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MARIO LUCIOLLI

OU EN EST

LA « QUESTION ALLEMANDE » ?

C

ertains phénomènes, qui se sont produits dans la République fédérale d'Allemagne au cours des deux ou trois dernières années, ont éveillé chez de nombreux obser- vateurs politiques occidentaux des sentiments de perplexité, voire de méfiance au sujet d'une nouvelle attitude que le gouver- nement de Bonn pourrait prendre dans ses relations avec les gouvernements alliés, ainsi qu'à l'égard de ceux du bloc sovié- tique. Le parti social-démocrate a subi une évolution profonde, à la suite de laquelle le leadership de Helmut Schmidt a été remplacé par celui d'un Willy Brandt méconnaissable par rapport au bourgmestre combatif du Berlin des temps héroïques du blocus, au ministre des Affaires étrangères du gouvernement Kiesinger et au chancelier des années 1969-1974. Après un second renversement des alliances, qui en a fait à nouveau le partenaire de la démocratie chrétienne, le parti libéral est en danger de mort sur le plan fédéral après avoir disparu des parlements de quelques Länder et du Parlement européen. A sa place est entré en scène l'hétéroclite et imprévisible parti des

« verts ». Une très puissante vague de pacifisme s'est manifestée, provoquée en partie, mais non exclusivement, par l'installation des euromissiles. Last but not least, le rapprochement entre les deux Allemagnes a pris des aspects inattendus et, aux yeux de certains, suspects.

Pour toutes ces raisons la République fédérale est souvent soupçonnée de s'approcher dangereusement d'une pente qui la

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conduirait à une position équidistante entre les deux blocs, considérée comme la prémisse de la réunification. Aussi, contrai- rement à ce qui pourrait ressortir de l'image traditionnelle de l'Allemagne, les craintes de l'Occident concernent moins une réapparition d'un esprit de revanche qu'une chute dans le neutra- lisme.

A

mon avis, pour interpréter correctement les phéno- mènes que je viens de mentionner, i l faut d'abord se demander si vraiment il existe un rapport entre la tentation du neutralisme et l'aspiration de la nation allemande à la réunifi- cation. Cette aspiration est incontestable et a pour fondement des raisons historiques, culturelles et sentimentales tellement naturelles qu'il serait inutile de s'attarder à les décrire.

Mais reconnaître l'existence de cette aspiration ne contredit pas les propositions suivantes. L a réunification est impossible.

Les Allemands de l'Ouest en sont conscients aussi bien au niveau du gouvernement que de l'opinion publique. Dans l'esprit du gouvernement de Bonn, le développement des rapports avec Berlin-Est n'est pas un acheminement vers la réunification, mais

— pour ainsi dire — un succédané de la réunification.

L a première proposition est, des trois, la plus facilement acceptable. E n effet, en laissant de côté d'autres nombreuses raisons également valables, i l suffit de se rendre compte que le gouvernement soviétique s'opposerait à la réunification, même accompagnée par la neutralisation. Il a, d'ailleurs, parfaitement raison d'affirmer que la réunification équivaudrait à l'annexion de l'Allemagne orientale par l'Allemagne occidentale. E n effet, une Allemagne réunifiée qui, sur le plan politique, jouirait d'une complète liberté d'opinion, de presse et d'association, et qui, sur le plan économique, se soumettrait aux règles de l'économie de marché et aurait une monnaie convertible, serait, même neutra- lisée et désarmée, une République fédérale agrandie qui graviterait idéalement dans le monde occidental. L a cassure entre les deux Allemagnes, qui s'est produite à la fin des années quarante à cause des réformes structurelles effectuées par le gouvernement communiste de l'Allemagne orientale, ne pourrait être réparée qu'au prix d'une contre-réforme radicale.

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Les deux autres propositions apparaissent moins évidentes à cause d'une interprétation erronée de l'Ostpolitik.

Dans certains milieux occidentaux, quelques soupçons sur- girent dès que le gouvernement Brandt-Scheel, issu des élections de 1969, s'engagea dans la tentative pour normaliser ses relations avec les pays de l'Europe orientale et pour trouver une solution, acceptable sinon entièrement satisfaisante, à ce qui, dans la République fédérale, est simplement appelé la « question alle- mande » ; celle-ci traite des problèmes de la division de l'Alle- magne, des rapports entre les deux Allemagnes, des relations entre la République fédérale et les pays de l'Europe orientale, etc.

Mais, en premier lieu, en soulevant ces soupçons, on négli- geait de placer l'initiative de Bonn dans le contexte international du moment.

Tous les pays occidentaux étaient engagés dans la politique faussement rassurante de détente. L a République fédérale aurait- elle pu et aurait-elle dû continuer à mener une guerre froide pour son compte ? A vrai dire, quelques analystes prévoyaient qu'elle ferait de la réunification un préalable de la détente et qu'ainsi elle entraverait la politique de ses alliés. Ces analystes se trompaient car, à Bonn, le réalisme prévalait et l'on se proposait de profiter du changement dans l'atmosphère interna- tionale pour faire sortir de l'impasse les relations avec l'Est.

L'Ostpolitik fut donc d'abord la version allemande de la détente, nécessairement axée sur les problèmes qui caractérisaient les rapports entre la République fédérale et le bloc oriental.

E n second lieu, on ne se rendait pas compte que le renver- sement complet de l'attitude de la République fédérale à l'égard de la République démocratique marquait l'abandon de tout espoir dans la réunification. Dès la création de la République fédérale, son gouvernement avait presque été obsédé par le problème de la réunification, par la nécessité de ne rien faire qui risquât de la rendre plus difficile ou de donner l'impression qu'on pût un jour y renoncer. A Bonn, tout avait été mis avec ostentation à l'enseigne du provisoire. Tout le possible avait été fait pour empêcher que la République démocratique fût reconnue par les pays tiers. A cette fin, il avait été annoncé (ce fut la doctrine Hallstein) que la République fédérale romprait les rela- tions avec tout pays qui reconnaîtrait la République démocra-

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tique. O n avait affirmé le principe de la représentation exclusive par la République fédérale de toute la nation allemande, y compris la partie qui formait la République démocratique.

Tout cela était la manifestation du refus d'admettre que la nation allemande pût rester coupée en deux. Mais, à un moment donné, il fallut reconnaître q u ' à cause de cette intransi- geance un cloisonnement complet sur le plan culturel s'ajoutait à la partition de la nation en deux Etats. On finit donc par admettre, quoique à contrecœur, que la sauvegarde, dans les limites du possible, de l'unité de la nation devait être cherchée dans les rapports et non dans l'absence de rapports avec P « autre » Allemagne. Ce fut cette constatation qui inspira la négociation avec la République démocratique dans le cadre plus vaste de la normalisation des rapports avec les Etats de l'Europe orientale. Tout ce que le gouvernement de Bonn put faire pour amortir le choc de cette capitulation dut être limité à certains aspects formels des rapports entre les deux Etats allemands.

Bien entendu, dans cet arrangement, la République démocra- tique devait aussi trouver son compte. Elle le trouva tout d'abord dans le fait même d'être reconnue par la République fédérale.

Dès sa création, elle avait lutté vainement pour affirmer son identité sur le plan international au-delà du bloc soviétique et de quelques rares pays du tiers monde. Le feu vert que la République fédérale donnait enfin à sa reconnaissance par la communauté internationale était donc pour elle une victoire capitale. Dès lors, elle pouvait traiter avec la République fédérale sur la base d'un marchandage grâce auquel elle obtiendrait des avantages économiques, plus ou moins importants, en échange d'un certain degré de libéralisation des rapports entre les Alle- mands des deux côtés du rideau de fer.

L a première conclusion à tirer de ce raisonnement est qu'il n'y a pas de lien entre le rapprochement des deux Allemagnes et une prétendue tendance de la République fédérale à s'éloigner de ses alliés pour faciliter la réunification.

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ette conclusion une fois acquise, tout ne se trouve pas pour autant clarifié. Les questions que l'on est en droit de se poser sont nombreuses. L'Ostpolitik, en tant

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que manière de gérer les rapports établis par le gouvernement Brandt-Scheel avec les pays du bloc soviétique, est une entreprise de tous les jours. Quelles sont, s'il y en a, ses répercussions sur le comportement de la République fédérale au sein de la C . E . E . et de l ' O . T . A . N . ? Est-il possible que la République fédérale glisse vers le neutralisme même sans espérer qu'il ouvre la voie vers la réunification ? Dans ce cas, quelle serait la cause de ce glissement et comment faudrait-il interpréter le rapprochement entre les deux Allemagnes ? Dans quel sens et dans quelle mesure la nouvelle phase de tension entre l'Ouest et l'Est influence-t-elle ce rapprochement ? E n admettant que celui-ci continue, jusqu'où pourrait-il aller ?

Aux questions relatives au comportement de la République fédérale dans le cadre de la C . E . E . et de l ' O . T . A . N . , la réponse est simple : ce comportement confirme qu'à Bonn YOstpolitik n'a jamais été conçue comme une alternative, ni de la politique d'intégration européenne ni de celle de la solidarité « atlan- tique ».

A u cours des dernières années si la Communauté euro- péenne a enregistré des déceptions, rencontré des obstacles, connu des tensions internes, elle a également fait des progrès.

Partager, entre les différents pays membres, les responsabilités pour les échecs et les mérites pour les succès serait une tâche bien trop ardue. Mais on peut dire, sans hésitation, que jamais l'attitude de la République fédérale n'a contredit son adhésion aux principes du traité de Rome. L a République fédérale a, bien entendu, sa propre politique économique et, au cours de ces dernières années, celle-ci n'a pas toujours été en harmonie avec celle de certains de ses partenaires. Mais cela n'a été que le reflet d'opinions divergentes sur la manière de lutter contre la crise économique générale. L a République fédérale a aussi tendance, d'une part, à favoriser ce que l'on appelle l'Europe à deux vitesses et, d'autre part, à participer à des initiatives économiques multinationales auxquelles la Communauté en tant que telle reste étrangère. Mais c'est ce que font pratiquement tous les pays membres, ce qui, dans une certaine mesure, est inévitable sans être forcément nuisible.

Sur le plan de l'Alliance atlantique, le chancelier Schmidt fut le principal inspirateur de l'initiative visant à rétablir l'équi-

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libre dans les armes nucléaires « de théâtre », troublé par l'instal- lation des SS-20 soviétiques. L a vague récente de pacifisme s'est produite dans le parti qui est passé à l'opposition, et non dans ceux qui sont actuellement au pouvoir. L a coopération entre la République fédérale et ses alliés dans le domaine des armements est en train de s'intensifier plutôt que de s'atténuer. L a Répu- blique fédérale n'est pas hostile non plus aux projets de relance de l ' U . E . O .

Les rapports franco-allemands fournissent une indication importante, car le fait que leur caractère particulièrement étroit ait survécu au changement des orientations politiques des gouver- nements des deux pays prouve que leurs racines sont assez profondes pour ne pas être affectées par les fluctuations de poli- tique intérieure qui peuvent se produire à Paris ou à Bonn.

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e problème d'une éventuelle tendance neutraliste ouest-allemande, indépendante de l'aspiration à la réunification, doit être placé dans le cadre plus vaste des rapports entre les deux blocs.

L ' U n i o n soviétique ne veut pas une troisième guerre mondiale. Plus précisément, elle ne veut pas se mesurer avec les Etats-Unis. C'est pour cela qu'elle a renoncé à attaquer l'Europe occidentale dès que le Pacte atlantique l'a avertie qu'elle provoquerait leur intervention. Les circonstances lui ont ouvert un autre chemin vers son but de toujours : le triomphe du communisme dans le monde entier. C'est un chemin long et tortueux, mais les dirigeants du Kremlin ne sont pas impatients.

Contrairement à certaines prévisions optimistes, les pays afri- cains et asiatiques décolonisés ne se sont pas modelés sur les Etats démocratiques occidentaux. Politiquement instables, et confrontés à des problèmes économiques extrêmement complexes, ils sont en partie tombés sous des régimes procommunistes et sont en partie mal équipés pour résister à la pénétration communiste.

Tout au moins, ils ne sont pas disposés à identifier leur cause à celle de l'Occident et à agir en conséquence. L'effort de John Foster Dulles, pour prolonger au Moyen et à l'Extrême- Orient, à travers les alliances C . E . N . T . O . et S . E . A . T . O . , le containment obtenu en Europe grâce à l'Alliance atlantique, a donc échoué. Cela permet à l'Union soviétique de soumettre à son

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influence des pays de plus en plus nombreux du tiers monde et, puisque plusieurs de ces pays sont fournisseurs de pétrole et de matières premières irremplaçables, l'Europe occidentale se trouve littéralement menacée d'étranglement.

Dans ces conditions, la puissance militaire soviétique sert surtout à intimider les gouvernements de l'Europe occidentale afin qu'ils se dissocient de celui de Washington lorsqu'il s'efforce de contrecarrer la poussée soviétique dans le tiers monde. Et, puisque le gouvernement de Washington lui-même ne sait pas très bien comment endiguer cette poussée et alterne les attitudes conciliantes et intransigeantes, i l arrive que, même si l'enga- gement américain dans la défense de l'Europe en cas d'agression directe maintient toute sa validité, la communauté atlantique n'ait pas une politique cohérente vis-à-vis de la menace soviétique par tiers monde interposé.

E n Europe occidentale, la sensation de ne pas disposer d'une ligne d'action claire, efficace et uniforme pour se soustraire à l'encerclement graduel, et la crainte que la friction entre l'Ouest et l'Est provoque tôt ou tard, ne fût-ce que par une miscalculation, l'apocalypse nucléaire, nourrissent la tentation neutraliste.

L'immensité de la catastrophe que provoquerait le franchissement du seuil nucléaire octroie un semblant de respectabilité à la thèse selon laquelle tout, y compris la servitude, serait préférable à cette catastrophe.

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aturellement, la tentation neutraliste prend des aspects différents selon la situation de chaque pays. Pour les Allemands, le facteur prédominant est la conscience d'être exposés, plus que n'importe quelle autre nation, aux consé- quences d'une guerre éventuelle, avec ou sans l'emploi de l'arme nucléaire. Cela crée entre Bonn et Berlin-Est une solidarité qui devrait faire réfléchir ceux qui s'obstinent à croire que leur rapprochement a pour but la réunification. E n effet, puisque les deux gouvernements comprennent qu'une Allemagne réunifiée ne pourrait naître que d'une guerre, la crainte de la guerre fortifie leur renonciation à la réunification. E n réalité, leurs rapports, jusqu'aux événements les plus récents (y compris les deux emprunts d'environ un milliard de marks occidentaux chacun, dont on a tant parlé), continuent de s'inscrire dans le

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cadre créé par la reconnaissance de la République démocratique de la part de la République fédérale : une certaine aide écono- mique contre un certain assouplissement des mesures faisant obstacle à l'unité culturelle et spirituelle de la nation.

Mais, puisque c'est un cadre sur lequel l'évolution de la situation internationale ne peut pas ne pas se refléter, les relations entre les deux Allemagnes ont, elles aussi, un caractère mouvant, sur lequel on peut faire les considérations suivantes.

Selon l'une des théories les plus chères jadis à Egon Bahr, architecte (comme i l fut nommé) de YOspolitik de Willy Brandt et en bonne partie chargé de la gérer tant que le parti social- démocrate et surtout Willy Brandt lui-même furent au pouvoir, les deux Allemagnes ne pouvaient s'approcher que dans la mesure où s'approcheraient entre eux les deux blocs. C'est pourquoi i l voyait la dissolution simultanée du Pacte atlantique et du Pacte de Varsovie comme la phase ultime de la détente, pouvant conduire éventuellement à la réunification de l'Allemagne.

A u contraire, on a vu le dialogue entre Bonn et Berlin-Est s'intensifier pendant que la polémique entre Washington et Moscou s'envenimait. D'autre part, dans l'attitude de la Répu- blique démocratique, il y a eu des hauts et des bas, par exemple en ce qui concerne la concession des permis de sortie aux personnes désireuses de passer à l'Ouest, permis que la Répu- blique démocratique se fait payer en devises fortes pour alléger le déficit de sa balance des paiements. Moscou, de son côté, après une apparence de consentement tacite, a réagi durement, accusant Bonn de revanchisme et Berlin-Est d'oublier que, comme l'avait dit autrefois Honecker lui-même, il serait aussi impossible d'unir les deux Allemagnes que le feu et la glace.

Ce degré de souplesse variable de la part de Berlin-Est et cette alternance de silences et de semonces de la part de Moscou à l'égard de Berlin-Est ne sont pas difficiles à expliquer.

L a République démocratique tient aux avantages écono- miques que lui offrent ses rapports avec Bonn. L ' U n i o n sovié- tique a de bonnes raisons pour lui laisser une certaine autonomie dans ce domaine puisque le soutien économique qu'elle reçoit n'est pas pour nuire au bloc soviétique dans son ensemble. De plus, la République démocratique a droit à certains égards, ne serait-ce que pour deux raisons : en vertu de ses succès dans le domaine économique (malgré la crise qu'elle traverse actuelle-

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ment, elle reste le pays qui a réussi à faire fonctionner d'une manière moins désastreuse que partout ailleurs le système socia- liste), et grâce à sa contribution aux interventions soviétiques dans le tiers monde, où les Cubains sont les manœuvres, les techniciens et les militaires de Berlin-Est opérant derrière eux.

Cela dit, il y a une limite au rapprochement entre les deux Allemagnes que l'Union soviétique ne laisserait pas franchir. Si, à l'Ouest, dans certains milieux, on craint que la République fédérale, en collaborant trop étroitement avec la République démocratique, s'éloigne de ses alliés, les seigneurs du Kremlin, eux, ne s'y trompent pas : ils savent que le contraire se produirait, c'est-à-dire Péloignement de la République démocratique du bloc oriental.

Un double problème se pose ainsi à l'Union soviétique : la nécessité de ne pas perdre le contrôle sur la République démo- cratique et l'exigence plus générale de maintenir la discipline au sein du bloc soviétique. Rien ne justifie l'optimisme de ceux qui prévoient la dislocation prochaine de l'empire soviétique, mais, indiscutablement, il y a un affaiblissement de cette discipline.

Dans le passé, Moscou a connu des révoltes en Allemagne orien- tale, en Hongrie, en Tchécoslovaquie et plusieurs fois en Pologne, mais elles les a toutes matées brutalement. E n revanche, elle n'a pas osé intervenir de la même façon dans la Pologne de Walesa.

Les Etats-Unis et, plus généralement, les alliés de la Répu- blique fédérale n'ont pas à l'égard de celle-ci un problème comparable à ceux de l'Union soviétique à l'égard de la Répu- blique démocratique. E n effet, en plus de pouvoir compter sur la loyauté du gouvernement de Bonn, ils savent que l'Union soviétique tirerait la bride du gouvernement de Berlin-Est bien avant que le rapprochement entre les deux Allemagnes ne devînt dangereux pour l'Occident. Par conséquent, seule la marge de manœuvre que l'Union soviétique est disposée à laisser, ou bien se sent forcée de laisser à la République démocratique, marque les limites de la coopération entre Bonn et Berlin-Est.

A partir de cette constatation, on peut affirmer q u ' à courte échéance, il n'y a à attendre ni des tentatives de réunification ni un glissement de la République fédérale vers le neutralisme.

Et on peut ajouter qu'à longue échéance la réunification reste hors de toute possibilité, sauf dans l'éventualité d'une guerre mondiale, tandis que, pour le glissement vers le neutralisme, tout

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dépendra de l'évolution des rapports entre l'Ouest et l'Est. Y aura-t-il, comme certains indices encore vagues le laissent espérer, un reflux de l'influence soviétique dans le tiers monde, et donc un allégement de la menace d'encerclement qui pèse sur l'Europe occidentale ? L e relâchement de la discipline au sein du bloc soviétique se poursuivra-t-il, notamment pour la République démocratique, - au point que celle-ci, loin d'être le fer de lance du dispositif militaire soviétique en Europe, devienne en fait un tampon entre les deux blocs ? Que se passera-t-il au sein du groupe dirigeant soviétique ? L a tendance neutraliste fera-t-elle des progrès appréciables dans les pays européens membres de l'Alliance atlantique, autres que la République fédérale ? Com- ment les Etats-Unis partageront-ils leur intérêt entre l'Ancien Continent et la sphère du Pacifique, qui attire de plus en plus leur attention ? Quelle tournure prendront les négociations en matière de désarmement entre les superpuissances ?

Autant de questions auxquelles il serait prématuré de donner dès aujourd'hui une réponse.

M A R I O L U C I O L L I

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