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Dépôt Institutionnel de l’Université libre de Bruxelles / Université libre de Bruxelles Institutional Repository

Thèse de doctorat/ PhD Thesis Citation APA:

Brogniez, L. (1998). Préraphaélisme et symbolisme: discours critique et création littéraire en France et en Belgique (1880-1900) (Unpublished doctoral dissertation). Université libre de Bruxelles, Faculté de Philosophie et Lettres, Bruxelles.

Disponible à / Available at permalink : https://dipot.ulb.ac.be/dspace/bitstream/2013/211998/2/b3de43a5-b736-4b28-82f0-b2e622b9c45d.txt

(English version below)

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(2)

UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES

FACULTÉ DE PHILOSOPHIE ET LETTRES

L A UR E NeE B R,O G NIE Z

THESE PRÉSENTÉE SOUS LA Dlr~ECTION DU PF\OFESSEÙR JACQUES MARX EN VUE DE L'OBTENTION DU TITRE . DE DOCTEur~ EN PHILOSOPHIE ET LETTRES

ORIENTATION LANGUE;; ET LITTÉRATUFlES ROMANES

PRÉRAPHAÉLiSME ET SYMBOLISME, Discours critlque et création 'littéraire

.en France et en Belgique

(1880 -1900)

Annexes

, Iconographie, Documents, Bibliographie

ANNÉE ACADÉMIQUE

1998-1999

l '

(3)

I C O N O G R A P H I E

À

(4)
(5)

fig. 2 : J o h n Everett Millais, Ophelia, 1 8 5 1 - 5 2 , h u i l e sur toile,

7 6 . 2 X 1 1 1 . 8 , Tate Gallery, Londres

(6)

-> fig. 3 : John Everett Millais, A Dream ofthe Past • Sir Isumbras at the Ford, 1857, huile

sur toile, 124.5 x 170.2, National Muséums and Galleries on Merseyside, Lady Lever Art

Gallery

(7)

fig. 4 : William Holman Hunt, The Awakening Conscience, 1853, huiie sur toile, 74 x 55,

Taie Galiery, Londres

(8)

fig. 5 ; Dante Gabriel Rossetti, Found, 1854 (inachevé), huile sur toile, 91.4 x 80, Deiaware

Art Muséum, Samuel and Mary R. Bancroft Mémorial Collection

(9)

fig. 6 : Ford Madox Brown, Work, 1852-65, huile sur toile, 137 x 197.3, Manchester City Art

Gaîlery

(10)

fig. 7 : Dante Gabriel Rossetti, Bocca Baciata, 1859, huile sur panneau, 33.6 x 30.5,

collection privée

(11)

fîg. 8 : Dante Gabriel Rossetti, Veronica Veronese, 1872, huile sur toile, 109.2 x 88.9,

Delaware Art Muséum, Samuel and Mary R. Bancroft Mémorial Collection

(12)

fig. 9 : Edward Burne-Jones, The Wine ofCirce, 1863-69, aquarelle, 70 x 101.5, collection

privée

(13)

fig. 10 : Edward Bume-Jones, Pan et Cérès, gravure reproduite dans la

Gazette des Beaux-Arts,']\x\\\Qi 1969

(14)

'• ^^îî^^ G?t)riel Rossetti, Proserpina, 1874, huile sur toile, 126.4 x

o 1, Tate Gallery, Londres

(15)

fig. 12 : Dante Gabriel Rossetti, The Sonnet, 27 avril 1880, dessin à la

plume et à l'encre, Delaware Art Muséum, Samuel and Mary R. Bancroft

Mémorial Collection

(16)

E . B u n N E J O N E S . — Merliii et Viviain;.

fig. 13 : Edward Bume-Jones, Merlin et Viviane, gravure reproduite dans

La Peinture anglaise d'Ernest Chesneau, 1882

(17)

F . M A D O X B R O W N .

Roméo et Juliette.

fig. 14 : Ford Madox Brown, Roméo et Juliette, gravure reproduite dans La

Peinture anglaise d'Ernest Chesneau, 1882

(18)

fig. 15 : Frederick Hollyer, A Collection of 72 Photographs after Drawings

by Edward Bume-Jones

(19)

fig. 16 : Dante Gabriel Rossetti, Lady Lilith, 1868, huile sur toile, 95.3 x 81.3, Delaware Art

Muséum, Samuel and Mary R. Bancroft Mémorial Collection

(20)

fig. 17 : D a n t e G a b r i e l Rossetti, Venus Verticordia, 1 8 6 4 - 6 8 .

h u i l e s u r toile, 9 8 . 1 x 6 9 . 9 , T h e Russell-Cotes / \ r t Galler>- a n d

M u s é u m , B o u r n e m o u t h

(21)

fig. 18 : Dante Gabriel Rossetti, Early Italian Poets, 1861

(22)

fig. J 9 : Dante Gabriel Rossetti, The Blessed Damozel, 1875-78, huile sur toile avec prédeiie, 174 X 94, Harvard University Art Muséums, Fogg Art Muséum, don de Grenviile L.

Winthrop

(23)

fig. 20 : Dante Gabriel Rossetti, Beata Beatrix, 1872, huile sur toile, 87.5 x 69.3 (prédeHe :

26.5 / 69,2), Art Institute of Chicago, Charles L. Hutchinson Collection

(24)
(25)

fig. 22 : Fernand Khnopff, Avec Joséphin Péladan. Istar. dessin pour le

frontispice à\Istar de Joséphin Péladan, Paris, 1888, sanguine sur papier,

16.5 X 7, collection privée

(26)

fig. 23 : D a n t e Gabriel Rossetti, Sancta Lilias, 1 8 7 4 , h u i l e s u r

toile, 4 8 . 3 x 4 5 . 7 , Tate Gallery, Londres

(27)

D . - c . R 0 S ? E 1 T ! . — Le Songe de D a m e . (DanU-S Drc.vn.)

fig. 24 : Dante Gabriel Rossetti, Le Rêve de Dante, gravure reproduite dans

La Peinture anglaise d'Ernest Chesneau, 1882

(28)

fig. 25 : Edward Burne-Jones, King Cophetua and the Beggar Maid, 1880-84, huile sur toile,

290 X Î36, Tate Gallerv, Londres

(29)

fig. 26 : Odilon Redon, frontispice pour les Chevaleries sentimentales

d'André-Ferdinand Hérold, 1893

(30)

fig. 27 : Willy Schlobach, La Morte, 1890, aquarelle, 62 x 138, Bibliothèque Royale Albert

1er, Bruxelles

(31)

fig. 28 : Femand Khnopff, frontispice pour Bruges-la-Morte de Geor'

Rodenbach, 1894 '

(32)

fig. 29 : Charles Van Lerberghe, Dessin, Archives et Musée de la

Littérature, Bruxelles

(33)

fig. 30 : Charles Van Lerberghe, Dessin, Archives et Musée de la

Littérature, Bruxelles

(34)

fig. 31 : Charles Van Lerberghe, Dessin, Archives et Musée de la

Littérature, Bruxelles

(35)

fig. 32 : Dante Gabriel Rossetti, La Pia de Tolomei, 1868-80, huile sur toile, 104.8 x 120.6,

Spencer Muséum of Art, University of Kansas

(36)

fig. 33 : Femand Khnopff, Je ne vois plus le ciel à travers tes cheveux

lUustration pour Pelléas et Mélisande de Maurice Maeterhnck Bruxelles'

Société des Bibliophiles «Les Cinquantes», 1920, BibHothèque Royale

Albert 1er, Bruxelles ^

(37)

fig. 34 : Walter Crâne, The Sleeping Beauty, illustration pour les

Household Stories des frères Grimm

(38)

fig. 35 : Edward Burne-Jones, The Briar Rose : The Rose Bower, 1 8 7 1 , 6 0 X 115, M u s e o d e Arte d e Ponce, Puerto Rico, Ttie Luis

A. Ferré Foundation, Inc.

(39)

fig. 36 : E d w a r d B u r n e - J o n e s , The Tower of Brass, 1 8 8 8 , h u i i e

s u r toile, 2 3 1 x l l 3 , Glasgow M u s é u m s , Art G a l l e r y a n d

M u s é u m , K e l v i n g r o v e , d o n de W i l l i a m C o n n a l

(40)

fig. 37 : Alexandre Séon, Jeanne d'Arc, gravure reproduite dans le

catalogue du Salon de la Rose-Croix, Paris, Durand-Ruel, 1892

(41)

fig. 38 : Edward Bume-Jones, Tête de femme, 1885, mine de plomb, 24.5 x

15, Musée du Louvre, Département des arts graphiques, Paris

(42)

fîg. 39 : Edward Bume-Jones, Tête de femme aux yeux baissés (étude pour

The Wheel of Fortune), 1872, mine de plomb, 25.2 x 17.7, Musée du

Louvre, Département des arts graphiques, Paris

(43)

fig. 40 : Edward Bume-Jones, Tête de femme de profil vers la droite (étude

pour The Wheel of Fortune), 1872, mine de plomb, 25.2 x 17.7, Musée du

Louvre, Département des arts graphiques, Paris

(44)

fïg. 41 : Maurice Denis, lithographie pour La Damoiselle élue, poème lyrique d'après D. G. Rossetti, traduction française de G. Sarrazin,

Partition pour chant et piano, Paris, Librairie de l'Art Indépendant, 1893

(45)

T H E FITZROY PICTURES

H E Y W O O D SUMNER. Saint Georges et le Dragon.

Hauteur : Urgcur : o'",;^. Prix Je la planche coloriée : o francs.

DIETRICH & LIBRAIRIE D'ART, BRUXELLES.

fig. 42 : extrait du catalogue de la Librairie Dietrich

(46)

fig. 43 : Femand Khnopff, / lock my door upon myselt: 1891, huile sur

îoile, 72 X 140, Bayerische Staats des Gemâldesammlunçîen Neue

Pinakothek, Munich

(47)

fig. 4 4 : Edward Burne-Jones, Etude de femme, d é d i é e à Fernand

Khnopff, 1890, sanguine sur papier, 36 x 29.5, collection privée

(48)

fig. 4 5 : Fernand Khnopff, Etude de femme, d é d i é e à Edward Burne-

Jones, 1 8 9 6 , crayon et rehauts blancs sur papier gris bleu, 23 x l 5 ,

collection privée

(49)

g. 46 : Julia Margaret Cameron. Angeï at the Sepulchre. 1869. 37 x 26.7

lie Royal Phoiographic Society. Bath

(50)

fig. 47 : Emile Fabry, Détail de l'affiche pour l'exposition Pour l'Art, 1894,

lithographie, 91.6 x 54.3, Bruxelles, Bibliothèque Royale Albert 1er,

Cabinet des estampes, Bruxelles

(51)

fig. 48 : Carlos Schwabe, Affiche pour le premier Salon de la Rose+Croix,

1892, lithographie, 199 x 80, collection privée

(52)

fig. 49 : Jean Delville, L'Idole de la perversité, 1891, craie sur papier, 98 x

56, collection privée

(53)

fig. 50 : Edward Burne-Jones, The Depths of the Sea, 1886, huile sur toile, 197 x 75,

collection privée

(54)
(55)

fig. 52 : E d w a r d B u r n e - J o n e s , Philip Comyns Carr, 1 8 8 2 , h u i l e

s u r toile, 7 1 x 4 8 . 5 , collection p r i v é e

(56)

fig. 53 : Edward Burne-Jones, Le Chant d'amour, 1868-77, huile sur toile, 114.3 x 155.9, The

Metropolitan Muséum of Art, New York

(57)

Composition pour le programme de « La Belle au Bois dormant

Fac-similé d'une eau-forte .le M. Bnrne Jones, tirée de LEstampe orùjinaie.

fig. 54 : Edward Bume-Jones, Composition pour le programme pour La

Belle au Bois Donnant d'Henri Bataille et Robert d'Humières

(58)

R'O B E R T D E L A S î Z E R . A N N E

L A

PEINTURE ANGLAISE

• C O N T E M P O R A I N E

1 8 4 4 - 1 8 9 4

L I B R A I R I E • H A C H E T I T E • P A R I S •

fig. 55 : Robert de la Sizeranne, La Peinture anglaise contemporaine,

Paris, Hachette, 1894

(59)

21

PASSÉL^ DÉTROIT

pak GABR el- M o U pe Y

p'.-:

PAULOILENDORF ÉDITEUR • PARIS M D C C C X C V

I

fig. 56 : Gabriel Mourey, Passé le Détroit, Paris, Ollendorf, 1895

(60)

fig. 57 : Edward Bume-Jones, Golden Stairs, 1872-1880, huile sur toile,

106 X 46, Tate Gallery, Londres

(61)

f

LES PRERAPHAELITES « NOTES SUR L ART DÉCORATIF ET LA PELN- T U R E EN ANGLETERRE • PAR OLI- VIER GEORGES DESTRÉE

fig. 58 : Olivier-Georges Destrée, Les préraphaélites. Notes sur l'art

décoratif et la peinture en Angleterre, Bruxelles, Dietrich et cie, 1894

(62)

tlg. 59 : Georgette Leblanc

(63)

fig. 60, Jan Toorop, Les trois fiancées, 1893, crayon, craies noire et de couleur, rehauts de

blanc sur papier brun, 78 x 98, Rijksniuseum Kroller-Miiller, Otterlo

(64)

fig, 61 : Louis VVelden Hawkins, Les Auréoles, 1894, huile sur toile, 61 x 50. collection privée

(65)

L A R T ' N O U V E A U [uttcmpour éliminer {c^ie) et (e [u^e pr(ftenticii5< €)ç toutes- [ e s - cbos-er èe [\ vie.-j^pour f(X'^

re pe'nrtrer tK^incment è)u cfoût et un rbcxrmc èc beaiute'simpfG jusque c)ans'

[es- moinc)re5- objets* è'uti[itç'®'9^

fig. 62 : Extrait du Billet d'invitation à l'inauguration de l'hôtel de VArt

nouveau

(66)

f . \ I : u 1 II i 11 - i 13 1 r r i j j l i t '

fig. 63 : Edward Bume-Jones, L'Amour dans les ruines, gravure d'après

une photographie de Frederick Hollyer, reproduite dans la Revue illustrée,

V octobre 1894

(67)
(68)

fig. 6 5 : Edward Burne-Jones, Baronne Deslandes, 1 8 9 6 , huile

sur toile, 1 1 6 . 2 x 5 8 . 4 , collection privée

(69)

fig. 66 : Edward Burne-Jones, Sponsa de Lihano, 1891, aquarelle, peinture et gouache, 332.5

X 155.5, Walker Art Gallery, Liverpooi

(70)

A u M A I S O N D'ART, AVENUE DE

T

LA T^N-TOR, se

De m keint 4a u l u 14 Wint ét au iPiii iarirM : 1 fnacl

fig. 67 : Jean Delville, Affiche pour la deuxième édition des Salons d'art

idéaliste, 1897, lithographie, collection privée

(71)

fig. 68 : Walter Crâne, couverture pour Le Thyrse d'Arnold G o f f m

Bruxelles, Charles Vos, 1897

(72)

Dessin (le J. Veber pour la couverture de Chez les Snobs.

g. 69 : Jean Veber, couverture pour Chez les Snobs de Pierre Veber, 1895

(73)

D O C U M E N T S

- Albert SAMAIN, La maison de Vie - William RITTER, Préraphalite

Quelques traductions de «La Damoiselle élue»

.Gabriel Sarrazin(1885) .Albert Samain [1887]

. Maurice Maeterlinck [1888]

.Anonyme (1893)

. Olivier-Georges Destrée (1894)

. Francis Viélé-Griffm (1924)

(74)

Albert SAMAIN

Dante Gabriel ROSSETTI, La Maison de vie, traduite de l'anglais par Albert Samain, Londres, décembre 1873

Bibliothèque nationale de France, manuscrit NAF 12856

f. 4 à William Michael Rossetti ces poèmes dont [il eut pour la plupart] [à la plupart desquels][il donna la première] la première édition a déjà tant d'années sont maintenant ultimement dédiés

«Habent sua fata libelli» il semble qu'il y a [existe] une déesse veillant sur les destins des livres aussi capricieuse que celle qui tisse les fils de notre mortelle existence. [Sur] [aux] uns elle prodigue avec des mains

infatigables les plus riches dons de la louange et de la récompense, tandis que les autres ont à travailler et à lutter dans l'obscurité et le silence. Dans le livre de M. Rossetti nous reconnaissons [constatons] heureusement un des rares cas où le succès extrême d'une oeuvre d'art a été proportionné à son mérite intrinsèque et le rapide parcours de cette production poétique première-née de son auteur est d'autant plus remarquable qu'à première vue il semble plutôt s'adresser à un cercle d'admirateurs ésotériques qu'à la masse des lecteurs. L'accueil fait au livre par les meilleurs organes de la presse anglaise fut très favorable et nous pouvons considérer

f 5 non comme un des moindres signes le succès complet obtenu que les violents détracteurs de son mérite ont mêlé leurs voix à d'unanimes

applaudissements, car ces protestations de quelques-uns ne fait que rendre la majorité des admirateurs plus évidente. Il est naturel de se demander : d'où proviennent cette admiration et cette envie, d'où provient cet étonnant succès, dont on chercherait en vain les qualités de popularité soit dans le sentiment soit en fait, dans tout autre caractère. En répondant à cette question d'une manière tout aussi satisfaisante que les limites dont je dispose me le permettront, j'espère en même temps remplir ma tâche d'introducteur au près des lecteurs du continent.

Les poèmes de Rossetti ne doivent pas seulement être considérés comme l'émanation originale [spéciale] d'une personnalité originalement [très spécialement douée] mais aussi comme le résultat d'un mouvement auquel se sont associés avec notre poëte dans les différentes branches de la littérature et de l'art la plupart des hommes [esprits] éminents de l'Angleterre moderne; j'aimerais même appeler ce mouvement la renaissance du sentiment «moyen âge» - en analogie avec cette autre renaissance antique au quinzième et seizième siècle. Cependant, comme elle est déjà pourvue d'un nom ou surnom (au moins d'autant que ses tendances affectent les écoles de peinture de ce pays et que l'expression école préraphaélite est devenue presque un terme de consacré en

Angleterre), je dois bon gré mal gré m'en tenir à cette dénomination

impropre sous bien des rapports. Le shiboleth [mot d'ordre devise] commun f 6 des maîtres de cette école et en même temps des maîtres de l'art moderne

anglais, comme Holman Hunt, Bume Jones et Madox Brown, pourrait être appelé une violente opposition dirigée contre la façon conventionnellement [poncive] lisse [correcte] de traiter la nature et le corps humain que nous trouvons chez les artistes des derniers siècles.

La plupart de ces hommes [ont un sentiment de la couleur] sont, à un degré éminent, coloristes, et dans le traitement de leurs effets montrent

certainement quelque dépendance des maîtres florentins de la première heure. Mais tous les chefs de l'école réussirent bientôt à se délivrer de la

«divine crookedness» et de la «sainte gaucherie» de leurs essais primitifs.

(75)

Albert SAMAIN

parler aujourd'hui d'un homme comme Madox Brown par exemple, avec son admirable faculté de rendre le drame et la passion humaine, comme d'un peintre préraphaélite par excellence ; et par conséquent, relié

électivement à Fra Angelico, serait profondément absurde. M. Rossetti fut l'un des promoteurs et des conducteurs du mouvement préraphaélite pendant son éphémère existence en tant qu'école de peinture, et il forme aussi le trait d'union entre cette école [ce mouvement] et le groupe des poètes dont les aspirations étaient plus ou moins imbues du même esprit

«moyen-âge». Les noms des deux poètes, Morris et Swinbume, qui forment avec M. Rossetti lui-même le trio représentatif de ce mouvement, ne sont peut-être pas aussi populaires de l'autre côté du détroit qu'ils le méritent.

Ici, en Angleterre, il forment le nucleus [le noyau d'un cercle] d'une forte partie d'adhérents qui tous les jours croît en nombre et en importance. Leur influence s'est aussi manifestée dans les productions variées de poètes plus jeunes, dont aucun jusqu'à présent ne semble cependant avoir tout à fait

accompli le stage préparatoire de l'imitation.

f 7 Le seul poète réellement indépendant, réunis [sic] à l'école de la poésie moyen âge, est selon moi le trop peu connu et apprécié poète et peintre William Bell Scott, dont les premiers efforts datent de longtemps avant l'apparition du mouvement pré-Rapahaélite. Il y aurait aussi une étude intéressante à marquer les germes de ce mouvement dans Walter Scott, Coleridge et Keats, et de les comparer avec les révolutions romantiques en Allemagne et en France. Mais un tel parallèle, aussi valable que puissent être les résultats, nous entraîneraent tout à fait hors de notre présent sujet d'étude qui est le poète individuel Rossetti. J'ai indiqué tout ceci seulement comme le cadre dans lequel nous devons considérer son individualité, afin de comprendre dans ses détails [particularités], sa façon d'être subjective.

Dante Gabriel Rossetti naquit en mai 1828 de Gabriel Rossetti, le patriote italien bien connu, célèbre écolier du Dante. Rossetti le père fut un des meneurs [chefs] du parti populaire napolitain qu'il enflamma de ses chants patriotiques. A la suite des désastreux événements de l'année 1821 il eut à quitter sa situation au Musée Bourbon et son pays. Il semble que deux vers dans ses poèmes

Que les Sandi et les Lourelli Ne sont pas morts encore

dans lesquels le régicide n'était prêché que trop ouvertement, l'empêchèrent d'obtenir le délai de sentence, comme beaucoup d'autres réfugiés. Il vint s'établir à Londres et y épousa une femme italienne d'origine, [quoique]

londonienne de naissance. Il allégea les lourdes de son exil en se livrant à ses études du Dante, études dans lesquelles une connaissance

compréhensive

f 8 du grand poète et historien se mêle à un violent esprit de parti moderne.

Suivant lui toute la Divine Comédie est le cri et n'est que le cri d'un hérétique politique et religieux contre les formes établies de l'Eglise et de l'Etat. Rossetti s'est efforcé de montrer, avec une remarquable ingénuité, que le grand ouvrage est écrit dans une sorte d'argot carbonari tout plein d'allusions allégoriques aux personnages et aux institutions de son temps.

Ceux de mes lecteurs que le sujet intéresse pourront trouver un excellent

article sur le système de Rossetti dans le «Danteforschungen» récemment

publié par le professeur Witte. Pour nous ceci ne présente de l'importance

d'une indication pour nous permettre de suivre les traces de l'esprit

profondément Dantesque qui devait prendre une influence prédominante

dans le développement mental de notre poète. Ce qui montre également à

quelles profondeurs la famille Rossetti était imbue de cet esprit, c'est que

les noms d'une soeur et d'un frère de Dante Gabriel se trouvèrent liés à

(76)

Albert SAMAIN

celui du grand poète Italien. M.William Michael Rossetti , connu par ailleurs favorablement comme critique a traduit l'Enfer en vers blancs anglais et Mrs Maria Rossetti a tout dernièrement publié une élucidation remarquable du plan du divin poëme. La seconde soeur, Christine, jouit en ce moment d'une grande et légitime popularité en tant que poétesse, en Angleterre et en Amérique. Dante Gabriel était le second membre de cette famille singulièrement douée. Son instinct artistique semble s'être révélé de très bonne heure, et d'après des témoignages dignes de foi, il commençait à dessiner à cinq ans. Il semble en effet que dans

f 9 la famille Rossetti on avait toujours considéré comme convenu que Gabriel serait peintre. Il devint bientôt élève de l'Académie Royale de peinture mais jamais ne s'attacha à aucun de ses professeurs. On ne peut dire que

Rossetti, en tant que peintre, à aucun moment, subit l'influence d'un artiste anglais, en en exceptant peut-être Madox Brown dans l'atelier duquel il travailla quelque temps. Son premier tableau important s'appelait Mary's Girlhood et on en trouvera un sonnet descriptif dans le présent volume.

Parmi d'autres importantes représentations de sujets religieux nous pourrions mentionner un maître autel dans la cathédrale de Llandlaff La peinture appelée la «Semence de David» est un triptyque et montre dans le panneau central l'Adoration du Christ en haut et en bas, c'est-à-dire par les rois et par les bergers à sa nativité ; tandis que les panneaux des deux côtés représentent David comme berger et comme roi, symboles respectifs de la propre origine du christ, d'en haut et d'en bas. Les plus importants sujets du peintre Rossetti cependant sont pris du cycle Dantesque. C'est ici que nous admirons le profond mysticisme de ses conceptions combiné avec un feu et une profondeur de couleurs à peine surpassés par les vieux Maîtres italiens. A ces peintures Rossetti doit aussi sa situation dans les premiers rangs des artistes modernes anglais, fait d'autant plus remarquable que ses aspirations étaient absolument indépendantes et à haut degré en opposition violente avec les autorités établies de l'art académique officiel. En vente, de toutes les peintures, deux

f 10 seulement, et ceux de sa toute première période furent exposés en public par l'artiste. Comment sur une base aussi restreinte une large popularité passa- t-elle avec une égale rapidité du peintre au poète ? c'est là un des mystères des lois que règlent les réputations naissantes.

Après ces quelques remarques nous devons abandonner Rossetti le peintre et nous occuper du côté «poétique» de son pouvoir [organisation] créateur.

Les deux facultés sont si parfaitement mêlées en lui qu'il serait presque impossible de pleinement comprendre l'un sans l'autre.

Celui-là seulement qui a été assez fortuné pour admirer dans l'atelier de l'artiste ces représentations étonnamment profondes des plus nobles types humains, peut apprécier entièrement les charmes mystérieux de la

Damoiselle bénie qui s' appuyé

à la barrière d'or du ciel

ses yeux étaient plus profonds que la profondeur de l'eau calme des soirs.

Elle avait trois lis dans sa main

Et sept étoiles étaient dans ses cheveux

ou de Lilith, la première femme d'Adam dont nous connaissons par la description de Méphisto la longue chevelure dangereuse. J'appellerais de telles créations essentiellement «picturales». L'arrangement

merveilleusement graphique [décoratif exact] dans le groupement des

différents motifs reste un des effets les plus étrangement harmonieux de

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Albert SAMAIN

perfection de couleur et de dessin et ne me semble perceptible qu'à travers le médium d'une conception picturale antérieure

f i l mêlée à la fin à la palpitante passion de la poésie lyrique pour passer du monde visible dans les intangibles royaumes de la pensée et du son. Je ne veux pas entamer [entraîner] ici un débat sur les limites des beaux arts et de la poësie, tâche qui soit dit en passant, ne présenterait qu'un agrément restreint ; mon intention est encore moins de décider si une telle fusion de deux arts hétérogène est un avantage [favorable] ou un empêchement [nuisible] pour atteindre les plus hauts résultats en peinture et en poësie.

Mon désir n'est pas d'écrire une critique de la poésie de Mr Rossetti, mais simplement d'amener aussi loin que possible le lecteur aux ssources cachées d'où son inspiration poétique découle : sous ces réserves j'espère que mon incursion sur les domaines de la critique n'apparaîtra pas tout à fait

étrangère au sujet.

Un autre élément important dans le développement poétique de Rossetti me semble être son origine italienne combinée avec sa cormaissance dès sa première enfance des trésors de la poësie moyen âge de ce pays. Le premier fruit de cette connaissance fut un recueil de traductions des poètes

primitifs italiens depuis CiuUo d'Alcamo jusqu'à Dante Alighieri, y compris la Vita Nuova de Dante. Ce livre à tous respects digne d'éloges comme l'appelle Witte fut publié en 1861 et resta pendant deux ans la seule confidence poétique de son auteur si nous exceptons quelques poèmes publiés çà et là dans des publications périodiques. L'oeuvre naturellement ne s'adressait qu'à un cercle de lecteurs restreint fit [marquait] cependant un effet sensible dans la littérature de reproduction [traduction]anglaise assez indigente. Ce qui fut

f 12 le plus admiré et ce qui est le plus admirable, c'est la profonde pénétration de l'esprit dès originaux par le traducteur moderne, tandis qu'en même temps il reproduit dans son idiome du Nord les plus belles nuances de leurs artifices de métriques avec une habilité étonnante. Celui qui est versé dans la littérature italienne reconnaîtra plus facilement le mélange légèrement frivole, mais hautement attirant et essentiellement méridional des sentiments religieux et amoureux, comme nous le trouvons dans la reproduction du sonnet de Jacopo da Lentino " Da Sa dame au ciel"

J'ai dans mon coeur de servir dieu ainsi que je puisse au Paradis me rendre aux saints lieux à travers lesquels partout j'ai entendu dire que joie et consolation coulent

sans ma dame je serais peiné d'allé

Elle qui a le visage brillant et brillante chevelure Car si elle était absente, moi étant là

Mon plaisir serait moins que rien, je sais

Regardez, vous, je ne dis pas ceci à telle intention Que je veuille commettre quelque péché

Je voudrais seulement contempler sa gracieuse mine et ses beaux doux yeux, et son visage d'amour

De telle sorte qu'ainsi ce serait mon complet contentement de voir ma Dame joyeuse à sa place.

Je pourrais citer d'autres poèmes d'une structure de beaucoup plus

compliquée qu'un sonnet dans lesquels il n'y a pas de trace de ce sentiment d'engoncement [d'allure étriquée, d'habit étriqué] qu'on ne perd jamais dans tant de traductions; mais ce qui nous

f. 13 frappe plus encore c'est la parfaite [affinité] congénialité de l'auteur et du

traducteur de la Vita Nuova de Dante. Ici le flot continu et égal du

sentiment concentré donnait à Rossetti une occasion de rendre toutes les

particularités et toute l'affectation moyen âge du style de son grand modèle

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Albert SAMAIN

avec une fidélité qui produit presque l'effet d'un oubli momentané de la part du lecteur qu'il n'est pas en train d'écouter la chute sonore de la lingua de si (qui arrive presque à faire oublier au lecteur qu'il n'est pas en train

d'écouter les cadences sonores de la lingua desi). Je demanderais pardon d'insérer ici un court passage de la Vita Nuova dans lequel Dante donne le commentaire de son célèbre sonnet

Ochi [Di] perigrini, che pensoni andate

peut être considéré comme un beau spécimen des traductions en pose de Mr Rossetti

«En ce temps-là il arriva qu'un grand nombre de personnes entreprirent un pèlerinage, dans le but de pouvoir contempler le portrait béni laissé à nous par notre Seigneur Jésus Christ, comme l'image de sa belle contenance, image que maintenant ma chère dame d'amour sur laquelle contenance regarde continuellement [que contemple continuellement ma chère dame].

Et plusieurs parmi ces pèlerins qui semblaient très pensifs passèrent par un sentier qui est tout-proche du milieu de la cité où ma très gracieuse dame d'amour est née et a vécu et à la fin est morte.

Alors, en les contemplant, je me dis en dedans de moi-même « ces pèlerins semblent être venus de très loin

f l 4 e t je pense qu'ils ne peuvent pas avoir entendu parler de cette dame

d'amour, et qu'ils ne savent rien d'elle, leurs pensées ne sont pas occupées par elle, mais par d'autres objets ; peut-être de leurs amis qui sont au loin, bien loin, et que nous, à notre tour nous ne connaissons pas. Et je viens à dire «je sais s'ils étaient d'un pays voisin du nôtre, ils sembleraient en quelque sorte troublés de traverser cette cité qui est si pleine de douleur» et je dis aussi : «Si je pouvais leur parler un moment, je suis certain que je les

ferais pleurer avant qu'ils soient sortis de cette cité, car ces choses qu'ils m'entendraient leur dire [qu'ils entendraient de moi] en devraient nécessairement faire pleurer quelques-uns»

Je n'ai pas besoin d'ajouter à quel point Rossetti, par sa magistrale

traduction, à accru l'intérêt [la curiosité] général du public pour la poésie de Dante et de ses contemporains en Angleterre, où l'étude des langues

étrangères, et spécialement de la langue du Dante, est à peine sortie de l'enfance.

Avec autant de netteté que dans ses traductions nous pouvons discerner l'influence de l'origine italienne de Rossetti dans ses productions originales.

Avant tout nous pourrions mentionner à cet égard sa prédilection marquée pour la forme du sormet qu'il manie avec l'aisance d'un maître parfait et qu'il n'applique [emploie] jamais dans sa détérioration anglaise ou shakespearienne. Car après tout, ces poëmes de quatorze vers que nous trouvons dans le grand poëte anglais, toutes merveilleuses qu'elles soient, d'idée et de passion, sont au stricte point de vue de la forme à peine défendables.

Sous aucun rapport

f 15 la qualification du sonnet, qu'on leur applique n'est une qualificafion justifiée, je laisserai aux fanatiques de Shakespeare de décider si cette

prestigieuse fleur de poésie lyrique commençant

«Entendre la musique, pourquoi entends-tu la musique tristement Les douceurs ne combattent pas avec le douceurs

La joie se délecte dans la joie»

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Albert SAMAIN

OU quelqu'autre des cent cinquante quatre immortels sonnets est un mauvais sonnet ou n'est pas un sonnet du tout. Quoique Rossetti, comme M. Sidney Colvin l'a ingénieusement [subtilement] démontré, semble à l'occasion subir l'influence de Shakespeare,il [Rossetti] n'a heureusement pas suivi le poëte anglais à cet égard, et ses sonnets se composent, conformément à leur symétrie innée [naturelle], et conformément à l'exemple des grands

modèles italiens, des deux quatrains orthodoxes avec redoublement de rimes suivies de deux tercets. En concordance avec la forme, l'esprit des sonnets et des chansons dans «La maison de vie» est essentiellement Dantesque, même, le titre à lui seul apparaît de haut goût [a toute une saveur] italien et spécialement «moyen âge italien». Quelquefois aussi ces sonnet, dans leur suggestivité profonde et symbolique, semblent demander ou même exiger un commentaire, comme le chantre de Béatrice en a apporté un à sa Vita Nuova.

Dans les chants de «la Maison de Vie», ce qui est le plus admirable, c'est [une sorte] l'élan immédiat de la passion vraie et l'adaptation du vers à des fins musicales [une fin musicale] actuelles, préoccupation qu'on ne

rencontre que rarement dans la littérature anglaise moderne. La vie italienne et une façon de sentir de nature toute différente ont aussi inspiré

£16 cette noire et trouble peinture de l'amour tourné en haine «Une dernière confession» Ici les draperies du costume moyen âge sont enlevées et toute la violence de la passion humaine éclate [surgit] dans une nudité sans voile...

Mais ici encore nous trouvons ces étonnantes couleurs du Sud,

merveilleuses d'intensité, qu'on ne rencontre que rarement dans nos poètes des zones tempérées. Je laisse au lecteur de décider si l'étude psychologique de ce sujet est égale à la manière de Robert Browning d'un caractère si subtil [si la psychologie du sujet peut égaler celle de Robert Browning].

D'autres poèmes dans ce livre montrent que Rossetti est tout aussi bien familier avec productions des primitifs littéraires de son pays d'adoption, et qu'il s'est pénétré profondément de leur esprit. Quelques critiques ont relevé une certaine forme de rime dans la poétique de Rossetti, dans laquelle la dernière syllabe d'un mot de trois syllabes ou plus reçoit une sorte

d'accent artificiel, ou pour user d'un terme technique, où un proparoxiton est changé en axiton et rime avec un monosyllabe, comme dans audible';

shell p. 254, promise'th : death (p. 224). Il y a là, a-t-on dit, un archaïsme affecté de la part d'un poète moderne et cela nous reporterait [cela serait un retour] aux rudes licences des anciens rimeurs qui de propos délibéré désaccentuaient les mots comme countrie', laide', suivant l'occurrence. En réalité, cependant, les deux cas sont absolument différents. Dans le premier cas, la dernière mais seule syllabe non accentuée confère à l'ultime un accent faible et suspendu (Schwebender accent comme les Allemands l'appellent) qui justifie tout à fait sa position dans la syllabe rime masculine, et quelquefois, d'ailleurs ajoute

f. 17 considérablement à la beauté d'un poème ; cependant je ne voudrais

nullement prétendre qu'un poète moderne ne puisse çà et là, quand il médite un effet particulier, s'autoriser à employer la seconde forme de rime, formellement condamnable au point de vue sytrictement métrique. Un bel exemple de rime suspendue, comme nous pourrions l'appeler, se trouve dans la charmante pastorale de Kit Marlow

«Comme live with me and be my love, dont les derniers vers commencent

The sheperd wains [swains] shall dance and sing

For thy delight each Maymoming»

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Albert SAMAIN

Une autre addition [élément ajouté] à la variété et à la beauté de ses formes métriques que Rossetti a puisé aux sources anglaises ; c'est le refrain qui forme une partie remarquable de ses stances narratives. Quelquefois, comme par exemple, ans «Soeur Hélène» ce refrain développe toute une sentence profonde qui indique à la fois la source de tout le tragique événement [du drame tout entier][le refrain développe toute une idée profonde où apparaît à la fois toute la tragique du drame]. Certes Rossetti doit beaucoup aux influences occasionnelles de nationalité et de

connaissance artistiques [milieux esthétiques].

Mais ce que nous avons à admirer le plus dans son oeuvre, c'est ce qui est au-delà de toute nationalité, c'est ce qui est au-delà de tout métier acquis. Je veux parler de sa conception étonnamment profonde du type féminin, de la femme dans son commerce avec l'homme. Ici du moins nous touchons au vif de sa puissance d'invention. Car c'est cette conception de la beauté idéale, comme révélée à l'humanité, l'ardente aspiration du poëte vers cet f. 18 idéal qui forment la base transcendante de toutes ses créations : et nous

entendons toujours la même grandiose et monotone symphonie jouée comme ne sourdine, soit que le poète chante le pur amour, de la Damoiselle bénie, ou la frêle beauté et la misère infinie de «Jenny» la pauvre outlaw des rues de Londres. J'aurais beaucoup aimé à entrer dans l'analyse des

grandes beautés de ce dernier poème, d'autant plus que c'est presque la seule confidence du génie de Rossetti qui nous montre sa compréhension pathétique et ardente pour les souffi'ances et les luttes de notre vie moderne.

Mais je suis effrayé d'avoir déjà dépassé autant les limites d'une

introduction et je ne veux pas en conséquence priver [retenir] le lecteur plus longtemps du charme de communiquer avec un esprit profond et original qui je l'espère, après mes remarques, ne sera plus pour lui tout à fait un étranger.»

Londres, décembre 1873

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William RITTER

William Ritter, Préraphaélite (roman inédit)

(1887-1904?)

Archives littéraires suisses - Fonds Ritter 2 inv. 1.1 roman

«A mes frères d'âme - A Marcel Montandon et Janko Cadra»

(extraits)

«Un jour de pluie diluvienne et indiscontinue, ils étaient seuls dans le petit atelier des vignes, comme séparés du monde par la cataracte du ciel, les pampres ruisselants et les boues du sentier. La symphonie torrentielle de la toiture en bandeaux et des gouttières augmentait l'intimité du demi-jour. Elle paressait mollement sur le divan disposé à son gré et en harmonie avec elle ; on n'y voyait presque plus, lui s'obstinait pourtant à la dessiner... Ils gardaient un silence de bien-être, lui peureux de questions qui lui eussent attiré quelque chagrin, elle jouissant de bruit de la pluie et de l'odeur de terre mouillée venant du vignoble, apaisée du reste aussi et portée par une sorte de satisfaction à [une sorte de] bienveillance condescendante [...]

-Alors mon amie, votre heure viendra aussi de pourrir dans la terre, et les vers vous les donneront sans marchander, ces baisers que vous m'avez refusés.... Et votre

décomposition s'en ira parmi les plantes par les racines comme la mienne... Et vous serez la charogne de Baudelaire, vous qui avez été la Béatrice de mon coeur, la Béatrice d'une vita nuove peinte...»

[...]

«Anges de Signorelli, Saint-Sébastien de Basaïti venu à ma rencontre... ne

m'abandormez pas. Que je meure proprement. Et au même moment les parois de la chambre craquèrent et s'écroulèrent. Il entra un flot de lumière et une irruption d'êtres surhumains.... Il les vit, il les vit très distinctement ses anges, ses chérubins, et les saints et les saintes de ses rêves... Il perdait la notion de son corps matériel qui se déchirait de lui et tombait, pesant, pesant, au fond d'un gouffre. Quelque chose cassa comme un fil ténu qui le rattachait par un dernier lien fin comme un fil de neige à sa [prison ?]

chamelle. [...] Et les créatures ailées et lumineuses ftirent immenses, eurythmies et berceuses, d'un éclat insoutenable et d'un sourire ineffable et l'entraînaient comme l'une d'entre elles, et lui aussi se voyait lumineux et blanc et fluait dans l'éther tout fleur tout musique tout parfum, impalpable et sensible, délectable et lénifiant à son absence de corps...»

«Elle était dans l'atelier de Charles-Edouard, le petit, l'intime, celui des vignes et de leur lugubre amour.... Ils regardaient ensemble tous ses portraits d'elle... Arrivés à celui de l'horoscope, il lui disait souriant, d'un sourire sans méchanceté, mais triomphalement :

«Voyez». Et elle voyait ceci... La constellation de la main armée du ciseau s'était engagée vers la constellation de la main balançant l'épée de Damoclès au bout d'un fil...

Et les ciseaux prenaient le fil au fond de leur ouverture et coupaient - sereinement, fatalement... L'épée tomba dans une fulgurance de comète traçant dans l'espace bleu nocturne un sillage argenté et frappait le front de son portrait malgré l'éploration protectrice de ses mains entre lesquelles elle avait glissé comme un instant passé le fil dans l'écartement des pointes du ciseau... Et de ce front où demeurait fichée l'épée vengeresse un sang noir coulait, aveuglant les yeux.»

PROLOGUE - Du beau sang rouge

«à douze ans cette petite fille slave semblait ennuyée de tout sans avoir joui de rien, et

paraissait tout savoir sans avoir jamais rien appris. C'était alors déjà une fausse dépravée

masquant une fausse naïve et l'on ne pouvait affirmer d'elle sans se tromper que la

révoltante liberté de ses allures capricantes, de ses caprices claudicant du sublime au

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William RITTER

grotesque, et surtout un inqualifiable égoïsme sous un charme très positif d'étrangeté, de saillie et d'imprévu, sous les plus trompeuses apparences de coeur et de candeur. De tout ce qui donc, avant la fatidique rencontre à Neuchâtel de la grande âme dont elle devait entreprendre la damnation, de tout ce qui avait tenu bien à la petite menue princesse neigeuse d'enfance et d'adolescence, période vague et trouble, tissée de faits nuls pour cette petite slave mais qui eussent débordé très considérables de l'existence de toute autre jeune fille, un seul geste, un seul, valait certes d'être rappelé comme elle ne se rappelait du reste que trop, et comme surtout elle feignait à l'égard d'elle-même de ne s'en rappeler point de peur d'avoir à s'interdire le recommencement d'actes susceptibles de comporter un tel dénouement. Elle pouvait donc l'ignorer et y parvenait presque, mais en vérité cela dominait comme occultement tous ses souvenirs et même son âme de dure aristocrate moscovite qui par l'horreur avait été comme blindée et rendue réfractaire à toute pitié. Cela lui avait d'autre part livré d'elle-même une sorte de

révélation toute illuminée d'admiration pour sa propre personne ; elle avait eu l'occasion de se reconnaître omnipotent sur les coeurs des jeunes hommes et elle s'était désormais complu d'une façon toute irraisonnée, il va sans dire, à se croire une énergie de caractère comme sa beauté unique au monde. Désormais elle était la proie d'un effréné désir d'étourdissement et d'une lâche volonté de ne jamais méditer ses actes de peur de s'en recormaître responsable et d'avoir tout de même une ou deux fois s'ils lui apparaissaient trop révoltants à s'en priver, elle avait été à jamais soumise à la tyrannie de ses nerfs aussi solides que malades et à une sorte de volonté négative pas du tout détraquée, oh non! bien au contraire, mais façonnée et solidement façonnée, -maçonnée pour ainsi dire- d'incohérence et de contradiction. [...] Sans avoir lu Nietzsche, très tôt cette petite fille était arrivée, et d'elle-même, à la volonté de puissance dans l'amoralisme le plus net. Mais l'esprit anarchique slave ne perdait aucun de ses droits : son vouloir était à renversement aussi subit que ses déclenchements. [....] Il y avait chez cette petite au corps tout neuf et à l'âme vieille et racornie d'aristocratie, qui sait par quels mystères d'origine une telle jeunesse sauvage de la chair, du sang et des nerfs, quelque chose dans les nerfs et l'esprit de si sec et de si cassant en même temps que de si impétueux qu'à surveiller- si on le pouvait - deux heures de suite ses actes ordinaires loin de démêler tous les fils de l'écheveau on n'arrivait qu'à les embrouiller à son propre entendement.

La raison se perd irrésistiblement pour peu qu'on cherche à suivre à l'oeuvre quelqu'une de ces étranges mixtions de sang slave où il entre, d'aujourd'hui comme de hier, comme d'il y a mille ans tant d'étincelles et gouttes incompatibles, autant de barbarie tartare ou khirgize que de corruption byzantine ou de culture romano-germanique».

I L'INVOCATION À L'AMOUR OU À LA MORT La première venue

«-Un tableau de Bôcklin La jeune fille, adulte et forte, plus garçon que lui, fit la moue.

C'étaient là de ces mots dont il avait coutume d'insuUer leur candide ignorance de carpes neuchâteloises. Et lui presqu'aussitôt désignait les touffes de jonquilles : -Mais ceci se détaille en dessin délié comme dans les cartons de Bume-Jones et les images de Walter Crâne. Mes vieux Maîtres florentins ne l'ont pas cormu. De leur temps, les campagnes de Florence l'ignoraient.

Cela ne disait toujours rien à la jeune fille. C'était lui parler sanscrit, à elle de la Sagne, la commune montagnarde où l'on fut le plus tard et toujours le mieux royaliste. En cueillant un Narcisse, il l'éleva un instant devant ses yeux émerveillés, puis

amoureusement l'effleura de ses lèvres sinueuses : -Quant à celui-ci il est fait à mon image. Et je l'aime...

Puis il le rejeta à l'une des sources improvisées par le printemps. Et l'eau limpide à

travers le grand verger l'emporta, rapidement et légèrement. Mais elle, qui glissait avec

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William RITTER

lui d'une démarche si tranquille entre les arbres attentifs, et qui semblablement aurait voulu l'emporter lui au fil de sa petite vie bourgeoise, soupire et murmure de toute sa tendresse provinciale :

-Pourquoi ne me l'avez-vous pas donné?

Il eut un regard infiniment tranquille et dénué de la moindre fatuité pour les frondaisons sans feuilles mais déjà brunissant sous la poussée de sèves et clignant des yeux de velours sombre déjeune oriental [...] il dit simplement :

-Je ne saurais vraiment vous bien entendre. Vous parlez Neuchâtelois et j'écoute en mois une symphonie lointaine m'arriver en sourdine d'Outre-monts. [...] J'ai la hantise de la Russie ces jours! Le premier printemps russe doit [être] adorable plus qu'ici, plus que sur les collines fiésolanes, plus que partout ailleurs. Ont-ils des artistes là-bas, où je n'ai jamais été, où je n'irai peut-être jamais, où ils sont tant d'âmes que je sais

semblables à la mienne...

Avec une maussaderie résignée elle interrompit :

-La Russie cette année! jadis c'était l'Ombrie, puis il a fallu la Sicile... Si vous regardiez autour de vous peut-être trouveriez-vous ici des âmes semblables à la vôtre, ou du moins qui s'efforcent de la pénétrer, sur qui vous pencher... Aimez donc, théoriquement du moins, les horizons prochains de notre Jura.

Il eut un sourire d'une ironie douloureuse en même temps que d'une malice extrême....

Et il dit tout bas, tout bas, si bas que les arbres ne l'entendirent pas et elle à peine:

-Petite Berthe, je ne suis pas pour vous.

Elle eut les larmes aux yeux... bien bonassement. Et toute naturelle et spontanée s'appendant à son bras avec un gentil élan:

-Je saurais si bien vous aimer...

-Si mal!

-Je serai si raisonnable - Elle essaya de sourire: - raisonnable pour deux!

-C'est justement ce qui ne me plaira jamais.-Et patiente et douce... car je vous aime tant.

-Mais comme on sait aimer à Neuchatel, avec une «modération de bon aloi» et des précautions oratoires.

-Je mettrai tout mon coeur entre Neuchâtel et vous pour qu'il vous heurte moins...

-Pour que je choque moins Neuchâtel vous voulez dire...

Et toute confuse de sa franchise, elle achevait balbutiant :

-Aussi...Mais vous d'abord... Car après vous et presque autant que vous, je l'aime notre bonne ville...

-Votre ville et pas la mienne... Et... tout sauf bonne!

-Et si belle, avouez. Monsieur le Préraphaélite. Et elle eut un petit sourire malin, satisfait d'elle-même.

-Tiens, tiens, qu'est-ce que cette nouvelle épithète. Voici deux fois qu'on me la sert en huit jours...

-Elle court la ville depuis belle lurette

-Ah! Sauriez-vous du moins ce qu'elle signifie? Et il sourit à son tour tandis qu'elle rougissait. Elle voulut racheter son ignorance par un peu de zèle à se disculper...

-Elle est de l'invention d'Eusèbe Banderet

-Cela devait être...les mots que ce butor ne trouve que par hasard comme ceux qu'il

pêche à mesure de ses lectures font toujours fortune à Neuchâtel... Et après un temps ici,

il semble se retenir de débiner un confrère car il affectait de les particulièrement ignorer

tous - et il en avait soi-disant le droit - il sourit... -N'importe! Il me plaît d'où qu'il

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William RITTER

vienne. Je le ramasse. L'idiotie touche parfois à la pythomancie. Et à force de dérision la haine décerne parfois l'éloge suprême... Ah! Ruskin mon maître, ce que vous me vouliez je dois l'être enfin devenu puisque l'incompréhension s'arme de ce mot que vous n'avez appris que pour m'en faire un sobriquet... Eh bien! Va pour préraphaélite. Et pour vous remercier de me l'avoir apporté et vous faire plaisir, Berthe, je vous avancerai qu'elle est parfois belle votre bonne ville qui se pique d'art parce que vingt mille habitants y achètent en moyenne pour soixante mille francs de peinture,-mais quelle! - par an. Belle, oui...»

[...]

«Et il pensa à la jeune fille bleue de Bemardino Luini agenouillée dans la fresque de Lugano. Et il pensa à quelque chose de frêle et de tendre à caresser, et de délicat et d'un peu maladif, à sa manière à lui, à se pencher avec des gestes peureux, d'une tristesse analogue à la sienne, à dulcifier et à que dire des mots de poète dans un chuchotement à peine appuyé de baisers.... Et il voyait des lèvres expressives et trop rouges dans un menu petit visage pâle, et celle-ci les avait plutôt plates et roses, ses lèvres, dans une face crevant de santé. Et dans ses lourds cheveux annelés pendant en bas du dos, elle avait un ruban cramoisi... Or si l'on voulait être forte et saine et marcher en victoire dans la rue... oh ! alors il évoqua une autre beauté, quelque chose d'impérial et

d'éblouissant comme une czarine... Car il ne demandait même pas à être aimé, mais à lui se consumer d'amour aux pieds d'une enfant ou d'une reine... Qu'importait si la

mendiante du roi Cophétua ou si l'impératrice Dagmar...»

La deuxième venue et des quelconques

«je voudrais qu'une heure, ne fût-ce qu'une heure, ma vie soit traversée par l'apparition d'un de ces êtres de lumière, jeune homme ou jeune fille, comme je n'en ai encore rencontré que dans les livres et les tableau : une Laure, une Béatrice d'aujourd'hui, Calixte Sombreval, Mme de Krudener ou Miss Siddons, Tatiana d'Onéguine, l'éphèbe aux roches de Beltrafio. Mais la vie d'aujourd'hui peut-elle réellement produire ces être de splendeur noire ou blonde et ne sont-ils pas uniquement des fiction de poètes, des jeux séculaires de la nature qui se trompe ? La réponse à cette question sera la drame de

mon existence. S'il se présente cet être fabuleux je l'aimerai. S'il ne m'aime pas, je suis perdu, mais dans l'un et l'autre cas j'aurai été artiste, je vous le jure!»

[...]

«Barricadé, lui se retourne avec une souffrance sans nom - car de telles choses peuvent le faire souffrir, souffiir...- vers les images de ses adorés, les Saints Sébastien de Marco Basaïti, d'Antonello da Messine, de Botticelli, de Mantegna, de Girolamo da Treviso et de Sodoma, les Saint Jean Baptiste d'Andréa Vanucci et de Benedetto da Majane, les David de Verrochio et de Donatello et vous. Vierges, par séries, qui êtes la Lucrezia Buti de Fra Filippo, vous personnages des scènes de l'enfance de Moïse et du groupe de la colonie florentine à la Sixtine...icônes de délicate et pénétrante et précieuse force vers lesquelles sont montées les prières de tant de rêves, toutes ses prières et implorations du pauvre petit préraphaélite de Saint-Biaise, depuis le premier et si précoce éveil de son âme au sentiment de la beauté et au culte des héros»

Vieux manuscrit, jeune âme; jeune âme, vieille plainte

"je n'ai aimé personne et je me consume en vain du désir d'aimer. Mes nuits

insomnieuses et ardentes sont ma honte : je suis obsédé de hantises chamelles et l'appel aux caresses qui ne viennent pas, qui ne viendront jamais m'épuise... Et moi le

mystique, que de jour et de sang froid abominent ces tentatives immondes, rien ne

pourrait m'y arracher de nuit qu'une pensée d'amour. Nul ne saurait aimer comme moi...

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William RITTER

Et les jours désenchantés qui suivent ces nuits affreuses comme ils sont plats, vides, morbides, sans activités.

Et si je dors, quels rêves honteux et quels dégoûts de ces réveils gluants, et le matin, ces archipels de taches rêches à mon linge... D'entières semaines je ne touche pas à mes pinceaux, l'odeur des couleurs me dégoûte. Les crayons me répugnent presque autant ; l'aquarelle n'a rien de sérieux, les pastels sont insupportables, ils salissent mes doigts fiévreux et mon énervement les écrase. Mon temps, je le passe couché sur la chaise longue de mon atelier où au moins il ferait frais si je ne n'y brûlais et ne débouchais pas tant de parfums...si violents et en une si grande abondance que nul n'y peut tenir....

Encore un prétexte à me morigéner... Je dois bien l'avouer et j'en suis désolé j'arrive à m'insensibiliser l'odorat. Après midi j'ai été à l'écurie passer un moment dans l'espoir au retour de me rendre le paradis des parfums. Rien. J'ai repris la Maison de Vie dans la jolie édition à la jolie reliure qu'on m'a envoyé d'Angleterre...Ah! Quand irai-je en

Angleterre...Je n'ai rien compris à ce que je lisais, il est vrai que je sais le livre par coeur."

[...]

«Et longtemps, longtemps encore le journal des seize ans du jeune peintre tramera sur ce ton lamentable avec des soubresauts de fièvre et d'excitation maladive. Une nouvelle strophe de désillusion, d'effort vain et de fainéantise à chaque date inscrite pendant encore trois ans. Puis tout à coup le voyage d'Italie, la rencontre de Ruskin; alors la transfiguration et plus de journal. Rien que des oeuvres. Une ardeur sans exemple au travail. L'excès contraire...»

Elle-même en personne

Les points de départ d'une formation d'artiste

«Charles Edouard vient de rejeter fusains et pastels....Une douzaine de feuilles barbouillées disent sa poursuite du souvenir de Mlle de Mohilow, dessins de toute beauté quelques-uns, pas un de l'insaisissable ressemblance qui seule le satisfait et en échange de laquelle volontiers il renoncerait à tout le charme étrange de ceci. Le soir harmonieux et apaisant tombe de nouveau sur l'atelier laqué, clos, au fond du grand jardin mystérieux et odorant... 11 ne cherche plus à travailler davantage, il est bien sûr de

ne pas penser au lendemain... Affalé sur un divan, il rêve, bienheureux, et la rêverie de cette sereine vesprée est d'une couleur que ses rêveries n'ont pas cormu souvent... Il ferme les yeux et voit sous ses paupières fermées un allegro de petits nuages qui papillonnent sur un ciel bleu ; en bas, un épanouissement de roses à l'infini. Pauvre petit peintre ramassé sur lui-même en un tel isolement, touffe de perce-neige à la floraison délicate et blême sans la crainte de la neige. Quelle fulgurante illumination dans sa vie. Un grand voile s'est déchiré... Une cloche de verre s'est brisée et il

entrevoit la nature libre, le printemps et l'amour et il entend des chalumeaux de pâtre. Il essaie vainement de se rappeler quoi que ce soit des années révolues qui ait ressemblé en profusion de lumière, en éclair de beauté et en secousse d'étrangeté à l'apparition un peu funambulesque de cette fille slave sur la corde tendue du désir d'aimer. Et sa pensée revient au voyage d'Italie si malencontreusement gâté par les années de prosélytisme maternelles, revient même à ces années troubles dont la veille il a détruit le misérable témoignage. A son début de vie agissante, de sa quinzième à sa dix-septième année, s'y était-il assez complu à ce chant accablé, monotone et insupportable comme cette vie dont il avait assez, cet enfant nonchalant et boudeur et si dégoûté à la fois de peines et d'agir par les poètes de son choix et les circonstances de sa réclusion. Et pourtant jamais en Art personnalité plus géniale ne s'était manifestée plus précoce qu'Henri

Regnault depuis Rochegrosse, mais avec une autre profondeur. Jamais idéalité plus suave, mysticisme artistique plus pur n'étaient plus près de fleurir dans une âme de jeune homme depuis les Nazaréens allemands et les préraphaélites anglais. Il avait dix-

neuf ans et il méritait d'être inscrit à la suite de Bume-Jones, de William Morris, de

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