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Troyes/<i>Augustobona</i>, cité des Tricasses

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Academic year: 2021

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HAL Id: halshs-01239757

https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01239757

Submitted on 6 Jan 2020

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Michel Kasprzyk, Cédric Roms, Anne Ahü-Delor, Cyril Driard

To cite this version:

Michel Kasprzyk, Cédric Roms, Anne Ahü-Delor, Cyril Driard. Troyes/Augustobona, cité des Tric-

asses. Gallia - Archéologie des Gaules, CNRS Éditions, 2015, Dossier : La naissance des capitales de

cités en Gaule Chevelue, 72 (1), pp.247-260. �10.4000/gallia.1554�. �halshs-01239757�

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Gallia, 72-1, 2015, p. 247-260

Troyes/ Augustobona, cité des Tricasses

Michel K asprzyK , Cédric r oms , Anne D elor -a hu et Cyril D riarD

Mots-clés. Sénons, oppidum, topographie urbaine, formes de

l’habitat, sanctuaire, nécropoles.

Résumé. Les interventions archéologiques des dix dernières

années ont multiplié les fenêtres d’observation sur la ville antique d’Augustobona/Troyes. Elles semblent confirmer l’existence d’une agglomération de la fin de l’âge du Fer, attribuable au peuple de Sénons, antérieure à la ville augustéenne. Elles montrent le développement d’une trame urbaine orthonormée à la fin du règne d’Auguste dans laquelle les formes de l’occupation sont pour l’essentiel de tradition laténienne. La seconde moitié du

ier

  s. voit la construction d’un probable sanctuaire périurbain et le développement de modes de construction de tradition méditerranéenne.

Keywords. Senones, oppidum, urban topography, settlements,

sanctuary, cemeteries.

Abstract. The archaeological investigations from the last decade

gave several different perspectives of observation on the ancient town of Augustobona/Troyes. They seem to confirm the existence of a settlement at the end of the Iron Age, assigned to the Senones people, and prior to the Augustan town. They also show the growth of an orthonormal urban network at the end of August’s reign where the occupation features mainly belong to the La Tène tradition. The second half of the 1st  c.  AD saw the building of a probable periurban sanctuary, and the development of building methods from Mediterranean tradition.

Translation : Cécile T

uarze

La ville romaine d’Augustobona/Troyes, caput civitatis de la cité des Tricasses, s’est développée en aval de la confluence de la Seine et de la Vienne, un de ses modestes affluents en rive gauche, à l’endroit où le fleuve quitte les terrains argileux de la Champagne humide pour les terrains crayeux de la Champagne sèche. À cet endroit, le lit majeur de la Seine est large de près de 2 km et caractérisé par un régime en tresse très complexe. De nombreuses sources historiques et archéolo- giques montrent que les cours actuels des nombreux bras de la Seine et de la Vienne ont pu considérablement fluctuer depuis la fin de la Protohistoire, tant par migration naturelle que sous l’effet de travaux de canalisation ou de dérivation (Deborde, 2007 et 2009 ; Deborde, Roms, 2011). Si la partie occidentale de la ville romaine a pu se développer sur la terrasse de la rive gauche de la Seine et au nord du cours de la Vienne, un secteur dont la planimétrie n’a guère dû évoluer depuis l’Antiquité, il est plus difficile de restituer l’assiette du site naturel dans la partie centrale et orientale de la ville antique.

Faute de vestiges significatifs épigraphiques et archéolo- giques, les recherches et connaissances sur la ville antique sont longtemps demeurées très limitées. Il est, en outre, évident que la richesse du patrimoine architectural et des sources his- toriques médiévales ont, à juste titre, focalisé l’attention des érudits. Ainsi, en dépit de quelques sauvetages ponctuels dans la seconde moitié du xx

e

s., il a fallu attendre l’essor de l’ar- chéologie préventive pour disposer d’une première synthèse de topographie urbaine de l’agglomération antique (Lenoble, Deborde, 1995). Quelques fouilles préventives ont, depuis lors, permis de préciser la question, mais leur faible nombre, dû en partie à la présence d’un important secteur sauvegardé, fait qu’elles ont souvent porté sur la périphérie de la ville romaine,

particulièrement depuis le milieu des années 1990. À ce jour, on peut considérer qu’à peine un peu plus de 2 % de la super- ficie maximale supposée de la ville antique – de l’ordre de 95 ha (Deborde, Roms, 2011) – ont été correctement explorés.

LA CONTINUITÉ ENTRE

LA VILLE PROTOHISTORIQUE ET LA NOUVELLE CAPITALE DE CITÉ

La ville d’Augustobona se distingue des autres chefs-lieux de cité du centre-est de la Gaule, dans la mesure ou elle est le caput civitatis d’un peuple dont le nom n’apparaît pas dans la Guerre des Gaules. Les premières mentions du peuple des Tricasses apparaissent au i

er

s. apr. J.-C. chez Strabon (Géographie, IV, 1, 11)

1

, dans une inscription du milieu du i

er

s.

apr. J.-C. (AE 1953, 56), puis chez Pline (Histoire naturelle, IV, 18, 107) ; et le nom d’Augustobona, ville des Tricasi, dans le courant du ii

e

s. seulement (Ptolémée, Géographie, II, 7).

L’absence de mention du peuple des Tricasses dans la Guerre des Gaules et le nom du chef-lieu de cité du Haut-Empire ont conduit à penser que la création de cette civitas résultait du démembrement du territoire d’un ou de plusieurs peuples voisins à l’époque augustéenne. Les dernières synthèses en date proposent qu’elle se soit faite au détriment du peuple des Sénons (Deborde, Roms, 2011, p. 186-187).

1. Au plus tard en 20 apr. J.-C., dans un passage corrompu restitué ainsi : Λίγ<γονας κὰι Τρι>κασίους (Strabon, Géographie, IV, 1, 11).

(3)

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La création probable de la civitas des Tricasses durant le règne d’Auguste conduit à s’interroger sur la présence éventuelle d’une agglomération antérieure sur le site d’Augus- tobona, qui aurait pu servir de base à la fondation du caput civitatis.

Les dernières publications sur le site de Troyes à la fin de l’âge du Fer et au début de l’époque romaine (Deborde, 2009 ; Deborde, Roms, 2011) évoquent la présence d’une agglomé- ration d’origine laténienne à l’emplacement de la ville du Haut-Empire. G. Deborde (2009, p. 284-286) a recensé une série de découvertes de mobiliers qui peuvent être antérieurs au changement d’ère, mais qui proviennent, pour la plupart, d’observations anciennes sans contexte précis. On ne peut même exclure, pour certaines découvertes isolées provenant de l’ouest du centre-ville actuel, qu’elles soient issues d’établis- sements ruraux recouverts par la ville romaine. En revanche, des témoignages plus intéressants proviennent de la fouille de la porte de Chaillouet, où G. Deborde a observé plusieurs phases d’occupation pré-augustéennes. L’une d’elles com- prenait des bâtiments aux sols en terre battue, construits sur sablières basses et poteaux délimitées par des fossés d’assai- nissement servant de dépotoirs, le long d’un axe de circulation encavé et recouvert de craie compactée, où des traces de roues de chariots sont nettement visibles. Ces résultats sont en grande partie inédits. Le mobilier associé semble abondant et comprend au moins 45 monnaies gauloises : 25 frustes, 13 attribuées aux « Sénons » (dont 2 bronzes frappés LT 7493, au moins un LT 7508, une demi-douzaine de potins LT 7417), 3 aux « Rèmes » (2 potins Scheers 191/LT 8124, et un quart de statère Scheers 152/LT 8030). L’ensemble de ces découvertes ne peut donc être situé avec précision dans la fin de LT D (Deborde, 1995, p. 46-47 et p. 49-50, pl. 29-33). Des niveaux

« de La Tène D1 » auraient cependant été atteints dans des sondages profonds (Deborde, Roms, 2011, p. 187), ce qui est envisageable au regard de la série monétaire.

Quelques autres mentions méritent d’être relevées.

G. Deborde mentionne ainsi 19 monnaies gauloises « conser- vées au musée de Troyes » qui auraient été trouvées dans le quartier de la cathédrale. « Les types les plus fréquents » appartiendraient aux séries LT 7552 et LT 7417 » (Deborde, 2009, p. 286). Enfin, des « niveaux d’occupation gaulois » auraient été observés dans ce même quartier lors de la fouille de l’îlot Laffra-Michelet (Lenoble, Deborde, 1995, p. 13).

La question de l’origine celtique d’Augustobona a été relancée en 2013 par la fouille de l’impasse des Carmélites qui a révélé une nécropole utilisée entre LT D2b et l’époque augustéenne sous un quartier d’habitat du Haut-Empire (fig. 1, n

o

10 et fig. 2). Les contextes les plus anciens de la nécropole se caractérisent par des ensembles céramiques encore pro- fondément indigènes, avec des jattes tronconiques, des bols à ombilic et des pots à baguettes (fig. 3). Hormis des amphores Dressel 1 italiques, les premiers éléments caractéristiques du vaisselier romain (assiettes Lamb. 5/7 var. et coupes dérivées de campanienne, cruches Haltern 45, gobelet à bord oblique, sigillée) n’apparaissent qu’à partir des années 20-15 av. J.-C.

(fig. 4). On note également la présence de nombreux bronzes frappés des Sénons et des Rèmes (types LT 7493 et 8010).

Cette nécropole, dont l’étendue exacte ne peut être déter- minée, a été observée sur une surface d’environ 1 200 m

2

.

Elle se présente sous la forme d’enclos de plan quadrangulaire juxtaposés et plusieurs fois recreusés, et au centre desquels se trouvaient des dépôts de crémation en urne, recouverts d’amas d’amphores et de céramiques brûlées et contenant des objets personnels et des monnaies.

La densité des aménagements funéraires montre qu’ils sont installés dans un espace contraint. Sa structuration générale évoque une nécropole d’agglomération – comme celles de la porte du Rebout à Bibracte, celle de Chartres ou celle de Belginum/Wederath – plus qu’une nécropole rurale.

Les aménagements et sépultures les plus anciens, clairement attribuables à LT D2b, suggèrent donc la présence d’un habitat aggloméré associé à cette nécropole.

Plus à l’ouest, la fouille de la place de la Libération suggère un développement du site dans le dernier quart du i

er

s. av. J.-C. L’occupation est caractérisée par la présence d’un réseau de fossés orthonormés qui délimitent des parcelles selon une orientation 60°-150° (fig. 5 et 6). Deux chemins de type ambitus, dont les niveaux de circulation ne sont pas conservés, sont bordés par des fossés. Le premier chemin, localisé au nord-ouest du site, présente une largeur d’environ 1 m et des fossés larges de 1 m à 1,20 m. Le second se situe dans la partie médiane de l’emprise de la fouille. Sa largeur est comprise entre 1 m et 2,30 m et celle des fossés de 1 m à 2 m. Le parcellaire s’inscrit donc entre ces deux axes de circulation et une palissade de bois dans la partie sud du site, réalisée avec de petits piquets et doublée d’un fossé. Les parcelles sud sont profondes de 18,5 m (du fossé à la palissade) tandis que celles comprises entre les deux ambitus mesurent 24 m (de bord à bord de fossés). Dans l’une des parcelles, se développe un enclos quadrangulaire délimité par un fossé dont le comblement contenait de nombreux bois de construction. La présence de ces éléments architecturaux, ainsi que de poutres disposées parallèlement aux fossés, semble attester l’existence d’un bâtiment à ossature en bois sur sablières basses. Le fossé de l’enclos, dont une interruption laisse supposer l’existence d’une entrée dans l’angle nord, délimite un espace de 14 m de longueur pour une largeur de 10 m, soit une emprise de 140 m

2

. Les datations dendrochronologiques réalisées sur sept de ces bois suggèrent un abattage et une construction entre 25 av. J.-C. et 15 av. J.-C. Le mobilier céramique confirme un intervalle chronologique autour de 15 av. J.-C. avec de petites séries dominées par les céramiques gallo-belges champenoises et la céramique non tournée. On y note aussi la présence exclusive de sigillée italique (services Ib et Ic, Xanthus), quelques cruches en pâte fine dorée champenoise, des urnes de type Besançon ou encore des amphores italiques, marseillaises, et de la péninsule ibérique

2

dont la vallée du Guadalquivir (fig. 7).

Il faut souligner que ces vestiges, qui suggèrent un déve- loppement vers l’ouest de l’agglomération laténienne, sont antérieurs à la mise en place de la trame viaire orthonormée caractéristique de l’îlotage du Haut-Empire, qui intervient dans le premier tiers du i

er

s. apr. J.-C.

Dans l’attente de nouvelles découvertes, il paraît donc à peu près certain qu’une agglomération de La Tène tardive préexistait à la fondation d’Augustobona et de la civitas des

2. L’étude des amphores a été réalisée par S. Lemaître, université de Poitiers.

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Tricasses, la création du chef-lieu de cité étant alors une

« refondation » et non une création ex nihilo. Le mobilier céramique et plus encore le faciès numismatique du site où prédominent nettement les bronzes frappés à l’oiseau (LT 7493 et LT 7508) et les potins LT 7417 indiquent à l’évidence qu’elle appartenait à l’aire culturelle sénone. À l’instar des décou- vertes monétaires du sanctuaire de la Villeneuve-au-Châtelot (Aube), où les monnaies attribuées aux Sénons représentent 69 % du lot monétaire celtique, ceci suggère que la création de la civitas des Tricasses s’est faite au détriment de ce dernier, l’agglomération préexistante prenant alors le nom d’Augus- tobona. Le noyau urbain, en l’état actuel des découvertes, pourrait être situé dans le quartier de la cathédrale (fig. 2) avant de s’étendre en direction de l’ouest, dans le dernier quart du i

er

s. av. J.-C.

LA MISE EN PLACE DE L’ASSIETTE URBAINE

LE RÉSEAU DES RUES

Sous le Haut-Empire, la ville d’Augustobona présente une trame viaire orthonormée dont la cartographie a été récemment actualisée à partir d’observations anciennes et des fouilles récentes (Deborde, Roms, 2011) (fig. 8). Cette étude montre la coexistence de deux trames d’orientation divergente : une première, apparemment constituée d’îlots de 119 m sur 109 m, orientée 55°-145° couvre la moitié ouest de la ville ; une seconde, couvrant la partie est de la ville, serait constituée d’îlots de 119 m de côté orientés 65°-155°. Le changement d’orientation semble s’effectuer à l’emplacement d’un ancien bras de la Seine

1

2

3

vers Sens

vers Paris 4

6 5

7 8

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106105 107 109 108 111 110 112

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116 115

114 113

112 111

110 109

108 107

111 110

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107 104

105 106

109 108

107

107

106

106 107 108

108

106

105

Vienne

Seine Seine

vers Auxerrevers Auxerre

marais zone inondable sites fouillés

habitat LT D / Auguste

habitat augustéen nécropole LT D / Auguste

N

0 500 m

Fig. 1 – Le site d’Augustobona/Troyes à la fin de La Tène et au début du règne d’Auguste, implantation des principales fouilles : 1, les Halles ; 2, place de la Libération ; 3, Chaillouet ; 4, îlot Lafra-Michelet ; 5, Courtine ; 6, rue de la Paix ; 7, place Langevin ; 8, rue Perdue ; 9, rue du Palais-de-Justice ; 10, impasse des Carmélites ; 11, rue Jeanne-d’Arc (DAO : C. Roms, M. Kasprzyk, Inrap).

(5)

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Fig. 2 – Impasse des Carmélites, plan de la nécropole de LT D2 et du début de l’époque augustéenne (DAO : M. Kasprzyk, O. Wadel, Inrap).

F475 F462 F473 F21 F463

F487 F474 F475

1011

89

1464

3

1718 5716

1 2(bague) 321.1

321.3

321.4

321.6321.7321.8 A1321.5 822

821

823810

811

820811F459F458 825

811

824 824E

c

B AA1 321-4 321-7

321-8 F421

A1

321-4 321-7

321-8 F421

F332 F333 F366

F366

830829

F509

K2 L2 N2 O2 P2 Q2 R2R3

Q3

P3

O3

N3

M3

L3

K3K4 L4 M4 N4 O4 P4 Q4

P5

O5

N5

M5

L5

K5K6 L6 M6 N6 O6 P6

O7

N7

M7

L7

K7

F354 F583

F570 F647

A6

B6

C6

D6

E6

F6

G6

H6

I6

J6

K6

J7I7H7G7F7E7D7C7B7A7

A8

B8

C8

D8

E8

F8

G8

H8

J8I8

K8 A5

B5

C5

D5

E5

F5

G5

H5 E4

K8 E3 E2 E1

D4 D3 D2 D1

F1

G1

H1

I4 I3 I2 I1

F4 F3 F2

G4 G2

G3

H4 H3 H2

B7

B6

Clou-1 Monnaie brûlée-1 Fer-2 bronze-1

décorceram

anneaufer-1

2

boule bronze -2

bronze-2 fer-1

bronze-1 bronze-1

perle verre brûlée-1

clou-1

clou-1

clou-1

demi perle verre-1 timbres sur

amphores1

2

935 919

Ensemble d’osbrûlés F636 936 938 949 930

F635

35

4 3

930 929

F424

F429 F672

F581

F330=F571

F331 G

317.H

317.H Clo bûcher

B C D

E F coupe 531CP54F317

F336 F337

F329=F336

F329

A2

3 5

4 h h

-

F313 F646

F645 928 923

F681 F685 F313 F646

F645 928 923

F681 F685

F579 F592

F558 F568

F562 F559 F578 F582

F577 F585

F367

Possibles vraies limites de F626

F580 F626 F627

F341 F36

F465 F467 F480

F479 F479 F343

F353 F352

F350 F351 F456=

796

F413

F413

O4 D4 C4 B4B1

B5

C5

D5

C5

F567 F566 F687

F565 F428

F423

F344

F478

F477 F483

F37

F472 F464

F476 Vase

F349 F349

F022 F46

F345 9

D3 B1

A2

A3

B4

F488bis F589

Rub.

Rub.

787

787

F348

L5

F518

F421

F422 F421

G5 A5 A1

G1

F355802 F360 F361

F397 F535

A

B B

a b

a

F347 F417

F418

F419 F439

F439 F443

F492

Q3

O3

O2

O1 P1 Q1

P3 R1R3

R2

876F499

F382 (875)

889869

871 os

E1 F1 G1

H1I1

I2 I3

I4 I5 I6 I7 I8 G8

H8 F8 E8 E2

E3 E4 E5 E6

E7 AA

AAAA AA

F475 F536 F553

F321 935 931 F433

F391 F390 F394

F383 F644 F432

F599

F598

F376 F405

F534

F600 F458BB F553

F321 F458BB

F379 F404

F455 794

F388 coupe 531CP53

F398-420 F420

F412 936

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F634 F636 F635

317.G F414

F408 F412

936 938

F634 F636 F635

317.G F414

F408

F455

F641 F641 F640 F640

F686 F686

F680 F680

inhumations bûchers structures funéraires liées à la crémation

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7

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29

0 10 cm

Fig. 3 – Impasse des Carmélites, échantillon du mobilier céramique de la sépulture 321 : 1, céramique fine non tournée ; 2-11, 13-14, 16-22, céramique fine sableuse tournée (surcuite) ; 12, 15, pâte fine claire sableuse ; 25-27, céramique commune tournée ; 23-24, 28, céramique non tournée ; 29, amphores importées (DAO : P. Pihuit Inrap).

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qui traverse la ville antique (Deborde, Roms, 2011, p. 203).

G. Deborde et C. Roms envisagent que la trame occidentale soit la plus ancienne et qu’elle ait couvert initialement toute l’assiette urbaine, avant d’être pour partie oblitérée par la trame orientale, qui serait donc plus récente.

La fouille de l’impasse des Carmélites semble infirmer une telle hypothèse, puisque son emprise aurait dû permettre d’ob- server le tracé d’une trame urbaine initiale orientée 55°-145°.

Or, la seule rue observée, aménagée entre 1 av. J.-C.-1 apr. J.-C.

et 15 apr. J.-C., présente une orientation de 65°-155°. Il faut donc envisager que ces deux trames coexistaient dès la mise en place des rues de la ville.

Il faut souligner qu’à l’est, la mise en place des rues et la délimitation des îlots ont entraîné un abandon au moins partiel de la nécropole de l’impasse des Carmélites, utilisée au moins depuis LT D2b. Il faut très certainement y voir une décision des autorités municipales. Dans la partie ouest, elle oblitère la trame du courant de l’époque augustéenne observée sur le site de la place de la Libération (comparer fig. 5 et fig. 9).

L’articulation du réseau des rues avec les voies arrivant à Augustobona est encore inconnue. Deux tracés sont relative- ment bien documentés : celui de la voie provenant de Sens par la vallée de la Vanne, qui est recouvert par les rues Gallieni à Sainte-Savine et Voltaire ; celui d’une voie provenant d’Auxerre qui doit être recouverte par la rue Jeanne-d’Arc, où deux tronçons ont été observés (Denajar, 2005, p. 549) (fig. 8). Cette dernière semble franchir le cours de la Vienne au moyen d’un gué aménagé, plusieurs fois remanié « entre l’époque augustéenne » et le iii

e

s. apr. J.-C. (Denajar, 2005, p. 549, 39*). Le tracé des autres voies censées rayonner autour de la ville antique (voies en direction de Reims par Chalons,

« en direction de Paris », en direction de Brienne et de la voie de Langres à Reims) est totalement inconnu dans la périphérie du centre urbain

3

.

3. On soulignera que le dossier est essentiellement fondé sur des travaux du xixe s. et qu’il serait totalement à reprendre à la lueur des découvertes récentes (archéologie et prospections aériennes).

engobe micacé

engobe micacé

1 2

3

4

5 6

7 8

11 - 12 10

13

14

15 - 16

17 à 19

20

21

9

0 10 cm

Fig. 4 – Impasse des Carmélites, échantillon du mobilier céramique du bûcher 345=469 : 1-10, 13, céramique gallo-belge ; 10, sigillée ; 11-12, 14, céramique fine tournée (surcuite)  ; 15-16, céramique commune non tournée (type Besançon)  ; 17-19, pâte fine claire  ; 20, dolium en céramique commune à pâte grossière ; 21, amphore importée (DAO : P. Pihuit, Inrap).

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Les éléments de datation de la mise en place de la voirie du Haut-Empire sont peu nombreux. Pour la trame orientale, la fouille de l’impasse des Carmélites suggère une construction entre 5 av. J.-C. et 20 apr. J.-C. ; pour la trame occidentale, la fouille de la place de la Libération montre que les rues observées (un cardo et un decumanus) sont mises en place dans

le premier tiers du i

er

s. apr. J.-C. (Deborde, Roms, 2011, p. 200).

Aucun mobilier céramique ne provient directement des niveaux de voirie, mais les structures attenantes attestent une fréquenta- tion des espaces au cours de cette phase, comme en témoigne la présence de sigillée italique (service II exclusif) associée à un répertoire précoce des premières sigillées de La Graufesenque.

Le faciès céramique est toujours caractérisé par de nombreuses pâtes gallo-belges champenoises et régionales. L’augmentation des pâtes communes sombres tournées doit être soulignée. Des mortiers et pots de stockage à pâte calcaire importés confortent la datation, et les premières amphores régionales sont attestées à côté des conteneurs de Bétique, de Narbonnaise, de Lyon…

(fig. 10). Il semble donc que la construction des rues constituant ces deux trames divergentes soit datable de l’époque augusto- tibérienne

4

.

INFRASTRUCTURES D’ADDUCTION ET D’ÉVACUATION DES EAUX

La mise en place d’un réseau d’adduction d’eau est encore mal documentée. Une fouille récente a permis d’étudier un aqueduc antique sur la commune de Rosières-près-Troyes, à

4. Elles semblent assurément postérieures au changement d’ère sur ces deux sites.

sols bois structures

hypothèse de parcellaire ambitus

?

Zone 6

N

0 10 m

0 40 m

ambitus ?

Fig. 5 – Place de la Libération, plan du site au début de l’époque augustéenne, vers 15 av. J.-C. (DAO : C. Roms, Inrap).

Fig.  6  – Place de la Libération, au premier plan  : fossé d’enclos du début de l’époque augustéenne, vers 15 av. J.-C., comblé par des bois taillés (cliché : C. Roms, Inrap).

(9)

254

Gallia, 72-1, 2015, p. 247-260

3 km au sud-ouest de la ville antique. L’importance de l’ouvrage, en grande partie démonté au Moyen Âge, indique qu’il s’agit d’un aménagement de type urbain. L’origine du tracé et l’arrivée dans la ville antique sont inconnus et il n’a pu être daté. Des observations des années 1960 effectuées en bordure du boulevard Victor-Hugo ont permis d’observer une conduite maçonnée antique alors interprétée comme un tronçon d’aqueduc (Denajar, 2005, p. 551, 60*), il semblerait qu’il s’agisse en réalité d’un égout.

LA DÉLIMITATION URBAINE

Rien ne permet d’attester la présence d’une fortification de l’agglomération de la fin de l’âge du Fer ; on peut seulement envisager, au regard de l’implantation du secteur d’habitat, qu’elle se soit appuyée, s’il en est, sur un bras de la Seine. La ville du Haut-Empire ne semble pas avoir été délimitée par une enceinte. La seule limite clairement perceptible se trouve au sud-ouest, où le cours de la Vienne constitue une limite nette au développement urbain. La fouille de la rue Labonde, au sud-est de la place de la Libération, et celle liée à l’extension de l’hôtel

du Département ont mis en évidence des aménagements de berges et de quais dès la période augustéenne, marquant ainsi la limite d’extension de la ville. Le secteur situé au nord de la place de la Libération n’est, en partie, loti qu’à la fin du ii

e

s.

apr. J.-C. (Deborde dir., 2014, vol. 1, p. 70-91). Plus à l’ouest, la fouille réalisée au 36-44 rue Voltaire atteste que ce secteur de la ville actuelle se trouvait à l’extérieur de la ville du Haut-Empire (Roms, en cours) ; l’occupation antique se caractérise par un site d’extraction de gravier. Les nécropoles précoces, à l’exception de celle des Carmélites, ne sont pas connues et ne peuvent donc être mises à contribution pour circonscrire l’agglomération. Par ailleurs, il manque un dépouillement des opérations de diagnos- tic « négatives » ou n’ayant pas livré de vestiges antiques qui permettraient sans doute de situer les espaces non urbanisés à l’époque antique.

LA TOPOGRAPHIE MONUMENTALE

La topographie monumentale de Troyes est encore à peu près inconnue, seul un probable sanctuaire périurbain a été récemment découvert à la sortie occidentale de la ville (voir

sigillée italique : services Ib et c gallo-belge champenoise majoritaire présence de gallo-belge sénone (rare) non tournée majoritaire

commune sombre grise exclusive (rare)

céramique tournée

céramique non tournée ou finie au tour lent

engobe micacé

1 2 3

4

5

6

7

8

9

10 11

12 13

14 15

16

17

18

19

0 10 cm

Fig. 7 – Place de la Libération, mobilier céramique caractéristique de la phase 2a (vers 15 av. J.-C.) : 1, sigillée ; 2-13, céramique gallo-belge ; 14, pâte fine claire sableuse ; 15-17, céramique non tournée ; 18-19, commune sombre sableuse grise (DAO : P. Pihuit, Inrap).

(10)

Gallia, 72-1, 2015, p. 247-260

infra, p. 259). Les éléments lapidaires épars, fort peu nombreux et n’ayant jamais donné lieu à une synthèse, n’offrent aucune information sur la mise en place d’éventuels monuments publics.

La localisation de différents monuments publics proposée dans le dernier ouvrage de synthèse (Riffaud-Longuespé, 2004) ne peut être retenue

5

. Ainsi, seule la charge de sacerdos Augustalis de T. Iulius Couribolacus (AE 1953, 56) peut laisser supposer la présence d’un sanctuaire du culte impérial à Augustobona.

LA SOCIÉTÉ URBAINE

La présence d’élites dans la capitale de cité est difficile à déceler. L’archéologie suggère la présence de « notables »

5. On exclura notamment l’édifice antique à colonnes observé rue Hennequin en 1940 (Denajar, 2005, p. 552, 69*), le diamètre des tambours (0,40 m à 0,60 m) n’étant pas suffisant pour les attribuer avec certitude à un monument public.

dans l’agglomération dès la fin de LT D2b, si l’on se fie à la richesse relative de certains dépôts de mobiliers présents dans la nécropole des Carmélites. Mais ces témoignages matériels paraissent bien modestes au regard de ceux présents, en contexte rural, à la même époque, dans les tombes aristocra- tiques du centre et de l’est de la Gaule (chez les Bituriges ou les Trévires par exemple) (Ferdière, Villard, 1993 ; Metzler, Gaeng et al., 2009). Les premières traces tangibles de la présence d’élites datent du courant de la première moitié du i

er

s. apr. J.-C.

et sont illustrées par la construction du premier état de la domus de la fouille de la porte de Chaillouet, ornée de peintures du III

e

style tardif (Barbet, 2008, p. 81-82, fig. 90).

À peu près à la même époque, il faut relever une inscrip- tion funéraire

6

découverte à Rome (AE 1953, 56) qui donne

6. T(itus) Iulius, T(iti) Iuli f(ilius), Vol(tinia), / Lentinus, hic s(itus) est, u(ixit) a(nnos) XVIII, / praefect(us) fabrum, ex civitate / Tricassium, / T(itus) Iulius, C(ai) f(ilius), Vol(tinia), Couribocalus, / q(uaestor) ciuitatis suae, 1

2

3

4

6 5

7 8

9

11

10

104 106105 107

109 108 111 110 112

113

116 115

114 113

112 111

110 109

108 107

111 110

109 108

107 104

105 106

109 108

107

107

106

106 107 108

108

106

105

vers Auxerre

vers Sens vers Paris

vers Auxerre

Seine Seine

marais zone inondable sites fouillés

voie/rue restituée

habitat identifié canal attesté

voie/rue attestée N

0 500 m

Vienne

Fig.  8  – Le site d’Augustobona/Troyes au Haut-Empire (fin du règne d’Auguste au iie  s. apr.  J.-C.), implantation des principales fouilles : 1, les Halles ; 2, place de la Libération ; 3, Chaillouet ; 4, îlot Lafra-Michelet ; 5, Courtine ; 6, rue de la Paix ; 7, place Langevin ; 8, rue Perdue ; 9, rue du Palais-de-Justice ; 10, impasse des Carmélites ; 11, rue Jeanne-d’Arc (DAO : C. Roms, M. Kasprzyk, Inrap).

(11)

256

Gallia, 72-1, 2015, p. 247-260

les noms de T. Iulius Couribolacus, fils de Caius, et de son fils, T. Iulius Lentinus, de la tribu Voltinia. Ils appartenaient à l’ordre équestre et étaient originaires de la cité des Tricasses. Le premier fut questeur de sa cité et prêtre du culte impérial. Les éléments d’onomastique révélés par cette inscription suggèrent une admission précoce de certains notables Tricasses au sein de la citoyenneté romaine, peut-être dès les guerres civiles, un phénomène concomitant ou précédant de peu la création de la civitas.

D’une manière plus générale, il faut cependant noter la remarquable rareté des indices de la présence des élites dans la ville durant tout le Haut-Empire. Ainsi, les découvertes de pavements de mosaïque, que l’on peut considérer comme étant de bons marqueurs de la présence de résidences aisées, sont très peu nombreuses au regard des corpus des chefs-lieux de cité voisines comme Autun ou Sens

7

. Bien que l’on puisse évoquer pour partie une lacune documentaire, ce constat n’en demeure pas moins significatif.

sacerdos / Augustalis, praefect(us) fabrum, / hic s(itus) est, ex ciuitat<e=S> / Tricassium, in f(ronte) p(edes) XXIV, in agr(o) p(edes) XII.

7. Deux références assurées dans le Recueil général des mosaïques de la Gaule contre vingt-huit à Sens et cinquante-sept à Autun.

Dans ces conditions, il est très difficile d’évaluer la compo- sition de la société urbaine entre la fin de LT D2 et le milieu du i

er

s. apr. J.-C. Les fouilles de la place de la Libération ont montré la présence d’habitats en terre et bois, datables entre 20 av. J.-C. et 30 apr. J.-C., et qui sont probablement ceux de populations relativement modestes (fig. 9). Sur ce même site, des inscriptions sur céramique et un acte d’affranchissement sur une tablette à écrire en bois suggèrent la présence d’une affranchie du nom de Nerta vers le milieu du i

er

s. apr. J.-C.

À Chaillouet, les constructions sont en terre et bois avant l’époque de l’empereur Tibère, où l’on édifie la première domus reconnue dans la ville. À cette exception près, on observe cependant que les rares données disponibles montrent que les habitats attribuables aux couches plus aisées de la population ne se généralisent pas avant la fin du i

er

s. apr. J.-C.

Quant aux populations modestes, leur rôle dans la société locale est peu évident. Ainsi, le développement d’activités arti- sanales à Augustobona au début du Haut-Empire est-il encore mal documenté. On suppose la présence d’ateliers de potiers produisant des calices en terra rubra dans le deuxième tiers du i

er

s. apr. J.-C. Les niveaux d’habitat précoces de la ville n’ont pour l’instant livré aucune structure ou aménagement artisanal.

III IV

I

II

I.1 I.2

II.1 II.2

Zone 6 murs

sols bois

structures autres voirie

proposition de parcellaire N

0 10 m

0 40 m

Fig. 9 – Place de la Libération, plan du site dans le second quart du ier s. apr. J.-C. (DAO : C. Roms, Inrap).

(12)

Gallia, 72-1, 2015, p. 247-260 Xanthus (Pise, peut-être Lyon) (OCK 2536.69)

Cn. Ateius Xanthus (Pise) (OCK 316.9) Perennius, Arezzo (OCK 1391.4) Cantus (Polak 2000, C52/54)

sigillée italique : service II majoritaire, services Ic Conspectus R9.2

sigillée Sud Gaule (Dicocer) : drag 15a, 16, 17, 27a, 24/25, 29a, ritt. 5a et 8a

non-tournée minoritaire

commune sombre grise > commune sombre kaol fumigée marque

1 2 3 4 5

6

7

8

9

10 11

12

13

14

15

16

17

18 19

21 22 20 23

25 24

26 29

30

31

32

34 33 27 28

?

céramique tournée

céramique non tournée ou finie au tour lent

engobe micacé

0 2 cm

0 10 cm

0 10 cm

Fig. 10 – Place de la Libération, mobilier céramique caractéristique de la phase 2b (10-0 av. J.-C. à 25-30 apr. J.-C.) : 1-3, sigillée italique (Xanthus st.  3140, Cn.  Ateius Xanthus st.  3170, Perenius st.  3870)  ; 4-5, sigillée Sud Gaule (Cantus st.  3922 et st.  3870)  ; 6-14, 17-20, céramique gallo-belge champenoise ; 15-16, 21-22 : céramique gallo-belge « sénone » ; 23, 25, céramique commune claire fine micacée ; 24, 26-27, commune claire fine ; 28-29, commune claire ; 30-31, céramique non tournée ; 32-33, commune sombre grise ; 34, mortier de la vallée du Rhône (DAO : P. Pihuit, Inrap).

(13)

258

Gallia, 72-1, 2015, p. 247-260

emprise de l’édifice monumental (construit au cours de la période flavienne) structures archéologiques antérieures à la période flavienne

structure archéologique datée de la période augusto-tibérienne

structure archéologique contenant du mobilier archéologique augusto-tibérien de façon significative

structures archéologiques non datées

blocs de grand appareil

tentative de mise en évidence d’une emprise de construction hypothétique

altitude en m NGF

limites de l’emprise de fouille

115,90

115,80

115,70 115,60

114,70

114,60

114,55

114,60

114,70 114,50

114,40 114,30

114,20

114,10

114,00 115,60

113,90 3046 3036

3025 2073

2047

2049 2049

3053

2080 2083 2069

2053 2055

2046 20452045 2050

2048

3005 2099

2099

114,00

ST 1042 S T2005ST2026

B C

2005 2005

A A

1042

rue Jeanne-d’

Arc ligne de

chemin de fer 541

484

159 162

542

347

165 349 353 461

462

354 352 N

N

0 30 m

0 10 m

2046

Fig. 11 – 4 rue Jeanne-d’Arc, plan des niveaux d’occupation précoces (DAO : C. Driard, Éveha).

(14)

Gallia, 72-1, 2015, p. 247-260

LA VILLE ET SON PROCHE ENVIRONNEMENT

UN SANCTUAIRE PÉRIURBAIN RUE JEANNE D’ARC ?

Les vestiges d’un édifice monumental ont été mis au jour au 4 rue Jeanne-d’Arc, en bordure ouest de l’extension maximale connue de la ville antique. La fouille a révélé l’angle nord-est d’une cour, bordée au nord et à l’est de galeries et occupée dans sa partie centrale par une construction massive s’apparentant aux larges fondations en caissons d’un podium (fig. 11). Des éléments appartenant à un riche décor marmoréen, des blocs architecturaux de grand module, un fragment d’inscription dorée et le plan lacunaire mais intelligible de l’édifice per- mettent d’interpréter cet ensemble monumental comme un probable sanctuaire périurbain.

La céramique découverte dans les fondations permet de dater la construction de la période flavienne (Driard, Grange et al., 2014). Ce complexe architectural est implanté sur un site occupé de la fin du i

er

s. av. J.-C. au début du i

er

s. apr. J.-C. Les travaux de nivellement et les modifications de terrain (décais- sement du substrat et aplanissement de la zone de construction), préalables à la construction de l’ensemble monumental, ont cer- tainement fait disparaître de nombreux vestiges de cette occu- pation antérieure. Cette phase ancienne est documentée unique- ment par quelques structures archéologiques observées dans la partie centre-est et au sud de l’emprise de fouille (fig. 11) ainsi que par le mobilier céramique.

Le lot de céramique le plus intéressant provient de la fosse 3046, un vaste creusement de plan quadrangulaire, mise en évidence sur près de 3,50 m de longueur et 3,25 m de largeur, mais seulement 0,30 m à 0,50 m de profondeur.

Il s’agit probablement des vestiges très arasés d’une cave, dont le comblement contenait un dépotoir daté de la fin de la période augustéenne ou du début du règne de Tibère. Il contenait notamment des pots et jattes à lèvre moulurée en pâte grossière (fig. 12, n

o

1), un pot dérivé du type Besançon (fig. 12, n

o

2), des petits pots à lèvre moulurée présentant un engobe micacé (fig. 12, n

os

3 et 4), un pot en pâte fumigée (fig. 12, n

o

14), une série de céramiques gallo-belges : des assiettes Deru A5 (fig. 12, n

os

5, 6, 8 et 10), Deru A6 (fig. 12, n

o

7), A16/17 et A39 (fig. 12, n

os

11 et 9), un calice Deru KL19 et un gobelet en terra rubra (fig. 12, n

os

12 et 13) et une assiette Deru A1 en terra nigra (fig. 12, n

o

15), et un fragment d’amphore de Narbonnaise

8

.

L’ensemble de fosses mis en évidence dans la partie centre-est de la fouille n’a pas livré de mobilier archéologique datable. On peut noter la présence de céramique fumigée dans la fosse 2045. Pour certaines structures, l’hypothèse de traces du chantier de construction a été examinée, mais ces vestiges ont pour caractéristique commune d’avoir été très arasés lors des travaux préalables à l’implantation de l’édifice monumental. Les structures 2045, 2046, 2047, 2048, 2049, 2050 et 2073 sont apparues sous l’apport de terre végétale constituant le sol de la cour du complexe monumental. Les structures 2053, 2055, 2069, 2080, 2083, 2099, 3005 et 3053 se situaient sous les sols ou les fondations de l’aile orientale du portique de l’ensemble monumental. Certaines fosses plus ou moins quadrangulaires pourraient correspondre aux traces d’une construction dont le plan reste difficile à restituer.

8. L’étude de la céramique a été effectuée par L. Trin.

1 2

3 4 5

6 7

8

10 11

12 13

14 15

16 9

engobe micacé

0 10 cm

Fig.  12  – 4  rue Jeanne-d’Arc, céramique de la structure  3046, antérieure à la construction du monument flavien  : 1-4, 13, céramique commune  ; 5-12, céramique gallo-belge, terra rubra ; 14, céramique gallo-belge, terra nigra (DAO  : L.  Trin, Archéodunum).

Fig. 13 – 4 rue Jeanne-d’Arc, vue de la structure 2099 : l’empierrement visible en surface correspond aux restes de la fondation du caniveau (structure 2005), détruit après le redécapage du secteur. Il repose sur un niveau argilo-limoneux brun clair-jaune comparable au substrat et recouvrant les restes arasés de la structure rectangulaire  2099.

Elle est délimitée au sud par les blocs de grand appareil en cours de nettoyage (cliché : G. Grange, Éveha).

(15)

260

Gallia, 72-1, 2015, p. 247-260

La structure 2099 pourrait être une cave d’environ 2 m de longueur et 1 m de largeur. La paroi sud est bordée par trois blocs de grand appareil alignés et liés à l’argile (fig. 13).

Cette fosse est scellée par un sédiment argilo-limoneux extrait du substrat et étalé en surface de la structure, peut-être lors des travaux d’aplanissement préalables à l’implantation de l’édifice monumental. L’extrémité orientale est recouverte par la fondation du caniveau bordant les ailes nord et est. Les blocs de grand appareil présentaient, sur plusieurs faces, des traces de mortier et d’enduits indiquant qu’ils avaient déjà été mis en œuvre dans une construction non identifiée, mais anté- rieure à la période flavienne.

Les vestiges archéologiques découverts permettent donc difficilement de déterminer la fonction de ce quartier, situé en marge de la ville avant la construction du probable sanc- tuaire. La présence d’aménagements pouvant être interprétés comme des caves, et celle de céramique associée aux pratiques culinaires et au service en proportion quasiment équivalente, laissent supposer qu’un habitat pourrait s’être développé dans cette partie de l’agglomération au début de l’Antiquité. La présence des blocs de grand appareil en remploi pourrait être mise en relation, si l’hypothèse d’une récupération locale est privilégiée (mais non prouvée), avec la présence d’un édifice monumental antérieur à la période flavienne dans l’agglomé- ration ou ses abords.

LA TOPOGRAPHIE FUNÉRAIRE DU DÉBUT DU HAUT-EMPIRE

L’évolution de la topographie funéraire autour de l’agglo- mération est encore mal perçue. Il est assuré qu’une partie de la nécropole de l’agglomération laténienne et proto- augustéenne a été condamnée (sans doute sur décision muni- cipale) au plus tard autour du changement d’ère. Elle fut alors recouverte par une rue séparant deux îlots de la trame urbaine orientale. Les découvertes clairement attribuables au i

er

s. apr. J.-C. sont absentes de la documentation locale et ce n’est qu’au ii

e

s. que l’on suppose le développement d’au moins deux pôles funéraires, le long de la voie de Sens, à la sortie occidentale de la ville et autour de la rue de la Paix au nord (le long d’une voie en direction de la basse vallée de la Seine ?) (Lenoble, Deborde, 1995, p. 23).

DÉVELOPPEMENT URBAIN ET IMPACT SUR LE RÉSEAU DES ÉTABLISSEMENTS AGRICOLES AUTOUR D’AVGVSTOBONA

En l’état actuel de la documentation, la promotion de l’agglomération laténienne préexistant à Augustobona ne semble pas avoir sensiblement modifié le réseau de peuplement rural environnant. Si l’on observe une augmentation progressive du nombre d’établissements ruraux dans un rayon de 10 km autour d’Augustobona au cours du i

er

s. apr. J.-C., rien n’indique que le phénomène soit plus sensible que dans certains secteurs éloignés de capitales de cités du sud-est du Bassin parisien. On notera, en outre, qu’elle ne génère pas l’apparition d’établissements ruraux de type aristocratique (grandes villae à pavillons multiples).

L’impact sur le réseau des agglomérations secondaires est plus difficile encore à mesurer en raison de notre profonde mécon- naissance de leur localisation et de leur évolution entre la fin de l’âge du Fer et du début de l’époque romaine.

*

* *

Depuis les dernières synthèses publiées sur Augustobona, la présence d’une agglomération de la fin de LT D préexistante à la capitale de cité du Haut-Empire paraît de plus en plus probable.

Attestée par de rares fenêtres de fouilles, elle semble associer un noyau urbain que l’on pourrait situer, en l’état actuel des découvertes, dans le quartier de la cathédrale de Troyes, et une nécropole qui se développe au plus tard à LT D2b dans la plaine alluviale au nord-est du site urbain. Le faciès monétaire semble démontrer que le site relève alors du peuple des Sénons.

Si l’époque augustéenne correspond à une période d’ex- tension manifeste de l’agglomération, à un moment ou le toponyme suggère sa promotion au statut de caput civitatis, il faut souligner que rien ne permet selon nous de mettre en relation les données archéologiques et une éventuelle promotion politique à cette époque. Si la présence d’une trame urbaine orthonormée – un caractère que l’on serait tenté de considé- rer comme propre aux capitales de cités – est bien attestée à l’époque tibérienne, elle n’offre aucune information sur la date exacte de la promotion politique qui pourrait être antérieure.

Le développement de la parure monumentale n’est attesté qu’à

partir de l’époque flavienne sur le probable sanctuaire de la rue

Jeanne-d’Arc, les aménagements domestiques observés sont

d’une grande modestie avant la seconde moitié du i

er

s. apr. J.-C.

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