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La mangeuse de buis

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Academic year: 2021

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Submitted on 27 May 2020

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La mangeuse de buis

Jean Claude Martin

To cite this version:

Jean Claude Martin. La mangeuse de buis. Le journal du Dimanche, 2015, 17 mai 2015, pp.16.

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16 | sciences JDD

|

17 mai 2015

Cette chenille verte, la pyrale du buis, dévore les feuilles jusqu’à la destruction de la plante.

L’Inra vient de mettre au point un nouveau piège à phéromone pour capturer les papillons mâles.

Jean-Claude Martin/inra

1 La pyrale, ennemi public des jardins

La mangeuse de buis

Qui veut la peau du buis ? De- puis que Le Nôtre l’a utilisé au XVII

e

siècle pour sculpter les parcs des châteaux, il est indissociable de notre patrimoine, de Chenon- ceau à Vaux-le-Vicomte. Las ! Deux agresseurs naturels menacent l’emblème des jardins à la fran- çaise. Le Cylindrocladium buxicola d’abord, un champignon parasitaire qui couvre les feuilles de taches brun-noir jusqu’à les nécroser ; la plante perd ses feuilles avant, bien souvent, un dépérissement fatal.

Mais surtout la pyrale du buis, une chenille vorace qui transforme en quelques jours les feuilles luisantes en dentelle sèche et finit par tuer la plante. Arrivée d’Asie orientale en Alsace en 2008, la larve a essaimé à grande vitesse en France. « En 2014, elle touchait déjà 60 départements.

Cet été, ce sera sans doute la quasi- totalité du territoire. On la retrouve au Père-Lachaise, à Paris, comme

au parc de la Tête-d’Or, à Lyon.

C’est trop tard pour l’éradiquer », constate Jean-Claude Martin, de l’unité expérimentale Entomologie et Forêt méditerranéenne à l’Inra, à Avignon*.

Face à l’hécatombe, un pro- gramme de recherche baptisé SaveBuxus a été lancé en 2014. Ce consortium qui réunit l’Inra, Plante

& Cité, Astredhor et Koppert vise à trouver des solutions biologiques pour contrôler l’expansion de la pyrale. Car, hormis la mésange et le pinson des arbres, la larve a peu de prédateurs. La seule technique de lutte naturelle utilisée – la bac- térie Bacillus thuringiensis – est contraignante et trop peu radicale.

Quant aux produits phytosanitaires (les pesticides) efficaces, ils sont toxiques et tuent aussi tous les autres insectes. De plus, dès 2016, le plan Ecophyto proscrira leur usage dans les jardins publics.

2 Des phéromones pour piéger les mâles

Alors que les premiers papillons de pyrale s’envolent dans le sud de la France, l’équipe de Jean-Claude Martin va, après moins d’un an de recherche, déposer le brevet d’un nouveau prototype de piège à phéromone. L’idée : repro- duire le parfum émis par les papillons femelles pour cap- turer les mâles. Les chercheurs se sont appuyés sur cinq pièges déjà mis au point contre d’autres ravageurs, telle la chenille processionnaire du pin. Ils ont déterminé les plus efficaces et adapté ces prototypes au comportement de l’insecte. Le résultat, baptisé Buxatrap, est un piège sec sans maintenance auquel a été adjoint un nouveau diffuseur de l’hormone sexuelle. « Posé en avril dans les haies, il sera retiré en novembre après la troisième période de vol de papillons. Il permet de piéger un grand nombre de

mâles », explique Jean-Claude Martin. Ceux-ci succombent dans le réservoir sous l’effet de la chaleur, puis leurs restes sont « nettoyés » par d’autres insectes comme les fourmis.

Reste à déterminer le placement optimal des boîtiers dans les buis. Des expérimentations ont lieu dans trois zones (Paris, Avignon et Orange) sur des bordures miniatures et sur des haies anciennes de hauteurs variées. En parallèle, l’équipe de l’Inra poursuit un autre projet, Optim’Phéro, dont l’objectif est de créer la confusion sexuelle chez les papillons.

Le principe : « On diffuse des doses massives de phéromones dans les buis pour saturer l’air et leur faire perdre leurs repères sexuels », précise Jean-Claude Martin. Efficace pour limiter la reproduction, ce système est déjà utilisé contre les vers de la vigne à Châteauneuf-du-Pape (Vaucluse).

3 À la recherche du bon parasitoïde

L’Inra travaille sur un autre axe de lutte biologique : s’attaquer aux œufs de la pyrale. Aplatis et regroupés par plaques de 5 à 30, ils se cachent sous les feuilles du buis. Depuis un an, l’équipe d’Élisabeth Tabone, res- ponsable du laboratoire Biocon- trôle à Antibes (Alpes-Maritimes), s’est mise en quête d’un parasitoïde oophage capable de les maîtriser : un parasite qui pond ses œufs dans les œufs de pyrale et se développe à leurs dépens. « Cela permet de tuer le ravageur avant le stade de la larve, celui qui s’attaque au buis. Et la larve du parasitoïde, lorsqu’elle parvient à maturité, colonise à son tour les

nouveaux œufs voisins », explique la chercheuse. Un cercle vertueux.

Pour identifier si un parasitoïde efficace existe dans la nature, Élisa- beth Tabone sollicite ces jours-ci les jardins et châteaux touchés par la pyrale afin qu’ils récoltent un maxi- mum d’œufs au moment des « pics » de juillet à septembre. Chaque femelle pond en moyenne 800 œufs et trois générations peuvent naître chaque année… Ces œufs seront répertoriés et analysés, et les parasitoïdes testés. En attendant, la chercheuse a débuté des expériences en labo avec une espèce de microguêpe – le trichogramme – d’une taille inférieure à 1 mm, bien

adaptée à celle des œufs du ravageur.

Élevable à un coût raisonnable, ce parasitoïde pourrait être lâché en nombre au moment de la ponte des papillons. « D’autres trichogrammes sont utilisés depuis longtemps : plus de 100.000 hectares de maïs sont ainsi protégés en France. Cette méthode bio- logique est aussi efficace que le traite- ment chimique et moins controversée que les OGM », plaide la chercheuse, qui espère proposer une riposte natu- relle pour le buis dès l’été prochain.

Juliette Demey

* l’inra propose une appli gratuite pour identifier et déclarer des insectes invasifs ou ravageurs : Agiir.

La désintégration d’un méson en direct, une première...

Il leur aura fallu trente ans de travail : des chercheurs de l’organisation européenne pour la recherche nucléaire (Cern) ont enfin pu observer la désintégration d’une parti- cule, le méson B neutre – un composite de quark et d’antiquark –, en deux muons, cousins de l’élec- tron. une désintégration extrêmement rare puisque ce processus subatomique se produit quatre fois sur un milliard de désintégrations.

Cette prouesse, dont les résultats ont été pu- bliés mercredi dans la revue britannique na- ture, légitime un peu plus, voire confirme aux yeux des scientifiques, le Modèle standard.

Élaborée au début des années 1970, cette théo- rie résume nos connaissances actuelles sur la physique des particules et a permis de prédire le

comportement de ces dernières, comme la transformation désormais observée d’un méson B neutre en muons.

Cette désintégration a été enregistrée dans les détecteurs lHCb et CMs de l’accélérateur de particules appelé Grand Colli-

sionneur de hadrons (lHC), au Cern. Plus grand projet scientifique de ces dernières années, le lHC permet d’étudier la matière dans l’infiniment petit. Ins- tallé sous la frontière franco-suisse, il génère des collisions à très haute énergie. C’est lui qui a per- mis, en 2012, de confirmer l’existence du boson de Higgs, considéré comme la clé de voûte de la structure fondamentale de la matière. Mais il

pourrait encore percer d’autres grandes énigmes de la science, comme la destinée de l’antimatière après le big bang, et les mystères de la composition de l’univers, notamment la nature de la matière noire ou de l’énergie sombre (elles forment 95 % de l’univers), inexpliquée par le modèle standard. le Cern a d’ailleurs fait redémarrer le lHC en avril avec, à son programme d’études, la matière noire et l’antimatière.

« La quête de nouvelles particules et l’étude des désintégrations rares sont des stratégies complémentaires dans la recherche de la nouvelle physique », explique le porte-parole de CMs, tizia- no Camporesi. le chemin qui permettra d’ouvrir des perspec- tives sur des théories au-delà du Modèle standard, telle la supersymétrie. C’est l’une des préférées des physiciens, et elle répond au doux surnom de susy.

RichARD Bellet Le CMS est l’un des détecteurs de particules

utilisé au Cern.

CHriStian Beutler/MaXPPP

ce symbole des jardins à la française, familier de nos paysages, est menacé par une chenille verte ultravorace, la pyrale du buis. l’inra planche sur des ripostes biologiques pour limiter sa prolifération

lorsqu’on luI a aPPrIs hier après-midi qu’il venait d’être élevé à la dignité de grand officier de l’ordre national du Mérite, Claude Lorius a eu ce commentaire : « C’est de Gaulle qui a créé cet ordre. Pour moi, c’était quelqu’un, alors ça me va ! » Le scientifique, il est vrai, n’en est pas à sa première distinction. Et il en verra d’autres… En fin de semaine prochaine, c’est au bras de

Luc Jacquet que le vieil homme sera à Cannes. Le réalisateur y présentera en clôture du Festival son film La Glace et le Ciel, avec pour personnage central le désormais célèbre glaciologue.

« J’ai 83 ans, pour moi ce film est un aboutissement. C’est plus que ma vie, c’est un message pour appeler notre société, qui fait un petit peu n’importe quoi, à changer de comportement. » Le déclic, pour Lorius, a eu lieu en 1965 au fond d’un verre de whisky bu lors de l’une de ses innombrables campagnes en Antarctique. En plongeant un glaçon dans son verre, il remarque que « ça pétille », qu’il y a des bulles. « J’ai eu comme un flash », raconte-t-il. « L’intuition qu’à partir de l’analyse du CO

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les bulles de ce glaçon pouvaient être le témoin de la composition de l’atmosphère. » Et ainsi qu’en étudiant les bulles d’air piégées dans les carottes de glace remontées en Antarctique il était possible de retracer l’évolution de l’atmosphère sur des centaines de milliers d’années. Ce qui fut fait. Suivra la mise en évidence du lien entre la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère et l’évolution du climat, fruit d’une longue collaboration avec, entre autres, le climatologue Jean Jouzel.

« Le climat est devenu une priorité, maintenant tout le monde en parle.

Je suis donc plus optimiste qu’il y a quelques années, et j’espère que le film de Luc provoquera une prise de conscience de ceux qui sont au pouvoir. » À quelques jours de la montée des marches sur la Croisette et de la projection du film dont il est le héros, l’émotion perce. « Cannes c’est un peu m’as-tu-vu, mais ça ne me dérange pas. Quand on a eu une vie de chercheur et qu’on a trouvé quelque chose d’important pour la société, on peut être fier, non ? »

R. B.

Claude

Lorius, de

l’Antarctique

à Cannes…

Références

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