Soigner en temps de guérilla
Prise en charge des soldats napoléoniens durant la guerre d’Espagne (1808 -1814)
Thomas Ramonda
, Aix Marseille Univ, CHERPA, Aix-en-Provence (sous la direction de Walter Bruyère-Ostells)Dépôt d’ambulance
Véritables mouroirs, les rapports de médecins et des chirurgiens (Val-de-Grâce) nous renseignent sur les techniques chirurgicales employées, amputations, désarticulations, et les chances de survies des soldats. Couplées aux mémoires d’officiers sur la période, nous étudions les problématiques qui se posent sur l’implantations de ces « antennes chirurgicales » en arrière des combats lors des petits expéditions qui doivent faire face aux embuscades des guérilléros.
(Papiers Suchet Aux Archives Nationales et mémoires des chirurgiens du Corps d’armée).
Dans les hopitaux
Soignés et transportés jusqu’aux hopitaux temporaires établis en Espagne, les archives des inspecteurs des hopitaux (Val-de-Grâce) mettent en avant les problématiques propres à l’Espagne:
hostilité des personnels, encombrements des salles et conditions sanitaires déplorables, autant de défis qui font l’objet de réflexions et d’adaptations stratégiques à l’échelle de la campagne
Evacuation et rapatriement
Les points de situations des places fortes (série dur l’Espagne du SHD Vincennes GR8C)nous indiquent les emplacements et les capacités des hopitaux en Espagne, nous pouvons ainsi cartographier les hopitaux et voir se dégager « une ligne » d’évacuation jusqu’à la France et nous questionner sur le devenir des soldats blessés.
Problématique et enjeux
La Grande Armée de Napoléon entre en Espagne en 1808 et déclenche une insurrection populaire d’ampleur nationale. À l’image de la série des Désastres de la Guerre de Francisco de Goya (vignette) les combats sont d’une violence rare et d’une teneur inédite : guérilla urbaine, assassinats de soldats isolés ou de blessés posent des problématiques nouvelles à l’occupant français et plus spécifiquement au Service de Santé de son armée.
Comment porter les soins dans des cas d’escarmouches de montagnes ? Au cours d’embuscades ? Comment transporter les soldats depuis le champs de bataille dans un environnement hostile ? Plus largement comment mettre en place un réseau d’hopitaux temporaires ou permanents en plein cœur d’un territoire ennemi, ou chaque habitant est un agresseur potentiel ? Notre réflexion s’articule autour des diverses échelles temporelles de la prise en charge des blessés, depuis la blessure
jusqu’ à leur rapatriement.
Sur le front
L’arrière
En terre espagnole
Méthodologie et objectifs
Notre approche se veut focalisée sur le parcours de soldat blessés, depuis la prise en charge jusqu’au rapatriement en passant par la période de convalescence. Mais également prosopographique, dès lors qu’il est possible de faire coïncider plusieurs sources; mémoires et lettres d’officiers, rapports de chirurgiens et/ ou de médecins, point de situations, registre d’entrée/sortie des hopitaux (voir vignette); afin de suivre le parcours d’un groupe de blessés en territoire hostile. L’objectif de notre étude est de questionner la spécificité de la violence de la guerre d’Espagne (prémices de la guerre totale selon D. Bell) et les réponses apportés par les acteurs du Service de Santé.
Plusieurs adaptations (meilleure organisation des hopitaux, mise en place de systèmes de défenses des ambulances et des blessés, recrutement de personnel autochtone et de locaux) montrent une réflexion sur l’implantation de l’armée en Espagne et la volonté de mettre en places des pratiques contre insurrectionnelles
Au cœur des combats
Notre étude s’appuie sur les mémoires et rapports de chirurgiens « de l’avant » (Archives du SSA du Val de Grâce). La description des blessures nous rend compte de l’intensité et de la spécificité des combats : explosions, blessures à l’arme blanche, combats urbains, embuscades, empoisonnements et aussi du manque de moyens et de considérations accordés aux blessés, qui pour la plupart doivent attendre la fin des combats pour être soignés.
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La question du transport
La période napoléonienne connait les premières formes de « prises en charges médicalisées : les ambulances volantes, dont l’objectif est de porter les soins au plus vite après la survenue de la blessure pour éviter les dégradations du temps. Le cas particulier de l’Espagne demande plusieurs adaptations a ce niveau : climat aride, froid, contexte montagneux et/ou hostile. Les sources sont constitués des projets des grandes figures du Service de Santé ( au Val de Grace) : brancards, ambulances volantes, transport à dos de mulets.
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© Thomas Ramonda
