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La Mort peut danser

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Academic year: 2022

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Présence du futur/619 Toutes vos étoiles en poche

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La Mort peut danser

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DU MÊME AUTEUR AUX MÊMES ÉDITIONS

Collection Présence du Futur Biofeedback

DARK Furia ! Temps blancs

Yurlunggur

Collection Présence du Fantastique Yoro Si

«3615 Piège»

nouvelle dans Territoires de l'inquiétude 6 Collection Présences

Jihad

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JEAN-MARC LIGNY

La Mort peut danser

roman

DENOËL

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En application de la loi du 1] mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement

le présent ouvrage sans l'autorisation de l'éditeur ou du Centre français d'exploitation du droit de copie.

© 1994, by Éditions Denoël 9, rue du Cherche-Midi, 75006 Paris

ISBN 2-207-24999-9 B24999-3

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NOTE DE L'AUTEUR

Toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé est volontaire. Cependant cette histoire ne constitue en aucune façon une biographie, même romancée, du groupe Dead Can Dance. Donc toute concordance de lieux ou d'événements avec la réalité ne saurait être que le fruit du hasard.

Tous les titres (parties ou chapitres) sont puisés dans les albums de Dead Can Dance.

REMERCIEMENTS

— à Michael Prendergast, pour la carte du Burren et ses conseils sur l'Irlande actuelle ou historique ;

— à Françoise Ligny, pour son érudition sur le Moyen Age ;

— à Régine Cuisset, pour sa patience, ses critiques, ses corrections et son aide en général ;

— à Alice Parker, pour avoir traduit en anglais quelques passages ;

— à Jean Markale, Yann Brékilien, Françoise Le Roux et Christian-J. Guyonvarc'h, pour leur somme de documentation sur les Celtes et les druides ;

— au Guide du routard/Irlande, pour m'avoir guidé sur les routes étroites du Burren.

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Je suis le vent qui souffle sur la mer, je suis vague de la mer, je suis mugissement de la mer, je suis le taureau aux sept combats, je suis vautour sur la falaise, je suis rayon de soleil, (...) je suis lac dans la plaine, je suis parole de science, (...) je suis celui qui jette la lumière entre les montagnes, je suis celui qui annonce les âges de la lune, je suis celui qui enseigne où se couche le soleil.

Chant attribué à Amorgen, premier file d'Irlande.

(...) Mon corps sanglant gît sur la pente des deux rives.

Ma tête est restée, sans être lavée, parmi les guerriers dans la mêlée sauvage.

(...) Au matin je me séparerai de mon corps et je suivrai la troupe guerrière.

Va, ne reste pas ici, la fin de la nuit approche...

J'entends le sombre oiseau qui lance un cri pour ses fidèles.

Ma parole et ma forme sont celles d'un spectre.

Chant de mort de Fothad Airghech.

Si nous étions moins préoccupés de ce que nous faisons ou de ce qui se fait autour de nous en ce monde, nous serions au courant de presque tout ce qui se passe dans l'autre.

Anatole Le Braz, La Légende de la mort.

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« L'inspiration est une voix intérieure, une voix primitive, très ancienne, que l'homme possède depuis des siècles,

et qui lui rappelle qui il est vraiment. » Lisa Gerrard, Mégamix, décembre 1993

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PROLOGUE

Frontière

(Ceann Boirne, Munster, 1" novembre 1181) Le bûcher était dressé face à la mer, au sommet de la falaise de Ceann Boirne (qui, bien plus tard, serait nommée Black Head). Le ciel était clair pour un 1er novembre : de l'autre côté de la baie, on distinguait des fumées qui montaient dans l'air pâle du matin : celles de Gaillimh*— foyers ou incendies, qui savait? Tant de malheurs étaient survenus... A l'ouest, les éminences plates des îles d'Aran s'allongeaient sur l'horizon. Au milieu, la mer étirait de longues rides rose-mauve, irisées par le soleil qui pointait à peine au-dessus des monts Gleann Eidhneach...

La petite foule hâve et déguenillée, pelant de froid et ployée par le vent, ne s'était pas rassemblée là pour admirer le paysage. Tous les regards étaient tournés vers le bûcher, gardé par une troupe de « Soldats Noirs » — des Normands. Immobiles, terrifiants, bardés de fer — heaumes, hauberts, écus d'airain — les envahisseurs. Ils étaient là pour empêcher que l'on

* Voir la traduction des termes gaéliques dans le lexique en fin de volume.

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dispersât le bûcher... Certains villageois avaient essayé durant la nuit : leurs corps gisaient au pied de la falaise, léchés par la mer et picorés par les mouettes, et leurs âmes avaient rejoint le Sid... Tous attendaient mainte- nant : peur et peine sur les visages — mais aussi l'espoir.

Les heaumes des Normands ne révélaient rien.

Mouvements dans la foule, cris étouffés : « Les voilà ! »

D'autres soldats gravissaient le sentier le long de la falaise, montant du sud, du village d'An Chreagach qu'ils avaient dévasté quelques jours plus tôt, de l'église de Cill Onchon où Forgaill était retenue prisonnière. En tête venaient le baron et ses gens, richement vêtus de pourpoints de brocart aux couleurs vives. C'était un Fitz Gilbert de Clare, cousin du fameux Strongbow qui s'était emparé du Leinster dix ans plus tôt. A ses côtés chevauchait un évêque, paré des atours de son sacer- doce, et que personne ne connaissait dans la région : un Normand lui aussi. Et derrière, ligotée, entravée, plus surveillée qu'un loup enragé — la prisonnière : portant une tunique de lin souillée et déchirée, ses blonds cheveux volant au vent, tête haute malgré l'épuisement qui marquait son visage ovale, aux traits nobles et fins.

Aucune résignation dans ses yeux verts... plutôt une étrange sérénité.

A sa vue, un murmure, un frisson d'espoir parcourut la foule : son allure assurée laissait présager un nouveau miracle. Peut-être réussirait-elle à leur échapper une fois de plus... Quelque ange — ou aes-Sid — lui viendrait-il magiquement en aide? Se transformerait- elle en oiseau, à l'instar de son homonyme, Derb Forgaill, qui se changea en cygne pour séduire Cûchu- lainn? Forgaill était banfaith, poétesse et prophétesse : elle n'allait pas mourir ainsi, sans défense, aux mains de l'envahisseur...

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Parvenu devant le bûcher, le baron — un homme grand et fort, aux sourcils broussailleux, aux traits brutaux sous son élégant chapeau de feutrine verte orné d'une plume de paon — leva la main pour réclamer silence, et s'adressa à la foule d'une voix forte, en francien traduit en gaélique par un de ses proches, un traître irlandais sans doute :

« Gueux et vilains ! Au terme d'une longue traque, nous avons enfin capturé la sorcière que vous avez vainement essayé de soustraire à notre justice. Elle a été jugée et condamnée dans les règles du droit normand, selon la volonté de Dieu. Elle sera brûlée ici même, en ce jour qui est, paraît-il, sacré pour les païens de votre espèce. Que ceci vous serve de leçon ! »

Il désigna deux de ses gardes, qui détachèrent la prisonnière et la hissèrent sur le bûcher. Forgaill ne se débattit pas, n'opposa aucune résistance.

L'évêque fit signe qu'il voulait parler à son tour.

L'interprète s'approcha de lui.

« Paroissiens ! Depuis longtemps vous vous êtes détournés du bon chemin, vous restez sourds à la voix de Dieu, vous prêtez une oreille complaisante à des moines hérétiques, des bardes impies, des sorcières inspirées par le Démon. Il est temps de vous racheter!

En ce jour de Samain — cette orgie idolâtre aux relents de soufre — la sorcière que vous vénérez, votre banfaith, sera brûlée : ainsi vous verrez que vos idoles païennes ne vous sont d'aucun secours, et que rien ne peut détourner la volonté de Dieu qui s'exprime ici, en cette terre sauvage...

— Suffit, l'interrompit le baron. Qu'on allume le feu! »

Un soldat porteur d'une torche fit rapidement le tour du bûcher, allumant plusieurs foyers. Les flammes s'élevèrent en crépitant, attisées par le vent. Un gronde-

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ment horrifié s'éleva de la foule, qui s'avança — une haie de lances la contint. Forgaill, solidement liée au poteau, demeurait impassible. Quelque chose — un bijou ? — brillait sur sa poitrine ; cela ressemblait à une pierre blanche, ovoïde et striée.

L'évêque s'avança, levant haut sa crosse d'argent incrustée de gemmes.

« Repens-toi, sorcière ! » s'exclama-t-il en francien (l'interprète ne se donna pas la peine de traduire). « Tu peux encore abjurer tes idoles, et vouer ton âme au Seigneur Très-Haut ! »

Forgaill ne répondit pas. Elle fixa le prélat d'un regard insondable... jusqu'à ce que la fumée l'oblige à fermer les yeux. L'évêque ne put soutenir ce regard, empreint du mystère de la mort. Il baissa la tête et se mit à prier.

Bientôt les flammes atteignirent la jeune femme. Elle serra les dents quand sa tunique s'embrasa — ne put se retenir de crier quand sa chevelure prit feu. Le brasier lécha son corps, monta plus haut — l'enveloppa toute entière. Elle hurlait — hurlements d'agonie! La foule restait pétrifiée ; les flammes dansaient sur les visages, en soulignaient l'horreur, incendiaient les pupilles, faisaient briller les larmes : elle brûlait, la banfaith, il n'y avait pas de miracle...

Soudain des cous se tendirent, des doigts se levèrent : voyez, dans le feu...

Un éclat blanc, vif, intense — un petit soleil sur le corps carbonisé de Forgaill — une pure incandescence puisait au cœur du brasier.

« Son âme ! C'est son âme !

— Un miracle ! Une magie !

— Elle vit ! Elle vit !

— C'est Dieu qui est là !

— C'est Lug ! »

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L'évêque aussi percevait cet éclat : il exhorta les soldats à attiser le feu, consumer cette lueur infernale au sein des flammes ardentes. Le baron, lui, surveillait la foule houleuse, qui s'agitait d'une façon qu'il jugea menaçante — car il donna l'ordre à sa troupe de charger, disperser les manants.

Brève et sanglante échauffourée : les Normands étaient bardés de fer et puissamment armés, et les manants n'avaient que leurs hardes, des frondes, des couteaux. En quelques minutes ils furent éparpillés, laissant sur place des blessés et des morts.

Satisfait de ce prompt rétablissement de l'ordre, le baron sonna le rappel de ses hommes excités par l'action, qui achevaient les blessés et s'acharnaient, à volées de flèches, sur un homme qui s'enfuyait dans la colline. Les soldats se rassemblèrent à contrecœur et, évêque et baron en tête, reprirent le chemin du village d'An Chreagach où ils avaient établi leur quartier général. Il restait des fermes à rançonner, des femmes à violer, quelques chefs à soumettre — et tant d'autres villages à piller...

Derrière eux, le brasier finissait de se consumer, dispersant brandons et fumées aux quatre vents.

Mouettes et corbeaux tournoyaient déjà dans le ciel, attirés par le sang qui rougissait l'herbe rase, et peut- être aussi par cet éclat blanc qui luisait parmi les tisons...

Bien plus tard — le bûcher n'était plus qu'un tas de cendres rougeoyantes, les corbeaux se disputaient les cadavres, et le soleil s'empourprait au-dessus de la mer

— le fuyard descendit la colline, à pas prudents, de roc en buisson... dérangeant les nécrophages qui se remi- rent à tournoyer, à grands cris outragés. C'était un adolescent, vêtu de braies et d'un sayon de laine effiloché, cheveux roux en bataille, des taches de

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rousseur parsemant ses joues maigres, marquées de trois furoncles rouges. La peur et la haine enflam- maient ses yeux bleus.

A l'aide d'un bâton, il fouilla dans les braises — en retira un caillou blanc, ovoïde et strié, qu'il garda malgré sa chaleur au creux de ses paumes calleuses. La pierre luisait encore faiblement...

Le jeune homme se redressa, se mit sur un pied, ferma un œil et une main, et, levant haut celle qui serrait la pierre, s'écria face au soleil couchant :

« Par l'Œuf de Serpent que je tiens dans ma main, par Ogma qui lie les âmes et par Morrigane qui donne l'ardeur au combat, je jette le glam dicinn de la honte et de la mort sur les Normands fils de Balor, et je jure que je n'aurai pas de repos, ô Forgaill, tant que les Soldats Noirs qui t'ont brûlée n'auront pas nourri cette terre de leur sang ! »

Il répéta trois fois l'incantation, mais doutait néanmoins de son efficacité — car il n'était pas druide ni même file : sa maîtresse gisait là, en cen- dres, et lui avait si peu appris... Il connaissait cependant le glam dicinn et ses effets — à ses dé- pens.

Son incantation achevée, il découvrit face à lui trois corneilles. Posées sur un rocher, elles le contemplaient de leurs yeux rouges — ou plutôt scrutaient sa main qui tenait l'œuf de pierre.

Il frémit : on venait chercher Forgaill.

Et lui, Angus fils de Neill, Ruad le rouquin, l'apprenti, tout juste oblaire — lui avait l'insigne privilège de les voir — les envoyées du Sid.

Tombant à genoux, il tendit sa main tremblante, présenta aux corneilles le caillou blanc. Celle du milieu le saisit dans son bec et, sans autre cérémo-

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nie, les trois oiseaux s'envolèrent dans le ciel vespéral, au-dessus de la mer. Ruad se releva et les suivit du regard, jusqu'à ce qu'ils aient disparu parmi les drape- ries du couchant.

Alors il s'engagea d'un pas lourd dans le sentier qui menait au village — où ne l'attendaient que la mort et la désolation. Dans son dos, les corbeaux reprirent leur festin.

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