts, maintenir la Vieille Ville habitable et habitée.

Aussi bien, en proposant à l'autorité communale, l'établissement du présent bilan, avons-nous insisté sur la nécessité de ne pas présenter qu'un simple prospectus touristique, où les géraniums et le ciel impavidement bleu ne sont là que pour escamoter les difficultés et les problèmes de la vie réelle.

Ce langage a été compris et il a été admis de marquer la tenue en nos murs de la Confrontation des villes historiques par un bilan contrasté et sérieux, pouvant contribuer à l'élaboration d'une politique d'avenir de mise en valeur du centre historique. Dans cet esprit, nous nous sommes adressés aux responsables lo¬ caux de la restauration : autorités, maîtres d'oeuvre, spécia¬ listes, pour présenter avec nous, sous un double éclairage, le fruit de leur travail, afin de montrer que, dans chaque cas, nous sommes en présence de choix, en fonction de principes, de méthodes, de politiques, de contraintes économiques, de préoccu¬ pations sociales, autant de données en constante évolution. Et alors que personne ne peut prétendre détenir "la vérité", ni avoir de "science exacte" de la restauration. Chaque interven¬ tion porte, qu'on le veuille ou non, la marque de notre temps. Notre démarche était certes inhabituelle et nous remercions les collaborateurs à ce cahier qui ont, pour la plupart, "joué le jeu" et contribué à clarifier les idées pour un travail futur. Car aux habitants, aux citoyens de cette ville, auxquels ce ca¬ hier s'adresse tout autant qu'aux spécialistes, il n'échappera pas l'ampleur de la tâche qui reste à accomplir pour redonner vie au coeur de la cité. Une tâche en profondeur, exigeant pen¬ dant des années moyens humains et financiers. Rien à voir avec le folklore mais, à coup sûr, une façon de rester nous-mêmes.

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Grand salon de la Bourgeoisie au 1" étage, décor du XVIIe siècle

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Plan de la Maison bourgeoisiale, au niveau du rez-de-chaussée

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La Maison bourgeoisiale

Depuis de nombreuses années, un ensemble architectural de va¬ leur était laissé à l'abandon. Après une tentative de vente sé¬ parée d'une partie des immeubles, la Bourgeoisie de Fribourg a entrepris la restauration complète du complexe bâti. Les tra¬ vaux conduits d'une façon méthodique ont duré un peu plus de deux ans. Après des recherches historiques et archéologiques minutieuses, il a été possible de connaître les constructions successives, dans cet ancien quartier des Hôpitaux.

Dès avant les guerres de Bourgogne se forme sur le troisième plateau occupé par la ville une série de cheseaux constitués par des maisons en bois isolées au milieu de jardins surplom¬ bant la Sarine. Dans la suite, de nouvelles constructions for¬ ment un rang compact assurant à cet endroit la protection de la ville jusqu'à la construction des dernières enceintes.

Au début du XVIle siècle, la famille noble de Fegely transforme les bâtiments appelés ultérieurement maison Vicarino et leur donne l'aspect architectural définitif. A la même époque, les constructions occupées aujourd'hui par l'Aigle Noir sont égale¬ ment rénovées et élargies.

Dès le commencement des études, il a fallu faire un choix: seu¬ le la maison Vicarino avec ses façades intactes, sa tourelle d'angle bien conservée et sa disposition intérieure en grande partie respectée, méritait une restauration soigneuse. Les dé¬ cors découverts lors des sondages montraient l'importance des travaux à réaliser. Les autres bâtiments ruinés et mutilés au cours des siècles devaient être rénovés, même être reconstruits en tenant compte du reste du quartier et en sauvant leurs faça¬ des nord encore debout.

La restauration des cinq bâtiments a ainsi posé, dans un quar¬ tier protégé de la ville, l'ensemble des problèmes de conserva¬ tion architecturale :

restauration pour la maison bourgeoisiale; reconstruction et rénovation pour les bâtiments de l'Aigle Noir; respect du cadre naturel des anciens jardins et harmonisation d'une rue histori¬ que. Au surplus, la Commission de bâtisse a tenté de réanimer

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Dr Jean Dubas

un coin de la ville lentement assoupi. La Bourgeoisie a pris le risque de mettre à la disposition des habitants et des visiteurs de Fribourg un ensemble de qualité où puisse se développer une vie sociale et culturelle bienvenue. Elle a ainsi créé en plein centre 16 appartements pour personnes âgées. Elle a rétabli un restaurant d'ancienne renommée. Son administration a trouvé des locaux spacieux à côté des logements du tenancier de l'hôtel et du concierge-caviste. Tous les sous-sols libres ont été destinés au stockage des vins de la Bourgeoisie et de l'Etat de Fribourg

(plus de 80.000 bouteilles dans les années fastesl) Un magasin assure également l'écoulement de la production vinicole fribour- geoise.

La maison bourgeoisiale, ancien hôtel Fegely a été réservée à des fonctions sociales et culturelles variées: huit salles de réception sont à la disposition des Autorités de la ville et du canton et des sociétés ou comités, en quête de lieux de réunion. Les combles du bâtiment accueillent l'atelier et l'appartement d'un artiste qui a pris la relève sur place des peintres Joseph Reichlen et Henri Robert. L'ameublement et le décor intérieur des différents locaux reconstituent le cadre vivant des ancien¬ nes demeures patriciennes de la ville. Par des achats, des dons, des prêts et par une remise en état du mobilier de l'ancien hô¬ pital, la Bourgeoisie a créé un ensemble de qualité qui mérite¬ ra encore d'être complété au gré des occasions et des possibili¬ tés financières.

Quant au restaurant de l'Aigle Noir, il a retrouvé son enseigne disparue et il bénéficie d'un ameublement moderne et fonctionnel permettant en toute saison de jouir des plaisirs d'une cuisine du crû, en face d'un panorama unique.

Aux murs, des peintures contemporaines alternent avec des oeu¬ vres nouvelles pour le plaisir des consommateurs et des amateurs d'art.

Ainsi donc, par la volonté d'une communauté, un ensemble archi¬ tectural a été sauvé et contribue à l'amélioration de la qualité de la vie urbaine à Fribourg. L'avenir montrera si la Bourgeoisie a fait un investissement conforme à sa mission régénérée.

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# d'un œil critique:

Saluons cette restauration très soignée de la Maison bourgeoi- siale qui a pour résultat la renaissance d'une des plus belles maisons patriciennes de la ville par une utilisation collective.

C'est la première fois qu'à Fribourg les pouvoirs publics (car la Bourgeoisie dépend étroitement de l'autorité communale) en¬ treprennent une tâche de cette ampleur et de cette qualité. En face du travail méticuleux des restaurateurs d'art, devant cette résurrection d'un intérieur fastueux du XVIle siècle, on serait tenté de dire que le temps de l'oubli, de l'irrespect du passé, du laisser aller et de la négligence est enfin révolu. Cette réalisation devra servir d'exemple et de référence, dans sa mise en valeur de la partie ancienne.

Mais il y a l'architecture. Car du fait de l'abandon prolongé des bâtiments de l'Aigle Noir, sur les causes duquel nous ne re¬ viendrons pas (voir "Pro Fribourg" No 29, juin 78, p. 14), la décision fut prise, non de les restaurer, mais de les démolir et de construire à neuf. Un pari certes difficile à tenir. Car, en fait de solution architecturale, on a opté pour une ar¬ chitecture d'accompagnement. Dont la banalité se retrouve à l'in¬ térieur : au restaurant de l'Aigle Noir. Ce que nous avons sous les yeux n'est ni d'hier ni d'aujourd'hui : "faux passé ou pré¬ sent inactuel ?" C'est la question que nous posions dans un ré¬ cent article consacré aux tendances de la restauration *) Mais une telle question restera sans réponse tant qu'on préférera des solutions de compromis aux solutions architecturales.

Nous regrettons dès lors que, dans un programme aussi important, aussi officiel, pour un investissement global de plus de dix mil¬ lions de francs, la place ait été laissée aussi mince à la créa¬

tion architecturale. „ D

b. D . *) "Préserver, restaurer, pourquoi ? pour qui ? comment ?" No 44

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Pro Fribourg

LE REVERS DE LA MEDAILLE... une façade, un mur de soutennement. Et un exemple : les logements dans les combles sont réservés à des personnes âgées. Les lucarnes3 placées trop haut, empêchent toute vision directe sur l'extérieur...

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2. L'ancien abattoir

Réintégration urbaine, restauration et exploitation muséographique

Le réemploi de vieilles structures, souvent désaffectées et détournées de leur fonction initiale, est une pratique qui s'est généralisée aussi bien en Europe occidentale qu'aux Etats-Unis. Une intervention fondamentale, en plus de la restauration proprement dite, est souvent nécessaire à leur réintégration dans le milieu urbain.

L'affectation de l'ancien abattoir municipal de Fribourg à l'extension du musée d'art et d'histoire est un exemple qui a permis la sauvegarde d'un important témoin du patrimoine monumental du début du 19e siècle. Oeuvre d'Aloys Mooser, facteur d'orgues célèbre et conseiller communal, l'ancien abattoir fut édifié entre 1834 et 1836. Depuis 1975, il ne restait de l'imposante bâtisse que les murs, un incendie ayant détruit sa toiture. Par sa reconstruction, le bâtiment, inauguré en juin 1981, offre au musée d'art et d'histoire de nouveaux espaces muséographiques à la mesure de son contenu. Si la surface d'exposition a plus que doublé, cette réhabi¬ litation a permis de créer un ensemble organique et d'assainir un intéres¬ sant secteur de l'espace public.

L'Hôtel Ratzé, l'annexe construite en 1964 et l'ancien abattoir forment désormais un tout desservi par une seule entrée côté cour de l'Hôtel Ratzé, espace privilégié à l'abri du trafic. La réception des oeuvres d'art et du matériel, complètement séparée, est résolue côté abattoir. Le musée offre aux piétons un nouveau cheminement: le passage inférieur et les arcades de l'ancien abattoir. Traités parallèlement au cheminement intérieur, séparés par une paroi de verre qui permet la vision des oeu¬ vres, ces passages bénéficient d'une belle animation, surtout par éclaira¬ ge nocturne.

Le bon fonctionnement du nouveau complexe repose sur les qualités vitales d'accès, de circulation et de liaison. La clef de cette réorganisation en est la galerie inférieure. Sa construction a nécessité un important tra¬ vail en sous-oeuvre côté abattoir, les fondations des murs se trouvant parfois 7 m plus haut que le sol de la galerie inférieure. Il faut dire que le problème de conservation du bâtiment était très complexe puisqu'il s'agissait de construire des espaces de communication sous les fondations et ensuite de charger des murs affaiblis avec une épaisse dalle coupe-feu en béton pré-contraint qui supporterait les combles.

Implanté dans la pente du Varis et adossé au rempart de la troisième en¬ ceinte de la ville, le bâtiment développe ses façades côté rue sur un so¬ cle de tuf horizontal. Dans la suite des ouvertures en arcade et des grou¬ pements de fenêtres de l'étage, on peut lire la délicate sensibilité ryth¬ mique de l'architecte-musicien. L'analyse du tracé livre une modulation

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précise sur une base de 30 cm. Les espaces intérieurs, bien définis et traduits par les ouvertures, ont été exploités tels quels. La cage de circulation verticale est placée en fonction du gabarit du toit qui doit contenir le monte-charge. Les murs sont mis à nu et assainis. Le béton armé est employé pour certaines reconstructions et consolidations. L'affec tation des espaces se donne très naturellement: les sculptures des fontai¬ nes côté rue avec éclairage naturel et fond urbain, le lapidaire médiéval et religieux dans la grande salle semi-obscure, le magnifique sol de gra¬ nit en pente légère et la rigole d'écoulement du sang accentuant le carac¬ tère de sanctuaire de cet espace. L'ancien frigo sert de glyptothèque. Les carreaux, le sol en granit et la rigole témoignent de la fonction ori¬ ginelle de l'édifice. Les ateliers de restauration trouvent un emplacement de choix à l'étage, les locaux techniques et sanitaires également. L'équi¬ pement, soigneusement planifié, est soit intégré au gros oeuvre soit appa¬ rent et clairement exprimé. Les centrales de commande et de chauffe sont installées côté Ratzé.

L'introduction de structures de cheminement en acier et verre, qui s'arti¬ culent de part et d'autre du mur médian, constitue le thème principal de cette restauration. Placés selon le module de Mooser, escaliers, passerel¬ les, balcons et plateformes d'exposition semi-circulai res se succèdent et guident le visiteur à travers des espaces, ambiances et effets muséogra- phiques variés, alors qu'un tube néon continu l'oriente. Des vitrines - labyrinthe suspendues et auto-éclairantes présentent des oeuvres précieu¬ ses d'archéologie et d'orfèvrerie dans des absides feutrées, à mi-parcours Ces interventions modernes créent l'effet de contraste, la netteté des for mes accentue la lecture de l'édifice et des oeuvres.

A l'extérieur, les façades ont été restaurées selon "les règles de l'art". Il s'agissait aussi de restituer la forme de l'imposante toiture incendiée La charpente, supportée à l'intérieur par une structure d'acier tubulaire, composée selon la modulation du bâtiment, est revêtue d'une double couche de plâtre formant peau anti-feu et permettant une exploitation muséogra- phique moderne dans une ambiance neutralisée avec un éclairage naturel dif¬ fusé et filtré par le lanterneau. Les piliers de la structure comprennent en outre un système d'accrochage de panneaux permettant la variabilité de l'espace ainsi que l'éclairage et la sécurité. L'introduction de ces struc tures ont apporté un gain de temps appréciable au chantier puisque cons¬ truites en atelier simultanément au gros oeuvre et assemblées sur place. A l'extérieur, la toiture a été soigneusement traitée des avant-toits au faîte. Les tuiles sont neuves, la ferblanterie invisible, le verre du lan¬ terneau rappelle le remplissage en crépis blanc du colombage. La manipula¬ tion minutieuse du détail s'impose dans une ville où la topographie mène souvent le piéton à la hauteur des toits.

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^dr-Tr-T^ J T ' W i / Ok ■ -.V Ip/ =--• a ji c. \ \ '■>"-'^à^îinii^y1 { 1 Entrée du parc 2 Conciergerie

3 Place d'accueil du Ratzé 4 Hôtel Ratzé

5 Hall d'entrée 6 Musée "64" 7 Conservatoire 8 Passage sous la rue 9 Ancien abattoir

10 Place d'accueil du Varis 11 Anciennes étables 14 Galerie d'information 15 Audio-visuel 16 Ascenseur 21 Réception du matériel 22 Arcades du Varis 23 Galerie du Varis : lapidaire profane

24 Grande salle : lapidaire médiéval et religieux 25 Glyptothèque 26 Petite salle : lapidaire profane 27 Abside inférieure : archéologie

28 Galerie d'art graphique 31 Entrée de service 33 Combles : art moderne

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4 La ruine après l'incendie de 1975 et le tracé du toit détruit 5 Construction galerie inférieure et sous-oeuvre du mur médian 6 La galerie du Varis. Au fond, tapisserie de Bernard Schorderet 7 Ancienne salle d'abattage. A droite, les 14 statues du portail ouest de Saint-Nicolas 8 L'extérieur restauré, côté nord-ouest

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Maître de t 'ouvrage : Etat de Fribourg

Direction de l'Instruction publique et des Cultes Architectes :

Pierre Zoelly AIA FAS SIA Michel Waeber, Zollikon ZH Charles Passer SIA

J.-Cl. Sauterel, Fribourg Ingénieurs : - statique :

Clément et Bongard SIA ASIC Fribourg

Ingénieurs : - fluides : Tecnoservice Engineering SA Fribourg

Textes :

Michel Waeber, Zurich Dessins :

Urs Wolf, Zurich Photos :

Leo Hilber, Fribourg (6-10) Jean-Christophe Aeby, MAHF

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• d'un œil critique: Pro Fribourg

Enfin, une vraie intervention architecturale. Le fait est assez rare à Fribourg pour qu'il soit relevé.

La démarche est franche, cohérente. L'un de ses auteurs la présen¬ te tout aussi clairement : il est donc possible d'intervenir dans un bâtiment ancien avec le langage de notre temps (nous ajouterons: comme cela s'était toujours fait...).

Nos seules réserves ne sont pas motivées par la solution architec¬ turale adoptée mais par les conditions imposées par le maître d'oeuvre. Que penser de ces exigences, à l'évidence en fonction de

l'intense circulation automobile à ce carrefour, d'un cheminement piéton à l'intérieur du bâtiment, contrairement à sa fonction vo- lumétrique originelle? Ou encore, ce passage en sous-sol "sous les fondations" de l'abattoir (mais au travers de celles, énormes, de la Mauvaise Tour qui se trouvait juste à cet emplacement), dont on aimerait bien connaître le coût. Il était sans doute tentant de réunir en un seul complexe, avec une seule entrée, le Musée à ses nouvelles annexes, mais à quel prix ?

Encore faudrait-il, puisque circulation intense il y a, aller, de la part d'un investisseur public, jusqu'au bout de la démarche et contribuer à la solution du problème de stationnement des véhicu¬ les des visiteurs : le projet de parking du Varis, des mêmes archi¬ tectes, complément nécessaire de la présente réalisation, devrait être entrepris sans tarder. Ce projet est prêt et sa réalisation pourrait se faire en un an ! (grâce, encore une fois, à la préfa¬ brication) ..et sans les inconvénients de grandes fouilles. Voici pour l'impact urbanistique d'un tel équipement public.

Car que dire de l'utilisation muséographique de l'imposant volume de l'ancien abattoir ? L'effet piranésien tiré de cette pénombre, de cette énorme muraille, de ces dalles et de cette rigole de gra¬ nit pour présenter un lapidaire, se comprend. Il y a quelque ironie à retirer les statues qui faisaient l'ornement séculaire de Fri¬ bourg et les remplacer par des copies, pour reléguer les originaux dans un ancien abattoir, à l'abri de la pollution et des gaz des voitures, contre lesquels on ne fait rien... Cette présentation statique de statues sous un éclairage froid convient mieux à un la¬ pidaire qu'à un Musée vivant. Une fonction à laquelle se prêtera, par contre, admirablement la lumineuse nef aménagée dans les com-

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3. Les édifices religieux

La cathédrale

La construction de la cathédrale de Fribourg débuta, selon une tradition qui n'a été fixée qu'au XVIe s., en 1283; elle se termina en 1490 par l'achèvement de la grande tour occidentale. Pendant ces deux siècles, un édifice gothique dont l'essentiel de la structure avait été emprunté aux cathédrales de Stras¬ bourg et de Fribourg en Brisgau a vu le jour. A l'exception du choeur qui a été remplacé de 1627 à 1631 en formes postgothiques, c'est l'église que le vi¬ siteur actuel a sous les yeux. Commencée comme simple église paroissiale d'une petite ville dont la plupart de la population aurait pu y trouver pla¬ ce, elle a été érigée successivement en Collégiale (1512) et en cathédrale du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg (1924). De la fin du Moyen Age elle a conservé une bonne partie de son mobilier; nous en citons les stalles (1462- 1464) et les grilles du Choeur (1464-1466), ces dernières surmontées du tref de l'arc triomphal qui porte un Calvaire monumental (vers 1430), les quatre grands candélabres (1517), les Fonts baptismaux (1498-1499), la Chaire (1513- 1516) complétée par un abat-voix néo-gothique (1828) et le superbe groupe de la Mise au tombeau (1433) dans la Chapelle du Saint-Sépulcre, le tout d'excel¬ lente qualité. La Réforme catholique post-tridentine a doté la grande nef d'un ensemble de peintures remarquables, oeuvres d'un atelier franc-comtois (1651), qui représentent les Prophètes, les Apôtres et les Pères de l'Eglise; elles vont de pair avec d'autres interventions comme par exemple le buffet de l'or¬ gue du choeur (1654), les grilles du narthex (1655) et surtout le décor baro¬ que des voûtains gothiques, mis à jour et restauré dans la première travée. Les chapelles latérales qui accompagnent les bas-côtés furent ajoutées au fur et à mesure au cours des XVIle et XVIIle s.; les retables des autels secondai¬ res sont de style Louis XV et Louis XVI. La construction de la tribune occiden¬ tale (1831) et des grandes orgues d'Aloys Mooser (1824-1831) qui y ont trouvé place marquent le début de différentes interventions modernes et contemporai¬ nes dont la plus importante est sans doute le célèbre cycle des vitraux du peintre polonais Jozef de Méhoffer qui orne le choeur et les chapelles latéra¬ les de la nef (1895-1934). Il sera complété sous peu par un cycle d'Alfred Manessier dans les claires-voies; le même artiste a d'ailleurs créé en 1976 les vitraux de la Chapelle du Saint-Sépulcre.

Une cathédrale est un chantier permanent. Dans la plupart des cas, sa construc¬ tion s'étend sur plusieurs générations, et même après l'achèvement du gros-oeu¬ vre, chaque époque est appelée à contribuer à la gloire du monument en s'ins- crivant par la création d'oeuvres d'art qui reflètent l'esprit de leur temps. Mais chaque génération est appelée aussi à entretenir le patrimoine qui lui fut confié par les précédentes; elle n'en est que le dépositaire, et elle doit le transmettre à son tour aux générations futures. Un entretien insuffisant se venge à brève échéance. La cathédrale de Fribourg en a d'ailleurs fait les frais. Vers 1929, une restauration générale de l'extérieur était devenue inévitable. Construite comme la plupart des monuments fribourgeois avec la molasse d'eau douce des carrières locales, elle avait souffert des intempéries et se trouvait

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Alfred A, Schnid

dans un état alarmant. L'Etat de Fribourg qui en est le propriétaire prit en charge la restauration du bâtiment qui est en cours depuis plus d'un demi-siè- cle. Elle commença à l'extérieur, plus précisément par la grande tour occiden¬ tale et la rosace qui donne, sur la chapelle St-Michel et se poursuivit par les clochetons des contreforts, les parements des collatéraux, la grande sacristie et les arcs-boutants auxquels on a rendu leur aspect d'origine. Elle continue¬ ra par la réfection de la toiture des bas-côtés et les claires-voies, le tout dans un esprit conservateur. Exception faite de quelques modifications malen¬ contreuses du siècle passé qu'on a éliminées au profit d'un rétablissement de l'état antérieur, on se limite à remplacer les moellons et les parties sculp¬ tées défectueuses et insauvables. La restauration des deux portails dont la dégradation est très avancée posera à ce sujet des problèmes particulièrement épineux. Mais il y a surtout lieu de s'interroger si l'investissement de moyens très considérables se justifie sans prendre en même temps le mal à la racine : pour autant que la circulation motorisée autour de la cathédrale et notamment les poids lourds qui provoquent des vibrations néfastes et mettent en péril la statique du monument ne seront pas sensiblement réduits, et que la pollution de l'air due aux gaz d'échappement des moteurs à carburants et du chauffage à mazout va en augmentant, il s'agira d'une thérapie palliative qui ne saurait ' guérir le malade.

Pour ce qui concerne la restauration de l'intérieur dont les frais sont par¬ tiellement assumés par la paroisse et qui vient de commencer, elle sera égale¬ ment réalisée par étapes. Il s'agira d'y procéder dans le respect des valeurs authentiques qui nous sont parvenues. De façon impérieuse, il faudra accepter les interventions très valables des trois grandes époques qui ont marqué cet ensemble splendide: le moyen âge tardif, l'époque baroque et l'apport de l'art moderne et contemporain. Nul n'a le droit d'arracher de la biographie passion¬ nante de la cathédrale de Fribourg des chapitres entiers, comme certains dési¬ reraient le faire selon une doctrine périmée depuis longtemps et sous prétexte de la recherche d'une unité stylistique qui n'y a jamais existé.

L'église des Cordeliers

Le Couvent des Cordeliers, l'unique monastère de l'ordre en Suisse qui a sur¬ vécu jusqu'à ce jour, fut fondé en 1256. Aussitôt on entreprit la construc¬ tion de l'église, réalisée pour l'essentiel jusqu'à 1275 et terminée proba¬ blement en 1281, date d'un Chapitre provincial de l'ordre à Fribourg. La dé¬ clivité du terrain et la formation géologique s'y prêtaient mal. Au XVIle s. les bâtiments conventuels ont dû être reconstruits plus à l'ouest, et la nef a été renouvelée en 1745 de fond en comble par Hans Fasel le Jeune qui a transformé la basilique du type des églises des ordres mendiants en église à nef unique. Nouvelle intervention en 1814 pour remplacer le plafond du XVIIle s. par celui qu'on y voit à présent. De la nef primitive seules les parties basses des murs extérieurs des collatéraux nous sont parvenues, par bonheur surtout du côté septentrional où, à l'extérieur, au moins les peintu¬ res murales de l'aile sud du cloître médiéval ont ainsi été conservées. L'é-

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chapelle méridionale et, dans la même chapelle, la statue monumentale du Christ à la colonne (1438) qui porte les armes du conseiller Jean Mossu, fon¬ dateur de la Chapelle du St-Sépulcre à la cathédrale.

Ici également, la restauration était devenue inéluctable par l'état défec¬ tueux du bâtiment. Le choeur du XHIe s. montrait des lézardes inquiétantes et menaçait ruine, la façade occidentale avait commencé à se détacher du corps de l'édifice. La première intervention, à partir de 1976, était dès lors la consolidation statique des parties les plus menacées. La façade fut ancrée dans les murs latéraux de la nef, les fondations du choeur améliorées. En même temps le remplage gothique des fenêtres du choeur fut complété ou re¬ construit selon le modèle d'églises franciscaines du Haut-Rhin de la même époque. La restauration soigneuse de la Sacristie de 1746 au nord du choeur fut entreprise en même temps: rétablissement du niveau d'origine et restaura¬ tion soigneuse du mobilier et des stucs du plafond. Un effondrement de la toi¬ ture du cloître le long du mur nord de l'église nécessitait une intervention rapide. Il fallait anticiper la restauration du cloître qui était tout d'abord prévue à une étape postérieure. Elle donna l'occasion de récupérer ici aussi les niveaux d'origine, ce qui ne restera évidemment pas sans conséquences pour le choeur. Des peintures murales de Peter Maggenberg (1440) au cloître, deux images sur les cinq qui sont conservées ont été consolidées, nettoyées et res¬ taurées .

Tous ces travaux ont été exécutés dans l'intention de conserver autant que pos sible la substance originale. Les parements en pierre de taille furent respec¬ tés, et on ne remplaça que les moellons attaqués en profondeur par les intempé ries. Mais ici comme à la cathédrale, il se pose la question de l'avenir du mo nument. Placé à côté d'un garage dont la disparition prochaine est annoncée de puis trente ans, importunée par une route moderne à circulation dense dont la construction a enterré les parties basses de la façade occidentale et rendu impraticable le portail principal, l'église a souffert non seulement des intem péri es, mais tout autant du trafic motorisé. A brève échéance, il s'agira donc de modifier dans la mesure du possible le tracé de la route, de créer entre celle-ci et la façade un trottoir convenable et de dégager ainsi la façade. A moyenne ou longue échéance une route de contournement de la vieille ville est envisagée. Elle déchargera l'actuelle route de Morat et sera à l'avantage du centre historique, en particulier de l'Hôtel Ratzé (actuellement Musée canto¬ nal d'art et d'histoire) et de l'église des Cordeliers.

Alfred A. Schmid

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# d'un œil critique: Pro Fribourg

Deux cas extrêmes résument la problématique de la conservation des édifices religieux : du sauvetage quasi in extremis de l'E¬ glise des Cordeliers (affaissements, mauvais état de la toiture, importants dégâts d'eau par infiltrations) au chantier perpétuel de la Cathédrale, on s'efforce, avec beaucoup de soin et d'ar¬ gent, de réparer les ravages du temps. Du temps seulement ? Si l'on consulte d'anciennes gravures, on voit ces deux églises à l'écart de l'animation d'alors, l'église des Cordeliers entou¬ rée de jardins et d'un cimetière, la Cathédrale dignement entou¬ rée d'un espace de calme, de ruelles non passantes, introduisant au recueillement de l'intérieur de l'édifice.

L'époque moderne va bouleverser ces espaces de sérénité. Si le pont suspendu, construit en 1834, de même que la nouvelle rue des Cordeliers s'insèrent au début sans trop de dommages, ils provoqueront à terme des dommages profonds. Quand, en 1930, on remplace le pont suspendu par un pont adapté au trafic lourd, on garde le même emplacement et, dès lors, la Cathédrale n'est plus, dans la circulation automobile actuelle, qu'un récif battu par une marée de véhicules.

Non sans dommages. La pollution atmosphérique combine son action avec l'ébranlement provoqué par les poids lourds. Les vitraux de Mehoffer ont, 80 ans après leur pose, un urgent besoin de res¬ tauration. Quant aux statues du porche, elles ont été depuis longtemps "remisées" dans un musée lapidaire, mais leurs copies sont déjà atteintes de lèpre...

Tout cet effort persévérant de restauration se voit rapidement annulé tant qu'on ne s'attaque pas aux causes mêmes du mal. Les données de la conservation du patrimoine architectural doi¬ vent être intégrées dans le processus d'aménagement de la ville. Mais ne s'apprête-t'on pas à construire un parking souterrain à la place Notre-Dame, entre les Cordeliers et la Cathédrale, avec pour effet de maintenir définitivement la circulation automobile à leurs abords ?

Faudra-t'il prévoir à l'avenir un Ballenberg pour monuments en péril ?

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Les Cordeliers

Ci-dessous, à droite : le choeur avant restauration.

Ci-dessous, à gauche : une fenêtre du choeur après restauration.

Ci-contre : le choeur et la sacris¬ tie restaurés.

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+ à la place Georges-Python

samedi 17 dès l'après-midi et toute la soirée FETE DES HABITANTS

en musique, stands, animation, avec la participation de tous les groupes, mouvements et associations de

quartiers actifs à Fribourg pour une ville pour ses habitants

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Samedi 17 octobre

dès 9h Accueil à 1'Université-Miséricorde UNI Aula B dès 10h Rencontre présentation des divers groupes

(films - audio-visuel)

12h30 Repas en commun UNI Mensa (g'inscrire : 7 Fr. par personne)

14h30- Suite présentations de groupes UNI Aula B - 17h Exposés sur la participation

dès 15h FETE DES HABITANTS Pl. Georges-Python

Dimanche 18 octobre

dès Echanges de vues sur les possibilités UNI Aula B 9h30 de liaisons et de contacts à l'avenir

Film de la télévision canadienne 'u u'à "Vers un habitat humain" (excellent jusqu document mettant en parallèle Montréal,

Bruxelles et Sydney

1 2h30 Bilan informel, conclusions éventuelles

13h Repas en commun Caserne de la Planche (s 'inscrire : 18 Fr. par personne)

IMPORTANT : Les langues en usage au FORUM seront le FRANCAIS, 1'ALLEMAND et 1'ITALIEN. Traduction sous forme de courts résu¬ més (cela marche !)

SECRETARIAT - ORGANISATION DU FORUM : PRO FRIBOURG, Stalden 14 1700 FRIBOURG Tel. (037) 22 07 50 (permanence: Mardi, Mercre¬ di et Jeudi).

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CE PROGRAMME VOUS EST OUVERT:

- vous pouvez participer aux séances du samedi et du dimanche matin à l'Uni (entrée libre) et

- participer aux repas (s'inscrire au plus vite s.v.p.) Si vous habitez hors de Fribourg :

- vous pouvez réserver une chambre (hôtel/ ou solution à bon marché : en dortoir à la Planche, 6 Fr. la nuit) Si vous êtes de Fribourg :

- vous pouvez peut-être nous aider à la réussite de ce FORUM DES HABITANTS en hébergeant un ou deux partici¬ pants venus de loin : d'avance merci î

FORUM DES HABITANTS Fribourg 17-18 octobre BULLETIN D'INSCRIPTION

(à retourner au plus vite M

Adresse:

PRO FRIBOURG Stalden 14

1700 FRIBOURG No tel. (heures d'appel):

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Participez : au forum à la fête ! et aidez-nous :

pour l'accueil de nos hôtes attendus de Suisse, Italie/ France, Allemagne, Angleterre, Luxembourg et Belgique,,, D'avance merci !

Je m1inscris pour

□ □

personnes au repas de samedi midi

à la Mensa de l'Uni ( 7 Fr.) personnes au repas de dimanche midi

à la Caserne de la Planche (Basse-Ville) (18 Fr.) Prière de me réserver une chambre d'hôtel pour :

□ pers. □ nuit vendredi-samedi a samedi-dimanche

(sans bain, prix moyen 30.- par personne)

□ pers. D nuit vendredi-samedi □ samedi-dimanche

(en dortoirs séparés, à la caserne de la Planche, nuitée 6.- par personne).

Je puis héberger pour la nuit de samedi-dimanche :

□ pers. + éventuellement □ nuit vendredi-samedi.

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La Cathédrale

En chantier depuis un demi siècle : mais une tâche sans cesse à recom¬ mencer à cause des dégâts dus à la pollution et au trafic lourd. Ci-contre : la tour en 1939.

Ci-dessous : le porche sud dont on commence maintenant la restauration

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1 Place du Pt Paradis 2 Place Georges Python 3 Rue de Lausanne, jour de fête 4 La Planahe en 1900 5 Idem en 1981 - -.zM

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Présentation

L'habitant, l'usager ou le visiteur de la ville utilise la rue, la pla¬ ce, la ruelle ou le parc pour se déplacer, se détendre, se reposer ou s'approvisionner. Chaque lieu forme un cadre physique dans lequel il se situe et s'oriente par rapport à l'environnement qui l'entoure, il en perçoit l'image intérieure de la ville.

Le développement d'une ville provoque au cours des siècles des change¬ ments importants par rapport à la fonction que devait remplir à l'origi¬ ne chaque espace public. La motorisation a profondément changé l'aspect de ces lieux en raison d'un trafic automobile excédentaire et d'une uti¬ lisation intensive du domaine public pour le stationnement des voitures. Dans les quartiers anciens, des aménagements partiels ont été entrepris il y a quelques années par la mise en place de bacs à fleurs. Ces solu¬ tions présentent un manque de qualité architecturale, elles servent principalement à écarter le trafic automobile de certaines rues. Sur le Plätzli, au bas du Stalden, un réaménagement de cette place est en voie d'achèvement. Il permettra de redonner un espace intéressant en mettant en valeur le bassin de la fontaine.

En vue de rechercher une solution planifiée au niveau local, les projets des plans directeurs d'aménagement proposent un traitement du domaine public par la création d'une voie piétonne partant du Centre-Ville (la Gare) pour rejoindre le quartier ancien de l'Auge en passant par la rue de Romont, la rue de Lausanne, la Grand'Rue, le Stalden et la rue de la Samaritaine pour rejoindre la place du Petit-Saint-Jean.

La réalisation de cette voie, qui pourrait se ramifier par la suite, né¬ cessitera des mesures complémentaires obligatoires et planifiées afin de résoudre les problêmes de circulation automobile, du stationnement des véhicules tout en garantissant à ces lieux une attractivité et une acces¬ sibilité favorisant leur animation.

Les projets de plans directeurs d'aménagement proposent, en complément de cet axe prioritaire, un processus destiné à définir la mise en valeur des espaces-rues en tant qu'aires collectives de la vie quotidienne, dans lesquels sont intégrés les trafics de desservance.

Ces propositions vont inciter les autorités à poursuivre, améliorer et compléter les essais réalisés en 1981 par l'étude d'aménagement de ces espaces urbains qui doivent, particulièrement dans le site ancien, res¬ pecter l'héritage du passé.

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• d'un œil critique: Pro Fribourg

Parler maintenant des espaces publics, c'est sauter d'un extrê¬ me à l'autre. Pour la Maison bourgeoisiale, on vient de dépen¬ ser plus de dix millions; les anciens abattoirs en ont coûté près de six et, pour la Cathédrale et les Cordeliers, on n'ose faire le compte des millions accumulés... A l'opposé, pour les espaces publics, jusqu'à ce jour, c'est la misère, la pénurie. Admettons que, sans un plan d'aménagement dûment approuvé (il se trouve encore à l'étude), il est difficile de décider les aménagements nécessaires, si bien que les rues piétonnes, à part un timide essai, sont encore à l'état de projets. Quant aux rues résidentielles, on laisse à d'autres le soin de les expérimenter.

Pendant ce temps, les belles places de la Vieille Ville sont toutes envahies par les voitures, réglementairement dans le

haut à coup de parcomètres et anarchiquement dans la Basse Ville. C'est là un détournement d'usage caractérisé. Nous en donnons pour exemple le pauvre kiosque à musique de la place Georges- Python égaré au milieu des voitures.

Comme exemple du long chemin encore à parcourir (pour que les piétons que l'on protège retrouvent enfin quelque liberté), le Plätzli, cité par l'architecte de ville, est éclairant.

Cette minuscule place au bas du Stalden, dans le quartier de l'Auge, était depuis fort longtemps dénaturée : un dépôt de la voirie empiétait sur le place, l'échappée visuelle sur la Sari- ne était coupée par un muret trop haut, le très beau bassin de la fontaine était déparé par une colonne en ciment ..et les voitures en stationnement. En 1975, un bureau d'architectes est mandaté pour l'aménagement de cette place. Le projet présenté la restituait dans une interprétation contemporaine respectant le tracé initial, mettant en valeur la fontaine et rétablissant la liaison visuelle avec le paysage. Un projet qui reçut l'ap¬ probation des commissions d'urbanisme et des monuments et de l'association du quartier. Son coût : 122'500 Fr. Jugé prohibi¬ tif par l'autorité, il fut écarté et un aménagement "par étapes" fut confié à l'Edilité. En 1981, il n'est pas encore terminé.

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5. Les fouilles archéologiques

La nécessité des investigations archéologiques est souvent enco¬ re ressentie comme une gêne quand des travaux sont entrepris dans le centre historique. Qu'une nouvelle conduite de gaz soit installée le long de la Cathédrale, on bute sur des restes de b⬠timents dont on ignorait l'existence. Qu'on creuse un passage en¬ tre le Musée cantonal et les anciens abattoirs, on se heurte aux fondations de la Mauvaise Tour. Qu'on veuille construire un par¬ king souterrain devant la Grenette, les soubassements du premier hôpital des bourgeois font obstacle. Qu'on se décide de planter un nouveau tilleul de Morat à la place de 1'Hôtel-de-Vilie, on tombe sur les fondations de l'ancien château des Zähringen... En fait, on ne sait rien de très précis sur les débuts de la ville et les études faites par l'historien Pierre de Zurich ou l'architecte Genoud ont pris de l'âge sans que des fouilles ou des sondages soient venus les corroborer.

Les mêmes difficultés apparaissent quand, principalement dans le quartier du Bourg, on entreprend la restauration d'immeubles : on découvre des fragments de muraille, des restes de fortifica¬ tions, dont on ne peut dégager la signification, faute d'investi¬ gations portant sur l'ensemble du secteur. Un relevé complet des caves, qui s'étendent souvent sous les rues actuelles, serait une première donnée de base indispensable. Et un tel relevé de¬ vrait se faire, pour des raisons de datation, avant que toutes ces caves soient bétonnées pour les installations de chauffage. Mais, pour cela, le personnel spécialisé, les crédits, font dé¬ faut. Un poste d'archéologue médiéval serait à créer.

Cela éviterait bien des erreurs et des tâtonnements, permettrait le sauvetage de témoins précieux, l'établissement d'un cadastre archéologique et éclairerait finalement notre connaissance du passé.

Il y a quelques années, au Stalden, en creusant dans un jardin, sur l'emplacement de maisons incendiées au XVIIe s., pour ins¬ taller une citerne à mazout, une foule de vestiges apparurent (fragments de poteries, de verreries, de fourneaux en catelles gothiques et Renaissance). Presque tout partit à la décharge... sans profit scientifique, ni profit matériel pour personne.

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cupation humaine très ancienne. Le passage de l'homme est attesté, pour l'époque néolithique, par deux haches polies; pour l'âge du bronze, par une hache conservée au Musée de Neuchâtel et une épingle au Musée de Genève; pour l'époque La Tène par un torque à tampons en bronze actuellement au Mu¬ sée de Genève, et pour l'époque romaine par un grand nombre de monnaies é- parses. Une villa romaine se trouvait sur la pente Nord-Ouest de la Butte de Pérolles et un établissement romain fut détruit à la Poya, lors de la construction de la caserne. Une nécropole mérovingienne importante se trou¬ vait dans les ruines de la villa romaine de Pérolles. On y fouilla en 1861, en 1902 et en 1937. Les objets recueillis lors des deux dernières fouilles sont au Musée de Fribourg. Ceux découverts en 1861 furent vendus à l'anti¬ quaire Forrer qui en fit cadeau au Musée de Berlin et c'est la dernière guerre qui les fit disparaître à jamais, exceptée une garniture de ceinture en fer damasquiné.

Mais actuel lenient, les recherches archéologiques ne se limitent plus uni¬ quement à la pré- et protohistoire, car nous sommes très mal renseignés sur le Moyen Age, les documents écrits sur nos régions remontant au 13e siècle pour l'église et au 14e s. pour l'Etat. Il s'agit d'une documentation peu importante et pour la ville, elle commence à être plus fournie à partir du 15e s. seulement. Pour connaître les origines et l'histoire de Fribourg, nous dépendons presque entièrement des renseignements archéologiques. La chance veut que bien des vestiges archéologiques soient encore conservés sous le sol et dans les maisons sous des parements récents. Chaque fois qu'on ouvre le sol, ou qu'on restaure une maison, des vestiges archéologi¬ ques apparaissent dont l'étude systématique pourrait nous apporter des élé¬ ments précieux pour une meilleure connaissance du passé de notre ville. L'exemple ci-après de la tranchée du Gaz-Nat excavée le long de la cathé¬ drale démontre clairement que de telles recherches apportent des résultats fort intéressants. Trois cimetières d'époques différentes ont été touchés. Une rangée de maisons antérieures à la construction de la cathédrale, dont le niveau d'habitat se situe à 2-3 m sous le sol actuel de la rue du Pont Suspendu, a été traversée par la tranchée du Gas-Nat. Les murs de plusieurs pièces ont été dégagés, qui devaient s'ouvrir vers une rue du côté Nord, rue enterrée pour la construction de la cathédrale. Dans deux pièces, des marches d'un escalier ont été mis au jour, alors que dans une autre se trouvaient les restes d'un mur plus ancien. Il y avait donc des construc¬ tions encore plus anciennes. Ces fouilles d'urgence très restreintes ont démontré clairement que bien des documents précieux restent enfouis dans le sol de Fribourg et qu'une surveillance continue des chantiers et des recher¬ ches effectuées sur une base plus large pourraient faire revivre un riche passé. Un archéologue médiéval serait pleinement occupé par l'étude de la seule ville de Fribourg.

Hanni Schwab

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Plan de situation de la fouille

m Murs dégagés I I Murs apparents I I Intérieurs de maisons

Plan schématique des murs de la rangée de maisons

Profil nord de la tranchée entre les mètres 34 à 46,5

i i «

Chorbon i Mortier Goudron î Morlier I ] j o l'oetiau* L 1 Crépis

en Dérangement lür* Conduites

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La Société des logements populaires, fondée en 1922, met à disposition de personnes à revenus relativement modestes des appartements conforta bles à un prix raisonnable. Elle a bénéficié très tôt de l'intérêt ef¬ fectif des autorités. Les bâtiments acquis en Auge et en Neuveville fu rent, avec les années, aménagés et rendus habitables.

Après les réalisations de la rue des Forgerons, de la rue d'Or 9, la rénovation du bâtiment de la Fleur de Lys vient de se terminer. Les études débutèrent en 1977, les travaux, commencés en juillet 1979, se terminèrent en novembre 1980. La date de 1793 est gravée sur l'emblème de la Fleur de Lys. L'intérieur et les façades arrières ont été passa¬ blement remaniés au début du 20e siècle (présence d'éléments de cons¬ truction très disparates allant du colombage aux blocs de pierre natu¬ relle, de réemploi et à divers matériaux de remplissage). Les décou¬ vertes de certains vestiges de frises, fresques naturelles, décora¬ tions de niches et plafonds ont nécessité certains relevages, la cons¬ titution d'un dossier photographique, mais ne méritèrent pas, compte tenu de leur état et de la nouvelle affectation des locaux, une res¬ tauration comme telle. Par contre, dans la planification et la réalisa tion générale de l'immeuble, les emplacements des trois maisons primi¬ tives se retrouvent aussi bien par la sauvegarde des murs mitoyens que par la restructuration qui leur est adaptée de trois appartements par étage.

La découverte d'un four de boulanger en briques appareillées nécessita certaines modifications de la cage d'escaliers afin de pouvoir sauve¬ garder partiellement le four comme élément décoratif de la salle à man ger du restaurant. De plus l'on conserva la vieille hotte de cheminée et les poutres existantes furent réutilisées. L'enseigne également re¬ faite compte sans doute parmi les plus belles de notre ville. Cet im¬ meuble met à disposition 9 logements nouveaux (2x4 pièces, 2x3, 4 x 2, 1 x 4 1/2) conformes aux normes HLM et un café restaurant de 80 places environ, remis en état dans le panneautage des boiseries d'ori¬ gine (19e s.). Les conditions de sauvegarde et de restauration posées par la Commission des monuments historiques; l'application des normes HLM et les questions financières furent assez facilement résolues. Cette restauration onéreuse a été rendue possible par une étroite col¬ laboration financière entre les autorités communales, les organes de subventionneront de la Commune, du Canton et de la Confédération, au niveau des monuments historiques et de l'office du logement.

Marcel Von der Weid

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Faire un musée ou maintenir la vie

La situation est bien connue. Notre communauté du quartier de l'Auge a progressivement perdu la maîtrise de son environnement urbain. De nombreuses maisons qui lui appartenaient ont été ache¬ tées par des individus motivés par le seul intérêt marchand, qui considèrent la propriété privée comme un droit absolu. Une vie sociale particulièrement riche est ainsi menacée par le manque de logements accessibles aux familles.

La Coopérative d'habitation de l'Auge est née pour s'opposer à cette tendance et travaille en collaboration avec les autres as¬ sociations du quartier. Pour cela il n'est pas suffisant de deve¬ nir propriétaires et de gérer des immeubles. Nous entendons opé¬ rer dans plusieurs directions en même temps :

- récolter et diffuser des informations sur les transactions im¬ mobilières, sur les transformations de maisons et sur leur inci¬ dence démographique et sociologique. Dénoncer publiquement les opérations les plus spéculatives, avec le nom des responsables. - constituer une bourse du logement, pour mieux connaître la dis¬ ponibilité d'espace habitable et rendre un service aux proprié¬ taires et aux locataires.

- suivre attentivement la politique communale envers les vieux quartiers. Profiter des prochaines élections pour relancer la dis¬ cussion sur ce sujet.

- soutenir techniquement et financièrement les propriétaires du quartier qui doivent ou veulent rénover leur maison et le font dans l'esprit de notre association.

- acheter des immeubles, les transformer et les administrer avec la participation des locataires. Dans ce domaine, nous avons beau¬ coup de bonnes intentions qui attendent l'occasion de se réaliser. Le marché est très dur, nous l'avons constaté à plusieurs repri¬ ses. Cependant, nous sommes en train d'acquérir de l'expérience et les fonds nécessaires.

Nous arrivons très tard et beaucoup ne croient pas à nos ambitions. Pourtant, le sort des quelques maisons qui restent à transformer va décider de la vie de l'Auge ou de son embaumement.

Vous pouvez soutenir notre action avec vos idées ou en acquérant des parts sociales.

Jiirg Frieden et Laurent Thévoz

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Des problèmes de main d'oeuvre spécialisée

A Fribourg plus qu'ailleurs en Suisse - une ville de moyenne im¬ portance laisse encore la possibilité de rapports humains - le sentiment d'indépendance des propriétaires et les relations qu1 ils entretiennent avec les maîtres d'état empêchent qu'une ou deux entreprises générales spécialisées soient seules à interve¬ nir pour les restaurations. Chaque maçon, menuisier ou couvreur aborde un jour une restauration délicate. Cet état de fait im¬ plique le contrôle du chantier par un architecte formé et viscé¬ ralement concerné par ces problèmes. Or, si les écoles polytech¬ niques fédérales de Zurich et Lausanne offrent un cours à option donné par MM. Georg Mörsch et Pierre Margot, experts dont l'au¬ torité en restauration est incontestée, l'Ecole d'Architecture de Fribourg, responsable de la formation de la majorité des jeu¬ nes architectes du canton, ignore ce secteur dans ses programmes, et les cours d'histoire de l'art, s'ils dissertent des frontons grecs et des temples romains, s'arrêtent à peu près où commence l'architecture civile fribourgeoise. Tant que les futurs archi¬ tectes n'apprendront pas à reconnaître les éléments essentiels des maisons fribourgeoises ou rurales, le Service des Monuments historiques continuera à corriger des plans sommaires, afin d'é¬ viter le pire.

Précédant l'archéologue - qui souvent cherche le caillou - les sondages du restaurateur en peinture sont nécessaires en ville où les décors sont peints à même les murs. Quelques responsables d'ateliers, hautement qualifiés, sont conscients des services qu'ils rendent. En revanche, le personnel reste mal intégré aux structures professionnelles, malgré une formation pratique excel¬ lente. Aussi, l'Etat doit maintenant compléter leur formation théorique et sanctionner cette spécialisation par des certifi¬ cats d'aptitudes professionnelles, faute de quoi il continuera à maintenir dans une certaine marginalité des gens dont le savoir- faire et le talent sont indispensables à la survie du patrimoine. Sans les tailleurs de pierre, il suffirait de moins d'un siècle pour que la contemplation des façades de molasse soit remplacée par des fouilles archéologiques. Là encore, les états-majors sont stables et mieux intégrés que les troupes, formées en majorité

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surer cette reconversion.

Les techniques artisanales du travail du bois ont mieux résis¬ té. Aussi, charpentiers, menuisiers, couvreurs, s'adaptent plus aisément aux exigences d'une restauration et on trouve encore les tavi1lonneurs aptes à restituer clochetons ou "ra- mi res".

L'ébénisterie d'art exige une connaissance des styles et une expérience qui s'acquiert à chaque restauration.

Survivant des ateliers qui ont assuré le renouveau du vitrail, un seul verrier aux qualités éminentes, maintient haut le flam¬ beau de la tradition. Quelques jeunes orfèvres, mais cantonnés dans la bijouterie, alors que l'orfèvrerie sacrée est aux mains pieuses des commerces St.-Sulpi ci ens. Ne serait-ce pas le mo¬ ment de réouvrir la section artistique du Technicum ?

L'Etat doit veiller, non seulement à former, mais aussi à main¬ tenir ces artisans hautement qualifiés. La formation continue implique un investissement personnel souvent méritoire, qui de¬ vrait être reconnu officiellement afin que soient établies des équivalences de salaire avec d'autres professions. Quitte à repousser certains travaux de prestige, les communautés publi¬ ques doivent assurer la survie des ateliers à l'heure où les propriétaires privés n'investissent plus.

Etienne Chatton

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Bilan d'action des pouvoirs publics et perspectives d'avenir

A priori, l'Etat de droit garantit la sacro-sainte propriété. Aussi, dans l'optique de certains requérants au permis de cons¬ truire, tout ce qui n'est pas légalement défendu devrait être formellement autorisé. Le consensus presque miraculeux qui s'é¬ tablissait souvent à mi-chemin entre les appétits des particu¬ liers et les intérêts de la communauté ne saurait être éternel. C'est dire l'importance croissante de bonnes lois. Le règlement concernant les zones protégées de la ville a toujours évité le pire, souvent réduit les ambitions aux limites de la bienséance et parfois assuré le respect du tissu urbain ancien. Comme les garde-fous qui guident les aveugles plus qu'ils n'inspirent les équi1ibristes, les normes et les contraintes favorisent le con¬ formisme plus qu'elles ne suscitent la création. Il faudrait donc à l'avenir garantir aux commissions d'urbanisme et des mo¬ numents historiques la compétence d'éliminer la médiocrité qui s'étale parfois au détriment de l'originalité.

La création reste cependant le domaine exclusif des créateurs, espèce rare et farouche dont la sélection naturelle ne s'opère pas dans les allées du pouvoir et les corridors de l'administra¬ tion. Le consensus des notables autour des mandats confiés aux architectes de la couronne et les prothèses mises aux canards boiteux par des commissions bien intentionnées ne font qu'atté¬ nuer le côté spectaculaire de l'échec et leur effet salutaire. Seul le concours où se confrontent les meilleurs offre, avec la diversité d'idées profitable à l'ensemble de la corporation, les prémices d'une réalisation adaptée.

Les subventions fédérales, cantonales et communales ont permis la remise en valeur de la Rue des Bouchers ou celle des Forge¬ rons, d'un coût inabordable sans cette concentration des moyens. En faisant des trois points noirs de la ville - les Abattoirs, l'Hôtel Zaehringen incendié et les ruines de l'Aigle Noir - trois réalisations prestigieuses, les autorités, motivées par les perspectives du 500e, ont encore démontré l'impact d'une volonté politique.

Quelques refus de permis de construire, joints à l'aide communa¬ le et cantonale, ont mis le holà à cette fâcheuse habitude d'amé-

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financiers des requérants et leur apport à la collectivité res¬ tent plus délicats à estimer.

Dans les Cahiers de l'Alliance culturelle romande d'octobre 1975, bien qu'inquiets de la diminution des propriétaires résidants, nous nous targuions d'avoir évité dans la vieille ville le ghetto des riches. Sous l'impulsion de M. Nussbaumer, syndic, l'Associa¬ tion des Logements populaires avait arraché plusieurs immeubles à la spéculation. Restaurés avec l'appui des monuments histori¬ ques et aménagés avec les subsides des HLM, ils étaient devenus le refuge des natifs d,u quartier.

Cette association freine encore la hausse des loyers. En revan¬ che, l'espoir d'un certain contrôle de la propriété en vieille ville semble perdu depuis dix ans. Les immeubles à vendre dans les anciens quartiers ont été trop systématiquement acquis par des étrangers, malgré tous les inconvénients sociaux que cela suppose. La commune et l'Etat, par le truchement des caisses hy¬ pothécaires, n'auraient-ils aucun moyen d'empêcher qu'à l'avenir les pauvres fribourgeois ne puissent plus prétendre qu'aux pos¬ tes de concierges dans ce qui fut leurs maisons de famille? Les Ponts de Berne et du Milieu ont été heureusement consolidés. En revanche, nombre d'interventions, qui amélioreraient la quali¬ té de vie, ont tourné court. Alors qu'on semble connaître et pla¬ nifier les besoins de la circulation, les exigences du sport, les impératifs du tourisme, la mise en valeur des espaces publics reste indécise. Sur les places encombrées et asphaltées, les ar¬ bres meurent et le décor reste uniformément banal. Les sentiers de promenade sur les rivés de la Sari ne n'ont été qu'amorcés et la vallée du Gottéron regorge de ferraille.

Un bilan d'action des pouvoirs publics établi par un fonctionnai¬ re sera peut-être jugé partial. J'ai essayé pourtant d'en éclai¬ rer le passif, non pour satisfaire les détracteurs, mais parce que les objectifs à réaliser me paraissent plus exaltants que le sommeil sur les lauriers. r.. ~u ..

Etienne Chatton

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Architecture contemporaine et protection du patrimoine

L'architecte possède et exerce l'art de bâtir (Boiste). C'est lui qui, en principe, devrait intervenir, seul et sans limite, lors de la construction d'un bâtiment, en établissant les plans et en surveillant les travaux puisqu'il connaît les règles nécessaires à la bien facture de l'ouvrage. Chargées cependant de promouvoir l'in¬ térêt commun, les collectivités locales sont appelées à faire respecter les règles minimales des constructions, notamment par des mesures d'ordre esthétique qui font souvent l'objet d'un règlement de protection d'une partie du territoire communal. La notion d'esthétique est si indéterminée qu'elle permet une très large interpré¬ tation. Il est ainsi possible de trouver autant d'interprétations de ce concept qu'il y a de membres dans les commissions dont les collectivités s'entourent pour appliquer ces règlements qui, comme la "littérature pararéglementaire" qu'ils ins¬ pirent, suscitent les sarcasmes de certains mais aussi des réflexions fort perti¬ nentes, comme celle que publie la troisième livraison de 1981 d'"Archithese" (1). Et pourtant, malgré le dédale de la procédure, l'avalanche des lois et règlements et la médiocrité des temps, quelques architectes parviennent encore à réaliser des oeuvres qui feront date dans l'architecture civile du canton.

Cela dit, quelle issue trouver au conflit qui oppose l'historien ou l'amateur, voulant conserver les sources et les témoins esthétiques et scientifiques, à l'ar¬ chitecte, désireux d'en sacrifier une partie pour exercer son art ?

Il convient d'abord d'intéresser les jeunes à 1'architecture et à la protection du patrimoine, et pour cela de susciter l'intérêt de leurs parents, par des cours, conférences et publications des spécialistes et des associations. C'est à l'école aussi que l'instruction générale des jeunes doit être développée dans ce sens par l'intégration de ces centres d'intérêt dans les cours généraux et les manuels, par l'introduction de cours spéciaux mettant à leur disposition des moyens modernes tels que film, vidéo, photographie, sans omettre la gravure, le dessin ou la pein¬ ture.

Les hommes de métier doivent être mieux formés à cet égard. D'une manière générale, les publications des historiens de l'art ancien et contemporain doivent être vulga¬ risées: on peut aisément concevoir que les travaux d'universitaires soient publiés - peut-être sous une forme simplifiée ou résumée - avec l'aide des collectivités publiques, des grandes sociétés et des associations. Mais surtout les hommes de mé¬ tier, spécialement les architectes et leurs associations, devraient poursuivre, de toute urgence, les grandes entreprises que furent les publications de la Maison bourgeoise de Pierre de Zurich et du Fribourg artistique en y incluant l'architec¬ ture contemporaine.

Ce n'est que quand ces conditions - qui sont loin d'être exhaustives - commenceront à se réaliser que le débat opposant l'architecture contemporaine à la sauvegarde du patrimoine pourra se développer et continuer de susciter, dans le canton, cette nouvelle architecture alliant la création contemporaine et la protection du patri¬ moine, celle que nous appelons de nos voeux.

Jean-Claude Mori sod

président de la Société fribourgeoise d'art public 1. Marie Claude Bétrix, "Le règlement, lieu du wrirage légalisé", Archithese 3-81.

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l'avons dit d'entrée de jeu, un cahier spécial: nous reviendrons sur le sujet, en complément de la présente publication.

Nous n'en retiendrons qu'un aspect : ces restaurations privées n'échappent pas à l'influence des pouvoirs publics : elles sont soumises à un règlement, elles bénéficient, sous certaines con¬ ditions, de subventions.

On rencontre là le meilleur et le pire. Nombre de propriétaires, d'investisseurs, de petits entrepreneurs font là leur première expérience. Et il n'y a guère que l'apparence extérieure des im¬ meubles à être protégée. Les volumes, les espaces intérieurs, leur décoration, leurs boiseries, les fourneaux en catelles, les escaliers de bois, eux, ne le sont pas: ils sont même souvent me¬ nacés par les règlements en vigueur, celui du feu notamment. Aussi la rénovation des immeubles de la Vieille Ville a-t'elle passé par quelques vagues successives : transformation du type HLM dans les années 50, détruisant tous les éléments intérieurs; vague des studios dans les années 60, au grand dam de la popula¬ tion d'origine; vague actuelle de restaurations de luxe, suite au nouvel engouement des classes aisées pour la Vieille-Ville.

Enfin, l'application du règlement souffre de ses défauts mêmes : trop rigide dans la formulation, trop flou dans la conception qui ne s'appuie sur aucune doctrine.

Dès lors, on navigue à vue, sans instruments. Ici, on autorise une trasformation irréversible, tout béton, en fonction d'une uti¬ lisation artisanale qui disparaît quelques années plus tard. Les dégâts, eux, restent. Là, on négocie, on accorde une dérogation pour sauver un élément ancien, mais toujours au détriment de l'ar¬ chitecture... Le dossier est lourd, nous y reviendrons.

Arrêtons-nous maintenant à un aspect extérieur : la Vieille-Ville était jusqu'alors, réglementai rement, condamnée à la grisaille, au gris-vert molasse uniforme. On redécouvre la couleur. En voici des exemples. Mais gare à l'esprit de système qui risque de revêtir la Vieille-Ville d'un manteau d'arlequin !

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