Comment des élèves de 3 e ont réalisé la B. T.2
sur l'euthanasie (1)
A
proposd'un débat sur l'avortement, le thème de l'euthanasie
a
été
abordé rapidement en classe ~e 3e, Il restait en suspens.Peu de temps après, je récupère, dans les archives de B.T.2, un bon kilo de documentation variée sur ce thème. C'est le point
de départ de la 8.T.2.
On n'a pas toujours la chance, direz-vous, de récupérer un kilo de documentation. Certes, mais la réunir, c'est encore ce qu'il y a de plus facile, car le problème, souvent, n'est pas la recherche, mais l'abondance de l'information (cf. appel à la suite de cet article).
Ce dossier copieux est donc arrivé dans ma classe, pas tout à fait parachuté artificiellement, puisque le thème avait déjà
été
abordé
à
une autre occasion. Une équipe de six élèves s'est constituée autour du dossier, et ce travail s'est inséré dans le cadre du travail en ateliers: il était donc programmé sur un mois, période de fonctionnement des ateliers dans ma classe.Face à l'abondance de documentation, j'ai imposé une méthode de travail rigoureuse: chaque article de presse (car il s'agissait surtout d'articles) a été attaché par un trom- bonne à une feuille blanche. Pendant une semaine (cinq heures de cours), les documents ont circulé parmi les élèves (en cours et en dehors du cours) ; chaque élève a lu tous les documents, mettant à chaque fois sur la feuille accompagna- trice ce qu'il pensait de l'intérêt, de la difficulté du document.
Le lundi suivant, je me suis libérée des autres ateliers pour discuter avec le groupe du plan que nous allions adopter. Assez rapidement, les élèves ont choisi d'adopter une démarche qui présenterait les différents points de vue (du malade, de la famille, du médecin, de l'église, de la justice.,,). Nous avions deux heures de cours; à la fin de la séance, les documents étaient classés par «points de vue», chaque élève avait pris en charge un point de vue et repartait donc avec un mini dossier qu'il avait pour mission de relire et classer.
Le lendemain, un problème de fond a été soulevé, celui du double emploi de certains documents. J'insiste sur cet aspect, car il me semble essentiel, et cet aspect du travail a été, de très loin, le plus formateur. Le documentaliste de l'établissement est alors intervenu pour m'aider. Il a photocopié pour les six élèves deux articles que l'un des élèves trouvait identiques.
Il est venu travailler avec nous dans la classe. Pendant toute cette seconde semaine, il y a eu au moins un adulte présent dans l'atelier. Nous avons longuement (deux heures) discuté sur les deux articles choisis, leurs points communs, leurs différences, lequel conserver 1 Sur quels critères? L'aide du documentaliste fut importante.
Après ce travail fait en commun, chacun a fait séparément un tri identique pour son propre dossier.
La troisième semaine, chacun a proposé une introduction à son dossier sur un point de vue, puis, ensemble, nous avons jeté les bases d'une introduction générale au projet. Les mini- dossiers (constituant donc les différentes parties du projet) ont commencé à circuler dans le groupe.
La dernière semaine, le groupe a fait la critique de l'ensemble, les dernières corrections ont été apportées et nous avons énoncé des pistes de travail possibles,' qui nous semblaient manquer (textes littéraires, référence à des films, etc.). Il n'était pas question de poursuivre nous-mêmes au-delà du mois que nous nous étions donné, la vie de la classe s'orientant alors vers autre chose. Nous allions proposer ce projet tel quel, demandant aux classes correctrices d'apporter ces éléments complémentaires.
Ou'avait apporté ce travail? Sur le thème même, une réflexion approfondie: avant ce travail, tous avaient dans la classe des opinions tranchées (pour ou contre l'euthanasie). Après le travail de l'équipe, les opinions se sont nuancées considérablement,
et surtout, ils ont compris que face à un tel problème, chacun était libre de se déterminer lui· même, sans qu'il puisse y avoir
«une)) vérité.
Mais l'apport essentiel a été un changement radical d'attitude vis-à-vis de la documentation. Cela a permis de leur faire acquérir un esprit critique face à tout document, selon son origine, sa date, etc.
Réaliser un projet de B.T.2, pour des élèves, c'est démystifier l'impact du document déjà édité, c'est leur permettre d'avoir un recul critique sur les brochures (8 .T.2 incluses) déjà parues, parce qu'ils connaissent les imperfections de la leur, la néces- sité de l'actualiser dans le futur, au fil des lois qui sortiront, de l'évolution des mentalités, etc. Bref, j'ai compris que pour bien utiliser de la documentation en général, et des B.T.2 en parti- culier, le plus efficace était bien d'en réaliser soi-même ...
APPLICATION de cet article dans la PERSPECTIVE de réalisations futures de projets B .T. ou B .T .2.
Pour réaliser un projet sur ce problème type euthanasie, il suffit donc d'avoir, au départ, un kilo de documen·
tation, pour en tirer 100 grammes cohérents! Vous lisez tous des journaux, des revues, des tracts, etc. JE
LANCE UN APPEL pour réunir un maximum de docu - mentation sur les sujets suivants: dictatures, ter-
rorisme, médecines douces, urbanisme et archi- tecture.
Si un maximum de lecteurs envoie chacun un article, nous aurons bientôt un dossier de départ permettant à
une classe de travailler.
Envoyez des articles.
Lancez des appels pour d 'au tres thèmes.
Signalez dès maintenant si vous êtes intéressé par l'un de ces futurs dossiers pour faire travailler une classe.
(1) En prépara!ion.
Maurieelfe RA YMONO Les Carde/ines, Le Rocher du Vent 84800 Saumane
