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Submitted on 1 Jan 1974
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Calcul des courants et de la répartition de potentiel dans un isolant. Cas d’un cristal pur
G. Ormancey, G. Godefroy
To cite this version:
G. Ormancey, G. Godefroy. Calcul des courants et de la répartition de potentiel dans un isolant. Cas d’un cristal pur. Journal de Physique, 1974, 35 (2), pp.135-140. �10.1051/jphys:01974003502013500�.
�jpa-00208136�
CALCUL DES COURANTS ET DE LA RÉPARTITION DE POTENTIEL
DANS UN ISOLANT. CAS D’UN CRISTAL PUR
G. ORMANCEY et G. GODEFROY
Laboratoire de
Diélectrique (*),
Faculté des Sciences(MIPC),
BâtimentMirande,
21000Dijon,
France(Reçu
le17 juillet 1973)
Résumé. 2014 Un
système d’équations
liant les porteurs et leschamps
entre eux est décrit ainsi que les conditions aux limites. Une résolutionrigoureuse
de cesystème
sur ordinateur a montré troisrégions
en fonction de la tensionappliquée :
aux faibles tensions unrégime ohmique
i = kV,entre 1
V/cm
et 100V/cm
unrégime d’injection
i =KV2,
au-delà une saturation. Ces résultats sont en accord avec ceux obtenus parapproximations (calculs
deLampert)
pour lesrégions
d’in-jection,
mais en diffèrent pour les autresrégions
où lesapproximations
ne sontplus
valables. Une relation est trouvée entre lescaractéristiques
i =f(V)
et lesrépartitions
descharges
en fonction de x.Abstract. 2014
Equations
between carriers and field withboundary-conditions
are described. A computer solutionpoints
out three domains ofapplied potential :
at lowpotential
an ohmicregion
with i = kV, between 1
V/cm
and 100V/cm injected
conduction i =KV2,
and a saturation athigher
fields. These results are in agreement with results obtainedby Lampert (with
someapproxima- tions)
in theinjected-conduction
domain, but are very different in otherregions
whereapproximations
are not available. A relation is found between the function i =
f(V)
and the distributions ofcharges along
thesample.
Classification
Physics Abstracts
8.220
1.
Introduction. - L’interprétation
des mesuresexpérimentales
faites dans notre laboratoire nécessite le calcul simultané des courants et desrépartitions
depotentiel
dans un isolant. Nos mesures en effet secomposent de deux groupes
complémentaires :
- détermination de la
répartition
depotentiel
par la méthode du fil vibrant[1]
dans des cristaux et descéramiques
de titanate debarvum ;
- mesure des courants sous une
polarisation
continue dans les mêmes matériaux
[2], [3].
Le
système d’équations correspondant
à ce pro- blème a été résolu notamment parLampert [4], [5]
grâce
à une séried’approximations.
Les résultatsont été utilisés par
Benguigui [6]
et par nous-mêmes pourinterpréter
lescaractéristiques
I= , f ( v)
de nosmesures
expérimentales.
Toutefois ils ne rendent pas compte d’un certain nombre de faitsexpérimentaux (saturation...)
et donnent peu derenseignements
surles
répartitions
depotentiel.
C’est
pourquoi
nous avons cherché une méthodede résolution
numérique qui
permette d’obtenir une solution exacte duproblème.
Nous nous sommesinspirés
de latechnique
de résolution deséquations
de transport dans les semiconducteurs
[7], [8]
enl’adaptant
à notreproblème,
notamment en cequi
(*) Equipe de Physique des Solides Associée au CNRS.
concerne les conditions aux limites que nous déve-
lopperons
~largement.
L’interprétation complète
de nos résultatsexpé-
rimentaux nécessite un calcul
plus complexe
tenant compte desimpuretés présentes
dans les cristaux.Toutefois nous avons mis au
point
notretechnique
de calcul dans le cas
simplifié
du cristal pur, que nousrapportons
ici,
avant de traiter leproblème complet.
2. Problème
posé. Equations.
- 2.1 Leproblème
consiste à déterminer la
répartition
descharges,
des
champs,
des courants, et leur évolution en fonction du temps, dans un échantillonplacé
entre deux élec-trodes
métalliques auquel
onapplique
une différencede
potentiel
continue.Le
problème
est donc à une seule dimension.Nous avons choisi d’autre part d’utiliser un schéma de
bandes,
avec deux types de porteurs : des électrons dans la bande de conduction et des trous dans la bande de valence. Leséchanges
d’électrons et detrous sont
possibles
entre les électrodes et l’isolant(injection
et extractiond’électrons).
Nous pouvons écrire les courants de trous et
d’électrons :
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01974003502013500
136
et la conservation des porteurs :
où 0
représente
le nombre d’électrons et de trous apparus par unité de temps du fait del’agitation thermique.
La loi d’action de masseappliquée
àcette transformation réversible électron de conduc- tion + trou ~ électron de valence permet d’écrire :
où r
représente
la constante derecombinaison, l’énergie séparant
la bande de valence de la bande de conduction. On peut réduire lesystème
aux
équations
suivantes :Le
champ
E est donné parl’équation
de Poisson :Les
éq. (6)
à(9)
permettront de trouver les distri- butions en n, p, E et Y On en déduira ensuite le courant total effectivement mesuré dans le circuit extérieur :2.2 Le
système
deséq. (6)
à(9)
est constitué de deuxéquations
différentielles du ler ordre et de deuxéquations
différentielles du 2e ordre en x avecquatre inconnues n, p,
E,
v Cesystème
peut théori- quement être résolu si nous connaissons par ailleurs 6 conditions aux limites sur x(valables quel
que soitt)
et l’état du cristal à un instant donné t
(pour
toutesles valeurs de
x).
La dernière condition se résout facilement. Il est
toujours possible
de se donner unerépartition quel-
conque d’électrons et de trous. On en déduit une
répartition
àl’équilibre (temps infini) qui
sert deconditions initiales pour les calculs ultérieurs.
Restent les 6 conditions en x. Deux se déduisent directement du
problème
tel que nous l’avonsposé :
le
potentiel
estégal
à zéro sur une électrode et aupotentiel appliqué
sur l’autre électrode. Les quatreautres conditions sont données par les
expressions
des courants de trous et d’électrons aux deux extré-
mités,
entre le métal et le cristal. Cesexpressions
seront étudiées en détail dans le
paragraphe
suivant.Nous avons ainsi l’état initial et les 6 conditions
aux bords : le
potentiel,
les courants d’électrons et de trous auxpoints
x = 0 et x = L.3. Conditions sur les courants aux bords. - Exami-
nons par
exemple
le courant d’électrons à une extré-mité,
au contact métal isolant.Nous écrirons ce courant comme étant la somme
algébrique
du courantinjecté
du métal vers le cristal et du courant extrait du cristal vers le métal.3.1 1 Nous
appliquons
dans nos calculs la statis-tique
de Fermi-Dirac. Laprobabilité
pour un électrond’avoir un vecteur d’onde k est, à
l’équilibre
ther-mique :
Wp énergie potentielle
del’électron,
k2 - kx + kÿ
+kZ
module etcomposantes
duvecteur d’onde.
En
présence
d’unchamp électrique
et d’une distri- bution non uniforme de la densité d’électrons enfonction
de x,
la fonction F est modifiée. Nous calcu- lerons cette fonction avecl’équation
deBoltzmann,
en
écrivant, pendant
un tempsdt, l’équilibre
entreles variations de F dues au
champ
et à8nj8x
d’unepart, et la variation de F due aux collisions
dF dk
gradk
F - dxgradx
F + - 0dt dt dt
On peut
exprimer
g en fonction du temps de relaxationavec
soit finalement :
(équation
deBoltzmann) .
Nous supposerons par la suite que
gradx
F estsuffisamment
petit
pour êtrenégligé
dans le calculde F
(il
intervient seulement dans le calcul ducourant).
Nous aurons donc à
intégrer
et à calculer le courant dans la direction des x
positifs :
On peut mettre en facteur
exp( WF - W )/KT
et 2 résultat des deuxpremières intégrations :
On connait
également
la densité d’électrons nprésents
à l’abscisse x :1 er terme ; courant
thermique,
2e terme : courant dû au
champ,
3e terme : courant de diffusion.
3.2 CÔTÉ MÉTAL. - Les calculs ci-dessus sont valables pour tout niveau
d’énergie
situé loin du niveau de Fermi. Pour êtreinjectés
dans lecristal,
les électrons doivent avoir une
énergie
au moinségale
àW~,
niveau leplus
bas de la bande de conduc- tion du cristal. Cetteénergie
est trèssupérieure
auniveau de Fermi du métal. Les électrons
d’énergie
Wentrent alors dans le cristal sans
énergie cinétique.
Les calculs ci-dessus sont donc valables avec :
WF
niveau de Fermi dumétal,
Wp
niveau leplus
bas de la bande de conduc- tion de l’isolant.Par ailleurs nous pouvons admettre dans le métal
un
champ électrique
nul ainsi queonjox.
Soit dans ce cas :
(formule
deDushman) .
3 . 3 CÔTÉ CRISTAL. - Nous utiliserons les calculs du
paragraphe
3.1 1 avec :WF
niveau de Fermi ducristal,
Wp
=Wc
niveau leplus
bas de la bande de conduc- tion.Le calcul
complet
doit être utilisé ici. Toutefoisl’éq. (12)
n’est pasintégrable simplement.
Aussinous avons eu recours à une résolution
numérique
conduisant à une série de valeurs de i en fonction de E.
Pour utiliser commodément ces
résultats,
nous avons cherché une formuleempirique qui
lesreprésente
au mieux : des
expressions
tendant vers les mêmeslimites que les
équations
exactesquand
E tend verszéro ou
l’infini,
et différent de 1%
pour les autresvaleurs.
Soit
respectivement
pour les extrémités droite etgauche
du cristal :138
avec
(formules empiriques) .
Au sein du cristal on retrouve le courant de conduc- tion :
Des
expressions analogues
sont valables pour les trous.4.
Technique
de calcul. - Lesystème, proposé
auparagraphe
2 avec les conditions aux limitesprécisées ci-dessus,
estthéoriquement
soluble. Toutefois il n’existe pas de méthodemathématique
pourl’intégrer.
D’où la nécessité de faire des
approximations
rendantle
système intégrable [4]
ou d’utiliser une méthodenumérique.
Nous nous sommes
inspirés
destechniques
derésolution des
équations
de transport dans les semi- conducteurs[7], [8].
4.1 EXPRESSION
NUMÉRIQUE
DESÉQUATIONS.
- Le cristal a étépartagé
en 100tranches,
les tranches du bord étantplus
étroites que les tranches centrales.Les concentrations de porteurs p et n sont définies
au centre de
chaque tranche,
les courants, leschamps,
les
potentiels (expressions ponctuelles)
sont définiesau bord de
chaque
tranche.Les
équations
à résoudre(éq. (6))
peuvents’écrire,
enindiçant
x en i et letemps t en j :
(a compris
entre zéro etun).
4.2 RÉSOLUTION DE
L’ÉQUATION.
- Soitl’expression
sous la forme du rapport = avecLe
système
n’est pas linéaire : il reste des termes enj
+ 1 au dénominateur. Il ne pourra donc être résolu que par itérations successives :1. Les valeurs au
temps j
+ 1 sontprises égales
aux valeurs au temps
précédent j.
2. Ces valeurs permettent de calculer E.
3. On en déduit
4. Sans
changer dt,
on porte cette nouvelle valeur dansl’équation (après
avoir calculé le nouveau1
champ) jusqu’à
ce que les valeurs de 1 trouvées soient stables.5.
Quand p~ +
1 n’estplus
modifié d’un passage à l’autrel’équation
est vérifiée. On peut passerau temps suivant.
Le calcul ainsi
présenté
est relativementlong
(1
000 à 2 000itérations).
On peut toutefois se ramener à une centaine d’itérations en résolvant directement lesystème complet
des 100équations
en p.5. Résultats obtenus. - Ce calcul sur cristal pur
a été
programmé
essentiellement pour tester la méthode avant d’être étendu au cristal avecimpuretés.
De ce fait les résultats ne peuvent pas être
comparés
valablement aux résultats
expérimentaux.
Il est toute-fois intéressant de les confronter avec les résultats
précédemment
obtenus parapproximations.
5.1 1 Nous avons en
premier
lieu retrouvé les résultats obtenus parLampert [4]
dans les domainesoù ses
approximations
étaient valables(Fig. 1) :
le courant dans ces
régions
est de la formeNous avons vérifié l’influence des différents facteurs
sur i et la valeur du
coefficient 9 8 (Fig. 1 a, b, c).
FIG. l. - Courants en fonction de la tension appliquée.
a) WFM - Wc = 0,5 eV, bande interdite = 3 eV, L = 10-2 m,
Er = 227. b) WF M - Wc = 0,5 eV, bande interdite = 3 eV, L = 2 x 10-3 m, er = 227. c) WFM - Wr = 0,5 eV, bande inter- dite = 3 eV, L = 10- Z in, er = 1 000. d ) WFM - Wc = 0,5 eV
bande interdite = 3 eV, L =10- 2 m, s, =227. e) eV
bande interdite = 3 eV, L=10-2 m, Br = 227. (Trait interrompu :
résultats obtenus par la théorie de Lampert).
5.2 Toutefois aux basses
tensions,
nous n’avonspas retrouvé la conduction
ohmique correspondant
aux
porteurs libres,
mais unerégion
où le courantrépondrait
à une formuleempirique
de la forme :correspondant
à une valeur trèssupérieure
à laconduction
intrinsèque (celle-ci
ne serait apparente que pour un cristal dont lalargeur
de bande interdite serait relativementfaible).
5.3 Aux valeurs élevées de la tension
appliquée apparaît
unerégion
de saturation(courant indépen-
dant de V
appliqué, égal
au courant maximuminjecté
par
l’électrode), précédée
d’unerégion pratiquement
linéaire en V.
5.4 Ce type de courbe
caractéristique (Fig. 1 d)
n’a pu être observé que pour des niveaux de Fermi du métal pas trop
éloignés
de la bande de conduction(écart
de l’ordre de 0,5eV).
Sinonl’injection
d’élec-trons est très faible et le courant est linéaire en V
quelle
que soit la tensionappliquée (en
dessous dela
saturation) (Fig. 1 e).
5.5 Une
correspondance
étroite existe entre lesrépartitions
depotentiel
et decharges
et larégion
dela
caractéristique
I= f ( v).
Pour des tensions
appliquées
entre 0 et0,1 V (région
où 7 estproportionnel
àV)
on trouvetoujours
la même distribution de
charges (Fig. 2a)
avec desélectrons
injectés proches
des électrodes. La distri- bution depotentiel (Fig. 3a)
reste sensiblementstable,
avec la
caractéristique
d’unchamp
nul au centre del’échantillon. La
répartition
descharges
étantapproxi-
mativement la même pour toutes ces
tensions,
oncomprend
laproportionnalité
de Iavec
mais avecun courant
correspondant
à lacharge injectée
dansla masse de l’échantillon
(de
l’ordre de1014
élec-trons/m’),
trèssupérieur
au courantintrinsèque.
Entre 1 et 100 V la conduction se fait en
régime d’injection
i =Kh2.
On constate que celacorrespond
à un entraînement
progressif
de lacharge injectée
vers le centre de l’échantillon
(Fig. 2b,
c,d).
Sur laFIG. 2. - Répartitions des électrons en fonction de x.
a) V = 0 à 10-1 V régime ohmique (1= kV).
b) V = 1 V
régime
d’injection (1 KV 2).c) V = 10 V
regime d’
injection (f = . d) V= 100Ve) V = 105 V régime de saturation.
140
1
FIG. 3. - Répartitions de potentiel.
a) V
= 0
V régime ohmique.b) V
=0 VI
b) v = 10- 1 V } régime
oh mique.
c) V =
1 v régime
d’injection.d) V = 10 V
}
e) V = 100 V.
distribution de
potentiel
on vérifiel’hypothèse
fonda-mentale de la théorie de
Lampert :
l’existence d’unchamp
nul dans unerégion
trèsproche
de l’électrodenégative. (Fig. 3c, d,
e la tensionappliquée
de 100 Vétant
juste
à la limite de larégion
enV2.)
De ce faitles calculs
approchés
fondés sur cettehypothèse
sontvalables et coïncident avec nos résultats comme nous
l’avons
précisé plus
haut.Au-delà de 100 V
apparaît
la saturation caractérisée par unerépartition quasi
uniforme de lacharge
dansl’échantillon avec
épuisement
parrapport
à lacharge injectée près
d’une électrode(Fig. 2).
Lepotentiel
est alors linéaire et il n’existe
plus
dechamp
nul dansl’échantillon.
6. Conclusions. - Ce calcul sur cristal pur nous a
permis
de vérifier l’exactitude du programme.La concordance des résultats avec ceux de
Lampert
est bonne dans les
régions
où ce calcul est valable.Mais nous voyons aussi l’intérêt du calcul
rigoureux qui
permet de se libérer des limites de validité desapproximations.
Ces résultats ne concordent pas exactement avec les résultats
expérimentaux,
notamment en cequi
concerne les
régions
de transition entre les différentsrégimes
de courant. Ceci confirme la nécessité d’étendre ce calcul au cas d’un cristal avecimpuretés.
.
Bibliographie
[1] ORMANCEY, G., J. Physique 33 (1972) C 2 113.[2] GODEFROY, G., J. Physique 33 (1972) C 2 117.
[3] COUSON, B., Thèse 3e cycle, Dijon 1971.
[4] LAMPERT, M. A., Proc. I Rensa 50 (1962) 1781.
[5] RosE, A., Photo. cond. (Mono. Dunod) 1966.
[6] BENGUIGUI, L., L’onde elect. 49 (1969) 1087.
[7] FUNCK, R., Revue tech. Thoms. CSF (1971) 81.
[8] REISER, M., Comp. Meth. in appl. Meca. and Eng. 1 (1972) 17.