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Egalité des chances Introduction

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Academic year: 2021

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Egalité des chances Introduction

Pas un journal, pas un JT sans qu’il ne soit question de l’Egalité des chances. Et dans le même temps, nous avons tous le sentiment confus que l’Egalité (réelle) recule). Sentiment que nous confirmera peut-être une approche plus précise de la mesure des égalités.

Dans tous ces discours ambiants, la métaphore des starting-block est très présente :

1/ Elle suggère que l’on pourrait mettre tout le monde sur la même ligne de départ (cette ligne peut être celle de l’entrée à l’école, de la poursuite des

études au delà du Socle Commun…). Elle constitue une négation de la réalité de la différence (avant celle de l’inégalité).

2/ Ce départ est donné pour une course, pour un parcours éducatif conçu a priori comme une compétition, et dont les règles semblent aussi « naturelles » que celles des lois de la gravitation. L’idée même que cette conception du parcours (largement partagée), qui admet la logique de la concurrence, soit une cause majeure d’échec n’est même pas interrogée.

3/ le rôle de la Nation dans ce cadre est de garantir une compétition équitable entre les concurrents.

 Soit en leur donnant à tous la même chose exactement, dans une vision strictement égalitariste : égalité d’accès, procédures équitables de sélection.

 Soit en « donnant plus à ceux qui ont moins » dans une version privilégiant l’équité. Cette dernière approche propose donc de se donner toutes les chances d’éliminer les échecs qui seraient « immérités », en compensant ceux liés à la naissance, à la classe sociale, au sexe, à la race…Par exemple, on met à Henri IV un jeune beur dont la cause d’échec est –de toute évidence- sa famille, son milieu, sa banlieue, et on a ainsi éliminé toute cause d’échec non méritée.

Si dans ces conditions, il y a encore échec….la conséquence logique de ce qui précède est qu’il est mérité. L’égalité des chances est donc conçue comme une méritocratie. « L’égalité des chances, c’est le mérite » nous assène le Ministre dans son discours de rentrée.

4/ Cette méritocratie est le chemin pour prendre place dans une société de plus en plus inégalitaire (nous en verrons quelques indices d’inégalités divers), mais

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une société dont les inégalités seraient compensables. C’est l’ordre social même qui se trouve en retour justifié. Les inégalités constatées dans la société sont naturalisées puisqu’on pouvait y échapper, on retombe dedans…c’est parce qu’on le veut bien. Elles deviennent des inégalités justes selon la conception de justice sociale de John Rawls : il n’y a pas/plus d’injustice dans le fait qu’un petit nombre de privilégiés aient des avantages supérieurs à la moyenne si les moins favorisés ont vu par là même leur sort s’améliorer.

5/ En renonçant au projet d’une égalité réelle, en lui substituant une égalité des chances portée par la méritocratie, un autre processus est à l’œuvre :

l’individualisation et la contractualisation des rapports éducatifs (voire des rapports sociaux). Puisque la compétition est équitable, que les starting-block étaient bien alignés, que le parcours de la course est supposé être le même pour tous (et que la compétition même est inéluctable), il ne reste plus, en cas

d’échec, mérité donc, qu’à proposer éventuellement à l’individu un contrat du type : « on a tout fait pour toi, tu n’as pas saisi ta chance mais cela relève uniquement de toi (ton mérite, tes choix….), on te donne une 2eme chance : un PPRE, un PRE ».

6/ L’idée de donner plus à ceux qui ont moins –stratégie de compensation des inégalités non méritées- est valorisée par une certaine pratique de la

discrimination positive. Donner le ticket d’entrée à Sciences Po pour quelques banlieusards qui ne pouvaient même pas y rêver est d’un effet double : cela valide l’idée que des efforts énormes sont faits pour compenser les inégalités, et d’autre part que ces efforts sont proportionnels au mérite des individus aidés : reproduisant une hiérarchie à l’intérieur des défavorisés (celle de leur mérite) et justifiant le sort des laissés pour compte dans cette affaire : c’est à dire l’immense majorité. Avec presque le même dispositif, on pourrait s’attacher à montrer à « la face du monde » à quel point les inégalités constatées dans la société sont fabriquées par elle. La pratique de la discrimination positive (et ses résultats) interrogerait en retour toutes les inégalités enregistrées et

deviendrait une bombe ! Il est donc nécessaire d’interroger moins la démarche de Sciences PO que son utilisation sur la scène sociale.

L’ensemble de ces conceptions brossées à grands traits a des conséquences pédagogiques et éducatives que nous allons interroger tout au long de ces deux jours :

- Cet après midi, par une entrée philosophique avec J Rancière, en mettant en question la possibilité de transmission du savoir.

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- Puis avec Robert Soin, un collègue enseignant dans une CPGE de banlieue (Sarcelles), qui ne pense pas que la condition pour que des jeunes

réussissent, est qu’ils soient arrachés de leur milieu.

- Demain nous débattrons des politiques éducatives régionales et des méandres de l’égalité des chances à l’œuvre dans les dispositifs actuels avec Pierre Raynaud, un camarade coordinateur Fsu régional, et Bernard Violain, Conseiller Régional des Pays de Loire.

Enfin nous essayerons demain après midi de voir comment toute cette réflexion peut alimenter nos propositions syndicales et notamment la réflexion de notre congrès à venir. Le concept d’Egalité des chances « travaille » les profondes restructurations en cours de notre système éducatif. L’égalité de fait à laquelle nous aspirons ne peut se résumer à un décret. Elle doit alimenter une volonté collective à tous les niveaux du système éducatif. Nous devons élaborer des propositions qui soient de véritables alternatives à l’inégalité programmée.

Nous avons demandé à Roland Pfefferkorn pour commencer, de nous aider à démonter, décortiquer ce concept qu’il a pourfendu lors du débat qui a préludé à la loi dite « d’Egalité des chances ».

Sylvie Nony

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